Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 86

  • Autopsie d’un deuil

    Autopsie d’un deuilDans quelle partie la vérité de la société française contemporaine se manifeste-elle le plus ? Il faudrait un échantillon qui échappât aux contaminations de l’idéologie, aux miasmes du journalisme, et à la myopie de l’actualité. Les tribulations de la « racaille » de banlieue, ou celles de tel acteur populaire, entrent dans cette catégorie peu ragoûtante, avec les orgies et farces tristes de la France d’en haut, dont l’on conviendra qu’elles ne sont, ni les unes, ni les autres, représentatives du pays réel, bien qu’elles en constituent une partie significative. La belle étude du sociologue Christophe Guilluy, Fractures françaises (François Bourin Editeur) a mis récemment en évidence le déséquilibre en partie voulu entre certains secteurs médiatisés à outrance, et exhibés avec tout le pathos possible pour en faire un centre d’intérêt susceptible de promouvoir un certain type de société, et d’autres secteurs, occultés, ignorés ou méprisés, bien qu’ils secrètent des problèmes, notamment de pauvreté et d’abandon, autrement plus aigus que les premiers, lesquels bénéficient de toute la sollicitude des pouvoirs publics.

    La France obscure, banalement quotidienne, et souvent paisiblement, passivement, tragiquement installée dans sa pauvreté, son désespoir ou son amertume, paraît représenter ce que nous cherchons, un échantillon significatif de ce que nous sommes devenus. Un endroit isolé, oublié, sera, à coup sûr, un exemple a fortiori de notre société, et d’autant plus symbolique qu’il n’est apparemment pas touché par certains maux emblématiques qui bouleversent notre nation, comme l’immigration massive, les délocalisations, l’urbanisation sauvage etc. Et néanmoins, nous verrons que ce coin écarté, semble-t-il, de l’histoire en train de se faire, reçoit violemment, bien que sans protestation, les forces destructrices de la modernité.

    Appelons donc ce village Sainte Hermine les Sylves, et la région qui l’environne le Duboisais. Cela fera bucolique. Et, en effet, le pays est superbement tapissé de forêts, que rongent des prés parfois dévalant en pente douce. Car c’est aussi une terre de collines, de rochers. Voilà le décor planté. Notons que le terme « pays » a ici une résonance bien précise, puisqu’il désigne un territoire un peu supérieur au canton, en gros ce que peut parcourir un homme à pied en une journée. C’est d’ailleurs ce qui correspondait à la vie pratique des éleveurs, qui se rendaient pour deux ou trois jours à des comices, avec bétail et produits fermiers. Il n’était pas question, il y a cinquante ou cent ans, de bétaillères. L’on n’avait pas peur de marcher. Du reste, les déplacements étaient rares, et uniquement mus par des raisons majeures. Certains vieillards, encore, avouent ne s’être rendus à un village éloigné de dix kilomètres qu’une seule fois dans leur vie, et ignorer complètement les villes voisines. Pour une part, l’univers paysan est encore borné par l’horizon, bien que nombre d’éleveurs n’hésitent pas à se rendre au Salon de l’agriculture. Et même il leur arrive de prendre des vacances, et de se rendre à la mer.

    C’est un point sur lequel il faut donc appuyer : l’attachement, forcé ou libre, au terroir local, est encore une valeur vivace dans la France d’aujourd’hui, du moins pour peu qu’il y reste des habitants, car la société s’urbanise et les jeunes sont bien contraints d’aller chercher du travail ailleurs. Du reste, qui voudrait, même parmi les bobos écolos, ces rats des villes, passer l’année dans une campagne qui n’a pas toujours l’aspect souriant et ensoleillé de vacances estivales ? Il existe donc, même chez les « exilés » des villes, chez ceux qui sont contraints de partir, et qui reviennent régulièrement, une forte identité, qui leur donne un sentiment d’appartenance culturelle. On est breton, comme on est limousin. C’est pourquoi, dans un monde que l’on prétend « nomade », une grande partie de la population échappe au bougisme forcé, à l’anglais obligatoire, et aux délices du mélangisme. Ce qui, il faut bien le dire, aboutit parfois à une méfiance instinctive pour tout ce qui est étranger. Les « éducateurs », en ce domaine, ont parfois bien de la peine à faire entrer les préceptes de bien pensance dans le crâne de jeunes, qu’ils ne connaissent d’ailleurs souvent que de fort loin. Songeons que, contrairement à ce qui existait jadis, où les instituteurs et les professeurs de collège étaient bien des fois issus du cru, la plupart des enseignants résident à des dizaines de kilomètres de leur lieu de travail, dans la grande ville, et méprisent ces « ploucs » qu’ils ne sont pas éloignés de considérer comme des sauvages à évangéliser. On pourrait procéder aux mêmes remarques en ce qui concerne les valeurs sacrées de la bobotude triomphante, comme l’art contemporain ou l’homosexualité.

    Cette France des terroirs ne se conquiert pas. Elle s’apprivoise, ou plutôt, c’est elle qui vous domestique, au sens littéral, qui vous accepte, vous accueille comme dans un foyer, une maison. Et c’est à vous d’être assez humble et large d’esprit pour vous plier au genre de vie local, qui est pétri de petits gestes, d’une façon bien spéciale de parler, de saluer, de demander son pain. Ici, tout le monde se connaît. A tel point que le seul événement qui ait encore du succès est l’enterrement, qui draine, comme une occasion de ressouder chaleureusement la communauté, tous les proches et les moins proches du défunt. C’est un rituel, un cérémonial, un geste de respect et de fraternité qu’il est difficile de récuser. Le village est une famille.

    Les funérailles sont du reste là, pour beaucoup, la seule occasion de se rendre à l’église. Depuis une vingtaine d’années, les liens se sont relâchés entre la religion et les gens. Les anciens meurent, les jeunes ne se rendent plus à la messe. Phénomène commun partout, y compris dans les campagnes. Certes, les petits enfants sont sans doute plus nombreux qu’en ville à se rendre au catéchisme ou à faire leur communion, mais cela ne va pas plus loin, et ils se laissent happer, comme les adultes, par la nonchalance et l’irresponsabilité, l’indifférentisme et la paresse de cette vie moderne, qui ne rend un culte, finalement, qu’au travail productif.

    Les prêtres sont rares, souvent très vieux, et sont dépassés par un labeur surhumain. Par la force des choses, ils ne peuvent plus donner une entière attention aux personnes. Ils paraissent quelque peu comme des fonctionnaires de tâches religieuses.

    A y regarder de plus près, c’est peut-être là qu’est l’un des changements cruciaux des rapports humains, depuis quelques lustres. Lorsque je suis arrivé à Sainte Hermine des Sylves, j’avais l’impression d’une communauté, d’une complicité, même si les haines existaient, ou éclataient. Pour gagner son élection, le candidat à la magistrature communale tapait sur l’épaule en offrant l’apéro, avait toujours un mot gentil, et promettait une place pour le petit jeune. En général, il tenait parole. Il faut un chef, voilà la philosophie politique du lieu. Après l’élection, il peut faire ce qu’il veut, du moment qu’on reçoit l’essentiel, une certaine sécurité. Le lien possédait de la substance. Maintenant, tout semble plus ou moins froidement fonctionnel, le maire gère, la gendarmerie surveille, le maître d’école enseigne, le facteur distribue les lettres, mais dans l’air que l’on respire n’existe plus ce rayonnement chaud et pressant qui instituait l’impression forte de contribuer à une existence commune. Les trajectoires se sont individualisées, les comités des fêtes se sont évaporés, les grands projets fédérateurs ont disparu, et avec eux le plaisir des fêtes, des spectacles, des réjouissances, même si la nature de ces événements n’étaient pas d’un goût très sûr. Qu’importe ! on fabriquait des chars fleuris, on faisait venir des chanteurs populaires, on invitait des forains, on organisait des expositions de camions peints… C’étaient toujours des occasions de se revoir, et de rassembler les habitants du pays. On dirait que l’énergie et l’enthousiasme se sont dilués dans les plaisirs éparpillés, dans l’atomisation des volontés individuelles, en même temps que les jouissances se sont artificialisées, que les appareils modernes de transmission, internet, le portable, les jeux vidéo etc. ont vampirisé la libido et le temps. Il existe encore de grands banquets, à l’occasion de fêtes, de vide-greniers, de foires, mais le Mac do de la ville connaît un succès fou, on rêve d’Eurodisney, on jour frénétiquement au loto, et les jeunes, filles ou garçons, encore qu’ils savourent avec délectation la tradition culinaire locale, cochon, fromage, veau etc., ne savent plus très bien comment on fait cuire un œuf.

    On trouve encore cette contradiction, entre attachement fort et désintérêt, dans le rapport avec la nature. Une part significative des gamins participent aux chasses paternelles, ou s’adonnent volontiers à la pêche. C’est même un enchantement de les faire parler. Beaucoup sont intarissables quand il s’agit de conversations relatives à ces loisirs, mais aussi quand il est question d’élevage de bovins ou de chevaux, d’agriculture, plus généralement d’existence campagnarde. On découvre chez eux un vocabulaire riche et précis. Mais Hors de là, c’est presque le néant. Il ne serait pas tragique si les nécessités de l’économie contemporaine n’imposaient d’autres horizons. Et c’est une source de malentendus, voire de mépris chez les bobos qui ne voient de salut que dans la transhumance vers la ville et ses intoxications. Une partie des jeunes gens, ici, font du Rousseau sans le savoir. Ils contredisent les clichés qu’on veut bien véhiculer au sujet des générations montantes, supposées vibrer pour l’agitation du monde moderne. Instinctivement, ils verraient leur bonheur dans les travaux agricoles, la vie dans la ferme ou la petite vallée, et ne souhaitent pas partager les enchantements du prétendu bonheur urbain. Il ne faut pas, bien sûr, généraliser des cas qui sont néanmoins en nombre conséquent, mais cela explique, pour une part, le peu d’appétence pour les carrières « intellectuelles », les ambitions professionnelles, et, plus généralement, pour les questions culturelles.

    Cette contradiction se situe, du reste, à tous les niveaux, dans toutes les générations. Elle se traduit par un ancrage pragmatique dans la tradition qui persiste dans les modes de vie campagnards, la nourriture régionale perçue comme normale, les attitudes héritées des parents, et le conditionnement inévitable apporté par l’american way of life. Par exemple, on mangera jambon, pâté, saucisson en buvant du coca cola ; ou bien on se rassemblera près de la cheminée, on accueillera les amis, tout en omettant de fermer la télévision, qui fonctionne sans intermittence ; ou bien on organisera une grande fête, où sera invitée la grande fratrie des cousins, oncles, tantes, anciens etc., mais, au lieu de louer les services d’un groupe de musique traditionnelle, on paiera un pianoteur de synthétiseur ; ou bien on ne manquera aucun rassemblement champêtre, où se côtoient hommes et bêtes, mais on écoutera en battant la mesure cette soupe américaine qu’on a l’habitude de nous déverser maintenant dans les boutiques, les cafés, les rues et les espaces publics. La France profonde est pour ainsi dire schizophrénique, mais elle ne le sait pas ; du moins la contradiction qui met aux prises deux univers antithétiques n’est-elle pas perçue comme telle. Mais elle existe, contrairement à beaucoup de lieux urbains, où ne subsiste que la domination de la sous culture mondialisée.

    Cela n’empêche nullement cette dernière de faire des ravages, et de contribuer à déraciner toujours davantage les habitants des campagnes. Il y a un peu plus de vingt ans, on découvrait avec malaise l’emprise phénoménale qu’exerçait la musique dite « techno » sur les enfants, qui en connaissaient à ce sujet plus que les adultes. Leur capacité d’absorption de la bouillie médiatique n’est explicable que par le temps consacré à toutes les sources qui la diffusent, mais aussi, il faut l’avouer, par la séduction toute particulière qu’elle offre aux pulsions infrahumaines. Nous ne comprendrons jamais le succès mondial du libéralisme si nous ne nous demandons pas s’il ne touche pas des zones réceptives à des stimuli aptes à désinhiber l’individu, et donc à le mettre en porte à faux avec les impératifs sociétaux et éthiques, désormais traduits comme des contraintes insupportables. L‘éducation est, pour cette raison, aussi négligée que dans les villes. Et d’ailleurs les parents ressemblent, par leurs goûts et leur consommation « culturelle », à leur progéniture, et semblent aussi américanisée qu’elle.

