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social - Page 505

  • Auguste Comte

    Auguste Comte est né le 19 janvier 1798 à Montpellier (Hérault). Il perd la foi à l'âge de 14 ans. Admis à l'âge de quinze ans à l'Ecole Polytechnique, où il fut surnommé Sganarelle ou le philosophe par les élèves, il ne la fréquentera pas longtemps car la promotion fut dissoute suite à une révolte. Il vit à Paris de quelques leçons de mathématiques et fait la connaissance de Saint-Simon vers 1817. Il sera son collaborateur jusqu'en 1825. Saint-Simon (1760-1825), parent du mémorialiste, eut une grande influence sur lui. Acquis aux idées à la mode, converti à la vision du monde de la bourgeoisie, Saint-Simon participa à la guerre d'Amérique aux côtés de La Fayette. Il est marqué par cette expérience d'une nouvelle société, où les mérites personnels comptent plus que les titres, et renoncera à son titre de noblesse. Sous le Directoire, il s'habille comme un sans-culotte, mais est servi par vingt domestiques et possède un des meilleurs cuisiniers de Paris. Après 1802, il liquidera ses affaires et deviendra philosophe, menant une existence précaire, et développant son idée-force : les industriels sont désormais les détenteurs de la force temporelle tandis que des savants émane la force spirituelle. Les disciples de Saint-Simon travestiront ses idées en une sorte de religion. Mais revenons à Auguste Comte. Il se passionne, comme Saint-Simon et beaucoup de ses contemporains, pour les questions de réorganisation sociale. Il voudrait terminer la Révolution.
Il est convaincu que l'esprit du monde moderne, fondé sur la critique et la discussion, a profondément ébranlé la société, qui vit dans l'instabilité et l'agitation. Il faut mettre fin à l'anarchie intellectuelle. Il va proposer deux moyens : tout d'abord, une réorganisation générale des sciences, que viendra couronner la sociologie, dont il est un des "inventeurs", et la création d'un « pouvoir spirituel » qui sera confié à des savants, et chargé de se prononcer souverainement sur le bien et le mal, le vrai et le faux. Auguste Comte élabore sa célèbre loi dite des « trois états ». Pour lui, l'esprit humain emploie successivement trois méthodes : la méthode théologique par laquelle il peuple l'univers de dieux, puis la méthode métaphysique qui consiste à remplacer les dieux par des catégories intellectuelles, et enfin la méthode qui consiste à s'attacher rigoureusement aux faits. Cette philosophie positive sera la doctrine fixe et définitive de l'humanité et la société sera organisée scientifiquement. L'étude du passé permettra de comprendre le passé et de deviner l'avenir. Il s'agira de saisir les lois de l'évolution, puis de les devancer. Pour Auguste Comte, le progrès ne peut sortir que de l'ordre, d'où sa devise, que le Brésil fera sienne : « Ordre et Progrès ». Pour lui, l'anarchie tenait la société presque entière. Mais il constate que l'anarchie ne règne pas dans les sciences : « Il n'y a pas de liberté de conscience en astronomie, en physique, en chimie, en physiologie même. » Il va jusqu'à hiérarchiser les sciences. Il propose l'ordre suivant : les mathématiques, l'astronomie, la physique, la chimie, la biologie et enfin la sociologie. Chaque science dépend des précédentes sans que celle-ci soit sous son influence. Par exemple, les corps vivants sont, comme ceux inorganiques, soumis aux lois des mathématiques, de la physique et de la chimie, mais vont, de plus, se conformer aux lois de la biologie.

    Comte sera amené à définir une morale, qu'il fonde sur l'ordre, le progrès et l'altruisme. Il vise le bien de l'humanité, définie comme « Grand Être », et dont il serait le « grand prêtre ». Au XIXe siècle, le positivisme inspirera très largement le camp républicain. Mais au XXe siècle, c'est Charles Maurras qui s'en inspirera, surtout pour les idées d'ordre et les idées sociales qui caractérisent cette philosophie. Auguste Comte avait cherché à résoudre les problèmes sociaux par l'organisation sociale. Il écrivit : « Savoir pour prévoir, prévoir pour pouvoir. » Pas étonnant que Charles Maurras se soit intéressé à la pensée d'Auguste Comte...

    Auguste Comte meurt le 5 septembre, à Paris, à l'âge de 59 ans. Voici quelques-unes de ses pensées : « Les vivants sont toujours, et de plus en plus, dominés par les morts » ; « L'humanité se compose de plus de morts que de vivants » ; « Les morts gouvernent les vivants » ; « Il n'y a qu'une maxime absolue, c'est qu'il n'y a rien d'absolu » ; « Nul ne possède d'autre droit que celui de toujours faire son devoir. »

    R.S. Rivarol du 30 mars 2012

  • Immigration : "C'est pas dur de venir en France"

    http://www.youtube.com/watch?v=6OMqMK7E-Jc

  • Immigration : "C'est pas dur de venir en France"

    http://www.youtube.com/watch?v=6OMqMK7E-Jc

  • Cette France interdite aux pauvres et aux classes moyennes

    Dans le documentaire, “La France en Face“, diffusé sur France 3 ce lundi, le géographe Christophe Guilluy a établi une nouvelle carte sociale du pays. Selon lui, il y a deux France. L’une, métropolitaine, concentrerait 40% de la population mais 80% des cadres, l’autre, la France périphérique, se situerait autour de ces zones et se composerait essentiellement de catégories populaires qui ont dû quitter ces métropoles.

