La Tour du Pin ... Sous ce nom à tiroirs se cache l'un des plus profonds penseurs de la question sociale en France à la fin du XIXe et au début du XXe siècles. Antoine Murat a passé sa vie dans la fréquentation des écrits du marquis. Après plusieurs monographies, il nous offre une synthèse inédite sur la Tour du Pin et son temps.
Charles-Imbert-René de La Tour du Pin (1834-1924) est l'une des principales figures de l'esprit social chrétien. Alors que la lutte faisait rage, aux plus hautes instances, entre un libéralisme sans entrailles, qui se présentait comme l'héritier légitime de la Révolution française, et un socialisme revendicateur, prêt à organiser ici et maintenant la nouvelle fête révolutionnaire, La Tour du Pin était habité, lui, par la conviction que c'est le christianisme qui détient la clef de la question sociale. Cette conviction, il la voulait non pas idéologique mais avant tout pragmatique. Recueillant les leçons que Frédéric Le Play avait administrées à l'Empire finissant, La Tour du Pin s'est voulu d'abord observateur empirique de la réalité sociale. Loin de l'entraîner à la culture de je ne sais quelles idées généreuses, détachées du réel, sa foi avait donné à l'officier supérieur qu'il était un goût inné pour l'observation des faits sociaux. Inconvénient de cette méthode : bien des textes de La Tour du Pin portent la marque des circonstances qui les ont fait naître. On peut s'ennuyer à compulser ces études que lui-même a voulu appeler des « jalons » vers un ordre social chrétien. Il faut remettre ces observations dans leur contexte et brosser le portrait de la Tour du Pin en son temps, sous peine de n'y rien comprendre.
L'homme : une chose, une bête ou un frère ?
Antoine Murat excelle à restituer, en toile de fond de la doctrine qu'il expose, l'époque qui l'a vu naître. Première scène, à Frohsdorf, lieu d'exil : le jeune officier, attaché militaire français en Autriche, petit-fils du dernier ministre de la guerre de Louis XVI, rend visite à Henri V, petit neveu de Louis XVI. La pensée sociale du comte de Chambord doit beaucoup à la Tour du Pin.
Deuxième scène : la guerre de 1870. Cette fois, c'est, à Rezonville, le courage du soldat, ramassant un étendard dont personne n'ose plus se charger qui émeut le lecteur. Troisième scène : le mariage. À 58 ans, le marquis épouse la dame de ses pensées, sa cousine germaine enfin devenue veuve. Chevaleresque tout cela ? En diable.
Au-delà des principes éternels de ce que l'on a pu appeler la politique naturelle, au-delà des vertus traditionnelles qui sont celles de sa race, pétries de christianisme, ce sont les faits qui importent à La Tour du Pin pour construire une théorie. Certes, la civilisation chrétienne a existé. La question est de savoir comment elle doit se manifester de nouveau : « Il y a trois écoles irréductibles en philosophie sociale : celle où l'on considère l'homme comme une chose ; celle où on le considère comme une bête et celle où on le considère comme un frère. »
II serait trop long de considérer les exemples que notre auteur ne manque pas de donner à l'appui de son assertion. À propos des premiers - les libéraux - parmi lesquels, il faut le souligner, de nombreux catholiques bien en cour, il conclut : « Ceux-là ne conçoivent comme principes de la vie économique que les transformations de la lutte pour la vie qui sont la loi de la matière organique. » « Les autres - ce sont les socialistes - ni songent qu'à la conservation et au bien-être de l'espèce, ce qui est la tendance de l'animalité. » La perspective de La Tour du Pin se trouve dans une troisième voie, résolument anti-individualiste : « Quant à nous, nous concevons l'humanité vivant à l'état organique de corps social, dont toutes les parties sont solidaires, se prêtant par conséquent assistance entre elles, parce que c'est leur loi de vie naturelle aussi bien que morale. »
Cette troisième voie est la plus évidente. Elle demeure introuvable pourtant depuis un siècle et demi. Mais à force d'avoir le dernier mot, l'Attila libéral va finir par constater que l'herbe n'a pas repoussé sur son passage. Viendra alors peut-être le temps d'une véritable écologie sociale, celle dont la Tour du Pin et Charles Maurras après lui ont rappelé les principes. Celle qu'il faudra mettre en œuvre sans idées préconçues, pour la survie morale de l'humanité.
