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  • Europe : le temps joue pour le populisme

    1. LE POPULISME : UNE DISSIDENCE POLITIQUE POPULAIRE
    Le populisme est une attitude politique et électorale qui conduit les électeurs à se recentrer sur des notions sous-jacentes à l'identité et aux libertés nationales et à se détacher des « partis de gouvernement » qui se partagent le pouvoir en Europe ; pouvoir que ces partis exercent dans le sens des intérêts de l'hyperclasse mondiale et de son idéologie dominante, l'idéologie mondialiste et antiraciste qui la conforte.
    En ce sens et contrairement à certaines interprétations sommaires, au-delà des attitudes verbales, il n'y a guère de populisme de gauche ou d'extrême gauche en Europe, car ces partis ne contestent pas l'ordre idéologique dominant ; bien au contraire, ils en sont souvent les chiens de garde, ce qui explique d'ailleurs la bienveillance des grands média à leur égard. Les populistes, eux, ne croient pas aux bienfaits de la mondialisation ; a contrario, ils jugent que les frontières sont utiles pour protéger l'économie et l'emploi des excès du libre-échange mondial et de l'immigration. Les populistes refusent la culpabilisation des peuples européens et des sentiments patriotiques tout autant que l'antiracisme officiel qui impose une immigration toujours plus nombreuse et de moins en moins bien intégrée.
    Les populistes n'acceptent pas que les élites dominantes imposent au peuple la rupture de la société avec ses racines culturelles et ses valeurs traditionnelles ; en ce sens, le populisme, c'est le peuple qui se révolte contre la « révolte des élites », si bien analysée par Christopher Lasch. La « révolte des élites » conduit celles-ci à rejeter les règles des sociétés traditionnelles et à imposer des normes inversées où l'interdit d'hier devient l'obligation d'aujourd'hui. La « révoltes des élites » est le fait sociologique marquant des quarante années de l'après-68. Le populisme s'inscrit clairement en rupture avec cette tendance.
    Les populistes rejettent aussi l'excès d'interventions publiques : que celles-ci soient le fait d'un État providence toujours plus coûteux ou de réglementations européennes de plus en plus pesantes.
    Prenant racine dans des pays européens différents, les populismes expriment des particularismes nationaux et locaux qui leur sont propres ; en ce sens, chaque populisme est singulier, mais tous se retrouvent dans une expression populaire et électorale qui tourne partout autour des cinq « I » :
    - moins d'Immigration,
    - moins d'Islamisation,
    - moins d'Impôts,
    - plus d'Identité,
    - plus d'Indépendance.
    2. LE POPULISME : UNE CAUSE DIFFICILE ET SOUVENT DÉCEVANTE POUR SES PARTISANS
    Le populisme a trouvé une expression électorale significative depuis plus de vingt ans dans de très nombreux pays d'Europe de l'Ouest : ainsi en France, en Belgique (Flandre), en Italie, aux Pays-Bas, en Suisse, au Danemark, en Suède, en Norvège, en Autriche, les mouvements de dissidence populiste ont couramment rassemblé entre 10 et 30 % des suffrages. Néanmoins, ces résultats n'ont nulle part permis d'avancées décisives, ce qui peut conduire les pessimistes à croire que la cause du populisme est désespérée : en effet, les victoires dans les urnes n'ont pas toujours des conséquences politiques durables et permettent rarement de tenir les promesses faites aux électeurs. Le succès électoral ne garantit pas l'accès au pouvoir. Trois exemples :
    — En 2001, lors des élections municipales en Flandre, le Vlaams Blok devient le premier parti d'Anvers et rassemble plus de 33 % des suffrages ; mais il est écarté du pouvoir par une coalition de tous les autres partis, extrême gauche comprise. Quatre ans plus tard, il stagne : certes, le Vlaams Blok a encore progressé au sein de l'électorat flamand (38 % de votants sans les « nouveaux Belges »), mais ses adversaires ont bénéficié d'une mobilisation du vote immigré des seconde et troisième générations. Quand le peuple-population correspond de moins en moins au peuple-nation, cela affaiblit localement le potentiel électoral populiste.
    — En 2007, en Suisse, l'Union démocratique du centre (UDC), appelée aussi Schwizerische Volkspartei (SVP), progresse encore par rapport à ses excellents résultats précédents : de 26,6 % aux élections législatives de 2003, l’UDC passe à 29 %. Mais ce succès remarquable a pour conséquence l'exclusion de l’UDC du gouvernement ; une instance décisive pourtant composée traditionnellement à la proportionnelle des formations principales selon « la formule magique », appliquée constamment en Suisse depuis 1959 (NDLR. Le 10 décembre dernier, l'UDC a fait son retour au gouvernement en la personne de Ueli Maurer, un proche de Blocher.)
    — En 2008, en Autriche, les deux partis populistes, le Parti libéral (FPÛ) et l'Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZÔ) arrivent en tête du scrutin législatif et totalisent 29 % des suffrages ; pourtant, cela ne permet pas à ces deux partis d'accéder au gouvernement. Bien au contraire, ils en sont exclus et le nouvel exécutif autrichien en cours de constitution début décembre 2008 réunit comme le précédent gouvernement les deux formations sortantes ; et les partis chrétiens démocrates et socialistes, pourtant sanctionnés par les électeurs qu'ils avaient convoqués pour arbitrer leurs désaccords, se partagent à nouveau le pouvoir.
    L'accès au pouvoir est précaire Là aussi, trois exemples :
    —En France, les villes conquises par le Front National en 1989 ou en 1995 ont toutes été perdues, à la seule exception d'Orange.
    —En Italie, la participation de la Ligue du Nord au premier gouvernement Berlusconi s'est terminée rapidement et a été suivie par un net recul électoral ; quant à la nouvelle expérience en cours, il est évidemment trop tôt pour en juger.
    —En Autriche, le FPÔ est sorti divisé et fortement affaibli de sa participation à un gouvernement de coalition avec les chrétiens-démocrates en 1999.
    Néanmoins, en Autriche et en Italie, les mouvements populistes dirigent durablement des collectivités territoriales telles que le Land de Carinthie, des provinces du nord de l'Italie ou les villes de Novare, de Vérone et de... Lampedusa.
    La participation des populistes à des gouvernements nationaux ou locaux ne garantit pas la mise en œuvre des mesures souhaitées par les électeurs
    Nulle part il n'a pu être observé de ruptures majeures avec les politiques antérieures ; partout, les réglementations européennes ont continué de progresser (y compris en Suisse !) ; partout, le libre-échange mondial s'est étendu (y compris progressivement aux secteurs traditionnellement protégés, comme l'agriculture) ; partout, l'immigration s'est poursuivie. Même au Danemark, où le Parti du Peuple danois, sans être associé au gouvernement, appartient depuis plusieurs législatures à la majorité parlementaire et pèse sur les décisions, le flux de l’immigration s'est ralenti de moitié mais ne s'est pas arrêté.
    3. LES DIFFICULTÉS DES POPULISTES PROVIENNENT DE LEUR OPPOSITION FRONTALE A L'IDÉOLOGIE DOMINANTE
    De demi-succès en demi-échecs, d'avancées suivies de recul, les mouvements populistes connaissent une histoire chaotique. Il est tentant d'attribuer cette situation décevante pour leurs partisans aux faiblesses des hommes qui dirigent les mouvements populistes ; par leurs comportements et leurs propos, ils se rendraient "infréquentables" et susciteraient la division de leurs propres soutiens. Dans tel ou tel pays et à tel ou tel moment, il peut, certes, y avoir une part de vérité dans cette analyse. Mais là n'est pas l'essentiel. La difficulté majeure des populistes vient de ce qu'ils sont et de ce qu'ils défendent. Ils s'opposent à l'ordre établi par les puissances dominantes : grandes institutions internationales, grandes entreprises mondiales, grandes administrations, grands média.
    Les populistes livrent donc une bataille asymétrique du faible au fort. Ils disposent de moins d'argent que leurs adversaires : or, dans une campagne électorale, c'est souvent celui qui dépense le plus qui gagne le scrutin. Ils ont surtout beaucoup moins accès aux grands média que leurs adversaires. Grands média qui, par ailleurs, façonnent les images qu'ils imposent à l'opinion et structurent le vote par la manière dont ils présentent ses enjeux.
    En fait, deux armes de destruction massive sont utilisées contre les mouvements populistes : la diabolisation et la répression politique et judiciaire.
    4. L'ARME DE LA DIABOLISATION
    Contrairement à une idée couramment répandue, la diabolisation a rarement pour cause - en tout cas pour seule cause - des maladresses ou des "dérapages" de responsables populistes. En fait, la diabolisation est la conséquence inéluctable de la parole et de l'action populistes.
    Tout simplement parce que la diabolisation est l'instrument utilisé par les média dominants pour imposer la tyrannie du Politiquement Correct, grâce notamment à une "novlangue" de type orwellien.
    Lutter contre l'immigration, c'est risquer l'accusation de « racisme ». Refuser l'islamisation, c'est s'exposer au qualificatif d« ’islamophobe ». Défendre les valeurs traditionnelles, c'est prêter le flanc à la marginalisation pour « ringardes », voire pis pour "homophobie". Dénoncer la tutelle bruxelloise, c'est s'attirer le reproche d'être « ultranationaliste », voire "xénophobe". Les mots sont des armes. Et la tyrannie du Politiquement Correct s'impose par l'usage des mots sidérants et d'images incapacitantes à rencontre des dissidents de la pensée unique. Tous les mouvements populistes ne sont pas également « diabolisés », mais tous le sont à un degré ou à un autre.
    Ainsi l'Union démocratique du centre et son inspirateur Christophe Blocher ne se sont jamais départis d'une grande modération. Pourtant, lors des élections d'octobre 2007, ils ont fait l'objet d'une efficace campagne de diabolisation qui a limité l'ampleur de leur progression électorale et surtout servi à légitimer leur exclusion du gouvernement.
    Il convient ici d'observer que le succès électoral et populaire n'est pas un bouclier contre la diabolisation, mais que, bien au contraire, il contribue à l'amplifier comme l'ont montré l'exemple suisse en 2007 ou l'exemple français de 2002, lors du 2e tour de l'élection présidentielle opposant Jean-Marie Le Pen à Jacques Chirac. En Suisse en 2007 comme en France en 2002, les grands média ont implicitement ou explicitement appelé à protester, voire à manifester contre les résultats d'une élection démocratique.
    De même, l'affaire de la profanation de Carpentras a été montée médiatiquement (selon le témoignage de l'ancien directeur des RG Yves Bertrand) à une époque où le Front National était en peine ascension électorale. Marie-France Stirbois venait d'être élue député de Dreux au scrutin majoritaire, ce qui avait conduit les adversaires du Front National à se mobiliser et à exploiter un fait divers aujourd'hui encore incomplètement éclairci.
    En face de campagnes d'opinion intenses, deux erreurs sont à éviter :