    Existe-t-il des zones dans lesquelles certaines catégories de population ne peuvent plus vivre ? Ce phénomène concerne-t-il essentiellement les classes populaires ou est-il en train de s’étendre aux classes moyennes ?

    Maryse Bresson : Les classes moyennes, comme les classes populaires, ne peuvent en effet plus rester sur certains territoires qui leur deviennent de plus en plus inaccessibles financièrement. Le mécanisme de base n’est toutefois pas celui de l’exclusion volontaire, mais, comme le décrit bien le reportage que vous citez, plutôt un mécanisme d’appropriation progressive de territoires à cause de la concentration volontaire des mêmes classes, sur les mêmes territoires.

    Or, l’absence de mixité par définition, touche toutes les classes. Par ailleurs, ce sont les classes supérieures, notamment, mondialisées, qui choisissent en premier le territoire qu’elle veulent habiter ; puis les classes supérieures nationales, et le mouvement se répercute de proche en proche, chacun voulant rester tant qu’il peut, avec ceux qui sont du même “niveau” que lui.

    Le mécanisme de base me semble donc celui qui pousse chacun à vouloir éviter ce que l’on pourrait appeler, un déclassement résidentiel ; et aussi, la préférence individuelle à vouloir rester dans “l’entre-soi”.

    Claude Dubois : Si les classes populaires ont été les premières touchées, aujourd’hui, le phénomène se propage aux classes dites “moyennes”. A Paris, se promener au hasard des rues suffit à se rendre intuitivement compte des changements, chaque jour de plus en plus ancrés.

    Bouchers et poissonniers appartiennent aux classes moyennes. Jadis, après le travail, en début d’après-midi le dimanche, souvent ces commerçants faisaient une belote dans le bistrot d’à côté. De telles scènes ne se voient plus. D’abord, le bistrot a ôté son comptoir ou il l’a rogné : il a mué en « café ». Ensuite… eh bien ! les boucheries comptent moins de garçons-bouchers… Les budgets sont restreints, ceux des classes moyennes se serrent la ceinture. Petit à petit est morte la poésie de Paris. Au vrai, Paris lui-même.

    Les familles des classes moyennes ont du mal à payer des loyers devenus faramineux. Elles quittent le centre des villes, elles abandonnent Paris…

    Les comparaisons entre le présent et le passé s’imposent naturellement. Il y a quelques décennies, nombre de petits restaurants de quartier étaient tenus par des femmes, des provinciales. Quand ils demeurent, ces petits restaurants sont devenus des établissements de cuisine exotique : italienne, asiatique etc. On en revient aux comptoirs disparus des bistrots. Sans compter les laiteries, les marchands de couleurs etc., abolis, oubliés, un Paris antédiluvien ! Le long des trottoirs, les boutiques étaient plus diversifiées, plus bariolées.

    Peut-on parler de ségrégation socio-spatiale ? S’apparente-t-elle à une forme d’apartheid qui ne dit pas son nom ?

    Maryse Bresson : On peut parler de ségrégation socio-spatiale, au sens d’une séparation physique des classes sociales dans leurs lieux d’habitation. Cette ségrégation dans les lieux d’habitation est redoublée par le fait que les classes sociales ne se retrouvent pas non plus dans les lieux de travail (encore moins, avec la mondialisation), ni dans leurs lieux de loisirs – il y a en réalité très peu d’espaces communs aux différentes classes et on voit bien que les espaces publics et les transports publics sont eux-mêmes des enjeux de plus en plus sensibles.

    Pour autant, il ne s’agit pas d’apartheid pour plusieurs raisons. D’abord, les critères de regroupement ne sont pas ethniques ou raciaux, ils sont d’abord sociaux ; de ce point de vue, la question ethnique dans les banlieues est importante mais je rejoins pour ma part les sociologues qui, comme Loïc Wacquant, considèrent qu’elle reste dérivée de la question sociale.

    Surtout, on ne peut pas parler d’apartheid, parce qu’il n’y a pas de système politique qui organise la mise à l’écart volontaire de certaines populations. En réalité, il n’y a même pas de mise à l’écart à proprement parler. En revanche, il y a des mécanismes qui aboutissent à un résultat très proche à savoir : une division spatiale et sociale qui permet de moins en moins l’échange, la mixité, la proximité spatiale.

    Claude Dubois : Une incroyable uniformisation s’empare de Paris et des grandes villes françaises. Et plus encore du monde, celui des pays “avancés”.

    Paris était un creuset où s’opérait une fusion sociale intense. Né en 1893, l’un de mes grands-pères, arrivé à Paris à l’Armistice de 1918, n’avait pas de métier bien défini, mais il n’était pas ouvrier. Il habitait le 4ème arrondissement miséreux de l’époque, “le Marais”, comme on ne disait plus depuis longtemps…

    Qu’à cela ne tienne, il vaquait à ses occupations en costume et melon. Il cherchait à “monter” – l’échelle sociale –, à “arriver”, son intention n’était pas d’affirmer “son identité”, “sa culture”, que sais-je encore… Il y avait donc déjà une certaine uniformisation, me contredira-t-on. Certes… mais elle n’était pas basée sur le droit aux loisirs, le désir de farniente, sur la culture pour tous… Elle permettait au sentiment parisien d’éclore. Devant se débrouiller pour vivre, celui de la Grand’ Ville mettait en pratique “le système D”. “J’ai ma combine…” chantait Milton…

    Cette tendance se retrouve-t-elle plus globalement dans les autres pays développés ?