Joël Prieur Minute du 25 juin 2009
Antoine Murat, La Tour du Pin et son temps, Via romana, 388 pp., 34 euros port compris. Sur commande à : Minute, 15 rue d'Estrées, 75007 Paris.
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L'écologie sociale de La Tour du Pin
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1974, la droite impose l'immigration (MZn°139)
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2012 : 193 000 immigrés en France dont 17 000 pour travailler
Lu dans Les 4 Vérités :
"En 2012, 193 655 personnes ont immigré légalement en France : 86777 au titre du regroupement familial, 59152 pour étudier, 18842 pour raisons humanitaires, 16921 seulement pour travailler et 11 963 pour d’autres motifs."
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Les bâillons et la course à l’abîme
Les chômeurs – qu’une politique avisée pourrait remettre au travail – pèsent lourd sur divers Etats. Ainsi, selon Eurostat, l’Espagne en compte 26,2%, ou 55,5% chez les moins de 25 ans, particulièrement touchés. Suit le Portugal avec 17,6% et 38,6%. Pour la France: 10,6% et 26,9%.
Voilà le résultat d’une politique néo-keynésienne, que Keynes eût désavouée. Une politique d’inflations "modérées" (de quelques pour-cent par année), mais qui, à la longue, rejoindront celles des années 1929 et suivantes. En fait, le chaos économique se combine avec le chaos politique, culturel et moral comme facteur de la décadence et du déclin.
En outre, les organisateurs de ce désordre répriment férocement certaines opinions. Réclamer le retour des Africains en Afrique ou contester le point de l’histoire appelé "holocauste" mène en prison dans divers pays – jusqu’à 10 ans en Autriche. La Suisse, avec son article 261 bis du Code pénal, la France, avec les lois Gayssot et suivantes, d’autres pays avec de semblables tabous imposent le silence par la terreur, car certaines assertions ou même certains termes conduisent en prison. Par ces moyens, les forces du déclin cherchent à perdurer.
Les tribunaux suisses poursuivent non seulement la négation de ce que les médias appellent "l’holocauste", mais jusqu’à la mise en doute, ce qui conduit à quelques conséquences curieuses. Aujourd’hui, faute de pouvoir demander le rapatriement des Africains, divers politiciens réclament l’interdiction des minarets qui, non seulement n’en peuvent rien, mais prennent beaucoup moins de place que les envahisseurs… Notons ici que les deux groupes parlementaires UDC (parti de Blocher) et Démocrates suisses voient parfois tel de leurs membres se permettre des propos hérétiques au sens de la loi; mais, ces derniers temps, les tribunaux n’ont pas bougé; en revanche, il y a eu des contrecoups professionnels pour certains imprudents (on semble en revenir à la bonne vieille méthode: le fautif perd miraculeusement son emploi, l’Etat n’y étant pour rien…).
Ce procédé ne se limite pas à la Suisse. Il existe partout en Europe, à moins de faire place à la répression judiciaire. Les démocraties modernes ont pu se permettre de supprimer l’esclavage: elles avaient le salariat. Un père de famille réfléchira et s’abstiendra de propos imprudents… En Suisse, les délais de résiliation d’un emploi sont probablement les plus courts d’Europe occidentale; d’où les perspectives accrues de perdre son poste. Ainsi, une répression masquée permet de proclamer que le pays est une terre de liberté. Vous êtes libre de chercher du travail ailleurs, puisque votre employeur était libre de se passer de vos services!
Notre dernier numéro, en page 9, rendait compte d’un texte posthume du Divisionnaire Hans Bachofner, mort en 2012, un des auteurs de la doctrine militaire suisse. A l’heure où, pour la plupart, les médias s’alignent sur les Etats-Unis, Bachofner constate que la principale puissance mondiale a perdu ses dernières guerres et se trouve sur le déclin, tandis que l’Europe s’affaiblit; or il pose une bonne question: qui aura le dernier mot dans l’Etat? Oser discuter la suprématie américaine, peu de responsables auraient pu se le permettre. Mais les morts ont sur les vivants l’avantage de la libre parole. Bachofner nous le prouve.
