Aucune grande idée phare ne gouverne plus la diplomatie française à moins qu’on ne tienne pour telle la peur des complications et le désir chimérique de plaire à tout le monde. Pour rompre avec son engourdissement chronique, il arrive cependant que la République s’éprenne d’une belle cause, à moins qu’elle ne se contente, comme souvent, de réagir tant bien que mal aux secousses de l’actualité internationale, ce qu’elle fit lors de la seconde guerre du Golfe avec le succès que l’on connaît.
La fuite en avant dans l’utopie
européenne, chère à Nicolas Sarkozy, témoigne de cet embarras devant le néant d’une politique étrangère qui ne sait sur quel pied danser. La tentation est grande alors de remettre le fardeau diplomatique entre les mains d’une institution supranationale. Après tout, est-il vraiment opportun de se soucier du jeu diplomatique, quand s’impose la tutelle d’une opinion internationale mouvante ?
Bien que la diplomatie traditionnelle française, celle de Richelieu et Mazarin, ait rendu l’âme depuis longtemps sous les coups de pioche de la Révolution, personne ne semble disposé à enterrer la tradition diplomatique elle-même, ultime vestige d’une époque révolue. C’est précisément l’héritage oublié de la diplomatie d’Ancien Régime que vante le dernier ouvrage de Lucien Bély, L’art de la paix en Europe, naissance de la diplomatie moderne XVIe-XVIIIe siècle (1).
Propagande révolutionnaire
Comme Janus, l’histoire de la diplomatie française a deux visages : celui qui nous est familier depuis la Révolution, et celui d’Ancien Régime. De ces deux traditions, la première est une idéologie subversive, la seconde un art délicat et empirique modelé au gré des circonstances. La Révolution française, dès son début et par la seule conséquence de son premier principe, sape par la base l’édifice de la vieille diplomatie européenne. Elle proclame la souveraineté du peuple, elle présente ses doctrines comme des vérités lumineuses et universelles, elle menace tous les pouvoirs établis, elle invite toutes les nations à se révolter et à s’affranchir. Le primat des nationalités préfigure ainsi le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, que le président Wilson devait arborer comme un talisman à Versailles en 1919.
En 1790, les Constituants désirent étendre à tous les peuples de la terre le régime démocratique fondé en France. Ils vivent dans la crainte de voir leur oeuvre s’effondrer un jour. Pour l’en prémunir, ils rêvent d’extirper du continent les séquelles du “régime féodal”, un mot bien commode pour jeter l’opprobre sur tout ce qui est ancien. La Révolution devient solidaire de toutes les révolutions populaires ; c’est l’idée défendue par Merlin de Thionville à l’Assemblée législative : « Il faut déclarer la guerre aux rois et la paix aux nations ! » La diplomatie s’éteint et l’idéologie s’éveille.
La France a beau déclarer la paix au monde, l’extension de son influence est en même temps la condition et le fruit de cette propagation, même pacifique, des principes de la Révolution. Dans l’esprit des législateurs, ce qui est acquis à la France l’est à la liberté ; la grandeur de la France révoltée s’associe au bonheur du genre humain. Par son messianisme même, la soif d’accroissement territorial et de suprématie pénètre dans la Révolution, et la nouvelle France s’apprête, dès cet instant, à exercer sur les peuples la domination qui lui revient du droit, car elle est la sentinelle de la Liberté contre le ‘“despotisme de tous les tyrans”. Elle commence par saisir Avignon et le Comtat Venaissin, avant d’entraîner l’Europe dans une guerre de vingt-trois années qui, pour la France, s’achève dans le désastre de Waterloo.
Régénérer le monde...
Singulier contraste d’une Assemblée qui chante une ode larmoyante à la paix pour mieux se dédire ensuite. Le mot généreux, en apparence, de l’émancipation des peuples légitime depuis cette époque toutes les expéditions armées. Aujourd’hui même, combien de guerres sont menées pour que triomphe l’idéal démocratique ? Quand elle entend tirer l’épée du fourreau, la France le fait au nom du droit des peuples, comme en Afghanistan. Lorsqu’elle prétend s’y opposer, comme en Irak, c’est encore le droit des peuples qu’elle invoque.
Il y a dans la simplicité de cette idée une puissance spontanée de propagande. Son ambition universelle tient pour une gageure la réticence de certaines cultures à l’adopter. Si une douce persuasion n’y suffit pas, l’idée démocratique s’impose par la contrainte, puisque le principe d’humanité ne saurait souffrir la moindre exception. De cet élan sentimental naît l’inquiétant “droit d’ingérence” qui, pour être bien conforme à lui-même, devrait entraîner la France à courir de partout sans guère songer à ses propres intérêts. La République met tout son honneur à faire rayonner ce droit aventureux ; elle est en cela la digne héritière de cette Révolution qui, enivrée de discours, réprouve la diplomatie, comme égoïste, et l’expérience, corrompue de nature, pour s’adonner à l’enthousiasme de régénérer le monde. Elle ne juge plus qu’à l’aune de son instinct et ne décide plus que par passion.