    —croire que la diabolisation serait évitable (elle ne l'est qu'en choisissant le silence, la soumission tacite ou le ralliement aux idées dominantes),
    —croire que la diabolisation ne serait pas nocive (elle l'est infiniment).
    La diabolisation vise à produire - et produit - plusieurs effets :
    —    Elle freine l'ascension électorale de deux façons : en dissuadant les électeurs hésitants de voter pour la formation diabolisée et en surmobilisant au bénéfice de ses adversaires les électeurs qui lui sont hostiles.
    —Elle nourrit les divisions internes des mouvements visés en conduisant les responsables et militants les plus pressés ou les plus modérés à tenter de trouver des solutions différentes de la ligne et de la stratégie des dirigeants.
    —Elle rend les relations internationales difficiles par la crainte de la surdiabolisation réciproque : deux hommes politiques diabolisés chacun dans leur pays courent le risque de se surdiaboliser s'ils se rencontrent ; c'est ce qui explique par exemple que Jôrg Haider et Jean-Marie Le Pen ne se soient jamais vus.
    —Elle rend les alliances impossibles ou politiquement peu intéressantes : les partenaires politiques éventuels d'une formation diabolisée craignent la diabolisation par contagion ; ils sont donc portés à refuser tout contact avec la formation diabolisée ou, lorsqu'ils procèdent à une alliance de circonstance avec elle, à lui refuser toute concession de fond significative.
    —D'ailleurs, un pays qui s'éloignerait durablement et profondément de l'idéologie dominante de ses voisins risquerait la diabolisation de l'ensemble de la collectivité nationale et la mise en quarantaine. C'est une menace qui a été partiellement mise en œuvre par l'Union européenne aux dépens de l'Autriche en 1999.
    5. RÉPRESSION JUDICIAIRE ET POLITIQUE ET ATTEINTES AUX LIBERTÉS FONDAMENTALES
    Au-delà de ces inconvénients médiatiques et politiques, la diabolisation sert à légitimer une répression judiciaire et politique qui frappe à des degrés divers les formations populistes des différents pays européens. Voici un inventaire sommaire et incomplet des moyens les plus couramment utilisés.
    —Les poursuites judiciaires pour des motifs politiques et souvent pour de simples propos : tous pays.
    —Les fermetures de sites internet et les refus d'hébergement à la suite de pressions d'organisations diverses : tous pays.
    —L'interdiction pure et simple d'accès aux grands média : Flandre, Allemagne.
    —La dissolution ou la tentative de dissolution de formations politiques : Flandre, Allemagne.
    —L'interdiction de manifestations et de réunions, l'organisation de contremanifestations violentes : tous pays.
    —La levée des immunités parlementaires pour de simples délits d'opinion : France, Flandre.
    —Le non-respect de l'inviolabilité parlementaire européenne et des immunités diplomatiques : arrestations arbitraires et gardes à vue illégales de députés européens, à Bruxelles le 11 septembre 2007 et à Cologne le 20 septembre 2008, lors de manifestations pacifiques contre l'islamisation de l'Europe.
    —Le piratage, le vol du fichier des adhérents et sa mise en ligne, suivi de la persécution administrative ou professionnelle des plus vulnérables : Grande-Bretagne.
    —Les interdits professionnels : Allemagne, Grande-Bretagne.
    —Les pressions sur des personnes (et sur leur famille) visant à leur faire retirer leur candidature à des élections locales : France, Belgique.
    La pression visant à empêcher des élus de parrainer des candidats à une élection : l'élection présidentielle en France.
    —La modification des règles du jeu électoral et des modes de scrutin : Italie ; France, en 1986 (élections législatives), 1988 (élections municipales), 2003 (élections régionales, élections européennes) et probablement 2009 ou 2010.
    —L'invalidation des députés élus : France ; en 1997, le seul député Front National élu, Jean-Marie Le Chevallier, avait été déchu de son mandat par le Conseil Constitutionnel qui avait adopté, pour la circonstance, une décision en contradiction avec sa jurisprudence antérieure.
    —La mise en cause des financements politiques et/ou électoraux : Belgique ; France : non remboursement des frais de la campagne présidentielle de Bruno Mégret en 2002.
    —L'usage des cours constitutionnelles pour combattre les populismes : Allemagne ; France où Nicolas Sarkozy a déclaré, le 3 novembre 2008, à l'occasion du cinquantième anniversaire du Conseil Constitutionnel, qu'il « incombait à celui-ci de tenir compte des évolutions de la société, des problèmes nouveaux qui se posent aux démocraties, parce que la première menace contre les droits de l'homme, c'est de laisser le champ libre aux populismes ».
    —    Les manipulations policières : couramment utilisées en Allemagne fédérale contre les groupes présumés d'"extrême droite", c'est-à-dire qui ont le tort d'être ouvertement défavorables à la politique d'immigration et d'islamisation. À noter toutefois que la Cour constitutionnelle de Karlsruhe a refusé de prononcer, en 2002, la dissolution d'une formation politique - la dissolution du NPD avait été demandée par le gouvernement fédéral en 2001 sur la base de faits accomplis, au sein de ce mouvement,... par des policiers infiltrés par l'Office de protection de la Constitution.
    Cette liste d'atteintes aux libertés politiques des partis populistes européens est très partielle et très incomplète. Elle montre toutefois l'ampleur et la variété des moyens répressifs utilisés contre des formations concourant à l'expression du suffrage. Bien sûr, ces atteintes aux libertés politiques varient d'un pays à l'autre. Mais aucun pays n'est épargné, pas même la très démocratique Suisse. Et dans certains pays - la France, la Belgique notamment -, l'observateur ne peut manquer d'être frappé par la multiplicité et la variété des entorses aux bonnes règles démocratiques.
    Le cas de l'Allemagne mérite une mention particulière. Au regard des pratiques, notamment policières, et même des provocations policières qui sont utilisées contre les dissidents de la pensée unique, ce pays ne peut être pleinement considéré comme une démocratie pluraliste. Le gouvernement et les média pratiquent l'amalgame suivant : défavorable à l'immigration = extrême droite, extrême droite = nazi, nazi = individu auquel on refuse la moindre liberté publique. Il est clair, dans ces conditions, qu'il est beaucoup plus confortable d'appartenir à l'opposition libérale en Russie que d'être réputé nationaliste en Allemagne fédérale.
    Les dirigeants européens donnent souvent des leçons de droits de l'homme à la Russie et à la Chine mais ils utilisent contre leurs propres dissidents les méthodes qu'ils condamnent chez les autres.
    Quoi qu'il en soit, l'ampleur des entraves apportées au libre jeu démocratique, dans l'ensemble des pays européens, est bien évidemment un facteur contribuant à amoindrir le succès des mouvements populistes et à expliquer leurs difficultés et leurs échecs. Car, comme le savent tous les pouvoirs autoritaires ou totalitaires, la répression est un moyen redoutablement efficace de lutte contre son opposition.
    6. LE POPULISME ENRACINÉ DANS L'ESPACE ET LA DURÉE
    Au cours des vingt-cinq dernières années les mouvements populistes en Europe ont traversé de nombreuses périodes difficiles. Ils n'ont pas obtenu — en tout cas dans le cadre des élections représentatives — de succès décisifs. Néanmoins, ils se sont enracinés dans l'espace et la durée malgré les innombrables obstacles qui ont été dressés devant eux.
    Un enracinement dans l'espace
    — 1984 en France : Jean-Marie Le Pen et le Front National franchissent la barre des 10 % aux élections européennes ; deux ans plus tard, le Front National obtient 35 députés à l'Assemblée nationale.
    —1989 en Flandre : le Vlaams Block franchit la barre des 10 % aux élections européennes en Flandre et envoie son président Karel Dillen siéger au Parlement européen. Le Vlaams Block, devenu Vlaams Belang, poursuit depuis constamment son enracinement national, régional, provincial et municipal (plus de 800 conseillers municipaux).
    —1989 en Autriche : Jorg Haider, président du FPÔ, parti libéral converti au populisme, devient gouverneur de la province de Carin-thie ; en 1999, sa formation atteint 26 % des suffrages et participe à un gouvernement de coalition. Quelques soubresauts plus tard, les deux partis populistes autrichiens rassemblent 29 % des suffrages en 2008.
    —1991 en Suède : la Nouvelle Démocratie remporte 7,2 % des suffrages aux élections législatives ; une percée notable mais qui restera un succès sans lendemain. Mais en 2004, la Liste de juin, liste populiste-souverainiste, rassemble 16 % des suffrages aux élections européennes.
    —1994 en Italie du Nord : la Ligue du Nord d'Umberto Bossi, hostile à l'immigration et porteuse des traditions culturelles lombardes, entre au gouvernement de Silvio Berlusconi. Malgré plusieurs soubresauts politiques, elle sy trouve à nouveau en 2008.
    —1999 en Suisse : Le Schwizerische Volkspartei (Union démocratique du Centre) remporte 22,54 % des suffrages aux élections législatives, sur une ligne clairement populiste ; 1VDC progressera encore aux élections législatives de 2003 (26 %) et de 2007 (29 %).
    —2001 au Danemark : le Parti du Peuple danois, créé en 1995, rassemble 22 % des suffrages et soutient, sans y participer, le gouvernement libéral/conservateur. Une formule politique qui sera reconduite après les élections de 2005 et de 2007, le Parti du Peuple danois atteint 13,8 %.
    —2001 en Norvège : le Parti du Progrès de Karl Hagen obtient 14,7 % aux élections législatives, sur la base d'un programme principalement anti-fiscalité. Le Parti du progrès soutiendra, sans y participer, le gouvernement conservateur jusqu'en 2005. En 2005, le Parti du Progrès rassemble 22,1 % des électeurs et devient la première formation d'opposition au gouvernement de gauche.
    —2002 aux Pays-Bas : la Liste Pim Fortuyn, dissidence réussie du courant politique indépendant Les Pays-Bas vivables, remporte 26 sièges au Parlement et entre au gouvernement malgré l'assassinat de son chef le 6 mai, soit quelques jours avant l'élection. Après un effondrement en 2003, les courants populistes semblent à nouveau avoir le vent en poupe à travers deux formations, le Parti de la Liberté, très opposé à l'islamisation, de Geert Wilders et Fiers des Pays-Bas de l'ancienne ministre de l'immigration, l'énergique Rita Verdonk.
    Ailleurs :
    Dans le Sud de l'Europe, l'Espagne n'a pas connu jusqu'ici de mouvements populistes ; les clivages gauche/droite et régionalistes/unitaires suffisent pour structurer le débat politique. Au Portugal, un « Parti national rénové » a entrepris de se positionner contre l'excès d'immigration (en reprenant les images de campagne de l’UDC suisse) sans qu'il soit encore possible d'apprécier quel succès il sera susceptible de remporter. En Grèce, l'Alarme orthodoxe (LAOS) a dépassé à deux reprises - aux élections européennes de 2004 et aux élections législatives de 2007 - le score de 4 %. En Grande-Bretagne, les faits majeurs sont l'émergence du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui a atteint 16 % aux élections européennes de 2004, et la persistance du Parti national britannique (BNP) qui obtient régulièrement plus de 10 % des suffrages dans un certain nombre de circonscriptions et compte un élu au Conseil du grand Londres. Le BNP, qui a réalisé en 2008, lors d'élections législatives partielles, des percées inquiétantes pour le parti travailliste, semble en mesure d'entrer au Parlement européen en juin 2009.