Les puissances éphémères pratiquent volontiers l’arbitraire, la répression, la terreur. Elles semblent l’emporter: les rebelles deviennent des inexistants – d’autant plus dangereux qu’ils échappent au contrôle. Parfois même, l’opposition semble disparaître: même invisible, elle restera redoutable. Certes, on fera taire un homme; mais l’idée juste circulera toute seule pour resurgir aux endroits les plus surprenants; et elle puisera sa force dans les problèmes non résolus. Les hommes passent, le problème reste et, non résolu, s’aggrave.
Ici, Ernst Indlekofer nous rejoint: "La liberté de parole est un droit qui inclut aussi la liberté d’expression. Celle-ci est foulée aux pieds dans notre pays depuis la promulgation de l’article pénal 261 bis en 1995; et il en va de même dans presque tous les pays d’Europe. Or, dans sa 102e séance en juillet 2011, le Comité des droits de l’homme de l’ONU a clairement précisé que des lois limitant la liberté d’opinion et d’expression sont contraires à la convention et contreviennent aux droits de l’homme."
Illusionnistes, les responsables du désordre mondial croient résoudre les problèmes par l’inflation néo-keynésienne. La réalité, qui exige le respect des lois naturelles et, en économie, la stabilité des prix pour les produits de première nécessité, l’emportera sur les rêves mondialistes actuels. Leur recours à la terreur hâtera leur perte, car il les empêchera de résoudre les problèmes en voie d’aggravation: chaos des forces aux prises à l’intérieur des Etats, chaos par le brassage mondial des populations, lequel, en outre, débouche sur le chaos racial: Etats toujours plus ingouvernables, individus toujours plus désorientés et désespérés.
En ce moment, à la veille de catastrophes possibles, même probables, il incombe à chacun d’agir d’abord sur le plan local, puis d’augmenter son audience. Ce modeste travail de base est la condition première de salut pour l’humanité.
G.-A. Amaudruz
http://www.europaeische-aktion.org/Artikel/fr/Les-baillons-et-la-course-a-labime_50.html
Sources: tiré du Courrier du Continent N°548 (mars 2013), p. 12 (éditoriale). -
Le Front populaire était-il socialiste ?
Poser la question peut paraître étrange et pourtant elle doit se poser. Politiquement d’abord, parce que l’allié radical était loin de l’être, attachés comme le sont les élus radicaux à la laïcité, au discours républicain, mais loin d’être des partageux. Quant aux communistes, leur soutien était sans participation et l’on sait que leur entrée dans le Front populaire était liée au revirement, très relatif d’ailleurs, de Staline face au danger hitlérien.
En réalité la question de savoir si le Front populaire fut socialiste doit d’abord se poser par rapport à l’économie. De ce point de vue, il faut savoir ce qu’on entend par socialisme, si l’on s’accorde pour admettre que le socialisme, même en économie de marché, suppose que l’État dispose de moyens économiques importants qui lui permettent, institutionnellement, d’intervenir dans l’économie, voire de disposer d’une partie de l’appareil de production et des hommes pour soutenir son action.
Nous avons donné ici une définition du socialisme modèle deuxième moitié du XXe siècle, tel qu’il peut s’observer à partir de la Seconde Guerre mondiale. On aura reconnu le modèle social-démocrate dont l’appellation est d’ailleurs variable selon les pays. Il nous faut donc examiner, au-delà de la puissante dimension mythique, ce que fut réellement l’action du Front populaire qui, rappelons-le, n’eut guère le temps pour lui puisqu’il demeura au pouvoir une très courte année.