L’intérêt bien entendu
La diplomatie de l’émotion ou de la compassion s’est élevée sur les cendres de la diplomatie traditionnelle. Celle-ci n’a rien d’un traité de philanthropie. Sous l’Ancien Régime, les États ne connaissent d’autres juges qu’eux-mêmes et d’autres lois que leur intérêt ; mais ce qui fait la brutalité de cette doctrine en fait aussi le tempérament.
Aux sirènes de la convoitise, il y a un frein : l’intérêt bien entendu. “Il faut savoir s’arrêter à propos” pourrait servir de maxime au XVIIIe siècle. C’est une morale tout empirique que la crainte de perdre gros assagit. Richelieu observe déjà que, tout compte fait, observer les traités vaut mieux qu’une réputation d’homme changeant. La conquête trouve sa limite dans la certitude que les abus de la force en détruisent l’ouvrage. On ne doit d’ailleurs conquérir que ce qu’on peut garder. Il revient au conquérant de réparer les maux qu’il a commis s’il veut digérer sa proie.
Ajoutons que les États risquent de se disperser en s’agrandissant plus que de raison. Des frontières étendues compliquent la défense et offrent à l’ennemi trop de commodités d’attaque. Tous les puissants sont d’accord enfin pour ne permettre à aucun d’entre eux d’accéder à l’hégémonie. Il se forme ainsi entre les grands une sorte de convention tacite : ils entendent conserver ce qu’ils possèdent, gagner en proportion de leurs mises, et interdire à l’un des associés de faire la loi en Europe. C’est le socle de la balance of power.
À cette politique, la France apporte une fine nuance, l’équilibre. Longtemps protectrice des puissances moyennes, qu’elle défend bec et ongles au Congrès de Vienne, elle est aussi la première à s’indigner des « actes de piraterie » du royaume de Prusse. Le repos du continent est la condition de sa propre félicité, tandis que la Prusse, pour croître, a besoin de casser le statu quo.
Subtilité de la négociation
Rousseau et la pensée des Lumières ont jeté le discrédit sur l’ancienne diplomatie, ce « jeu de rapaces », cette « école de la dissimulation ». Pourtant, comme le révèle le précieux livre de Lucien Bély, elle mérite mieux que ce jugement à l’emporte pièce. C’est l’Ancien Régime qui invente la diplomatie en peaufinant l’art subtil de la négociation. C’est lui qui donne naissance à la figure moderne du diplomate et façonne les règles qui prévalent peu à peu de Londres à Saint-Pétersbourg. C’est lui qui favorise enfin une réflexion politique sur la manière de prévenir les conflits et d’y mettre un terme.
Tout concourt à faciliter la concertation : des départements ministériels spécialisés se créent, des immunités s’élaborent pour protéger les négociateurs, des pratiques de plus en plus savantes se forgent, des ambassades s’établissent, un cérémonial harmonieux se déploie. Lucien Bély brise la légende selon laquelle les Princes ont disposé de territoires sans tenir compte des intérêts des peuples, traitant les hommes comme de simples « troupeaux de moutons ». Les diplomates savent en effet que la paix ne peut être durable tant qu’elle prolonge les souffrances, or, le propre de la négociation est de rétablir la concorde au sein des sociétés et entre elles. Pour cela, l’Ancien Régime accouche d’un nouvel idiome, la langue diplomatique, riche de significations cachées. La forme égale le fond en importance et chaque mot s’interprète à l’infini. Tout faux-pas menace de faire s’écrouler de patients efforts. L’émergence de ce langage traduit cependant une brûlante envie d’échanger et de connaître le monde.
Temps, prudence, secret
Pour s’épanouir librement, l’art diplomatique traditionnel suppose trois conditions que notre époque désavoue : le temps, la prudence et le secret. La circulation frénétique des hommes et des informations s’accommode mal des longs conciliabules ; la diplomatie doit ainsi satisfaire l’appétit de l’opinion souveraine qui se lasse aussi vite qu’elle s’enflamme. Ce n’est pas hélas un gage de prudence, car la précipitation appose, au mieux, un cautère sur une jambe de bois : combien d’accords de paix négociés à la hâte au Proche-Orient ont-ils failli ?
