Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 28

  • Rébellion #56 - Edito: Réflexion en écho à celle d'un philosophe transalpin

    Vers la communauté humaine. Réflexion en écho à celle d'un philosophe transalpin.

    "L'être humain est la véritable communauté [Gemeinwesen] de l'homme."Karl Marx.

    La récente parution en français du livre de Costanzo Preve, "Eloge du communautarisme" (1) publié en Italie en 2007, vient opportunément rappeler ce qu'il en est de l'enjeu majeur de la période contemporaine, celui de la sortie possible du capitalisme, devenu "CapitalismeAbsolu" adossé à l'idéologie ultra-libérale et dont la pérennisation mettrait à mal - à plus ou moins long terme - la richesse des potentialités de l'espèce humaine dans un monde totalement manipulé. On ne s'étonnera pas du fait que l'éloge entrepris par le philosophe italien converge avec l'orientation communautaire que nous défendons depuis tant d'années et qu'il nous donne ici l'occasion d'y revenir. Cet effort théorique d'éclaircissement en vue d'une orientation critique dans la lutte contre le Capitalisme Absolu devrait devenir le trésor commun de tous ceux voulant se mettre en marche vers la réalisation d'une authentique communauté humaine. Notons quelques axes de pensée importants à cet égard.

    I) Le capitalisme se trouve dans l'incapacité de réaliser une communauté quelconque. Sur ce point, l'auteur est en désaccord avec Jacques Camatte de la revue Invariance paraissant en France depuis la fin des années soixante. Ce dernier a estimé que le capital a pu s'ériger en communauté despotique, l'Unique autoréférentiel, par un processus d'anthropomorphose ("anthropomorphose du capital"). Il est en quelque sorte la Substance devenu Sujet du Hegel de la Phénoménologie de l'Esprit, le mouvement de la valeur s'engendrant d'elle-même, subsumant le mouvement social, dans une mystification bien réelle et agissante. Les individus ne sont plus alors que des particules attirés dans le champ social du capital. Nous serons d'accord sur le fait qu'il n'y a là qu'une parodie d'un processus d'universalisation humaine. Le problème est en effet central : comment concilier communauté particulière et universalité? Dans son universalisation de la forme-marchandise, le capitalisme produit à l'heure actuelle des pseudo-communautés, y compris totalement virtuelles par le biais de la médiasphère. La perte, l'aliénation de l'individualité humaine sont compensées en apparence par la formation et la quête d'identités phantasmées (omnipotence imaginaire des individus, leur impuissance concrète). Se trouve ainsi éradiquée toute initiative efficace de reprendre son existence en mains (par la force du lien social). Si l'on entend par communauté, la possibilité d'expression/manifestation/ /objectivation de l'homme en tant qu'être générique (produisant des formes diverses sociales du travail et des formes communautaires d'existence sociale multiples) alors, effectivement, la "communauté du capital" ne saurait faire sens, ne serait qu'une parodie de communauté puisque la source et les résultats de l'activité humaine lui échappent, se retournent contre elle sous la forme de "la communauté réelle de l'argent" (Marx). Marx peut employer ici cette expression car l'argent est l'existence réifiée de toutes les qualités humaines. Ce qui est commun dans leur abstraction quantitative et de ce fait manipulable. Le lien social est en-dehors d'elles, dans un objet ou ce qui lui sert de signe monétaire. Retenons donc que le capital ne saurait faire communauté.

    II) L'éloge du communautarisme ne peut faire l'impasse d'une critique de certaines interprétations de celui-ci.

    a) D'abord, est-il un substitut pertinent au terme de communisme, et que nous devrions utiliser? Oui et non, pensons-nous. Oui, parce qu'il permet de prendre ses distances à l'égard de certaines expériences historiques qui n'ont pas échoué, comme le remarque Preve, mais n'ont que trop bien réussi! C'est-à-dire, qui ont mené à bien la vision néopositiviste et scientiste qu'était devenu le marxisme de la fin du 19° siècle et dont avait hérité, en particulier, le marxisme soviétique dans sa forme historique récemment disparue. Cela permet à un marxisme vivant (ou théorie marxienne?) de s'appliquer à lui-même sa charge critique (ce qui est, pour le moins, ce que l'on doit attendre d'une pensée dialectique). Non, dans une certaine mesure à notre avis, car il ne signifie pas autre chose que ce que Marx a toujours pensé sous le terme de communisme comme étant l'équivalent de la réalisation de la communauté humaine. Le vieil Engels, lui-même, rappelant que les deux compères avaient depuis leur jeunesse utilisé le terme allemand ancestral de "Gemeinwesen" pour signifier ce qui appartient en propre à l'essence des hommes. Puisque nous rejetons intégralement la dynamique du capital sous toutes ses formes, nous pouvons alors nous qualifier de communistes ou communautaristes, indifféremment. Le terme de communaliste serait également adéquat dans cette optique.

    b) Ensuite, le communautariste pense de façon rigoureuse le rapport individu/communauté. Les deux sont complémentaires. En fait, seule la véritable communauté donne tout son poids à l'individualité. Elle en est même la condition sine qua non. L'universalisme de Costanzo Preve n'est pas à la remorque du globalisme marchand. Celui-ci ne fait que briser les derniers vestiges de ce qui restait des communautés traditionnelles déjà fort mises à mal par le monde moderne. Ce qu'il y a d'universel en l'homme, c'est en premier lieu une aspiration utopique ancienne et enracinée de l'espèce humaine et que l'auteur revendique explicitement. Elle est un rêve (pas un délire) d'une hominisation/humanisation en quête d'harmonie. Elle a, par ailleurs, sa forme concrète dans une pratique et une aspiration à la démocratie réelle inhérentes à la nature humaine dans la mesure où l'être humain possède le logos (raison et parole) qui ne le fige pas dans une universalité muette de type instinctuel.

    c) La praxis libérée de l'aliénation capitaliste ne saurait déboucher sur la création de formes de communauté figée sur une identité plus ou moins supposée et fixée de toute éternité. Pour être simple et à titre d'exemples, ce n'est pas parce que le capitalisme dans son appétit insatiable de consommation de capital variable prône à cet effet, le "multiculturalisme" et l'antiracisme de salon, qu'il est nécessaire de lui opposer un racisme plus ou moins assumé. Les deux participent de la construction du monde tel qu'il est. Dans un monde uniformisé, il est bon de protéger son individualité mais celle-ci ne s'exprimera guère qu'au sein de limites très étroites débouchant parfois sur des bizarreries et lubies diverses. De même, un "communisme de caserne" reste fondamentalement irrationnel quant aux perspectives d'épanouissement humain. Ces quelques illustrations témoignent d'oppositions mécaniques entre individu/communauté, identité/altérité, pérennité/processus, substance/devenir, égalité/différence, qu'il faut au contraire dialectiser.

    III) Qu'est-ce qui garantit la véracité d'une telle orientation communautariste sachant que le relativisme, le scepticisme et le nihilisme minent les fondements de la pensée occidentale au moins depuis l'accession du capitalisme à sa domination? Costenzo Preve a le mérite de reconduire la question de la pertinence des idées au socle de la pratique sociale : "la notion abstraite de 'vérité' ne naît pas en tant qu'approximation scientifique procédant d'une compréhension toujours meilleure d'un monde extérieur donné comme préexistant, mais plutôt comme réduplication de la communauté sociale matérielle dans une communauté idéale de faits et de valeurs partagées." (2). Ainsi est dépassée l'aporie de l'opposition matière/esprit et de son complément gnoséologique (3) de la théorie du reflet idéel de la matière extérieure à la conscience ayant fait couler beaucoup d'encre. La conscience est celle de l'être social vivant et de son déchirement dans l'aliénation du processus social jusqu'à son stade contemporain de la manipulation universelle. C'est l'occasion pour l'auteur de réévaluer à cette aune l'histoire de la philosophie occidentale en mettant l'accent sur les moments de prise de conscience des ruptures au sein de la vie communautaire et des moyens de les penser et d'y remédier, notamment chez les trois grandes figures que sont Aristote, Hegel et Marx. Ce sont des philosophes ayant mis l'accent sur les nécessaires médiations productrices de lien social s'opposant au mouvement d'autonomisation/ domination de la valeur. Le triomphe de l'Economie au détriment de la vie communautaire n'est pas une loi naturelle dont la justification par le règne universel des droits de l'Homme serait l'expression idéelle et incontestable. "La tradition philosophique occidentale, comme d'autres, naît en tant que réflexion sur la nature de la vérité sociale, une fois que cette vérité est mise en péril par l'avènement d'un non-sens qui est toujours et en toute chose un non-sens communautaire." (4). Le philosophe turinois se fait ici l'écho, nous semble-t-il, du philosophe napolitain du début du 18° siècle, G. Vico qui écrivait : "Le criterium du vrai, et la règle pour le reconnaître, c'est de l'avoir fait."De l'Antique sagesse de l'Italie. Chap I. Seul, le recours à l'essence de la vie communautaire dans ses possibilités, donne sens aux propositions les plus fondamentales. Il y a toujours au sein de la réalité quelque chose qui existe "en puissance" comme l'avait théorisé Aristote et que la désaliénation sociale traduirait "en acte".