Un peu de social, peu de socialisme
La fonction politique est très souvent l’art de créer des mythes, de donner une charge symbolique voire affective à l’action et, de ce point de vue, le Front populaire a réussi, tant son insignifiant passage au pouvoir a laissé une trace importante dans l’inconscient collectif français. Dans ce registre s’inscrivent les congés payés et les 40 heures. On aura noté qu’à partir de cette date le social en France se fera toujours par le haut c’est-à-dire par la loi, c’est-à-dire le plus souvent de façon non contractuelle ; il en sera ainsi des lois ultérieures sur les trois semaines de congés payés accordées par le Front républicain en 1956, la loi Mauroy sur les retraites en 1982 et, bien sûr, la loi Aubry sur les 35 heures. Choix politique quasi culturel en France qui conférera une grande rigidité aux dispositions sociales.
De ce point de vue on oublie souvent ce que Jean Fourastié nous a magistralement enseigné à savoir que la source du progrès social n’est pas uniquement dans la loi mais aussi dans les formidables gains de productivité. Il est vrai qu’au XIXe siècle la loi avait beaucoup fait pour le social surtout grâce aux catholiques sociaux (travail des enfants, etc.). Quoi qu’il en soit, le résultat est que, outre que les ouvriers français travaillaient moins que les ouvriers allemands au moment où Hitler réarmait l’Allemagne, les Français après 1945 auront, en moyenne, une durée hebdomadaire de travail supérieure à celle des Allemands et des Britanniques. Ce paradoxe ne saurait s’expliquer uniquement du fait que les gouvernements qui suivirent le Front populaire cherchèrent à revenir sur la loi des 40 heures, « la semaine des quatre jeudis » disait Paul Reynaud, mais parce quà vouloir forcer le cours des choses économiques on perd souvent sur les capacités productives et, de ce fait, les gains de productivité, facteurs de progrès sociaux, ne sont pas au rendez-vous.
Manque d’experts
Dans le même registre l’histoire aura retenu que les accords de Matignon permirent la reconnaissance des syndicats : est-ce en soi du socialisme ? Quant aux augmentations de salaires concédées par le patronat au cours des mêmes accords de Matignon, elles n’étaient pas déraisonnables dans l’époque car il fallait, dans un contexte déflationniste généralisé, redonner du pouvoir d’achat aux masses. Cela se justifiait assez largement, mais ce ne fut pas le gouvernement qui accorda ces augmentations, il n’en fut que le médiateur ; au surplus, la mesure était plus keynésienne que socialiste. Tout cela cependant à condition qu’on ne gonflât pas un pneu crevé et que le pouvoir d’achat ainsi distribué s’exprimât au bénéfice des productions françaises.
En revanche, au printemps 1937, Léon Blum fut incapable d’apprécier les effets en cours de la reprise de l’économie française, faute d’experts. Blum, Herriot et le personnel politique de la IIIe République étaient des lettrés et non des experts et l’on aurait tendance à penser que l’économie est une chose trop sérieuse pour être laissée à des littéraires si… Si le thème de la Synarchie qui se développe à l’époque et la naissance prochaine de la technocratie ne nous donnaient pas à penser, avec le recul du temps en ce début du XXIe siècle, que les experts ne firent pas toujours mieux ou, en tout cas, certainement trop.
La place de l’État
C’est bien le problème qui est posé par l’étude économique du Front populaire. Si en effet sa politique ne fut guère socialiste au sens où nous l’avons posée, c’est que l’État n’en avait pas les moyens : peu d’experts, peu d’hommes de l’État, une fonction publique limitée et l’absence de volonté d’infléchir le sens général de l’économie. Bien sûr, des esprits nombreux, souvent brillants, pensent à cette action de l’État. On peut citer le groupe X-Crise et d’autres encore très bien étudiés dans le livre de François-Georges Dreyfus sur les origines de Vichy. Celui-ci montre que l’influence des intellectuels non conformistes sur le futur régime prime sur celle des maurrassiens. C’est ainsi que l’on voit se profiler la montée de la future technocratie que, par ailleurs, un homme comme Tardieu appelait de ses vœuf. Alfred Sauvy, dans sa magistrale Histoire économique de la France entre les deux guerres, montre comment le ministère des Finances, sis encore rue de Rivoli, calculait lindice des prix. Un fonctionnaire du ministère sortait alors du Louvre avec un panier qu’il remplissait, avenue de l’Opéra et dans les magasins des rues avoisinantes, des biens censés représenter le panier de la ménagère, puis sen retournait au ministère pour faire la moyenne. Aujourd’hui c’est par excès que l’on pêche quand on pense aux innombrables fonctionnaires qui sont censés contribuer à l’établissement de l’indice.