    Le cas de l'Allemagne est bien évidemment à part. Les Republikaner qui avaient obtenu des sièges au Parlement européen en 1989 ont, comme toutes les formations réputées d "'extrême droite", été victimes de manipulations politiques, médiatiques et policières. Compte tenu de l'absence de vrai pluralisme en Allemagne fédérale, les courants dissidents semblent désormais s'exprimer à travers le Mouvement des citoyens libres, les Freie Wâhler, tenant d'un populisme paisible, à base d'enracinement local, de traditions folkloriques et de grande prudence verbale sur tout ce qui touche à l'immigration. Une liberté limitée donc mais qui a permis aux Freie Wähler de rassembler 10 % des suffrages aux élections bavaroises de septembre 2008.
    Un enracinement dans le temps
    Ce rapide tour d'Europe montre que dans plusieurs pays - ou quasi nations -, l'Autriche, la Flandre, l'Italie du Nord, la Norvège, la Suisse, des formations populistes sont durablement installées entre 20 et 30 % des suffrages. Et ce malgré des embûches innombrables.
    Dans d'autres pays et avec des scores susceptibles d'avoisiner les 15 % - comme aux Pays-Bas et au Danemark -, les mouvements populistes sont en mesure de participer à des coalitions gouvernementales et même de peser sur leurs décisions en matière d'immigration.
    Le populisme référendaire
    Lorsque les peuples ont été consultés par référendum sur le projet d'Union européenne, ils ont souvent désavoué les élites politiques, médiatiques, économiques et syndicales :
    —la Suisse et la Norvège ont refusé d'entrer dans l'Union européenne,
    —la Suède et le Danemark ont refusé d'entrer dans l'euro,
    —l'Irlande a obtenu des dérogations aux traités auxquels elle a fini par adhérer quoique le peuple les eût refusés dans un premier temps,
    —la France et les Pays-Bas ont rejeté le traité constitutionnel européen,
    —l'Irlande s'est prononcée contre la ratification du traité de Lisbonne.
    Quant aux autres peuples, ils ont rarement été consultés directement. ..
    7. TEMPS POLITIQUE, TEMPS HISTORIQUE
    À travers la diversité de leurs orientations et de leurs méthodes, les mouvements populistes s'inscrivent tous en rupture avec les forces et les idées dominantes. Ils s'opposent aux puissants et à ceux qui servent les puissants. Une double dialectique se met alors en place :
    —Du côté des pouvoirs, la stratégie de défense consiste à rechercher la marginalisation des populistes ou leur intégration au système à condition qu'ils abandonnent progressivement leurs thèmes forts.
    —Du côté des partis populistes, la stratégie de conquête fait alterner affirmation sans concession des opinions dissidentes (au risque de camper dans une opposition stérile) et recherche de compromis pour tenter de peser sur l'exercice du pouvoir (au risque de s'affadir).
    Ce dernier point est délicat car il ne peut guère y avoir de changements notables de politiques sans rupture réelle avec l'idéologie dominante : mondialiste, antiraciste, fiscaliste. L'impôt servant à imposer l'idéologie unique à travers des dépenses publiques mises au service du conformisme. Et c'est bien la profondeur des changements proposés par les populistes qui explique le tempo de leur progression : vingt-cinq ans, pour la politique, c'est du temps long mais, pour l'histoire, c'est du temps court.
    À titre de comparaison, il est intéressant de se pencher rétrospectivement sur le temps mis dans le passé par de grands courants idéologiques et politiques pour s'imposer. Ainsi la philosophie manchestérienne du libre échange a mis un demi-siècle à triompher en Grande-Bretagne avec la suppression des Corn Law en 1846 et de l'Acte de navigation en 1849. Et il lui fallut plus d'un siècle supplémentaire pour s'imposer au monde avec la création de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et la dérégulation financière. Jusqu'à la chute de Lehman Brothers.
    Ainsi les courants nationaux et libéraux, étouffés par le retour du principe de légitimité au Congrès de Vienne en 1815, ne resurgirent au grand jour que trente ans plus tard lors des révolutions de 1848. Les mouvements nationaux mirent encore de longues années avant de déboucher : si l'unité italienne se fit en 1860 et l'unité allemande en 1870, les pays d'Europe centrale et balkanique attendirent encore de longues années leur indépendance et l'Irlande ne devint un État souverain qu'en 1921.
    Le socialisme se construisit intellectuellement dans la première moitié du XIXe siècle ; il n'accéda au pouvoir sous sa forme révolutionnaire qu'en 1917 en Russie ; en France, sous une forme réformiste, le cheminement ne fut pas plus rapide. Cabet, auteur du Voyage en Icarie, en 1842, ne put se faire élire à la Constituante en 1848 ; le premier député socialiste français fut élu en 1881 ; les socialistes gagnèrent ensuite 12 députés en 1885, 20 en 1889, 50 en 1893 ; lorsque Millerand, adepte de la conquête du pouvoir par la voie réformiste, entra au gouvernement en 1894, il fut désavoué ; et les socialistes durent attendre 1936 pour obtenir un président du Conseil.
    Qu'ils soient libéraux, socialistes ou nationaux, tous ces mouvements qui, à un moment ou un autre, ont combattu l'ordre établi ont eu leurs héros et leurs victimes, leurs glorifiés et leurs persécutés, leurs réformistes et leurs révolutionnaires, leurs modérés et leurs extrémistes et, dans le langage de leurs adversaires ou de leurs rivaux, leurs "traîtres" et leurs "terroristes". Plus près de nous, le Wilsonisme, ancêtre du mondialisme contemporain, a mis près d'un siècle à s'imposer à la planète. Et le mouvement des droits civiques, matrice de l'antiracisme contemporain et de la discrimination positive, attendit quarante-cinq ans entre la proclamation, devant la Maison Blanche, du "rêve" de Martin Luther King et l'élection de Barack Obama comme président des États-Unis.
    8. LA CRISE ECONOMIQUE : UN ACCELERATEUR POUR LE POPULISME ?
    La crise financière et économique que le monde traverse depuis le 15 septembre 2008, date de la faillite de Lehman Brothers, n'en est probablement qu'à ses débuts. Il s'agit en effet d'une crise due à des déséquilibres fondamentaux :
    —excès de crédit,
    —excès de consommation,
    —excès de création monétaire.
    Ces déséquilibres touchent tous les pays développés : les États-Unis en premier lieu, bien sûr, mais aussi la Grande-Bretagne et beaucoup de pays de la zone euro. Ces déséquilibres sont la conséquence du libre-échangisme mondial ; ce dogme idéologique est à la source de la baisse des revenus du travail pour les classes moyennes et les classes populaires dans les pays développés ; il est aussi à l'origine des déséquilibres grandissants des balances des paiements courants, les importations l'emportant systématiquement sur les exportations.
    Or la réponse apportée à la crise par les gouvernants - plus de déficit public, plus de création monétaire - va encore aggraver les déséquilibres. Et cette politique des puissants est approuvée par leurs prébendiers : une quasi-unanimité règne dans les cénacles ministériels comme dans les salles de rédaction. Voilà de quoi légitimer encore un peu plus les discours populistes.
    Dans la revue Krisis de février 2008, le sociologue Guy Hermet, observe que « les partis populistes sont [...] en train de changer de nature. De transitoires et produits par une situation de crise passagère qu'ils étaient, ils deviennent permanents, parce que la crise de la mondialisation va durer des décennies. Cette normalisation relative s'est du reste déjà produite en Norvège et au Danemark. L'Italie en offre également un exemple ».
    La politologue britannique Margaret Canovan distingue plusieurs formes d'expression du peuple à travers le populisme : united people (le « peuple souverain »), common people (le « peuple classe »), ordinary people (le « peuple de base »), ethnie people (le « peuple nation »). Chacune de ces expressions du populisme peut trouver les moyens de se renforcer à travers la crise.
    L’ordinary people, le « peuple de base », a toutes les raisons d'accroître sa défiance à l'égard des élites politiques, médiatiques et financières : élites qui n'ont pas vu venir la crise et qui la gèrent par l'agitation dans l'urgence et l'affolement. Attitudes qui ont peu de chance de permettre d'éviter la récession, la baisse des revenus et la montée du chômage. Ni sans doute un super krach monétaire.
    Le common people, le « peuple classe », a, lui, des raisons de se révolter contre l’hyperclasse mondiale dont il découvre les méfaits et les fantastiques avantages auto-octroyés. Dans le New York Times du 26 novembre 2006, l'homme le plus riche du monde, Warren Buffet, avait cyniquement déclaré : « Il y a une guerre des classes, c'est un fait, mais c'est ma classe, la classe des riches, qui la mène et nous sommes en train de gagner la guerre. » La crise a mis sur le devant de la scène l'arrogance et l'irresponsabilité des plus riches, légitimant une réaction de méfiance de tous les autres.
    L’united people, le « peuple souverain », n'a, lui, pas de raison d'accepter que les États-Unis d'Amérique, à l'origine de la crise, continuent de dicter leur loi au reste du monde. Il peut légitimement réclamer un retour vers un développement autocentré et un protectionnisme raisonnable à l'échelle de grands ensembles régionaux.
    L’ethnic people, le « peuple nation », peut trouver dans la crise économique un argument supplémentaire - et décisif - contre une immigration qui peut se révéler nuisible en termes de comptes sociaux comme d'emplois.
    Les élites ne le savent pas encore. Ou si elles le savent, elles feignent de l'ignorer mais la crise économique et financière met à mal le modèle mondialiste du libre-échange généralisé. Elle souligne les failles des choix des puissants et des discours qui les promeuvent. La sortie de crise ne pourra se faire que par un changement du référentiel idéologique. Et ce sont bien les populistes qui, malgré leurs faiblesses et leurs imperfections mais à travers leur diversité, portent en germe le modèle de rechange !
    Jean-Yves LE GALLOU* Écrits de Paris
    * Communication à la XXIVe université annuelle du Club de l'Horloge sur « Le populisme : une solution pour l'Europe en crise ». Jean-Yves Le Gallou est le créateur de la Fondation Polemia, < www.polemia.com > qui a notamment édité deux passionnants argumentaires, La Tyrannie médiatique (15 €) et Immigration : le leurre de l'intégration (20 €), en vente à Polemia, 60 ter rue Jean-Jacques Rousseau, 92500 Rueil-Malmaison.