    IV) Ces possibilités authentiquement humaines et potentiellement explosives pour le règne du Capital existent bel et bien et sont ce contre quoi celui-ci s'acharne pour en faire disparaître jusqu'au souvenir et/ou les pervertir (aliénation/réification des passions humaines en particulier). "Le Capital doit travailler sur les deux plans de la rationalité et de la socialité humaine de l'homme, qui sont inextirpables, mais aussi manipulables." (5). Rationalité instrumentalisable, purement technicienne et gestionnaire contre rationalité philosophique. Communautés de substitution (pseudo identités sectorielles) contre "souveraineté communautaire" incompatible avec le monothéisme de marché. Costanzo Preve défend alors une "redéfinition universaliste et progressive du communautarisme" (Chap. VI. p 209 à 240). "L'universalisme philosophique représente tout simplement pour moi l'extension physiologique et géo-philosophique de l'idée de vérité communautaire à celle d'une unique communauté mondiale. La 'vérité' du moment communautaire consiste en ce que l'individu a besoin d'une médiation concrète qui soit en état de relier son irréductible singularité à l'universalité abstraite de l'humanité pensée de façon planétaire." (6). Aux antipodes de l'idée de téléologie objective dirigeant l'ensemble du processus historique de l'humanité de façon nécessaire, il faut plutôt penser que la caractéristique de l'homme comme être social, générique, produit le mouvement plus ou moins irrégulier et non linéaire sur le chemin conduisant à l'unité au sein de l'espèce humaine. Ce que l'on peut appeler un processus d'universalisation. L'homme entre de plus en plus en relation par ses multiples productions/extériorisations objectives avec l'ensemble des autres hommes. En ce sens sa socialité s'élargit. Mais le Capital dresse des barrières aliénantes en travers de celle-ci. Il s'enferme dans un cycle de reproduction extensive et intensive de la domination de l'Economie sur l'activité sociale. Sa globalisation est donc destructrice du lien communautaire et de toute médiation donnant sens au rapport individu/communauté. Inversement, c'est grâce à diverses médiations culturelles, politiques, etc. que l'individu peut prendre part à la dimension universelle de l'espèce humaine. Le cosmopolitisme ultra-libéral ne met en relation que des individus mûs par le cycle production/consommation de marchandises et de sa représentation spectaculaire. Ce n'est que dans la lutte contre l'universalisation du règne despotique de la valeur et de la marchandise que les hommes constitués en groupes, communautés agissants, retrouveront le chemin de leur hominisation/humanisation enracinée et du libre développement de l'individualité.

    Rébellion  http://cerclenonconforme.hautetfort.com

    NOTES :

    1) Ed. Krisis. Traduit et présenté par Yves Branca. Préface de Michel Maffesoli. Sept.2012. 267p. 23 euros.

    2) Ibidem. p. 95.

    3) Gnoséologie : théorie de la connaissance.

    4) Ibidem. p.97.

    5) Ibidem. p.215.

    6) Ibidem. p.240.

  • [Tribune libre] Homme providentiel et « Sujets d’actualité »…

    Chaque élection présidentielle est l’occasion pour les Français et électeurs que nous sommes d’imaginer, d’idéaliser le meilleur Président, le meilleur chef, mieux, l’Homme providentiel qu’il nous faudrait pour gouverner la France.

    Tout compte dans ce choix, les Français sont sensibles à tout, mais, car il y a un mais dans ce choix : On ne peut pas tout dire !

    Il va falloir faire ce choix, mais en dissimulant un grand nombre de raisons profondes. Il faut impérativement respecter le « Politiquement correct ». Et donc, comme l’on n’osera éliminer personne pour les vraies bonnes raisons, on se retrouvera finalement à choisir entre des candidats partiellement identiques, voire rigoureusement semblables.

    Peut-on rêver autre chose ? Et, si nous laissions ici s’exprimer un point de vue différent, sans doute totalement iconoclaste, utopique et certainement : « Politiquement très incorrect ».

    Allons-y, je me lance ! Mon « Homme providentiel », je l’aimerais élu au suffrage universel, un Président qui fasse l’unanimité chez tous les Français, appelé aux plus hautes fonctions par l’ensemble du pays, et disposant d’un socle significatif d’électeurs, au minimum 65% des suffrages, en dessous de cette barre, il ne saurait accepter ! Elu, pour une période suffisamment longue pour être efficace et lui permettre de s’exprimer dans la durée, un CDI en quelque sorte !

    Et comme je peux m’exprimer ici sans gène ni tabou, je le choisirai issu d’une famille ancienne, représentative de la « France profonde » (que souvent l’on brocarde).

    Je ne choisirais pas d’ailleurs que le Président, je prendrai en compte sa famille (ce que beaucoup font dans le secret de l’isoloir). Je préfère choisir une famille, (le Président, son épouse, ses enfants…) Je me sentirais mieux représenté par quelqu’un auquel je pourrais m’identifier ; et qu’y a-t-il de plus représentatif que la famille ? Tout y est, les joies, les peines, les réussites, les échecs, les problèmes de toutes sortes, en trois mots : la mort, la vie, l’amour ! La famille, cellule de base, base de tout ! L’ensemble des familles de France forment le Pays ! Le chef de famille détient l’autorité parentale et le chef de famille suprême, qui détiendrait toute autorité, pourrait être ce Président que j’appelle de mes vœux.

    Encore un tabou à renverser… Je le choisirais chrétien ! Parce que c’est la tradition religieuse et historique de notre pays, ne pas admettre que la France est une terre chrétienne est non seulement une ridicule contre-vérité, mais bien pire, une option suicidaire !

    Gauche, Droite, grande question qui divise les Français à parts égales, puisque les résultats des élections se situent grosso modo à 51% pour le grand gagnant, contre 49% pour le grand perdant terrassé par le parti adverse… Eh bien moi, je verrais bien le Président au dessus de la mêlée, non inféodé à une coterie, s’entourer sur sa gauche comme sur sa droite, (Père gardez-vous à droite, Père gardez-vous à gauche…) de conseillers des deux camps, y compris jusqu’aux… extrémités puisqu’elles existent.

    De telle sorte, que si l’on se réfère à la règle des 51/49%, on se retrouverait à 100% du corps électoral représenté ! A ce Président, je donnerai tous les pouvoirs ! Oui, je lui donnerais tous les pouvoirs, les mêmes qu’au chef de famille, avec l’autorité parentale.

    Alors, me direz-vous, vous considérez les Français comme des mineurs non émancipés de la tutelle parentale !

    Certes non, les Français ont leur mot à dire concernant leur avenir et la conduite du paquebot France, mais doit-on les consulter sur tout ? Devions-nous faire l’Europe dans sa forme actuelle ? Devions-nous faire l’Euro, ou pas ? Est-ce au peuple de décider s’il faut ou non ratifier tel ou tel traité ?

    Je pense que nous pourrions laisser le Président, en son conseil, décider de ces choses là en lui faisant confiance, puisque nous l’aurions investi.

    Oui, je souhaite un Président, chef de tout, décideur de tout, et surtout : responsable de tout. Il me semble qu’aujourd’hui, dame responsabilité a disparu !

    La responsabilité s’est diluée, l’on cherche des responsables à tous les aléas de la vie, et la responsabilité n’est plus de mise ! Dans la réalité, plus personne n’est responsable de rien, c’est de la faute à la Crise, au Chômage, à l’évolution des mœurs, au réchauffement climatique…etc., etc. Et moi, en ces temps de crise, sujet à la déprime ambiante, j’ai besoin d’être estimé, soutenu, protégé par un Président responsable de moi, j’aime à savoir que je compte pour lui…

    Un Président paternel, responsable, débonnaire, mais détenteur de toute autorité, un Président à l’écoute, entouré, conseillé, en fait un « Homme Providentiel » semblable à un Bon Roi des temps anciens, du temps de la Douce France. Peut-être pourrions-nous le chercher ? Peut-être pourrions-nous le trouver ?

    Et à force de chercher, j’ai fini par le trouver… Qui cherche, trouve ! Je l’ai trouvé ! Et voici son portrait : De bonne famille, de vieille famille, c’est essentiel. Sa famille a tout vécu, tout connu, elle a brillé comme le soleil, partagé l’infamie des condamnés à mort, elle a été bannie de France, traversé l’exil, affronté l’anonymat et l’oubli. Elle a connu l’évolution, la révolution, la restauration et maintenant la discrétion, elle a payé un lourd tribut à la France et néanmoins, elle a traversé les âges et peut nous offrir aujourd’hui ses meilleurs fils pour incarner et gouverner la France. D’âge mûr, car on ne saurait confier la barre du paquebot France à un trop jeune capitaine, né en 987 cela lui fait 1025 ans aujourd’hui, c’est raisonnable ! Préparé depuis l’enfance, trempé par les épreuves, amoureusement accompagné et prêt à servir depuis toujours ; c’est bien sûr à un Roi que je pense ! Mais comment diable convaincre les Français que ce serait la solution ?

    C’est bien en cherchant le visage du Président idéal que s’est dessiné le portrait robot du Roi. Mais de quel Roi voudraient les Français d’aujourd’hui ? Disons le tout de suite, s’il devait s’agir d’un Roi inutile, folklorique, une sorte de roi fainéant ; aucune chance de les convaincre !

    Le Roi qui pourrait se faire aimer des Français aujourd’hui sera responsable, responsable de la France, responsable des Français.

    Un Roi qui ne représenterait en rien le passé ! Un Roi d’avenir ! Patron de la Maison France, seul maître à bord après Dieu !

    Un Roi semblable à une rose des vents, la tête dans les étoiles, les yeux fixés sur le ciel et l’étoile polaire, pour garder le bon cap et ne pas perdre le Nord…

    Les pieds enracinés dans le Sud, le ventre de la terre, le pays réel, la terre de nos ancêtres !