Deux exemples montrent les degrés d’intervention de l’État dans la vie économique sous le Front populaire. Le premier concerne le problème monétaire : il est d’ailleurs beaucoup plus un attribut de la souveraineté quune véritable intervention économique. Au printemps 1936 toutes les grandes monnaies ont été dévaluées : la livre dès 1931, le dollar en 33, et le franc Poincaré est surévalué. Il faut bien comprendre que la dévaluation Poincaré a été vécue comme une rupture par les Français après 125 ans de stabilité monétaire (le franc germinal de 1803) et qu’une nouvelle dévaluation apparaît aux dirigeants du Front populaire comme une amputation du drapeau.
Maudite dévaluation
Mais la vraie raison des réticences de Blum cest que la pratique de la dévaluation en ce début du XXe siècle est surtout d’essence totalitaire. Les grandes dévaluations, voire les destructions monétaires (Russie) ont été celles des bolcheviques et des nazis et le contrôle des changes qui doit accompagner une dévaluation pour assurer sa réussite et éviter que les détenteurs de capitaux se mettent en position de change ou privent le pays de ses capitaux, est une contrainte anti-libérale et choque profondément les habitudes de ce bourgeois libéral qu’est Blum. Cependant il fut contraint au final de dévaluer à l’automne, ce qui conféra à la monnaie nationale un avantage de change certain mais trop tardif. Les effets de la dévaluation compétitive se feront sentir au printemps sur les exportations mais il est déjà trop tard. L’embellie économique mal perçue sera peu durable. C’est à partir des dévaluations de 1939 et surtout celles qui suivirent la guerre, 47, 48, 49, 58, 69, 81, 82, 83, et 86 que les Français se sont habitués au contrôle des changes, mesure abolie par l’Europe en 1987.
Un avant-goût de la PAC
Le second exemple porte sur la question agricole où le Front populaire fut le plus interventionniste sans doute. On sait la dramatique caractéristique de la crise de 1929, la baisse catastrophique des prix, la déflation généralisée : les prix agricoles, dans ces circonstances, résistent encore moins bien que les prix des produits manufacturés. Les agriculteurs voient donc le prix des céréales s’effondrer. Chartres fut le théâtre de véritables émeutes des petits producteurs beaucerons désespérés par le blé gangster, ce blé vendu par les gros céréaliers en dessous du plancher établi par le gouvernement. Le Front populaire va créer l’Office interprofessionnel du blé dit ONIB puis ONIC (céréales), véritable prototype de la PAC mise en place par la volonté de De Gaulle et des hauts fonctionnaires français à partir de 1962. Son principe revenait à payer au dessus du prix du marché mondial les produits tout en faisant assumer par la collectivité les stocks, leur écoulement ou leur destruction ; il y a bien là quelque chose de la PAC.
La vraie rupture
À l’évidence la rupture dans l’histoire économique du XXe siècle ce n’est pas 1936 mais 1940 ou 1941, dates auxquelles l’État, sous Vichy, se dote des moyens d’intervention dans l’économie. Dès lors, la technocratie est née ! À titre de simple exemple on se souvient que l’École d’Uriage fut la pépinière des cadres de la IVe et de la Ve république. Et n’en déplaise à ceux qui voudraient voir, politiquement, une rupture dans les années suivant la Libération, sur le plan économique il y a une grande continuité entre Vichy et la IVe République. Que les communistes soient les inspirateurs de cette politique est incontestable mais les moyens leur ont été désormais donnés pour intervenir. L’État finira par acquérir le poids que l’on sait aujourd’hui et, sil nest pas déraisonnable de vouloir comme le disait R. Reagan qu’il « descende de notre dos », il faut se souvenir que l’URSS est morte sous son poids en 1991 mais que la période qui a suivi a été gravement affectée par l’inexistence quasi totale de ce même État qui vit proliférer l’anarchie, les mafias et les oligarques, toute la politique du président Poutine étant de rechercher l’équilibre entre le trop d’État et le pas assez d’État. La France dans l’inévitable réforme quelle doit accomplir devra sen souvenir.