Le diplomate a également la mission de sauvegarder les secrets de l’État. Il protège son art par le secret, mais le dévoile quand les circonstances s’y prêtent, comme pour séduire une population ; c’est un jeu délicat. Le mystère qui entoure la diplomatie agace aujourd’hui l’opinion internationale, avide de tout savoir à l’instant même. Ce désir éperdu de transparence, de mode depuis le XVIIIe, accompagne la démocratisation de la vie publique. Il n’empêche, sans le secret, point de diplomatie, c’est le retour à la spontanéité naturelle et à l’affrontement personnel.
Le déclin de la diplomatie traditionnelle, que reflète le mépris des formes, le diktat de l’affect ou l’oubli des médiations, devient le prélude à un nouvel âge de fer dans les relations internationales.
Le déclin de la diplomatie traditionnelle devient le prélude à un nouvel âge de fer dans les relations internationales.
DIABLE BOITEUX L’Action Française 2000 du 18 au 31 octobre 2007
* Lucien Bély : L’art de la paix en Europe, naissance de la diplomatie moderne XVIe-XVIIIe siècle. 752 pages, 30 euros.
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L'état des forces militaires étrangères déployées au Mali
Arrivée du contingent nigérian à Bamako Les soldats français et africains affluent au Mali, où la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) doit prendre la relève de l'armée française, en fonction d'un calendrier encore imprécis. État des lieux sur les forces effectivement déployées et celles que la France et plusieurs pays africains prévoient d'envoyer, aux côtés de l'armée malienne, pour venir à bout des islamistes armés au nord du pays.Les effectifs militaires français déployés au Mali sont passés ces derniers jours de 1 800 à 2 000 hommes, pour une force totale annoncée de 2 500 soldats, la plus importante opération aéroterrestre engagée hors des frontières françaises depuis l'Afghanistan. Or, ces effectifs pourraient être encore plus importants.Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, a en effet fait ce décompte le 19 janvier à l'antenne de France 3 Bretagne : « Il y a aujourd’hui 2 000 militaires français au sol au Mali et l’opération Serval regroupe environ 2 900 militaires à cet instant, puisque vous avez des éléments à Ouagadougou, à Niamey et à Dakar (…). On dépassera peut-être les 2 500 militaires annoncés sur le site, ça fera environ 4 000 militaires qui seront mobilisés pour cette opération.»LE DÉPLOIEMENT DES FORCES OUEST-AFRICAINES A COMMENCÉQuelque 2 000 soldats africains sont également attendus au Mali d'ici le 26 janvier, sur un total qui pourrait dépasser les 5 800 militaires africains (Tchadiens compris). Un chiffre annoncé à l'issue du sommet des chefs d'État de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui s'est tenu le 19 janvier à Abidjan, mais qui va sans doute être revu à la hausse, plusieurs pays ayant décidé d'envoyer plus de troupes que prévu.
LE TCHADSUR LE PIED DE GUERRERentrant d'Abidjan où il a participé au sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur le Mali, le président tchadien Idriss Déby Itno a fait étape dimanche à Niamey où il a rendu visite au contingent tchadien dépêché sur place.C’est sur le tarmac de l’escadrille nationale de Niamey que le président Idriss Déby a rencontré le contingent tchadien, prêt à marcher sur le nord du Mali. Pourquoi 2 000 hommes loin des frontières tchadiennes ? « C’est une projection qui se fait sur 3 000 kilomètres. Donc je ne peux pas m’amuser à envoyer une petite unité qui va être avalée, sans renfort, une unité qui n’est pas capable à elle seule de se défendre, de faire donc sa mission. C'est ce qui m’a motivé à envoyer 2 000 hommes », explique le chef de l'Etat.Le colonel Youssouf Taïro , commandant du contingent tchadien, nous présente ici son matériel : « Le matériel que vous avez vu ici est du matériel de blindé, bien efficace, bien sélectionné. C’est-à-dire qu’on a tous les calibres ici. Le moral est bon, on est prêt à combattre nuit et jours, on est vigilants chaque heure, chaque seconde. »Enturbanné dans son chèche saharien, un des soldats tchadiens, lance : « Si les islamistes du nord du Mali sont des fous de Dieu, nous trouverons plus fou qu’eux dans quelques jours dans le Sahara malien. »Huit nations ouest-africaines (Bénin, Burkina, Ghana, Guinée, Niger, Nigeria, Sénégal, Togo) ont annoncé l'envoi de contingents, dont le déploiement a commencé. Une centaine de Togolais sont arrivés le 17 janvier à Bamako, sur les 750 militaires que Lomé prévoit d'envoyer. Quelque 55 soldats béninois étaient arrivés dimanche soir au Mali, sur une force qui doit atteindre 650 hommes, a annoncé le 20 janvier le président béninois Boni Yayi - au lieu des 300 hommes d'abord prévus.Un premier bataillon nigérian de 100 recrues s'est envolé le 17 janvier de Kaduna, au nord du Nigeria, sur une force totale de 1 200 