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social - Page 499

  • Albert Thielen, président d'Action Sahel « C'est là-bas qu'on a besoin d'eux, pas ici » (arch 2008)

    Il y a bientôt 30 ans, Albert Thielen a fondé l'organisation non gouvernementale (ONG) Action Sahel. Son but : aider les Africains à rester dans leur pays. Et ça marche.

    Le Choc du mois : Quel est le principal objectif d'Action Sahel?
    Albert Thielen : Notre fil conducteur, depuis 30 ans, est d'aider les Africains à se développer chez eux pour leur éviter de quitter leur pays. L'immigration est toujours un drame, quoi qu'en pensent les idéologues des beaux quartiers. En outre, il faut aider les Africains à se développer eux-mêmes plutôt que de saupoudrer d'aides le continent noir tout en lui aspirant ses forces vives - et je ne pense pas forcément aux diplômés : l'Afrique a besoin de bras jeunes et vigoureux pour se redresser ! Notre travail doit permettre à ces gens de mieux vivre dans leur environnement et de se resédentariser, surtout chez les jeunes. Là où nous intervenons, nous insistons pour que les 18 à 30 ans restent chez eux.

    Et cela fonctionne ?
    Mais oui ! Dès que vous amenez de l'eau, une aide sanitaire, l'éducation, tout  redevient possible ! D'après les statistiques demandées à des instituts spécialisés ou réalisées par nous-mêmes, je peux affirmer que, dans certaines zones du Sahel où nous travaillons - le nord du Mali et une partie du Burkina -, nous avons réduit les problèmes d'émigration. Chez les jeunes, elle se situait entre 8 et 10%. En dix ans, nous l'avons fait chuter à 2%. Evidemment, je ne parle que des micro-chantiers où nous nous nous trouvons. A l'échelle de L'Afrique, c'est une goutte d'eau. Mais cela ouvre les horizons d'une nouvelle politique migratoire.

    Et où partaient ces Africains ?
    Surtout vers l'Europe. Les migrations internes à l'Afrique sont rares dans les pays du Sahel. À 95%, ils partent d'abord vers les grandes villes, puis vers les pays francophones : un peu au Canada ... et évidemment en France.

    Action Sahel fêtera ses trente ans en 2009. Comment avez-vous fondé cette association ?
    J'ai été pilote professionnel. Comme commandant de bord, j'ai volé pas mal en Afrique et je fus co-organisateur de seize assistances aériennes du Paris-Dakar. C'est là, en 1977, qu'avec d'autres pilotes nous avons pu constater la réalité de la vie quotidienne dans les oasis du Sahara et dans les villages de brousse du Sahel. Nous avons décidé de fonder Action Sahel peu après pour trouver des solutions efficaces et durables aux problèmes de sous-développement.

    « Les Pères blancs nous aident à nous implanter en brousse »

    Comment aidez-vous les Africains?
    Nous allons à la rencontre des villageois du Sahel- dont le PIB annuel est inférieur à 650 euros - et du Sahara, un peu moins pauvre. Nous allons rencontrer les chefs de village et nous leur demandons quels sont leurs besoins - qui sont toujours les mêmes : l'eau, avant tout. L'eau existe, mais à soixante ou quatre-vingts mètres de profondeur, il faut faire des forages, très onéreux. Ensuite, nous faisons tout ce que nous pouvons, en brousse, pour améliorer la santé : nous créons des centres, formons du personnel - des matrones, qui aident aux accouchements, des infirmières, des médecins. Le dernier grand volet est celui de l'éducation. Nous créons des écoles et formons des professeurs en finançant leurs études.

    Comment payez-vous tout cela ?
    Dès que nous connaissons les besoins, nous mettons au point un devis avec les chefs du village, le préfet ou le haut-commissaire, selon les États, et, pour terminer, nous négocions avec les ministres concernés. En fonction Ce ce devis, nous budgétisons et nous allons chercher l'argent. Quand nous l'avons obtenu, nos partenaires sur place lancent les travaux et contrôlent le bon fonctionnement des chantiers. Ce sont eux qui nous envoient la facture et c'est Action Sahel qui paie, directement, les entrepreneurs ..

    Pour éviter la corruption et les détournements?
    Exactement. Cela évite de perdre l'argent des donateurs dans les sables du Sahel...

    Qui vous aide ?
    Nous travaillons avec l'un des plus grands « clubs-service » internationaux, le Lion's Club, très bien implanté dans les villes africaines, et avec les Pères blancs, qui nous aident à nous implanter en brousse. Ce sont eux qui nous indiquent les cas les plus urgents ou les plus nécessiteux.
    Nous pouvons également compter sur les ambassades des pays du Sahel en France et les administrations africaines sur place, qui abondent dans notre sens : ils ne veulent pas que la jeunesse abandonne leur pays, car sans les nouvelles générations, il n'y a pas d'espoir de développement !
    J'étais invité l'an dernier à l'investiture du président sénégalais Abdoulaye Wade, qui venait d'être réélu, et ce fut tout un chapitre de son discours : les Africains veulent garder leur jeunesse et la former sur place, ils en ont besoin ! Tant pis pour les personnalités de gauche qui, en France, se donnent bonne conscience ou basent leur fonds de commerce sur la misère de ces gens.

    Quel est le bilan d'Action Sahel ?
    Huit centres de santé, deux centres antidiabétique, dont un à Ouagadougou, tout neuf, avec les dialyses et tour le nécessaire ... Nous avons réhabilité un ancien hôpital à Bamako avec plus de cent lits. Nous faisons également des campagnes de vaccinations.
    Nous achetons les vaccins en France et, avec un médecin, une infirmière et moi qui - suis aussi ancien médecin -, nous nous installons et nous faisons jusqu'à 2 000 vaccins en deux jours. Et depuis trente ans, nous formons des ingénieurs agronomes, des enseignants, des médecins. des professionnels en tout genre.