Olivier Pichon * L’Action Française 2000 du 1er au 14 juin 2006
* Directeur de Monde et Vie. -
Boursier de Carbon : « DES FRONTIERES POUR PROTEGER L'EMPLOI » (arch 1994)
Alain Madelin, le ministre des entreprises, vient de faire dans Le Monde un plaidoyer pour le libre-échange intégral, en s'attaquant à l'illusion que constitue selon lui le protectionnisme.
❏ Philippe Boursier de Carbon, polytechnicien et économiste éminent, ami personnel de Maurice Allais, prix Nobel d'économie, lui répond point par point. Le libre-échange intégral nuit à la prospérité et à l'équilibre social.
❍ Le ministre affirme que le protectionnisme repose sur une illusion d'optique et donne l'exemple d'une paire de chaussures importée et payée 100 francs en France au lieu des 250 F que propose un producteur autochtone pour ce même produit.
❐ Les pays développés importent aujourd'hui des produits à faible valeur ajoutée et fabriqués avec une main-d'œuvre non qualifiée et ils exportent au contraire des produits de haute technicité, requérant un personnel moins nombreux mais bien formé. Équilibré en francs, un tel échange est déséquilibré en termes d'emplois.
Affirmer que les 100 francs reçus par le producteur étranger de chaussures constituent une créance sur la production française car elle reviendra inévitablement sous forme d'achat de biens ou de services est une affirmation insuffisante en termes d'effets sur l'emploi national : la demande extérieure procure bien moins d'emplois en France que la demande nationale en raison de la forte productivité des entreprises exportatrices.
Ce peut être un marché de dupes car le TGV vendu à la Corée du Sud ne donnera jamais autant de travail que les millions de paires de chaussures qui auront servi à le payer.
❍ Alain Madelin estime que rien ne justifie la peur des délocalisations, en premier lieu parce qu'elles sont une manifestation de l'Internationalisation croissante de l'économie et des entreprises. Que vous en semble ?
❐ Problème gravissime en effet. Actuellement, il existe entre les pays développés et les pays moins développés des taux de change qui compensent les effets des différences moyennes des productivités locales en égalisant les niveaux moyens des prix. Si l'équilibre entre deux pays s'est établi avec une différence de charges salariales de 1 à 4 ou 5 au cours du change, différence égale à celle des productivités, la délocalisation d'une industrie de pays développé permet la même productivité que dans son cadre national. Mais dans ce cas, la production nationale périclite fatalement !
Le développement des délocalisations a pour résultat d'aggraver le chômage en même temps qu'elle accroît les inégalités dans nos pays.
Si vous voulez un exemple de la malfaisance des délocalisations, je citerai le rapport du sénateur Arthuis à propos de l'histoire des survêtements de l'armée de terre.
Un marché de 90 000 d'entre eux fut passé par l'armée à une société domiciliée en France qui fit fabriquer ces survêtements à l'île Maurice pour 9,6 millions de francs.
Le ministère de la Défense a réalisé une économie de 540 000 francs sur ce marché mais cette délocalisation de production implique pour la France un coût de chômage évalué à 6 millions de francs, soit une perte nette de 5,7 millions pour la collectivité nationale. Le marché a en fait été adjugé à la société MPH pour un prix unitaire de 107 francs contre 113 francs pour deux sociétés françaises concurrentes, soit une différence qui ne se monte qu'à 6 francs par survêtement. Aux taux de change actuel les salaires de l'île Maurice sont 8 fois moins élevés qu'en France. Ainsi le prix d'adjudication de 107 francs aura permis à cette société de réaliser un magnifique sur-profit.