    On remarque du reste que les dérèglements qui sapent la société se manifestent autant qu’ailleurs. L’une des causes du pourrissement des mentalités et des comportements a été, il y a quelque trente années, l’établissement d’une boîte de nuit, qui attira jusqu’aux gamins de quatorze ans, lesquels ne cessaient d’y faire allusion, bien plus souvent qu’à l’école. C’était là, somme toute, leur conception d’une certaine « éducation ». Non seulement on y apprenait à boire, mais on s’y initiait à toutes formes de drogues. Le trafic s’organisa, parfois avec des villes très éloignées, et de nombreux problèmes de santé, d’attitude, en résultèrent. Il était possible de croiser des jeunes gens dont l’accoutrement n’était guère différent que ceux qui font flores dans les banlieues. Au demeurant, pour peu que l’on converse avec des enfants, on est obligé de corriger invariablement un langage calqué sur les émissions de show business de la télévision. Ces gamins portent volontiers des T-shirts frappés du drapeau américain, anglais, du signe NY, ou de quelque inscription anglo-saxonne.

    Pour ne pas demeurer tout à fait sur un signe négatif, il serait erroné de penser que personne ne réagit. J’ai eu la chance de rencontrer de nombreux adultes, d’un certain âge, autour de la quarantaine ou de la cinquantaine, souffrant de cet état désastreux de fait. L’intelligence, la lucidité, la clarté d’expression, la finesse d’analyse de ces personnes étaient merveilleuses, et pour tout dire, surprenantes pour un pessimiste comme moi. Il était évident que l’abattement devant ce qui ressemble à un tsunami de vulgarité et de destruction prend sa source dans l’impression que les êtres de bonne volonté sont ultra-minoritaires. Or, il n’est pas rare d’en croiser. Le problème est bien sûr que la partie saine de la société est atomisée. Parfois, des projets collectifs donnent corps à un état d’esprit partagé. Tel village s’organise pour restaurer une croix de chemin, par exemple.

    J’ai discuté avec un acteur de cette restauration. Sa famille était établie dans le hameau depuis sept générations. Il m’a décrit par le menu les différentes étapes de transmission de son patrimoine, qui consistait une très belle ferme en grosses pierres, pourvue de plusieurs annexes. Sa fille et son gendre travaillaient à Lyon. Il ne pensait pas qu’ils allaient garder la propriété car son entretien s’avère très onéreux. Je sentais bien qu’il en était désespéré.

    Nous ne saisirons pas la nature de notre sombre époque si nous n’avons pas conscience qu’elle représente l’un des deux ou trois grands retournements qui ont eu lieu depuis deux mille ans. Le premier a été la conversion de l’empire romain au christianisme, en 312. Puis, le deuxième date de la Renaissance. Le troisième se déroule sous nos yeux, et c’est la disparition de la paysannerie et de la culture paysanne, désormais presque achevée. Ce double génocide s’est produit sans révolte parce que sa durée relative, durant un siècle, voire un peu plus, s’est étalée dans le temps, sur plusieurs générations, et que l’exode n’a pas été perçu comme un mal, puisque de nombreux campagnards recherchaient une amélioration de leur confort de vie. Néanmoins, c’est toute une civilisation qui a été engloutie. Civilisation qui subsistait plus ou moins enracinée il y a quelques dizaines d’années.

    En effet, il est courant, lorsqu’on écoute des gens de plus de cinquante ans, de percevoir dans leurs propos un accent de nostalgie. Les années cinquante ou soixante prennent les apparences d’un paradis. On travaillait encore beaucoup manuellement, mais il y avait plus de travailleurs, les moutons traversaient le village, d’innombrables boutiques, cafés et ateliers n’avaient pas été coulés par les supermarchés et les révolutions dans le mode de travail, peu de gens possédaient une voiture ou un téléphone, ce qui obligeait de se rendre service. Aller rendre visite, une ou deux semaines, durant l’été, aux grands parents résidant au fin fond de la campagne, était considéré comme le loisir suprême. Les jeunes flirtaient, dansaient, s’amusaient, mais tout cela avait un air bon enfant, nullement l’aspect crispé et mortifère des lieux de distraction actuels. Il existait des riches, des pauvres, des minables, des gens intéressants, brillants, mais on appartenait à la même famille, les bourgeois locaux, catholiques, « protégeaient » leur « clientèle », et surtout l’humour prenait souvent le dessus. On retire l’impression qu’avant on riait et on s’amusait beaucoup, malgré des conditions de vie assez dures, qui rendaient d’ailleurs tout bienfait inestimable, bien davantage que dans notre époque d’abondance, où l’on se lasse de tout.

    La vie n’est pas pour autant facile de nos jours. Des paysans se sont pendus, d’autres sont partis, des familles entières ont migré pour d’autres cieux, seuls les gros exploitants subsistent, les prés sont passés dans quelques mains, les « stabus » énormes ont proliféré, les jeunes paysans ont appris à standardiser leur production, à rendre plus efficace leur travail, au détriment d’un certain rapport avec la nature, la terre et les bêtes. La plupart des métiers anciens ont disparu. Ne subsistent que des emplois de service, d’aide à la personne, de domestiques, de « paysagistes » (jardiniers), de commerciaux… Phénomène social qui ne manque pas d’aligner les mentalités sur la norme. Les « assistés » se multiplient, les « cas sos », comme on dit. Les familles éclatent, se décomposent, se recomposent, se surcomposent (comme on parle de surendettement) autant que dans les villes, et parfois seulement après une ou deux années de cohabitation, souvent avec des enfants en bas âge. C’est une véritable épidémie, qui provoque des meurtres, des suicides, et des enfants « à problèmes », mais aussi, parfois, des situations burlesques.

    Il faut faire le deuil d’une France, et d’une Europe, disparues. Elles ne reviendront jamais comme elles étaient. Cependant, si l’on fait la part de l’aliénation provoquée par l’américanisation des esprits et des mœurs, il faut reconnaître qu’il existe dans le peuple d’en bas encore une partie, sinon intacte, du moins susceptible de réaction. La difficulté est de lui parler avec un langage qu’elle entende, et de lui donner l’envie et le courage de réagir, de combattre contre les forces destructrices.
    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com

  • L’économie chinoise a une responsabilité envers elle-même mais aussi envers le monde

    Capitaine Martin

    Quel que soit le côté duquel on observe les salaires dans les pays émergents, on ne peut que constater leur augmentation. En dépit la crise, mais avec des variations très disparates d’un pays à l’autre. Toujours est-il qu’ils augmentent.

    Et ce phénomène crée un dilemme au patronat occidental : soit désinvestir, parce que produire dans ces pays augmente désormais le coût de production, soit continuer dans la voie de la délocalisation, car l’augmentation des salaires crée des besoins nouveaux et permet une hausse de la consommation.

    L’exemple le plus frappant est encore une fois celui de la Chine, où les salaires ont triplé ces dix dernières années selon l’OIT (organisation internationale du travail). China Daily affirme d’ailleurs que les salaires continueront d’y augmenter l’an prochain à hauteur de 9 %. Or, l’évolution réelle a toujours été bien supérieure à ce qui avait été annoncé les années précédentes par la voie officielle. Les salaires chinois pourraient donc encore croître en 2013 bien au-delà des prévisions.

    Au niveau mondial, les salaires moyens mensuels ajustés pour tenir compte de l’inflation – ce qu’on appelle les salaires moyens réels – ont augmenté globalement de 1,2 % en 2011. En raison de sa taille et de sa forte performance économique, la Chine a un poids considérable dans ce calcul du chiffre mondial. Si l’on omet la Chine, les salaires moyens réels n’ont augmenté que de 0,2 % au niveau mondial en 2011. Pékin contribue ainsi de manière tout à fait significative à la croissance annuelle moyenne des salaires révélée par l’OIT.

    Les salaires des travailleurs chinois augmentent parce que les entreprises chinoises veulent garder leurs meilleurs talents… mais aussi parce que le gouvernement le veut. Il faut stimuler la demande intérieure si on veut tenir ferme le gouvernail de la croissance, même quand les exportations sont en légère baisse. C’est pourquoi les salaires qui augmentent le plus en Chine le sont sans les entreprises d’État.

    Aujourd’hui, un travailleur chinois gagne entre 190 et 335 euros par mois, selon qu’il exerce son métier dans une entreprise publique ou privée. C’est peu par rapport aux quelque 2.000 euros des Français, mais si on compare cette somme au pouvoir d’achat réel, voici que ce salaire oscille entre 300 et 540 euros. Et l’écart des salaires entre la Chine et les pays occidentaux ne cesse de diminuer au fil des ans.

    À ceux qui doutent des possibilités de l’Empire du milieu et des menaces que fait peser le « surcoût salarial », Louis Kuijs, directeur de projet au Fung Global Institute, un organisme de recherche spécialisée sur les économies asiatiques, répond que « la plus grande part des augmentations de salaire a été compensée par une hausse de la productivité des ouvriers chinois ». La productivité du travail a même augmenté plus vite que les salaires dans le delta de la Rivière des Perles (sud), au cœur de « l’usine du monde », d’après 200 entreprises interrogées au début de l’année par la banque Standard Chartered.

    Jin Canrong travaille à l’Université du Peuple, à Beijing. Vice-recteur de l’Institut des relations internationales, il résume tous les défis auxquels la Chine est désormais confrontée : « progresser de manière stable est le fil rouge dont a besoin aussi la planète. Car l’Europe s’est éteinte. Je crois que le Japon va s’éteindre à son tour. La force motrice des États-Unis n’est pas terrible. La Chine, elle, persiste encore. Si les choses allaient mal en Chine, ce serait catastrophique. Par conséquent, l’économie chinoise a une responsabilité envers elle-même, mais aussi envers le monde. D’abord, il faut faire en sorte qu’elle ne déraille pas. Puis, elle doit maintenir sa force, son énergie. De la sorte, elle pourra apporter une grande contribution au monde ».

    Capitaine Martin http://www.legrandsoir.info/

    Résistance (http://www.resistance-politique.fr/article-l-economie-chinoi...)