    Que vous formez sur place ?
    Soit sur place, soit ils viennent en France et s'engagent par écrit à retourner chez eux à la fin de leurs études, sinon, nous ne payons pas ! Je sais que mes propos peuvent heurter certaines personnes mais c'est là-bas qu'on a besoin d'eux, pas ici.

    Vous menez également des projets d'irrigation ?
    Nous avons financé 43 forages, plus trois systèmes d'irrigation d'eau. Dans la ville de Kita, au Mali, nous refaisons tout le système d'irrigation de cette ville qui manque d'eau. Pour tout dire, l'eau il y en a, mais il fallait aller la chercher en profondeur. Mais maintenant, nous en sommes à installer des bornes fontaines dans les rues après avoir mené les travaux d'irrigation pour arroser les jardins et amener l'eau courante. Nous avons aussi construit une usine électrique, avec l'aide d'EDF International. Et huit écoles. Nous renouvelons également les cheptels de chèvres. Une chèvre coûte cinq euros. Nous en achetons deux cents ou trois cents et nous renouvelons leur cheptel.
    Si je me réfère à notre dernier bilan, nous avons financé en Afrique pour six millions et demi d'euros de travaux. En valeur d'usage, c'est comme si nous avions investi en France 25 millions d'euros. Au niveau africain, ce sont des budgets énormes. Même si, par rapport aux besoins, ce n'est rien.

    Qui fait les travaux ?
    Uniquement des Africains. Ainsi, non seulement nous leur apportons les technologies, mais en outre, nous leur donnons du travail.

    Les Etat africains vous financent-ils ?
    Non. Ils nous aident au plan administratif, ne nous posent pas de problème de douanes, nous pouvons voyager avec notre avion, on met des véhicules à notre disposition, ils sont très amicaux, mais, ils n'ont pas d'argent à investir.

    Quels sont vos projets?
    Une nouvelle école au Burkina, avec une dizaine de classes, à raison de 30 à 40 élèves par classe. Deux nouvelles écoles au Mali et d'autres encore au Sénégal. Nous voulons également lancer huit centres de santé au Burkina et électrifier plusieurs villages du Sahel. C'est indispensable pour donner aux Africains les moyens de voler de leurs propres ailes.
    Propos recueillis par Gabriel Giauque Le Choc du Mois  Septembre 2008
    Contacts : Action Sahel, 36, avenue de l'Europe, 78160 Marly-le-Roi. Tél. ,01 39 58 09 70.
    Site : www.actionsahel.org
    Adresse électronique : abt@adionsahel.org

  • Faillites locales : on joue allègrement sur les mots

    130730Toute réflexion stratégique autour de l'avenir des collectivités locales françaises doit se poser une double question préalable :

    1° l'inflation des dépenses et des personnels s'est porté depuis 20 ans sur les divers niveaux artificiellement décentralisés, d'abord par les lois Defferre de 1982-1983, puis par les lois Raffarin en 2003-2004. Or dès la loi de finances pour 2014 le problème des ressources de ces diverses collectivités, essentiellement alimentées par le budget de l'État va prendre un tour catastrophique.

    2° cette situation se trouve aggravée par ce qu'on appelle le "millefeuille administratif", c'est-à-dire par la multiplication récente des structures et délégations décentralisées à très faible légitimité démocratique.

    À cet égard, l'optimisme radieux du Figaro, par-delà ses changements apparents de propriétaires, me réjouira décidément toujours. Voici en effet la bonne nouvelle que ce grand quotidien distillait ces jours derniers  (1)⇓ auprès de ses fidèles lecteurs : "En France, une ville ne peut pas faire faillite… Aux États-Unis, la ville de Detroit a demandé jeudi à se placer sous la protection du régime des faillites. En France, les collectivités locales aux finances défaillantes passent sous la tutelle de l'État."

    Rassurant, n'est-ce pas ?

    On doit donc rappeler à ce sujet que le concept de banqueroute, toujours contourné quand il s'agit des institutions politiques, dépend de la législation de chaque pays. Une ville ou un département français en situation pratique de cessation de paiement, mis sous tutelle, ne relève certes pas de la loi américaine sur les faillites, ni du chapitre XI (sociétés commerciales) ni du chapitre IX (collectivités locales).

    Le département de la Seine-Saint-Denis, que je ne cite pas au hasard, a pris la tête ainsi, depuis 2011, d'une fronde contre les "emprunts toxiques". Il se propose, enfin : son président menaçait alors, de ne plus honorer ses engagements financiers. Mais non on ne parlera pas d'un "défaut de paiement", encore moins une "cessation de paiement". Les dotations financières de l'État, et la péréquation désormais inscrite dans la Constitution résoudront le problème, n'est-ce pas ?

    En l'occurrence son nouveau président M. Bartolone qui, depuis, préside l'Assemblée nationale, "héritait" d'une gestion communiste de [trop] longue durée. N'hésitons pas à manier le pléonasme en accolant à celle-ci l'épithète désastreuse. Malgré les difficultés financières que cela lui a occasionnées, ce département n'est pas en faillite, aux divers sens que le droit commercial donne à ce mot. Il continue de toucher de l'État de considérables subventions au titre de la Dotation globale de fonctionnement

    Si cela peut rassurer les lecteurs on peut dire aussi qu'aucun des États "concernés" par le sauvetage de l'euro n'est non plus en "faillite". Pourtant, au Portugal comme en Grèce, en Espagne comme en Irlande, tout en jurant que "ce n'est pas pareil" ce sont les représentants supposés des "bailleurs de fonds" qui ont le dernier mot dans la politique des pays. Sous tutelle ? Non ce n'est pas comme des personnes physiques. En faillite ? Non ça ne s'articule pas comme pour les sociétés commerciales.

