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  • « 2013 L'apocalypse économique : L'hyper classe mondiale à l'assaut de l'économie et de la démocratie » de Jean Michel Groven

    Jean Michel Groven est économiste et assistant parlementaire au Sénat. Son livre 2013, l’apocalypse économique mérite de retenir l’attention car il ouvre en réalité un espace de réflexion sur l’émergence des nouvelles élites mondiales et sur la mondialisation. Il s’exprime très clairement et très courageusement sur des sujets censurés comme la subversion démographique, le libre échange ou le Politiquement correct. Si l’auteur dit à haute voix dans les couloirs du Sénat ce qu’il écrit dans son livre il doit faire sensation. A.P. 

    L’émergence d’une nouvelle classe sociale : les supériorisés

     

    L’auteur fait le constat de deux évolutions sociologiques convergentes.

     

    Depuis la fin de la guerre le nombre de personnes qui sont passées par l’enseignement supérieur a explosé. On assiste ainsi à l’émergence d’une nouvelle classe sociale, celle des « supériorisés ». Cette classe n’éprouve pas le besoin d’un destin collectif : nation, socialisme, etc…Ses membres ont une vision idéalisée d’eux-mêmes qui leur font croire qu’ils sont des individus uniques. Le « supériorisé » cherche à ne fréquenter que ses semblables dans les mêmes espaces et a acquis une mentalité d’essence individualiste et hédoniste. Tous les thèmes politiques de ce mode de pensée se trouvaient déjà en filigrane dans les slogans de mai 68. Selon Groven cette mentalité se retrouve toute entière dans la formule : « jouir sans entraves ». Narcissisme (Face Book), destruction de l’institution du mariage, jeunisme caractérisent cette évolution aujourd’hui très avancée. Celle-ci aboutit à la volonté de s’approprier par tous les moyens et immédiatement ce qui fait envie sans qu’une morale ne soit là pour l’empêcher. C’est l’ l’Homo spontaneus qui n’est animé que par ses désirs et ses pulsions qui sont érigés en principes de base du comportement individuel et qui peuvent déboucher sur la violence.

     

    Profondément individualiste, cette mentalité est essentiellement inégalitaire ne serait-ce que par le regard que les « supériorisés » jettent sur le peuple et même sur de moins diplômés qu’eux-mêmes. C’est le grand retour et la légitimation des inégalités en termes de revenus et de patrimoines économiques comme sociaux. L’image des classes populaires est déclassée voire symbolisée par le terme de « beauf ». Cette image négative rejaillit également sur l’image qu’ont les Français d’eux-mêmes telle qu’elle est renvoyée par les élites du type Jacques Attali pour qui il n’est d’horizon pour la France que la dilution dans l’Europe et la dilution de l’Europe dans la mondialisation. L’auteur évoque le PS devenu un parti de cadres supérieurs qui se donnent bonne conscience en discutant du sort des immigrés sans papiers ou du mariage unisexe mais oublient le sort de 70 à 80% de la population qui sont leurs compatriotes.

     

    Ainsi est née une oligarchie qui présente trois caractères :

     

    • -elle prélève une part de plus en plus importante de la valeur ajoutée produite par les travailleurs grâce au libre-échange. C’est à cela que servent la mondialisation et le libre-échange.
    • -elle préfère les membres des oligarchies des pays voisins plutôt que son propre peuple dont le sort l’indiffère,
    • -elle est parvenue à tenir son pouvoir d’une morale faite par elle et pour elle : le Politiquement correct qui a pour objectif de trouver dans la société des bourreaux et des victimes afin que l’élite puisse s’ériger en « juge arbitre ».

     

    Ce sont ces élites donneuses de leçons qui ne payent jamais les pots cassés de la mondialisation car elles sont planquées derrière leurs capitaux ou leur statut : énarques, universitaires, journalistes.

     

    Basculement millénaire du pouvoir de Dieu vers le pouvoir de l’individu

     

    Le deuxième constat revêt un caractère historique. Pour faire court la démocratie a été une étape dans le lent basculement millénaire du pouvoir de Dieu vers le pouvoir de l’individu. Le Peuple est devenu Dieu. Puis la déité est passée de l’Homme à l’individu : Or cet individu demeure un animal social. Celui-ci se tourne vers sa communauté afin d’assurer ses besoins et sa propre sécurité. Il en résulte un repli sur soi et une atomisation de la société Ainsi peut s’expliquer le fractionnement des nations actuelles en autant de communautés qui se regardent en chiens de faïence, voire en ennemies.

     

    C’est la conjonction de ces deux évolutions sociologiques qui permet la prise du pouvoir économique et politique par l’hyper classe nationale comme mondiale.

     

    La stratégie de l’hyper classe : des coupables et des victimes

     

    Le fractionnement de la population qui est organisée de manière presque consciente par les élites et la mise en place de la tyrannie du Politiquement correct s’effectuent en quatre étapes :

     

    • -la désignation de victimes : immigrés, femmes, homosexuels. La victime absolue est la personne d’origine juive. La désignation de nouvelles victimes est souvent univoque. SOS racisme ne s’intéresse pas à ce que l’on appelle le racisme anti blanc, terme impropre d’ailleurs,
    • -la désignation de coupables. Un contestataire du réchauffement climatique est un coupable absolu. La France, désignée comme responsable du génocide des Juifs est mise en accusation d’une manière permanente,
    • -l’élite intervient par le biais des lois anti-discrimination et surtout mémorielles qui sont le socle de la tyrannie des associations notamment antiracistes. L’insécurité sous les trois formes de la délinquance, de la précarité économique et de la précarité familiale, constitue également l’épine dorsale du monde nouveau de l’oligarchie. Elle entraine une judiciarisation des relations entre individus et une « cancerisation » des relations humaines par une méfiance généralisée et la guerre de tous contre tous. La nouvelle classe sociale profite de cet état de choses pour imposer sa loi en se posant comme le juge arbitre de tous les conflits qu’elle a elle-même créés,
    • -la création d’une « compétition victimaire » en suscitant du ressentiment chez d’autres victimes.

     

    Les passages du livre sur ces thèmes sont particulièrement éloquents et percutants. L’auteur souligne que « ce qui est terrifiant avec cette nouvelle doxa, c’est sa capacité à transposer n’importe quel sujet sous un angle moralisateur avec, à chaque fois, l’éternelle trilogie juge/victime/coupable ». Il souligne que dans certains pays l’idéologie du politiquement correct est devenue folle comme au Royaume uni.

     

    Au bout du compte la nation et les grandes idéologies collectives s’effacent au profit de micro et de macro-tribus. Cette tribalisation et ce communautarisme se retrouvent dans les ghettos géographiques : banlieues mais aussi centres villes et cités pavillonnaires des classes moyennes.

     

    Cette situation délétère est porteuse de chaos social qui ne peut que profiter à un futur régime qui, au nom du rétablissement de la concorde nationale (qu’il aura lui-même brisée..) imposera de plus en plus ses lois afin de contrôler une démocratie vacillante, voire même demandera sa suppression.

     

    L’évolution actuelle.

     

    2013 présente trois types de mondialisation : la mondialisation des cultures, celle de la finance et des biens et services et enfin celle des travailleurs.

     

    Concernant les biens et services l’auteur se livre à une critique économique virulente du libre-échange promu par l’ensemble des milieux qui sont protégés par leur statut de la concurrence extérieure ou qui font partie des secteurs qui en profitent, ce qui ne constitue pas l’originalité de l’ouvrage.et sur laquelle il ne sera pas insisté :

     

    En revanche les conséquences sociales et politiques sont lourdes.

     

    • -les industries américaines puis européennes ont subi de plein fouet la concurrence des dragons asiatiques ce qui a entrainé les délocalisations et la baisse du niveau de vie des classes populaires,
    • -l’écart entre les riches et les pauvres est généralement grandissant,
    • -Un processus de paupérisation s’est accentué avec l’entrée en scène des pays émergents et touche les classes moyennes,
    • -l’endettement des classes moyennes grâce à la bulle immobilière et des classes populaires grâce aux crédits à la consommation,
    • -l’effondrement à venir des monnaies : le dollar comme l’euro.

     

    « 2013 l’apocalypse économique » prévoit qu’au terme, proche, de ce processus l’économie occidentale connaitra un effondrement économique, financier et social Ce sera particulièrement le cas des USA qui perdront leur statut de leader mondial.