  • Néo-nationalisme et “Neue Rechte” en RFA de 1946 à 1988

    Archives 1988

    ◘ Lecture critique de :Margret FEIT, Die “Neue Rechte” in der Bundesrepublik : Organisation – Ideologie – Strategie, Campus, Frankfurt a.M., 1987, 242 p.
    Placer la “Nouvelle Droite” allemande sous la loupe n'est pas une chose aisée ; d'abord parce que le terme n'est ni utilisé ni revendiqué par les hommes et les regroupements que les journalistes rangent arbitrairement sous cette étiquette. En effet, le vocable “Neue Rechte” est une création de journalistes, une paresseuse commodité de vocabulaire qui désigne les tentatives d'innovation idéologique et pratique qui sont survenues dans le camp “nationaliste” en RFA. Récemment, Margret Feit a tenté de mener une enquête dans ce landernau et il en est sorti un livre, épais de 244 pages qui foisonnent d'informations utiles mais aussi, hélas, de commentaires incongrus et de simplifications abusives.
    La raison de ces déraillements est simple : M. Feit est une militante anti-fasciste professionnelle, une de ces Don Quichotte qui, 40 ans après l'effondrement spectaculaire du Reich de Hitler, passe son temps à harceler des fantômes de plus en plus poussiéreux. Mais la variante de son donquichottisme diverge un peu de celle de ses collègues francophones de la bande à Article 31 (Paris) ou à Celsius (Bruxelles) ; ceux-ci s'emmêlent les pinceaux, fabriquent des complots rocambolesques où l'on voit, par ex., le Ministre de la Justice belge Jean Gol, libéral et israëlite, planifier, dans un arrière-restaurant bruxellois, l'émergence d'un gigantesque réseau para-militaire avec l'ancien chef du mouvement Jeune Europe, Jean Thiriart, et un représentant du Président zaïrois, Mobutu Sese Seko ! M. Feit ne pousse pas la plaisanterie aussi loin.
    Pourquoi lire ce livre ?
    Si les gugusses d'Article 31, de Celsius, leur copain flamand qui sévit au Morgen et le non moins inénarrable Maurice Sarfatti, alias Serge Dumont, plumitif au Vif / L'Express  dont les collègues se gaussent en privé en disant, poliment, “Il est resté un grand adolescent...”, relèvent tous de la fantaisie charmante, de l'incurable gaminerie des fils à papa des Golden Sixties, M. Feit effectue un travail plus sérieux ; elle est de la variante masochiste, celle qui traque (mal) ses propres fantasmes mais collectionne quand même les documents authentiques afin de dénoncer, croit-elle, un véritable réseau, perclus de méchanceté et prêt à se jeter sur la pauvre démocratie comme le loup de la fable sur l'agneau tendrelet. Mais Dame Feit est archiviste, elle cite ses sources et c'est pourquoi son livre vaut une note, même s'il ne contient pas d'index et si le canevas des chapitres qui se veulent une analyse du contenu intellectuel de la “Neue Rechte” est purement et simplement repris d'un livre utile et bien fait, paru en 1975 (il y a 14 ans !) et dû à la plume de Günter Bartsch (1).
    Il vaut plus d'une note si on le débarrasse de ses fantasmes, certes traqués, mais qui reviennent à chaque paragraphe au grand galop, pour être sans cesse repoussés par l'énergie terrible que déploie le désir quasi névrotique de M. Feit d'acquérir tout de même un brin de respectabilité scientifique. Considérons donc que ce livre à une certaine valeur, qui demeure cachée derrière des broussailles de fantasmes, et qu'il faut savoir le lire avec l'adresse d'un défricheur professionnel.
    Le camp nationaliste avant l’avènement de la “Neue Rechte”
    Dès 1946, apparaît la DReP (Deutsche Rechts-Partei ; Parti Allemand du Droit), fusion de la DKoP (Deutsche Konservative Partei) et de la DAP (Deutsche Aufbau-Partei ; Parti Allemand de la Reconstruction), 2 formations nées en 1945. La DReP, dirigée par Fritz Dorls et Fritz Rößler, était trop hétérogène pour pouvoir durer ; l’aile conservatrice se sépara de l’aile socialisante qui, avec les 2 chefs de file, forme en 1949, la SRP (Sozialistische Reichs-Partei). En octobre 1952, le gouvernement interdit ce parti, sous la pression des alliés, inquiets parce qu’il avait fait preuve d’un certain dynamisme (1951 : 11% des voix en Basse-Saxe et 16 sièges). Le parti s’était opposé à la politique pro-occidentale d’Adenauer, luttait pour une Allemagne réunifiée dans la neutralité et concurrençait sérieusement les “gauches” grâce à son programme social audacieux. M. Feit ne souffle mot de cet engagement résolument non droitier… L’interdiction oblige les militants à changer de sigle et à modifier le style de leur propagande. Ce sera, notamment, la DRP (Deutsche Reichs-Partei) qui prendra le relais en enregistrant encore un certain succès en Basse-Saxe (8,1%, plus que les libéraux de la FDP). Le redressement économique joue cependant en faveur des partis confessionnels et de la SPD.
    Du nationalisme étatique au nationalisme plébiscitaire et “basisdemokratisch”
    À la suite de l’échec et de l’interdiction de la SRP et de la stagnation de la DRP, les milieux nationalistes opèrent une sorte de retour sur eux-mêmes. Les plus audacieux rejettent toutes formes de pro-occidentalisme et choisissent un neutralisme ou une forme allemande de gaullisme. Mais les critiques se portent essentiellement contre les reliquats d’étatisme bismarckien que véhiculaient encore les dirigeants du “vieux nationalisme” de la SRP et de la DRP. Le noyau organisationnel de cette révision hostile à l’étatisme centralisateur, ce fut la DG (Deutsche Gemeinschaft ; Communauté Allemande) d’August Haußleiter, issu de la CSU bavaroise. Cette DG était nationale-neutraliste et anti-libérale dans le sens où l’entendaient les principaux protagonistes de la “konservative Revolution” du temps de Weimar. L’État auquel aspirait cette formation se légitimerait, non sur la puissance d’un parti qui gagnerait les élections, mais sur la volonté populaire, génératrice d’une harmonie et d’une convivialité populaires. D’emblée, avec un tel programme, annoncé pour les 2 républiques allemandes et pour l’Autriche, les militants de la DG ont pris le parti des peuples colonisés en lutte pour l’acquisition de leur indépendance (Égypte nassérienne, FLN algérien, etc.) car ces combats sont à mettre en parallèle avec la volonté des Allemands d’obtenir, eux aussi, leur propre auto-détermination.
    En mai 1965, alors que les restes de la DRP venaient de se rassembler au sein d’une nouvelle formation, la NPD (National-Demokratische Partei Deutschlands), fondée en novembre 1964, la DG, avec le DFP (Deutsche Freiheits-Partei ; Parti Allemand de la Liberté) et la VDNV (Vereinigung Deutsche National-Versammlung ; Association pour le Rassemblement national-allemand), se mue en AUD (Aktionsgemeinschaft Unabhängiger Deutsche ; Communauté d’Action des Allemands Indépendants). Un clivage net se forme immédiatement : les vieux-nationalistes, étatistes, se retrouvent à la NPD, tandis que la gauche des nationaux, avec les principaux intellectuels, se retrouve à l’AUD.
    De l’AUD à l’ouverture aux mouvements de gauche et à l’écologisme
    Notons que la VDNV comptait dans ses rangs Wolf Schenke, fondateur d’une conception de “troisième voie” et partisan de la neutralité, et l’historien Wolfgang Venohr (cf. Orientations n°3). L’AUD, fidèle à son refus des vieilles formules étatistes et fascisantes et à sa volonté populiste et organique, s’ouvrira à l’APO (Außerparlamentarische Opposition ;  Opposition extra-parlementaire) gauchisante et fera sienne quantité d’arguments pacifistes et néo-démocratiques (dont l’objectif est l’édification d’une démocratie au-delà des partis et des familles idéologiques traditionnelles). Les pourparlers engagés avec l’APO échoueront (bien que plusieurs responsables de l’APO et du SDS, son organisation étudiante, se retrouveront dans les années 80 dans le camp néo-nationaliste) et les militants de l’AUD investiront les cercles d’écologistes, au nom d’un idéologème organique, de tradition bien romantique et germanique : la protection de la Vie (Lebensschutz). Plusieurs de ces militants fonderont, avec des éléments plus gauchistes, le fameux “Parti des Verts” que nous connaissons aujourd’hui.
    Les Strassériens : “Troisième Voie”, Solidarisme, Européisme
    Les Strassériens, regroupés autour d’Otto Strasser, constituent une composante supplémentaire du néo-nationalisme d’après 1945. Dès l’effondrement du IIIe Reich, Otto Strasser, depuis son exil canadien, envoie massivement des Rundbriefe für Deutschlands Erneuerung (Circulaires pour le Renouveau Allemand) à ses sympathisants. Ces circulaires évoquent une réunification allemande sur base d’une “troisième voie européenne”, axée sur un solidarisme qui renverrait dos à dos le capitalisme libéral occidental et le socialisme à la soviétique. Ce solidarisme abolirait les clivages de classe, tout en forgeant une élite dirigeante nouvelle. L’unité allemande, vue par Strasser, implique un neutralisme armé, noyau militaire futur d’une Europe indépendante qui doit devenir une puissance politique égale, sinon supérieure, aux USA et à l’URSS. Cette Europe serait l’alliée du Tiers-Monde, car les pays de ce Tiers-Monde devront fournir les matières premières à la “Fédération Européenne” en gestation.
    Pour soutenir et diffuser ce programme, les Strasseriens ouest-allemands fondent en 1954 la DSU (Deutsche Soziale Union). Plusieurs militants nationaux-révolutionnaires y ont fait leurs premières armes, notamment Henning Eichberg entre 1956 et 1959. En 1961, il passe à la VDNV de Venohr et Schenke (cf. supra). Ce passage implique un abandon de l’étatisme et du centralisme néo-strassériens et une adhésion au démocratisme populiste, dont l’AUD allait se faire le champion. 
    Auto-gestion ouvrière et nationalisme de libération 
    Dans cette même mouvance, apparaissent les “Vötokalisten” autour d’E. Kliese. Ce cercle politique élabore une théorie nouvelle de l’auto-gestion ouvrière, dérivée des principes du “socialisme allemand” (cf. Orientations n°7 et Trasgressioni n°4), seule véritable rénovation du marxisme en ce siècle. Cette théorie de l’auto-gestion formera le noyau de la doctrine sociale de l’UAP (Unabhängige Arbeiter Partei), autre formation qui se crée au début des années soixante et qui se veut « la formation de combat pour un socialisme libertaire et démocratique de la nation allemande ». Vötokalisten et militants de l’UAP se réclament de Ferdinand Lassalle, fondateur de la social-démocratie allemande et admirateur de l’œuvre de Bismarck. Le lecteur francophone constatera ici combien proches de la social-démocratie sont les différentes variantes du néo-nationalisme allemand.
    Ce socialisme allemand, à connotations lassalliennes, s’oppose tant à la NPD, jugé droitière, qu’aux communistes et à la SPD, jugés traîtres à l’idéal socialiste. Un personnage important apparaît dans cette mouvance : Wolfgang Strauss, ancien militant du parti libéral est-allemand (LDPD) et ancien forçat de Vorkhuta. Strauss se fait l’avocat d’un socialisme populaire et d’un nationalisme de libération, dont le modèle dérive, entre autres, de la résistance ukrainienne, du solidarisme russe et de la révolution hongroise de 1956. Le nationalisme est conçu, dans cette optique, comme le levain sentimental qui fera naître un socialisme proche du peuple, résolument anti-impérialiste, hostile aux super-gros, ethno-pluraliste.
    Le déclin de la NPD
    Malgré quelques succès initiaux lors des élections dans les Länder, la NPD ne parvint jamais à dépasser le score de 4,3% (en 1969) pour le scrutin fédéral. Le parti s’est divisé entre idéalistes et opportunistes, tandis que la mouvance du nationalisme démocratique, néo-socialiste et pré-écologique attire davantage les intellectuels et les étudiants. Cette strate sociologique est effectivement porteuse des principales innovations idéologiques du néo-nationalisme allemand à la veille de l’agitation de 68. Si l’on s’intéresse à cette germination constante plutôt qu’aux structures fixes, une analyse des associations étudiantes qui se sont créées en marge de la NPD (et souvent en opposition directe à elle) se révèlera très utile.
    Plusieurs initiatives se succèderont dans le monde universitaire. Parmi elles, le BNS (Bund Nationaler Studenten ; Ligue des Étudiants Nationaux) en 1956, sous l’impulsion de Peter Dehoust, l’actuel directeur de la revue Nation Europa (Cobourg). Dehoust et ses compagnons voulait appuyer le combat proprement politique des nationaux par une intervention tous azimuts dans le domaine de la “culture”, ce qui, dans le langage politique allemand, s’appelle engager un nouveau Kulturkampf. Les disciplines que privilégiait ce “Kulturkampf” étaient bien entendu l’histoire et la biopolitique. Le BNS a assurément constitué un modèle d’organisation bien conçu, mais son message idéologique était, sous bon nombre d’aspects, plus conservateur que le programme et les intentions de la DG qui, plus tard, donnera l’AUD.
    Les organisations qui prendront le relais dans les années 60, entre la mise sur pied de la NPD et l’effervescence de 67-68, seront, elles, plus fidèles au populisme révolutionnaire et assez hostiles aux derniers linéaments d’étatisme. En octobre 1964, Sven Thomas Frank, Bodo Blum et Fred Mohlau fondent à Berlin l’IDJ (Initiative der Jugend ; Initiative de la Jeunesse), qui, en 1968, fusionnera avec quelques autres organisations militantes pour former l’APM (Außerparlamentarische Mitarbeit ; Coopération extra-parlementaire) ; cette nouvelle initiative était à l’évidence calquée sur l’APO (Außerparlamentarische Opposition) gauchiste. L’APM visait à regrouper les nationaux, ceux qui ne renonçaient pas à l’idée d’une réunification allemande et ne cessaient de considérer Berlin comme la capitale unique de toute l’Allemagne.
    Rudi Dutschke et Bernd Rabehl glissent vers une forme de nationalisme
    Günther Bartsch souligne très pertinemment, au contraire de M. Feit, que, malgré le clivage initial induit par la question nationale, les groupes d’étudiants glissaient tous, gauchistes comme nationalistes, vers une forme nouvelle, militante et revendicatrice de nationalisme. Bartsch rappelle que les 2 leaders gauchistes du Berlin de 68, Rudi Dutschke et Bernd Rabehl, ne posaient pas du tout l’équation éculée : “nationalisme = fascisme”. Au contraire, très tôt, Rabehl, dans plusieurs textes théoriques, insista sur le fait que les motivations nationalistes avaient joué un rôle de premier plan dans les révolutions française, russe, yougoslave et chinoise.