    On peut donc jouer sur les mots. L'État français l'a longtemps fait dans l'Histoire : on a parlé successivement de "rehaussement des espèces" chaque fois que l'État dévaluait ses engagements, libellés en "livres" ; la Régence a d'abord diminué arbitrairement de 20, 40, 60 ou 80 % les rentes, rémunérant la dette depuis François Ier, et pensions selon les classes de créanciers ; puis ce fut le système Law et sa faillite célèbre, conséquences de cette banqueroute déguisée ; dès octobre 1789 on entreprend de "nationaliser" ce qu'on appelle les "biens du clergé" pour éviter "la hideuse banqueroute" (Mirabeau) ; cette décision entraînera des conséquences incalculables, et au final une banqueroute encore plus hideuse ; après 1918 on ne parviendra pas à restaurer le franc-or, sur la base duquel l'État s'était engagé avant la guerre, pourtant victorieuse : il payera désormais faut-il dire : "rembourser" ?)en billets de banque dont ils institue le cours forcé, etc. Mais non, on ne peut pas, on ne doit jamais parler de faillite.

    Le Directoire en 1797 avait inventé une jolie formule : pour amputer ses dettes des 2/3 il parlera du "tiers consolidé" (2)⇓.

    Épatant, n'est-ce pas ?

    Curieusement dès janvier 2012 Standard & Poor's exprimait un avis radicalement différent de celui du Figaro. Voci comment cette prise de position implicite était alors présentée au public :

    "La région Ile-de-France et la Ville de Paris ont perdu lundi 30 janvier leurs notes "triple A", les meilleures, qui ont été abaissées d'un cran par l'agence de notation dans la foulée de la dégradation de la note de la France le 13 janvier.
    "Le cadre institutionnel et financier des collectivités locales françaises ne leur permet pas d'être notées au-dessus de l'État" français, explique S&P dans deux communiqués distincts. L'agence de notation a abaissé d'un cran, de AAA à AA+, la note de référence à long terme de la région Ile-de-France et celle de la Ville de Paris, une note qui leur permettait d'emprunter aux meilleurs taux. Elle a assorti cet abaissement d'une perspective "négative", ce qui signifie que les notes de ces deux collectivités pourront être abaissées dans un délai d'un à deux ans." (3)⇓

    Deux ans, disiez-vous ? Cela nous rapproche de janvier 2014, bien près des municipales de mars...

    JG Malliarakis   http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. En ligne le 20 juillet
    2. cf. loi du 9 vendémiaire an VI - 30 septembre 1797.
    3. cf. Lemonde.Fr avec AFP le 30.01.12 à 19 h 57
  • Les dépenses sociales explosent en Europe

    Les dépenses sociales ont augmenté en moyenne de 22% depuis 2007 pour les pays de l’OCDE. Une hausse due à la crise économique ainsi qu’au vieillissement de la population en Europe. Mais certains pays touchés de plein fouet par la rigueur, comme la Grèce ou le Portugal ont réduit ces dépenses, amplifiant ainsi la récession.

     

     

    Les aides sociales, derniers remparts face à la crise. D’après un rapport de l’OCDE, les dépenses des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques dans ce domaine ont augmenté de 22% depuis 2007-2008.

    Les premières années de la crise ont vu les prestations sociales rehaussées. L’allocation chômage est revalorisée dans certains pays. Cette aide croît respectivement de 2,6% et 3,5% en 2009 pour l’Islande et l’Espagne.

    Même évolution pour les allocations familiales. Entre 2007 et 2009, elles augmentent d’1,2% en Irlande. Tandis que des pays comme le Royaume-Uni encouragent l’instauration de mesures, comme le crédit à l’impôt pour les frais de scolarité, afin d’aider la population.

     

    Merci la crise. Selon l’OCDE, elle aurait engendré ces réformes permettant d’atténuer les conséquences de la dégradation de la situation économique.

     

    Les seniors coûtent de plus en plus cher

     

    L’accroissement des prestations sociales s’explique également, pour l’Europe, par le vieillissement de la population. Selon les prévisions de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), plus de 10% de la population européenne aura plus de 80 ans en 2045. Le taux de dépendance des personnes âgées atteindrait les 50%.

     

    D’où la nécessité pour les États d’investir massivement dans le domaine de la santé. Un secteur clé pour les années à venir selon l’OCDE. Les dépenses publiques dans ce domaine devraient passer de 7 à 13% en 2050 pour les pays de l’organisme.

     

    Les nations où la population est encore jeune sont moins susceptibles de voir les dépenses en faveur des seniors augmenter. La part consacrée à l’Éducation y est plus élevée. Tandis qu’en Allemagne, pays vieillissant, on préfère investir dans l’amélioration des conditions de vies pour les personnes âgées.

     

    Deux poids, deux mesures

     

    D’après l’organisme, les pays où l’État providence culmine sont : en tête, la France, avec près de 33% de son PIB dédié aux pensions et autres prestations sociales, puis le Danemark (30,8%) suivi de près par la Belgique (30,7%).

     

    Mais tous les pays d’Europe ne sont pas logés à la même enseigne. La Grèce et l’Irlande ont vu le niveau de leurs prestations sociales chuter de 13 à 14% depuis 2007. L’extrême rigueur budgétaire imposée par la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne) a laminé la protection sociale.

     

    L’OCDE prévoit toutefois une augmentation générale des dépenses dans les prestations sociales pour tous les pays de l’organisme.