    Un Roi ambidextre, les bras grands ouverts, accueillants l’Est et l’Ouest, la droite et la gauche, et sans céder aux chants des sirènes des uns et des autres…

    Un sacré Roi, un Roi sacré, de droit divin, un Roi très chrétien, garant de la charité chrétienne dans le royaume et du respect et de la protection dû à chacun, un Roi qui ramènerait la fierté aux Français !

    En fait, soyons en convaincus, les Français n’attendent que ça : un vrai patron ! Certes, absolu, héréditaire, quelle hérésie, comment peut-on oser tenir de tels propos en 2013 ? Mais décryptons un peu pour les esprits chagrins : Absolu, c’est (en 2013 et en France) qui décide en dernier, qui ratifie, après étude, conseils et consultations éclairées. Ce pourrait être obtenir l’unanimité avant décision…autoritaire. Héréditaire, c’est assimiler le Pouvoir à la famille, c’est se doter d’une famille représentative, c’est prendre pour norme la famille, cellule de base de la société.

    Ce ne serait pas si étrange et incongru, et si les Français acceptaient simplement d’en débattre ? Quel serait l’accueil que réserveraient les Français si l’on osait leur parler ainsi ? Serions-nous capable d’oser dire par voie de presse, télévision et tous les médias à notre disposition aujourd’hui : Nous avons cherché l’homme providentiel qui pourrait nous guider dans ces moments difficiles. Nous l’avons trouvé, et voici qui il pourrait être !

    Et, comme les sept cavaliers, il n’attend rien, n’espère rien, et se garde bien d’imaginer [Sic]* …simplement, il est là ! Peu de Français le connaissent, et ceux qui en ont entendu parler sont convaincus que la réalité d’une monarchie moderne n’est pas d’actualité, en Angleterre peut-être, pas chez nous !

    C’est cette idée que nous devons combattre, et repousser ce modèle de monarchie constitutionnelle qui n’a aucun espoir chez nous : un Roi décoratif, folklorique et coûteux…

    Il nous faut avoir le courage de bousculer les tabous, et oser affirmer que c’est un patron compétent et efficace que nous cherchons. Un patron qui puisse œuvrer dans la durée, un patron qui construise pour lui et sa famille, ses familles, c’est-à-dire nous !

    C’est là qu’est la modernité, un vrai patron pour la France, pas un intérimaire titulaire d’un contrat à durée déterminée ; et encore moins d’un Roi constitutionnel, qui ne serait que décoratif.

    Dans les souvenirs des Français, il y a toujours vivace l’image d’un Saint Louis rendant la justice sous son chêne, celle d’Henri IV, qui se préoccupe du repas dominical, celle flamboyante de Louis XIV, d’autres aussi très certainement, et c’est chaque fois quelqu’un de très près de son peuple ou si resplendissant qu’il nous emplit de fierté.

    La monarchie n’est pas une idée dépassée, bien au contraire, mais elle est enfouie dans notre subconscient, rejetée, repoussée comme une fascination malsaine et inavouable. Comme pour une psychanalyse, il faut faire remonter à la surface ses désirs profonds, mais tout nous en empêche, c’est au mieux désuet, ridicule et complètement archaïque.

    Mais la réalité est bien là, les Français ont le besoin charnel d’aimer leur dirigeant, ils le cherchent à travers leur Président, mais sont toujours déçus par tous ceux qui ne représentent qu’une grosse moitié d’entre eux. Ils seraient heureux et fiers de pouvoir aimer leur Président et leur Première Dame…mais n’y arrivent point ! Alors ils rêvent avec les princesses anglaises et se saturent de royales images venues de Grande Bretagne ou de la Principauté de Monaco.

    Il suffirait de peu de choses, le besoin est là, l’envie est grande, il ne manque que le déclic pour enclencher la libération de ces émotions refoulées et laisser cours à ces élans du cœur.

    Les Français oseraient aimer leur Famille Royale s’ils la connaissaient mieux. C’est un pari à tenter, car actuellement, nous avons en circuit fermé nos propres médias royalistes, à destination des royalistes, et nous ne sommes pas toujours d’accord entre nous !...

    Il faut sortir de notre microcosme et aller à la rencontre des Français, non pas à travers des conférences pour des (déjà) convaincus, mais descendre dans l’arène et se colleter aux réalités du terroir. Il faut aussi faire vite, car si la période n’a jamais été aussi propice, il y a déjà du monde sur ce créneau, nous ne sommes pas les seuls à œuvrer pour le Roi, d’autres ont le leur également, et il ne faudrait pas que pour une querelle de personnes nous ne décrédibilisions notre cause.

    Il faut surtout se convaincre soi même que le besoin d’amour royal est immense, il ne demande qu’à s’exprimer, ensuite il faut prendre son bâton de Piéton du Roi, dire la bonne nouvelle, faire des disciples.

    Laissons les armes aux citoyens de 89 et les querelles intestines dépassées, et redevenons de bons et fidèles sujets d’actualité de 2013. Guy Adain

    *Jean Raspail

    http://www.actionfrancaise.net

  • Mali : Réalités géopolitiques vues par Aymeric Chauprade (1ère partie)

    L’intervention du Mali, comme toutes les interventions occidentales depuis la fin de la Guerre froide (de l’Irak jusqu’à la Libye en passant par l’ingérence en Syrie) ne saurait être analysée de manière angélique, sous prétexte qu’elle serait une opération française. Inversement, elle ne saurait être assimilée à toutes les autres opérations parce qu’elle admet en effet ses propres déterminants.

    La guerre au Mali est la confrontation d’une multiplicité d’acteurs :

    1. l’État central malien (Bamako)
    2. les Touaregs indépendantistes de l’Azawad
    3. les groupes jihadistes
    4. l’État français et sa compagnie pétrolière Total (qui est certes une multinationale sur le plan capitalistique mais dont l’action politique reste coordonnée à celle de la France),
    5. l’État algérien avec d’une part son État profond (le puissant DRS, la sécurité militaire, coeur du régime) d’autre part sa société pétrolière étatique Sonatrach
    6. les États-Unis d’Amérique et leur État profond (composé d’éléments de la CIA, du Pentagone, de l’armée)
    7. l’État qatarien et ses intérêts pétroliers et gaziers
    8. deux États voisins, la Mauritanie et la Libye qui ont toujours joué un rôle crucial dans la question touareg.

    Ce sont là les principaux protagonistes de l’affaire malienne. Au second plan, d’autres acteurs chargés d’apporter aux acteurs de premier plan une légitimité en terme de droit international : les autres États africains (la CEDEAO), l’Union européenne…

    Voyons les intérêts et les motivations des premiers rôles qui s’affrontent sur la scène malienne, et pas forcément de manière visible.

    Cette analyse étant longue, j’ai décidé de la découper en deux parties. La première partie tentera d’y voir clair sur les motivations de l’État malien, des Touaregs indépendantistes et des groupes islamistes.

    La seconde partie abordera la question complexe des enjeux pétroliers et gaziers dans la zone (avec notamment les intérêts pétroliers français, qataris et algériens).

    Nous pourrons alors proposer une lecture de la crise qui s’articulera autour d’un bras de fer entre Paris, Alger et Doha pour l’essentiel, avec bien entendu aussi les États-Unis en « embuscade » et qui montrera, une fois de plus, que le terrorisme islamiste est largement instrumentalisé pour consolider ou restaurer les intérêts des principaux acteurs.

    1) L’État malien

    Afin de présenter l’État malien dans ses caractéristiques géopolitiques je m’appuie sur l’article « Mali » du Dictionnaire de géopolitique (Chauprade/ Thual) lequel date de 1999 dans sa deuxième édition. L’exercice consistant à revenir à ses anciens textes est peu pratiqué en France, et pour cause : s’il l’était, il abîmerait fortement la légitimité de la quasi-totalité de nos commentateurs médiatiques, surtout Olivier Roy, le génial visionnaire de la « fin de l’islam politique » (titre de son essai de 1992) lequel fanfaronnait encore sur les plateaux au début des printemps arabes, en 2011, en expliquant que sa thèse de la disparition de l’islamisme était la bonne et que la masse arabe ne rêvait que de démocratie occidentale… Cela fait penser à Francis Fukuyama s’excusant que la Fin de l’Histoire soit autant retardée depuis 1990 et nous demandant de patienter encore un peu (pour avoir raison)…

    La réalité, qu’elle nous plaise ou non, est qu’une partie importante des Arabes (mais pas forcément majoritaire) veut refonder la politique de leur pays sur les bases de l’islam politique tout simplement parce qu’elle refuse le mouvement global d’occidentalisation des valeurs; et que par ailleurs il convient, par simple honnêteté intellectuelle (et même si à titre personnel nous n’avons aucune sympathie particulière pour ce type de mouvance) de distinguer l’action terroriste jihadique et les partis politiques islamistes (type Frères musulmans). Si nous ne le faisons pas, nous ne comprendrons jamais pourquoi certains États peuvent avoir intérêt à créer des groupes ultra-radicaux se revendiquant de l’islam dans le seul but de décrédibiliser la masse d’un islam politique que je ne qualifierais pas de modéré (parce que cela ne veut rien dire) mais qui pour autant n’emploie pas forcément la violence terroriste comme moyen d’action politique.

    Fermons la parenthèse.

    Cet article « Mali » du Dictionnaire de géopolitique permet de rappeler deux idées essentielles :

    - premièrement la trace de l’action coloniale au Mali : les soldats français de l’opération « Serval » disposent en effet comme référence des « grands anciens de la colonisation » et d’une littérature militaire coloniale de qualité.

    - deuxièmement la coupure raciale qui caractérise le Mali.