  • « Iran, la destruction nécessaire » ou la colère de Jean-Michel Vernochet

    L’Iran doit être détruit. Malgré sa série d’échecs militaires, l’alliance occidentale doit mener cette campagne peut-être suicidaire. Pourquoi ?

    Non seulement parce que l’Iran  remettrait en cause le monopole du feu nucléaire détenu au Proche-Orient par l’État hébreu. Ni en raison de la lutte acharnée que se livrent les grandes puissances pour s’approprier les gisements d’énergies fossiles, notamment le gaz iranien. Et ne parlons pas des arguments émotionnels liés aux droits de l’homme et au statut de la femme.

    Aucune de ces raisons n’est suffisante, mais toutes ensemble elles participent d’une logique d’ensemble, systémique, qui les englobe. Et qui ne peut souffrir la présence d’une puissance iranienne échappant au nivellement libéral-démocratique du monde.

    La cible est donc déjà verrouillée sur les écrans de guidage des centres d’opérations américains.

    Intégrant le contexte global et l’enseignement des décennies qui précèdent, sans s’aveugler sur le régime iranien, Jean-Michel Vernochet livre une réflexion géopolitique de haut vol sur «notre» prochaine guerre. Peut-être la guerre de trop ?

    « Iran, la destruction nécessaire » ou la colère de Jean-Michel Vernochet

    Par Maria Poumier

    Jean-Michel Vernochet, journaliste expérimenté, sait trouver des titres équivoques qui sont autant de titres choc. Son livre de 2003, « L’islam révolutionnaire », mise en forme de la pensée de « Carlos » Ilich Ramirez

    Sanchez, a ainsi trouvé ses lecteurs, non seulement du côté des musulmans passionnés de politique et de révolution, mais aussi chez d’autres, terrifiés par l’idée que l’islam porte effectivement un projet révolutionnaire dévastateur pour les sociétés européennes telles qu’elles fonctionnaient avant la grande vague d’immigration musulmane.

    Ce nouveau livre à tonalité apocalyptique passionnera tant ceux qui souhaitent la destruction de l’Iran, que ceux qui la redoutent. Riche d’informations relevant de la géopolitique, des tendances enracinées dans l’espace et l’histoire diplomatique, il établit la centralité de l’Iran dans la conjoncture actuelle, mais ne traite nullement du potentiel idéologique subversif qu’il était censé abriter jusqu’à une date récente. C’est là la première surprise, reflet d’une mise à jour radicale.

    Effectivement, depuis ces dernières années, l’islam sunnite est le cadre de reprises en main de nombreux pays, mais bien souvent sans plus contester le système économique néo-libéral, et dialogue avec les représentants de l’ex « grand Satan » occidental dans des termes qui vont de la courtoisie à la collaboration, tandis que l’islam chiite, son concurrent, ne semble nullement soucieux de convertir l’Occident à sa foi. L’Iran réaliste cherche à se faire des alliés sur la base des intérêts économiques mutuels, et ne brandit plus guère dans sa rhétorique qu’une question passionnelle, la condamnation d’Israël comme haut lieu de mensonge, de terrorisme d’Etat et de vol des terres palestiniennes; ce bilan de l’Etat juif étant désormais partagé par toute la planète, comme vient de le montrer le vote à l’ONU en faveur de la reconnaissance de l’Etat palestinien, l’antisionisme iranien ne constitue plus un fer de lance contre l’Occident, mais un lieu commun pouvant servir de base de travail.

    Pourtant, Hollywood relance la propagande contre l’Iran avec le film Argo, sorti en novembre 2012, montrant les Iraniens révolutionnaires animés par la foi de l’iman Khomeiny comme des gens soudés par une férocité à toute épreuve. Il s’agit d’un film conçu directement par le Pentagone comme outil de brouillage de la sensibilité populaire aux questions de politique internationale, préalable indispensable à une agression militaire, qui devrait, pour réussir, passer comme une lettre à la poste dans l’opinion publique du monde entier. Et la sortie mondiale du film a été programmée pour accompagner l’entrée en vigueur de la nouvelle présidence US, et un nouvel élan guerrier. La riposte de

    J. M. Vernochet vise les profondeurs cachées de l’enjeu, et son livre, mémoire pédagogique, clair, précis et ordonné, établit l’existence de blocs de réalité sourds à toute idéologie, mais pour cela même, infiniment plus déterminants que tous nos divers souhaits, et concourant vers la catastrophe.

     

    Cliquer sur l’image pour commander le livre

    Se situant dans une avant guerre inéluctable, l’auteur conclut: « au demeurant l’issue de la crise iranienne se jouera au final sur une partie de poker tricontinentale. L’Amérique abattant ses cartes avec le revolver sur la table, la Russie et la Chine s’interrogeant avec anxiété » sur la part de bluff que les gens de Washington et de Tel Aviv font intervenir dans ce jeu délétère, se demandant quant à eux jusqu’où ne pas aller trop loin. » Si c’est bien là une représentation dessillée des forces en présence, le pronostic ne fait guère de doute…

    Radicalement pessimiste, toute l’analyse des facteurs financiers, énergétiques, géopolitiques et diplomatiques débouche sur le pari que l’Iran va tout perdre, dans très peu de temps: sa souveraineté, son intégrité territoriale, sa capacité à se doter d’installations nucléaires civiles, la maîtrise de ses hydrocarbures, et sa fierté nationale bâtie sur une longue histoire de résistance aux impérialismes occidentaux. C’est ce qui est arrivé à l’Irak, à l’Afghanistan, à la Libye, c’est ce qui est prévu en Syrie, la porte d’accès à l’Iran.

    Les références appuyant ce raisonnement sont détaillées, vont à la source, et font découvrir des auteurs peu connus. Comme c’est souvent le cas, on les trouve dans les notes de bas de page qui ont pour but d’étayer le discours principal, en haut de page, mais qui introduisent de fait une diversification des points de vue, contrastant avec l’homogénéité de la thèse principale, selon laquelle nous sommes, dans le monde entier, prisonniers d’un système unique, « l’Amérique-monde »: « de la même façon que la tectonique des plaques rend compte des mouvements de l’écorce terrestre des séismes subséquents, la rencontre du bloc est-asiatique Russie-Chine et de la puissance océanique, l’Amérique du Nord et son satellite européen, est régie par une logique tri-dimensionnelle dont le développement est autonome, indépendant de la volonté des hommes auxquelles elle impose ses nécessités intangibles. »

    Si nous prolongeons l’esprit des notes, où voisinent, comme références, le marquis de Sade, Max Stirner, Ayn Rand, David Friedman, Marcela Yacub, Francis Caballero, Jean Danet, Frederic Grimm, James Burnham, la sphère des idées reprend de sa vigueur, tout d’abord avec la foi quelque peu dogmatique de l’auteur dans la cohérence du système-monde.