hommes promise le 18 janvier. Nettement plus, là encore, que les 900 soldats initialement annoncés. « Notre sécurité nationale fait face à un danger imminent, en raison de la crise dans le nord du Mali », a estimé le président Goodluck Jonathan, dans sa lettre au Sénat demandant d'avaliser ce déploiement plus important. Les islamistes de Boko Haram, une secte qui multiplie les attentats au nord du Nigeria, ont été entraînés au nord du Mali par les combattants d'al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), rappellent les autorités d'Abuja.Quelque 60 soldats sénégalais sont arrivés au Mali le dimanche 20 janvier, sur une force totale de 500 hommes finalement promise par Dakar. Le Sénégal s'était d'abord montré réticent à envoyer des troupes dans le bourbier malien. Le président Macky Sall avait expliqué en juillet 2012 que des contingents de son pays étaient déjà déployés ailleurs, en Côte d'Ivoire, en République démocratique du Congo (RDC), au Soudan et en Guinée-Bissau. Le Sénégal avait encore démenti le 11 janvier avoir des troupes combattantes au sol au Mali, comme l'avait affirmé un porte-parole de l'armée malienne. Les pressions amicales de la France ont-elles joué ? Dakar a en tout cas décidé, le 16 janvier, de participer à l'effort militaire ouest-africain.LES PAYS CONTRIBUTEURS ET CEUX QUI RESTENT EN RETRAITLe Burkina Faso et le Niger ont annoncé des contributions respectives de 500 hommes à la Misma, tandis que la Guinée s'est engagée à hauteur de 120 à 144 hommes, selon les sources. Quant au Ghana, il a fait un revirement et oublié ses premières réticences, en promettant le 13 janvier d'envoyer 120 hommes au Mali. Le déploiement effectif des soldats de ces quatre pays est encore attendu.De son côté, la Côte d'Ivoire ne s'est pas formellement prononcée sur l'envoi de troupes au nord du Mali. Une décision que réclame le Front populaire ivoirien (FPI). Mais le président ivoirien Alassane Ouattara, qui a brandi la menace d'une intervention militaire de la Cédéao au Mali dès le lendemain du putsch du 22 mars 2012, est-il en mesure d'envoyer des troupes ivoiriennes ? La Côte d'Ivoire est elle-même en butte à la désorganisation de son armée - actuellement en restructuration - et confrontée à des problèmes sécuritaires. Quelque 11 000 casques blancs des Nations unies sont d'ailleurs toujours déployés dans le pays, dans le cadre de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).La Mauritanie, elle, s'en tient à sa décision initiale, annoncée en août 2012, de ne pas participer à une force internationale au Mali. Même si Nouakchott considère Aqmi comme un problème de sécurité intérieure, le groupe terroriste ayant beaucoup recruté à ses débuts parmi de jeunes Mauritaniens. La Mauritanie a été le pays le plus actif au nord du Mali sur le plan militaire, multipliant les raids aériens ces dernières années contre des convois d'Aqmi, et essuyant en retour des attentats d'Aqmi. Mais le général Mohamed Ould Abdel Aziz, le président mauritanien, ne souhaite pas s'impliquer dans une force ouest-africaine de la Cédéao, une communauté dont son pays ne fait pas partie. Nouakchott a cependant pris soin de sécuriser sa frontière avec le Mali.L'IMPORTANT RENFORT TCHADIENLe Tchad a déjà envoyé le 16 janvier à Niamey, la capitale du Niger, 200 éléments de ses forces spéciales, sur un total annoncé de 2 000 hommes. Ces forces devraient être déployées avec les troupes nigériennes le long de la frontière entre le Niger et le Mali. Le Tchad, qui n'est pas membre de la Cédéao, fournira donc les effectifs les plus nombreux après la France. Ce pays a été sollicité d'abord par Paris, puis par le président intérimaire malien Dioncounda Traoré, pour venir renforcer le dispositif international, en raison de l'expérience de son armée dans un terrain désertique aux conditions climatiques difficiles.Avec RFI http://www.francepresseinfos.com/
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Journal hebdomadaire de Voix de la Russie – 21 janvier 2013
LES TITRESØ L'Islam :des données bien différentes en France et en Russie.Ø Immigration :les rois de France exilés dans leurs tombeaux pendant que Vladimir Poutine protège la Russie.Ø Piraterie en Somalie :Quand la France casque, la Russie cogne.Ø Mali :Hollande ne sait plus ce qu'il a dit, alors sait-il encore ce qu'il fait ?ØThéâtre du Châtelet :rencontre inspirée entre la haute couture française et le ballet classique russe.Ø Syrie :la presse indépendante assassinée, à qui profite le crime ?Ø Épiphanie en terre orthodoxe :entre la pureté et la glace -
L'Université malade de la massification (archive 2009)
La tentative de réforme de l'Université concoctée par Valérie Pécresse provoque une levée de boucliers de la part des universitaires. Au-delà des critiques de surface, la question fondamentale qui se pose à l'Université française est celle de la sélection.