    ” Le territoire du Mali correspond à l’ancien Soudan de l’Afrique occidentale française (A.O.F.). Ce territoire avait été conquis au XIXe siècle (Faidherbe puis Gallieni, 1880-1895) dans le cadre de la course au Niger menée par les autorités coloniales françaises (…). Sa base territoriale est formée par le bassin du Haut Niger et la boucle du fleuve Niger. Le territoire a subi de nombreuses mutations, à commencer par l’incorporation temporaire de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso) qui sera de nouveau détachée en 1919, puis la rétrocession à la Mauritanie de territoires du Nord-Ouest.

    À l’indépendance en 1958, le Soudan devenu Mali (du nom d’un prestigieux empire mandingue au XIVe siècle) fusionna un temps avec le Sénégal.

    Le Mali est formé d’une partie sahélienne et d’une partie saharienne qui s’articulent sur un bassin fluvial autour duquel irradient d’anciennes routes commerciales. Cette division géographique est aussi à l’origine de la division géopolitique du pays entre une masse de populations négro-africaines sédentarisées et une minorité de nomades qui vivent au Nord et qui occupent une grande superficie. Ces nomades, Touaregs ou Maures, sont entrés en rébellion dans les années 1990. Plusieurs mouvements se sont créés qui ont tous un but commun : la création de l’Azawad. En dépit des différentes tentatives de règlement, la césure sociale et ethnique demeure profonde. Elle s’insère dans les conflits qui secouent la bande sahélienne, de la Mauritanie au Tchad. Les différents mouvements en faveur de la libération de l’Azawad bénéficient du soutien discret de la Libye ou de la Mauritanie (…)

    La parcellisation des mouvements de libération de l’Azawad ne doit pas masquer la profondeur de leur opposition au gouvernement central. La faiblesse de l’unité intérieure du Mali constitue sans doute la caractéristique géopolitique majeure de ce pays” .

    13 ans après que ces lignes aient été écrites, et donc en janvier 2012, revenant de Libye après la chute de Kadhafi (avec lequel ils étaient alliés), les Touaregs du MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) défont l’armée malienne et proclament l’indépendance de l’Azawad. Mais la lutte séparatiste ancienne menée par le MNLA est très vite débordée par une autre lutte, celle du jihad (lutte qui, en Afrique occidentale, n’a rien de nouveau, bien au contraire : je renvoie à ce propos à mon ouvrage Géopolitique, Constantes et changements dans l’histoire, Ellipses, 2007, p314 à 325 : l’islamisation de l’Afrique noire).

    Trois groupes principaux mènent ce jihad dans la région : Ansar Dine fondé par un leader historique du mouvement touareg, passé à la lutte islamiste ; le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest – MUJAO – et enfin Al Qaïda au Maghreb islamique – AQMI groupe historiquement beaucoup plus algérien puisqu’il est l’héritier du GSPC lui-même héritier des GIA de la guerre civile algérienne.

    Début avril 2012, le MNLA et ces groupes islamistes prennent le contrôle des capitales des 3 régions du Nord-Mali : Kidal, Gao et Tombouctou. Le 6 avril, le MNLA proclame l’indépendance de l’Azawad, ce qui était son but historique. Mais voilà que ce qui était prévisible se produit : l’islamisme submerge le nationalisme touareg, d’autant que le premier est susceptible de trouver bien davantage de soutiens extérieurs que le second. Fin juin 2012, le trio AQMI/MUJAO/Ansar Dine écrase le MNLA à Gao puis à Tombouctou. Commence la triste destruction de mausolées de saints musulmans à Tombouctou (représailles à la décision de l’Unesco de classer la ville patrimoine mondial en péril).

    Mais revenons à Bamako. Le but premier de l’État malien est de reprendre le contrôle du Nord et de se venger des Touaregs en s’appuyant sur la puissance française. C’est évidemment un but politiquement dangereux pour la France.

    Pour Paris, chasser les groupes islamistes du Nord du Mali ne doit pas pour autant déboucher sur une épuration ethnique anti-Touareg. À mesure que l’armée française va s’approcher de ses objectifs (faire reculer son ennemi) elle va se rendre compte que l’armée malienne qu’elle traîne dans son sillage s’emploiera à se venger sur les populations touaregs et cela risque de devenir un vrai problème à gérer pour Paris.

    Incapable militairement de résister face aux guerriers du désert, l’armée négro-africaine malienne, même aidée par d’autres troupes noires (CEDEAO) se trouve dans l’incapacité de restaurer l’unité du Mali (unité ô combien artificielle, comme nous l’avons vu auparavant) sans l’action militaire de la France.

    2) Les Touaregs indépendantistes du MNLA

    Les Touaregs sont 1,5 millions de nomades du Sahara (origine berbère mais métissage avec des Noirs et des Arabes) vivant sur plus de 2 millions de km2 (Niger, Mali, Algérie, Libye, Burkina Faso), souvent en marge de leur État d’appartenance.

    Au Mali, dans la région de l’Azawad, ils seraient environ 500 000 sur une population de malienne de 6 millions (au Niger les Touaregs sont 850 000 sur une population quasiment identique à celle du Mali soit 16 millions). Ce qui revient à souligner qu’une minorité d’un demi-million est en train d’écraser l’armée représentant la sécurité et les intérêts de 15,5 millions de citoyens maliens noirs ! Qui pourra contester à la France qu’elle se bat bien aux côtés de l’écrasante majorité de la population, laquelle, et c’est un fait établi et difficilement contestable, est attachée à son islam trempé de traditions africaines et refuse le modèle salafiste importé ?

    Affirmer cela ne signifie pas pour autant nier ou cacher le fait que la France a ses propres intérêts. Hollande dit que la France ne défend pas d’intérêt au Mali, c’est évidemment une plaisanterie (dictée par la sacro-saint principe d’hypocrisie droits-de-l’hommiste), plaisanterie sur laquelle nous reviendrons. Bien au contraire, je serais tenté de dire, de manière un peu provocante, que cela fait bien longtemps que la France mène une guerre pour ses intérêts propres et non pour des profits américains.

    La France a le droit d’avoir ses intérêts, comme n’importe quel autre État, et de les défendre, du moment que la défense de ses intérêts reste compatible avec la volonté majoritaire des populations concernées et que nous ne sommes pas en train de tout détruire pour nous emparer du pétrole, comme les Américains l’ont fait en Irak en 2003 et comme nous tentons malheureusement de le faire en Syrie, aux côtés des Américains, des Anglais et des Qataris.

    Dans le passé les Touaregs étaient loin d’avoir une position défavorable. Avant la colonisation française, ils étaient même les seuls, avec les Ethiopiens, à disposer de leur propre écriture et ils contrôlaient le commerce caravanier et d’immenses troupeaux. Avant la colonisation française – je renvoie encore à Géopolitique, constantes et changements dans l’Histoire ouvrage dans lequel j’analyse les mécanismes par lesquels la colonisation a abouti à l’inversion des rapports de force entre les ethnies traditionnellement dominantes et celles qui étaient dominées-, ce sont les Touaregs qui razziaient les Noirs d’Afrique et les Maliens redécouvrent aujourd’hui cette vérité. La vérité est que la colonisation a souvent été un cadre pacificateur (on parlait d’ailleurs de pacification) et protecteur pour les ethnies dominées d’Afrique noire. Elle a en revanche été une catastrophe et une perte de puissance pour les ethnies anciennement dominantes. En refusant, par exemple, l’école française de la colonisation, les Touaregs ont créé eux-mêmes, au moment des indépendances, les conditions de leur marginalisation au profit des Noirs.

    Lorsque s’effondre ce cadre de la Guerre froide qui avait gelé tant de conflits identitaires dans les États, les Touaregs relèvent la tête et entrent en rébellion au Niger et au Mali. Finalement en 2009, des accords de paix aboutissent théoriquement à un décentralisation des régions touaregs assortie d’une large autonomie de gestion. Comme ces accords ne sont pas appliqués, plusieurs ex-leaders touaregs qui avaient été intégrés dans l’armée maliennes désertent. Le problème est d’autant plus grave que les Américains (je reviendrai sur ce point capital), dans le cadre de leur coopération militaire anti-terroriste avec le Mali et avec de nombreux autres États de la zone (la Pan Sahel Initiative qui deviendra la TSCI), ont souvent choisi de s’appuyer sur des officiers touaregs – avaient-ils une idée machiavélienne derrière la tête ou agissaient-ils ainsi de manière pragmatique parce qu’ils constataient que les Touaregs sont les meilleurs combattants?

    Dans cette affaire la chute de Kadhafi, voulue et provoquée, faut-il le rappeler, par la présidence de Nicolas Sarkozy en accord avec les Américains et les Anglais, est directement à l’origine de ce qui se passe aujourd’hui au Nord-Mali. Lorsque les forces kadhafistes s’effondrent, les centaines de Touaregs du MNLA qui combattaient à leurs côtés rentrent précipitamment au pays lourdement armés et rallument la flamme combattante du séparatisme. En janvier 2012, la rébellion touareg, dont la composante essentielle est le MNLA, demande explicitement l’indépendance du Nord-Mali et passe à l’offensive.

    Depuis, le MNLA a été dépassé militairement par les trois groupes islamistes (Ansar Dine, Mujao et AQMI) mais il conserve pourtant le gros des effectifs car seule une petite fraction de ses membres a rallié Ansar Dine.