    Il y a des forces qui nous écrasent et poussent inexorablement à la destruction de l’Iran, certes, mais la première contradiction qu’apporte le livre à sa propre lucidité fataliste, c’est la colère de l’auteur.

    Son livre intensément subjectif, porté par l’indignation contre ceux qui veulent l’anéantissement de l’Iran, c’est un excellent outil de mobilisation. Il faut protéger l’Iran, car c’est la condition de notre survie comme nation, et c’est l’indépendance de l’Europe qui est en jeu, contre USA et Israël, voilà le message que le titre maquille.

    L’avenir que « le système » réserve à l’Iran, c’est le sort de l’Allemagne, dont la ruine, l’impuissance et le morcellement ont été planifiés et mis en œuvre par les Britanniques et les Américains dès le XIXème siècle, et prolongée bien après 1945. Pourtant, l’Allemagne a retrouvé son unité, sa richesse, et sa capacité d’initiative. Le nationalisme est-il la grande idée qui porte la résilience allemande ? Fait-il toujours la force de la résistance iranienne ? Est-ce ce qui peut nous ressusciter ? Le besoin de justice sociale est tout aussi fort, pour soulever les peuples, que la fascination pour leur propre identité.

    Dans le contexte de crise financière faisant redécouvrir la misère aux anciens pays qui vivaient des rentes de l’impérialisme, la poussée révolutionnaire chez les sacrifiés et chez leurs penseurs est réelle. Comme dans toute résistance à une agression étrangère, c’est dans la synchronisation entre nationalisme et revendications à la base de la société que se cache la clé de la victoire. Vernochet n’aime pas les communistes, et il insiste lourdement sur les faits qui confortent son idée que le bloc soviétique a été soutenu, entretenu, maintenu en vie par les vivres que lui fournissaient de grands exportateurs américains.

    Mais il faudrait ajouter que le monde capitaliste a été en retour obligé par le modèle soviétique d’instaurer des systèmes de protection sociale qu’il abomine et ruine chaque fois qu’il le peut. Obama a affronté, combattu et vaincu l’Amérique wasp en implantant un minimum de sécurité sociale dans son pays, au moment où celui de l’Europe subit les coups de boutoir du rouleau compresseur de l’anarcho-capitalisme. C’est un retournement de situation au cœur du système. Il ne peut qu’être porteur d’autres surprises d’envergure.

    La guerre contre l’Iran est déjà en cours, les sanctions assassinent l’économie iranienne et déstabilisent le gouvernement, après avoir plombé le potentiel idéologique libérateur du chiisme dans l’opinion publique occidentale. Dans les facteurs concourant pourtant à une victoire de l’Iran, il faudrait développer la relative autonomie de l’Afrique du Sud, de l’Angola, du Venezuela, de l’Argentine, capables de surprendre et de consolider le groupe de ceux qui ont choisi de signer des accords de coopération en complète opposition avec les projets US: Brésil, Inde, Turquie. Comme la Turquie, les autres voisins de l’Iran ont des intérêts contradictoires, mais la Syrie et l’Irak sont d’ores et déjà ses alliés, outre la Russie et la Chine, et les atouts de l’Iran mériteraient un autre livre complémentaire. Certains dans la classe politique israélienne, envisageraient même l’alliance avec l’Iran, contre les USA, tandis qu’aux USA, il en est d’autres qui souhaitent la consolidation nucléaire de l’Iran pour parer à la folie expansionniste d’Israël ! Une chatte persane saura-t-elle y retrouver ses petits ?

    L’auteur appelle de ses vœux un miracle, qu’il se manifeste sous forme d’homme providentiel ou d’une colossale défaillance inattendue dans le camp des présumés vainqueurs. Nous parions sur l’accumulation de petits miracles, dont ce livre fait d’ores et déjà partie. Si l’Iran réchappe du plan de destruction inclus dans la logique prédatrice de l’anarcho-capitalisme hégémonique, ce sera entre autres grâce au travail de réinformation des journalistes sérieux.

    Maria Poumier http://www.mecanopolis.org

    « Iran, la destruction nécessaire » peut-être directement commandé chez l’éditeur Xénia

  • Et si Mgr Vingt-Trois trouvait courage et générosité ?

     Le cardinal Vingt-Trois, président de la conférence des Evêques de France, l’a dit au micro du « Grand Jury » : il n’ira pas manifester le 13 janvier. « Je ne dis pas que je n’irai pas saluer les manifestants », a-t-il rajouté, précisant qu’il avait déjà invité tous ceux qui avaient quelque chose à dire sur le sujet à « se manifester » (plutôt qu’à manifester tout court ?).

    C’est finaud, matois, circonspect et parfaitement illisible : se montrera-t-il ou ne se montrera-t-il pas à la manif ? Appelle-t-il, oui ou non, ses ouailles à descendre dans la rue ? Comprenne qui pourra.

    Il a encore dit que, de toutes façons, il n’avait pas besoin de « prendre ce moyen pour exprimer son point de vue devant le pouvoir politique », attendu qu’il pouvait « atteindre [celui-ci] tous les jours. » Sans doute, sans doute. Personne n’en disconvient. Il est un homme important, avec de l’entregent. Mais, sans vouloir lui faire de peine, tout cela n’a pas l’air de suffire. [...]

    Gabrielle Cluzel - La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net

  • Louvre Lens, un cadeau empoisonné ?

    Christine Sourgins, tout comme sa consœur Aude de Kerros bien connue des lecteurs de Polémia, est artiste, écrivain, historienne et critique d’art – art contemporain, cela va sans dire, pour en « déconstruire la déconstruction ».
    Attentive à tout événement culturel, elle s’intéresse à la muséologie, ce qui l’a conduite tout naturellement à suivre le projet du Louvre Lens et de donner un commentaire sitôt son inauguration du 4 décembre dernier, publié sur son blog sourgins.over-blog.com le 17 décembre. Polémia le présente ci-après à ses lecteurs.
    Polémia

    Paris est favorisé en musées, la faute, non aux Parisiens mais à l’histoire ; la capitale est aussi plus centrale que Lens, cette fois c‘est la géographie qu‘il faudrait incriminer : pour les « Sudistes » venir voir des œuvres majeures du Louvre dans le Pas de Calais, va s’avérer beaucoup plus compliqué et onéreux. La moitié de la France est pénalisée de fait. Il y a pire : certes le bassin minier a beaucoup souffert mais est-il le désert culturel qu‘on nous serine ? Deux des plus riches musées de France, Lille et Arras, sont respectivement à une demi-heure et un quart d’heure de train. Plutôt que de créer un nouveau musée, n’aurait-il pas mieux valu aider ceux déjà existants ? Louvre Lens a dérapé sur le plan financier avec 50% d’augmentation soit un coût de 150 millions qui explique que les autres musées du Nord-Pas-de-Calais voient leurs budgets diminuer... Et depuis quand « déshabiller Paul pour habiller Pierre » s’appelle décentralisation ?
    Si la construction de cette antenne de province se justifie pour des raisons d’équité ou de compensation de pertes d‘activités, combien de villes méritantes et déshéritées auront-elles droit à leur antenne ? Vider le Louvre parisien n’y suffirait pas, sauf à le mettre sur roulettes pour un grand tour de France : à quand la caravane du Louvre ?

    Démocratiser l’art

    Le résultat ? Extérieurement pas de grand geste architectural, l’agence japonaise Sanaa, a privilégié une structure basse, dont la discrétion laisse dubitatif : est-ce un musée ou une aérogare ? La volonté de nier la notion de « Palais » accolée au (vrai) Louvre, est claire : il faut montrer qu’on démocratise la culture et donc priver le peuple de Palais (démocratiser voulant dire : ne pas lui donner des idées de grandeur). En revanche, à l’intérieur, tout le monde reconnaît une belle lumière, une qualité de visibilité des œuvres indéniable. L’immensité des lieux est spectaculaire, c’est vrai, mais « La Liberté guidant » le peuple de Delacroix, fleuron de la présentation, « flotte » dans cette Kunst-hall démesurée : « je la voyais plus grande » commentent certains visiteurs.

    Assemblage temporel

    Le gros du spectacle est donc la Galerie du Temps qui présente de manière chronologique et transversale, des d’œuvres du IVe millénaire avant Jésus-Christ au XIXème siècle. En fait ces œuvres n’ont d’autre lien que d’être des chefs-d’œuvre du Louvre et d’avoir appartenu à la même époque. Mais tel peintre florentin connaissait-il l’œuvre du céramiste musulman exposée quelques pas plus loin ? Le lien entre deux œuvres d’une même époque n’est pas toujours évident et, faute d‘explication, le visiteur peut penser que deux œuvres de la Renaissance sont influencées l’une par l’autre, alors que toutes deux ne font que se référer à l’Antique. Voilà posé le problème de la contemporanéité : si on est toujours contemporain de ce que l’on regarde, deux artistes vivants au même moment peuvent fort bien ne partager aucune communauté de pensée. Le Louvre Lens fait donc, involontairement, une démonstration de la relativité de cette notion pourtant si hégémonique et si politiquement correct qu’est « le contemporain ».