Les universités sont une fois de plus dans la rue. Comme d'habitude ? Pas tout à fait : pour la première fois, en effet, ce sont les enseignants eux-mêmes, et non pas les étudiants, qui sont à l'origine du mouvement. En outre, les syndicats de droite ne sont pas les derniers à manifester leur colère. Des universités qui ne sont traditionnellement pas classées à gauche, comme la très emblématique faculté d'Assas, se mobilisent, de même que les facs d'économie ou de droit, qui ne bougent pourtant pas souvent. Si elles prennent aujourd'hui la tête du mouvement, c'est que les réformes concoctées par Valérie Pécresse, ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, et Xavier Darcos, ministre de l'Education nationale, représentent, à plusieurs points de vue, une véritable arnaque.
L'un des reproches essentiels que l'on puisse leur adresser est, une fois de plus, d'écarter toute espèce de sélection. Ce constat concerne, en premier lieu, l'admission des nouveaux bacheliers à l'université : on sait que l'Education nationale s'est assigné la mission de conduire 80 % d'une classe d'âge au bac. Conséquence de l'absence de sélection à l'entrée de l'université : tous les possesseurs d'un baccalauréat, y compris les titulaires d'un bac professionnel ou technique, peuvent s'inscrire en fac dans la matière qui leur plaît. Par ailleurs, lorsqu'elle a présenté la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) , en août 2007, Valérie Pécresse a promis à l'UNEF, syndicat étudiant de gauche, de proscrire la sélection : pour combattre l'échec à l'université (un étudiant sur deux échoue en première année), le ministre a même prévu de mettre en place un plan « réussite » en licence, organisant un suivi individuel des étudiants qui ne parviennent pas à suivre. En somme, on utilise les mêmes cataplasmes pour jambes de bois que dans le secondaire, avec les mêmes résultats : la massification se traduit par une chute de la valeur des diplômes.
La sélection est également bannie du recrutement des futurs professeurs du secondaire, par le biais de la « masterisation » : sous prétexte de revaloriser les carrières, Valérie Pécresse annonce que les futurs profs seront recrutés à bac + 5, par le biais de Masters, et non pas à bac + 3. Le mensonge est flagrant, puisqu'ils sont déjà tenus d'obtenir le Capes (autrement dit la licence plus un an, soit quatre ans au minimum pour les meilleurs élèves, ceux qui parviendront à l'obtenir à la première tentative) ou l'agrégation, concours élitiste qui suppose, pour s'y inscrire, d'avoir décroché une maîtrise (4 ans minimum). Une fois nanti du Capes ou de l'« agrég », l'étudiant suit encore un stage d'un an en lUFM. Si l'on compte bien, ça fait... cinq ans. Le pire est ailleurs : les programmes de l'écrit et de l'oral du nouveau Capes se traduiront par une baisse du niveau du concours. L'épreuve orale, notamment, sera organisée sur la base d'entretiens destinés à vérifier la bonne connaissance que le candidat aura du système éducatif. Il portera sur les valeurs et les exigences du service public (laïcité, égalité des chances, tolérance... ), l'ouverture au monde, les établissements scolaires, les élèves, le tout accommodé à la sauce idéologique. Rien, en revanche, concernant les savoirs qu'il sera appelé à transmettre. Est-ce tout ? Un professeur de langue évoque le manque de « diversité » parmi les lauréats des concours : abaisser le niveau pourrait y remédier...
La recherche française est-elle condamnée ?
Reste la question des enseignants-chercheurs, qui amène à en poser une autre : la recherche française est-elle condamnée à brève échéance ? Les universitaires doivent accomplir trois types de tâches : l'enseignement, la recherche et des travaux administratifs qui leur prennent de plus en plus de temps, notamment du fait de la massification de l'université. Cette inflation des tâches administratives réduit d'autant le temps consacré à la recherche. Concernant l'évaluation des enseignants-chercheurs, qui aura lieu tous les quatre ans, les universitaires redoutent de ne plus être évalués par leurs pairs, comme c'était le cas lorsque la responsabilité en revenait au Conseil national des universités (CNU), dont l'avis désormais ne sera plus que consultatif, la décision finale revenant au conseil d'administration de l'Université elle-même, qui pourrait statuer en fonction de critères matériels - autrement dit, des moyens dont elles disposent.