    Maryse Bresson : Dans les autres pays développés ou même, en voie de développement, on assiste à des phénomènes similaires de concentration des populations dans des territoires choisis, c’est même une caractéristique de la mondialisation. Mais, tous les pays n’ont pas le même rapport à la question des inégalités, tous n’ont pas la même histoire.

    En ce sens, les conséquences de ces mouvements de concentration géographique pourraient être différentes d’un pays à l’autre – mais lesquelles, c’est difficile de le dire pour l’instant. La sociologie ne permet pas de faire des prédictions, elle observe les évolutions et donne des outils pour les analyser.

    Comment en sommes-nous arrivés à cette situation ? Les conséquences du phénomène de “boboïsation” des grandes villes ont-elles été sous-estimées ?

    Maryse Bresson : La « boboïsation » des grandes villes est un élément explicatif important en effet. Comme je l’ai déjà rappelé dans un article récent pour Atlantico, le sociologue Jacques Donzelot a publié en 2004 un dossier dans la revue Esprit intitulé : La ville à trois vitesses : gentrification, relégation, périurbanisation. Cet auteur met en évidence deux phénomènes qui cumulent leurs effets : d’une part, les aspirations des ménages aisés à se concentrer “entre soi” ; d’autre part, les politiques qui ont favorisé depuis des décennies l’accession à la propriété.

    Les classes les plus aisées se sont approprié les centres villes où les prix des logements sont devenus dissuasifs pour les classes populaires et même, pour les classes moyennes : c’est la gentrification. Les classes moyennes et les classes populaires les plus aisées ont acheté un pavillon dans les couronnes plus éloignées des villes : c’est la périurbanisation. Les précaires enfin n’ont pas pu bénéficier de l’accession à la propriété et sont restés sur place, dans les anciennes zones d’habitat social désertées par les classes moyennes, qui se sont dégradées : c’est la relégation.

    La situation a donc des facteurs pluriels. Les « bobos » ne sont pas les seuls en cause, toutes les classes sociales sont tentées par le phénomène d’entre-soi et cherchent à mettre à distance les classes « inférieures » –comme pour se prémunir du déclassement. Mais les préférences individuelles ont des effets collectifs en développant le phénomène de ghettos (de riches, de classes moyennes, de précaires). Les politiques de logement ayant permis et même encouragé les regroupements par « préférence sociale », ont aussi une part importante de responsabilité.

    Quel rôle la crise et les prix de l’immobilier ont-ils pu jouer dans l’amplification de la mise à l’écart d’une partie de la population ?

    Vincent Bénard : En France, les mécanismes d’exclusion par l’immobilier sont principalement les suivants. Tout d’abord, depuis 1998, le renchérissement de l’immobilier comparé au revenu des ménages a atteint en moyenne 80%, selon les données accumulées par l’économiste du ministère du logement Jacques Friggit.

    Cette hausse est liée à la conjonction d’un crédit bon marché et de lois foncières organisant la pénurie de foncier constructible. Ce chiffre médian masque de fortes disparités affectant en priorité les agglomérations importantes, où la situation est la plus tendue. Le résultat est que les ménages les moins solvables doivent consacrer une part croissante de leur budget pour se loger dans des conditions de moins en moins satisfaisantes.

    Puis viennent trois constats préexistants à la formation de la bulle sur les prix du logement, mais que la flambée des prix a évidemment exacerbés :

    - Le législateur, depuis 1982, a cru bon de rétablir un encadrement contraignant des loyers et d’augmenter la protection des locataires en difficulté, de bonne ou de mauvaise foi. Cette volonté de protection atteint son paroxysme aujourd’hui avec la promulgation de la “GUL”, garantie universelle du loyer voulue par le gouvernement. Le résultat est que les bailleurs se montrent de plus en plus exigeants, pour louer des unités même médiocres, exigeant des revenus minimaux élevés et réguliers, des cautions familiales, etc…

    Résultat, les familles modestes qui ne peuvent satisfaire à ces prérequis se retrouvent sur le “marché gris” des logements insalubres, meublés délabrés, etc… Et lorsque vous habitez un logement indigne, vos opportunités de tisser du lien social avec vos semblables s’amenuisent.

    - Les organismes de logement HLM, soucieux d’équilibrer leurs comptes, tendent à privilégier les locataires “à bon potentiel” dans les logements sociaux modernes bien intégrés dans des quartiers de logements majoritairement privés. En contrepartie, les populations jugées plus difficiles sont cantonnées aux cités les plus en difficulté. Ce biais socio-économique lié aux nécessités de gestion des organismes HLM a été dénoncé par le rapport Simon dès 2001, mais rien n’a changé depuis.

    Les résultats désastreux de ce profilage des locataires par les bailleurs publics a fortement contribué à créer des ghettos ethniques concentrant pauvreté et chômage, véritables zones de non droit dont même les plus volontaires ont du mal à se sortir.

    - A contrario, ceux qui ont la chance d’habiter un “bon HLM” bien intégré dans un quartier de classes moyennes, qui savent qu’ils paieraient deux fois plus dans le privé et qu’ils ne sont pas assurés d’obtenir à nouveau un logement aux mêmes conditions dans un autre endroit, s’accrochent coûte que coûte à leur logement subventionné. Le résultat est que lorsqu’ils perdent leur emploi, ils tendent à réduire leur périmètre de recherche pour ne pas avoir à déménager.

    Ce manque de mobilité influe négativement sur leur capacité à retrouver du travail. La population occupant un logement social est donc plus à même d’être affectée par le chômage de longue durée de ce seul fait.