    Aucune sortie durable de la crise n’est en réalité possible sans le MNLA. Une entente doit se faire entre Bamako/Paris d’un côté, le MNLA de l’autre, afin de régler la question islamiste dans la zone. Paris est en position de force car Bamako ne peut plus rien sans les troupes françaises et par conséquent les militaires français doivent s’allier avec le MNLA, composante séparatiste mais non jihadiste des Touaregs, pour chasser les islamistes de la zone. S’ils l’armée française ne sous-traite pas aux Touaregs le « nettoyage » de cet immense espace à la fois désertique et montagneux, elle entrera dans un tunnel sans fin et sans doute plus coûteux financièrement que meurtrier (car militairement l’opération restera beaucoup plus maîtrisable que l’Afghanistan).

    Ensuite, la France doit se placer en position de médiation entre le MNLA et Bamako. L’affaire est cependant plus complexe qu’il n’y paraît. Il n’existe pas un, mais trois Azawad : le Sud (Songhay et Peuls), le long du Niger, le Nord territoire des Touaregs et l’Ouest saharien arabe.

    3) Les groupes jihadistes

    Il est rapporté que 3 groupes islamistes se trouvent impliqués dans l’affaire du Nord-Mali. Deux groupes qui présentent un caractère identitaire local : Ansar Dine, émanation islamiste radicale du MNLA, le mouvement historique de combat des Touaregs et dont la base originelle est Kidal ; le Mujao (base Gao) ; AQMI qui lui est un ensemble de groupe beaucoup plus algérien et qui s’inscrit dans la filiation GIA/GSPC.

    Mon analyse sur l’islamisme radical et terroriste est bien connue. Pour chaque mouvement identifié et analysé il convient de se poser deux questions :

    1. Quelle est la part locale et la part globale (le lien avec une « internationale » islamiste) ?
    2. Quelle est la part authentique (combattants authentiquement islamistes) et la part infiltrée/fabriquée (groupe infiltré par des services étatiques et dont les actions orientées obéissent à une stratégie de la tension de la part d’un ou plusieurs États) ?

    Nous n’avons pas le temps de refaire ici l’histoire du terrorisme islamiste et celle-ci a d’ailleurs été abondamment traitée. Pour dire les choses simplement, deux lectures s’opposent. Une première lecture, dominante, médiatique est celle qu’Al Qaïda, et plus globalement le « terrorisme international », sont des forces autonomes, obéissant à leur propre agenda, et qui mènent une guerre contre l’Occident. La deuxième lecture (qui est la mienne) considère le terrorisme islamiste comme la combinaison d’un combat authentique (des jihadistes mènent réellement une guerre terroriste contre « l’Occident impie ») et d’une instrumentalisation/manipulation de la part de services étatiques.

    Or, on ne peut comprendre cette deuxième lecture si l’on occulte la dimension mafieuse du phénomène jihado-terroriste. Cette dimension mafieuse est admise dans les deux lectures. Les médias officiels ne manquent pas de souligner en effet qu’AQMI (Al Qaïda du Maghreb islamique) travaille main dans la main avec les cartels colombien et venezuelien pour faciliter l’acheminement par voie aérienne de cargaisons de drogue vers le désert saharien, laquelle drogue repartirait ensuite vers l’Europe. Ils parlent de « Mister Malboro » à propos du terroriste Mokhtar Ben Mokhtar ceci afin de bien souligner son implication dans des trafics de cigarettes. Mais trafics de drogue, cigarettes, et même immigrés clandestins, autant que prises otages sont les diverses facettes d’une économie du crime que contrôlent ces groupes sahariens, dans la droite ligne de la contrebande saharienne la plus ancienne. Rien de neuf sous le soleil saharien.

    En insistant d’ailleurs tellement sur cette dimension mafieuse (laquelle, je le répète, n’est contestée par personne), les médias finissent par nous amener à nous demander ce qui compte le plus pour ces terroristes : l’argent (le trafic) ou le jihad? L’argent mafieux sert-il à financer le jihad ou bien le jihad n’est-il qu’un alibi pour couvrir le trafic? Difficile de répondre mais ce qui est certain est que la confusion entre argent sale et idéologie montre que ces groupes peuvent accueillir en leur sein (et même à leur tête) des infiltrés n’ayant d’autres but que de mettre l’action terroriste en conformité avec l’agenda du service d’État qu’ils servent.

    Ce que je crois, c’est qu’Al Qaïda est un instrument de l’État profond américain qui justifie, depuis la fin de la Guerre froide, une bonne partie de la projection de puissance américaine, et qu’AQMI est le faux-nez maghrébin de cet instrument occulte, mais avec une différence notable avec les autres composantes régionales d’Al Qaïda (Afghanistan, Irak, Yémen…) : l’État profond américain ne contrôle pas directement AQMI. C’est en effet très probablement le DRS algérien, la sécurité militaire algérienne, qui contrôle AQMI.

    Là encore la démonstration serait longue à donner mais elle existe et elle a été donnée depuis longtemps par des auteurs suisses, britanniques ou allemands mais hélas pas français car en France tout le monde craint l’Algérie et ses coups tordus.

    J’en profite pour dire que sur ce sujet je suis ouvert au débat mais certainement pas avec les disciples de Glucksmann ou Lévy qui d’un côté ne cessent d’accuser Moscou de terrorisme occulte et de l’autre traitent de complotistes ceux qui ont compris que le premier de tous les « États profonds » était américain!

    À propos du DRS, je renvoie ici notamment aux travaux du britannique Jeremy Keenan, ou bien à l’étude extrêmement pointue « Al Qaïda au Maghreb ou l’étrange histoire du GSPC algérien » par François Gèze et Sallima Mellah (Septembre 2007). Il ne fait aucun doute que les GIA ont été créés durant la guerre civile algérienne, en tant qu’organisation contre-insurrectionnelle, dans le but premier de discréditer, par des crimes atroces perpétrés contre la population, le combat armé d’un Front Islamique du Salut (pour lequel, je tiens à le préciser, je n’ai aucune sympathie, bien au contraire) qui avait gagné les élections. Il ne fait guère de doutes non plus que ces GIA se sont transformés en GSPC après la guerre civile et sont montés en puissance après le 11 septembre 2001, lorsque l’État profond algérien a compris, non seulement que l’État profond américain était derrière Al-Qaïda, mais que si Alger ne voulait pas subir l’agenda américain dans le Sahara, il fallait devancer celui-ci.

    Le GSPC est né du « magnifique » esprit d’initiative algérien lequel a su offrir aux Américains l’ennemi qu’ils attendaient (jusqu’à prendre en 2007 le nom d’Al Qaïda du Maghreb islamique) pour justifier leur implantation dans le Sahara (implantation au service d’autres intérêts plus classiquement géostratégiques, pétroliers et gaziers, dont nous parlerons après).

    Au fond, les Abdelrrazak El Para et autres Mokhtar Ben Mokhtar, ces personnages qui ont dirigé actions terroristes et prises d’otages occidentaux, sans jamais se faire prendre et en laissant leurs acolytes se faire tuer à leur place, présentent le même profil qu’Oussama Ben Laden mystérieusement porté disparu en mer. Ils ont d’abord travaillé pour l’État profond de l’État qu’ils se sont mis ensuite officiellement à combattre. Ben Laden fut membre de la CIÀ et quasiment tous les chefs des katibas islamistes du GSPC puis d’AQMI sont d’anciens officiers de l’armée algérienne. Bien formés ces officiers, après avoir infiltré (peut-être créé dans certains cas) les cellules combattantes ont pu en prendre aisément le commandement.

    Une réalité indicible dans nos médias, du fait de l’ampleur des intérêts économiques français en Algérie, de la collusion aussi des élites politiques françaises avec le régime algérien (il fallait voir encore récemment le ministre Valls louer l’efficacité des forces spéciales algériennes…)… mais une vérité pourtant depuis longtemps évidente en dehors de France: AQMI/Polisario, DRS algérien le trafic de drogue saharien sont une seule et même organisation du crime dont le but est double : l’enrichissement personnel des généraux algériens bien sûr lesquels supervisent le trafic de drogue réalisé par les chefs terroristes ; mais aussi la survie du régime (laquelle va de paire avec le premier but) en faisant de celui-ci l’incontournable rempart contre le fondamentalisme, un rempart que la vague de révolutions arabes ne saurait attendre, et qu’elle n’atteindra d’autant moins que les Occidentaux (en premier lieu Américains et Français comprendront qu’il n’y a d’autre alternative crédible que le maintien du régime algérien).

    Or ce régime est une calamité pour la jeunesse algérienne, privée d’avenir, au chômage à 40%, volée par son « élite » de ses richesses fabuleuses (rente gazière et pétrolière), et par voie de conséquence une calamité pour la rive nord de la Méditerranée (Europe) qui, inéluctablement, verra fondre sur elle des candidats à l’immigration de plus en plus nombreux. Une politique de courte vue de plus de la part des dirigeants européens!

    Grâce au GSPC et à AQMI, l’État algérien a pu apparaître depuis 2001, aux yeux des États-Unis et de la France (pour le grand public du moins, car dans les structures de pouvoir personne n’est dupe) comme un rempart contre l’islamisme radical dans la région. Et la stratégie a fonctionné, jusqu’aux révolutions arabes qui ont emporté les uns après les autres (Tunisie, Egypte, Yémen) tous les régimes autoritaires « laïcisants » (terme à prendre avec extrême précaution s’agissant de pays musulmans), avant que l’Occident ne s’en prenne ensuite directement à ceux qui ne tombaient pas d’eux-mêmes (Libye, Syrie).

    Donc pour le DRS cela ne faisait pas l’ombre d’un doute, l’Algérie était la suivante sur la liste, à moins d’écarter l’Occident du sillage des islamistes politiques (ceux qui allaient devenir majoritaires dans de nombreux pays à la suite de l’écroulement des régimes forts) et de le ramener à la « grande époque » de la guerre contre le terrorisme international.