    Dialectiquement, selon Rabehl, le nationalisme recèle une utilité progressiste ; il dynamise le processus de l’histoire et provoque l’accélération des conflits de classe, donc le déclenchement des révolutions socialistes. L’idéologie nationale permet de donner un discours unificateur aux différentes composantes de la classe ouvrière. À l’échelle du globe, poursuit Rabehl, un néo-nationalisme allemand, porté par la classe ouvrière, permettrait d’ébranler le condominium américano-soviétique, incarnation de la réaction, de l’immobilisme, au XXe siècle, tout comme le “système Metternich”, issu du Congrès de Vienne de 1815, l’avait été au début du XIXe.
    Dutschke, avec tout son charisme, appuya ce glissement entamé par son camarade Rabehl. Il alla même plus loin : il écrivit que le XXe siècle allemand avait connu 3 formes de socialisme ouvrier et révolutionnaire : la SPD socialiste, la KPD communiste et… la NSDAP de Hitler (à qui il reprochait toutefois certaines compromissions et orientations diplomatiques). Cette réhabilitation (très) partielle du rôle historique de la NSDAP démontre à l’évidence que l’anti-fascisme manichéen, qui fait rage de nos jours, n’avait déjà plus droit de cité chez les théoriciens gauchistes sérieux des années 60. Margret Feit ne souffle évidemment mot de ce glissement et évite, dogmatiquement, de se pencher sur la valeur théorique de cet argumentaire commun à la “Nouvelle Gauche” et à la “Nouvelle Droite”. Bartsch constate que les militants de gauche et les jeunes nationalistes avaient bon nombre d’idées en commun, notamment :
    • le refus de l’establishment ;
    • la critique de la société de consommation ;
    • l’hostilité à l’encontre des manipulations médiatiques ;
    • le refus de l’hyper-spécialisation ;
    • l’attitude anti-technocratique à connotations écologiques ;
    • l’anticapitalisme et la volonté de forger un nouveau socialisme ;
    • le mythe de la jeunesse rénovatrice ;
    • l’anti-bourgeoisisme où marxisme et niétzschéisme se mêlaient étroitement ;
    • la volonté de remettre absolument tout en question.
    Pourquoi nationalistes et gauchistes n’ont-ils pas marché ensemble contre le système, puisque leurs positions étaient si proches ? Bartsch estime que c’est parce que les nationalistes véhiculaient encore de manière trop patente des imageries et des références du passé, tandis que la gauche maniait la théorie “critique” avec une dextérité remarquable et bénéficiait de l’impact retentissant du livre de Marcuse, L’homme unidimensionnel [cf. l'analyse critique de M. Haar, L'Homme unidimensionnel, Hatier/Profil d'une œuvre, 1975]. La césure entre les “styles” était encore insurmontable.
    “Junges Forum” et “Junge Kritik” : un laboratoire d’idées à Hambourg
    La revue Junges Forum, fondée en 1964 à Hambourg, envisageait d’emblée de « jeter les bases théoriques d’une pensée nouvelle ». La volonté qui animait cette intention, c’était de sortir du ghetto strictement politique, où se percevait une nette stagnation quant au recrutement de militants nouveaux, et de suggérer aux citoyens dépolitisés un message neuf, susceptible de les intéresser et de les sortir de leur torpeur. Ceux que M. Feit nomme les « têtes pensantes » de la “Neue Rechte” ont publié articles et manifestes dans les colonnes de Junges Forum. Parmi elles : Wolfgang Strauss, Lothar Penz, Hans Amhoff, Henning Eichberg et Fritz Joß. Les thèmes abordés concernaient : le renouveau intellectuel, la recherche d’une forme de démocratie plus satisfaisante, l’élaboration d’un socialisme organique, la réunification allemande, l’unité européenne, l’ébauche d’un ordre international basé sur les principes de l’organicité, l’écologie, le régionalisme, le solidarisme, etc.
    En 1972, le comité de rédaction de la revue publie un manifeste en 36 points, dont l’objectif avéré est de poser les bases d’un socialisme populaire et organique, capable de constituer une alternative cohérente aux idéologies libérale et marxisante alors dominantes (le texte, sans les notes, est reproduit in extenso en annexe du livre de Bartsch). Ce manifeste exercera une influence relativement modeste chez nous, notamment dans certains cercles proches de la Volksunie, chez les solidaristes flamands, chez les régionalistes, chez quelques néo-socialistes et/ou solidaristes bruxellois, notamment dans la revue lycéenne Vecteurs (1981) dont il n’est jamais paru qu’un seul numéro, lequel reproduisait une traduction adaptée du programme de Junges Forum, par Christian Lepetit, militant de l’AIB (Anti-Imperialistische Bond ; Ligue Anti-Impérialiste) para-maoïste. Robert Steuckers diffusait ce message dans l’orbite de la revue Pour une renaissance européenne, organe du GRECE-Bruxelles, dirigé par Georges Hupin.
    Nationalisme européen, nouvel ordre économique, philosophie et politique
    Parallèlement à la revue paraissait une collection de petits livres de poche, dénommée Junge Kritik. Davantage encore que les cahiers de Junges Forum, les textes de réflexions alignés dans les pages des 3 volumes de Junge Kritik constituent la base essentielle d’une rénovation totale de la pensée nationaliste à l’aube des années 70 (la parution des 3 premiers fascicules s’étend de 1970 à 1973). Margret Feit, évidemment, ne s'intéresse pas à l'évolution des idées : elle préfère fabriquer un puzzle de connections réelles ou imaginaires pour étayer une x-ème théorie du complot.
    L’objectivité nous oblige à recourir directement aux textes. Dans le volume n°1 (Nationalismus Heute ; Le Nationalisme aujourd’hui), les jeunes leaders Hartwig Singer (pseudonyme d’Henning Eichberg), Gert Waldmann et Michael Meinrad entonnaient un plaidoyer pour une européanisation du nationalisme et, partant, pour une libération de l’ensemble de notre sous-continent des tutelles américaine et soviétique. Le nationalisme rénové serait dès lors “progressiste” puisqu’il impliquerait, non la conservation de structures mortes (comme le suggère la vieille historiographie libérale / marxiste), mais la libération de nos peuples d’une oppression politique et économique, fonctionnant à 2 vitesses (l’occidentale et la soviétique), ce qu’avaient déjà envisagé les “dutschkistes” berlinois. 
    Dans le second volume de Junge Kritik, intitulé Leistungsgemeinschaft (communauté de prestation), Meinrad, Joß et Bronner développent le programme économique du néo-nationalisme : solidarité des strates laborieuses de toutes les nations, propriété des moyens de production pour tout ceux qui prestent, limitation drastique des concentrations capitalistes. Hartwig Singer, pour sa part, y publiait un Manifest Neue Rationalität (Manifeste pour une nouvelle rationalité), où le parallèle avec les efforts d’Alain de Benoist à la même époque saute aux yeux. Singer et de Benoist, en effet, voulaient, par le biais de l’empirisme logique anglo-saxon et de l’interprétation que donnait de celui-ci le Français Louis Rougier, lancer une offensive contre l’essentialisme des idéologies dominantes de l’époque. Singer ajoutait toutefois à ce message empiriste et rougiérien l’apport de Marx, pour qui toute idéologie cache des intérêts, et de Max Weber, théoricien du processus de rationalisation en Occident. Singer, s’inscrivant dans un contexte allemand nettement plus révolutionnaire que le contexte franco-parisien, grèvé d’un anti-marxisme trop littéraire, osait mobiliser le Marx dur et réaliste contre le Marx abstrait et faux des néo-moralistes. Ce qui permettait de corriger l’apolitisme de Rougier qui conduisait à un conservatisme BCBG, incapable de briser les incohérences pratiques du libéralisme ambiant de l’Occident.
    Le néo-nationalisme est “progressiste”
    Dans le troisième volume, qui eut pour titre Europäischer Nationalismus ist Fortschritt (Le Nationalisme Européen, c’est le progrès !), Meinrad, Waldmann et Joß reprenaient et complétaient leurs thèses, tandis que Singer, dans sa contribution (« Logischer Empirismus »), accentuait encore le modernisme conceptuel de Junge Kritik ; la proximité de sa démarche par rapport à celle d’Alain de Benoist dans Nouvelle École en 1972-73 apparaît plus évidente encore que dans le texte Manifest Neue Rationalität. Singer non seulement cite abondamment Nouvelle École mais incite ses camarades à lire Monod, Russell, Rougier et Heisenberg, 4 auteurs étudiés par Nouvelle École. Singer ajoute que, de cette quadruple lecture, il est possible de déduire un socialisme de type nouveau (Monod et Russell), un néonationalisme (Heisenberg) et une nouvelle “conscience européenne” (Rougier). Rougier, en effet, avait démontré que le génie européen était le seul génie ouvert sur le progrès, capable d’innovation et d’adaptation. La rationalité européenne, selon Rougier, de Benoist et Singer, transcendait largement les idéaux orientaux contemplatifs que la vogue hippy, dans le sillage de 68 et de la contestation américaine contre la guerre du Vietnam, injectait dans l’opinion publique. Le néo-nationalisme apparaissait dès lors comme progressiste, car ouvert aux sciences modernes, tout comme il apparaissait progressiste aux yeux de Dutschke et Rabehl car il pouvait briser, par son énergie, l’oppression représentée par une aliénation macro-politique : celle instaurée à Yalta.
    Ce tandem philosophique germano-français ne durera pas : quelques années plus tard, la revue éléments, organe du GRECE et proche d'Alain de Benoist, attaque la mouvance écologique, dans laquelle les Allemands se sentent directement engagés. Sur le plan de la défense nationale, les Français appuyent l'armement atomique national, démarche dans laquelle les Allemands ne se sentent pas concernés. Ce n'est qu'à partir de 1982, quand A. de Benoist tranche nettement en faveur du neutralisme allemand, que les positions respectives des Allemands et des Français se rejoignent une nouvelle fois.
    L’apport flamand
    En Flandre, le pays où, en dehors de l’Allemagne, Junges Forum compte le plus d’abonnés, le solidarisme et le régionalisme de la revue hambourgeoise ont éveillé beaucoup d’intérêt, si bien que bon nombre d’écrivains (méta)politiques flamands ont contribué à l’effort de Junges Forum. Citons, pêle-mêle : Jos Vinks (Le nationalisme flamand, 1977 ; Le pacifisme du mouvement flamand, 1981; La langue afrikaans, 1987), Roeland Raes (Le régionalisme en Europe, 1979), Willy Cobbaut (L’alternative solidariste, 1981), Frans de Hoon (Approche positive de l’anarchisme, 1982), Piet Tommissen (Le concept de “métapolitique” chez Alain de Benoist, 1984), Robert Steuckers (Henri De Man, 1986). À l’occasion du 150ème anniversaire de la Belgique, en 1980, Jos Vinks, Edwin Truyens, Johan van Herreweghe et Pieter Moerman expliquent, d’un point de vue flamand, les racines historiques et la situation de la querelle linguistique en Belgique. La contribution française se limite, en 1984, à un texte d’A. de Benoist définissant la “Nouvelle Droite” et à un essai de Jacques Marlaud sur la théorie gramscienne de la métapolitique et sur son application pratique par la “Nouvelle Droite”.
    On imagine ce qu’aurait pu donner, en Europe, une fusion du “dutschkisme”, du néo-européisme et de la praxis gramscienne — ce qu’avaient espéré les quelques lycéens bruxellois francophones, regroupés autour de Christian Lepetit et Éric Delaan, avant que la dispersion universitaire et le service militaire ne les séparent… La mésaventure furtive de Lepetit et de Delaan mérite l’attention car elle montre que le néo-nationalisme néo-socialiste et régionaliste, préconisé par les Allemands, pouvaient séduire, au-delà des frontières, des garçons qui militaient dans la mouvance anti-impérialiste du maoïsme en pleine liquéfaction.
    Les “groupes de base” nationaux-révolutionnaires
    Parallèlement à l’entreprise Junges Forum, qui se poursuit toujours aujourd’hui et qui fêtera ses 24 ans en 1988, la mouvance néo-nationaliste allemande s’est constituée en “groupes de base” (Basisgruppen). Le terme est issu du vocabulaire de la contestation gauchiste. Les organisations étudiantes de gauche avaient débordé le cadre universitaire et envahit les lycées et les usines. L’émergence du “groupe de base” signifie que, désormais, il existe une imbrication des révolutionnaires nationaux dans toutes les couches de la société. Cette diversification postule une décentralisation et une relative autonomie des groupes locaux qui doivent être prêts à intervenir à tout moment et très vite dans leur ville, leur lycée, leur usine, sans devoir s’adresser à une instance centrale.
    Agitation à Bochum
    La stratégie des “groupes de base” se manifestera de la façon la plus spectaculaire à l’Université de la Ruhr à Bochum. Un groupe d’activistes néo-nationalistes y militait efficacement et y avait fondé un journal, le Ruhr-Studenten-Anzeiger. Autour de cette feuille militante, s’organise en 1968 un Republikanischer Studentenbund (RSB ; Ligue des Étudiants Républicains) qui se propose de devenir un contrepoids au SDS gauchiste. L’affrontement n’allait pas tarder : les militants du RSB reprochaient au SDS d’organiser des grèves sans objet afin d’asseoir leur pouvoir sur les masses étudiantes. Au cours d’un blocus organisé par les gauchistes, le RSB prend l’université de Bochum d’assaut et proclame, avec un langage marxiste-populiste, son hostilité aux “exploiteurs” et aux “bonzes” du SDS, devenus parties prenantes d’un néo-establishment, où le gauchisme avait désormais sa place. Les proclamations du RSB, rédigées par Singer, étaient truffées de citations de Lénine, de Marx et de Mao. Singer se référait également aux discours tenus par les agitateurs ouvriers berlinois contre les fonctionnaires communistes d’Ulbricht, lors du soulèvement de juin 1953. Les révoltés insultaient les fonctionnaires est-allemands de la SED, marionnettes des Soviétiques, de “singes à lunettes”, de “patapoufs adipeux” et de “ronds-de-cuir réactionnaires”. Cette annexion du vocabulaire marxiste et de la verve berlinoise de 53 irritait les gauchistes car, ipso facto, ils perdaient le monopole du langage-choc militant et entrevoyaient une possible intrusion des NR dans leurs propres milieux, avec le risque évident du débauchage et de la contre-séduction…