    Faire disparaître ces effets pervers suppose autre chose que la suite de bricolages textuels hasardeux dont nos politiques nous ont bombardés ces dernières décennies. Libérer le foncier constructible pour en faire baisser drastiquement le prix, et faire sauter les verrous à la mobilité locative, sont deux prérequis indispensables pour espérer retrouver un fonctionnement du marché immobilier satisfaisant la quasi totalité des ménages à un coût acceptable, et limitant le besoin d’intervention de la collectivité aux seuls cas d’urgence.

    Patrick Chappey : Depuis une quinzaine d’année, les conséquences de la crise et de la bulle Immobilière se sont amplifiées un peu plus du fait de la conjugaison de l’augmentation des prix de la pierre et d’une conjoncture économique catastrophique.

    En effet, la crise du logement qui touche principalement les grandes agglomérations joue un rôle de plus en plus néfaste qui ne favorise pas la mixité sociale, créant un fossé encore plus grand entre les riches et la classe moyenne, opposant les jeunes aux vieux et les familles aux célibataires.

    De toute évidence, seuls des propriétaires qui vont vendre pour s’agrandir, ou de riches héritiers, ont les moyens aujourd’hui de se payer un toit dans les zones tendues. Cela entraine de fait une mise à l’écart de la classe moyenne, qui est obligée de s’éloigner toujours plus loin des villes pour se loger.

    Un récent sondage fait sur la plateforme de gestion locative Gererseul.com, montrait que les retraités qui n’ont plus les moyens d’espérer un logement de taille convenable pour leur retraite – deux ou trois pièces – devenaient les vrais concurrents des étudiants sur les petites surfaces.

    Enfin, les dernières statistiques font apparaitre que l’accédant à un logement en centre ville est une fois sur deux un jeune cadre célibataire avec des revenus élevés, et l’âge moyen des acquéreurs, toujours en centre ville, baisse d’année en année, pour être de 32 ans aujourd’hui. Cela montre bien la désertion des familles dans le cœur des grandes agglomérations qui n’ont plus les moyens d’acquérir le nombre de pièces dont elles ont besoin.

    Ces dernières années, les médias ont beaucoup braqué la lumière sur la situation des banlieues. Ces zones sont-elles réellement les plus déshérités ? Les politiques n’ont-ils pas eu tendance à trop privilégier la banlieue, finalement plutôt bien reliée aux métropoles, au détriment de la France périurbaine ?

    Maryse Bresson : La question est un peu étonnante. De quelles banlieues parlez-vous, et pensez-vous vraiment que les banlieues ont été privilégiées ?

    Les médias comme la politique de la ville cherchent en effet à identifier les banlieues les plus défavorisées, qui méritent de recevoir des aides –celles qui cumulent des indicateurs de pauvreté par exemple, comme les zones urbaines sensibles, ou les zones d’éducation prioritaires. Mais la question n’est pas, selon moi, de savoir si ces territoires sont vraiment les plus déshérités, ou si d’autres territoires ne le seraient pas encore plus.

    En effet, cette manière de raisonner sous-entend que les territoires sont en concurrence pour obtenir des aides, et qu’il faudrait réserver les aides à ceux qui en ont le plus besoin ou, aux « plus méritants » ! Or, ce raisonnement me semble doublement biaisé. Il ne s’agit ni d’ identifier les plus déshérités, qui en ont vraiment besoin –car, on risque de les stigmatiser encore plus, ou de manquer la cible ; ni, de mieux identifier des nouveaux territoires qui en auraient encore plus besoin. Il faut plutôt repenser une solidarité globale entre les territoires ; et remettre partout de la mixité sociale, du lien : entre les populations, comme entre les territoires.

    Cela passe par des politiques qui pensent ensemble les différentes échelles de territoires et leurs interdépendances, au lieu de privilégier l’une ou l’autre.

    Quelles conséquences cette nouvelle répartition géographique a-t-elle sur les équilibres sociaux mais aussi politiques ?

    Maryse Bresson : Il y a toujours eu des phénomènes de mise à distance entre les classes sociales, mais il semble qu’ils prennent une ampleur nouvelle. Surtout, le problème de la nouvelle répartition géographique, c’est qu’on ne sait pas vers quel équilibre social et politique elle mène. En fait, il s’agit plutôt aujourd’hui d’une addition de déséquilibres, qui contribuent à la méconnaissance par chacun de ce que vivent réellement les autres.

    C’est pour cela que Jacques Donzelot, que j’ai déjà cité, en appelle à la politique de la ville pour « refaire société ». Il y a en effet actuellement une mise en cause du vivre ensemble dans la société, et la question de l’équilibre social et politique dépend de la manière dont les inégalités sociales et spatiales vont être perçues comme légitimes, ou pas.

    Dans la société républicaine, les inégalités sont acceptables quand elles recouvrent des inégalités de mérite et quand la mobilité sociale ascendante, par la réussite scolaire notamment, est possible. Mais, si la réussite scolaire puis sociale dépendent de l’endroit où on habite, si l’ascenseur social ne permet plus d’atteindre les classes supérieures, ou les quartiers plus aisés, on a une mise en cause du « pacte républicain ».

    Les inégalités deviennent donc illégitimes, du point de vue de ce pacte républicain. Vont-elles trouver une autre légitimité ? Je ne peux pas le dire, mais il est logique de penser que les équilibres sociaux et politiques seront forcément modifiés.

    Claude Dubois : Personne n’a la clé de l’avenir. Ces derniers temps, néanmoins, avec l’insuccès du gouvernement et du président de la République, avec, également, la méfiance des Français sondés à l’égard de l’opposition de « droite », des questions brûlantes se posent quant aux échéances électorales à venir. En particulier, les élections européennes.