    Parmi ces trois groupes islamistes agissant au Mali, si l’on me demandait « qui contrôle qui », je répondrais que le DRS contrôle d’abord AQMI tandis que le Qatar finance et a de l’influence sur les deux autres mouvements (MUJAO et Ansar Dine) avec des buts radicalement différents de l’Algérie comme nous le verrons dans la deuxième partie.

    Un autre élément qui n’est pas souligné est qu’au moins deux de ces groupes (le MUJAO c’est certain, AQMI c’est probable) ont des contacts forts avec le POLISARIO, mouvement séparatiste sahraouï soutenu basé dans les camps de Tindouf (territoire algérien). Il est quasiment avéré en effet que le groupe de terroristes qui s’est emparé du site gazier d’In Amenas en Algérie venait des camps de Tindouf, autrement dit qu’il est bien parti du territoire algérien (et ceci bien que l’Algérie ait pointé du doigt la Libye). Là encore il s’agit d’une réalité sur laquelle je tente d’alerter au moins depuis 2005, à travers les différentes interventions que j’ai faites à la tribune de l’ONU, en tant qu’expert mandaté par la partie marocaine, rôle que j’assume pleinement tant je crois au bien fondé historique de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental – mais une souveraineté « intelligente » dans un cadre d’autonomie élargie.

    Le glissement progressif (comparable à celui du MNLA) du mouvement Polisario non seulement vers la criminalité (trafics en tous genres) mais aussi vers le fondamentalisme religieux devrait être une source de préoccupation pour les pays occidentaux. Nombreux sont les événéments, depuis 2005, dans cette sous-région du Sahara, qui montrent des liens entre certains éléments du Polisario et Aqmi/Mujao. C’est le moment de rappeler d’ailleurs que les problèmes non résolus de séparatismes (Sahara occidental et Touaregs) finissent malheureusement par dégénérer en problèmes d’islamisme radical.

    Seule une solution équilibrée consistant à défendre la souveraineté des États (Mali, Maroc, Niger…) mais en aménageant des autonomies réelles pour les minorités nomades pourra permettre de ramener la stabilité dans la région.

    Pour comprendre les motivations des autres acteurs, il convient aussi de parler des enjeux de ressources (pétrole, gaz, uranium). Autant les États-Unis en effet, que la France, le Qatar ou l’Algérie ont des visées pétrolières et gazières importantes dans le Sahara. Chacun de ces États a intérêt à favoriser la situation géopolitique la plus à même de le placer en position de force dans les discussions relatives au partage des richesses.

    Nous analyserons dans la deuxième partie ces enjeux pétroliers et gaziers et affinerons notre analyse des intérêts français, algériens, qataris, américains, mauritaniens et libyens dans la crise actuelle.

    Fin de la première partie

    par Aymeric Chauprade 

    Realpolitik.tv  http://fortune.fdesouche.com

  • De Dieu à la guerre par la Banque : le cas américain

    Le 24 décembre dernier, l’institut de sondages Gallup divulguait sur son site Internet les résultats d’une enquête téléphonique effectuée au cours de l’année 2012 et portant sur l’appartenance confessionnelle et la pratique religieuse chez les adultes américains [1]. L’étude révélait notamment que 77 % des sondés se déclaraient chrétiens, protestants pour les deux tiers d’entre eux.

    Au cours des semaines précédentes, parmi les faits divers qui émaillaient l’actualité, la presse occidentale revint sur le récit de l’affaire Al-Masri (du nom d’un ressortissant allemand d’origine libanaise arrêté, détenu arbitrairement et torturé dans des prisons secrètes de la CIA en Macédoine et en Afghanistan [2]) et, dans un registre plus léger, sur les excuses prononcées par le chanteur pop sud-coréen Psy afin de clore une polémique déclenchée par les paroles d’une chanson vieille de neuf ans, dans laquelle l’interprète de Gangnam Style critiquait de façon incisive la présence militaire américaine en Corée [3].

    Deux faits divers sans lien autre que les bases de l’armée ou les services secrets américains, disséminées aux quatre coins de la planète, comme autant de relais affichés ou masqués de l’impérialisme et de la violence guerrière anglo-saxonne, de la Corée à la Colombie et des Balkans à l’Australie en passant par le Golfe Persique, pour illustrer de manière explicite ce chiffre rappelé par le Stockholm International Peace Research Institute [4] : en 2011, l’Oncle Sam était à l’origine de 41 % des dépenses militaires dans le monde. Surgit alors une contradiction évidente : comment une nation dont 77 % des citoyens revendiquent leur foi en Christ peut-elle occuper le premier rang mondial des dépenses en matière d’armements ?

    Des observateurs sincères mais peu avisés invoqueront aussitôt un messianisme évangélique et une mission civilisatrice dont se croirait investie l’élite néoconservatrice américaine tout comme d’ailleurs sa base électorale (la moral majority). Cette explication, qui satisfait évidemment les éléments les plus laïcards du camp antimondialiste, peut recouvrir quelques parcelles de vérité mais est néanmoins insuffisante à une compréhension du problème dans son ensemble. Les néoconservateurs, dont l’influence est aujourd’hui contrebalancée par celle des conservateurs réalistes à la Brzezinski et des mondialistes à la Soros [5], affichent certes leur bigoterie comme un gage de crédibilité et de respectabilité face à leurs électeurs, mais il est aisé de vérifier que les plus éminents d’entre eux n’ont retrouvé le chemin de l’église que tardivement, une fois écoulée leur jeunesse estudiantine, gauchiste et libertaire.

    L’une des explications, moins divulguée mais plus convaincante, à la contradiction énoncée plus haut réside dans la corruption de l’élite WASP par le pouvoir bancaire associé au complexe militaro-industriel. Traditionnellement associée au monde protestant, la banque sous sa forme actuelle n’est toutefois qu’une lointaine et bâtarde descendante de l’esprit austère et entrepreneurial de la Réforme européenne. À l’aube du XVIIIème siècle, la création de la Governor and Company of the Bank of England [6] (la future banque centrale de l’Empire britannique) marque à la fois la suprématie de la thalassocratie britannique sur sa rivale hollandaise (la Compagnie des Indes orientales étant désormais portée à bout de bras par la banque de la couronne) et le début de l’endettement de l’État par le recours à des créanciers privés (le Tonnage Act, adopté à la même époque et destiné à financer les guerres opposant l’Angleterre à ses rivaux, permettait aux particuliers de s’enrichir sur intérêts par l’achat de bons du Trésor [7]).

    La création de la Réserve fédérale américaine sous le mandat du président Wilson en 1913 constitue de ce point de vue un prolongement de cette mutation du système capitaliste et bancaire, l’essor industriel et le développement des techniques de communication permettant à une Amérique affranchie des menaces sécessionnistes de prendre définitivement le pas, après la Première Guerre mondiale, sur des puissances européennes déjà déclinantes. Le rôle d’une élite économique issue de l’émigration juive aux États-Unis, alliée de circonstance des représentants WASP du pouvoir bancaire, dans la prise du pouvoir par la banque peut être rapproché de celui joué par Edward Bernays dans le développement de la propagande moderne ainsi que dans son application à la manipulation de l’opinion des masses en vue d’une acceptation d’interventions armées extérieures.

    Si la lecture de la Bible dans certaines églises protestantes (notamment américaines) s’avère particulièrement centrée sur l’Ancien Testament (l’Exode, l’esclavage à Babylone et en Égypte, la fuite des Hébreux peuvent parfois faire l’objet d’études bibliques approfondies mais partiales et favoriser chez certains fidèles une identification, même inconsciente, au peuple juif et donc par là même une sympathie presque instinctive pour le projet sioniste, y compris dans ses déclinaisons les moins pacifiques), il est donc nécessaire de ne pas perdre de vue que la violence guerrière américaine est liée à un protestantisme dévoyé, éloigné de l’esprit de la Réforme dont le modèle capitaliste rhénan constitue un descendant bien plus légitime.

    Par Jean C. http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • Tugdual Derville : « Derrière ce projet de loi se dessine en perspective un changement de statut de l'enfant »

