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  • Le Jansénisme, de Jansen à la Révolution française (1640-1790)

    Port-Royal
    L’abbaye de Port-Royal-des-Champs, centre du jansénisme au XVIIe siècle (auteur inconnu, XVIIIe).

    Au départ courant catholique rigoriste apparaissant en réaction au molinisme, le jansénisme (du nom de Cornelius Jansen) devint au XVIIIe siècle un courant politique qui occupa le devant la scène publique des années 1710 à 1760, s’érigeant en opposition aux autorités royale et pontificale. En déclin après l’expulsion de leurs ennemis jésuites, les Jansénistes préparèrent et participèrent aux débuts de la Révolution dont l’apport idéologique fut loin d’être négligeable.

    I. De Cornelius Jansen (Jansénius) à la bulle Unigenitus (1640-1713)

    ● Jansénius, le jansénisme et le molinisme

    Cornelius Jansen
    Cornelius Jansen.

    Cornelius Jansen (1585-1638), qui va donner son nom au courant, est né à Acquoy (Pays-Bas) au sein d’une famille catholique. A partir de 1602, il fréquente l’Université de Louvain en proie à une lutte opposant le parti jésuite au parti de Michael Baius lequel prend comme référence doctrinale saint Augustin. Le jeune Jansen s’attache vite à ce dernier parti. Plus tard, il prend en charge à Louvain le collège de Sainte-Pulchérie, résidence des étudiants en théologie néerlandais. Il défend vigoureusement l’Université de Louvain face aux Jésuites qui avaient fondé leur propre école de théologie, se posant en rivale de la Faculté, puis devient évêque d’Ypres en 1635. Il prépare dans le même temps son Augustinus, énorme traité sur la théologie augustinienne, à peine fini à sa mort. Il est publié deux ans après, en 1640, et publié en français une première fois en 1641 et une seconde en 1643. Les Oratoriens et les Dominicains font un bon accueil au traité, au contraire des Jésuites qui s’y opposent vigoureusement.

    Le Jansénisme est assez proche doctrinalement du protestantisme bien que ses adeptes se déclarent parfaitement catholiques. Sa philosophie est profondément austère et pessimiste : insistant sur la corruption profonde de l’Homme et la dépendance complète à Dieu pour le Salut, le jansénisme prône le rejet du monde, ses distractions étant autant de diversions pouvant détourner le chrétien de Dieu. Au contraire, la Compagnie de Jésus, fondée pendant la Renaissance par l’espagnol Ignace de Loyola, est marquée par un certain humanisme. Les Jésuites ont adopté la doctrine de Luis Molina (le molinisme), minimisant le péché originel, et postulant que chaque homme dispose d’une grâce suffisante pour surmonter les basses tentations et mériter le repos éternel. Les deux doctrines s’opposent viscéralement. De plus, alors que les Jésuites sont résolument ultramontains et proches du pouvoir royal (jusqu’à Louis XV, les confesseurs du Roi seront systématiquement jésuites), les Jansénistes, adoptant une tradition « anti-despotique » (qui les fera s’opposer à l’absolutisme royal et l’autorité pontificale) se retrouvent dans le Gallicanisme. L’historien Dale K. Van Kley remarque que la Fronde parlementaire, dirigée contre l’autorité royale, éclate en 1648, soit sept ans après la première publication de l’Augustinus en français : est-ce qu’une pure coïncidence sachant que le jansénisme va par la suite fortement imprégner les magistrats du Parlement de Paris ?

    ● La réaction du pouvoir royal louis-quatorzien

    Le jansénisme est trop proche des positions calvinistes pour ne pas susciter la méfiance du pouvoir royal. Richelieu s’y montre hostile avant son décès. Le conflit est ouvertement déclenché lorsque les religieuses jansénistes de Port-Royal (bastion janséniste) refusent de signer le formulaire du pape Alexandre VII de 1656 rejetant une partie des propositions jansénistes. En représailles, les religieuses sont dispersées dans plusieurs couvents. En 1656-1657, la grande figure janséniste Blaise Pascal rédige ses Provinciales destinées à défendre le janséniste Antoine Arnauld condamné par la Sorbonne pour des opinions jugées hérétiques. Après une période de calme, la lutte reprend à la fin du XVIIe siècle. Une bulle de condamnation du pape est obtenue en 1705, les religieuses de Port-Royal à nouveau dispersées en 1709 et le monastère, l’église et le couvent rasés en 1711.

    En 1713, Louis XIV parvient à obtenir du pape Clément XI la bulle Unigenitus condamnant 101 propositions jansénistes. Cette bulle est une véritable bombe à retardement que laisse Louis XIV peu avant sa mort, qui va empoisonner la vie politique et religieuse du XVIIIe siècle, au point qu’un certain nombre d’historiens parlent du « siècle de la bulle Unigenitus » pour désigner le XVIIIe du point de vue politique et religieux.

    II. L’agitation janséniste de la bulle Unigenitus à l’expulsion des Jésuites (1713-1764)

    Avec la bulle Unigenitus, l’opposition des parlementaires jansénistes au pouvoir royal prend une tournure radicale. Les Jansénistes se posent en défenseurs des principes gallicans face aux ultramontains. Le jansénisme prend dès lors une forte teinte politique (les historiens parlent couramment de « second jansénisme » pour désigner ce courant politique et judiciaire). Les Jansénistes diffusent largement leurs idées dans le public par des libelles et brochures : de 1713 à 1731, plus de mille publications hostiles à la bulle Unigenitus ont été dénombrées. Les Nouvelles ecclésiastiques devient le périodique des Jansénistes, rapidement tiré à 6000 exemplaires et circulant clandestinement à partir de 1728, exemple de réussite d’une presse clandestine.

    ● Des convulsionnaires de Saint-Médard aux billets de confession

    A la mort de Louis XIV (1715), la Régence, en opposition au pouvoir précédent, se déclare favorable au jansénisme et mécontente la papauté. En 1717, le 5 mars, quatre évêques (Soanen, évêque de Senez ; Colbert, évêque de Montpellier ; La Broue, évêque de Mirepoix ; Langle, évêque de Boulogne) déposent à la Sorbonne un acte notarié par lequel ils appellent de la bulle Unigenitus ; dans le clergé, sur un total d’environ 100.000 membres, 3000 se joignent aux quatre évêques et dénoncent la bulle. L’étude de ces appelants permet de dessiner la géographie du jansénisme : le courant est essentiellement confiné au bassin parisien. Le Régent change alors sa position et devient hostile au jansénisme en exilant les appelants, excommuniés par Clément IX en 1718. Le cardinal de Fleury, à son arrivée au pouvoir, maintient la politique de fermeté.

    convulsionnaires
    Convulsionnaires au cimetière de Saint-Médard sur la tombe du diacre François de Pâris (gravure anonyme, 1737).

    Au cimetière de Saint-Médard se produisent alors d’étranges spectacles. Le diacre janséniste François de Pâris, appelant et réappelant, mort le 1er mai 1727 y est enterré. Les miracles se multiplient sur sa tombe : guérisons spectaculaires puis tremblements corporels (à partir de 1730) témoignant de la sainteté du personnage et en quelque sorte de la validité du jansénisme (affaire dite des convulsionnaires de Saint-Médard). Le cimetière est fermé par les autorités en janvier 1732, les sympathisants du jansénisme raillent l’autorité royale : « De par le roi, défense à Dieu / de faire miracle en ce lieu ». Les convulsions ne prennent pas fin pour autant, et gagnent la province, symbolisant la persécution de la « vraie foi ».

    Deux affaires suivent celle des convulsionnaires : l’archevêque de Paris Mgr de Beaumont, fortement hostile aux Jansénistes, désigne en 1749 une nouvelle supérieure à l’Hôpital général de Paris, chasse gardée des Jansénistes qui contrôlaient l’établissement. Cette décision déclenche de violentes protestations et calomnies dirigées contre l’archevêque. Quand le climat s’apaise éclate une nouvelle affaire : l’affaire des billets de confession.

    Il était d’usage d’exiger des billets de confession (attestation remise par le prêtre au chrétien ayant été confessé) pour conférer les sacrements à des personnes mourantes. Plusieurs évêques (comme celui de Laon) recommandent de n’accorder les derniers sacrements qu’aux chrétiens exhibant des billets de confession délivrés par des prêtres non jansénistes (les « constitutionnaires »). Mgr de Beaumont, dans son désir d’extirper le jansénisme de son diocèse, donne des instructions strictes en 1746 à ce sujet. La mort de plusieurs jansénistes sans les derniers sacrements scandalise l’opinion, les derniers sacrements donnant accès au salut éternel. En 1749, ce sont 4000 personnes qui assistent aux obsèques du principal du collège de Beauvais, mort sans recevoir les derniers sacrements. Le Parlement jansénisant se saisit de l’affaire et prétend instruire un procès contre l’archevêque : une grève de 15 mois des magistrats éclate, Louis XV exile les parlementaires, l’affaire s’étend aux Parlements provinciaux jusqu’à l’amnistie générale du 2 septembre 1754, donnée par le roi en échange d’un silence imposé sur les affaires ecclésiastiques. Mais rien n’est réglé. Quant à l’archevêque Mgr de Beaumont, lequel refuse toute conciliation, il est exilé le 3 décembre 1754. Pour l’opinion, l’affaire des billets de confession s’est soldée par la victoire des Parlements.