     

    Ces prédictions sinistres ne sont pas invraisemblables et JM.Groven n’est pas le seul à les formuler. On peut même avancer que les évolutions récentes de l’économie occidentale les rendent vraisemblables. Cependant les présenter comme certaines avec une date précise affaiblit le propos de l’ouvrage. A titre d’exemple JM. Groven prévoyait la chute de l’euro en 2011 et 2012 ce qui n’est pas arrivé.

     

    Pour ce qui concerne la France, l’arrivée de la nouvelle hyper classe mondiale conduit à disloquer le système politique classique basé sur la démocratie et l’Etat nation. Il faut à tout prix éliminer celui-ci en invoquant des motifs nobles et d’intérêt général. L’Union européenne est l’espace au sein duquel la Nation française qui a déjà perdu ses prérogatives étatiques est censée se fondre.

     

    En conclusion l’auteur a exprimé l’espoir que son livre apportera quelques « cartouches intellectuelles à tous ceux qui se rebellent contre ce monde qui s’annonce triste et fatigué à l’image et à la dimension de la nouvelle élite ». Il est loisible de penser que ce but, grâce à de nombreuses pages fortes et courageuses, a été atteint et que la lecture de ce livre peut être recommandée à ceux qui souhaitent découvrir les ressorts de la prise du pouvoir par l’oligarchie mondiale comme nationale.

     

    André Posokhov http://www.polemia.com
    29/12/2012

  • Tamerlan : combien de théories ?

     

    Tamerlan : combien de théories ?
    Tamerlan était-il communiste ou fasciste ? La question fait sourire.

    Quand, en 1398, il massacre la population de Delhi, le fait-il sous l’influence d’une doxa collectiviste, ou d’un crédo racialiste ? A quelle « idéologie des heures les plus sombres » attribuera-t-on l’extermination sous ses ordres d’approximativement 5% de la population mondiale de l’époque (en comparaison, la Deuxième Guerre Mondiale a l’air d’une broutille), soit 17 millions d’hommes (en général des civils, femmes et enfants compris, et des hommes désarmés, comme les 100 000 soldats faits prisonniers lors de son entrée en Inde) ? Allez savoir. Le fait est qu’en Asie Centrale, dans les pays aujourd’hui peuplés par les descendants raciaux et/ou culturels des dominateurs turco-mongols, sa mémoire est aussi révérée que peut l’être en Europe celle de ces autres bouchers de première que sont Jules César, Napoléon 1er et le roi Matthieu de Hongrie, dit le Juste. Hitler et Staline n’ont vraiment pas eu de chance.

    La question, disais-je, fait sourire, même chez ceux dont la culture historique n’est que superficielle. En effet, il est inhabituel de sonder le « profil idéologique » des grossistes de l’assassinat nés avant 1700.

    Plus personne ne sourit, en revanche, quand on reproduit l’exercice à propos des flics hongrois qui, dans la ville (aujourd’hui roumaine et internationalement connue sous le nom de Cluj) que j’habite ont, en 1944, torturé un bonne partie des bourgeois juifs de la ville – parqués comme des bestiaux avec le reste de leur communauté dans des hangars de séchage, en attendant la déportation – pour leur faire avouer la localisation des cachettes où ils avaient souvent mis à l’abri leur or et leurs bijoux à l’annonce de la déportation. Ont-ils commis ce crime atroce par nationalisme (hongrois), où pour venger (comme le dit souvent l’extrême-droite hongroise actuelle) les atrocités effectivement commises par Béla Kun lors de l’épisode spartakiste du début des années 20 ? Dans ce cas, la cible était fort mal choisie : leurs victimes, possédants issus de la bourgeoisie marchande juive de Transylvanie, étaient au moins aussi anti-communistes qu’eux, voire plus, et on trouve sur Internet de nombreuses photos de l’entrée triomphale de Miklós Horthy dans cette même ville, le 11 septembre 1940, après le deuxième arbitrage de Vienne, qu’il suffit d’agrandir un peu pour comprendre ce que la connaissance de la sociologie urbaine de l’époque laissait de toute façon supposer : la plupart des noms garnissant la façade des boutiques sont juifs, la foule bien mise massée sur la Place Centrale pour acclamer le « Gouverneur » Horthy et le retour de la Transylvanie du Nord dans le giron hongrois devait fatalement inclure une bonne partie de cette bourgeoisie juive – culturellement magyarisée et effrayée par l’antijudaïsme prémoderne qui caractérise les Roumains de l’époque – qu’on allait, quatre ans plus tard, retrouver sous les pinces et les tenailles des soudards de ce même Horthy, pour pillage préalable à leur livraison à la SS allemande. La brutalité cupide de ces semi-analphabètes parachutés sur place depuis la petite Hongrie pour préparer la solution finale, et se sucrer au passage, est réputée avoir un sens, digne de méditation morale et philosophique, à la différence des raids tatars qui, à peine 227 ans plus tôt (pour le dernier) réservaient exactement le même sort aux riches villageois hongrois de la même région.

    Nous sommes devenus aveugles face à cette évidence simple : la cupidité (dans la grande variété de ses manifestations, y compris sexuelles, et s’étendant aussi aux effets dévastateurs de la jalousie), qu’on retrouve comme trait structurel de la grande majorité des exactions commises dans pratiquement toutes les guerres modernes et anciennes, est presque absente du discours pseudo-martyrologique et crypto-eschatologique qui nous tient aujourd’hui lieu de pensée politique. Tout comme, d’ailleurs, le sadisme pur et simple, le bonheur de tuer et de faire souffrir, dont les guerres yougoslaves ou africaines récentes nous ont pourtant fournis des exemples si proches et si bien documentés. Tout comme aussi, naturellement, ces autres péchés capitaux sans lesquels Avaritia, Invidia et Ira dépériraient faute d’aliment : l’intempérance (Gula), la luxure et l’orgueil (Superbia), dont la dénonciation est devenue culturellement impossible dans le contexte mortifère du jouir sans entraves.

    Ayant eu le privilège douteux de vivre successivement sous la domination idéologique de l’antifascisme institutionnalisé en Europe de l’Ouest et sous celle – au moins aussi stupide, perfide et méchante – de l’anticommunisme institutionnel dans l’Europe postsocialiste de l’après 1990, je suis bien placé pour comprendre une chose qui échappe trop souvent aux critiques même les plus lucides du monde contemporain : non seulement l’antifascisme et l’anticommunisme ne font naturellement qu’un, en tant que divisions de combat de la gauche du capital et de la droite du capital (jusque là, la plupart des souverainistes, anti-impérialistes et socialistes de « troisième voie » suivent encore mon raisonnement – mais attention : ensuite, ça se corse) – identité d’ailleurs ouvertement revendiquée sous l’étiquette d’antitotalitarisme par les thuriféraires de la mondialisation libérale à une époque pas si éloignée où elle pensait encore l’emporter sans combat – mais, sous-jacent à l’antitotalitarisme dans ses diverses formes, il y a une structure idéologique profonde – c'est-à-dire intimement, quoiqu’inconsciemment, religieuse – bien plus ancienne et bien plus pernicieuse, car encore plus protéiforme, et qui ne demanderait à la rigueur, à la faveur d’un retournement de situation géostratégique et de la réponse dialectique du système-monde libéral à ce retournement qu’à s’incarner, par exemple, dans un antilibéralisme victimaire, avec comptabilités macabres de rigueur, déboulonnages festifs de statues d’Adam Smith et inauguration de sites mémoriaux.

    Sans nier qu’on puisse, tactiquement, combattre la modernité par la modernité, dans la logique de l’homéopathie et des vaccins, je réaffirme – dans l’esprit de Guénon et d’Evola – que la moindre concession à la mentalité moderne frappe de nullité toute doctrine prétendant s’y opposer.

    Ainsi, pour quiconque souhaitant faire de notre conscience historique autre chose qu’une machine à se priver d’avenir, il convient de revenir au principe qui est celui de toutes les visions traditionnelles de l’histoire : en bas (ce bas dont l’anthropologie des Lumières a fait un commencement, alors qu’il apparaît dans toute cosmogonie traditionnelle comme une fin au sens de décadence), à la base, dans le nombre et la nature, il y a le chaos, l’anthropophagie et l’inceste. La norme anthropologique, ce n’est pas l’amour du prochain prôné par le Christ (sans quoi il n’aurait pas ajouté que « les scandales sont nécessaires »), mais la « dureté de cœur » dont il parle à propos des juifs de l’ancienne alliance, bien semblables en cela aux gentils de la même époque. La norme, c’est la violence, le meurtre et l’asservissement du prochain, pour peu qu’il ne soit ni consanguin, ni allié – et encore... Pour les grecs de l’époque démocratique, l’absence de liberté que subit l’esclave est la conséquence logique, moralement neutre, de son incapacité de facto à conquérir sa liberté par l’exercice de la violence. Et rien dans l’Evangile ne permet d’affirmer que le Christ aurait jamais entrevu ou promis une altération essentielle de cet état de fait dans l’ordre mondain, ordre dans lequel il convient de rendre à César – à la violence, à l’arbitraire, à la force asservissante – ce qui lui revient : l’impôt, qui n’avait alors rien de « redistributif » et assumait fièrement, comme encore récemment le bir ottoman, sa nature réelle de taxe de protection, de racket à l’échelle des peuples, dont le paiement s’avère toujours préférable aux pertes infiniment supérieures qu’implique la guerre ouverte.