❍ Estimez-vous que le libre-échange est aussi néfaste à l'Intérieur de l'Union européenne ?
❐ Non. L'Union européenne peut et doit pratiquer un libre-échange total. Elle doit se fonder sur le principe de la préférence communautaire ce qui entraîne une protection contre les importations génératrices de chômage.
❍ Vous vous séparez donc de l'assertion du ministre selon laquelle le libre-échange n'exige pas l'égalité des conditions de concurrence.
❐ Oui. Si l'on mène une politique sans limite de libre-échange mondial, le fossé des inégalités sociales ne fera que s'élargir chez nous et le taux de chômage s'élèvera encore.
La seule solution ou au moins e palliatif à appliquer dans le cas d'un libre-échangisme illimité consisterait à créer des taxes compensatoires sur les produits importés ou bien à contingenter les marchandises. .
Pourquoi ne pas adopter pour l'Union européenne un système comparable à celui de la « clause de la nation la plus favorisée » actuellement en vigueur aux USA ? Ce type de protection n'est pas un isolement de la Communauté européenne mais on ne voit tout de même pas comment on pourrait fonder une politique raisonnable à l'égard de pays peu développés en appauvrissant des pays développés.
❍ Alain Madelin admet volontiers qu'il ne peut y avoir de fonctionnement normal du libre échange que si les États s'abstiennent de manipuler les monnaies. Qu'en pensez-vous ?
❐ En ce qui concerne l'Union européenne, c'est tout à fait exact. Pour que la théorie du libre-échange puisse s'appliquer, il faut impérativement que les monnaies reflètent correctement les niveaux des productivités moyennes réelles. Pour remplacer les monnaies nationales par une monnaie unique, il est nécessaire que tous les ajustements économiques correspondant à la fixité des taux de change en son sein aient pu être réalisés. Cependant, l'instauration à marche forcée d'une monnaie unique et non commune prévue par le Traité de l'Union risque fort d'aggraver la crise européenne.
✍ Propos recueillis par Raphaël TRIGAL National hebdo du 11 au 17 août 1994Lien permanent Catégories : actualité, Europe et Union européenne, international, l'emploi, social 0 commentaire -
Et revoilà la “taxe carbone” !
Le nouveau ministre de l’Écologie Philippe Martin a annoncé que le Premier ministre avait « acté » la création d’une « contribution climat énergie », une vieille revendication écologiste plus connue sous le nom de « taxe carbone ».
« Sur la fiscalité écologique, je suis venu vous confirmer la décision actée par le Premier ministre de créer une contribution climat énergie », a -t-il lancé devant les responsables d’EELV, qui l’avaient invité à Marseille. Le ministre n’a pas donné d’autre détail sur la mesure, déclarant un peu plus tard devant la presse qu’il y aurait « débat sur le montant et le rythme » de cette contribution.
La contribution climat-énergie, qui fait l’objet d’une proposition de loi récente des écologistes à l’Assemblée nationale, vise à encourager particuliers et entreprises à des comportements plus « verts » en taxant les consommations d’énergies polluantes.
Mise en sourdine lors des tables rondes du Grenelle fin 2007, l’idée a connu sa traversée du désert, avant de refaire surface en 2009, année où une commissions d’experts présidée par l’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard, s’était penchée sur le sujet. Un projet porté par le gouvernement Fillon, qui devait entrer en vigueur au 1er janvier 2010 avait par ailleurs été annulé in extremis par le Conseil constitutionnel. Il prévoyait une taxe appliquée uniquement aux énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon).
Source : leparisien.fr
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Retraites : les familles nombreuses vont trinquer
Dans un système de retraites par répartition, ce sont les enfants des familles nombreuses qui paient les retraite des célibataires et des couples inféconds.
Il est donc logique que leurs parents qui ont eu la charge de leur éducation bénéficient d’un bonus qui compense leur perte de revenus et de patrimoine. Ce bonus, les socialistes s’apprêtent à le mettre en pièces car il est contraire à leur idéologie libérale/libertaire de démantèlement de la famille et de « grand remplacement » de la population française. C’est une raison supplémentaire pour les partisans de la « Manif pour tous » de ne rien lâcher et pour les combattants du « Printemps français » de rester mobilisés. Après Christiane Taubira et Manuel Valls, c’est Marisol Touraine qui pourrait être mise sous pression.