    ● L’expulsion des Jésuites

    Les Jésuites sont la bête noire des Jansénistes, tout les oppose. Une affaire va donner aux parlementaires jansénistes une fenêtre de tir : l’affaire La Valette. La Valette est le nom d’un jésuite établi en Martinique et qui avait monté une plantation de canne à sucre et entretenait un commerce pour financer des missions. En 1755, au commencement de la guerre de Sept Ans, ledit père jésuite est ruiné par la saisie de ses navires par les Britanniques. Il ne pouvait pas rembourser la dette due à la société commerciale marseillaise Lioncy et Gouffre. L’affaire passe devant le Parlement d’Aix-en-Provence qui condamne La Valette. A ce moment là, les Jésuites hésitent : faut-il rembourser la dette ou faire appel devant le Parlement de Paris ? Ils commettent une erreur qui va leur être fatale : passer devant le Parlement de Paris, le repaire de leurs plus acharnés ennemis qui ne demandaient pas mieux. Le procès commercial se transforme en procès « politique » : les parlementaires estiment que certains règlements des Jésuites sont incompatibles avec les lois fondamentales du royaume.

    En avril 1761, le Parlement demande à examiner la Constitution de la Compagnie de Jésus. Les Jésuites sont accusés de « despotisme », de « régicide » (donnés responsables sans le moindre fondement de l’attentat de Robert-François Damiens contre le roi en 1757) et d’entretenir des doctrines « pernicieuses », voire d’ébranler les fondements de la religion chrétienne. Le 6 août 1762, le Parlement déclare la Compagnie de Jésus « inadmissible par nature dans tout Etat policé ». Louis XV, conseillé par Choiseul et la marquise de Pompadour (amie des philosophes des Lumières), cherche alors à ce moment à se concilier les Parlements pour faire passer ses réformes fiscales et décide de sacrifier – à contre-coeur – les Jésuites. Un édit royal de 1764 supprime la Compagnie.

    L’historien britannique Dale K. Van Kley, dans l’ouvrage de référence The Jansenists and the Expulsion of the Jesuits from France, 1757-1765 (jamais traduit en français), a montré que cette expulsion était avant tout l’oeuvre des jansénistes, et non des philosophes des Lumières comme les historiens l’ont longtemps pensé (même si ceux-ci y étaient également favorables). Le projet d’ « exterminer » l’ordre jésuite était présent dans les écrits jansénistes bien avant l’affaire La Valette.

    III. Des Jansénistes aux « patriotes » (1764-1790)

    Les historiens ont souligné le rôle – direct ou indirect, volontaire ou non – des Jansénistes dans la Révolution. La conjonction de l’opposition janséniste et de l’opposition parlementaire, soutenue par une habile propagande (libelles et pamphlets), ont permis de dresser une partie de l’opinion publique contre l’autorité jugée « tyrannique » du roi. Dale K. Van Kley a montré qu’un grand nombre de pamphlets et brochures « patriotiques » des décennies pré-révolutionnaires sont d’origine ou d’inspiration janséniste. L’avocat Le Paige notamment, a popularisé l’idée, pendant l’affaire des billets de confession, que l’ancienneté du Parlement est supérieure à celle du Roi. Il se prononcera plus tard en faveur de la Constitution civile du clergé. D’autres jansénistes, tels que l’abbé Duguet, Maultro et Mey popularisent les idées de Montesquieu, en particulier l’idée de « despotisme », et entretiennent un climat de contestation. Les parlementaires prétendant représenter la Nation, et les Parlements étant plus anciens que le Roi, on en vient à l’idée que la Nation est supérieure au Roi.

    Jusqu’à la Révolution française, les Parlements adressent remontrances sur remontrances aux édits royaux. Louis XV se résout tardivement à adopter une politique de fermeté. Le chancelier Maupeaou, Terray et le duc d’Aiguillon sont chargés de conduire cette politique. Trois édits de février 1771 suppriment le Parlement de Paris et le remplacent par une nouvelle Cour accompagnée de six conseils supérieurs. La vénalité (vente) et l’hérédité des offices sont supprimées et la gratuité future de la justice introduite. Les protestations sont fortes, mais ce n’est qu’à la mort de Louis XV (1774) que les Parlements sont restaurés : le jeune Louis XVI, soucieux de sa popularité les rappelle. Ces Parlements bloquent les réformes de fond notamment en matière de fiscalité (rappelons qu’en 1786, les seuls intérêts de la dette entament 50 % du budget de l’Etat !). La convocation d’une Assemblée de notables (vieille institution tombée en désuétude) pour faire passer les réformes échoue, et l’opinion en appelle aux Etats généraux.

    Le marquis de Bouillé accuse les Jansénistes du Parlement d’avoir appuyé la demande de convocation des Etats généraux et d’avoir ainsi précipité la chute de la monarchie : « … je croix avec quelque fondement, que ceux qui dirigeaient alors le parlement de Paris (dont quelques-uns, tels que Duqueport et Freteau, étaient à la tête du parti janséniste qui, depuis plus de quarante ans, influençait cette cour [du Parlement], et la gouvernait même depuis l’extinction des jésuites), avaient une politique mieux calculée [que celles des magistrats], et une ambition établie sur des bases en apparence plus solides. On juge même qu’ils cherchaient à appuyer sur les états généraux les principes de l’aristocratie parlementaire qu’ils s’occupaient à établir depuis si longtemps [...]. Ainsi, au lieu d’être effrayés de la convocation des états, ils la demandèrent, persuadés que les membres de la magistrature, répandus en grand nombre dans l’ordre de la noblesse, y domineraient par l’éloquence de plusieurs d’entre eux, et par l’habitude de parler en public qu’avaient la plupart ; en même temps qu’ils se flattaient d’une influence plus grande encore dans le tiers-état par les membres du bureau et des tribunaux subalternes, qui devaient, ainsi qu’il est arrivé, remplir et diriger cet ordre. » (Mémoires du marquis de Bouillé, Berville et Barrière, 1822, 2e éd., pp. 64-65).

    Le 13 juin 1789, trois députés du clergé quittent les rangs de leur ordre pour rejoindre le tiers. Ces trois curés sont rejoints le lendemain par six autres (avec l’abbé Grégoire) et deux jours plus tard dix autres. Le 19 juin, 149 députés du clergé, soit une majorité, la plupart curés, votent le ralliement à ce qui est désormais l’ « Assemblée nationale ». Le 27 juin, Louis XVI ordonne aux autres députés du clergé et de la noblesse de rejoindre cette Assemblée nationale. Jacques Jallet, l’un des trois premiers députés du clergé à avoir fait défection en en entraînant deux autres, est janséniste, tout comme Grégoire qui le rejoint le lendemain.

    Les Jansénistes de l’Assemblée nationale prennent une part active dans la rédaction de la Constitution civile du clergé et la défendent dans les débats : « Comme Charrier de la Roche, les jansénistes sont les premiers à défendre publiquement la Constitution civile dans le vaste débat qui l’accompagne, y compris le serment controversé qu’elle exige des clercs. » (Dale Van Kley, Les Origines religieuses…, p. 519). Cette Constitution civile du clergé va opérer une véritable rupture dans la Révolution en refondant l’organisation de l’Eglise gallicane, laquelle va se diviser en clergé constitutionnel et clergé réfractaire. Elle réduit à néant l’influence pontificale et soumet les évêques et curés à l’élection (entre autres). L’abbé Sieyès s’en prend de façon claire à ceux qui « semblent n’avoir vu dans la Révolution, qu’une superbe occasion de relever l’importance théologique de Port-Royal et de faire l’apothéose de Jansénius sur la tombe de ses ennemis. » La grande majorité du clergé janséniste se range du côté constitutionnel.

    Les Jansénistes, largement minoritaires, se sont faits dépasser par la suite par les plus radicaux des révolutionnaires. Il n’aurait tenu qu’aux Jansénistes, la monarchie aurait été maintenue et il n’y aurait pas eu de politique de déchristianisation. Quelques Jansénistes se sont par ailleurs opposé dès le départ à la Révolution, et beaucoup finiront par prendre le chemin de l’exil. Le Jansénisme, déjà en déclin en 1789, ne survivra pas à la Révolution française.

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    Bibliographie :
    BEAUREPAIRE Pierre-Yves, 1715-1789. La France des Lumières, Paris, Belin, 2011.
    HILDESHEIMER Françoise, Le Jansénisme. L’histoire et l’héritage, Paris, Desclée de Brouwer, 1992.
    VAN KLEY Dale K., The Jansenists and the Expulsion of the Jesuits from France, 1757-1765, Yale University Press, 1975.
    VAN KLEY Dale K., Les Origines religieuses de la Révolution française (1560-1791), Paris, Seuil, 2006.

  • La bataille des champs Catalauniques (20 juin 451)

    Au cours de l’été 451 apr. J.-C. s’opposent aux champs Catalauniques deux coalitions hétéroclites, l’une emmenée par le patrice Aetius, l’autre par Attila roi des Huns. La date de la bataille est incertaine (peut-être septembre), le lieu l’est également.

    Attila roi des Huns
    Le banquet d’Attila, Mor Than (1870).

    Les Huns sont un peuple originaire d’Asie, proto-turc avec des composantes de type mongol (un quart selon l’historien Walter Pohl), qui fait son apparition en Europe orientale au IIIe siècle. En 375, les Huns traversent le Don, détruisent l’empire alain des rives de la Caspienne et repoussent vers l’Ouest tous leurs ennemis par la terreur qu’ils inspirent. Attila naît en 395 et est élevé à la cour de Constantinople. Adulte, il retourne dans la vallée du Danube où il gouverne son royaume avec son frère Bléda de 434 (mort de son oncle Ruga) à 445 (assassinat de Bléda). En 446, toutes les tribus des Huns sont rassemblées sous son commandement.