Jean-Pierre Nomen monde & vie. 21 février 2009. -
L'Irlande, la construction européenne et le génocide industriel de la France
Le problème irlandais est caractéristique de ce que la construction européenne a coûté et continuera à coûter à la France.
L'Irlande était un pays pauvre comparé à notre pays il y a encore trente ans. Avec la construction européenne, le PIB par tête est maintenant de 50 % supérieur à celui de la France.
L'expression « déshabiller Pierre pour habiller Paul» garde tout son sens. Les pays européens du centre (France, Allemagne, ... ) ont par leurs subventions permis à l'Irlande de faire venir des entreprises, la plupart du temps américaines. Au passage, les subventions européennes ont aussi permis aux entreprises du CAC 40 de délocaliser au détriment de l'emploi dans notre pays. L'Irlande a aussi fait venir d'autres entreprises avec un taux d'imposition sur les bénéfices de 12,5 % contre 27,5 % en moyenne dans les autres pays de la zone Euro.
Après avoir fait payer les français à notre détriment, on leur demande maintenant de renflouer l'Irlande à nouveau. Cela n'est pas trop souligné par les fanatiques de la construction européenne. On constate aussi l'hypocrisie, la vacuité et le ridicule de ceux qui condamnent en permanence le protectionnisme.
Depuis longtemps il ne consiste plus à refuser des marchandises. Il s'exprime de façon sournoise par des conditions avantageuses grâce aux taux de change pour certains, le taux d'imposition sur les sociétés ou la pratique de la désinflation compétitive comme en Allemagne. Ce qu'on appelle le libre-échange n'est que l'utilisation de tous les protectionnismes locaux. Les Irlandais n'ont ratifié le traité de Lisbonne qu'à condition de maintenir leur avantage fiscal sur les sociétés. Quant à la Grèce, elle envisage déjà de ne pas rembourser le FMI et l'Europe.
On comprend avec l'Irlande, cas qu'on peut généraliser à la Grèce, à l'Espagne, au Portugal et aux pays de la périphérie pourquoi la France avec la construction européenne connaît depuis de longues années un véritable marasme économique. Avec la mise en place de l'Euro, les produits allemands ont pu inonder les marchés français et italien. Tout ceci conjugué aux subventions pour favoriser l'implantation des entreprises aux pays de la périphérie et aux 4 PIGS*, on a assisté à la destruction systématique de notre industrie.
Le gouvernement français a accompagné toutes ces mesures sous la pression des entreprises du CAC 40 à qui cela rapporte. Il y a malheureusement une déconnexion entre la santé des grandes entreprises françaises devenues des multinationales et l'économie de notre pays, c'est-à-dire les intérêts économiques des Français vivant sur notre sol.
Face à ce désastre économique qui vient en grande partie de l'Euro, la réaction des gouvernants est de sauver l'Euro, monnaie symbole qui doit être l'horizon indépassable de toute politique.
La crise des pays qu'on appelle les PIGS* montre aussi à quel point les «miracles» économiques étaient artificiels. Leur croissance momentanée a été due à des subventions et une monnaie qui ne correspond en rien à leur économie réelle.
Tout le cadre institutionnel de la construction européenne savamment construit par une « élite» arrogante et sûre d'elle-même n'a abouti qu'au déclin de la France et même de l'Europe.
Patrice GROS-SUAUDEAU
* PIGS : Portugal, Italie, Grèce, Espagne -
La France peut-elle, à elle seule, tenir le « Sahélistan » ?
Analyse de Bernard Lugan (20 janvier 2013)
Ce n’est pas le seul Mali qui doit être sécurisé, mais tout le Sahel, ce rift racial s’étendant sur dix pays et sur lequel ont été plaqués des Etats associant artificiellement des Nord « blancs » et des Sud noirs.
L’Europe feint de ne pas voir ce qui s’y passe cependant que les Etats-Unis observent la situation de loin. Le 18 janvier Léon Panetta secrétaire américain à la Défense a ainsi déclaré que « les opérations de sécurité au Mali incombent aux puissances régionales ». Quant à l’ « aide » à l’armée française, parlons-en, puisque Washington va en effet louer à la France ces avions gros porteurs qui lui font régulièrement défaut. Léon Panetta a bien pris soin de préciser, au cas où il n’aurait pas été compris, que le « gouvernement français remboursera aux Etats-Unis les frais entraînés par ce soutien aérien ». François Hollande doit se dire qu’il est réconfortant de pouvoir compter sur de « solides » alliés…
Quant aux pays africains, pourtant les premiers concernés, ils ne se bousculent pas. De plus, les contingents que certains finiront tout de même par envoyer et qui seront équipés par la France, ont une valeur militaire « inégale ».