    Tout porte à croire qu’il y aura un fossé entre le vote de Paris et celui de la France dans son ensemble. « Tout porte à croire » mais, en la matière, rien jamais n’est joué avant le vote in vivo.

    A mon sens, les « bobos » du centre des grandes villes pèchent par un manque de « réalisme ». Dans l’ensemble, eux ne vont pas trop mal, mais la France souffre. Les « petits » ne se reconnaissent plus dans les mesures qui les affectent, dans l’abandon dont ils se disent être victimes.

    Dans les cas de détresse généralisée, les petites gens n’ont d’autre solution que de se rattacher à leurs « racines », à ce qu’ils sont – ce qui leur reste. Selon les uns, certains partis politiques opportunistes risquent d’en profiter, selon les autres, il est temps que « les choses changent ». En tout cas, le fossé – une fracture, qui sait – entre la boboïsation des villes et « la France profonde » – si tant est que ce concept ait encore une quelconque signification – ne paraît pas près d’être comblé. Au contraire…

    Atlantico

    http://fortune.fdesouche.com/331117-cette-france-interdite-aux-pauvres-et-aux-classes-moyennes

  • Bonnets rouges ...et papier timbré : Où quand l’Histoire se rappelle à notre bon souvenir

    par Jacques Sapir On sait, peut-être, que ce nom recouvre l’une des plus grandes révoltes de l’Ancien Régime, qui survint en Bretagne sous le règne de Louis XIV en 1675 [1] et qui fut l’une des grandes révoltes populaires, annonciatrice de la Révolution de 1789 [2]. Les bonnets rouges, on les a vus ressurgir en Bretagne, et en particulier ce samedi 26 octobre lors des manifestations qui ont eu des suites tragiques (un blessé avec une grave blessure au cou, un autre avec une main arrachée). Si ces manifestations ont clairement tourné à l’émeute, c’est qu’elles ne font que témoigner du désespoir d’une partie de la population. La Bretagne, on le sait, est durement touchée par la crise actuelle. Celle-ci se traduit par la fermeture, ou par des licenciements, dans des petites et moyennes entreprises dont le rôle est critique sur des bassins d’emplois très segmentés. Une misère néo-rurale, concentrée dans des bourgs ou des gros villages, liée à la fermeture de l’employeur local, est en train de faire tache d’huile en Bretagne. À ce phénomène, qui dure depuis maintenant deux ans est venu s’ajouter la crise spécifique de la filière agro-alimentaire qui entraîne avec elle une partie de l’agriculture. Ce que l’on appelle la « crise de la filière porcine » est le résultat d’un dumping sauvage pratiqué par l’Allemagne abritée derrière l’Euro. Ce dumping est en train de ravager la Bretagne. On le voit avec les problèmes des abattoirs, de sociétés comme Doux et Gad. Ces faillites, et ces fermetures viennent ajouter la misère à la misère ; très souvent c’est un couple et non seulement la femme ou l’homme qui sont employés sans ces entreprises. La fermeture d’un site, souvent l’unique employeur du canton, est une véritable condamnation à mort. [...] La suite ici http://www.actionfrancaise.net/craf/?Bonnets-rouges-et-papier-timbre-Ou

  • Le CESE récompensé !

    Pour s’être moqué du peuple en refusant 700.000 pétitions et avoir montrer son inutilité constitutionnelle, le CESE ( le Conseil économique, social et environnemental) verra ses frais de fonctionnement augmenter de 500.000 euros en 2014. Cette hausse servira à payer les dépenses de personnel (156 agents ). On se moque de qui ? http://medias-presse.info/le-cese-recompense/

  • Philippe Murer : Les gains de productivité

    Philippe Murer, professeur de finance à la Sorbonne, analyse la situation économique actuelle de la France et présente les principales raisons empêchant un redémarrage durable de l’économie. Il nous explique en quoi le concept de décroissance est, selon lui, synonyme de résignation et comment les gains de productivité seront toujours possibles à l’avenir. http://www.youtube.com/watch?v=T6wF8z-nAm0

  • Censure ? Les raisons du black out sur le nombre réel de Français qui quittent la France


    Censure ? Les raisons du black out sur le nombre réel de Français qui quittent la France

    http://www.atlantico.fr/decryptage/censure-raisons-black-out-nombre-reel-francais-qui-quittent-francen-philippe-marini-ahmed-henni-883548.html#58IMC3x5qVcAtyLK.99

  • En Bretagne comme ailleurs, le droit de vivre et de travailler au pays!

     Le baromètre BVA publié hier  lundi, enregistre un nouvel écroulement de la cote de bonne opinion  de François Hollande qui  plonge de six points au mois d’octobre. 73% des personnes interrogées affirment ainsi avoir une « mauvaise opinion » du chef de l’Etat, qui devient de  fait le président le plus impopulaire de toute la Ve République. Un pourcentage d’impopularité  similaire est recueilli par   Jean-Marc Ayrault.  Seul Manuel Valls, boosté par sa fermeté en trompe l’œil  sur l’affaire Léonarda surnage,  et gagne même neuf points avec 70% des personnes interrogées  qui disent avoir une bonne opinion du ministre de l’Intérieur. La nouvelle levée de bouclier contre l’impitoyable matraquage fiscal dont  se rend coupable le gouvernement, notamment  pour poursuivre sa politique d’immigration massive et respecter les diktats euromondialistes, ne devrait pas arranger la cote de popularité de l’exécutif. Devant le cri de colère  des 15 millions de possesseurs de plans d’épargne en actions (PEA) et plans d’épargne-logement (PEL) -Bruno Gollnisch avait notamment déclaré qu’il fermerait  son PEA et son PEL pour que » les gaspilleurs des deniers publics  n’aient pas (son) fric »-  le gouvernement  a ajourné (reporté après les élections de 2014?) les  taux de prélèvements sociaux prévus à 15,5%  sur les PEA et PEL.  Ce taux a cependant été maintenu pour les 7 millions de Français possédant des  contrats d’assurance-vie, mesure qui a  officiellement pour but  de combler le déficit de la sécu en rapportant 600 millions d’euros. Soit pratiquement deux fois moins  que ce coûte l’Aide Médicale d’Etat (AME) attribué aux clandestins chaque année dans notre pays…