     

    I. Les raids sur l’Empire romain (441-451)

    Attiré par les richesses de l’Empire romain d’Orient qu’il connaît bien, Attila l’attaque à deux reprises (441-443 et 447-449) jusqu’à mettre le siège devant Constantinople. L’empereur d’Orient Théodose II achète la paix en lui versant d’énormes tributs. Le roi des Huns se tourne alors vers l’Occident et demande la main d’Honoria, sœur de l’empereur d’Occident Valentinien III, prétexte pour attaquer l’Empire (réclamation d’une dot). Il espère s’y approprier de larges territoires dont l’Aquitaine wisigothique. Il peut compter sur quelques alliés, dont les Vandales.

    Huns en Gaule
    Ville romaine en Gaule saccagée par les hordes d’Attila, Antoine Georges Marie Rochegrosse.

    Attila passe le Rhin début avril 451 avec une armée d’environ 200.000 hommes (de toutes origines). Il parvient sans difficulté jusqu’à Metz qu’il assiège et détruit la veille de Pâques (7 avril), massacrant tous ses habitants. Parcourant la Champagne, il s’en prend à Reims, Saint-Quentin et Laon. Les Gallo-Romains pensent que le chef des Huns va se diriger vers Lutèce, riche ville de 2000 habitants, mais, apprenant qu’elle est bien défendue (les Lutéciens sont galvanisés par Geneviève qui les exhorte à ne pas quitter la ville mais au contraire à s’armer et la fortifier), il s’en détourne pour Orléans, point de passage obligé pour traverser la Loire.

    L’évêque d’Orléans, Aignan, ancien militaire, quitte la ville avant le siège pour implorer l’aide du généralissime romain Aetius à Arles. Consul en 432 et patrice (titre honorifique) en 433, Aetius dispose d’un pouvoir important à Ravenne auprès de l’empereur d’Occident et il connaît bien les Huns pour avoir été dans sa jeunesse otage à la cour du roi hun. Devenu officier romain, il en a recruté à plusieurs reprises dans son armée pour leur courage. Celui-ci demande à Aignan de pratiquer une résistance à outrance jusqu’à son arrivée fixée au 14 juin 451. De retour dans sa cité, l’évêque galvanise ses habitants, leur fait chanter des psaumes et organise la défense. Les Huns, qui possèdent des machines de siège (capturées aux Romains ou construites à l’aide de transfuges romains), lancent plusieurs assauts et finissent par crever la muraille.

    Alors que la ville s’apprête à tomber, les habitants voient au loin arriver l’armée de secours commandée par Aetius englobant entres autres les Wisigoths de Théodoric Ier, les Alains de Sangiban, les Burgondes de Gondioc et les Francs saliens de Mérovée (incertain), des Armoricains et des Bretons. En apprenant l’arrivée de l’armée de secours, l’évêque dit « C’est le secours du Seigneur » (Grégoire de Tours, II, 7). Les Huns sont contraints de lever le siège et de se replier. Cette délivrance qui paraît miraculeuse en rappelle une autre, celle de Jeanne d’Arc en 1429. A la mi-juin, les Huns installés au Campus Mauriacus, près de Troyes, sont rattrapés par les troupes d’Aetius.

    II. La bataille des champs Catalauniques

    Huns à Châlons
    Les Huns à la bataille
    de Châlons
    , Alphonse
    de Neuville.

    Le déroulement de la bataille nous est connu par l’historien goth Jordanès (de langue latine), qui écrit un siècle après les faits mais qui semble avoir eu à sa disposition des documents fiables. La plaine où s’est déroulée le combat fut appelée « champs Catalauniques », nom qui vient probablement de catalauni (« chefs de guerre ») du gaulois catu, « combat », et de uellaunos, « chef ».

    Attila, tout comme Aetius, commande une vaste coalition de Germaniques (il est entouré d’une « tourbe de rois » selon l’expression de Jordanès), où les Ostrogoths de Valamir sont les plus nombreux. Sont présents les Gépides d’Ardaric, les Hérules, les Alamans, les Suèves, les Skires, les Ruges, les Bructères, les Francs ripuaires et les Thuringiens. Les Romains et les Huns sont minoritaires au sein des deux coalitions.

    Le nombre de combattants n’est pas connu. Jordanès en attribue 500.000 à Attila, ce qui est invraisemblable compte tenu des moyens logistiques. Les historiens militaires s’accordent autour de 25.000 à 50.000 hommes pour chacune des deux armées, ce qui reste énorme pour l’époque. Selon Jordanès, Attila inquiet consulte ses chamans avant la bataille, lesquels lui annoncent sa propre défaite mais aussi la mort du chef ennemi. Néanmoins, « Attila estima que la mort d’Aetius était souhaitable même au prix de sa défaite. » (Getica, XXXVII, 134-196).

    Le matin du 20 juin, Attila décide de se mettre au centre du dispositif. A sa droite sont placés les Ostrogoths et à sa gauche les Gépides et les autres peuples germaniques. De l’autre côté, Aetius met au centre les Alains de Sangiban dont il se méfie, à droite les Wisigoths et les Francs saliens. Le général romain se place à gauche. Son plan consiste à tourner l’ennemi par son aile droite (les Wisigoths).

    La nuit même avant la bataille, les Francs rencontrent une armée gépide fidèle à Attila ; l’affrontement qui s’en suit (dans l’obscurité) met hors de combat plusieurs milliers d’hommes de chaque côté.

    Le 20 juin en début d’après-midi débute la véritable bataille. Les Wisigoths affrontent et taillent en pièces les Ostrogoths, mais leur roi Théodoric est tué au cours du combat, soit en tombant de cheval, soit en recevant un javelot lancé par Andag, chef ostrogoth. Les Romains et les Francs saliens d’Aetius attaquent les Francs ripuaires, les Thuringiens, les Suèves et quelques Burgondes ralliés à Attila. Les Huns, au centre de la bataille, lancent une violente charge de cavalerie mais se heurtent aux cavaliers alains qui leur tiennent tête. Habitués aux attaques fulgurantes, les cavaliers huns sont peu habitués à soutenir une pression continue de la part de l’ennemi. Les Wisigoths se portant vers les Huns (conformément au plan d’Aetius) forcent Attila à reculer jusque dans son camp circulaire de chariots, alors que la nuit tombe. La prédiction des chamans d’Attila se révèle juste, mais c’est Théodoric qui a perdu la vie, et non Aetius comme le pensait le chef hun.

    Le lendemain, les Huns dans leur camp se tiennent prêts à se battre, se préparant à subir un siège. Attila aurait fait élever un bûcher composé de selles de chevaux dans lequel il se tenait prêt à se jeter en cas de défaite. Les Wisigoths cherchent le corps de leur roi. « Ils le trouvent au milieu de très nombreux cadavres, et, l’ayant honoré par des chants, ils l’enlèvent sous les yeux de l’ennemi. Vous eussiez vu des troupes de Goths dans le fracas de leurs voix discordantes qui, alors que la guerre faisait toujours rage, étaient venus rendre les honneurs funèbres » (XLI, 214). Après avoir entrechoqué leurs armes, ils proclament Thorismond, frère de Théodoric, roi.

    Aetius et Thorismond décident de ne pas pousser plus loin leur avantage pour des raisons stratégiques. Aetius pense que si les Huns sont éliminés, l’Empire romain d’Occident va passer sous la coupe des Wisigoths (il voit dans les Huns un contrepoids aux Wisigoths). Au contraire, Thorismond se dit que si les Huns sont écrasés, l’Empire va se retrouver fortifié par l’afflux d’un grand nombre de mercenaires Huns. Aucun des deux hommes ne voyant son intérêt dans l’anéantissement des Huns, et le mythe de l’invincibilité d’Attila ayant volé en éclats, l’alliance de circonstance entre Romains, Wisigoths et Alains se brise et Thorismond part pour Toulouse (l’année suivante, les Wisigoths de Thorismond écrasent leurs anciens frères d’armes, les Alains de Sangiban !). Attila peut battre en retraite tranquillement ; il passe le Rhin avec le prestigieux évêque Loup comme otage, pour ne pas être attaqué.

    III. Les derniers feux d’Attila (452-453)

    Rencontre entre Attila et Léon le Grand - Raphaël
    La rencontre entre Léon le Grand et Attila (fresque de Raphaël, 1513-1514, palais du Vatican).

    Attila ne revient plus en Gaule, mais ses forces restent suffisamment importantes pour attaquer l’Italie. Après avoir réorganisé ses forces, il descend la péninsule italienne en 452, rase Aquilée (une partie de ses habitants iront se réfugier sur des îlots au Sud, formant l’embryon de la future Venise), pille Milan, Padoue, Vérone et Pavie. Aetius laisse à leur sort les villes du Nord et se réfugie à Rome avec l’empereur ; son projet était de quitter l’Italie avec Valentinien III mais le Sénat s’y est opposé. L’empereur d’Orient Marcien, successeur de Théodose II, apporte son aide en attaquant les Huns du Danube, ouvrant en cela un deuxième front, et en envoyant des auxiliaires en Italie.

    L’armée des Huns est affaiblie par la chaleur, les exhalaisons et moustiques des marais d’Aquilée, le manque de vivres (famine de 451), la dysenterie. Alors qu’il marche sur Rome, ville très bien fortifiée, le pape Léon le Grand, ami d’Aetius, se porte à sa rencontre. Au cours d’une entrevue dont le contenu est resté secret, le pape parvient à convaincre le chef hun de se détourner de l’Italie pour retourner en Pannonie.

    Le « fléau de Dieu » décède en 453, le soir de ses noces avec une princesse burgonde, des suites d’une hémorragie selon Jordanès. La coalition disparaît avec son chef, ses composantes ne parvenant pas à s’entendre et s’entre-déchirant. Une partie des Huns se dirige vers l’Est, dans la région de la Volga. Ils ne représenteront plus de menace sérieuse. Quant à Aetius, il ne survit qu’un an à son ancien ennemi, l’empereur Valentinien III, ayant peur pour son trône et jaloux de sa gloire, le faisant assassiner en 454.