    Monde et Vie : Tugdual Derville, vous êtes l'un des principaux organisateurs de la manifestation nationale du 13 janvier contre le projet de « mariage » entre personnes du même sexe. Au cours des dernières semaines, certaines annonces ont brouillé l'image de cette manifestation : il a notamment été question d'introduire un char « gay » au sein de la manifestation, d'homo-éducation ou de marche contre l'homophobie... Qu'en est-il exactement ?
    Tugdual Derville: La ligne qu'a choisie la Manif pour tous vise à rassembler très largement et très paisiblement ; d'où la nécessité de trouver un terrain d'unité qui rassemble le plus largement possible, derrière un mot d'ordre unique: la suspension et le retrait du projet de loi. La lucidité politique nous conduit toutefois à laisser au président de la République une porte de sortie en ouvrant un débat qui a été jusqu'à présent escamoté sur la filiation, la famille et sa fragilité dans une société en crise économique, où elle reste le refuge par excellence.
    Par ailleurs, en abordant un sujet aussi sensible que celui de la filiation et de l'engendrement, nous savons que certaines personnes ressentent notre mouvement comme une agression qui s'oppose à leur désir d'engendrer, l'un des plus nobles qui habite l'humanité. Pour échapper à la présomption d'homophobie, mot piégé, mot-amalgame utilisé pour jeter l'opprobre sur notre opposition au mariage entre personnes de même sexe assorti du droit d'adopter des enfants, nous avons choisi de lutter contre « l'homophobie » dans sa terminologie acceptable, qui désigne la stigmatisation des personnes et les discriminations injustes qu'elles peuvent subir. Mon ami Philippe Ariño, lui-même concerné par l'homosexualité, explique ainsi qu'il serait « homophobe » et stigmatisant pour les personnes homosexuelles de prétendre qu'elles devraient toutes militer pour l'effacement des repères hommes-femmes dans la filiation. Nous voulons ainsi à la fois respecter les personnes et déjouer le piège tendu par ceux qui amalgament la stigmatisation avec le légitime refus du mariage entre personnes de même sexe et de cette prétendue « homofiliation » mensongère.
    Comme vous le rappelez, des maladresses ou des incompréhensions ont eu lieu, mais elles ont été corrigées et levées. Xavier Bongibault, qui est l'un des porte-parole de la Manif pour tous et homosexuel, a clairement récusé l'idée, un moment exprimée, d'incorporer à la manifestation un char « gay », en rappelant que l'humanité se compose d'hommes et de femmes, comme le disait l'ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin à l'époque de la légalisation du Pacs.
    Un correctif a aussi été apporté aux interprétations concernant les tenues des dignitaires religieux, des prêtres catholiques en particulier. Il a été dit très clairement que ces personnes peuvent venir en portant le vêtement propre à leur état. En revanche, par respect pour les sensibilités diverses qui s'y côtoient, religieuses ou pas, la Manif pour tous a demandé que l'on ne fasse pas de la manifestation un pèlerinage ou une procession. Ce n'est pas le lieu adéquat et c'est le gage du rassemblement le plus vaste et le plus unitaire possible.
    Vous mettez l'accent sur le caractère unitaire de la manifestation. Comment se traduit-il « sur le terrain » ?
    Réussir à lancer, en France, un mouvement unitaire de cette ampleur, était une gageure. Or, sans que les diversités, voire les divergences, soient effacées, cette unité s'est réalisée et la Manif pour tous rassemble aujourd'hui plus de 30 associations, qui diffèrent à la fois par l'ancienneté, la taille et la structuration. On y trouve aussi bien les associations familiales catholiques que les associations familiales protestantes, Alliance Vita, les Enfants du Mékong, des associations de personnes adoptées, des personnes concernées par l'homosexualité, des personnes ancrées à gauche ou à droite de l'échiquier politique, ainsi que des appels, comme « Tous pour le mariage » qui regroupe déjà quelque 150 000 signataires. Les réseaux sociaux par Internet ont aussi joué un rôle déterminant, ce qui explique la rapidité de la montée de la mobilisation.
    Pour parvenir à l'unité tout en respectant la diversité des sensibilités, les associations co-organisatrices de la manifestation ont décidé de s'agréger autour d'un seul logo, d'un seul mot d'ordre et d'une seule tonalité, en sacrifiant ceux qui leur étaient propres. Ces abandons ont permis que se lève un mouvement totalement inédit, qui stupéfie les politiques et les analystes. Je suis émerveillé quand je vois le bon sens de tous ces manifestants, qui ne viennent pas pour défendre leurs intérêts personnels, ni s'opposer à des revendications, mais pour protéger le droit du plus faible afin qu'il puisse accéder à l'une des richesses immuables, les plus universelles et les plus précieuses de l'humanité : être engendré par un homme et une femme. C'est ce droit du plus faible de naître d'un homme et d'une femme plutôt que de se voir imposer une filiation mensongère, que nous défendons; c'est aussi son droit d'être, à cet égard, égal aux autres enfants qui ont un papa et une maman.
    La légitimité de l’État se fonde sur la protection de ce qu'on appelait autrefois la veuve et l'orphelin - autrement dit, le plus faible ; or ce projet de loi laisse transparaître une culture de la toute-puissance qui se croit permis d'effacer les repères intangibles sur lesquels se fonde l’écologie humaine. Lorsque j'entends Najat Vallaud-Belkacem, ministre du droit des femmes, expliquer aux enfants endoctrinés que la devise de la République, liberté-égalité-fraternité, doit les conduire à ouvrir leurs parents à l’homofiliation je réponds que cette devise, comprise dans un sens juste, voire chrétien, nous invite au contraire à défendre la richesse de l'engendrement humain qui procède de la complémentarité entre l'homme et la femme.
    Vous évoquez le christianisme, quelle place occupe-t-il au sein de la Manif pour tous ?
    Le mouvement mérite de rassembler le plus grand nombre de participants, au-delà des croyances légitimes des uns et des autres. C'est pourquoi nous veillons à ce que la Manif pour tous, née de l'initiative de quelques personnes à laquelle se sont agrégées ensuite diverses associations, ne soit pas récupérée par des partis politiques, ni prisonnière de connotations religieuses dans lesquelles ses adversaires cherchent à l'enfermer, ni transformée en un affrontement entre homosexuels et hétérosexuels - termes que je récuse -, mais qu'elle soit avant tout une marche des Français attachés à une réalité qui leur est très chère. Par certains aspects, le mouvement qui se lève aujourd'hui ressemble à l'écologie à ses débuts. C'est en effet le mouvement de l'écologie humaine.
    Il bénéficie à la fois de l'unité entre associations et chapelles diverses - les fameuses tribus gauloises - et d'experts visionnaires qui avertissent que derrière le noble désir d'engendrement, aujourd'hui manipulé par l'idéologie scientiste du « gender », se profile l'illusion dangereuse selon laquelle l'humanité va trouver son bonheur en fabriquant des enfants sur mesure et à la demande. Il ne s'agit donc pas seulement d'une revendication minoritaire chez les personnes homosexuelles ; derrière ce projet de loi se dessine en perspective un changement de statut de l'enfant, qui est en prémisses dans les lois bioéthiques et les dérives liées à ces lois : c'est l'idée d'un enfant que l'on se procure, au lieu de l'accueillir inconditionnellement au sein d'une famille, afin qu'il y acquière sa liberté et y découvre la fraternité. En tant que père de famille, je suis admiratif quand des personnes homosexuelles qui luttent à nos côtés disent qu'elles sont prêtes à sacrifier leur vrai désir d'engendrer et d'éduquer, par respect pour le plus faible et le plus fragile.
    La Manif pour tous a édicté un code d'habillement Pourquoi ?
    La question du code d'habillement, c'est aussi celle de la répercussion et de l'efficacité de notre action. Nous vivons dans une société de l'image et des nouvelles technologies, ce qui n'est en soi ni un bien, ni un mal, mais un fait. Nous utilisons donc tout notre savoir-faire pour que la manifestation soit un beau spectacle, qui exprime notre unité et le caractère joyeux de la famille. En l'occurrence, ce caractère festif et unitaire se traduit par un logo, des chants et un choix de couleurs. Ce n'est pas parce que le sujet est grave que nous sommes invités à faire une marche funèbre.
    Justement, que signifient les couleurs bleu-blanc-rose ?
    Traditionnellement, on habillait souvent un petit garçon en bleu et une petite fille en rose : ces deux couleurs représentent la différence des sexes, cette richesse de l'humanité. C'est une façon d'endosser cette diversité : le père et la mère sont extraordinairement complémentaires pour un enfant. Ça montre aussi que nous avons de l'humour, de la joie de vivre et de bonnes raisons d'en avoir. Toutefois il ne s'agit pas d'un travestissement et personne n'est forcé de s’y conformer : si des personnes préfèrent manifester dans leur tenue de ville, elles sont les bienvenues.
    Le mouvement se poursuivra-t-il après le 13 janvier ?
    Oui, cette grande manifestation nationale ne restera pas sans lendemain. Il nous appartiendra ensuite de faire vivre ce mouvement, en le faisant rebondir sur d'autres échéances, politiques et parlementaires, courant janvier, puis autour de la loi sur la filiation et la procréation médicalement assistée, à partir du mois de mars. Nous n’entendons pas laisser la rue ou le débat à nos adversaires et nous serons tenaces.
    Propos recueillis monde & vie 15 janvier 2013

  • L’opération au Mali, coup dur pour le budget en période de rigueur

    L’intervention militaire française au Mali pèsera lourdement sur le budget des opérations extérieures des armées (Opex) et révèle déjà des insuffisances en matière de transports, un domaine pour lequel la France est contrainte de faire appel à ses alliés.

    François Hollande recevant à l’Elysée des représentants d’associations maliennes en France, le 13 janvier 2013

    Combien ça coûte ? “Je ne peux pas l’évaluer encore. Tout cela sera public, évidemment” : une semaine après le début des opérations, Jean-Yves Le Drian, doit déjà répondre aux interrogations sur leur coût financier. D’autant que le ministre de la Défense a prévenu que l’engagement “sera long“.

    Concrètement, les crédits dédiés aux Opérations extérieures (Opex) pour 2013 s’élèvent à 630 millions d’euros. En baisse d’environ 90 millions par rapport à 2012, en raison du retrait français d’Afghanistan. Mais les économies escomptées du retrait afghan devraient être effacées par l’opération au Mali.

    C’est une opération qui durera au minimum une bonne partie de 2013, sinon toute l’année 2013. Ca ne tiendra pas dans le budget“, estime Axel Poniatowski, ancien président UMP de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale.

    En 2011, année des opérations en Libye, le coût des Opex avait atteint 1,2 milliard d’euros. Il s’agissait alors d’une opération aéronavale très différente de l’intervention au Mali, avec une campagne aérienne de huit mois et le déploiement du porte-avions Charles de Gaulle en Méditerranée.