    Les bagarres de 1968 et l’adoption par les nationalistes d’un langage puisé dans l’idéologie marxiste, bien qu’elles aient surpris le SDS, n’eurent guère d’échos en dehors de la Ruhr et durent affronter la conspiration du silence. Le RSB et le Ruhr-Studenten-Anzeiger disparurent, sans pour autant entraîner la disparition totale d’une agitation nationaliste de gauche à Bochum. Ainsi, au début des années 70, les nationalistes participent aux manifestations de la gauche contre la spéculation immmobilière et l’augmentation des loyers et reprennent à leur compte le slogan des groupes trotskystes : “La division de l’Allemagne, c’est la division du prolétariat allemand !”. L’aventure du RBS est en ceci significative pour l’évolution ultérieure du néo-nationalisme allemand (que M. Feit nomme abusivement “Neue Rechte”), qu’elle marque sa transition définitive vers la gauche, sa sortie hors du microcosme para-droitier dans lequel, du fait de l’existence de la NPD, il demeurait incrusté. La faillite et la stérilité historique du “droitisme” y sont proclamées et l’accent est mis résolument sur le socialisme, la rationalité critique, l’athéisme militant et le futurisme.
    Munich et Bielefeld
    Après Bochum, d’autres “groupes de base” voient le jour et chacun d’eux développe une originalité propre. Ainsi, à Munich, Wolfgang Strauss forme un comité pour jeunes travailleurs, lycéens et étudiants, dont l’objectif est de donner une culture militante, basée sur la littérature et la science politique. Strauss nomme son groupe Club Symonenko, du nom d’un poète ukrainien, Wasyl Symonenko, décédé en 1963, après avoir subi la répression soviétique. Ce comité exige la libération de l’historien ukrainien Valentin Moro, organise des soirées avec l’écrivain polonais exilé Zygmunt Jablonski et des matinées du 17 juin, en souvenir du soulèvement ouvrier berlinois de 1953, distribue des tracts bilingues en faveur de l’IRA irlandaise et fonde un “cercle de travail” James Connolly, en hommage au syndicaliste militant et nationaliste irlandais, qui savait puiser ses arguments dans la mythologie celtique. Les références allemandes étaient le poète Georg Büchner, fondateur au XIXe siècle de la Société des droits de l’Homme et le poète romantique Theodor Körner, engagé dans le Corps Lützow (Cf. la musique de Weber) pour chasser l’oppresseur bonapartiste et ses troupes de pillards hors d’Allemagne. Strauss réussit à la veille des années 70 à jeter les bases d’une culture politique originale, puisant dans le corpus des nationalismes populaires et libertaires slaves et celtiques et à réveiller l’enthousiasme des jeunes allemands pour leurs poètes nationalistes, libertaires, anarchisants et radicalement anti-bourgeois du début du XIXe. Ce corpus se maintiendra tel jusque dans les colonnes de la revue Wir Selbst, au début des années 80 (cf. infra).
    Si en Sarre et en Rhénanie-Westphalie, les “groupes de base” finissent par choisir une inféodation à la NPD — qui ne cessa jamais d’être problématique et d’engendrer des conflits idéologiques graves — à Bielefeld, le groupe NJ-Stadtverband (Groupe urbain de la jeunesse nationaliste), proche des Berlinois de l’APM, parvient à organiser une agitation moderne, avec disques de chants protestataires composés par Singer, et à tirer un journal, Wendepunkt, à 4.500 exemplaires ! Du jamais vu ! La tactique éditoriale était de rassembler un maximum de textes et d’informations, émanant directement des militants, et de les aligner dans les colonnes du journal ; d’autres “groupes de base” suivent la même stratégie, ce qui permet de former un cadre solide, grâce à une bonne division du travail et à une masse concentrée d’informations militantes. Le militantisme devenait ainsi vivant donc rentable.
    Cinq types d’action
    La coordination entre les groupes doit s’étendre à l’échellon national, pensait Meinrad, et éliminer la NPD droitière et désuète. Les groupes doivent compter de 15 à 20 activistes locaux auto-financés grâce à des cotisations relativement élevées, et mener régulièrement 5 types d’action, explique Bartsch :
    • 1) Les commémorations, notamment celle du 17 juin 1953 et du 13 août 1961, date à laquelle fut érigé le Mur de Berlin.
    • 2) Les actions écologiques : le groupe Junges Forum de Hambourg y excella. Il organisa des Bürgerinitiativen (Initiatives de Citoyens) contre la construction d’une autoroute en plein milieu de la ville. Le nationalisme, dans cette perspective, c’était de protéger l’intégrité naturelle du biotope populaire.
    • 3) Les actions sociales : elles sont essentiellement dirigées contre la spéculation immobilière, l’augmentation des loyers et l’augmentation des tarifs des transports en commun. Ces actions visent aussi à expliquer l’irrationalité du fonctionnement de la machine étatique, qui prétend être une démocratie parfaite.
    • 4) Les actions de solidarité : elles visent à soutenir les nationalismes contestataires est-européens, car, pensent les activistes néo-nationalistes ouest-allemands des années 70, l’unité allemande ne pourra se réaliser que si un bouleversement majeur s’effectue en Europe de l’Est.
    • 5) Les actions de résistance : il s’agit surtout de chahuts contre la visite de personnalités est-allemandes à l’Ouest dans le cadre de l’Ostpolitik de Willy Brandt.
    Vers l’unité : la NRAO (Nationalrevolutionäre Aufbauorganisation)
    L’ensemble des “groupes de base” ne forme pas un parti, structuré de façon rigide, mais un mouvement dynamique qui intègre sans cesse des informations et des faits nouveaux. Sa non-rigidité et sa diversité le mettent au diapason de l’actualité et empêchent tout encroûtement, tout repli sur soi et/ou sur un corpus figé. Le politique ne se joue pas seulement aux élections, moments furtifs, mais se déploie et s’insinue sans cesse dans la vie quotidienne. Mieux : il s’incruste dans les consciences grâce à une agitation constante, laquelle implique que chaque militant ait à cœur de se former personnellement chaque jour en lisant la presse et les livres, ceux qui confortent ses références culturelles essentielles et spontanées et ceux écrits par ses adversaires, afin de bien connaître les clivages idéologiques qui s’articulent dans le pays.
    Afin d’amplifier l’action de ces “groupes de base” bien imbriqués dans les villes et dans les universités allemandes, plusieurs figures de proue de cette mouvance néo-nationaliste (ou nationale-révolutionnaire) décident en mars 1974 de créer une “organisation de coordination” qui prendra le nom de NRAO ou Nationalrevolutionäre Aufbauorganisation (Organisation de Construction nationale-révolutionnaire). Plusieurs réunions seront nécessaires pour mettre au point une stratégie commune. Au cours de la première, qui eut lieu les 2 et 3 mars 1974 à Würzburg, trois orateurs jetèrent les bases du renouveau : Alexander Epstein (alias Sven Thomas Frank), Lothar Penz et Hans Amhoff.
    Le discours d’Epstein
    Le discours tenu par Epstein révélait, entre autres choses, une volonté de combattre les “ennemis de l’intérieur”, de réfuter le patriotisme ersatz ouest-européen (l’intégration-CEE vendue comme une panacée par les amis d’Adenauer), de jouer, en politique internationale, la carte chinoise contre les 2 super-gros. Epstein intégrait de cette façon la théorie maoïste des “trois mondes” dans le corpus doctrinal NR. En outre, il pose le mouvement NR comme le seul mouvement authentiquement national, puisque la SED est-allemande et la DKP ouest-allemande sont à la solde de l’URSS, tandis que les partis bourgeois, la SPD, la FDP et la CDU / CSU constituent les garants de la présence américaine, malgré l’aile gauche de la SPD, favorable à une Ostpolitik démissionnaire. Dans ce schéma, la NPD, par son droitisme incurable, se place à la droite de la CSU bavaroise. Seul, le petit microcosme maoïste berlinois, éditeur de la prestigieuse revue Befreiung, trouvait grâce aux yeux d’Epstein qui, du coup, se faisait l’avocat d’une coopération tacite et courtoise entre maoïstes et NR.
    Epstein, comme Penz et Amhoff, pensait que la stratégie à suivre ne pouvait nullement être clandestine ou illégale ; comme seuls les NR réclamaient de façon cohérente la réunification du pays, leur programme était conforme au mot d’ordre inscrit dans le préambule de la constitution démocratique de la RFA, mot d’ordre qui demandait aux citoyens de mobiliser tous leurs efforts pour redonner l’unité et la liberté à l’Allemagne. Ensuite, toujours à l’occasion de ce rassemblement de Würzburg, Penz précise sa vision sociale « biohumaniste » et Amhoff explicite sa définition rénovée du nationalisme moderne de libération, anti-impérialiste dans son essence.
    La création de “Sache des Volkes”
    La dispersion géographique des groupes, les modes de travail différenciés que chacun d’entre eux avait acquis et quelques divergences idéologiques firent en sorte qu’aucun centralisme ne pouvait plus chapeauter la diversité propre au mouvement NR. Dès le 31 août 1974, Epstein (= S.T. Frank), Waldmann et Amhoff convoquent un millier de militants NR pour leur faire part de nouveaux projets : embrayer sur la contestation écologique parce que le massacre du paysage est l’œuvre d’un capitalisme apatride et déraciné ; ébaucher un socialisme solidaire, populaire, enraciné, à la mode des socialismes adoptés par les peuples opprimés du tiers-monde ; construire l’autogestion ouvrière à la façon yougoslave, etc. Le mouvement Sache des Volkes (en abrégé, SdV ; Cause du Peuple), qui est issu de ce rassemblement, se veut partie d’un mouvement mondial diffus qui lutte, partout dans le monde, contre le capitalisme et le socialisme étatisé à la soviétique.
    Hartwig Singer va donner corps à ce double refus, auquel adhéraient également les militants NR français (notamment ceux de Lutte du Peuple et les militants provençaux du CDPU) et les Italiens et les Belges de Jeune Europe et de ses divers avatars. Dans le discours qu’il envoie aux congressistes et qui leur sera lu, il rappelle l’abc qu’est le refus de Moscou comme de Washington, mais explique aussi qu’il est nécessaire de tenir compte de faits nouveaux : l’ennemi principal n’est plus le capitalisme localisé, à base nationale, mais le capitalisme multinational qui a fait de l’US Army et de l’Armée Rouge ses 2 instances policières sur l’ensemble du globe. Singer désignait dès lors un ennemi plus précis, unique : le capital multinational, dont les impérialismes classiques, installés depuis Yalta, ne sont que les instruments. La politique de la détente, dans cette optique, n’aurait pour objectif que de permettre au capitalisme occidental multinational d’ouvrir des marchés à l’est.
    SdV s’est exprimée de 1978 à 1988 dans la revue Neue Zeit qui continue de paraître à Berlin, tandis qu’une série de feuilles ont ponctué la vie militante du mouvement comme Laser (Düsseldorf), Ideologie und Strategie, Rebell et Der Nationalrevolutionär à Vienne ; cette dernière paraît toujours sous la direction d’Helmut Müller.
    Solidaristische Volksbewegung (SVB)
    Tandis que les éléments les plus jeunes de la mouvance NR calquaient leur stratégie offensive sur celle des gauchistes, les militants de Hambourg, regroupés autour de la revue Junges Forum et de la personnalité de Lothar Penz, optaient pour un “solidarisme” plus positif que le discours critique, offensif et révolutionnaire de SdV. De ce désaccord pratique, naîtra un mouvement parallèle, la Solidaristische Volksbewegung (Mouvement Solidariste du Peuple), dont l’organe de presse sera SOL. En 1980, la SVB devient le BDS (Bund Deutscher Solidaristen ; Ligue des Solidaristes Allemands), après avoir téléguidé la GLU écologiste (Grüne Liste Umweltschutz ; Liste Verte pour la Protection de l’Environnement). En janvier 1981, SOL fusionne avec Neue Zeit, qui devient ipso facto l’organe commun de SdV et du BDS.
    “Wir Selbst” et NRKA
    Les 2 formations perdent au début des années 80 le monopole de la presse NR, à cause de l’apparition de 2 nouveaux facteurs : la création par Siegfried Bublies de la prestigieuse revue Wir Selbst (Coblence) et l’émergence d’un nouveau réseau coordonateur, le NRKA (National-revolutionärer Koordinationsausschuß ; Commission de Coordination NR), appuyé par la revue Aufbruch. Né à Düsseldorf dans le sillage de la revue Laser préalablement inféodée à SdV, le NRKA veut d’emblée rompre avec Neue Zeit pour aborder les questions sociales dans une perspective plus “progressiste” et pour accentuer encore la critique anti-capitaliste du mouvement NR.
    Cette mutation provient du fait que les nouveaux membres de la cellule de Düsseldorf ne sont plus exclusivement issus de la filière néo-nationaliste classique de notre après-guerre mais viennent souvent du marxisme-léninisme. Ces éléments nouveaux entendaient rester fidèles à la “quintuple révolution” prônée par SdV, dans son manifeste de 1974. Quintuple révolution qui devait s’opérer aux niveaux national, social, écologique, démocratique et culturel. La critique lancée par les militants du NRKA est le fait d’une “deuxième génération” NR, dont le militantisme récent empêche de retomber dans les “errements” du paléo-nationalisme droitier.
    De nouveaux vocables et concepts apparaissent, notamment celui d’une “démocratie des conseils” (Rätedemokratie) autogestionnaire, celui de la “déconnexion” à l’albanaise ou à la nord-coréenne, etc. Ce sont aussi de nouvelles figures qui animent les cercles et les revues de cette “deuxième génération” : H.J. Ackermann, S. Fadinger, P. Bahn, Armin Krebs (que l’on ne confondra pas avec le Français Pierre Krebs, qui fonde en 1985 la revue Elemente, sœur jumelle d'éléments, la revue du GRECE).
    Fin 1979, le jeune activiste nationaliste Siegfried Bublies fonde la revue Wir Selbst (Nous-mêmes ; traduction allemande du gaëlique irlandais Sinn Fein) où, très tôt, l’influence de Henning Eichberg (= Hartwig Singer) se fera sentir. Celui-ci reprend la plume pour réclamer, dans une optique de rénovation révolutionnaire partagée par les Verts, la “démocratie de base” (Basisdemokratie), la révolution culturelle, l’instauration d’un ordre économique décentralisé, un socialisme à visage humain (basé sur les thèses de l’économiste tchèque du “printemps de Prague”, Ota Sik), une approche de la vie en accord avec l’écologie et l’ethnopluralisme, pierre angulaire de la vision anthropologique du néo-nationalisme allemand. Bublies trouve en outre une formule qui explique succinctement le sens de son combat : Für nationale Identität und internationale Solidarität, c’est-à-dire pour l’identité nationale et la solidarité internationale. Bublies cherche ainsi à préserver les identités de tous les peuples et à solidariser, au-delà des clivages idéologiques, raciaux et religieux, tous ceux qui, dans le monde, luttent pour la préservation de leur originalité.