Dans ces conditions, et comme la France ne peut, à elle seule, s’engager dans une opération de « pacification » du sahélistan, que convient-il donc de faire et surtout, de ne pas faire ?
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Plus de 25 000 Irlandais dans la rue contre l’avortement
Dublin (Irlande). Alors que, suite au décès de Savita Halappanavar et à des pressions internationales, le Gouvernement irlandais semble décidé à légaliser l’avortement lorsque la vie de la mère est en danger, entre 25 000 et 30 000 personnes ont défilé samedi dans le cadre de la campagne Vigil for Life pour demander le statu quo. Un record historique !
200 militants « pro-choix » ont tenté, sans succès, de perturber la manifestation. Avant le rassemblement, Mgr Diarmuid Martin, l’archevêque de Dublin, avait célébré une messe pour « l’enfant dans le ventre de sa mère ».
Dans tous les pays où elle a eu lieu, la légalisation sous condition de l’avortement a entraîné sa pratique dans des circonstances qui n’étaient pas prévues au départ.
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Le socialisme contre la gauche
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Mali : une guerre peut en cacher une autre
Préparée de longue date et annoncée par François Hollande six mois à l’avance, l’intervention française au Mali a été présentée comme une décision prise en urgence en réponse à des développements dramatiques. Cette mise en scène ne vise pas seulement à s’emparer de l’or et de l’uranium maliens, elle ouvre surtout la voie à une déstabilisation de l’Algérie.
« L’appétit vient en mangeant », dit le proverbe. Après avoir recolonisé la Côte d’Ivoire et la Libye, puis tenté de s’emparer de la Syrie, la France lorgne à nouveau sur le Mali pour prendre l’Algérie à revers.
Durant l’attaque de la Libye, les Français et les Britanniques ont fait un large usage des islamistes pour combattre le pouvoir de Tripoli, les séparatistes de Cyrénaïque n’étant pas intéressés à renverser Mouammar el-Kadhafi une fois Benghazi indépendante. À la chute de la Jamahiriya, j’ai personnellement été témoin de la réception des dirigeants d’AQMI par des membres du Conseil national de transition à l’hôtel Corinthia, qui venait d’être sécurisé par un groupe britannique spécialisé venu exprès d’Irak. Il était évident que la prochaine cible du colonialisme occidental serait l’Algérie et qu’AQMI y jouerait un rôle, mais je ne voyais pas quel conflit pourrait être utilisé pour justifier une ingérence internationale.
Paris a imaginé un scénario dans lequel la guerre pénètre en Algérie par le Mali.
Peu avant la prise de Tripoli par l’OTAN, les Français parvinrent à soudoyer et à retourner des groupes Touaregs. Ils eurent le temps de les financer abondamment et de les armer, mais il était déjà bien tard pour qu’ils jouent un rôle sur le terrain. Une fois la guerre finie, ils retournèrent dans leur désert.
Les Touaregs sont un peuple nomade vivant au Sahara central et sur les bordures du Sahel, soit un vaste espace partagé entre la Libye et l’Algérie, le Mali et le Niger. S’ils ont obtenu la protection des deux premiers Etats, ils ont au contraire été délaissés par les deux derniers. Par conséquent, depuis les années 60, ils n’ont cessé de remettre en question la souveraineté du Mali et du Niger sur leurs terres. Bien logiquement, les groupes armés par la France décidèrent d’utiliser leurs armes pour faire aboutir leurs revendications au Mali. Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) prend le pouvoir dans presque tout le Nord-Mali où il habite. Cependant, un groupuscule d’islamistes touaregs, Ansar Dine, rattaché à AQMI, en profite pour imposer la charia dans quelques localités.
Le 21 mars 2012, un étrange coup d’État est perpétré au Mali. Un mystérieux « Comité pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État » (CNRDRE) renverse le président Amadou Toumani Touré et déclare vouloir restaurer l’autorité malienne au Nord du pays. Il en résulte une grande confusion, les putschistes étant incapables d’expliquer en quoi leur acte améliorera la situation. Le renversement du président est d’autant plus bizarre qu’une élection présidentielle était prévue cinq semaines plus tard et que le président sortant ne se représentait pas. Le CNRDRE est composé par des officiers formés aux États-Unis. Il empêche la tenue de l’élection et transmet le pouvoir à un des candidats, en l’occurrence le francophile Dioncounda Traore. Ce tour de passe-passe est légalisé par la CEDEAO, dont le président n’est autre qu’Alassane Ouattara, mis au pouvoir un an plus tôt par l’armée française en Côte d’Ivoire.