    Tous les projets d’actualisation terrestre de la Civitas Dei faisant fi de cet avertissement – à commencer par le plus gigantesque, connu sous le nom de civilisation américaine, encore qu’il ne mérite pas vraiment le nom de civilisation, et ne soit pas né sur le continent américain – ont débouché sur des sociétés encore plus violentes, encore plus impitoyablement démoniaques que l’ensemble des civilisations traditionnelles (y compris les plus rudes, comme celles des Celtes et des Germains). En prétendant à la pureté terrestre, le puritanisme américain, occultant le rôle essentiel du repentir dans la foi chrétienne, a créé un type de mentalité – bien désigné dans sa propre langue par le terme de self-righteousness – bien plus cruellement inhumain que le tribalisme vétérotestamentaire auquel ses critiques l’associent habituellement, par projection compréhensible – quoique distordue – dans la critique conceptuelle de leur dénonciation de l’alliance, somme toute récente, de la finance juive et du militarisme anglo-saxon dans l’ordre des faits concrets.

    Cette tare philosophique est solidaire des autres vices de la modernité intellectuelle, à commencer par l’égalitarisme intellectuel (à bien distinguer de l’égalitarisme social, doctrine des plus respectables, qui a pratiquement toujours été prônée par des penseurs intellectuellement supérieurs à la moyenne, conscients de cette supériorité et de son caractère anthropologiquement indépassable). Il est plus « démocratique » de « dénoncer » (comme « criminelles » ou « nauséabondes ») des idéologies, des théories – réputées contingentes et historiques, en dépit de l’évidente récurrence transhistorique de leurs motifs fondamentaux –, qui même dans les sociétés « tertiarisées » de l’Occident actuel, restent, quant à leur production, le fait d’élites intellectuelles, que de constater – et sans guère promettre de solution ! – la méchanceté foncière, majoritaire et permanente de l’individu humain. Comme toute police, la police de la pensée n’est opérationnelle que tant qu’elle se borne à isoler, punir, voire supprimer des minorités. Par conséquent, au sein de peuples massivement acquis à la mécréance moderne – et tous les peuples européens le sont désormais – elle devient soit impossible, soit stricto sensu perverse, ne pouvant plus s’attaquer au mal, étant donné que ce dernier est majoritaire, mais tout au plus organiser la mise à mort rituelle (symbolique et/ou effective) de bouc-émissaires systématiquement prélevés sur ce que ces sociétés ont conservé de plus intelligent, de plus pur, de plus élitaire. L’autre visage – trop souvent oublié – de la trahison des clercs, c’est le sacrifice des clercs, dont les erreurs réelles ou supposées – par une distorsion proprement satanique de l’idée chrétienne de péché contre l’esprit – sont systématiquement jugées avec plus de sévérité que les larcins extra-idéologiques des vaishya de toutes sortes, lesquels fournissent pourtant la cause agissante de la plupart des atrocités dont la spectacularisation constitue le fond de commerce de l’antitotalitarisme depuis au moins 90 ans (et non 70 : l’antifascisme d’après-guerre étant spirituellement né – on l’oublie trop souvent – de l’anticommunisme des années 20).

    Les biographies parlent d’elles-mêmes. Il suffit, par exemple, de comparer le supplice de l’intellectuel Benito Mussolini, maître de l’un des régimes les moins violents de son époque (abstraction faite des aventures coloniales de l’Italie fasciste, égales en cruauté aux agissements de toutes les autres puissances coloniales blanches, jaunes ou islamiques de la même époque, et même de l’après-guerre…) à la mort paisible et victorieuse du boucher Franco, qui présente aux yeux de l’antitotalitarisme institutionnel l’immense avantage d’être un individu intellectuellement médiocre, notoirement misologue et anti-intellectuel, navigant sans panache entre un pseudo-conservatisme catholique et diverses parodies de socialisme national édulcoré, méga-contremaître aussi efficace dans l’élimination des prêtres basques que dans le garrotage des anarchistes andalous, reconnaissant comme les meilleurs chiens, entre mille autres, la voix de son maître : la voix de la bourgeoisie, dont il ne comprend pas les mots, mais qu’importe – les chiens ne servent pas à dialoguer, mais à mordre. De même, qu’on compare la terreur endurée dans l’après-1945 par des penseurs pourtant fort éloignés de la vie politique concrète, comme Evola ou, a fortiori, Dumézil, avec la vieillesse sereine du meurtrier Pinochet. Le message est clair : étrangler, abattre ou brûler vives des populations sans défense, c’est une chose – les TPI d’hier et de demain s’en chargent, du moins pour ceux des bourreaux qui ont eu la mauvaise inspiration de ne pas mettre leurs talents au service de l’Empire –, mais gare à la circonstance aggravante que constitue désormais, même pour les violences les plus mesurées, la proclamation d’une Weltanschauung, l’exercice de la pensée politique, l’appel à une transcendance symbolique dépassant le choc mesquin des intérêts concrets sur l’arène électoral ou militaire !

    L’idée sous-jacente à cette pratique, à savoir que le mal est la conséquence sensible d’une théorie, est le corollaire du dogme satanique de la pureté de la nature humaine, consubstantiel à la démocratie moderne et à l’idée d’opinion, pierre tombale du concept de savoir. C’est pourquoi les gardiens de camps, qui sous le prétexte d’exécuter des ordres se livrent en réalité à la forme la plus accomplie du jouir sans entraves, à mille lieues de toute motivation abstraite du type « construire le socialisme » ou « racisme scientifique », sont désormais punis moins sévèrement que leurs « inspirateurs » supposés, alors même qu’on a pu documenter de nombreux cas de bourreaux migrants, changeant de patron (notamment en 1945), et manifestant donc de toute évidence leur totale indépendance opérationnelle vis-à-vis desdits « inspirateurs ».

    Les critiques de la modernité ont, ce me semble, énormément tardé à relever l’importance de cette nouvelle Umwertung aller Werte couronnée par les procès de Nuremberg. Même après l’assassinat de Maïakovski et de Babel, après la persécution de Pasternak ou de Boulgakov, l’histoire du front russe regorge d’anecdotes montrant le respect presque superstitieux de l’Armée Rouge, pourtant encadrée par des commissaires bolchéviques et enragée par les exactions allemandes sur la population soviétique, pour tel ou tel poète ou savant allemand, même capturé sous l’uniforme de la Wehrmacht, et que les Russes se contentent souvent d’emprisonner, alors que tous ses camarades sont envoyés à une mort presque certaine. Ce respect ancestral du vates, c’est avant tout l’Occident de 1945 qui le piétine une bonne fois pour toutes, en martyrisant l’immense Céline (dont le Voyage était pourtant le roman favori de Staline, patron officiel de beaucoup d’épurateurs), le gigantesque Pound et – dans une moindre mesure, certes, le divin Heidegger, au moment même où, au nom de la reconstruction, la plupart des actes de collaboration économique grave restaient pratiquement impunis.

    Chez la plupart des clercs occidentaux, cette véritable stratégie pénale de la modernité a porté ses fruits : les plus sérieux, les plus compétents d’entre eux pratiquent aujourd’hui un apolitisme acosmique, bien au-delà du devoir de réserve des sages face aux querelles du quotidien politique. Or cet acosmisme, adopté d’abord à titre de précaution liminaire et tactique, ne peut à terme que stériliser leur pensée, tant il est vrai que, de la médecine au droit et de l’agronomie à la poésie, on ne peut bien penser l’humain que comme un tout, toute pensée profonde étant par nature systématique et hiérarchique.
    La pensée politique, à l’instar des activités traditionnellement scabreuses comme le proxénétisme ou le commerce des stupéfiants, a donc logiquement échu en partage à la lie du monde lettré, à la racaille conceptuelle si bien incarnée en France par Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut ou Alain Minc. Or voilà bien la cause de l’incapacité totale des nations jadis enfanteuses de Hegel, de Schmitt, de Jaurès et d’Unamuno à produire aujourd’hui le moindre théoricien qu’on puisse de près ou de loin comparer à un Alexandre Douguine.