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    Bibliographie :
    CHAUTARD, Sophie. Les grandes batailles de l’Histoire. Studyrama, 2010.
    ROUCHE, Michel. Attila, la violence nomade. Fayard, 2009.

  • Un processus fou

     

    Le cinquantième anniversaire du traité d’amitié franco-allemand, la grève des instituteurs parisiens, les élections israéliennes, l’intervention de la France au Mali …autant de sujets qui font les gros titres des médias. Plus en tout cas que la manifestation hier à Bruxelles des buralistes français qui sont en train de mourir sous les coups redoublés du gouvernement et de l’Europe,  ou que la condamnation hier également de « l’humoriste » Mathieu Madénian. Le « comique » a écopé de 1.000 euros d’amende avec sursis pour injure publique envers le Front National. Une peine assortie de 1.000 euros de dommages et intérêts au FN et 1.500 euros pour les frais de justice. Lors d’une émission sur la chaîne Direct 8 -dans l’émission “Morandini!” du 26 septembre 2011-, il avait déclaré que 18% d’intentions de vote pour le Front national signifiait « 18% de fils de pute en France ».

    L’histoire ne dit pas si M. Madénian consulte régulièrement le site de Francetv info dont un article indiquait hier que « L’immigration comorienne pèse sur l’économie de Mayotte » ; un doux euphémisme introduisant la vidéo mise en ligne le 22 janvier évoquant un reportage de France 2 .

     « Un millier de morts ont été recensés en dix ans dans les eaux qui séparent Mayotte des Comores. Femmes et bébés font souvent le voyage dans des embarcations de fortune (…) . Les dispensaires de Mayotte soignent ces clandestins et des milliers de jeunes comoriens de très bas âge déambulent dans des bidonvilles de l’île, les parents étant expulsés vers les Comores (…) une économie en faillite dans ce département au bout du monde. »

    Nous l’évoquions sur ce blog dans un article publié le 6 octobre 2011, C’est à Mamoudzou, capitale de Mayotte, que se trouve la plus grande maternité de France, avec près de 5 000 naissances par an sur les 8 000 dans l’île… «En quelques années, indiquait alors le ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard,le nombre d’enfants scolarisés dès l’âge de 3 ans a été doublé» (75 % des 72 000 enfants scolarisés à l’école primaire à Mayotte sont étrangers, NDLR).

    Sur l’île , les Français, Métros et Mahorais réunis, seraient 130 000,  les immigrés comoriens 50 000, probablement le double selon certaines sources. Les 20 000 comoriens expulsés chaque année reviennent dans la foulée sur ce territoire français. Insécurité,  délinquance violente, racisme anti-français font partie du quotidien.

    Le 22 décembre dernier, même Le Monde tirait la sonnette d’alarme : « Les flux (d’immigrés) en provenance du 139e pays le plus pauvre au monde sur 182 (les Comores, NDLR) ont atteint des proportions telles que si des médecins examinaient Mayotte, ils concluraient sans doute à son état d’épuisement. »

    « La pression est telle que le rapport démographique a atteint des records : 40 % des 212 000 habitants de Mayotte sont désormais d’origine comorienne (+ 25 % depuis 2007). La plupart sont en situation irrégulière. Même l’éducation nationale ne suit plus:25 % à 40 % des élèves sont issus de familles sans papiers. »

    Les gendarmes ne sont pas les seuls à tenter d’écoper la mer avec une petite cuillère: « Leurs bateaux (de surveillance) utilisent plus de 100 litres d’essence par heure. Leurs moteurs à 30 000 euros pièce s’usent les uns après les autres à force de remorquer les kwassas (embarcations, NDLR) interceptés. Pour un résultat de surcroît relativement médiocre : une embarcation sur trois empêchée d’atteindre Mayotte. »

    « Faute de patients solvables est-il encore indiqué, le système de santé est aussi proche de l’effondrement. Les soins sont gratuits pour les plus démunis qui ont une pathologie très grave ou dont le pronostic vital est engagé. Ce qui attire des embarcations entières de Comoriens malades, dont beaucoup de handicapés. Dans le même temps, le suivi des pathologies bénignes est compliqué car l’accès à la Sécurité sociale est conditionné à la régularité du séjour(…)»

    « Si toutes les infrastructures sont en difficulté à Mayotte, cette situation n’est pas qu’un enjeu local. Elle concerne directement Paris (…) la quasi-totalité des jeunes arrivant en métropole après un début de cursus sur l’île – dont des Comoriens devenus français – sont en échec scolaire ou professionnel. »

    Et pour compliquer les choses, « depuis peu, des demandeurs d’asile venus de l’Afrique des Grands Lacs débarquent aussi à Mayotte. Pour se loger, ces Africains s’agglutinent à leur tour avec les Comoriens dans les bidonvilles. Faute de ressources, les femmes – à l’instar des sans-papiers – n’ont d’autre choix que de se prostituer (…). On m’avait dit que c’était la France, résume un jeune Congolais de 18 ans, dépité, alors qu’il venait d’obtenir son statut de réfugié. Il s’appelle Baguma et son seul objectif est de rejoindre au plus vite la France. La vraie . »

    Bruno Gollnisch l’affirme, Ce n’est pas en tiers-mondisant la France que l’on aidera le tiers-monde, charité bien ordonnée commence par soi même. La situation commanderait bien évidement de prôner l’amour du prochain plutôt que du lointain pour éviter le naufrage, de supprimer le droit du sol, les avantages sociaux accordés aux immigrés et de rétablir une stricte préférence nationale.

     Le simple bon sens devrait inviter les plus immigrationnistes à ouvrir les yeux sur la dure réalité. Sans angélisme déplacé. Ainsi il est assez « surprenant » qu’en métropole, les évêques de Nantes, Luçon, Angers, Laval et Le Mans aient appelé « tous les baptisés » à « changer de regard sur les personnes migrantes et réfugiées ».

    « Nous invitons toutes les communautés chrétiennes à réfléchir à leur accueil », ont-ils affirmé,  en rappelant la phrase de Jésus rapportée par l’évangile selon saint Matthieu : « J’étais un étranger et vous m’avez recueilli. ».« Cela, d’autant plus que dans le contexte de crise que nous traversons, nous sommes parfois tentés par la peur et la méfiance à l’égard de l’étranger. »

     La question étant de savoir, mais ses évêques n’y répondent pas, à partir de quel taux de refus sommes-nous infidèles à la parole de Jésus pour accueillir tous les immigrés qui se pressent à nos frontières ?

     Mgr Dognin, de son côté, s’est félicité des « efforts de l’administration » pour l’ « abrogation de la circulaire sur les étudiants étrangers ou encore suppression du délit de solidarité » pour les personnes aidant des clandestins. Plus globalement, au sujet des immigrés, il feint de s’interroger : « Pourquoi leur donner certains droits et pas tous, comme celui de se présenter ou d’élire son député ? ».

     Le 22 décembre dernier, dans une lettre adressée à Christophe Barbier, directeur de l’Express, le professeur Yves-Marie Laulan, Président de l’Institut de Géopolitique des Populations, rappelait « les estimations de (son) dernier colloque du 11 février 2012 qui évalue à 73,3 milliards le coût net de l’immigration, défalcation faite d’une valeur ajoutée par les immigrés de 55,9 milliards . »

    Il réfutait l’assertion sur les bienfaits économiques de l’immigration de masse : ,« Faisons venir en France chaque année 200 000 sympathiques Congolais plus 200 000 aimables Maghrébins, qui ne demandent que cela, et voilà la France qui caracole en tête des pays européens. »

    « Cette proposition n’a aucune sens. Car assimiler un immigré venant du Tiers monde à un jeune français, allemand, britannique , formé et qualifié consiste à commettre l’erreur classique de nos  immigrationnistes  de choc. Cette vision quantitativiste est tout simplement une niaiserie, indigne (…) »

     « L’immigré coûte bien plus qu’il ne rapporte. Car il n’est malheureusement pas formé, ni éduqué ni qualifié . Il faut donc, dès qu’il pose son pied sur le territoire national, le prendre en charge , c’est-à-dire le loger, le soigner, mettre ses enfants à l’école, et lui donner de quoi subsister (l’ATA) . Et lutter contre l’inévitable délinquance. »

    « Mais, en revanche, cela explique en partie l’extraordinaire montée en puissance du budget social de la France qui vient encore tout récemment s’alourdir de 2,5 milliards supplémentaires en faveur des pauvres et des déshérités dont la plupart proviennent de l’immigration, légale ou clandestine. Au surplus, la fameuse CMU de Martine Aubry va bénéficier à 500 000 bénéficiaires supplémentaires . Je vous laisse deviner leur origine. »

    « Tout ceci pour dire qu’il faut être quelque peu demeuré, ou cynique, pour oser prôner la poursuite de l’immigration -250 000 par an dont 200 000 légaux et 50 000 au moins venant de l’immigration clandestine, futurs chômeurs ou assistés sociaux- alors que le taux de chômage va vers 11% de la population active et que le budget social éclate de toutes parts, cependant que le taux de croissance de notre pays stagne autour de 0 %. »

    Un constat de bon sens, que M. Laulan,  les dirigeants du FN partagent avec une majorité de Français. Il est révélateur que dans notre démocratie confisquée, comme l’a souligné Bruno Gollnisch à de nombreuses reprises, nos compatriotes n’aient jamais été consultés sur la nécessité de stopper ce processus fou.

    http://www.gollnisch.com

  • Zemmour : « Montebourg est tout miel avec Renault »

    Chronique d’Eric Zemmour du 18 janvier 2013 : la curieuse mansuétude de Montebourg sur le dossier Renault.