Le coup d’État accentue la division ethnique du pays. Les unités d’élite de l’armée malienne (formées aux USA) ayant un commandement touareg rejoignent la rébellion avec armes et bagages.
Le 10 janvier, Ansar Dine —appuyé par d’autres groupes islamistes— attaque la ville de Konna. Il quitte donc le territoire touareg pour étendre la loi islamique au Sud du Mali. Le président de transition Dioncounda Traore décrète l’état d’urgence et appelle la France au secours. Paris intervient dans les heures qui suivent pour empêcher la prise de la capitale, Bamako. Prévoyant, l’Élysée avait pré-positionné au Mali des hommes du 1er Régiment parachutiste d’infanterie de marine (« la coloniale ») et du 13e Régiment de dragons parachutistes, des hélicoptères du COS, trois Mirage 2000D, deux Mirage F-1, trois C135, un C130 Hercule et un C160 Transall.
En réalité, il est fort peu probable qu’Ansar Dine ait représenté une menace réelle, car la vraie force combattante, ce ne sont pas les islamistes, mais les nationalistes touaregs, lesquels n’ont aucune ambition au Sud du Mali.
Pour conduire son intervention militaire, la France demande l’aide de nombreux États, dont l’Algérie. Alger est piégé : accepter de collaborer avec l’ancienne puissance coloniale ou prendre le risque d’un reflux des islamistes sur son sol. Après hésitation, il accepte d’ouvrir son espace aérien au transit français. Mais en définitive, un groupe islamiste non identifié attaque un site gazier de British Petroleum au Sud de l’Algérie en accusant Alger de complicité avec Paris dans l’affaire malienne. Une centaine de personnes sont prises en otages, mais pas seulement des Algériens et des Français. Le but est manifestement d’internationaliser le conflit en le transportant en Algérie.
La technique d’ingérence française est une reprise de celle de l’administration Bush : utiliser des groupes islamistes pour créer des conflits, puis intervenir et s’installer sur place sous prétexte de résoudre les conflits. C’est pourquoi la rhétorique de François Hollande reprend celle de « la guerre au terrorisme », pourtant abandonnée à Washington. On retrouve dans ce jeu les protagonistes habituels : le Qatar a pris des parts dans de grandes sociétés françaises installées au Mali, et l’émir d’Ansar Dine est proche de l’Arabie saoudite.
Le pyromane-pompier est aussi un apprenti sorcier. La France a décidé de renforcer son dispositif anti-terroriste, le plan Vigipirate. Paris ne craint pas une action des islamistes maliens sur le sol français, mais le reflux des jihadistes de Syrie. En effet, durant deux ans, la DCRI a favorisé le recrutement de jeunes musulmans français pour se battre avec l’ASL contre l’État syrien. Du fait de la débandade de l’ASL, ces jihadistes reviennent actuellement au pays natal où ils pourraient être tentés, par solidarité avec Ansar Dine, d’utiliser les techniques terroristes qu’on leur a appris en Syrie.
Source : Al-Watan (Syrie)
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Numéro 146 d’”Elements” : “Pacte budgétaire européen : le coup d’Etat”
PARIS (NOVOpress) - Le numéro 146 d’Eléments vient de sortir. Le dossier de ce dernier numéro : “Pacte budgétaire européen : le coup d’Etat”. Dans son éditorial, Robert de Herte indique notamment : « Depuis un demi-siècle, l’osmose idéologique de la droite financière et de la gauche multiculturelle s’est employée, sous couvert de “modernisation” émancipatrice, à faire confluer libéralisme économique et libéralisme sociétal, système du marché et culture marginale. »
Au sommaire de ce numéro :
Éditorial
« La fin du monde a bien eu lieu »,Forum
L’entretien d’Éléments
Jean Soler, Maintenir vivant le modèle de la Grèce ancienneCartouches
L’actualité des idées, des sciences,
du cinéma, des arts et des lettres
Polar / La chronique littéraire
Philosophie, Histoire, Économie
SciencesLe combat des idées
Manifeste pour un roman noir totalÀ mort Manchette !
Le mystère Pierre Siniac
Le western zapatiste
Django
Raymond Macherot, l’embellisseur
André Boniface contre les milliardaires du rugby
Eric Werner : le début de la fin
Physique quantique
Salvador Dali
Dossier
Pacte budgétaire européen : la fin de la souverainetéCrise financière : où en est-on ?
Petite généalogie du Pacte budgétaire européen
Le mythe des marchés efficients