    Ce dont nous avons par conséquent besoin, c’est – quoiqu’à mille lieues de tout relativisme habermasien –, non seulement d’une réhabilitation de toutes les formes cohérentes de socialisme, de nationalisme et de communautarisme, en tant qu’adaptations, certes imparfaites, mais historiquement nécessaires, du principe civilisateur de la tradition aux conditions dégradées de la modernité, mais plus encore, d’une réhabilitation massive et in corpore de l’acte conceptuel dans le système politique, et de la figure du sage, qui n’est ni expert – c’est-à-dire technicien de luxe –, ni représentant de quelque collectivité que ce soit, si ce n’est la collectivité intemporelle des grands esprits (mahatmas). Qui ne peut, par conséquent, ni gouverner, ni tourner le dos aux affaires du gouvernement. Dont le statut ne peut en aucun cas être gagné par voie démocratique, avec ou sans le cache-sexe du « pluralisme » des tendances ou des écoles. Et dont le premier devoir au forum devra toujours être de faire taire les ineptes, même quand ils le soutiennent, pour laisser la parole à ses pairs, même quand ils le contredisent, et ce, sans jamais laisser aux naïfs le loisir d’interpréter comme tolérance cet exercice aristocratique de la préséance. Au lieu de manifester de l’hostilité face aux litanies victimaires en raison de leur ancrage idéologique, il convient de les mépriser en tant que telles. Toute civilisation est fondée sur le mépris : sur la distinction entre adversaires dignes de combat et nuisances inférieures, indignes d’attention. Dès que ce critère est perdu, le débat devient une guerre des décibels, et la polémique, une annexe du lobbying.

    Or, pour exercer le mépris, le sage doit avant tout pratiquer l’ascèse. On ne peut pas lire sérieusement à la limite de l’indigestion, ni méditer fructueusement sous l’influence de la cocaïne. Quel philosophe crédible aura jamais le temps de prendre soin d’un patrimoine ? Et, s’il est certain qu’Eros aiguise l’intellect, tel n’est assurément pas le cas des voluptés vulgaires et finalement toujours vénales que procure si aisément l’opulence ou un prestige de mauvais aloi. Point de salut, donc, dans les ergotages pathétiques entourant ces temps-ci la « déontologie » (comprendre : l’éthique adaptée à l’entendement des chiens) des gains bien ou mal acquis du clerc voluptueux. Qu’importe que l’argent des « intellectuels » provienne de ministères ou de banques (institutions de plus en plus interchangeables, à mesure que la dictature des marchands se perfectionne sur les ruines de la civilisation) : le crime est inscrit dans la somme ; tout penseur vivant au-dessus des moyens d’un bon ingénieur se rend suspect de ne pas exercer le sacerdoce de la pensée par vocation, mais par intérêt (aux chrétiens de se souvenir que la simonie est le seul péché auquel Jésus réagit par la violence : on ne contredit pas un BHL, on le baffe !) ; ses paroles seront donc objectivement suspectes et ignobles, quel que soit son rapport subjectif ou fantasmagorique à l’argent qu’il touche, et quelle que soit l’identité de son mécène ou les conditions plus ou moins secrètes de ce mécénat. Comme toutes les civilisations classiques nous le rappellent constamment dans leurs monuments littéraires, la richesse matérielle et l’intempérance (gula) qui l’accompagne le plus souvent sont méprisables en tant que telles, et non en fonction de leur origine plus ou moins légale ou légitime. Dans l’ordre de la pensée, il n’y a pas, comme l’a prétendu l’ouvriérisme, d’origines de classe plus ou moins saines, mais il y a assurément une hygiène du clerc dont les penseurs révolutionnaires issus de la grande bourgeoisie – Lénine, Lukács et Debord en tête – ont toujours offert l’exemple. Et c’est au mépris qu’il revient de transformer à nouveau la richesse en poids, en tare, en infamie pour tous ceux des fils de marchands qui aspirent à une condition plus noble, plus sainte, plus digne.

    C’est à ce prix, et à ce prix seulement – le prix du mépris, de la préséance et de l’ascèse – que la pensée politique européenne peut espérer redevenir autre chose que la cacophonie des vociférations de sycophantes interchangeables dans le souk aux impostures.
  • HARKIS, Les Camps de la HONTE (HOCINE Le Combat d'une vie)


    HARKIS, Les Camps de la HONTE (HOCINE Le... par CROACLUB

  • Warren Buffett a-t-il raison (“la lutte des classes existe et ce sont les riches qui sont en train de la gagner”) ?

    Le milliardaire américain Warren Buffett a déclaré il y a quelques années, non sans humour, qu’il existait “bel et bien une guerre des classes mais c’est ma classe, la classe des riches qui fait la guerre et c’est nous qui gagnons“.

    Alors que 1% des Américains accaparent 93% de l’augmentation des revenus, la part du profit des entreprises dans le PIB n’a jamais été aussi haute et celle des salaires n’a jamais été aussi basse. Dans un éditorial daté du 16 novembre 2012, publié sur Reuters, Robert Borosage, faisant référence aux arbitrages entre la taxation des hauts revenus et la réforme du système de santé aux États-Unis, estimait que “lorsque les fruits de la croissance ne sont pas partagés, il est normal que la demande de partager les sacrifices suscite des réactions de colère”.

    Pour lui, les élections présidentielles américaines de 2012 ont été emblématiques de la guerre des classes qui fait rage actuellement. Elles ont également été les premières élections lors desquelles la classe moyenne s’est rendue compte que le système n’était pas en sa faveur.

    [Entretien avec] Vincent de Gaulejac, professeur de sociologie à l’UFR de Sciences Sociales de l’Université Paris 7 Denis-Diderot (*).

    Atlantico : Colère des ouvriers, lynchage des élites exilées et dépression des classes moyennes. La France est-elle le théâtre d’une lutte des classes sans pareils précédents ?

    Vincent de Gaulejac : La lutte des classes n’a jamais disparu en France, et comme je l’avais théorisé il y a vingt ans, il me semble que la lutte des places a remplacé la lutte des classes qui ont éclaté. L’exemple de la classe ouvrière par exemple a éclaté en trois parties distinctes : les ouvriers qui sont sortis par le haut en devenant techniciens, les derniers bastions qui se sont maintenus et ceux qui ont sombré dans le chômage et l’exclusion.

    Il n’existe donc plus aucune solidarité de classe tant ces différentes populations sont socialement éloignées les unes des autres. Les ouvriers qui se sont insérés dans les classes moyennes et qui ont permis à leurs enfants d’accéder aux études supérieures sont entrés dans une logique d’individualisme, comme toute la société française, qui les a déliés de leur ancienne classe.

    La seule classe sociale qui s’est maintenue en l’état est la bourgeoisie bien que celle-ci ait à présent des visages plus divers. D’une part, il existe toujours la vieille bourgeoisie traditionnelle que l’on nomme caricaturalement “versaillaise” ou que l’on assimile à certains arrondissements de Paris. Et d’autre part, il existe ce que j’ai nommé “l’hyperbourgeoisie” qui est constituée de gens qui n’appartiennent pas initialement à cette classe mais qui ont été happés par les valeurs de la mondialisation et qui sont donc entrés dans la lutte des classes par les grandes écoles, le management, le sport ou les arts.

    Des gens comme Depardieu ou Tapie ne sont pas des héritiers ou des bourgeois, ils représentent une classe ayant des origines sociales diverses. Ils se sont hissés à une position dans laquelle ils retrouvent une solidarité de classe très étroite et d’entraide pour se maintenir les uns les autres au plus haut niveau. Malgré cette configuration issue des trente dernières années, le capital social, culturel et économique bourdieusien n’a pas disparu pour autant et continue de créer des inégalités naturelles d’accès à certaines ressources.

    Les promesses électorales, dont l’imposition massive des plus aisés, sur lesquelles le gouvernement a été élu et a déjà reculé ont-elles encouragé cet affrontement ?

    Cela n’a pas encouragé l’affrontement mais a encouragé le ressentiment, la défection et la frustration. Dans notre siècle, la lutte des classes a changé et il est davantage questions d’enjeux symboliques que d’enjeux d’affrontement et de mouvements sociaux. Le nouveau visage de la lutte des classes s’éloigne de celui que nous lui connaissions durant la période du capitalisme industriel entre patrons et ouvriers, bourgeois et prolétaires, ceux d’en haut et ceux d’en bas.