    « Déshabiller Paul pour habiller Pierre »

    L’amateur qui fréquente déjà ces chefs-d’œuvre appréciera une sensation de proximité nouvelle. Un peu comme lorsqu’on croise en villégiature des voisins trop connus, M. Bertin (portraituré par Ingres) par exemple, que l’on redécouvre alors sous un autre jour ; cependant ces voisins là sont des exilés forcés supportant des transports dangereux. Les œuvres sont fragiles, ainsi des experts, dont M. Pomarède conservateur en chef des peintures au Louvre, se sont alarmés en vain de l’état du tableau de Delacroix : visiblement les politiques (*) n’en n’ont cure et ont décidé de brandir « La Liberté guidant le peuple » jusqu’à ce que la toile s’effondre. Inquiétant symbole.
    Si le Louvre a pu être privé d’œuvres insignes, c’est que sa cohérence interne est niée, comme l’est celle de l’exposition Raphaël : le Balthazar Castiglione a été décroché sans vergogne plus d’un mois et demi avant la fin de cette grande exposition : bref « Déshabiller Paul pour habiller Pierre » devient le maître mot de la politique muséale française.
    Le dépeçage de la collection du Louvre, entre Atlanta puis Abou Dhabi ou Lens montre un Palais parisien ravalé au rang d’un entrepôt, d’un show-room où l’on pioche à volonté pour faire des coups médiatiques. Le Louvre parisien est en train de devenir un gruyère, certains s’amusent déjà à en photographier les vides, tandis que d’autres s’agacent des audio-guides commentant les tableaux absents des cimaises…

    En ce mois festif de décembre, Le Louvre Lens pourrait bien être un cadeau empoisonné.

    Christine Sourgins
    Le blog de Christine Sourgins 
    17/12/2012

    (*) Sur les enjeux politiques voir A. Warlin « La face cachée du Louvre », Michalon, p.73 et ss. Les intertitres sont de la rédaction

    Correspondance Polémia – 27/12/2012

  • « LA-HAUT, UN ZOO AU-DESSUS DES NUAGES » par Pieter Kertens

    J’ai eu la chance de pouvoir parcourir cet automne le nord du Tonkin sur plus de 3.000 km. Ce circuit en boucle, de Hanoi à Haiphong, en passant par Mai Chau, Son La, Dien Bien Phu, Cha Pa, Bao Ha , Yen Binh, Bac Quang, Quan Ba, Yen Minh, Coc Pan, Cao Bang, Dong Khe, Na Cham, Dong Dang, On, Bac Ninh, et Ha Long m’a permis de visualiser le cadre décrit dans les multiples ouvrages concernant la guerre d’Indochine (de 1945 à 1954).
    Ce périple « sur les traces de la Légion Etrangère » était aussi l’accomplissement d’une promesse faite à deux anciens képis blancs -à des périodes différentes- si d’aventure j’allais au Viet Nam, je rechercherais les lieux historiques et j’irais aussi me recueillir, en mémoire du sacrifice des dizaines de milliers de soldats tombés pour la défense du drapeau français et des valeurs qui s’y rattachent (courage, fidélité, patrie, famille, honneur, abnégation ou ténacité).
    La Gloire est le soleil des Morts

     

    À Dien Bien Phu se trouvent d’immenses monuments érigés à la gloire de l’Armée de Libération du Vietminh, commandée par le génial et illustre général GIAP au service de l’Oncle HO ; monuments qui écrasent les visiteurs étrangers par la hauteur de leur suffisance. Pour ma part j’ai ignoré la propagande marxiste (nous étions selon mon guide, mon épouse et moi, les seuls touristes étrangers à ne pas vouloir visiter le champ de batailles, le musée et le mausolée) et je me suis rendu au monument de l’armée française.
    Ce petit obélisque se situe dans le quartier Thanh Truong, près de la reconstruction du tunnel De Castries. Très rares sont les visiteurs qui se recueillent là, dans ce carré chargé de symboles, de sang et de sacrifices, d’explosions et d’exploits, de victoires et d’humiliations.
    Ce monument a été érigé grâce à l’obstination de Rolf RODEL, sous-officier de la Légion et ancien combattant du Front de l’Est. En effet selon certaines sources, la Légion Étrangère avait enrôlé 35.000 soldats allemands issus des camps de prisonniers, au lendemain de l’armistice, dont plusieurs dizaines de sous-officiers et certains officiers, très compétents et efficaces, pour un engagement de 5 ans. Partout ailleurs au Tonkin, à Lao Kay ou à Lay Chau, à Ha Giang ou à Dong Van, à Meo Vac ou à Bao Lac, à Cao Bang ou à Dong Khe, à That Khe, à Lang Son, Dong Trieu ou Haiphong,  RIEN ! ! !  
    Vae  Victis …Mais, « la gloire est le soleil des morts », R.I.P.
    Plus aucune trace d’un siècle de présence française

     

    Au Tonkin, en novembre 2012, plus aucune trace d’un siècle de présence française. TOUT a été effacé, martelé, éradiqué. Subsistent encore les passerelles volantes au-dessus des rivières, des poteaux en béton portant les câbles électriques, quelques rares maisons coloniales et le chemin de fer qui n’a subi aucune amélioration ni modernisation ces 60 dernières années…
    Hormis les alentours des grandes villes comme Hanoi ou Haiphong, le réseau routier est dans un état lamentable et nombreuses sont les routes coupées où nous avons dû stopper pour permettre aux pelleteuses et niveleuses de dégager les éboulements.
    Peu de « touristes » et pour les attirer le régime marxiste a découvert l’exploitation de la visite des « minorités » (54 ethnies au Viet Nam). Ces indiens des temps modernes se retrouvent parqués dans des zones sous contrôle et se visitent comme des bêtes curieuses en voie de disparition, de la même manière que l’on visiterait le zoo de Vincennes ou les réserves indiennes de l’Arizona. C’est particulièrement vrai dans la région de Sapa (ex  Cha-Pa).
    Comme ma femme et moi-même sortons en permanence des sentiers battus, nous avons pu nous rendre dans des villages isolés, seulement accessibles à pied, accompagnés par un « officier de liaison » de la milice, responsable de tribus H’mongs fleuris (méos), hameaux où seul arrive l’électricité. On touche ici à la réalité du paradis communiste dans ses moindres détails…
    Langue de bois et « je ne sais pas encore » en réponse à nos questions. 
    Excepté les innombrables constructions scolaires neuves (écoles primaires, collèges et lycées) et tous les bâtiments du pouvoir politique (sièges du Parti et maison du Peuple), le parc immobilier tonkinois et l’infrastructure hôtelière sont proches du délabrement et de l’insalubrité.
    Le contraste entre le Tonkin et la Cochinchine est frappant

     

     Le contraste entre le Tonkin et la Cochinchine est frappant : du 19ème siècle, on passe sans transition à 2012 et Saïgon  (Ho Chi Minh City) se présente comme la vitrine commerciale de la République Socialiste du Viet Nam, avec toutes les dérives correspondantes au mondialisme conquérant.
    À l’extrême Sud du pays, dans le golfe de Thaïlande et à moins de 10km du Cambodge, l’île de Phu Quôc avait été choisie par le Pouvoir il y a 10 ans, comme une perle tropicale qui devait recevoir le tourisme balnéaire international, avec golfs, casino, hôtels 5 étoiles, etc… En 2012, cela reste un projet sans suite qui permet quand même à quelques « robinsons » de goûter au silence, de contempler des paysages superbes, de parcourir les plages vierges du Nord-Ouest de l’île, mais avec un confort rustique. Une réelle exception heureusement ignorée par la masse.
    Le Viet Nam, pays sous-développé à la démographie galopante, concentre une inégalité criante parmi sa population et il n’est pas rare de voir une multitude de motos côtoyer des Mercedes 320 ou des BMW X6 (véhicules étrangers taxés à 150%) et ceci, même dans les villages les plus septentrionaux.
    En conclusion de ce voyage de 4 semaines : brume, saleté, corruption et humidité. Un autre séjour s’impose pour découvrir l’Annam et le delta du Mékong, afin de pouvoir se forger une opinion, loin des clichés des guides touristiques actuels qui vantent des chimères asiatiques.
    Pieter KERSTENS, Carnet de voyages. http://www.francepresseinfos.com/

    NB : la visite en bateau de la baie d’Ha Long pourrait se comparer à un séjour à Disneyland. Mieux vaut regarder chez soi un bon DVD de National Geographic sur le sujet.

  • Chômage : Chiffres officiels et réalité

    Avec 29.300 demandeurs d’emploi supplémentaires en novembre, le chômage continue sa progression. Comme le disent certains depuis des années, le chômage est infiniment plus grave que ce qu’expriment les chiffres officiels, qui ne prennent pas en compte de nombreuses situations.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Hollande Louis XVI et les réformes

    La comparaison entre Louis XVI et François Hollande me semble, disons-le tout net, insultante pour le roi martyr. Mais, une fois surmonté le dégoût, sur un point au moins, on peut la tenir pour pertinente : même souhait des réformes, pareille conscience, sans doute, de leur nécessité, mais incapacité comparable de les promouvoir.

    Explorons donc ce parallèle du p. de la r. avec Louis XVI. Lancée par Jean-Luc Mélenchon (1)⇓, l'assimilation a bien provoqué quelques remous pendant deux ou trois jours. Notre Robespierre d'opérette avait  dit : "Pourquoi tient-il compte seulement des éléments les plus droitiers et les plus archaïques de sa majorité ? François Hollande est aussi aveugle que Louis XVI. Incapable de penser un autre monde." Comme il s'agit d'un des rares hommes politiques à se réclamer ouvertement de la franc-maçonnerie ses moindres frasques disposent  d'un écho complaisant. Mais on s'avise rapidement qu'il admire en Chavez une sorte de réincarnation de Bolivar pour café-concert, qu'il nie le caractère dictatorial de Fidel Castro, et, au bout du compte que ce grand démocrate se révèle incapable de se faire élire au scrutin uninominal. Pour le système il se réduit donc au rôle de bouffon supplétif.

    On se dispense ainsi d'examiner le fond de son propos.

    Or, une légende tenace assimile le malheureux roi aux Mérovingiens. Les faux lettrés aiment ainsi à retenir que Louis XVI aurait marqué sur un certain carnet, à la date du 14 juillet 1789 : "rien". À cet égard, la Mémoire trompeuse s'efforce d'oublier que cette mention provient en fait du tableau de chasse royal.