Les lecteurs de Polémia trouveront ci-dessous un article d’Economie matin.fr
Polémia.
Réforme des retraites : les parents de familles nombreuses risquent de la sentir passer
L’ensemble des mesures spécifiques en faveur des retraités ayant eu trois enfants ou plus coûterait 12 milliards à la Sécurité Sociale. D’après le gouvernement…
L’équation est connue : les retraites versées aujourd’hui sont financées par les cotisations de salariés qui n’étaient encore que des enfants hier. Et les retraites de demain seront payées par les cotisations des enfants d’aujourd’hui. C’est pour cette raison que depuis l’invention du système de retraite de la Sécurité Sociale, les parents de familles nombreuses bénéficient de bonus.
Les mères de familles tout d’abord, voient des trimestres de cotisation validés « gratuitement », à raison de deux ans par enfant. Egalitarisme oblige, la loi prévoit désormais que ce bonus puisse être partagé entre le père et la mère. Les pensions versées ensuite, sont bonifiées de 10 % pour les parents qui ont élevé 3 enfants ou plus, là encore pour compenser la perte de revenus induite par des enfants « en nombre ». Les statistiques sont unanimes sur ce point : l’arrivée d’un enfant dans le foyer provoque une baisse du revenu disponible de 10 %. Quand ils sont quatre ou cinq, on peut appeler cela appauvrissement, et les économies d’échelle, (les vêtements que l’on se repasse d’un frère à l’autre) ne sont qu’un mythe, ou une aubaine marginale.
Chaque enfant abaisse de 10 % le revenu de vie du foyer dans lequel il se trouve
Mais en face, le gouvernement a fait ses comptes. La facture des différentes bonifications accordées aux familles nombreuses pour les retraites des parents s’élèverait à 12 milliards d’euros par an. Quand on cherche à faire des économies, tout y passe, et tailler dans ces avantages paraît logique et simple. Seulement voilà : le patrimoine des familles nombreuses est systématiquement moindre que le patrimoine des foyers standard. Les familles nombreuses sont plus souvent locataires que les français moyens, faute de pouvoir acquérir leur résidence principale. Les parents de familles nombreuses auront donc plus souvent que les autres à se loger jusqu’à la fin de leurs jours en louant, faute d’avoir pu acheter leur toit.
Prenant conscience de ces écueils, le gouvernement a ordonné une étude afin d’évaluer l’impact des projets de réforme des “bonus” sur les pensions de retraite des pères et mères de familles nombreuses. Réponse dans quelques semaines…
Jean-Baptiste Giraud
Rédacteur en chef d’Economie matin.fr
Economie matin .fr, 21/08/2013
http://www.polemia.com -
Solidarité Populaire (réseau MAS): Entraide - Solidarité - Famille
Source, information et soutien: Solidarité Populaire
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Nouvelle hausse de la CSG pour financer les retraites
C'est tout ce qu'a trouvé le gouvernement socialiste comme solution au problème du financement des retraites.
L'allongement de la durée de cotisation serait pour après 2020... Selon l'association Sauvegarde retraites :
"Autant dire que la réforme de fond du système de retraite a d’ores et déjà fait pchitt. Ni l’adoption du système par points, ni l’instauration d’un semblant d’équité entre les retraités du secteur public et ceux du privé, mesures pourtant mentionnées dans la loi Woerth, ne sont envisagées. Quant à un recours, même partiel, à la capitalisation, n’en parlons même pas : elle restera le privilège des fonctionnaires, par le biais de la retraite additionnelle de la Fonction publique (RAFP), et… des sénateurs !
Il faut donc s’attendre à ce qu’après une courte amélioration due à l’augmentation de la CSG, le déficit du système de retraite français se creuse de plus belle. En attendant d’envisager, d’ici deux ou trois ans, une nouvelle « réforme »… Aïe !"