    Cette lutte n’est plus frontale, elle s’est déplacée du niveau social et au niveau psychologique. Cela s’illustre parfaitement dans les revendications liées aux conditions de travail, les travailleurs se battaient autrefois pour l’amélioration de leur condition matérielle alors qu’à présent ils le font pour des conditions psycho-sociales comme la reconnaissance du travail accompli ou la limitation du stress.

    Qui sont les véritables vainqueurs de cette lutte : les riches de plus en plus riches qu’évoque Warren Buffett ou les plus défavorisés dont les conditions se sont améliorées ?

    Déterminer un gagnant dans la lutte des classes impliquerait qu’elle soit terminée. Ce qui est certain c’est que l’écart entre les riches et les pauvres qui a diminué jusque dans les années 1980 est en train de s’accroître à nouveau et atteint un niveau exceptionnel. Pour autant, il n’est pas possible de dire que tous les riches sont les gagnants dans le monde mondialisé car même eux vivent une lutte des classes interne.

    Les riches qui profitent réellement de la globalisation et de ce qu’il reste de croissance économique sont ceux qui se sont déterritorialisés et ont mondialisé leurs ressources. Ce qui fait que des peuples comme les Grecs ou les Espagnols souffrent, c’est la territorialisation économique dont ils ne peuvent, par nature, pas se débarrasser. Il n’y a que ceux qui ne sont plus liés à une terre qui peuvent continuer à gagner.

    Pour les couches les plus défavorisées de la société française, il me semble impossible de dire qu’elles sont les gagnantes de la lutte des classes. Malgré l’obstination de la France à maintenir son système de protection sociale, les personnes les plus exclues ont vu leur situation se dégrader.

    Comme l’avait mis en exergue le sociologue Robert Castel, l’individualisme développe deux types d’individus : l’individu par excès et l’individu par défaut. Ces deux concepts représentent parfaitement les deux populations que j’évoque. La fracture sociale existe toujours mais une analyse approfondie nous montre qu’elle est composée de multiples petites fractures qui composent et renforcent la grande.

    Les classes moyennes sont-elles les seules et les grandes perdantes de cet affrontement ?

    Globalement, le niveau de vie des classes moyennes s’est amélioré depuis trente ans et même si cela ralentit à cause de la crise, elles n’ont jamais eu à ce point accès à la propriété et aux études supérieures. Bien qu’objectivement leur situation soit meilleure, il est certain que les classes moyennes ont perdu sur le plan de la symbolique. Leur statut social n’a plus le prestige qu’il a pu avoir par le passé et même si leurs conditions de travail sont meilleures, elles sont paradoxalement perçues comme détériorées : pression, compétition au sein de l’entreprise, pression patronale, alourdissement de la charge psychique, etc…

    La lutte des classes existe-t-elle dans les autres pays d’occident comme en France ? Qu’en est-il des économies émergentes ?

    De toute évidence, la lutte des classes existe dans de nombreux pays d’Occident comme le Royaume-Uni qui se défend pourtant farouchement d’avoir un régime similaire à celui de la France. Cette lutte existe également dans les faits aux Etats-Unis bien que dans ce pays le langage et les concepts liés à la lutte des classes sont peu usités. Cela est lié au fait que les Etats-Unis n’ont pas connu la révolution communo-socialiste de l’Europe et que la lutte individuelle a toujours pris le pas sur la solidarité de classes.

    Dans un pays comme la Chine, la lutte des classes fait rage mais elle ne fait pas, et ne fera peut-être jamais, l’objet d’un affrontement comme cela a pu être le cas en Europe. Elle apparaît sous d’autres formes comme le suicide ou de timides revendications ouvrières qui sont tuées dans l’œuf.

    En Amérique du Sud, les différents régimes d’extrême droite puis d’extrême gauche on créé des situations diverses. Au Brésil, le phénomène Lula a permis d’améliorer profondément le sort des classes populaires et de les faire entrer dans une véritable logique d’intégration à la société. En Argentine, au contraire, la crise fait rebasculer dans la misère une partie de ceux qui s’en étaient fragilement extraits.

    ————

    (*) Il est l’auteur du livre Les sources de la honte (2011, Ed. Points Essais). Il a également publié Manifeste pour sortir du mal-être au travail avec Antoine Mercier (2012, Ed. Desclée de Brouwer), a co-écrit La lutte des places avec Isabel Taboada-Léonetti chez Desclée de Brouwer et a collaboré à De la lutte des classes à la lutte des places.

    Atlantico  http://fortune.fdesouche.com

  • Les tricheurs

    Sans craindre l’oxymore, le quotidien gratuit Direct Matin évoque aujourd’hui « Le OUI franc de la gauche » au traité budgétaire qui a été voté mardi  par une Assemblée bien peu nationale. 477 députés ont voté pour, 70  contre –dont 20 élus du PS-, 21 se sont abstenus. Le PS a donc eu besoin des votes du groupe UMP pour la ratification d’un traité  négocié il est vrai par Nicolas Sarkozy…Celle-ci intervient alors que tous les pays de l’euroland  empruntent le chemin de   l’austérité budgétaire, c’est-à-dire d’une  récession  presque certaine, ce qui aggravera tous les problèmes de l’Europe bruxelloise.  

    Avec ou sans visite de Mme Merkel,  comme  hier à Athènes, la Grèce sombre chaque jour davantage dans le chaos, au moment  ou  le taux des obligations  à 10 ans en Italie vient d’atteindre  6,29% ; un seuil ou le coût de refinancement de la dette existante va provoquer un défaut, même dans le cas où le budget primaire italien serait en excédent…

    L’hypothèse d’une flambée des taux sur la dette italienne, conduisant à une panique bancaire gigantesque, déclenchée par les  craintes sur la solvabilité des  banques transalpines en cas de défaut et devant la peur que l’Italie ne finisse par quitter l’euro,  n’est plus seulement  de l’ordre du mauvais fantasme…

     Autre domaine dans lequel le PS met ses pas dans ceux de la droite libérale,  le libre champ laissé au Qatar pour déverser sa propagande prosélyte dans nos banlieues sous couvert de bonnes intentions économiques  http://www.gollnisch.com/2012/09/25/le-qatar-en-banlieue-et-le-retour-aux-sources/.

     En début de semaine, Laurent Fabius, invité lors de l’émission Tous politiques  France Inter/AFP/Le Monde,  a défendu les investissements qataris. « On a beaucoup parlé du Qatar, c’est vrai que son action est souvent spectaculaire» a expliqué le ministre des Affaires étrangères. «Mais dès lors que ces investissements sont positifs pour la balance française, pour l’emploi, je ne vois pas pourquoi on serait réticents ». « Le Qatar a fait le choix d’un partenariat profond avec la France, la France en est heureuse », a-t-il déclaré. « Ca ne veut pas dire du tout qu’il puisse y avoir une pesée sur notre politique étrangère », a-t-il ajouté.

     Une  Pesée  peut être pas, mais identité de vue certainement comme on l’a constaté hier en Libye et comme on le voit  aujourd’hui en Syrie. Et M. Fabius n’ignore rien non plus du rôle nocif joué par le Qatar au Mali  qui arme et finance également  dans ce pays  les groupes terroristes djihadistes. Invité de RTL le 6 juillet,  Monsieur Sadou Dallio, maire de la ville malienne de  Gao,  lançait un pavé dans la mare, en expliquant que «le gouvernement français sait qui soutient les terroristes (au Mali). Il y a le Qatar par exemple qui envoie soi-disant des aides, des vivres tous les jours sur les aéroports de Gao, Tombouctou etc. ».

    Cela n’est pas pour rassurer sur les intentions profondes de cette pétromonarchie et le FN rappelait le mois dernier qu’Yves Bonnet, ancien chef de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), avait accrédité   les soupçons formulés par Marine Le Pen  sur l’argent investi en France par le Qatar,  le financement de réseaux islamistes radicaux par ce pays…

     A cette aune les professions de foi laïcardes et républicaines du PS en général et de Manuel Valls en particulier sont assez…stupéfiantes. Dans Le Bulletin André Noël il est rappelé très justement que les propos du ministre de l’Intérieur lors de l’inauguration de la Grande mosquée de Strasbourg –voir notre article en date du 1er octobre-  qui paraît-il, caracole dans les sondages comme le ministre le plus apprécié du gouvernement Ayrault, illustrent toute l’hypocrisie maligne du Système.