    Ca n’aura pas d’incidence sur le budget de la défense“, souligne pour sa part Jean-Louis Carrère, le président PS de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat.

    Quand le budget Opex est dépassé, le gouvernement abonde habituellement les crédits, pour ne pas plomber le budget défense.

    Le coût des opérations au Mali dépendra en premier lieu de leur durée. Mais les premiers jours du conflit ont confirmé certaines insuffisances des armées, notamment en moyens de transport et de ravitaillement.

    Paris a dû demander l’aide de ses partenaires pour acheminer du matériel. La Grande-Bretagne, le Danemark, la Belgique ou le Canada, ont accepté de fournir des avions de transport et les Etats-Unis devraient également participer.

    Autres conséquences financières, les opérations extérieures précipitent l’usure du matériel, en particulier dans des zones éprouvantes comme le Sahel.

    Les Transall utilisés pour acheminer les troupes sont à bout de souffle et les deux drones Harfang de l’armée de l’air en bout de course après trois ans de service et 5.000 heures de vol en Afghanistan.

    Les militaires disent que les équipements français qui sont déployés permettent à peu près d’assurer une opération comme celle-ci, mais qu’on est vraiment très limite“, souligne Axel Poniatowski.

    Autant d’inquiétudes qui viendront alimenter le débat sur le nouveau Livre blanc de la défense, qui devra s’attacher à faire coller les nouvelles priorités stratégiques aux capacités budgétaires de la France.

    L’opération au Mali peut également servir de vitrine de la haute technologie française, notamment des avions Rafale, engagés dès les premiers jours. L’Inde, qui selon des sources proches des discussions pourrait en commander jusqu’à 189 à Dassault Aviation, avait annoncé son choix après que l’avion de combat français ait fait ses preuves lors de la guerre en Libye.

    Libération via http://fortune.fdesouche.com

  • Dictature intellectuelle: le ras-le-bol

    Le patron du Parti sociétaliste, Harlem Désir, a pris les accents les plus graves pour coller la chair de poule à ses potes et dénoncer une « alliance » FN-UMP (sic) ; l’inénarrable « spécialiste-du-FN » au Front de Gauche, le  sans-culotte robespierriste Alexis Corbière a serré ses petits poings et a déploré dans  un communiqué que «pour la première fois des députés UMP et FN font un projet de loi commun» (?).  La raison de cette agitation ? Nous nous en  faisions l’écho vendredi denier, le simple fait que Marion Maréchal-Le Pen ait cosigné une proposition de loi déposée par le député de la Droite Populaire Lionnel Luca demandant « la reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794 ». Une signature de l’élue FN qui ne relève  pas du «calcul politique», mais d’un  juste devoir de mémoire et de vérité.

     Déjà en 1987, le groupe FN à l’assemblée nationale avait déposé un amendement en ce sens, visant à faire reconnaître les exécutions, les massacres planifiés et méthodiques commis en Vendée comme « un crime contre l’humanité ».

     Jean-Marie Le Pen  expliquait alors le souhait de l’opposition nationale, reprenant un vœu de Bruno Gollnisch, de voir « l’inscription dans la liste des crimes contre l’humanité qui sont inexpiables et qu’il est impossible de faire disparaître du souvenir des générations futures, l’abominable crime qui fut commis au nom de la Convention nationale, sous le régime de la Terreur institué par les Robespierre, les Couhon, les Saint-Just, et qui conduisit les Colonnes infernales du général Westermann et du général Turreau à raser les villages, à fusiller les hommes, à massacrer les femmes.»

     Cette fois, la simple présence du nom de Marion au nombre des consignataires de la proposition de loi de M.  Luca, et le tam-tam  martelé par les consciences de gauche à ce sujet, ont entraîné la reculade des grands « courageux » de l’UMP.

     Samedi, le député du Var, Philippe Vittel, a déclaré s’être senti « piégé » (sic) et a annoncé qu’il allait retirer sa signature ; idem pour le député UMP des Bouches-du-Rhône, Dominique Tian. Pour se faire bien voir des commissaires politiques des médias, M. Tian a même précisé au site Marsactu :  «On doit être très clairs avec le FN, il n’y a pas de passerelle, pas d’alliance, pas de connivence, ce ne sont pas nos amis».

     C’est cette lâcheté là, cette soumission à la dictature intellectuelle de la gauche, et plus largement de l’ensemble de la classe politicienne aux vœux et oukases des cénacles mondialistes, que rejettent de manière croissante  nos compatriotes.

     La quatrième enquête du CEVIPOF (baromètre annuel de la « confiance politique »)  réalisée  entre le 5 et le 20 décembre 2012 et publiée le 15 janvier, en partenariat avec l’institut Pierre Mendès-France et le Conseil économique, social et environnemental (Cese),  est en tout cas révélatrice de ce ras-le-bol de l’idéologie dominante.  

     Alors que  68% des Français au terme de cette enquête,  estiment désormais  que « leurs enfants ne réussiront pas mieux qu’eux socialement », c’est le Front national qui représente le mieux l’opposition de droite (pour 35% des personnes interrogées) devant l’UMP du duo Copé-Fillon (33%) et l’UDI de Jean-Louis Borloo ( 23%).

     Parallèlement, dans une France frappée par une crise que les partis du Système ne savent combattre, et dont les dirigeants ont bradé  des pans entiers de notre souveraineté au profit d’entités supranationales, comme l’Europe de Bruxelles,    le crédit des représentants des grandes institutions s’effondre.

     A l’exception notable des maires  (57% des sondés leur font « confiance ») qui, notamment dans les petites communes, sont perçus comme une autorité accessible,  honnête, ancrée dans le réel et les problèmes du quotidien.

      A contrario, le Premier ministre devient  la figure à laquelle les Français  font le moins confiance. Seuls 28% d’entre eux lui accordent leur crédit, c’est moins que pour les députés européens (30%), les députés (40%), les conseillers régionaux (41%), et généraux (43%).

     Enfin, relevons que 52% des Français interrogés se disent en faveur du « mariage homosexuel » (en baisse de 8 points par rapport à 2011),  tandis qu’un électeur de gauche sur quatre y est  opposé.

     45% des sondés (+ 10 points par rapport à l’an dernier) estiment qu’il faudrait « rétablir la peine de mort » ; 65% des personnes interrogées (+16 points que l’an dernier) estiment qu’il y  a « trop d’immigrés en France », opinion partagée par 45% des électeurs de François Hollande du second tour. Là curieusement nous attendons toujours le communiqué d’Harlem Désir  pour s’indigner de ce résultat…

    http://www.gollnisch.com

  • Cette loi, on n’en veut pas…

    Larges extraits du discours prononcé Place Pinel à Paris par Alain Escada, Président de Civitas, principal organisateur de la manifestation des catholiques contre le “mariage” homosexuel, devant près de 50 000 personnes le dimanche 13 janvier 2013.

    http://www.contre-info.com/

  • [Vidéo] Homme et femme, si différents ?

    Une conférence de la philosophe Sylviane Agacinski aux Semaines sociales de France 2012 sur la pertinence de la différence homme-femme. Une réflexion de fond pour nourrir le débat sur l’accès des couples homosexuels à la parentalité.

    Depuis quelque temps, la différence sexuelle est mise en cause, au point que la distinction homme-femme serait devenue non pertinente. Sylviane Agacinski retrace l’histoire de cette différence, marquée par une hiérarchisation qui s’efface peu à peu aujourd’hui dans les sociétés occidentales. La subordination de la femme à l’égard de l’homme est en cours de déconstruction, et l’égalité tend à remplacer la hiérarchisation. Dès lors, la philosophe pose la question suivante : Quel est le fondement de la différence ? En quoi consiste-t-elle ? A-t-elle encore un sens ? Et, s’ils sont égaux, les deux sexes sont-ils pour autant équivalents ?

    Sylviane Agacinski montre comment un courant de pensée contemporain, hyperculturaliste, voudrait imposer l’idée que l’être humain est intégralement le produit de sa propre construction, sociale, culturelle et technologique. Il soustrait la condition humaine à toute condition naturelle, et veut promouvoir la différence des sexualités, à la place de la différence des sexes. Or, pour la philosophe, la différence des sexualités n’efface pas la différence sexuelle : on ne peut pas parler d’homosexualité, de bisexualité ou d’hétérosexualité si l’on ne pose pas a priori l’existence d’au moins deux sexes, qui ne sont pas équivalents. La différence sexuelle ne se comprend qu’à partir du schéma de la génération : le sexe, c’est un pouvoir d’engendrer, un pouvoir mâle, et un pouvoir femelle.

    Aujourd’hui, le recours aux procréations médicalement assistées a bouleversé ce schéma. Le recours à l’adoption, aux PMA ou aux mères porteuses pourrait instituer comme couples parentaux des couples homosexuels. Pourquoi ne pas tenir comme équivalents les deux types de couples ? Pour Sylviane Agacinski, la dépersonnalisation et l’organisation d’une procréation secrète (anonymat des donneurs de gamètes, notamment) a de graves conséquences pour les enfants. Les enfants ont besoin de savoir à quelles personnes ils doivent la vie, pour pouvoir s’inscrire dans une histoire humaine, refusant d’être des produits fabriqués. Et, même si la légitimité des liens homosexuels est acquise, cela justifie-t-il le droit d’écarter l’autre sexe de la naissance d’un enfant ? Le problème des enfants à venir, c’est que personne ne les représente dans le débat politique. La philosophe appelle à une réflexion anthropologique et éthique collective.


    S. Agacinski_Métamorphoses de la différence... par Les_Semaines_sociales

    Croire via http://www.actionfrancaise.net