    Aujourd'hui Monsieur Normal qui par tant de points ressemble effectivement, lui, à un roi fainéant de caricature, se préoccupe sérieusement d'enrayer cette critique. Il sait qu'il serait critiqué pour n'avoir rien inscrit à son agenda pendant les fêtes de cette fin d'année. Cette rumeur était diffusée par L'Express le 24 décembre à 11 h 35. Elle fut rapidement démentie sur le site, décidément plus bienveillant, du Figaro. Lequel titrait le même jour à 17 h 22 : "Hollande et le gouvernement privés de vacances de Noël". On peut tenir ces ordres et contre-ordres pour des broutilles. Elles paraissent assez révélatrices de la mythologie jacobine à l'œuvre dans les cercles dirigeants de notre république. On peut aussi se demander pourquoi un journal appartenant à Serge Dassault se montre aussi ambigu par rapport à l'actuel pouvoir d'État.

    Le même site s'ouvrait ainsi ce 27 décembre au matin sur la nouvelle triomphale et, n'en doutons pas, capitale de la "visite surprise de François Hollande à Rungis". Le même matin, d'ailleurs, le même journal diffusait sans commentaire l'évaluation trompeuse de l'Insee prétendant que la dette publique française aurait reculé à l'automne 2012.

    L'opération Rungis appelait quant à elle des commentaires critiques. Elles venaient notamment de la gauche. Ainsi un chroniqueur comme Éric Dupin posait la question : "Hollande, la tête de veau et Rungis. Comment un "communiquant" peut-il encore croire à ce genre de truc ?" (2)⇓

    À 4 h 35 du matin, ce 27 décembre le chef de l'État s'affichait pourtant visitant le pavillon carné à Rungis en compagnie de Mme Nadjet Boubekeur, attachée de presse de l'Élysée, elle-même accompagnée du ministre délégué chargé de l'agroalimentaire, Guillaume Garot, et du ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon. Message non exempt d'une idée de lutte des classes : tout ce beau monde va à la rencontre de ceux qui travaillent dur "pendant cette période de fête". Et de se montrer photographié au milieu des tripes, abats et découpage de tête de veau. Par ailleurs, on se garde bien de s'attarder sur les cochonnailles.

    Apparaissant une fois de plus en renégat du christianisme qu'il se confirme jour après jour, et après qu'il eut souhaité une excellente fête de l'Aïd-el-kébir aux musulmans, on ne l'avait entendu évoquer ni le Noël de ses anciens coreligionnaires ni la fête des Lumières, probablement devenue suspecte depuis que le grand rabbin de France Gilles Bernheim a si brillamment étrillé le projet de loi sur l'homoparentalité.

    Tout tend à faire oublier la crise, le nombre des chômeurs, le risque de stagnation qu'aggrave le poids délirant de la fiscalité et des charges sociales.

    Car contrairement au malheureux monarque qui, après l'échec de l'assemblée des notables de 1787 convoqua les états généraux de 1789, pour faire adopter les réformes qu'il savait nécessaires, le compagnon de Madame Twitter cherche plutôt à communiquer sur la moindre importance de la crise, conjoncturelle pour l'Europe, structurelle pour l'Hexagone qu'il administre.

    Il souhaite nous entretenir aujourd'hui dans l'illusion bien connue des derniers instants de bonheur. Il s'agit bien, là aussi, d'une réminiscence révolutionnaire : "encore une petite minute Monsieur le bourreau". Cette phrase fameuse, attribuée à tort à beaucoup d'autres victimes du "rasoir national", et même à Marie Stuart, fut prononcée en 1793 par la malheureuse comtesse Du Barry. La voici désormais en passe de devenir comme une sorte de viatqiue du déni français, du déclin français.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. Mis en ligne sur le site de Libération le 29 novembre 2012 à 22:06
    2. gazoullis du 27 décembre.

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  • Goldman Sachs - Analyse d'une pieuvre financière mondiale