     « La République sera intransigeante avec ceux qui  entendent la contester et je n’hésiterai pas à faire expulser ceux qui se réclament de l’islam et représentent une menace grave pour l’ordre public et qui, étrangers dans notre pays, ne respectent pas nos lois et nos valeurs. Je n’accepterai pas  les comportements des salafistes et autres groupes qui défient la République » a assuré M. Valls.  Paroles verbales  que tout cela ! Que n’a-t-il expulsé les salafistes qui ont manifesté il y a quinze jours devant l’ambassade américaine ! »

     « Alors qu’au son des trompettes Manuel Valls  déménage les Roms, il s’emploie discrètement à multiplier les  mosquées. Son idée profonde, afin d’y parvenir, » et «  il l’a répété  à Strasbourg », «  est bien de les faire financer par le contribuable. Ne déclarait-il pas, en  2003, à l’hebdomadaire  Marianne :  Il faut faire évoluer la loi de 1905 afin de permettre la construction des lieux de culte à travers un financement transparent, et par conséquent public ? ».

     En fait, est il encore relevé,  ce nouveau « souffle à la laïcité » selon la formule employée par le ministre de l’Intérieur, « ce serait son abdication face à l’islam. Pour comprendre son attitude bienveillante et complice face à cette religion, on ne doit jamais oublier que Valls est franc-maçon, initié à la Loge la plus anticatholique, le Grand-Orient de France. »

     « Pour ces maçons-là l’ennemie restera toujours la foi catholique et  les amis de mes ennemis étant mes amis, cela explique pourquoi il veut rehausser la mosquée pour lui faire un jour dépasser la cathédrale» affirme encore cet article.

     En juin de l’année dernière, devant le Conseil régional de Rhône-Alpes, l’élu et Secrétaire départemental FN du Rhône,  Christophe Boudot,  rappelait d’ailleurs que  « la laïcité a été instaurée en France au début du siècle dernier sous la pression conjointe des mouvements anticléricaux et des réseaux maçonniques qui souhaitaient poursuivre ce qu’ils considéraient comme la grande œuvre civilisatrice de la terreur révolutionnaire et porter un coup fatal, à la civilisation catholique et à la pratique religieuse en France, en somme à la conscience et à la foi de 85 % des français de l’époque. »

     « L’objectif avoué était bien sur, dans l’esprit des radicaux adorateurs de Robespierre, d’entamer, (plus exactement) de poursuivre la déchristianisation de notre société et l’éradication totale du sentiment religieux français, celui d’une certaine idée de la France, fille ainée de l’Eglise. Depuis, les choses ont pu trouver un certain équilibre. Equilibre précaire mais savamment dosé des relations entre la sphère religieuse et la sphère publique. »

    Et le conseiller régional FN  s’adressant aux amis de M.  Valls comme à ceux  de M. Copé,   posait alors la vraie question  : « pouviez vous regrettez cette France assimilatrice et garante de la laïcité républicaine alors que depuis 30 ans vous n’avez de cesse de la casser, en facilitant l’arrivée sur nos terres de millions d’étrangers africains et magrébins pour la plupart issus de peuples dont les mœurs, les coutumes et la religion sont incompatibles avec notre laïcité à la française. »

    « L’anthropologue français Claude Levi Strauss déclarait au soir de sa vie que pour que les cultures persistent dans leurs richesses et leurs diversités il faut qu’il existe entre elles une certaine imperméabilité. Ainsi, vous faites vous les complices de dogmes encore plus puissants que celui que vous vouliez combattre, j’ai nommé : le mondialisme et le multiculturalisme destructeur des peuples. »

    Idéologies mortifères affirme Bruno Gollnisch,  que nous voyons  à l’œuvre  des travées de l’Assemblée « nationale » aux commissions bruxelloises, des fourgons de l’Otan à ceux du Qatar,  et qui sont  bien le plus grand défi que doivent  relever les nations  européennes (mais pas seulement) , qui entendent défendre leur souveraineté et leur identité.

    http://www.gollnisch.com

  • D'Aurora à Sandy Hook via Beslan et Oslo

    L’affaire de la tuerie d'enfants de Newtown dans le Connecticut commence à se décanter. Dans l'urgence nous livrons pêle-mêle à nos lecteurs quelques pistes de réflexion sous forme de questionnements et sur lesquelles nous reviendrons en détail ultérieurement. D'abord comment un tel carnage a-t-il pu être accompli par un "gamin" de vingt ans munis de deux armes de poing automatiques ? Tout comme pour le massacre d'Utoya, il eût fallu que le tueur transportât des munitions en quantité, soit pour Breivik plusieurs dizaines de kilos. Des éléments jamais précisés qui jettent une ombre sinistre sur des versions officielles bien lisses mais sacrement insatisfaisantes. Faute de temps nous reprenons ici les arguments développés par certains de nos correspondants, ils ne nous en voudront pas de ne pas tous les citer nommément et de les mettre à contribution d'une présentation des faits non conformiste.
    UNE OPÉRATION À SOUS "FAUX DRAPEAU", INDICES
    L. nous dit que la tragédie du Connecticut ressemble fort à une opération à sous "faux drapeau". Une intuition qui semble se confirmer, nous allons le voir plus loin. Les indices :
    1 - La directrice de l'école avait fait réviser la sécurité de l'établissement peu de temps auparavant ; elle avait donc fait appel à des entreprises de sécurité qui connaissaient tout de cette école (entrées, plan, passage clés...).
    2 - Dans la confusion informative des premiers rapports dans les média, on supposait un "frère" du tueur présumé présent sur les lieux du crime. Donc une autre personne. Dans cette confusion également, les autres membres de la famille du tueur présumé étaient retrouvés morts à leur domicile, sauf la mère présumée institutrice à l'école et tuée là... Aujourd'hui seule la mère a été dans les faits assassinée, chez elle et non à l'école. Était-elle un témoin gênant ?
    3 - Tous les témoins sont morts : le psychologue, la directrice, la mère du tueur, l'institutrice des enfants de la classe martyre à une exception près, celle d'un enfant passant dans le couloir et happé dans une classe par un instituteur pour y être mis à l'abri. D'autres enfants d'une deuxième classe auraient été tués mais pas tous.
    4 - On se demande comment un tueur armé comme à la guerre (trois armes militaires ?) a pu entrer dans l'école, tout en noir, avec cagoule, gilet pare-balles avec la permission de la directrice. La version officielle : il était connu de celle-ci parce que fils d'institutrice ; et elle l'aurait donc laissé passer le sas dans l'enceinte de l'école après la fermeture des portes. Pourquoi ? Cette version est un peu contredite par les témoignages d'autres enseignants qui se trouvaient avec la directrice en réunion à "bavarder" au moment des premières détonations, ce qui aurait attiré la chef d'établissement vers son assassin, suivie de la psychologue. Les autres instituteurs se seraient cachés sous les tables de la salle de réunion !
    5 - On se demande comment la mère du tueur présumé pouvait avoir trois armes de guerre chez elle.
    6 - Le tueur présumé était connu pour avoir un déficit mental ayant été à ce propos catalogué comme "autiste" par les média. Peu communicatif, peu populaire (ce qui est maintenant contredit), apparemment bon élève, qualifié de "génie" par une jeune judéenne de sa classe. Il était surtout sous médicaments. On sait ce type de personnalité propice à la "manipulation" après « lavage de cerveau » — nous y reviendrons — soit un profil psychologique assez analogue à celui du tueur d'Aurora à Denver dans le Colorado à deux pas de Columbine de triste mémoire.
    7 - La déclaration immédiate de Bloomberg, maire de New-York, demandant l’abolition du Second amendement de la Constitution, vise clairement à désarmer l'Amérique et à assujettir ses citoyens au nouvel ordre totalitaire et mondial qui se met actuellement en place, notamment sous couvert des Patriot Act I et II adoptés dans la foulée du 11-Septembre. Le Second amendement étant partie intégrante de la Constitution américaine, l'abolir reviendrait à abolir la Constitution elle-même.
    Notons en outre que d"après différents témoignages (voir cette vidéo bien documentée :
    <https:/lwww .youtube .comlwatch?v=j_fIO hml dqY&feature-player_embedded>), il y aurait eu deux tueurs en sus de Lanza, tué par l'un des deux autres en service commandé. Ajoutons que le père d'Adam Lanza est selon toute vraisemblance, le fils d'un cadre important de General Electric et un putatif agent de la CIA, comme son frère Ryan. L'un des deux hommes menottes à l'extérieur par la police peut cependant être l'un des parents qui se dirigeait vers l'école au moment des faits pour y participer à la fabrication de maisons en pain d'épices, activité traditionnelle à l'occasion de Noël. In fine, Facebook a interdit tout commentaire relatif à la version officielle de cette
    affaire, arguant d'un risque — plutôt vague —de "désinformation" lié à ce drame. Un Américain qui se posait des questions a été illico exclu de Facebook. Or de quoi ont-ils si peur ?
    L'HYPOTHÈSE TERRIFIANTE
    La réponse terrifiante à cette question nous est livrée par Gordon Duff, un "Marine" vétéran du Vietnam et « Senior Editor » — rédacteur — de la revue Vétérans Today. Sa carrière la conduit à agir à la demande des Nations Unies dans différentes négociations à caractère diplomatique, soit une personnalité relativement peu contestable. Or c'est lui qui aujourd'hui relaie les propos particulièrement sidérants de Michael Harris, ex-candidat Républicain candidat au poste de gouverneur de l'Arizona et aujourd'hui responsable du financement du Grand Old Party, selon lequel la tuerie d'enfants de Sandy Hook ne serait pas un « murder suicide », un suicide sous forme d'assassinat collectif, mais une attaque terroriste conduite par plusieurs hommes. On sait sur ce thème quelles questions se sont posées et se posent quant à l'affaire Merah dont le type humain ne cor respond pas à celui du tueur vu et décrit par au moins un témoin quasi direct. Or ce président de la campagne de financement du GPO n'hésite pas à déclarer dans les média nationaux que « l'attaque terroriste du Connecticut est une vengeance exercée par l'État hébreu et une punition à l’encontre des États-Unis pour lui avoir fait bloquer l'offensive sur Gaza » ( <http://www.presstv.ir/detail/2012/12/18/278706/israeli-squads-tied-to-newtown-carnage/>] ) !
    Pour aussi extravagante que paraisse à première vue une telle hypothèse, interrogeons-nous à notre tour sur le terrain psychologique susceptible de produire de telles réactions et nous comprendrons que sous nos yeux se déroulent de terribles transformations du monde dont les plus déterminantes ou les plus significatives interviennent dans des limbes inaccessibles au commun des mortels. Au lendemain de la tuerie de Beslan, Le Figaro signalait qu'une opération anti-terroriste simulée mettant en scène une école attaquée avait eu lieu en Israël au même moment. Opération nommée « Bons baisers de Russie », troublante autant qu'étrange coïncidence, surtout pour ceux qui se souviennent qu'alors que les Tours jumelles se trouvaient frappées par des avions de ligne se déroulaient au même instant de vastes manœuvres ayant pour objet des détournements de vols civils. Aucun rapport nous direz-vous ? À voir !
    L. C. et ses correspondants. Rivarol du 21 décembre 2013