    "La Chronique d'Eric Zemmour" : la curieuse... par rtl-fr

  • Comment les banques continuent à se goinfrer…

    C’est la crise ! Paraît-il… La crise et son cortège de plans sociaux. La crise et ses usines qui ferment. La crise et son chômage de masse. La crise et les impôts des classes moyennes qui augmentent, pour désendetter les Etats. La crise et les dépenses publiques qui baissent, pour éponger les erreurs du passé. La crise, oui, mais visiblement pas pour tout le monde !

    Il est une catégorie d’acteurs économiques qui gagnent quand tout le monde gagne, et qui gagnent encore quand tout le monde perd : les banques. Les plus grands établissements financiers américains – ceux dont il ne fait plus aucun doute qu’ils sont à l’origine de la Grande Crise qui secoue les économies occidentales depuis 2007 – viennent de publier leurs comptes pour l’année 2012. Ils laissent pantois.

    Accrochez-vous : Goldman Sachs, la banque symbole de toutes les dérives du capitalisme financier, celle qui a maquillé les comptes de la Grèce et inventé les produits financiers les plus dingues, a plus que doublé ses résultats : 7,3 milliards de dollars de profits nets ! JP Morgan a fait encore mieux : 21,3 milliards de dollars de bénéfices ! Le Pdg de cette dernière, Jamie Dimon, s’est même octroyé un bonus personnel de 10 millions de dollars. A ce tarif-là, ce n’est plus un cadeau Bonux, c’est le jackpot du loto. Et un gros lot qui, en l’occurrence, tombe chaque année, crise ou pas crise.

    Le plus incroyable, c’est que ces banques sont désormais censées évoluer dans un cadre réglementaire beaucoup plus strict (les fameuses lois Volcker et Dodd-Franck). Des contraintes dont elles n’ont d’ailleurs cessé de se plaindre. Il faut croire, à l’évidence, qu’elles ont l’effet du mercurochrome sur une jambe de bois.

    Dans ce contexte, on attend avec impatience les résultats de nos grands établissements français. Mais au moment où Bercy planche sur les nouvelles règles du jeu bancaire et semble hésiter à encadrer pour de bon leurs agissements, ces résultats himalayens des banques américaines devraient donner à réfléchir. Sans doute fallait-il sauver les banques en 2008. Mais à l’heure où les Etats sont surendettés et où l’on demande aux peuples toujours plus de sacrifices pour nous sortir de ce mauvais pas, le moment n’est-il pas venu d’imposer au monde de la finance des règles drastiques ? Pour éviter que quelques-uns continuent à se goinfrer en toute impunité. Pour éviter surtout que les mêmes causes produisent à l’avenir les mêmes effets dévastateurs.

    Marianne via http://fortune.fdesouche.com

  • La comptabilité n'est pas neutre en économie

    Pour beaucoup de monde, la comptabilité n'est rien d'autre qu'une technique d'enregistrement des mouvements d'argent au sein d'une entreprise, d'une société qui permet de savoir si celles-ci sont bien ou mal gérées. Pourtant, rien n'est plus faux que cette image de neutralité de la comptabilité perçue comme discipline objective se contentant de constater ce qui se passe lorsque l'on sort du simple tableau débit/crédit tel qu'il apparaît sur le relevé de compte en banque d'une famille.
    L'EXTRÊME RIGUEUR DES PREMIERS TEMPS DU CAPITALISME
    Le véritable problème de la comptabilité n'est pas tant d'enregistrer ce qui se passe dans la réalité que de savoir comment prendre en compte cette réalité. Des règles existent, dans les « plans comptables » pour indiquer dans quelle catégorie un actif, une dépense, un achat, un flux financier doit être inscrit : déjà, à ce stade, la représentation de l'activité de l'entreprise, à travers son bilan et ses différents comptes, sera modifiée selon les règles retenues et la manière dont elles seront mises en œuvre, dans la mesure où il y aura inévitablement une part d'interprétation. Au-delà de la rigueur, la comptabilité relève aussi d'un certain art.
    Mais il y a plus : ainsi, comment relever la valeur réelle d'une machine dans un atelier ? Doit-on la comptabiliser à la valeur de la casse, comme cela s'est fait longtemps, ou bien la comptabiliser, comme actuellement, selon le « principe du coût historique », c'est-à-dire selon le prix auquel elle a été achetée ? La réponse à ce seul problème peut modifier bien la situation d'une entreprise et de sa gestion. Dans le premier cas, la valeur des actifs d'une entreprise est nécessairement faible ; dans le second, elle est évidemment bien plus élevée.
    Historiquement, au XIXe siècle, c'est la conception du premier cas qui était retenue. Elle se rapportait à une vision très austère de l'activité et du risque économiques. La faillite était vécue comme une hantise et la prise en compte des actifs se faisait en anticipant une éventuelle faillite en simulant le capital résiduel en cas de liquidation des biens. Dans le même temps, elle s'accordait avec une conception de l'entrepreneur qui investissait directement son capital, disposait d'un maximum d'autofinancement, faisait donc peu appel à l'emprunt et était responsable sur des biens propres. La prise de risque du "capitaliste" n'était pas un vain mot et cette pratique s'inscrivait encore dans la tradition d'honneur et d'effort de la civilisation européenne toujours vivante. Le « principe de prudence » alors appliqué faisait que l'on évitait de prendre en compte des profits à venir, autrement dit des profits potentiels pour ne retenir que les pertes potentielles.
    L'inconvénient d'un tel système était de ne faire apparaître les profits, autrement dit les dividendes pour les actionnaires d'une entreprise, que vers la dernière période de production des investissements : on ne touchait pas de bénéfices rapidement.
    LE SYSTEME DU "COÛT HISTORIQUE"
    Ce système peu attrayant convenait mal lorsque le développement économique nécessita de mobiliser toujours plus de capitaux : il fallait attirer les épargnants et, pour cela, leur assurer des revenus plus rapides. A l'âge de l'entrepreneur pionnier commençait à se substituer celui du financier et du spéculateur, la bourse prenant de plus en plus d'importance dans l'économie. Pour cela, il fut décidé de ne plus envisager une liquidation fictive comme c'était le cas avec ce système comptable mais en considérant que l'entreprise existait durablement, invoquant le « principe de continuité ». La nouvelle conception reposait sur l'idée qu'une machine produit des richesses durant sa vie et qu'il faut prendre en compte cette réalité. Autrement dit, on comptabilisera la valeur d'un actif à son prix d'achat, ce que l'on appelle le « coût historique » diminué chaque année d'un pourcentage correspondant à l'usure de la machine calculée sur sa durée de vie estimée : c'est le principe de l'amortissement, bien connu de nos jours.
    C'est ce système comptable fondé sur le « coût historique » qui a dominé tout le XXe siècle jusqu'aux années 1980. De ce fait, la valeur comptable des entreprises, ainsi fondée sur cette conception anticipatrice mais considérée comme «valeur réelle» au sus de tous, était réévaluée par rapport au modèle précédent mais permettait de distribuer plus rapidement des bénéfices, à savoir des dividendes pour les actionnaires.
    VENDRE LA PEAU DE L'OURS
    Toutefois, ce n'était pas suffisant : pour satisfaire les actionnaires, il fallait accroître l'anticipation des bénéfices. C'est pourquoi nous en sommes aujourd'hui à une troisième prise en compte de la valeur d'un actif, à savoir qu'une machine ne représente plus un coût mais une somme de services actualisés, autrement dit de services futurs, non encore réalisés, ramenés à l'instant présent. L'argument de base invoqué - et tiré des travaux d'économistes tel Walras ou ceux de l'École autrichienne - est le suivant : dans la mesure où un équipement va être utilisé durant plusieurs années, il faut calculer la valeur de cette utilisation en anticipant cette dernière ; c'est le principe connu sous le nom "d'actualisation" : la valeur comptable d'un équipement va donc inclure pour une part des bénéfices non encore réalisés. Jusqu'alors, on ne distribuait des bénéfices que sur des actes commerciaux réalisés ; maintenant, il n'est plus besoin d'attendre que les faits se produisent : il suffit d'anticiper, en considérant comme sûre l'espérance de voir les faits se réaliser. Le principe d'imprudence - et à la limite d'escroquerie - est entré dans l'ordre comptable.