    “Wir Selbst” : une tribune remarquée pour les débats politiques allemands
    Mais les essais politico-philosophiques demeurent minoritaires dans la revue qui, rapidement, devient la tribune de tous ceux qui cherchent à aborder la question allemande, toujours non résolue, d’une manière neuve. Wir Selbst ouvre ainsi ses colonnes à des personnalités n’ayant jamais appartenu à la mouvance nationaliste stricto sensu : l’urbaniste écologiste Konrad Buchwald, l’historien Helmut Diwald, l’ancien haut fonctionnaire est-allemand Wolfgang Seiffert, le producteur de télévision Wolfgang Venohr (ancien de la VDNV), le journaliste Sebastian Haffner (anti-hitlérien émigré à New York pendant la guerre et revenu au nationalisme dans les années 80), l’artiste provocateur Joseph Beuys (ancien de l’AUD), le Prof. Schweißfurth (membre influent de la SPD), etc. Plus récemment, les généraux e.r. Löser et Kießling (cf. Vouloir n°30) ont abordé dans les colonnes de Wir Selbst les problèmes de la défense du territoire et de la réorganisation des forces armées dans une perspective démocratique et populiste.
    La revue de Bublies, dont la maquette et la présentation générale sont de qualité, réussit ainsi à se positionner comme un forum où peuvent débattre en toute liberté des hommes venus d’horizons divers. L’année 1987 a connu un ralentissement du rythme des parutions, du fait que la revue cherche à se donner définitivement un ton, qui ne soit plus celui du militantisme activiste de SdV et qui ne soit pas une pâle copie du militantisme marxiste. Quant au NRKA, il s’est d’abord mué en NRKB (NR-Koordinationsbüro ; Bureau de Coordination NR), avant de se nommer plus simplement Politische Offensive. Il est encore trop tôt pour tirer toutes les conclusions de cette mutation. Il est certain que les militants NR de la “deuxième génération” sont tiraillés entre, d’un côté, une fidélité à l’héritage de SdV et, de l’autre côté, une volonté de rompre tous les ponts avec le “droitisme” anti-marxiste des NR de 68. Il semble que les “nationaux-marxistes”, derrière Stefan Fadinger, veulent se séparer des “NR traditionnels de la deuxième génération”, regroupés derrière Markus Bauer, éditeur d’Aufbruch, nouvelle mouture. D’autres figures, comme Peter Bahn, Karlheinz Pröhuber et Werner Olles, préfèrent garder une neutralité dans ce débat interne et s’exprimer dans Wir Selbst.
    La mouvance NR entre les surfeurs et les militants
    Vingt ans après 68, le militantisme connaît un ressac dans toute l’Europe. Guy Hocquenghem disait à Paris que les “cols Mao” s’étaient recyclés au Rotary ; Lévy et Glücksmann renient allègrement leurs engagements antérieurs, etc. En Allemagne, la gauche marxisante connaît une crise réelle, tout comme les NR. Tous les mouvements hyperpolitisés doivent faire face à la dépolitisation croissante et à l’hémorragie des militants. La contestation, la volonté de construire l’alternative a fait place à la farniente des surfeurs, les barricades ont cédé le pas aux séductions du “sea, sex and sun”, du moins jusqu’au jour où la catastrophe boursière ne pourra plus être enrayée ni freinée.
    NR et marxistes soixante-huitards ont exploité un univers de valeurs qui, qu’on le veuille ou non, demeure immortel, même s’il enregistre aujourd’hui une inquiétante assomption. C’est pourquoi, des panoramas globaux, restituant le fil conducteur historique d’une mouvance, ont une utilité : celle de préparer le terrain pour la prochaine offensive qui, inéluctablement, surviendra.
    Quelques conclusions
    Les livres de Günter Bartsch et de M. Feit nous permettent de saisir l’évolution du néo-nationalisme allemand depuis 1945. Ils nous permettent aussi de cerner les grandes options philosophiques de cette mouvance politique ; citons, pêle-mêle : une théorie de la connaissance scientiste et européo-centrée (du moins dans la phase initiale qui revalorisait la science et la rationalité européennes, avec l’appoint de l’empirisme logique et des travaux de Rougier, Monod et Heisenberg ; Français et Allemands partageaient à ce moment les mêmes préoccupations), le biohumanisme oscillant entre l’anthropologie organique / biologisante et le matérialisme biologique, le nominalisme ethnopluraliste, le socialisme national et enraciné (le modèle irlandais de James Connolly et les populismes slaves), le nationalisme de libération et l’idée d’un espace européen.
    Une hétérogénéité que Margret Feit ne veut pas apercevoir
    La dénomination “Neue Rechte” laisse sous-entendre que les mouvements allemands que M. Feit qualifie de la sorte sont des frères jumeaux de la “Nouvelle Droite” française. Le chercheur sérieux percevra pourtant bien vite l’hétérogénéité de ces 2 mondes, malgré les chevauchements évidents, chevauchements que l’on pourrait tout aussi bien constater entre Dutschke et Eichberg (alias Singer) ou entre le GRECE et le CERES socialiste d’un Chevènement. La pseudo-“Neue Rechte” allemande se profile sur un arrière-plan plus militant, moins métapolitique, et exploite des domaines de l’esprit différents de ceux exploités en France par de Benoist et ses amis. S'il faut chercher une influence directe et sans détours du GRECE en Allemagne, c'est chez Pierre Krebs, directeur d'Elemente, chez Armin Mohler qui a révélé au public de Criticon l'existence de la ND française ou dans les traductions éparses des textes néo-droitistes français.
    Sur le plan doctrinal, les Allemands n’ont pas trop insisté sur l’égalitarisme, cheval de bataille de la ND française ; seul Lothar Penz, théoricien NR du solidarisme biohumaniste, a inclu quelques réflexions sur les hiérarchies biologiques dans sa vision de l’homme et de la Cité. Ensuite, l’impact du paganisme esthétisant, hellénisant voire celtisant est très réduit en Allemagne, bien que beaucoup d’activistes NR soient adeptes de “l’unitarisme” de Sigrid Hunke, dont l’ouvrage La vraie religion de l’Europe a été traduit en France par les éditions Le Labyrinthe en 1985, sous les auspices d’Alain de Benoist.
    Si Bartsch avait objectivement limité son enquête à la mouvance nationale-révolutionnaire et avait bien montré son souci de ne pratiquer aucun amalgame, M. Feit, elle, mélange les genres et inclut dans son analyse de la “Neue Rechte” (terme pour le moins impropre) des organisations ou des journaux appartenant à la droite nationale classique, comme Mut, la revue de Bernhard Wintzek, ou le mensuel Nation Europa de Peter Dehoust. Elle pousse l’amalgame encore plus loin en incluant, dans ce qu’elle estime être un complot, la revue conservatrice Criticon de Caspar von Schrenck-Notzing, proche, par certains aspects, de la CSU bavaroise. La lecture de ces diverses revues révèle que les thèmes choisis et les options philosophiques prises par chacune d’entre elles sont différents, malgré des recoupements, dus, bien évidemment, à l’actualité littéraire, philosophique et politique. Chaque revue possède son originalité et ne tient pas à la perdre.
    L’aventure brève de l’ANR
    La confusion entretenue par M. Feit entre la mouvance NR et les droites nationales classiques provient de l’observation partiale d’un phénomène datant de 1972. En janvier de cette année, une dissidence survient au sein de la NPD bavaroise, sous l’impulsion d’un certain Dr. Pöhlmann. Celui-ci demande quelques conseils à Singer tout en n’avalisant pas son anti-américanisme. De cette dissidence nait un groupement activiste, l’ANR (Aktion Neue Rechte ; Action pour une Nouvelle Droite), qui rassemble les jeunes mécontents de la NPD, reprochant à leur parti d’être socialement et politiquement trop conservateur. L’aventure durera jusqu’en novembre 1973 quand l’ANR se fractionne en plusieurs groupes :
    • 1) les nationaux-conservateurs, qui formeront l’AJR (Aktion Junge Rechte ; Action pour une Jeune Droite) ;
    • 2) les “hitléromaniaques” (d'où sont issus, en partie, les farfelus friands en déguisements bruns et noirs, avec cuirs et clous, que l'on entend parfois beugler des slogans, notamment à Dixmude et dans les bistrots louches des grandes villes, et qui, dans certains cas, se sont recyclés dans une homosexualité ridicule où les corps “aryens” et juvéniles sont érigés en objets de culte) ;
    • 3) ceux qui retournent au bercail qu’est, pour eux, la NPD ;
    • 4) ceux qui évoluent vers l’idéologie NR.
    Ce fait divers que fut l’ANR et la présence en son sein de quelques idiots compromettants, perpétuellement ivres et rapidement éconduits, permet à des moralisateurs en chambre de conclure au “nazisme” de toute une école de pensée qui véhicule, finalement, une idéologie de synthèse, exerçant une réelle séduction sur les esprits libres de la gauche militante. Le vocable “Neue Rechte” est ainsi erronément appliqué à la sphère NR. La tactique de M. Feit est grossière : c’est celle de la pars pro toto. La frange de l’ANR qui évolue vers le nationalisme révolutionnaire finit par donner son nom à tous les mouvements nationalistes, même ceux de gauche, qui lui ont été contemporains. L’objectif de cet amalgame est évident : associer les braillards bottés (médiatisables) aux intellectuels modernistes, de façon à ce que ceux-ci ne puissent plus influencer les esprits libres et larges de la gauche dutschkiste et para-dutschkiste ou, en France, souder en un bloc idéologique instrumentalisable les analyses du GRECE et du CERES.
    On perçoit évidemment, à la lumière de ces faits, quelle erreur tactique ont commis certains responsables du GRECE en acceptant et en revendiquant l'étiquette “Nouvelle Droite” que leur ont accolée les journalistes provocateurs de la bourgeoisie gauchisante parisienne. L'opération de diversion de M. Feit s'en est trouvée ultérieurement confortée : la pseudo-“Neue Rechte” est amalgamée sans nuance à la “Nouvelle Droite” alors qu'il s'agit de mouve-ments assez distincts.
    Impacts en Flandre et en Wallonie
    En Flandre, la tentative de synthèse qu’ont essayée Pol Van Caeneghem et Christian Dutoit, notamment avec le groupe Arbeid et les revues Meervoud et De Wesp, a malheureusement viré au gauchisme stérile, de même que les brillantissimes synthèses de Mark Cels-Decorte et Freddy Seghers (un moment proche de Wir Selbst) au sein de la Volksunie et des VUJOs (Cf. les volumes de propagande intitulés Integraal Federalisme — 1976 — et Integraal Federalisme 2 — 1980). Tandis qu’en Wallonie, Jeune Europe — dont le leader Jean Thiriart avait esquissé d’excellents projets d’alliances géopolitiques avec les États non alignés du Tiers-Monde, avec la Chine et avec les militants noirs américains — restait prisonnière d’une pensée politique latine rigide et impropre à susciter un dynamisme rénovateur, son syndicat embryonnaire et rapidement dissident, l’USCE (Union des Syndicats Communautaires Européens), sous la direction de Jean Van den Broeck, Claude Lenoir et Pierre Verhas, opte pour une organisation régionaliste de notre continent et se distancie officiellement dès 1969 de “tout ce qui est de droite”.
    L’USCE publiera d’abord Syndicats Européens et, ensuite, L’Europe Combat, qui paraîtra jusqu’en 1978. Cette expérience fut la seule tentative NR sérieuse en Wallonie après l’échec de Jeune Europe, quand Thiriart n’a pas su inculquer son anti-américanisme à son public droitier, lequel s’est empressé de le trahir. Aujourd’hui, une synthèse sympathique voit le jour à gauche, à proximité de l’idéologie écologiste, dans les colonnes de la revue W’allons-nous.
    De  “Jeune Europe” au néant
    Avatar de Jeune Europe qui a évolué vers un philosoviétisme non instrumentalisable, le PCN du Carolorégien Luc Michel, issu, pour son malheur, des groupuscules extrême-droitistes et néo-nazillonneurs les plus rocambolesques, ne parvient pas à décoller politiquement (et pour cause !) et son entreprise éditoriale, très instructive pour les spécialistes et les historiens (Cf. Vouloir n°32/34), stagne parce qu'elle ne traite pas de problèmes qui intéressent directement un public militant. La revue Conscience Européenne,  qui a récemment consacré de bons numéros sur la guerre économique entre les USA et l'Europe et sur l'illusion de la détente, a subi une dissidence en 1984 qui a donné le jour à Volonté Européenne et au Cercle Copernic, dirigé par Roland Pirard, un individu quelque peu bizarre qui change de pseudonyme à tour de bras (Bertrand Thomé, Roland Van Hertendaele, Roland Brabant, etc.) et rêve naïvement de fonder un “ordre de chevalerie” néo-teutonique ! Si Luc Michel effectue un travail documentaire utile et fournit des analyses très intéressantes, malgré la langue de bois, la dissidence Pirard sombre dans un burlesque complet, renforcé par une rédaction épouvantablement négligée et par des analyses d'une confondante médiocrité, où surgissent de temps à autre des prurits hitléromaniaques, mâtinés d'un néo-stalinisme et d'un pro-khomeinysme d'une lourdeur telle qu'en comparaison, la langue de bois soviétique s'avère superlyrique. Aucun espoir donc que le dynamisme de Jeune Europe et de son héritier français, le CIPRE de Yannick Sauveur et d'Henri Castelferrus, ne renaisse à Bruxelles ou en Wallonie
    En conclusion
    En conclusion, nous pourrions dire que la mouvance NR allemande a constitué une synthèse qui s’est située à la charnière du gauchisme et du nationalisme et qu’elle recèle bien des potentialités pour les militants sincères, ceux qui ont vraiment le souci de la Cité. Qui plus est, quand on observe la synthèse opérée par Cels-Decorte et Seghers au sein de la Volksunie entre 1975 et 1981, on voit qu’une synthèse comparable est davantage possible dans nos pays, en dehors de toute marginalité. Il faut y réfléchir.
    ► René Lauwers, Vouloir n°45/46, 1988. http://robertsteuckers.blogspot.fr/
    ◘ Bibliographie complémentaire :
    • Günter Bartsch, Revolution von rechts ? Ideologie und Organisation der Neuen Rechten, Herder-bücherei, Freiburg i.B., 1975.
    • Karl-Heinz Pröhuber, Die nationalirevolutionäre Bewegung in Westdeutschland, Verlag deutsch-europäischer Studien, Hamburg, 1980.