  • [PARIS] Vendredi 18 janvier 2012 à 19h00 précises MANIFESTONS NOTRE SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE GREC !

    France, Grèce : Mêmes menaces, même combat

    Sortons de l’euro ! Rentrons dans l’histoire !

    Vendredi 18 janvier 2012 à 19h00 précises, MANIFESTONS NOTRE SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE GREC

     
  • Citoyens et citoyennes de seconde zone archive 2010

    « Je connais une retraitée de la région de Caussade qui a 267 € pour vivre. Un autre de 75 ans, à Moissac, a 180 €, une autre en Lomagne touche 359 €. mais le comble est atteint à Montaigu où une retraitée de 72 ans ne dispose que de 150 € par mois pour vivre. J'affirme que la moyenne des retraites en agriculture est de 300 € par mois, c'est une honte. » L'homme en colère qui s'exprimait ainsi s'appelle Paul Ardouin. Il a aujourd'hui 89 ans et il est toujours le président des retraités agricoles du Tarn-et-Garonne. Cette intervention il l'a faite le 15 mai 2006 à Caussade devant les membres de son association qui avaient pu se déplacer. Depuis, rien n'a changé. À cette occasion Paul Ardouin, ancien responsable charismatique de la FNSEA, aura donné quelques chiffres qui sont une bonne indication de la situation dans un département agricole. Dans le Tarn-et-Garonne, sur les 18 959 retraités agricoles, 12 680 étaient d'anciens chefs d'exploitation, 4 500, dont 2 500 bénéficiaient d'une pension complète, disposaient d'une retraite complémentaire. Les 8 000 autres avaient moins de 700 € . Les chiffres officiels sont plus choquants encore. Un chef d'exploitation qui aurait cotisé 150 trimestres, et c'est loin d'être la majorité, aurait une retraite de 690 € par mois. Sa conjointe gagnerait en théorie 500 € par mois. En réalité 10 % seulement des couples d'agriculteurs disposent ensemble d'une retraite supérieure à 1 500 € par mois. La plupart n'ont pas de retraite complémentaire parce qu'étant déjà en peine de cotiser pour la retraite obligatoire. Et, comme si cela ne suffisait pas, il leur faut faire face à l'augmentation des soins de santé et au déremboursement de plus en plus de médicaments dont ils ont été rendus dépendants par la médecine officielle.
    On sait les attaques dont ils sont l'objet. Leurs cotisations ne représenteraient que 17 % du financement de ces retraites. Mais à qui la faute si en quarante ans 90 % des agriculteurs ont été éliminés et s'il n'y a plus désormais que 31 cotisants pour 100 retraités ? Un choix politique a fait disparaître 1,3 million d'exploitations agricoles entre 1963 et 1988. Un autre choix politique a supprimé depuis 20 ans 50 % des agriculteurs résiduels. Ce n'est pas aux victimes à payer les pots cassés.
    Il leur est aussi reproché, afin de se faire exonérer de cotisations sociales, de transformer leur exploitation en société. Mais sait-on que dans les années fastes 43 % des revenus sont prélevés par la Mutuelle Sociale Agricole à moins d'effectuer des achats de matériel ? Critique facile alors que dans les années où ils n'ont pas de revenus ils sont pénalisés par la MSA s'ils ne paient pas leur cotisation dans les délais.
    La plupart des retraites d'agriculteurs tournent autour de 650 €, c'est-à-dire à peine plus que le RSA. Celui-ci, bénéficiant de nombreux avantages et affranchi des cotisations sociales, en réalité dépasse ce plafond. Les pensions des femmes de retraités paysans, qui ont généralement commencé à travailler avant 16 ans, n'ont jamais pris de "congés" mais trimé 16h par jour pendant 40 à 45 ans, atteignent rarement les 400 €, et souvent sont très en dessous de ce seuil. Quant à celles qui ont été salariées, elles ne bénéficient même pas d'une part de réversion de leur mari au décès de celui-ci. Lors d'une émission récente sur les retraites, l'actrice Marina Vlady, féministe virulente, évoqua le sort de ces milliers de retraitées agricoles totalement oubliées. Pourtant, contrairement à ce que souhaiteraient les agriculteurs il n'est nulle part question de leur accorder l'équivalent du Smic comme retraite. Du gouvernement au Parlement et à la Mutuelle Sociale Agricole on entend que tous les agriculteurs retraités bénéficient du minimum vieillesse, c'est-à-dire 708,96 € pour une personne seule et 1 157,47 € pour un couple par mois!
    On comprend que la France intello-politico-médiatique, si empressée auprès des populations venues d'ailleurs, si compassionnelle envers ceux qui la méprisent, fasse silence sur la maltraitance infligée par l'État à ses propres citoyens. Le scandale des retraites paysannes est d'ailleurs l'affleurement honteux de la haine paradoxale des dirigeants de ce pays envers tout ce qui est Français.
    R.B. RIVAROL 2010