     

    Myeurop  http://fortune.fdesouche.com

  • MEDEF : DES PAROLES ET PAS D'ACTES

    Pierre Gattaz a été élu à la présidence du Medef dans une quasi unanimité. Président de la société Radiall, il succède à son père, fondateur de la firme et, lui-même, ancien président du CNPF. Cela montre, en passant, la supériorité des entreprises familiales sur celles qui sont anonymes : sur le plan capitalistique, les actionnaires sont souvent satisfaits, en particulier grâce à la possibilité de vues à long terme. Quant aux salariés, ils bénéficient fréquemment de relations sociales apaisées.
    Le Medef a tiré la sonnette d'alarme jugeant insupportable les charges fiscales et sociales qui écrasent les entreprises, seules créatrices de vraies richesses. Il évalue à 100 milliards d'euros le poids qu'il faudrait enlever à ces entreprises pour leur permettre de retrouver leur compétitivité perdue. Malgré l’imprécision inévitable des montants, c'est un ordre de grandeur à retenir.
    On ne peut qu'applaudir. Mais c'est au stade des moyens envisagés que le dérapage intervient. Malgré le flou des informations à ce sujet, nous pouvons juger peu ou prou son programme.
    La première proposition semble être de diffuser les 100 milliards dans tout le corps social en manipulant les impôts et charges avec évidemment maintes complications. Le fardeau serait donc payé par d'autres que les entreprises. En fait cela reviendrait à frapper sous diverses formes les clients des entreprises que l'on affirme vouloir sauver. Que vaut une entreprise sans clients ?

    VERS UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE
    Les experts du Medef ont du flairer le piège. C'est pour cela qu'ils ont imaginé des mécanismes compliqués pour encourager les activités supposées créatrices d'emplois au détriment d'autres n'ayant pas leurs faveurs. Il s'agit en fait, sans que le mot soit peut-être prononcé, d'une politiques industrielle telle que les gouvernements de toutes sortes en ont eu depuis des lustres. Le résultat le plus clair de ces politiques fut de chasser les usines hors de France. François Hollande n'agit pas différemment.
    Le terme de « politique industrielle » ne devrait pas exister. Elle ne peut se manifester que dans une odeur pestilentielle d'usines à gaz ; les détails du programme nous promettent un ouragan de lois ou de réglementations. Un tel ouragan et ses variations détruit les entreprises au même titre que les impôts et charges.
    Voici une information essentielle à diffuser. Il existe plus de 6 000 aides aux entreprises. Leur coût apparent dépasse le montant de l'impôt sur les sociétés. Il s'agit d'un coût apparent, car la mécanique infernale génère des heures de travail pour gérer la forêt. Cela montre l'immense marge de manœuvre qu'un Medef désireux de faire éclater la vérité pourrait mettre en lumière.
    Enfin dans une funeste erreur, le Medef se déclare attaché aux divers principes de réduction du nombre de fonctionnaires et d'allègement de leur coût ; ces méthodes sont toujours été très limitées dans leurs effets. Que signifie au demeurant les références au futur budget 2014 ; la maison brûle, faut-il attendre pour la sauver ?

    COMMENT LIBERER LES ENTREPRISES ?
    Libérer les entreprises est, pour sur, un objectif fondamental. A cette fin, il ne faut pas diminuer les dépenses et les impôts. Il est nécessaire de les détruire ce qui est différent.
    Pour les dépenses, les diminuer seulement comme en jouant sur les charges des fonctionnaires c'est bien vite voir la dépense revenir par la fenêtre. Détruire les dépenses, c'est supprimer des administrations entières : plus de bureaux luxueux, plus de salles à manger de direction, de cabinets, de statistiques, de formulaires, de contentieux, de fonctionnaires.
    Il est souhaitable de commencer par les petites et moyennes administrations aux attributions parfois ridicules et contradictoires : une fois détruites, elles ne reviendront jamais. La liste de ces administrations inutiles est impressionnante.
    Pour les impôts et charges, il faut faire de même. Un impôt seulement diminué réaugmente toujours. Il est nécessaire de s'attaquer à la jungle des multiples taxes et prélèvements divers. Là aussi il faut porter la hache car tout le fatras pèse directement ou non sur les entreprises.
    Nul doute qu'un programme de ce genre serait salué par les marchés s'il est bien calculé. Les effets immédiats et rapides permettraient d'avancer par phases successives vers toujours davantage de libération.
    Si le nouveau Medef ne s'y engage pas, il nous refera du Parisot, alors pourquoi avoir changé de leader ?
    MICHEL de PONCINS http://libeco.net

  • Quand le poulet brésilien s’invite dans les plats bretons

    GUINGAMP (NOVOpress Breizh) – Les aviculteurs de la Coordination Rurale des Côtes-d’Armor n’en sont pas encore revenus. Lundi dernier, lors d’une visite à Farmor,  une entreprise de Guingamp qui fabrique des plats préparés, ils ont découvert que 90 % des poulets stockés dans les chambres froides étaient de provenance étrangère.

     

    La délégation de la Coordination rurale (CR) a été reçue par le directeur du site, qui s’est dit très attaché à la traçabilité et l’origine des viandes – insistant notamment sur le fait que 40 % de la volaille utilisée provient de France, le reste étant des volailles importées.

    Un calcul apparemment très optimiste, puisqu’en réalité, comme l’a démontré la visite qui a suivi, il est apparu que 90 % du poulet en stock ce lundi, provenaient du Brésil, des Pays-Bas ou de Thaïlande. Selon la CR, seuls quelques cartons, sans étiquettes d’origine, provenaient, aux dires du directeur, de l’abattoir Bocher, appartenant aussi au groupe Sofiprotéol, à Mur-de-Bretagne.