    Autrement dit, on ne prend plus en compte une valeur de réalisation - raisonnablement supposée comme certaine mais simplement  une  espérance de profits. Nous sommes ainsi entrés dans l'ère de la valeur virtuelle et cela d'une manière d'autant plus dangereuse que l'on ne prend plus en compte les risques de perte, inversant ainsi les règles de simple prudence et de bon sens qui prévalaient depuis le XIXe siècle.
    L'effet d'une telle évolution de la comptabilité conduit à favoriser la recherche de profits à court terme et à ouvrir ainsi la porte à tous les dérèglements.
    LES NORMES IFRS
    Cette troisième phase s'est traduite par l'adoption de nouvelles normes comptables appelées IFRS (International Financial Reporting Standards). De quoi s'agit-t-il ? Le système repose sur le principe de la « juste valeur » (Fair Value), autrement dit sur la règle que les actifs d'une société doivent être valorisés à leur valeur de marché. Le but de cette réforme était de faciliter le travail de valorisation des sociétés ; mais cela entraîne une très grande volatilité de la valeur des actifs et la publication de résultats comptables sans rapport réel avec leur activité économique. En outre, cette valorisation s'applique indifféremment à des actifs d'une durée de moyen et de long terme pour lesquels la valorisation instantanée n'a pas de sens. En outre les méthodes de valorisation manquent de clarté et d'harmonisation entre les sociétés.
    Les établissements de crédit comme les entreprises ayant d'importantes participations financières se trouvent particulièrement exposés à ces défauts. Avec un tel principe, c'est une nouvelle philosophie de la compréhension de la situation financière des entreprises qui apparaît. Et c'est surtout la valorisation des actifs selon les techniques boursières qui fait son entrée dans la comptabilité.
    Ces normes IFRS se sont imposées aux Etats européens au début des années 2000, venant des États-Unis, à travers un organisme a priori indépendant, l'IASB (International Accounting Standard Board), auquel l'U.E., bien légèrement, a en quelque sorte donné carte blanche pour leur mise en œuvre. Celui-ci, aidé par les jeunes générations de cadres financiers formés dans les grandes écoles du mondialisme que sont les écoles de commerce et de gestion délivrant les fameux MBA (Master of Business Administration), a conduit à la transformation non négligeable des systèmes comptables en place comme le PCG français (Plan Comptable Général), plaidant pour une harmonisation des règles comptables en Europe et dans le monde occidental. Alors que le PCG régissait le seul droit comptable, les normes IFRS intègrent l'information financière en général, laquelle est essentiellement tournée vers les actionnaires et autres investisseurs.
    Actuellement, les normes IFRS régentent les « comptes consolidés » des entreprises, c'est-à-dire les comptes qui rassemblent tous les comptes et résultats des entreprises, notamment des grands groupes, et qui jouent un rôle majeur dans l'information économique et financière.
    Ce type d'information, concernant les anticipations et les perspectives de production n'est certes pas inutile mais n'a pas sa place dans une discipline qui doit, autant que possible, être un diagnostic de la santé d'une entreprise.
    LES NORMES ET LA CRISE FINANCIÈRE
    Ces normes IFRS ont contribué au développement de la pandémie financière présente et à venir dans la mesure où elles ont faussé les bilans : alors que les actifs des instituts financiers étaient comptabilisés à la valeur boursière, qui avait augmenté vertigineusement au cours des années 1990-2000, les dettes demeuraient évaluées à leur valeur initiale, ce qui a gonflé artificiellement les profits comptabilisés ! Le phénomène a encore été aggravé lorsque l'IASB a décidé de ne plus amortir certains actifs immatériels jugés rétifs à cet exercice, les traitant ainsi comme indestructibles. Une telle situation, jointe à la prestidigitation développée par « l'industrie financière » avec notamment les produits dérives, ne pouvait - et ne peut - qu'engendrer l'euphorie et conduire à l'abandon de toute prudence en matière de distribution de crédit. La politique du « n'importe quoi », pour ne pas dire de la malhonnêteté, sera illustrée par les faits suivants. Selon les normes IFRS, nous l'avons vu, les valeurs des actifs sont comptabilisées à la valeur des "marchés" (en réalité, quelques poignées d'agents financiers agissant derrières leurs écrans d'ordinateurs). En période  de hausse, tout va bien. Mais lorsque la crise arrive, comme en 2008, la logique des normes IFRS voudrait que l'on comptabilise ces mêmes actifs à la valeur des marchés, autrement dit une valeur fortement dévalorisée. Ce qui signifiait une forte dévalorisation de la valeur affichée des entreprises, autrement dit l'aggravation d'une situation déjà catastrophique. Que fut-il alors décidé par les instances financières mondialisées ? Tout simplement de ne pas comptabiliser les pertes au motif que, en période de crise, les marchés ne peuvent plus fonctionner correctement et par conséquent les valeurs relevées ne signifient plus rien !
    Des dirigeants financiers s'inquiètent du maintien de tels principes dangereux, tel le président d'AIG, groupe d'assurance américain qui a demandé leur remise en cause, tel le directeur général de Paribas Baudoin Prot qui s'est inquiété de trouver le moyen d'en limiter les effets « pro cycliques ». Mais il est à penser que les choses en resteront aux vœux pieux et aux vaines critiques. L'IASB n'a préconisé que des modifications ponctuelles qui ne remettent pas l'ensemble en cause alors que les normes IFRS s'appliquent à un nombre croissant d'Etats. Et l'on peut craindre que le "mal" augmente dans la mesure où les normes IFRS demeurent encore imprégnées des normes précédentes. Il existe en effet des projets plus extrêmes t fondés sur la « full fair value » autrement dit le « valeur sincère entière », qui vise à calquer la comptabilité sur les règles de spéculation boursière : le pire est donc à venir.
    L'étendue de l'escroquerie pourrait être élargie en prenant en compte les politiques fiscales qui, pour amoindrir la fiscalité pesant sur les plus puissantes sociétés, a instauré la technique de l'amortissement fiscal accéléré, la « prestidigitatrice en chef » étant probablement Margaret Thatcher qui, dans les années 1980 a autorisé des amortissements fiscaux de 100 %, autrement dit permettant de passer en perte sur une année la totalité d'un actif dont la durée de vie est de plusieurs années.
    UNE URGENTE REMISE EN ORDRE
    La comptabilité n'est pas, à l'évidence, une discipline neutre. Comme toute description, elle relève de concepts, de principes qui ont nécessairement leurs défauts, lesquels peuvent toujours être - et seront toujours - détournés à des fins frauduleuses. Mais ces principes doivent être honnêtes, réalistes. Ils ne peuvent être indépendants de la morale naturelle, c'est-à-dire des principes sains, de bon sens, sans lesquels une société est menacée d'effondrement. Il est clair que les principes fondamentaux appliqués actuellement en comptabilité ne sont pas des principes sains. Dans la perspective du redressement de notre civilisation à laquelle œuvrent tous les hommes de bien, à commencer par les nationalistes, il est vital de dénoncer les pratiques comptables actuelles et de définir des règles comptables saines et sincères. Lorsque l'actuel système aura sombré, provoquant le chaos, il faudra reconstruire l'ordre sur de saines bases.
    André GANDILLON, Président des Amis de RIVAROL
    Rivarol du 1er juillet 2011