  • Chômage : lamentations publiques

    Le drame du chômage revient à la une des journaux avec les lamentations publiques auxquelles s'est joint le Président lui-même par ses vœux. Remarquons, au passage, que l'abondance et le luxe des vœux publics sont encore une exception française. Par leur coût extravagant, ils contribuent à la panne de croissance et donc indirectement au chômage. Quoi qu'il en soit, le président non candidat mais néanmoins en pleine campagne a promis de "terrasser" l'ennemi ; dans cette période électorale, ses principaux challengers participent aussi à ce lyrisme guerrier avec promesses fallacieuses à l'appui. Les mauvais chiffres s'accumulent. En novembre, il y eut trente mille demandeurs d'emploi supplémentaires et les perspectives sont sombres ; les jeunes sont particulièrement touchés. Avec un taux de chômage "officiel" de 10 %, la France est très mal placée. En fait le chiffre est faux ; les 10 % se rapportent à la population active, laquelle comprend les fonctionnaires ou assimilés qui ne risquent pas le chômage ; rapporté aux salariés du privé, le pourcentage réel deviendrait de 20 %. L'Allemagne de son côté affiche un taux officiel de 6.4 % et connaît une pénurie de main-d'œuvre.
    De ce fait, le pouvoir réagit en convoquant un "sommet" à l'Elysée avec, en particulier, les syndicats. J'ai souvent mis en scène cette fâcheuse habitude des "Princes" qui sont aux affaires pour se débarrasser des calamités, dont ils sont eux-mêmes responsables, en organisant des "parlottes" ; cette fois-ci c'est un "sommet" : d'autres termes sont utilisés en grand nombre : États Généraux, Grenelle, tables rondes, assises ou même grands-messes, ce qui est étrange pour des gens que l'on ne voit guère à la messe. Le sommet, par définition, ne pourra rien donner pour une raison toute pratique, à savoir qu'une parlotte de ce genre ne peut jamais rien donner, tout le monde tirant à hue et à dia mais il faut ajouter que l'on ne peut jamais trouver des solutions avec ceux qui sont à l'origine d'un problème.
    Quatre thèmes devraient être abordés au cours du sommet : chômage partiel, formation de chômeurs, financement de la protection sociale et accords compétitivité-emploi. En fait, les solutions envisagées le seront avec les lunettes du dirigisme et du "Tout-Etat" ; c'est tout le contraire de la délivrance absolument nécessaire pour "terrasser" l'ennemi.
    L'enchaînement des faits les plus récents peut donc être ainsi décrit : constatation officielle du chômage récurrent, nouvelle aggravation surtout pour les jeunes, parlotte officielle pour résoudre la calamité, interventionnisme étatique au programme, syndicats embusqués, bricolage étatique d'urgence, nouvelles usines à gaz en perspective. Ce schéma n'est pas nouveau.
    RIEN DE NOUVEAU
    En avril 2009, le président Sarkozy présentait un plan d'urgence destiné prétendument à atténuer le taux de chômage. Il visait à faciliter le recrutement de jeunes dans les entreprises par le biais de l'apprentissage et de contrats aidés. Selon la coutume, ce plan était imprégné de dirigisme, ce qui embarrassait fort les socialistes qui ne savaient que dire pour s'opposer ! Le plan coûtait 1,3 milliards d'euros ce qui conduisait inévitablement à des impôts ; par ricochet ces derniers généraient à due concurrence le chômage dans toute la population, jeunes et vieux. Il était promis 320 000 contrats d'apprentissage en un an, grâce à une exonération de charges et à une prime spéciale ; de l'argent a été déversé dans une campagne d'information sur l'apprentissage (sic) ; personne ne peut savoir si des contrats d'apprentissage supplémentaires ont été conclus.
    Des sortes de nouveaux fonctionnaires, sous le nom de "référents", devaient faire la promotion de l'alternance. Une mission de promotion et de développement de l'alternance incitait les entreprises à signer une charte d'apprentissage contenant des objectifs d'embauché ; c'était du temps perdu, sauf bien entendu pour l'heureux "missionnaire" ; il existe des "Hauts" commissaires : aurons-nous bientôt des "Hauts" missionnaires ? Les référents et le missionnaire existent-ils toujours ? Mystère.
    Un nouveau contrat de travail était créé : le « contrat accompagnement formation », s'ajoutant à la nuée de contrats de travail possibles. La liberté des employeurs était de nouveau réduite par l'obligation de rémunérer les stages de plus de deux mois alors que jusqu'alors l'obligation ne survenait qu'à partir de trois mois.
    À l'époque, l'élection de 2012 était lointaine et le Président avait une totale liberté d'action. Il pouvait en abandonnant ses idées socialisantes résoudre le problème du chômage. Il ne l'a pas fait et la patate chaude lui retombe dessus pendant sa campagne présidentielle déjà ouverte bien que non déclarée. Toute action publique a un effet boomerang sur les problèmes qu'elle prétend résoudre et rien ne s'est amélioré suite au plan d'urgence.
    Le 4 juillet 1977, Raymond Barre avait lancé le premier « pacte national pour l'emploi des jeunes », Ses successeurs à Matignon ont inventé une kyrielle de dispositifs : contrats de qualification, stages d'insertion dans la vie professionnelle, travaux d'utilité collective, contrats emploi-solidarité, emplois-jeunes, contrats jeunes en entreprise, contrat d'insertion dans la vie sociale, contrat de professionnalisation. Dominique de Villepin avait aussi mis en œuvre un « plan d'urgence pour l'emploi des jeunes ». Selon le principe des calamités, chaque dispositif nouveau est une autre calamité prétendant corriger les précédentes.
    L'EXPLICATION DU CHÔMAGE ;
    Les causes du chômage sont si nombreuses qu'il est difficile de toutes les énoncer : désindustrialisation, atonie de l'investissement, chute des exportations, coût du travail excessif, nombre excédentaire des fonctionnaires, les 35 heures, impôts destructeurs des entreprises, immigration sauvage, code du travail et son incroyable complexité des multiples contrats de travail, extrême difficulté des licenciements, grèves permanentes chassant les investisseurs hors de France, nuée d'organismes publics souvent immortels et prétendant s'occuper de la calamité.
    Il s'ajoute à chacun des facteurs de la liste un effet cumulatif : les impôts destructeurs des entreprises poussent à la désindustrialisation. La dramatique culture de la grève en France accélère le mouvement général.
    Tous ces facteurs découlent de la politique socialisante, qu'elle provienne de la fausse droite ou de la vraie gauche depuis des décennies. Le chômage est bien « Le Fils du socialisme ». Il est pratiquement impossible d'agir rapidement sur la totalité des causes, certaines d'entre elles demandant du temps pour obtenir des effets positifs. Or le chômage est un problème majeur par son urgence et il explique en grande partie la panne de croissance ; en le résolvant, l'on déclencherait un effet cumulatif inverse et l'on améliorerait les autres problèmes.
    Que faudrait-il pour remettre au plus vite les Français au travail ? Il y a deux leviers essentiels : les entreprises et le code du travail.
    Libérer les entreprises devrait être au cœur de l'action. Cela exclut toute politique de relance publique, ces politiques étant nocives par avance. Les entreprises sont les seules aptes à faire décoller la croissance en créant de la richesse et des emplois.
    H est nécessaire de supprimer un ou deux impôts parmi les plus destructeurs de ces entreprises. Soulignons un point important : réduire un impôt ne sert à rien ; même réduit, l'impôt conservé génère des frais, des fonctionnaires et des contentieux. Quel que soit le niveau de la réduction, il renaîtra un jour. Il faut supprimer totalement l'impôt visé. La suppression totale implique la suppression des bureaux, des déclarations, des formulaires et de l'incertitude générale.
    Il est évident qu'il faut compenser et bien au-delà les impôt supprimés par des économies. La folie dépensière des gouvernements, les innombrables subventions ouvrent un champ d'action sans limite et parfaitement acceptable par l'opinion.
    Le code du travail, en croissance perpétuelle, compte plus de 2 600 pages et il pèse 1 kilo et demi. De nombreux organismes et personnages parasitent à son abri ; ils sont embusqués et n'entraînent que la destruction des entreprises et de l'emploi. Or la vraie garantie des salariés est l'existence de nombreuses et prospères entreprises. Pour contourner le puissant pavé, la seule solution est de permettre des contrats de travail entièrement libres ; employeurs et employés concluent des contrats à partir de projets bâtis par des avocats indépendants.
    Une solution à minima serait de faire disparaître deux ou trois des dispositifs qui empêchent les entreprises d'embaucher ; cela déclencherait un cercle vertueux. La possibilité de licencier facilement pourrait ouvrir le cycle des embauches. On se souvient de la loi de 1948 qui, en organisant le maintien dans les lieux, a détruit le marché du logement pendant de longues années. Dans le domaine de l'emploi, il existe une sorte de maintien dans les lieux qui gèle toute possibilité d'évolution rapide. Le projet actuel « d'accords compétitivité-emploi » en vue de gérer les trous d'air reflète bien cette situation.
    TOUT EST POSSIBLE
    Personne ne peut dire que ces évolutions sont impossibles. La Suisse, pays de plus grande liberté, se signale par un taux de chômage très bas avec de la pénurie de main-d'œuvre dans certains métiers. En Nouvelle-Zélande, pays qui s'est largement libéré et pourtant sous des gouvernements travaillistes, il existe un contrat de travail libre entre les employeurs et employés. Les bénéficiaires de ces contrats gagnent en moyenne 35 % de plus que les autres !
    Faute de s'engager dans cette voie, le drame épouvantable du chômage se poursuivra et les plus fragiles en souffriront davantage que les autres !
    Michel de PONCINS Rivarol du 27/1/2012