    Farmor, rappelle le syndicat paysan, « est une filiale de Glon Sanders, elle-même détenue par Sofiprotéol, société présidée par Xavier Beulin (qui est aussi accessoirement président de la FNSEA, syndicat qui se targue de défendre les agriculteurs !). »

    La Coordination rurale affirme qu’« au vu de la situation dramatique des aviculteurs français, [il] trouve intolérable que Sofiprotéol, financée par des cotisations “volontaires obligatoires” prélevées aux agriculteurs, n’impose pas à ses filiales de privilégier l’utilisation de poulets bretons au lieu d’utiliser massivement du poulet d’importation. »

    Rappelant que « les intégrateurs ont déjà imposé aux éleveurs des baisses de prix de reprise des volailles de 50€/Tonne en début d’année. [Que] cette course au prix toujours plus bas est fatale [et qu’on] s’achemine vers des cessations massives », les aviculteurs bretons affirment qu’ils « ne veulent pas jouer le rôle de variable d’ajustement » et qu’« ils ne se laisseront pas faire ! » Un dossier de plus pour Messieurs Le Foll et Montebourg.

    http://fr.novopress.info/

  • Faut-il continuer à subventionner le travail par les impôts ? (arch 2010)

    17 % des salariés du secteur marchand, contre 11 % seulement il y a vingt ans, sont payés au SMIC. Non rebuté par des fraudes massives en raison de la médiocre sécurisation du dispositif, le gouvernement Villepin a décidé de revaloriser la Prime pour l'emploi (PPE) afin qu'elle arrive à représenter jusqu'à un treizième mois pour un salarié rémunéré au SMIC. Cette prime aurait pour but d'inciter les chômeurs à reprendre un emploi. en leur assurant un revenu global supérieur, à la fois au salaire minimum mais surtout aux minima sociaux.
    En réalité, en faisant payer cette prime par les contribuables, le gouvernement reconnaît que, sans ce coup de pouce fiscal, d'une part, le SMIC ne constitue plus un minimum vital décent, d'autre part, les entreprises ne peuvent plus verser davantage à leurs travailleurs les moins qualifiés. C'est sans doute vrai pour celles qui sont en concurrence directe avec l' économie mondialisée. Pour les autres, c'est plus discutable.
    Une première question se pose : cette prime évaluée à 4 milliards est-elle efficace ? Certes, elle améliore un peu la vie des smicards, mais contribue-t-elle vraiment au retour à l'emploi ? A-t-elle un impact sur la consommation de produits nationaux et donc sur le chômage ?
    Dans la foulée, le gouvernement qui n'a de cesse d'augmenter les prélèvements sur les particuliers - on peut s'attendre à une flambée des impôts après les élections présidentielle et législatives de 2012 quels que soient les vainqueurs ! - annonce la suppression des charges sociales au niveau du SMIC pour les entreprises de moins de 20 salariés pour un coût estimé à 640 millions. Rappelons que 19 milliards sont déjà mobilisés pour compenser la baisse des charges sociales au bénéfice des entreprises dont les rémunérations de leurs salariés sont égales ou légèrement supérieures au SMIC...
    Là encore, connaît-on les effets des baisses de charges dont le coût fiscal cumulé à celui de la PPE équivaut à environ la moitié des recettes de l'impôt sur le revenu ?
    Est-il viable et légitime de subventionner le travail ? Sans la PPE, compte tenu du faible écart entre le SMIC et les minima sociaux, parmi les 9 millions de salariés au SMIC, combien n'iraient pas travailler ? Est-il sain que 7 millions de salariés supplémentaires soient tributaires des baisses de charges dont le coût s'élève, insistons encore, à 19 milliards ?
    Faire subventionner le travail de 16 millions de salariés démontre-t-il que l'économie française n'est plus compétitive ou les syndicats patronaux sont-ils si persuasifs qu'ils réussissent à faire financer par les contribuables, sous forme d'impôts qui ne servent plus à la consommation ou à l'investissement, des charges que les entreprises devraient supporter seules ?
    La "smicardisation" des salariés, paupérisation institutionnalisée, synonyme de démotivation au travail et d'insécurité sociale, semble ainsi en voie d'accélération. Certains affirment que, très vite, un salarié sur cinq devrait être concerné. Et comme la pression des économies dans lesquelles les salariés sont payés à un niveau ridicule par rapport au SMIC ne se relâche pas, les salaires français continueront inexorablement à être tirés vers le bas. Sans que la position de l'économie française retrouve de la vigueur sur les marchés extérieurs. La production industrielle française s'essouffle selon l'Insee.
    Avec le chèque-transport, le gouvernement, une nouvelle fois, se propose d'accroître le pouvoir d'achat des salariés. Pour mettre un baume sur les plaies créées par les fluctuations du prix du pétrole, donc de l'essence à la pompe, l'Etat veut partager la facture du chèque-transport avec les entreprises volontaires. Comment l'Etat financera-t-il les 55 millions au titre du chèque-transport, dont 20 millions pour celui qui sera accordé à l'ensemble des agents de l'Etat, sinon par des prélèvements ou de l'endettement ? Décidément, depuis trente ans, rien ne change. Le pouvoir d'achat ne peut progresser sans création de richesse nouvelle. Il faut permettre aux salariés, dans les secteurs où l'économie est encore active, de travailler au delà de 35 heures, de faire des heures supplémentaires. Ce sont ces heures-là qu'il faut exonérer. Ou bien alors, puisque personne n'ose proposer que l'Europe se protège à ses frontières par des droits douaniers adaptés, que l'on ait donc le courage de dire aux salariés européens qu'avant que les rémunérations des salariés indiens, chinois, brésiliens ne rattrapent les leurs, ils devront concevoir et accepter de voir baisser leurs salaires au niveau de ceux des travailleurs de Chine par exemple.
    Pierre PERALDI RIVAROL  28 MAI 2010 

  • Alain de Benoist sur Edouard Berth

    Lorsqu’Alain de Benoist se saisit d’un sujet ou d’un thème, il est toujours traité avec clarté, minutie, sérieux et pédagogie : le bibliographe et le collectionneur s’allient pour faire oeuvre d’érudition, sans pédantisme ni préjugés.