  • Comment la gauche a confisqué l'écologie

    La planète penche-t-elle plutôt à gauche, ou à droite ? Le Vert, en politique, est-il indissociable du rouge ? Jean-Marie Le Pen a dû en surprendre plus d'un, en rappelant, le 8 février dernier, qu'historiquement, l'écologie est « de droite ». Si l'on s'en tient à la sémantique, la thèse est audacieuse, le mot « écologie » n'ayant été versé au lexique politique qu'au tournant des années 70. Il n'en va pas de même de l'idée. Avant de désigner la protection de l'environnement, l'écologie étudie les problèmes relatifs au maintien des équilibres biologiques et à la conservation de la nature.
    Or ; les gauches étaient les moins bien placées pour « récupérer» ces thèmes-là. Pendant des décennies, elles s'étaient essentiellement tournées vers le prolétariat. La question des pollutions qu'émettaient les industries se posait en termes de santé, pas d'environnement. Quant au monde rural, par définition le plus proche de la nature, il restait, sauf dans le Midi rouge, hautement suspect de conservatisme.
    Un article paru dans Politis en juin 2002 le soulignait crûment : « S'il est un mythe solidement arrimé à la tradition de gauche, c'est bien que la paysannerie est par nature - c'est le cas de le dire - réactionnaire », y écrivait Fabrice Nicolino, en rappelant l'opposition des campagnes aux révolutions ouvrières et à la Commune, l'aventure des Chemises vertes de Dorgères - qui fit « craindre à la France du Front populaire le basculement de la paysannerie dans le camp du fascisme » - et enfin, « les redoutables phrases » de Pétain sur la terre qui « ne ment pas »... Ces réminiscences achevèrent « de convaincre les gauches de l'après-guerre qu'il faut se méfier de la campagne. »
    La donne change pourtant avec le mouvement de Mai 68, ou plus précisément, le début des années 70. L'évolution est alors double et simultanée. En premier lieu, sur fond de mode hippie, de retour à la nature et de vie communautaire, diverses mouvances libertaires, féministes, autogestionnaires, antimilitaristes ou régionalistes (cette dernière tendance ayant elle aussi été récupérée sur la droite) se regroupent au sein des premiers partis écologistes. Il se trouve à point nommé des intellectuels pour nourrir ces réflexions et leur prêter un corps de doctrine - ainsi le sociologue protestant Jacques Ellul, dont la triple critique du progrès technique, de la société de consommation et de l'Etat, influencera durablement José Bové.
    Parallèlement, se développe au sein d'une partie minoritaire de la paysannerie un courant syndical, conduit notamment par Bernard Lambert, fondateur des Travailleurs Paysans (d'où la Confédération paysanne est issue). Ce courant, qui remet en cause l'option productiviste défendue par la puissante Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), se réclame explicitement de la gauche. Lambert lui-même, issu à l'origine de la Jeunesse Agricole Chrétienne (JAC), a été élu député de Loire-Atlantique en 1958 avec l'appui du MRP, avant de rejoindre le PSU de Michel Rocard. Auteur d'un livre intitulé les Paysans dans la lutte de classe, il lance par ailleurs la première affaire de « mal-bouffe » : le combat contre le veau aux hormones, au début des années 80.
    Tout ce joli monde se donne bientôt la main autour d'un événement fondateur inespéré : l'affaire du Larzac, où se côtoient bientôt des militants indépendantistes polynésiens ou canaques, des immigrés « en lutte pour leurs droits », des peaux-rouges, des Sahraouis et tout un monde de maos, trotskos, cocos et cathos de gauche. Pour eux, le champ est libre, sans concurrence et pour longtemps. La droite gouvernementale discute le bout de gras aux sommets du GATT et distribue des subventions. Quant aux nationalistes, qui conservent une sympathie naturelle à l'égard du monde rural, ils ne représentent politiquement rien et sont inaudibles - ou absents. C'est ainsi qu'on se laisse déposséder d'une partie de son identité.
    Il ne serait pourtant pas illogique d'entendre aujourd'hui des nationalistes s'élever contre les empiétements de l'Organisation mondiale du commerce, qui veut obliger les Etats européens à s'ouvrir aux organismes génétiquement modifiés ; ou de voir des souverainistes s'impliquer dans la lutte contre les OGM, qui constituent un danger potentiel pour la santé des consommateurs et portent doublement atteinte à la paysannerie (ces semences contaminent les champs voisins et sont conçues de telle sorte qu'il est impossible de réensemencer avec le grain fourni par la plante, ce qui rend l'agriculteur dépendant du fabriquant).
    Le combat écologiste, pris en otage depuis trente ans par les idéologues « verts », n'a pas forcément vocation à demeurer leur chasse gardée.
    Pierre-Jean Rivière le Choc du Mois Février 2007