  • La Chine achète l'Europe archive 2010

    LA CHINE profite de la crise pour accroître son influence sur l'Europe, investissant dans la dette des pays de la zone euro, elle se fait ainsi des alliés à l'intérieur de l'Union européenne (UE). Début novembre, la cavalerie portugaise est au garde-à-vous pour saluer majestueusement Hu Jintao, le chef de l'État et du Parti communiste chinois. Un événement inattendu se produit : un cheval se cabre et désarçonne le cavalier. Préoccupé, le chef de l'État chinois attend la fin de la cérémonie pour s'adresser au garde, l'embrasser et lui demander si tout va bien. Le geste attentionné du président chinois a valeur de symbole : « À travers ce beau moment, le monde découvre la Chine sous une grandeur humaine », mentionne le Quotidien du Peuple, l'organe du PC chinois.
    Grâce à l'endettement de la zone euro, Pékin tente dans son propre intérêt de stabiliser l'économie de ses plus grands partenaires commerciaux. Le géant de l'énergie China Power International voudrait entrer dans le capital d'Energias de Portugal en achetant 2 à 5 % du capital de cet opérateur de gaz et d'électricité lusitanien. Les deux entreprises coopéreront dans des projets d'énergie renouvelable en Europe, en Afrique et au Brésil. Avant son arrivée à Lisbonne, Hu Jintao fut appelé comme un sauveur. Il s'engage à « soutenir l'Union européenne par des mesures concrètes ». Le vice-ministre des Affaires étrangères Fu Ying a indiqué que la Chine développerait l'acquisition des emprunts d'État appartenant aux pays endettés. Pékin tire adroitement profit de la crise de l'euro pour étendre peu à peu, mais sur le long terme, son influence politique et économique. Son offre vise avant tout les membres les plus endettés de la zone-euro, que l'on appelle les États PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne). Avec beaucoup de diplomatie , la République populaire affirme vouloir gagner des alliés au sein de l'UE. Lors de son voyage en Europe en octobre, le Premier ministre Wen Jiabao explique avec condescendance : « La Chine a déjà acheté des emprunts d'État à la Grèce, à l'Espagne et à l'Italie, tandis que d'autres investisseurs sont en train de quitter ces pays ». Au Parlement d'Athènes, Wen Jia-bao promet d'aider la Grèce : « Nous devons proposer d'autres aides et sortir certains pays de leurs difficultés financières ». Étant le plus grand détenteur de devises mondiales, la Chine a amassé 2,5 billions (2 500 mille milliards) de dollars. 70 % de ces capitaux ont été investis. Les Chinois tentent de constituer leur trésor dans des devises autres que le dollar. Yu Yong-ding, ancien conseiller monétaire de la Banque centrale chinoise et président de la Société d'études chinoises sur l'économie mondiale, accrédite cette diversification, même si les autres devises « ne sont pas des produits de substitution idéaux » par rapport aux emprunts d'État américains.
    En juillet, la Chine a acquis pour 400 millions d'euros d'emprunts d'État espagnols. Le Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero remercia son bienfaiteur par une visite diplomatique à Pékin en septembre. « Si la Chine augmente sa part d'emprunts espagnols, dit-il, cela renforcera la confiance des marchés financiers ». Zapatero espère que la Chine achètera encore plus d'emprunts d'État. Les Européens du Sud regardent avec avidité vers Pékin. Les capitalistes de l'État chinois qui soutiennent ce pays par l'achat de titres demeurent invisibles. Dans la capitale, des agents de l'Administration chinoise des changes travaillent et spéculent derrière les murs d'un bloc abritant des bureaux. Les résultats des recherches ne sont jamais publiés directement. Inféodée à la Banque centrale, tout est contrôlé par l'État. L'année dernière, Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque centrale chinoise et responsable de la politique monétaire, attira l'attention en proposant de remplacer le dollar comme monnaie de réserve globale par des droits de tirage spéciaux, un actif de réserve international créé en 1969 par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres. Zhou Xiaochuan suit les consignes du parti et de la Banque centrale qui précise sur son site : « La Chine est un investisseur responsable sur le long terme dans l'investissement des réserves de change qui suit le principe de diversification. L'Europe a été, est et restera l'un des principaux marchés d'investissement pour les réserves de change de la Chine ».
    LA GRÈCE, UN TREMPLIN VERS L'EUROPE DE L'EST
    China Investment Corp. (CIC) est un nouveau fonds souverain chargé de gérer sous la forme de participations (sur des fonds en actions) une partie des capitaux publics de la Chine. Il démarre avec un capital d'environ 200 milliards de dollars provenant du stock de devises. À l'occasion de sa fondation il y a trois ans, CIC suscitait la méfiance des Européens. En 2009, son président Lou Jiwei, ancien vice-ministre des Finances, déclarait avec ironie : « Des fonctionnaires de l'UE me demandaient que les investissements ne franchissent pas 10% de notre capital ». À présent, les temps ont bien changé. Les Chinois se heurtent rarement à un comportement de résistance, comme cela peut être le cas à Hambourg et dans l'ensemble des ports de la Hanse, où ils tentent en vain d'obtenir une participation. L'intérêt est important : La Chine est le premier partenaire commercial de l'Allemagne et de l'UE. Il s'agit d'une exception, car dans le reste de l'Europe, les Chinois sont les bienvenus. La République populaire a pris les Hellènes dans son champ de mire. Elle entend les utiliser comme tête de pont pour son commerce avec l'Europe de l'Est : en novembre 2008, l'entreprise chinoise Cosco (China Océan Shipping Company), un des premiers armateurs mondiaux, a obtenu un bail de location de 30 ans sur le port du Pirée, le plus grand de Grèce et l'un des plus importants de la Méditerranée. Jusqu'en 2015, elle veut augmenter le transbordement des containers à 3,7 millions de pièces contre 800 000 à l'heure actuelle, indique le Premier ministre Wen Jiabao.
    Dans la ville d'Athlone, au centre de l'Irlande, des investisseurs chinois ont l'ambition de construire un gigantesque complexe pour les entreprises pouvant accueillir des conférences et des expositions. Pour Pékin, c'est un lieu d'implantation stratégique : l'Irlande est le seul pays anglophone de la zone euro. En Italie, à l'occasion de la visite de Wen Jiabao, le Premier ministre Silvio Berlusconi a fait embraser de lumière rouge le Colisée servant également de support à des hologrammes chinois. Wen Jiabao promit aux Italiens de doubler ses liens commerciaux d'ici 2015. Politiquement, Pékin attend des Européens une plus grande souplesse : lors d'un sommet avec des représentants européens qui s'est déroulé à Bruxelles en octobre, Wen Jiabao ne toléra pas les exigences de réévaluation de la devise chinoise. Pékin tient artificiellement le taux du change du yuan à un bas niveau, ce qui permet de réduire le prix des exportations. De plus, en juillet dernier, Angela Merkel s'engagea une nouvelle fois à ce que l'UE reconnaisse dans un délai de cinq ans le statut d'« économie de marché » total de la Chine. Cette faveur rendra encore plus difficile toute opposition aux exportations et aux dumping de l'Empire du Milieu.
    L'UE VICTIME DES INVESTISSEMENTS CHINOIS
    La dépendance des États européens à l'égard de la Chine s'accroît. L'UE devient de ce fait plus poreuse aux risques d'ingérence de Pékin, qui débat sur la quantité de capitaux pouvant être investie en Europe. Les trois quarts des placements devraient être effectués en dollars, ce qui concurrencera l'euro. Yi Xianrong avertit : « L'investissement dans le papier est très risqué ». C'est pourquoi ce membre de l'Académie de Pékin pour les sciences sociales atteste que dans le cadre des « affaires politiques, il est judicieux pour la Chine d'acquérir des emprunts d'État européens, mais seulement en petite quantité ». Un investissement minimal, une influence maximale, la Chine a toujours tenu à cette stratégie à l'égard de l'Europe, de plus en plus prise en tenaille entre des injections en dollars et la politique d'investissement de Pékin. Nous assistons à une hégémonie déguisée du dollar instrumentalisée et maîtrisée par la Chine.
    L. B. Rivarol du 23 décembre 2010

  • « Trop Français pour être logé »

    Affiches de la campagne en faveur des SDF Français de souche, lancée par Génération Solidaire.

  • Notes sur la « Manif pour tous »

     