    La biographie intellectuelle qu’il consacre à cette grande figure du syndicalisme révolutionnaire français qu’était Edouard Berth (1875-1939) s’inscrit bien entendu dans cette veine, tout comme elle s’inscrit logiquement et plus généralement dans une pensée toujours attentive aux irréguliers et aux hétérodoxes, à ceux qui échappent aux grandes voies idéologiques trop bien balisées - on se réfèrera, en particulier, aux nombreux travaux qu’Alain de Benoist a consacrés aux figures de la Révolution conservatrice allemande (l’un des chapitres de son Edouard Berth s’intitule d’ailleurs : « Vers une Révolution conservatrice ? »).

    Edouard Berth, disciple de Georges Sorel - l’auteur des Réflexions sur la violence, le théoricien de la « grève générale », le philosophe du mythe, grand lecteur de Nietzsche et de Bergson admiré du politologue Julien Freund - rencontra aussi l’oeuvre de Maurras et se montra très attentif à l’action de... Lénine. Autant dire que, de prime abord, il peut paraître déconcertant quoiqu’il ait défendu toute sa vie plusieurs idées-forces.

    Berth, en effet, récusa la hideuse démocratie parlementaire, régime politique sans doute le plus méprisant qui fut jamais à l’égard des humbles (il convient toutefois de noter, et Alain de Benoist l’explique fort bien, que la critique berthienne du parlementarisme ne recoupe pas exactement celle des royalistes ni des léninistes). Le 10 janvier 1913, Berth écrit ainsi à Edouard Droz : « Je nie que la démocratie soit un régime populaire ; j’affirme (...) que ce n’est qu’une aristocratie déguisée, et la pire de toutes, l’aristocratie des pires, des médiocres, des canailles, en tout genre, in omni genere et modo. » On admirera à la fois le réaliste et le visionnaire. Il est vrai que l’un de ses autres maîtres, Proudhon, avait déjà dit l’essentiel : « le moyen le plus sûr de faire mentir le Peuple, c’est d’établir le suffrage universel. »

    En conséquence, Edouard Berth condamna le libéralisme bourgeois défini comme le règne du marchand, de l’intellectuel (l’ « antithèse du producteur ») et du politicien, soit, de l’échange, du concept et de l’Etat. La raison utilitariste des Lumières, en quelque sorte, a sapé la communauté organique au bénéfice de la société (pour reprendre la célèbre distinction de Tönnies), laquelle se fonde sur une abstraction juridique tendant inéluctablement au cosmopolitisme. En elle, « tout devient abstrait, laïque, démocratique et obligatoire » ce qui, note l’auteur avec raison, constitue « un diagnostic très actuel. » Maurras, quant à lui, échappa à la critique de l’intellectualisme en raison de l’empirisme organisateur qui le garda des nuées romantiques : « Le rationalisme de Maurras, écrit Berth, est un rationalisme classique, c’est-à-dire un réalisme, et s’oppose complètement au rationalisme démocratique, qui est un idéalisme. »

    Ainsi, avec Georges Valois puis le Camelot du Roi Henri Lagrange, Berth fut-il l’artisan du rapprochement des syndicalistes révolutionnaires et des royalistes, d’abord à travers le projet d’une revue qui ne verra jamais le jour, La Cité française, puis via le fameux Cercle Proudhon, constitué le 16 décembre 1911 afin de « rapprocher les anti-démocrates de droite et de gauche » mais qui ne survivra pas à la politique de l’Union sacrée.

    La démocratie parlementaire et le marché, donc, vont l’amble puisque la concurrence politicienne ou économique et l’axiomatique de l’intérêt deviennent les référents ultimes : « On peut comparer un Parlement à un marché : les partis ne sont que des entrepreneurs qui font l’échange d’un certain stock de voix contre certains avantages ; et ce qui sort, de ces combinaisons de mercantis, c’est ce qu’on appelle la volonté générale, la loi. »

    A cette anthropologie libérale, Edouard Berth opposa « une morale héroïque - on dirait aujourd’hui une éthique - qui s’inspire directement des valeurs de l’Antiquité : l’éthique de l’honneur. » Autrement dit, Berth était l’homme d’un Ancien Régime de l’esprit, un paysan-soldat de Rome et de Sparte, un témoin « de l’esprit révolutionnaire-conservateur ».

    Vous en êtes un autre, a-t-on envie de dire à Alain de Benoist, au point de soupçonner dans le passage suivant un fidèle autoportrait : « Véritable révolutionnaire conservateur, il n’a cessé de défendre des idées de gauche et des valeurs de droite, ce qui fait de lui, au choix, un homme de droite de gauche ou un homme de gauche de droite. Il fut en tout cas la vivante synthèse de tout ce qui lui a paru devoir être concilié et défendu d’un même élan. Homme d’une extrême rigueur, tant morale qu’intellectuelle, et d’une scrupuleuse honnêteté, il n’a jamais dissimulé son évolution ni ses erreurs. Cela lui a valu des incompréhensions, des inimitiés, des ruptures avec des proches ou des moins proches, qu’il a toujours assumées avec courage, sachant faire passer ses convictions avant ses amitiés. Exigeant vis-à-vis des autres comme il l’était vis-à-vis de lui-même, il a connu au cours de sa vie bien des déceptions - comme en connaissent tous les enthousiastes. Il est aussi passé par d’inévitables phases de découragement. Cela ne l’a pas empêché de continuer à se battre. »

    Chapeau !

    Louis Montarnal - L’AF 2865

    Alain de Benoist, Edouard Berth ou le socialisme héroïque, Sorel, Maurras, Lénine, Pardès, 300 p., 22 €.

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  • Europe : la construction automobile a-t-elle un avenir ?