    Autre épine, et de taille,  dans le pied du gouvernement, la fronde bretonne  contre l’écotaxe dont devront s’acquitter sur les routes nationales les poids lourds -pour  les punir de ne pas prendre l’autoroute?  Jean-Marc Ayrault  réunit aujourd’hui  à Matignon certains  élus bretons sur ce sujet  et les ministres concernés, ceux de l’Agriculture, des Transports et de l’Agro-alimentaire. Mais cette taxe ne sera pas supprimée a averti Stéphane Le Foll  qui espère en tirer  800 millions d’euros d’argent public, notamment pour améliorer le réseau routier;  selon certains calculs elle devrait  rapporter un milliard d’euros par an.

    800 millions d’euros c’est d’ailleurs le montant du contrat passé sous Nicolas Sarkozy  avec la société  italienne Ecomouv, chargée d’installer les portiques sur les routes et de récupérer l’argent. Interrogé par l’AFP, le ministère des Transports  a confirmé qu’il s’agit bien d’une clause du contrat conclu par trois ministres du gouvernement Fillon  en octobre 2011.

    Selon Le Figaro, citant « des  éléments de synthèse alarmants envoyés par la sous-direction de l’information générale (SDIG) de Rennes au ministère de l’Intérieur », cette fronde bretonne « prend des allures de jacquerie généralisée« . « Chacun se prépare donc pour le grand jour, le 2 novembre prochain, avec une nouvelle manifestation à Quimper. Les bonnets rouges et leur symbolique antijacobine, en souvenir de la révolte des Bretons de 1675 contre une nouvelle taxe, sont attendus en nombre, la police craignant violences et débordements ». Outre « les syndicats traditionnels, comme la FNSEA« , « les organisations représentatives des secteurs du transport, du BTP et de l’agroalimentaire, la population commence à adhérer au mouvement, constatent les ex-RG. »

    « La SDIG de Rennes a prévenu Paris que le mouvement pourrait faire tache d’huile dans des régions de France à forte identité, l’Alsace, le Pays basque et même la région niçoise, où quelques irréductibles s’interrogeraient sur la façon de passer à l’action. Ils auraient pris des contacts entre eux. »

    Mais en Bretagne , « l’un des foyers les plus vivaces est la ville de Carhaix (…) Son maire, Christian Troadec (…), très apprécié par les anticapitalistes du NPA, et résolument impliqué dans le mouvement breton, cet électron libre de la gauche alternative appelle ouvertement les salariés de l’agroalimentaire, agriculteurs, marins, élus, syndicats, commerçants, artisans, transporteurs, toutes les populations touchées d’une manière ou d’une autre par la crise, (…) à se rassembler pour dire non au déclin de la Bretagne et par la même occasion à l’écotaxe ».

    «Jusqu’alors, estiment les analystes du SDIG, les syndicats se sont toujours refusés à réunir agriculteurs et pêcheurs, tant le cocktail peut se révéler explosif. Or, s’inquiètent-ils, des représentants de deux corporations se sont entendus le week-end dernier pour agir de front. »

    Pour délégitimer cette fronde, rien de tel que d’y voir la main des extrémistes et Le Figaro de nous expliquer encore que « la colère des Bretons contre l’écotaxe (…) serait attisée notamment par deux groupes identitaires, l’un d’extrême gauche, en marge du mouvement Breizhsistance, l’autre d’extrême droite, sous la bannière de Jeune Bretagne (…), rattaché à l’Adsav (le parti du Peuple breton), qui se fixe pour objectif «la création d’un État indépendant breton». Ses militants ont ouvert une page Facebook intitulée Révolte bretonne. Elle compte déjà 4000 sympathisants. »

    Preuve que  la bête immonde pointe déjà le bout de son museau, «  le site Internet de Jeune Bretagne a laissé en évidence sur sa page d’accueil un appel à venir assister à la conférence en septembre dernier d’un ancien cacique du FN, Jean-Yves Le Gallou, à l’occasion de la publication de son (excellent, NDLR)  livre sur La Tyrannie médiatique. » Horresco referens!

    Il n’empêche que le FN qui certes défend aussi les enracinements régionaux, les particularismes locaux, les  patries charnelles que sont nos provinces,  a toujours rappelle Bruno Gollnisch,    résolument dénoncé les mouvements  indépendantistes qui font  le jeu du mondialisme en tant  qu’alliés  de revers de ceux qui à Bruxelles comme ailleurs,  veulent   abattre les Etats nations.

    « L’impulsion du mouvement (en Bretagne, NDLR)  est locale. Le Front National observe, mais n’a pas prise en Bretagne, où il ne réalise jamais de gros scores», confie un officier de police cité par Le Figaro. Scores frontistes en deçà de la moyenne nationale car  «le poids des valeurs démocrates chrétiennes dans la région» est encore important   avance  comme explication  le politologue Romain Pasquier, directeur de recherche au CNRS et à Sciences-Po Rennes, cité par 20 minutes.