  • Ce n'est pas le nucléaire qui menace l'humanité d'anéantissement

    À côté des forces de gravitation, le nucléaire - c'est-à-dire l'énergie issue de la fission de noyaux atomiques - règne en maître sur notre Univers. C'est l'énergie nucléaire - par la fission de l'hydrogène en hélium - qui embrase le soleil, fait de notre planète une réalité plus aimable qu'un roc glacé qu'elle serait sans cela. Ce rayonnement solaire, grâce au miracle de la photosynthèse, se trouve être la source de la vie, de la plus modeste cyanobactérie à la créature humaine. C'est encore l'énergie nucléaire qui, dans les entrailles de la Terre, met en action les mouvements qui modifient sa surface, y érige des montagnes, approfondit des océans, fait vomir des laves et jaillir des volcans... et provoque des séismes. L'énergie nucléaire est partout jusque - à la plus petite échelle - dans de nombreuses techniques de diagnostic ou de thérapeutique médicale. Ainsi une hyperactivité de la thyroïde est assagie par l'ingestion d'une gélule radioactive. Condamner, ou a fortiori diaboliser ce type d'énergie sous le prétexte d'utilisation humaine parfois contes-table, voire détestable, est d'une grande naïveté.
    Avec la Seconde Guerre mondiale, avec les deux premières « bombes atomiques » d'Hiroshima et de Nagasaki, l'utilisation pratique de cette énergie par l'homme faisait une entrée fracassante, tout auréolée d'horreur et de terreur. L'énergie nucléaire, c'était la démesure de l'homme jusque dans le mal métaphysique. C'est l'image qu'en ont conservée et que propagent activement, plus de soixante ans après, les écologistes de service moitié jobards moitié pervers. Savants et techniciens ont pressenti les potentialités formidables de cette nouvelle source d'énergie dans un monde d'une voracité insatiable. Les politiciens leur ont emboîté le pas : dès 1950, le président Eisenhower lançait le programme Atom for Peace. Pour illustrer cette voracité, la consommation annuelle d'hydrocarbures était de 300 millions de tonnes en 1945 ; elle était de 3 milliards de tonnes en 1973 ! Des études patientes et rigoureuses ont été alors menées dans de nombreux pays - 32, dont la France -, pour mettre au point des réacteurs grâce auxquels cette formidable énergie de fission serait domptée, canalisée et deviendrait source d'électricité. Tous les hommes de bonne foi s'y sont accoutumés. Actuellement 58 centrales nucléaires couvrent le territoire français et assurent près de 80 % de nos besoins en électricité, tout en nous permettant même une certaine exportation à l'étranger. Ce nucléaire assure à 50 % l'indépendance énergétique de la France.
    Mais au-delà de la France, prenons conscience de l'aspect géopolitique. Si la généralisation des centrales nucléaires dans le monde n'existait pas - ou ne devait plus exister -, la dépendance de l'humanité à l'égard des hydrocarbures deviendrait totale. L'or noir serait réellement le sang de l'Humanité. Dans ces conditions, non seulement la disponibilité assurée de ce pétrole et de ce gaz serait encore moins longue qu'elle ne l'est avec les consommations actuelles mais, en outre, on imagine facilement les extravagantes augmentations du prix du baril que les monarchies - comme on dit - musulmanes feraient peser sur la vente de ces richesses dont Allah leur a fait cadeau. Si bien des peuples ont éprouvé de la commisération pour le malheur frappant les Japonais, à coup sûr ce ne fut pas le cas des monarchies pétrolières arabes ou iraniennes qui ont perçu immédiatement la survaleur qu'allaient prendre leurs réserves fabuleuses en hydrocarbures. Bref, depuis longtemps, le nucléaire ce n'était plus Hiroshima et Nagasaki. Malgré quelques aboiements au sujet des sempiternels déchets radioactifs, plus personne n'en discutait les avantages vitaux, essentiels non point seulement pour notre économie - comme on dit perfidement - mais pour notre simple vie de tous les jours.
    Or, voilà qu'en cet hiver 2011, dans le Nord-Est du Japon, s'est produite une conjonction emboîtée et désastreuse : un séisme et son raz de marée, les ravages produits sur une importante centrale nucléaire affolée, 28 000 morts ou disparus, une contamination du milieu parfois persistante. On comprend que le débat se soit trouvé subitement relancé... et avec quelle vigueur ; même si en fait la grande majorité de ces victimes était imputable au séisme et à son raz de marée et non point à l'embrasement nucléaire.
    Une émission-radio symptomatique
    Le 27 mars 2011, en milieu de journée, je suis « tombé » sur une émission diffusée par une radio de bon aloi. Le sujet portait sur le nucléaire. Cette émission m'a surpris. Je dois dire qu'elle m'a même surpris désagréablement. Certes, on ne demande pas aux journalistes d'être spécialistes de la radio-activité dans tous ses états, ses racines, ses applications. Mais tout de même !
    Il y a eu d'abord des affirmations d'une taille parfois consternante. Passons sur le fait que les participants à l'émission ignorent qu'il y ait même une différence de sens entre les deux adjectifs : atomique et nucléaire. Il est plus fâcheux d'entendre parler de plusieurs millions de morts à Hiroshima comme si les 70 000 morts recensés ne suffisaient pas. L'un des participants s'est plaint à plusieurs reprises que, chaque matin, son rasoir fût alimenté par une centrale nucléaire. Si ce n'est que cela ! Il doit encore exister au marché aux puces des rasoirs à main. Et puis, il est difficile à EDF d'organiser un réseau parallèle à destination des rasoirs électriques où le précieux flux énergétique proviendrait d'un moulin à eau installé dans un site bucolique et écologique. Passons. Il y a plus grave.
    Parmi les intervenants, il y avait un philosophe. Nous n'avons donc pas coupé à une critique de fond du principe même d'utiliser l'énergie de fission nucléaire. Tenez-vous bien. L'électronucléaire, nous a-t-on expliqué, n'a en tête (sic) que l'efficacité économique. Or, il existe un débat philosophique sur la manipulation de l'atome. A-t-on le droit philosophiquement - « j'ai envie de dire ontologiquement », précise le philosophe - de détruire un être quel qu'il soit et... de manipuler la structure de l'être ? A-t-on le droit de manipuler la matière ? Cela raisonne creux et ronflant.
    Comme je l'ai dit en préambule, tout l'Univers est animé par l'énergie nucléaire qui automatiquement « manipule la structure des êtres ». Ne vaudrait-il pas mieux réserver la défense de la structure de l'être à des manipulations telles que le clonage ou d'autres thèmes dénoncés dans la bioéthique ? « Manipuler la matière » ? Alors l'homme préhistorique avait-il le droit de brûler du bois et du charbon et avons-nous, quant à nous, le droit de détruire ces molécules complexes qui constituent le pétrole, de brûler tous les ans des milliards de mètres cubes de méthane dans lequel carbone et hydrogène s'étaient associés miraculeusement ?
    Toujours au sujet de l'utilisation et de l'exploitation pacifique de l'énergie nucléaire, il devient question dans l'émission de « remettre en cause la consommation d'énergie ». Devant cette question enfin importante, l'intérêt de l'auditeur augmente. Va-ton enfin parler de cette débauche de consumérisme qui enflamme le monde après avoir affecté l'Occident et qui met si gravement à mal le futur de l'Humanité ? Va-t-on parler d'une nécessaire frugalité ou au moins d'une souhaitable frugalité qui permettrait - faute d'atteindre un utopique développement durable - la préservation de quelques réserves pour nos descendants ? Rien de tout cela, hélas ! au contraire, nés rapidement, on a pu entendre : « mais tout cela est utopique et on ne va pas s'y attarder » ! Toutefois, on a eu la surprise d'entendre que « l'homme moderne a un besoin d'énergie dont il pourrait se passer comme le Bédouin dans le désert ». Aucun des intervenants, semble-t-il, n'a jamais approché la vie bédouine. Son errance, misérable, ses parasites et ses maladies, sa propension inévitable à aller piller le sédentaire voisin cul-terreux méprisable dont on brûle la maison ou le gourbi au passage après lui avoir volé les produits de sa terre. Quelle perspective enviable pour éviter de recourir à l'énergie nucléaire !...
    L'énergie nucléaire comme instrument de guerre
    Depuis que les deux Grands de l'Après-Guerre - États-Unis et Union Soviétique - ont disposé tous deux de l'arme nucléaire - a fortiori depuis que celle-ci est devenue quasiment banale dans le monde entier -, nous vivons l'ère de la dissuasion nucléaire. En 1960, le Traité de non-prolifération nucléaire a été accepté, théoriquement au moins, par la plupart des puissances internationales. Un intervenant de l'émission rappelle justement que, grâce à cette menace réciproque et constante, le monde n'a plus connu ces conflits universels tels que ceux qui ont ensanglanté le XXe siècle. Il serait juste d'ajouter qu'en revanche des guerres plus locales sont quasiment permanentes sur un ou parfois plusieurs continents simultanément...
    L'anéantissement
    Mais voilà que, quelque peu contradictoirement avec cette attitude compréhensive à l'égard de la dissuasion nucléaire, l'émission s'oriente vers des risques d'anéantissement de l'Humanité qui seraient inhérents à cette arme du diable. Nous voilà revenus à un discours de style écologique. On nous ressort la présence de plus de 3 000 engins nucléaires existant sur la Terre. On évalue les dégâts incommensurables que produirait, sur notre planète, l'explosion simultanée de cet arsenal. Bref, on fait dans l'horreur.
    Cela fait des décennies qu'ont été publiées de telles évaluations sur l'effet que produirait la mise à feu simultanée de tous ces engins disponibles dans le cas d'une guerre mondiale nucléaire. On a ainsi prétendu qu'il y aurait assez de puissance pour faire sauter quatre-vingts fois la Terre (!).
    N'est-il pas cependant évident que l'intérêt de telles évaluations, si elles ont un intérêt, ne peut être qu'académique. Car à supposer qu'une puissance étatique devenue folle lance un missile nucléaire sur un voisin mal-aimé, à supposer que celui-ci retourne la politesse, l'horreur que déchaînera cette double catastrophe dans toute la population mondiale rend proprement inimaginable que chacun, et partout dans le monde, se mette à lancer tout le stock de bombes et d'engins dont il dispose. Il est confondant de constater à quel point ce genre de fantasmes a la vie dure.
    Imputer les risques d'anéantissement au nucléaire me paraît gravement erroné. Erroné parce qu'il y a d'autres mécanismes plus probables dont je vais dire un mot. Gravement, parce que parler ainsi du nucléaire, c'est s'associer à la campagne qui sous-estime ou occulte les risques bien réels d'anéantissement qui sont d'une tout autre nature. Remarquons d'abord que le nombre de morts à Hiroshima (de l'ordre de 70 000) n'est pas supérieur à celui (de l'ordre de 135 000 morts) qu'ont fait en deux nuits consécutives les bombes anglo-américaines, explosives et au phosphore, sur la ville de Dresde, durant la Seconde Guerre mondiale.
    Mais venons-en au fond du problème. Le désastre de la centrale nucléaire de Fukushima est coupable d'une certaine partie des 28 000 morts en un bref laps de temps. C'est effrayant. Toutefois si on veut bien me suivre dans un petit dénombrement macabre, on compte par mois, pour le seul peuple de France, quelque 20 000 enfants à naître tués dans le sein de leur mère. Fukushima, c'est moins de six semaines du train-train habituel et « normal » des enfants à naître tués en France. Mais la différence devient littéralement monstrueuse, si l'on songe que des Fukushima, après Tchernobyl, il y en a eu un seul en un quart de siècle. Au contraire, nos 20000 enfants à naître, assassinés, c'est un phénomène qui se reproduit chaque mois et depuis des décennies et qui ne tend pas à diminuer, loin de là.
    Si l'on reparlait un peu du Japon en dehors du domaine du nucléaire. Je crois avoir lu que le Japon était le pays qui se caractérisait par le taux de fécondité le plus bas du monde. Depuis des décennies, les Japonais se marient de moins en moins. Ils élèvent de moins en moins d'enfants. Ils procréent de moins en moins, comme s'ils avaient perdu collectivement le goût de la vie. L'élan vital qui caractérise toute la Création y semble en voie d'extinction. Cela c'est la mort programmée, non pas seulement d'une civilisation mais d'un peuple, d'une race. Fukushima, certes, n'en a pas moins été abominable. Mais par rapport à cette extinction naturelle, inéluctable, ce fut un détail.
    Georges Dillinger Présent du 4 juin 2011
    Georges Dillinger est l'auteur de Menace sur la Terre (Atelier Fol'Fer.P 20047,28260 Anet. Tel.: 06 74 68 24 40).

  • Brève histoire du capitalisme en quelques dates

    - 1846, la Grande Bretagne s'oriente vers le libre échangisme avec les lois sur le blé qui ruinent la paysannerie.
    - En 1914, la City ayant plus investi à l'étranger qu'en Grande Bretagne espéra redorer son blason avec la guerre. Mal lui en pris car en 1918 elle s'était encore plus affaiblie.
    Dans la période 1940-1945, la finance américaine sachant où était alors son intérêt, à savoir détruire un régime foncièrement hostile à la domination de l'argent sur les nations, incita à un effort industriel extraordinaire. Après 1945, la puissance industrielle américaine continua à se développer, notamment avec le plan Marschal destiné à solvabiliser l'Europe afin qu'elle achète les produits américains.
    - En 1945, le dollar avait été institué comme monnaie mondiale, étant réputée aussi bonne que l'or avec lequel elle était convertible, à un taux outrageusement bas puisque cette valeur de 35 $ l'once avait été fixée en 1934, au plus bas, durant la crise de 1929.
    - En 1967, de Gaule avait demandé le remboursement en or, ce qui avait provoqué une panique et des représailles (mai 68).
    - En 1971, Nixon suspendit la convertibilité du dollar - C'est alors que les banques américaines, avec Henri Kissenger firent ce grand coup politique d'adosser le dollar au pétrole : Kissenger s'entendit avec les pays de l'OPEP en les autorisant à quadrupler le prix du pétrole à condition de réinvestir leurs bénéfices en dollar.
    - Les masses de ces «pétrodollars» réinvesties aux États-Unis assurèrent une période de domination du dollar jusqu'au début des années 2000.
    Cela ne se fit pas sans difficultés : le gouvernement américain sut agir pour empêcher l'émergence de concurrents économiques et financiers importants, tant en Europe que dans le monde, le FMI (fond monétaire international) étant son bras armé, et mena une politique d'attractivité artificielle du dollar avec la politique monétariste de Paul Volker après 1979 :
    À noter que la collaboration est demeurée étroite durant tout ce temps entre la City (Londres) et Wall Street. En outre la City a pu continuer à joué un rôle mondial en jouant elle aussi d'un artifice : les pays du Commonwealth ont déposé leurs réserves d'or à la banque d'Angleterre afin d'étayer la £ comme deuxième monnaie du monde après le $.
    - En 1998, la faillite du fonds LTCM (Long Term Capital Management) était un signe avant-coureur de la crise actuelle.
    À titre d'exemple, LTCM, qui était un fonds spéculatif, ce qu'on appelle un « hedge found » jouait 24 fois ses mises de fond en faisant des paris sur telle ou telle affaire financière, 200 milliards étaient en jeu.
    Or l'un de ces paris, sur la dette publique russe s'étant révélé perdant, le risque encouru par la finance était tel qu'un consortium de 14 banques injecta 4 milliards de dollars pour le renflouer et l'assainir. Ainsi fut éviter un krach financier américain, et par suite mondial qui risquait de s'effondrer comme un jeu de dominos. À noter que la Fed baissa par trois fois ses taux d'intérêt ce qui alimenta derechef la bulle boursière américaine....
    Patrice Plard ( aidé d'un document d'A de Benoist)