    En Europe, la capacité de production des usines automobiles est sous-employée. En 2010, elle atteignait seulement 69 %, elle est remontée à 82 % en 2011. Le patron de Fiat-Chrysler, Sergio Marchionne, ne voit pas d'autre solution que de fermer de nombreuses usines en Europe, une dizaine... Il saute directement à la solution sans dire pourquoi le marché en est arrivé là. Nous l'apprendrons un peu plus loin. Il pointe certes la mévente des petites voitures, et leurs prix tirés vers le bas qui ne génèrent pas une rentabilité suffisante. Est-ce la seule explication ? On peut assurer que non, il y a la solvabilité des acheteurs, leur vieillissement, la concurrence étrangère, le prix des carburants et de l'entretien, les assurances, la répression routière, la difficulté d'obtenir son permis, et son prix, etc. Qui dit fermeture dit licenciements. Rappelons qu'en 2008, les industries de la construction automobile des 27 pays de l'Union européenne employaient 2 420 000 salariés.
    Selon lui, « c'est à l'Europe de prendre en charge cette transition, car individuellement, les gouvernements des différents pays ne le feront pas. » Il suggère un « effort coordonné » de façon que « la douleur soit partagée [...] Si l'Europe bloque cette restructuration, les constructeurs ne pourront pas investir suffisamment pour moderniser leur outil de production et monter en gamme » Monter en gamme signifierait-il que les petites voitures sont abandonnées et laissées aux constructeurs automobiles situés hors d'Europe, y compris des marques européennes, pour ne conserver que les véhicules haut de gamme ? Certes, mais les modèles premium ne sont-ils pas déjà monopolisés en très grande partie par les constructeurs allemands ? Et l'export en direction de la Chine en particulier restera-t-il longtemps encore ouvert aux importations sans que les autorités chinoises imposent l'implantation d'usines sur place ? Quid alors de l'exportation et de la production européenne ? Ce qui est certain, c'est que l'Europe serait alors condamnée à importer ses petites voitures ! Fabuleux, non ? Néanmoins, Sergio Marchionne suggère que l'Europe mette en place « un mécanisme de soutien financier » pour rendre supportable les inéluctables licenciements et un « système de protection sociale (qui) assure la transition » de manière à donner du « soin et de l'attention » aux futurs licenciés. Mais quid des dizaines de milliers de ceux qui ne seront pas embauchés ? Qui osera affirmer que la crise est derrière nous ?
    LA COMMISSION EUROPÉENNE TIRE CONTRE SON CAMP
    En 2011, la Commission européenne a signé un accord de libre-échange avec la Corée du Sud. Le patron de Fiat-Chrysler lui reproche sa vision "bucolique" des relations commerciales internationales. Il ajoute, nous partageons son opinion depuis bientôt 20 ans : « Nous sommes tous, bien sûr, pour un monde meilleur où il n'y aurait plus de barrière : c'est une idée séduisante. Mais quand on regarde la réalité, c'est plus compliqué à faire fonctionner. » Quels sont les résultats immédiats de l'application de l'idéologie libre-échangiste bruxelloise, fanatique de la concurrence libre et non faussée ? En 2011, la Corée du Sud a exporté 436 000 véhicules vers l'Union européenne, plus 150 000 en un an. Les constructeurs européens 75 000 seulement, le marché leur restant relativement fermé. Il faut oser ! Soit 15 000 exemplaires supplémentaires seulement. Et encore, souligne M. Marchionne, s'agit-il de modèles haut de gamme allemands. Conclusion « Cet accord a été une erreur, personne n'y a rien gagné sauf les marques premium. »
    Et ce n'est qu'un début. Sont en cours des négociations de libre-échange avec l'Inde, le Japon, d'autres pays asiatiques et du Mercosur. Ce patron qui mériterait de militer dans un parti souverainiste ou de figurer au Comité de soutien de Marine Le Pen ou de M. Dupont-Aignan considère que le problème ce sont « les conditions de concurrence (qui) ne sont pas comparables », du fait du soutien de la Corée à son industrie et de barrières non douanières. Un exemple, le gouvernement coréen pénalise les concessionnaires qui distribuent des voitures étrangères. « Au Japon, l'État soutient la demande de mini-voitures, un segment réservé aux Japonais », précise-t-il. Le mot est lâché, pour se protéger, oui, se protéger « l'Europe devra vérifier la prochaine fois qu'elle sait ce qu'elle signe » avant de conclure un nouvel accord de libre-échange, insiste-t-il.
    À ce point de la rédaction, on ne peut que se scandaliser de l'indifférence, de l'incompétence, de la nocivité, de la complicité sans doute, à la fois des fonctionnaires, hauts notamment, des conseillers des ministres, des ministres eux-mêmes. Comment peuvent-ils ainsi tirer contre leur camp ? Le réquisitoire se poursuit « L'Europe pousse à signer des accords de libre-échange, souvent inégalitaires, alors même que l'industrie manque de compétitivité sur ce continent et ne peut pas survivre par elle-même » On comprend mieux maintenant pourquoi les constructeurs sont en situation de surproduction. Il s'agit du manque de compétitivité aggravée par les conséquences du libre-échangisme qui permet l'introduction en masse de véhicules bon marché. Pour la France, le coup de grâce a été porté à notre industrie automobile par Renault, entreprise dont l'État français est actionnaire, avec l'ouverture d'une usine au Maroc, dont la production est majoritairement destinée au marché français. Depuis 1945, sous l'impulsion des grandes firmes américaines l'enseignement de la doctrine idéologique libre-échangiste a été imposé aux universités américaines financées par ces entreprises ; les prix Nobel assurèrent le relais, à l'exception notoire de Maurice Allais, méprisé et ignoré ; les organismes internationaux mondialistes (FMI, GATT, OMC, OCDE), le Siècle, Bilderberg, etc. propagèrent et imposèrent le dogme ; les "élites" économiques issues des grandes écoles qui avaient tété le lait empoisonné à la source du "savoir" n'imaginaient pas que le libre-échangisme est nocif, etc. Résultat, il fallait abattre les frontières et laisser les portes grandes ouvertes, s'opposer aux partis souverainistes et nationaux, ridiculiser leurs critiques et leurs propositions. Etc. On en est là, et on vient de voir ci-dessus que les conséquences de l'idéologie triomphante sont désastreuses. Combien de politiques, combien de chefs d'entreprise, combien de gestionnaires, combien d'experts, combien de journalistes liront le réquisitoire implacable de M. Sergio Marchionne, autrement plus responsable et au fait des réalités que les clowns clones qui baragouinent ou écrivent dans les divers média ?
    Pierre PERALDI. Rivarol du 20 avril 2012

  • Retraites : encore une réforme pour rien ?

    par Pierre Marchand * - Le gouvernement a lancé au début du mois une concertation sur les retraites avec les partenaires sociaux. Le sujet, aussi brûlant par son urgence que par les réactions qu’il risque de susciter, a fait l’objet de diverses annonces et commentaires de la part du gouvernement.