    Mais là aussi, et Marine Le Pen en déplacement samedi à Fougères (Ille-et-Vilaine)  ne nous contredira pas, les choses changent rapidement. Lors de la  présidentielle, elle avait obtenu   13,2 % des suffrages et en juin dernier le FN   avait  franchi la barre des 20% aux législatives  dans certaines petites communes rurales, en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan.

    Géographe,  auteur  des Fractures Françaises, Christophe Guilluy rappelait dans la dernière édition du JDD que « le FN a globalement une marge de progression immense dans tout l’ouest. Et ce parti l’a bien compris. Les représentations de la France d’hier, tout comme la géographie électorale d’hier, sont en train de s’effacer. C’est la conséquence de la reconstruction sociale mais aussi économique des territoires. Aujourd’hui, il y a deux France, celle des métropoles, en phase avec la mondialisation, qui inclut les banlieues, et celle où se redéploient les nouvelles classes populaires. Des zones rurales, des petites villes, des petits villages, certaines zones périurbaines. Cela forme la France périphérique, où progresse le vote FN. Cette fracture touche à présent toutes les régions, y compris la Bretagne« .

    Il relevait déjà dans son ouvrage cité plus haut que  » les milieux populaires sont ceux qui ont été les plus exposés à la mondialisation et au multiculturalisme. Or on ne les a pas armés pour. »  Cette « exposition » là épargne en effet  de moins en moins la Bretagne et les Bretons.

    «  Ce qui vient de se produire en Bretagne est assez représentatif constate encore M Guilluy. Quand une entreprise du centre de la région vient à fermer, c’est le chômage total qui arrive. Dans cette France périphérique qui pèse 60% de la population, les mobilités sociale et résidentielle sont en train de s’effondrer. Compte tenu des logiques foncières et économiques, les gens sont coincés. Et c’est ce qui génère la radicalisation. »

    Autant dire que samedi prochain les anciens, nouveaux et futurs  électeurs frontistes, ouvriers,  paysans, marins-pêcheurs,chefs d’entreprise, artisans, seront nombreux à manifester dans les rues de Quimper pour défendre le droit de vivre et de travailler au pays ».

    http://www.gollnisch.com/2013/10/29/en-bretagne-ailleurs-droit-vivre-travailler-au-pays/

  • Casse-toi, contrat de génération perdue !

    Chaque année, 600 000 futurs retraités laissent théoriquement la place à 700 000 jeunes entrants sur le marché du travail. Pour lutter contre le chômage des jeunes (bientôt faudra accoler les trois mots, comme ça : chômage-des-jeunes, ou même chômagedesjeunes), et assurer « la transmission des compétences », le gouvernement a eu une idée géniale.

    Contre trois ans de formation d’un jeune de moins de 26 ans, le vieux de 57 ans ou plus peut laisser son entreprise (faut déjà qu’il en ait une, hein) au jeune et reçoit en contrepartie la somme mirifique de 4 000 euros par an. 4 000 euros, vous avez bien lu, un gros mois de salaire chargé. Mais pour ça, faut embaucher l’jeune en CDI, comme ça il peut bien démarrer dans la vie, et toucher le gros loto appart-bagnole-gonzesse, tout est corrélé.

    Mais comme le PS connaît l’entreprise comme Sophia Aram le public français, ce petit rêve a viré au fiasco.

    Du grand n’importe quoi, qui a fini à la poubelle (moins de 10 000 contrats réels signés, sur les 75 000 attendus, vu le climat de méfiance), comme tous les trucs incitatifs venus de la gauche déconnectée, pour reprendre l’expression de FF (Florian Philippot). Non pas qu’il faille se soumettre à l’ultralibéralisme hardcore (tuer l’Autre et piquer sa place), mais en connaissant un tout petit peu les PME, le fameux tissu économique de la nation, les têtes pensantes socialistes auraient pu s’épargner une énième initiative, qui ajoute encore une couche au millefeuilles économico-administratif.

    En réalité, quand une boîte peut embaucher, elle embauche. Si elle a besoin d’un profil immédiatement rentable, ce sera un senior, plus cher, mais plus efficace. Si elle a le temps, et moins de fric, ce sera un jeune, moins cher, mais à former. Et peut-être plus rentable pour l’entreprise à long terme (vu que le vieux va se tirer ou qu’il va se fatiguer ou même mourir au travail mais ça c’est rare, on n’est pas au Qatar, enfin, pas encore). Alors les 4 000 euros ne sont aucunement incitatifs : c’est même une prime pour ceux qui de toute façon voulaient embaucher un jeune, avec deux trois promesses à la con, et ça ne pèse rien devant les charges d’un CDI sur toute une année, pour les autres. De plus, il semble que sur le terrain, les contrats d’avenir entrent en tampon avec les contrats de génération. On évitera les vannes faciles du type contrats à mettre sur la tête de nos bureaucrates… ou ailleurs.

    En deux mots, le contrat d’avenir essaye de remettre dans le droit chemin du boulot (quand y en a) ceux qui en ont été écartés, et qui touchent des allocs : chômeur (qui engloutit 15,90 euros par jour), bénéficiaire du RSA, mère seule, adulte handicapé. Ou les quatre en même temps, genre la mère seule au chômedu amputée des jambes qui glande devant TF1 en planquant la dope des lascars de la cité dans la chambre du bébé, mais là, c’est moins drôle.