    Notes sur la « Manif pour tous »
    « La culture de marché est totale. Elle produit ces hommes et ces femmes. Ils sont nécessaires au système qu’ils méprisent. Ils lui procurent énergie et définition. Ils sont motivés par le marché. Ils s’échangent sur les marchés mondiaux. C’est pour ça qu’ils existent, pour vivifier et perpétuer le système. »
    (Don DeLillo, Cosmopolis, 2003)
    Dans son ouvrage La Quatrième théorie politique (Ars Magna, 2012), le théoricien néo-eurasiste russe Alexandre Douguine explique que la Première théorie politique (libéralisme) a vaincu les Deuxième et Troisième théories politiques qui s’opposaient à elle (communisme et fascisme). Parce qu’il considère l’humain comme un être anthropologiquement non social pour qui la quête naturelle de la maximisation de son intérêt contribuerait mécaniquement à la prospérité publique, le libéralisme évacue l’essence du politique au profit de l’économique.
    Le libéralisme, voilà l’ennemi triomphant !
    Conformément à ce qu’exigeait son code génétique, le libéralisme a aujourd’hui poussé ses prérogatives à l’extrême. Désormais vécu sous l’horizon de la fatalité (fin de l’histoire), il constitue la matrice même de la postmodernité. Il n’est plus concentré ni diffus, mais intégré. En d’autres termes, notre ennemi principal est une composante majeure de notre structure mentale de postmoderne : l’homo liberalismus est en nous-même. La condition pour le traquer radicalement partout où il se manifeste est de le traquer préalablement dans les moindres recoins de notre psyché. Et Dieu sait s’il est tenace, le bougre !
    Abordons maintenant la délicate question de la « Manif pour tous ».
    Jean-Claude Michéa s’est évertué à démontrer que libéralisme politico-culturel et libéralisme économique sont indissolublement liés, qu’ils constituent les deux versants d’une même idéologie. Dialectiquement, une critique anticapitaliste cohérente s’appuie donc nécessairement sur un conservatisme critique.
    Ceci explique que les patriotes les plus chétifs aient été choqués d’apprendre, en début d’année, que Florian Philippot, porte-parole du Rassemblement Bleu Marine, ne serait pas présent à la « Manif pour tous » du 13 janvier…
    Nouveau coup dur deux jours plus tard ! Marine Le Pen a rappelé dans un communiqué que, quoiqu’elle soutînt les élus, militants et sympathisants du Front National (FN) qui envisageaient de se joindre à cette grande manifestation, il fallait toutefois être conscient de l’instrumentalisation politique de la question du « mariage pour tous ». Le PS et l’UMP, qui se font des courbettes en matière économique mais n’hésitent pas à se tirer dans les pattes devant les caméras, mènent une vaste opération d’enfumage sociétal visant d’une part à faire oublier leur proximité idéologique, d’autre part à détourner l’attention des Français des questions essentielles.
    La rumeur, propagée par le journal Minute, de l’influence d’un lobby gay au sein du FN, ne sert qu’à jeter le discrédit. On peut bien entendu constater la présence d’homosexuels au sein de ce parti et plus largement au sein de la mouvance nationaliste, quels que soient d’ailleurs les motifs de cette présence. Aucun élément ne permet cependant d’indiquer que ces homosexuels se constituent instinctivement en lobby et font pression sur des décisions politiques qui s’opposent de fait au communautarisme. Renaud Camus et Paul-Marie Coûteaux en sont des exemples frappants. C’est la même absurdité – pointée du doigt par Xavier Bongibault, jeune UMP et président de l’association « Plus gay sans mariage » – qui consiste à penser que les homosexuels, parce qu’ils sont homosexuels, sont nécessairement favorables au mariage gay.
    Si Marine Le Pen et Florian Philippot restent opposés au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels ainsi qu’à la Procréation Médicalement Assistée, ils ont néanmoins décidé de ne pas participer à la mascarade spectaculaire de la fausse contestation. En quoi leur absence à la festive, trop festive « Manif pour tous » signifie-t-elle leur passivité ou leur adhésion face au projet de loi de François Hollande ?
    Consciemment ou non – et sans que cette stratégie intelligente soit pour nous une raison de faire l’économie d’une critique sévère et pertinente envers certains positionnements du FN –, Marine Le Pen et Florian Philippot ont finalement mieux cerné les théories situationnistes que les soi-disant héritiers du situationnisme. Car comme le rappelait Guy Debord, le spectacle édifie son unité sur le déchirement : la division montrée est unitaire tandis que l’union montrée est divisée. C’est exactement le cas de la fameuse « Manif pour tous ».
    Pour commencer, nous ne doutons guère que certaines personnes étaient présentes à la manifestation par conviction authentique, par opposition sincère au projet de loi de François Hollande. Pour ces personnes le mariage est une institution traditionnelle et immuable qui s’appuie prioritairement sur un principe de filiation, et non uniquement sur des critères sentimentaux ou sexuels.
    Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le système marchand se nourrit de tout ce qui assure sa pérennité, y compris du simulacre de contestation engendré contre lui-même et par lui-même.
    C’est qu’en période de répression économique – répression qui justifiera la libéralisation économique –, il faut les apaiser les ardeurs populaires ! Manquerait plus que le bon peuple renoue avec un esprit communard et insurrectionnel… D’où l’intérêt, pour ne pas décevoir les braves libertaires, de jouer la comédie du progressisme sociétal ; et pour ne pas décevoir les braves conservateurs, de proposer un exutoire à leur exaspération.
    La « Manif pour tous » ne résulte pas d’une révolte populaire ou spontanée : elle maintient, par la fausse division, l’unité de la démocratie marchande.
    C’est en ce sens que la division montée est unitaire : libéraux-progressistes et libéraux-conservateurs divergent uniquement sur la manière de gérer le Capital – et encore, le conservatisme des seconds est parfois frivole. C’est en ce sens également que l’union montrée est divisée : en centralisant la question du mariage gay et de l’adoption, le système crée un clivage factice et relègue au second plan les vrais sujets d’opposition.
    Ceux qui s’offusquent que la « Manif pour tous » soit instrumentalisée par l’UMP pour de basses raisons électorales n’ont toujours pas pigé l’illusion de l’alternance gauche/droite. La « Manif pour tous » n’est pas une contestation qu’on cherche à instrumentaliser pour le spectacle, mais bel et bien un instrument au service du spectacle de la fausse contestation !
    En d’autres termes, tant que la lutte contre le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels ne s’inscrira pas dans la lutte globale et radicale contre le libéralisme (l’ennemi principal), ce même libéralisme aura le champ libre pour se reproduire indéfiniment. La promotion, par la gauche mitterrandienne, de SOS Racisme n’était-elle pas avantageuse pour masquer le « tournant de la rigueur » après l’échec et l’abandon du « Programme commun » ? La promotion, par la droite sarkozyste, du débat sur l’identité nationale, n’était-elle pas avantageuse pour masquer la trahison de l’héritage gaulliste ?
    Le 15 janvier, un article du Figaro a révélé le bilan financier de la « Manif pour tous » : entre 650 000 et 700 000 euros. Quatre millions et demi de tracts, quarante-trois camions pour la sonorisation, un podium, trois écrans géants, cinquante mille drapeaux, trente mille ballons, des dizaines de milliers de pancartes et panneaux, quelque deux cents kilos de confettis, sans parler de l’équipement des bénévoles et de la sécurité privée… Même en tenant compte du sacrifice boursier de certains organisateurs et de l’apport en piécettes et billets gris des participants, tout ça pue trop le marketing, tout ça est trop bien encadré pour qu’on puisse sérieusement parler de révolte populaire.
    Qui a financé tous ces équipements ? Qui sont donc les généreux donateurs anonymes ?
    Un article de Métro, également daté du 15 janvier, nous apprend par exemple que l’Alliance Vita a donné un chèque de 5 000 euros. Cette association a été fondée en 1993 par Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien-Démocrate, parti associé à l’UMP. L’article de Métro nous apprend également que l’association « Tous pour le mariage », dont les parrains sont principalement membres de l’UMP, a donné 25 000 euros. On ne sort guère du système UMPS…
    D’où l’intérêt de ne jamais perdre du vue l’ennemi principal : le libéralisme, quels que soient ses avatars !
    Concernant Frigide Barjot, tête d’affiche de la manifestation, on ne s’éloigne guère non plus du conservatisme libéral. Encore moins frigide que barjot, elle est l’auteure d’un livre intitulé : Confessions d’une catho branchée. Son époux, Basile de Koch, est l’un des signataires d’un rapport émis par Jean-Yves Le Gallou et Le Club de l’Horloge sur « La Préférence nationale : Réponse à l’immigration ». Or, le Club de l’Horloge, inspiré par Friedrich von Hayek, entend réconcilier libéralisme et nationalisme et prône l’union des droites libérales. Basile de Koch est également chroniqueur au magazine libéral-conservateur Valeurs actuelles. La question de savoir qui sont les manipulateurs et qui sont les manipulés n’entrera pas ici dans nos considérations.
    D’aucuns pourraient nous rétorquer : les divergences idéologies ne justifient absolument pas qu’on renonce à se battre contre le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels ! C’est du sectarisme ! Certes… Et il va de soi que lorsqu’une maison brûle, l’attitude la plus sage n’est pas de demander aux pompiers leur papier d’identité. Mais c’est oublier que certains pompiers sont pyromanes.
    Répétons-le : la priorité est de connaître son ennemi principal, celui qui constitue le centre. A la périphérie se situent ceux qui ont en ennemi commun ce centre. Lutter aux côtés d’alliés ayant des idées divergentes des nôtres n’est pas insurmontable, bien au contraire. On se fiche de savoir d’où l’on vient et d’où l’on parle, quand on lutte ensemble contre l’ennemi commun.
    Dans le cas présent, libertarisme et conservatisme ne s’opposent pas mais se renvoient dos à dos : la neutralité axiologique, propre au libéralisme, les contient tous les deux et, par conséquent, les annule !
    Si l’ennemi principal est le libéralisme, libéraux-conservateurs et libéraux-progressistes sont pareillement nos ennemis. Car les premiers ne s’opposent pas radicalement aux seconds. Avec la « Manif pour tous », les libéraux-conservateurs s’efforcent (ou pour certains : font mine) d’éteindre un feu qu’ils nourrissent par ailleurs en commun avec les libéraux-progressistes. Ils sont tous deux des figurants du spectacle marchand. Certains parmi eux se fichent même comme d’une guigne de la dimension sacrée du mariage.
    La critique se situe donc à deux niveaux : 1) le libéralisme économique s’appuie sur le libéralisme politico-culturel ; 2) le libéralisme économique se maintient en recyclant le conservatisme-libéral.
    Cet article n’a ni pour objectif de proposer une alternative à la « Manif pour tous » ni de justifier le positionnement politique du FN. Modeste, il pointe avant tout du doigt la double perversité du spectacle marchand qui, d’une part, abuse de la bonne foi des opposants sincères au projet de loi de François Hollande ; et d’autre part, met en avant la critique du libéralisme politico-culturel afin de préserver le libéralisme économique.
    Pour être cohérente, la lutte contre le libéralisme doit être globale, ou ne pas être !
    Alexandre Tricasse. http://www.voxnr.com
  • Mali : Tant que l'argent afflue, l'Ouest ne semble pas troublé par l'idéologie des monarchies du Golfe

    La France espère que les monarchies arabes du Golfe vont apporter leur aide à la campagne contre les rebelles djihadistes au Mali, a déclaré hier son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. En visite aux Emirats Arabes Unis, M. Fabius a présenté brièvement les différentes aides possibles : en fournissant du matériel ou du financement - une requête ironique étant donné que l'on pense que les donateurs privés de ces pays sont les principaux soutiens d'al-Qaïda en Irak et en Syrie. P.C.

     

    L'Ouest a dépeint les dirigeants du Golfe comme des alliés
 naturels pour encourager les révolutions démocratiques

    Les Etats-Unis et les pays occidentaux se sont tournés depuis longtemps vers les monarchies du Golfe pour financer leurs actions dans le monde musulman et au-delà. Quelques fois, le financement a été direct, comme l'aide financière et matérielle que le Qatar a apportée aux rebelles libyens en 2011. D'autres fois, cela a été des subventions indirectes à des groupes, comme les moudjahidin afghans qui combattaient les Soviétiques, et avec lesquels l'Ouest ne voulait pas trop être associé publiquement. M. Fabius a dit que les donateurs se réuniraient vers la fin janvier à Addis-Abeba, pour financer une campagne africaine contre al-Qaïda. Il a déclaré : « Tout le monde doit s'engager à combattre le terrorisme. Nous sommes assez confiants que les Emirats iront aussi dans cette direction ».

Les relations entre les Etats-Unis et leurs alliés européens, d'une part, et les monarchies absolues du Golfe, de l'autre, ont été très contradictoires depuis que le Printemps Arabe a commencé, il y a deux ans. L'Ouest a décrit les rois et les émirs du Golfe, qui dirigent quelques-uns des Etats les moins démocratiques du monde, comme des alliés naturels pour promouvoir et financer les révolutions démocratiques en Libye et en Syrie.

Une contradiction supplémentaire est que l'Arabie Saoudite et ses dirigeants sunnites ont encouragé les salafistes dans tout le monde musulman - des militants fondamentalistes défendant une interprétation littérale du Coran - en payant pour leurs écoles et leurs mosquées. Tandis que la plupart des salafistes sont non-violents, leur idéologie est similaire à celle d'al-Qaïda.

La Libye de Mouammar Kadhafi était un donateur et un investisseur important en Afrique sub-saharienne et il est peu probable que les Arabes du Golfe soient prêts à dépenser autant d'argent. Même les rebelles syriens disent que les fonds qu'ils reçoivent arrivent épisodiquement et qu'ils sont inadéquats, conduisant au pillage généralisé par les chefs rebelles. Tandis que la France justifie son intervention au Mali en affirmant que celle-ci fait partie de la « guerre contre la terreur », son action pourrait provoquer plus de troubles dans cette région. Chose intéressante, un groupe rebelle au Nord, le MNLA séparatiste qui veut une patrie pour les Touaregs au Nord du Mali, aurait soutenu l'intervention française.
 

     

    Patrick Cockburn

    The Independent,
    16 janvier 2013
    Titre original : As long as the cash rolls in, the West appears untroubled by Gulf monarchies' ideology

     

    Traduction : JFG-QuestionsCritiques
    Correspondance Polémia – 21/01/2013