    Des commentaires bien à son image : imprécis, parfois contradictoire et souvent inutiles.

    Evasif fiscal

    Par la voix de Marisol Touraine1, il avait promis une réforme « juste » (comprendre : tout le monde va payer, surtout les classes moyennes). Des annonces pourtant mal perçues par les syndicats qui reprochent au gouvernement son manque de clarté. Et il est vrai que personne ne discerne les véritables intentions du gouvernement, qui commande un rapport aux conclusions plutôt limpides2 et s’empresse d’en contester leur application dans le futur projet de réforme… Qui a dit qu’on ne sortait de l’ambiguïté qu’à son détriment ? Et de se justifier en prétendant vouloir laisser un maximum de place à la concertation. Seule certitude, le sort réservé aux retraités. Pour le peu qu’on en sache aujourd’hui, le mot d’ordre pourrait se résumer ainsi : on ne change rien, on fiscalise. Une musique qui prend une allure de rengaine tant le gouvernement nous la sert depuis un an. Autre certitude, l’absence de remise en cause des régimes spéciaux. Pourtant, quand la société change il faut que la législation l’accompagne. C’est l’un des grands arguments que le gouvernement avait mis en avant pour justifier la loi sur le mariage unisexe. Mais les grands principes (et les bons sentiments) ne valent que s’ils permettent de flatter l’électorat. Ainsi, les privilèges subsisteront au sein de certaines professions mais surtout dans la fonction publique. Là, peu importe l’évolution de la société, ce qui est acquis est acquis et doit le rester. Qui a dit que le problème de l’égalité, c’est qu’on ne la voulait qu’avec nos supérieurs ? L’égalité, ça vaut pour la cause homosexuelle, pas pour celle des travailleurs…

    Vacuité et démagogie [...]

    La suite dans L’AF n° 2867

    * Pierre Marchand est rédacteur à L’AF, spécialiste des questions économiques

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  • Élargissement de l'Union européenne : un chaos annoncé (arch 2002)

    ❏ Si Jean de La Fontaine était encore de ce monde, sa fable sur la grenouille qui se voulait plus grosse que le bœuf caricaturerait à merveille le processus d'élargissement du Moloch européiste. 6 hier, 15 aujourd'hui, 25 demain ... Où s'arrêtera la boulimie fédéraliste des technocrates qui nous gouvernent ? L'Europe de Madère à Riga fait rêver tous les ayatollahs du mondialisme. Or, comment une Europe déjà incapable à 15 d'adopter une position commune sur la crise irakienne pourrait-elle dégager un semblant de consensus à 25 ? Pourquoi cacher plus longtemps que ce énième charcutage vise à rogner au nom de la nécessaire cohésion les dernières parcelles de souveraineté que possèdent encore les États ?
    Après le «oui» arraché à des Irlandais soumis à une intense campagne de désinformation aux accents comminatoires, Bruxelles est prête pour le saut dans l'inconnu, disposée à accueillir dix nouveaux pays d'Europe centrale et de l'Est, dont le revenu par tête n'atteint en moyenne que 40 % de celui des Quinze et qui entrent dans l'Union européenne plus pour bénéficier de la manne financière que pour contribuer à sa relative prospérité. Et dans un marché européen où la récession et le taux de chômage touche déjà près de 9 % de la population active, l'entreprise est plus que risquée, elle est suicidaire. Tout d'abord pour les finances d'États déjà fortement endettés et qui devront débourser 40 milliards d'euros pour financer l'élargissement (une hausse de 5 % pour la France dont la contribution au budget communautaire pour 2003 est déjà de 15,8 milliards d'euros), mais aussi pour les fonds structurels et plus précisément la Politique agricole commune qui constituent à eux deux les trois quarts du budget européen.
    ❏ La France n'a rien à gagner
    En se mettant d'accord sur un plafonnement du budget européen de 2007 à 2013, Chirac et Schroder vont contraindre les 25 à vivre sur le même budget que celui attribué aujourd'hui aux Quinze. La mort à court terme pour des agriculteurs qui devront de surcroît subir la concurrence déloyale des produits fabriqués à des coûts moindres.
    Qu'a donc à gagner la France d'une Union européenne élargie, contraire aux intérêts de ses peuples et qui ne sert, comme le souligne Jean-Marie Le Pen, que « les intérêts mercantiles des uns (les multinationales) et les idéaux utopistes et antinationaux des eurocrates de Bruxelles » ? Rien si ce n'est une perte d'influence dans une Europe noyautée par Berlin et dans une moindre mesure par Londres et un afflux d'immigrés attirés par une législation sociale incitatrice. Sans compter une hausse du chômage qu'entraîneront inéluctablement les délocalisations d'entreprises soucieuses de s'installer dans des pays où les salaires sont largement inférieurs à ceux en vigueur à l'Ouest. C'est dans ce magma fédéraliste où la France ne conservera qu'un commissaire sur vingt-cinq, 9 % des voix au Conseil et 9 % d'élus au Parlement européen, que les nations européennes sont invitées à se dissoudre, passant du mirage européiste à la prison des peuples.
    ✍ Éric Domard FDA décembre 2002