    Ces boulots, étudiés avec la mairie ou le Conseil Général (de fins connaisseurs de l’entreprise en général), sont de l’ordre de 12 ou 24 mois renouvelables, et ils s’étalent sur 26 heures par semaine. Une espèce de gros mi-temps. Le salarié touche toujours ses allocs, avec un complément de salaire pour arriver jusqu’au Smic. Le rêve. L’employeur, lui, est exonéré d’un tas de petites charges. Ce sont donc des emplois subventionnés, directement ou indirectement, et pas moteurs dans le sens d’une création pure : ce sont des emplois impurs. Rien à voir avec un job réseau à 22 ans dans une start-up en sortant de la ruche de Xavier Niel avec des idées plein la tête, ou un boulot de boucher débutant à la Zola où il faut se lever à 5 heures du matin pour trimer sous les ordres d’un artisan armé d’un hachoir qui va pas hésiter à débiter de la côte de Jeune au moindre pet de traviole.

    À ce propos, l’interprofessionnelle des bouchers rappelle que ces derniers offrent toujours 2 à 4 000 primo-emplois à 2 000 euros net par mois, soit de vrais jobs. Malheureusement, ils ne trouvent pas preneurs, comme dans le BTP. On voit même des commerçants faire tourner de vieux bouchers de semaine qui font de grasses piges le dimanche matin, jour de gigot ! On retombe là encore dans le dilemme symbolisé par la guerre Gérard Filoche/Sophie de Menthon : y en a un qui dit que les patrons sont tous des dégueulasses qui broutent sur le dos du pauv’ peuple, et y a la baronne qui réplique que les jeunes ils veulent pus rien foutre et que le système social « confortable » les encourage pas vraiment à se casser le fion dans une entreprise. Un peu comme les Bleus, trop payés, qui se foulent pas en équipe de France.

    En réalité, comme toujours, la situasse est plus complexe, moins binaire : il se trouve que dans notre beau pays de France, la formation est vraiment décalée par rapport à la réalité de l’entreprise. Et si, comme le disent les intellectuels d’Acrimed, l’université ne doit pas former les soldats du capitalisme mais des individus critiques, ben tout le monde sait bien que l’université française a du mal à former des cadres. Et que des étudiants en psycho et sociologie c’est bien, mais va trouver du taf avec les concepts creux à Bourdieu… C’est pourquoi les écoles privées se gavent, malgré des droits d’entrée en hausse, et des perspectives d’embauche floues à 50 % en grandes écoles (sauf pour les ingénieurs). Idem pour l’ANPE devenue Pôle Emploi : l’échec de cette branche est si total, que ce sont les entreprises d’interim qui ont raflé la mise. Échec dans la formation, échec dans le reclassement. Logique.

    Xavier Niel a beau être un des dirigeants de la troïka du Monde, et avoir engraissé sur le désossage de la téléphonie de service public, il sait qu’en matière d’emplois d’avenir, la France est à l’ouest. Et ce ne sont pas des jobs bouche-trou à ramasser les feuilles mortes devant la mairie qui changeront quoi que ce soit. Alors ? Alors on fait quoi ? Eh ben abaissement total des charges pour les toutes petites entreprises, qui ont besoin d’embaucher un jeune (deux c’est déjà beaucoup). Ça concerne les entreprises familiales, les artisans, les commerçants, et ça fait du monde. Celles qui peuvent se le permettre sont hors du coup. Faut aider les pauvres, nom de Dieu ! Pas les riches, comme c’est trop le cas chez nous ! Ce sont les boîtes géantes de plus de 5 000 employés qui se gavent, avec leur panoplie de défiscalisation et leur chantage à l’emploi, sans compter leur appétit subventionnel ! Les dinosaures bouffent tout et ce sont les petits qui morflent.

    99 % de nos entreprises sont des PME (définition : moins de 250 employés), et 80 % des TPE de moins de 10 salariés. C’est dans ces petites structures qu’est l’embauche potentielle, « la » embauche devrait-on dire, mais aussi là qu’est la retenue à cause de charges trop lourdes ! Là que le stagiaire peut être transformé en CDI, ou que l’impact d’un nouvel emploi sur l’augmentation du CA et donc la rentabilité est calculable ! La micro-entreprise c’est la brique de base, la cellule créative de l’économie, où la hiérarchie ne pèse pas trop (à moins que le patron soit vraiment un SS, mais c’est rare, en général c’est plutôt un travailleur forcé de l’Est), où les rapports sont encore humains, avec RTL en fond sonore, où l’on est dans le face-à-face, l’horizontalité comme disent nos experts, là où les conflits se règlent en gueulant un peu, et en évitant DRH et procédures complexes de droit du travail.

    Non pas que le DDT soit une contrainte horrible, mais dans les petites unités de production, c’est l’énergie, le système D, l’intelligence, la vitesse de décision, l’humanisme à l’échelle… humaine, qui doivent courir comme une rivière, débarrassée des blocs de roche que sont les pesanteurs administratives. Au-delà, quand on dépasse les 20, 30 et encore plus les 50 employés, c’est une autre affaire. Laissons les micro-boîtes absorber les talents non-conformes, les profils originaux, les énergies brutes. Sinon la France ira vers un scénario à l’Algérie, où une caste mafieuse s’approprie toutes les richesses, au détriment d’un peuple dont la jeunesse ne voit plus d’avenir chez elle.

    http://www.egaliteetreconciliation.fr/Casse-toi-contrat-de-generation-perdue-20894.html