  • Importance de Maurice Barrès

    Jamais Maurras ne parvint à le pousser jusqu'au nationalisme intégral. Maurice Barrès (1862-1923) s'attira pourtant les hommages répétés du Martégal, qui saluait son évolution intellectuelle à l'inverse de celle de Rousseau, de Chateaubriand et des romantiques.
    Trop souvent négligé et méconnu, Maurice Barrès, un des plus grands prosateurs français, passe pour une sorte de dandy, de romantique avec un panache nationaliste. Il a séduit une certaine droite anarchiste qui le lit d'une manière trop superficielle. Du Culte du Moi au Roman de l'énergie nationale, quelle évolution ! La jeune école d'Action française reconnut sa dette envers celui qui, avec La Terre et Les Morts, "inventa", en quelque sorte, le nationalisme.
    Seule faiblesse
    Sa seule faiblesse fut l'incapacité de pousser l'amour de la France jusqu'à ses conséquences ultimes, jusqu'au nationalisme intégral, c'est-à-dire à la monarchie. Jamais Maurras ne put convaincre - et Dieu sait qu'il ne ménagea pas pour cette tâche sa puissance dialectique - de renoncer à la République celui qui fut député boulangiste et antidreyfusard (1), membre de la Ligue de la Patrie française, puis de la Ligue des patriotes, député de 1889 à 1893 et de 1906 à 1923. À sa mort, il siégeait à la Chambre au sein de l'Entente républicaine démocratique.
    Lors des funérailles nationales de Barrès, Léon Bérard, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, le compara à Chateaubriand en disant que le destin de Barrès lui paraissait « plus grand et meilleur ». Écoutons le commentaire de Charles Maurras :
    « Voilà la vérité. Elle a été dite aux funérailles de Barrès par un ministre de la République, M. Léon Bérard. Cette vérité essentielle, il n'y a qu'à la pousser un peu pour comprendre que l'histoire intellectuelle de Barrès représente l'évolution inverse de celle de Rousseau, de Chateaubriand et des Romantiques : avec des éléments de même substance, Barrès a abouti en art, en morale, en politique, aux compositions qui renversent les thèses et les termes de tous ces "fameux musiciens". Tous les aveugles cherchent à instituer des analogies entre l'individualisme collectif du kantien Fichte, où le moi déifié divinise une race, et les constructions précises, positives, concrètes, physiciennes où l'analyste français, loin de conférer à sa race les attributs de Dieu, découvrait et sentait vivre dans son moi, cette race, cette province, cette famille qui lui versaient le suc nourricier et la force génératrice ! Nous avons tous joué du philosophème allemand au sortir du collège ou de la Faculté, mais Barrès est bien des premiers qui s'en soit affranchi ; même au temps où, avec la simplicité de son âge, il se figurait en être captif, comme il en était loin, ce moraliste français d'une ligne si pure ! » (2)
    Dans un autre article, Barrès ou l'homme du rempart (3), Maurras montrait la perte que venait de subir la France dans un homme capable d'influencer dans le bon sens la politique allemande de la République. Il ajoutait, parlant de l'écrivain :
    « Vers 1885-1888, quand il apparut, il était temps ! L'anarchie littéraire hésitait, comme une bacchante, des derniers disciples de Hugo aux derniers imitateurs de Zola. Si l'impressionnisme, le naturalisme et toutes les autres formes d'un romantisme dégénéré ont été vaincus devant l'intelligence française durant la décade suivante, c'est à Barrès, à Barrès seul, qu'est dû le principal honneur du triomphe ; et son triomphe venait beaucoup plus de la nature et de la qualité de l'écrivain que de son calcul et de sa volonté. »
    Léon Blum
    Et pour finir, nous laisserons la parole, une fois n'est pas coutume, à un homme qui n'est pas tout à fait de notre famille d'esprit ! Dans La Revue Blanche, le jeune avocat Léon Blum, malgré ses préjugés idéologiques qui le font pencher vers Zola, donne la primauté à Barrès :
    « Je sais bien que Monsieur Zola est un grand écrivain ; j'aime son oeuvre qui est puissante et belle. Mais on peut le supprimer de son temps par un effort de pensée ; et son temps sera le même. Si Monsieur Barrès n'eût pas vécu, s'il n'eût pas écrit, son temps serait autre et nous serions autres. Je ne vois pas en France d'homme vivant qui ait exercé, par la littérature, une action égale ou comparable. »
    GÉRARD BAUDIN L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 21 mai au 3 juin 2009
    1 - Cf. Correspondance Barrès-Maurras, La République ou le Roi, édition établie par Guy Dupré, Plon, 1965.
    2 - L'Action Française, 9 décembre 1923, repris dans Maîtres et témoins de ma vie d'esprit, Flammarion, 1954.
    3 - L'Action Française, 7 décembre 1923.

  • “L’archéofuturisme V2.0″, un dernier plaisir avant 2013 !

    PARIS (NOVOpress) - Vous pensez que tout espoir est perdu pour l’homme blanc ? Vous avez tort. C’est ce que démontre Guillaume Faye, à travers la suite (constituée de plusieurs nouvelles) du célèbre ouvrage traduit en plusieurs langues « l’Archéofuturisme », suite éditée par la Diffusion du Lore. Véritable plaisir littéraire de cette fin d’année 2012, il redonnera du coeur à l’ouvrage à tous ceux qui luttent au quotidien, en faveur de la défense de l’enracinement charnel.

     

    À travers un ensemble de nouvelles qui nous mènent de la veille du conflit de 1914 à plusieurs milliers d’années après, le lecteur comprendra vite que l’avenir est avant tout un long passé, un renouvellement et une amélioration permanente de ce qui existe ou a déjà existé, ici ou ailleurs.

    À la veille de 1914, des jeunes Français riches et insouciants se retrouvent face à une voyante célèbre qui leur prédit un avenir sombre pour l’Europe, déchirée par les guerres fratricides, puis par la mondialisation et le progrès sans limite et enfin par une vague migratoire sans précédent, qui emportera tout sur son passage, provoquant des changements sans précédent et un chaos mondial.

    Malgré cela, la mémoire se transmet, mémoire matérielle, mais aussi instinctive et orale, et des foyers, d’Europe ou d’outre-Atlantique, renaissent, construisent, se développent de nouveau, différemment des civilisations qui les ont précédés, mais avec cette sensation pour le lecteur d’un éternel retour, qui lui permet clairement de s’identifier aussi bien aux tribus néomédiévales Voroi peuplant l’Oural au XXIIème siècle qu’aux civilisations technologiquement supérieures qui nous suivront, sur Terre, mais aussi sur Mars, dans les centaines de siècles à venir.

    Quel lien y a-t-il entre Jeanne, femme de France au sang noble, violée et assassinée en ce début de XXIème siècle par des hordes de « chance pour l’Europe » et Delphina Pythia, chanteuse pianiste célèbre vivant en 4086 ? Quelle est l’utilité d’enfermer pendant des siècles dans un coffre, un révolver datant de la guerre 14-18, des balles et du cuir sur lequel sont gravés plusieurs alphabets européens ?

    Que découvrira un marin-explorateur nommé Kristomb dans plusieurs siècles, après avoir traversé la mer avec ses caravelles du futur ?

    Pourquoi la technologie et la volonté de repousser toujours les limites connues conduiront systématiquement l’homme européen à grandir, puis à se rétracter, avant de renaître ?

    C’est à ces questions, et à de nombreuses autres, que répond cet opus de 205 pages, signé Guillaume Faye. « Il restait à peu près une trentaine de minutes avant l’arrivée des barbares. Elle pensa à se suicider en se jetant du haut des remparts dans la Manche. Mais ce n’était pas honorable de la part d’une descendante du marquis de Cinq-Fort mort au combat. Elle descendit lentement sur la jetée, marcha d’un pas déterminé vers le troupeau de crabes sombres. Elle leur barra la route du Mont St Michel, les mains sur les hanches, sachant qu’elle allait mourir, violée, dépecée. Et elle cria à la gueule des gueux qui s’avançait cette étrange formule, qu’elle avait entendu prononcer dans son enfant sans en comprendre le sens, mais qui soudain, intuitivement, lui semblait d’une évidence solaire : “Un jour, Apollon reviendra et ce sera pour toujours” ».

    http://fr.novopress.info

  • Comment la France abandonna Dupleix et les Indes

    Dupleix était né le 1er janvier 1697 à Landrecies où son père remplissait les fonctions de contrôleur des domaines. Sur son enfance et sur sa jeunesse, nous ne savons presque rien. À neuf ans, il est externe au collège des jésuites de Quimper, où il demeure jusqu'en 1713. Deux ans plus tard, il est enseigne à bord d'un vaisseau qui fait le commerce des Indes. On le retrouve à Nantes, à Saint-Malo, à Paris, sans que l'on puisse savoir ni la durée de ses séjours, ni de quoi il vit. Pendant ce temps son père est entré dans l'administration des tabacs, d'abord comme directeur d'une manufacture, puis comme fermier.
    La ferme des tabacs dépendait plus ou moins de la Compagnie des Indes. Fort de l'appui paternel, Dupleix se fait nommer à vingt-cinq ans conseiller et Commissaire général des troupes à Pondichéry. Mais, à nouveau, il faut avouer notre ignorance. Dupleix se tire sans doute avec honneur des missions subalternes qui lui sont confiées. Toutefois, différents incidents font croire qu'il manifeste dès ce moment un caractère hautain et dominateur qui indispose ses collègues et ses chefs. Il n'en est pas moins désigné en 1731 comme directeur à Chandernagor. La Compagnie encourageait ses employés à trafiquer pour leur compte. Dans son nouveau poste, il se montre administrateur habile et entreprenant. Il accroît le mouvement du port, fait bien les affaires des actionnaires et mieux encore les siennes. Enfin, il se marie avec une jeune veuve sans fortune et chargée d'enfants. Au départ de Dumas, en 1741, ses services l'imposent comme gouverneur et il vient résider à Pondichéry au début de 1742.
    Pour juger de son caractère, nous n'avons guère que ses lettres. Il s'y montre dès l'abord brutal et pesant. Il ne connaît pas l'art des nuances; sans être vulgaires ses plaisanteries manquent d'élégance et de légèreté; il n'a ni grâce ni souplesse.
    M. Alfred Martineau, professeur au Collège de France et ancien gouverneur des Établissements français de l'Inde, a consacré à Dupleix cinq volumes définitifs, au cours desquels il établit avec beaucoup de force que la politique d'intervention ne fut pas inspirée à Dupleix par des vues théoriques sur la colonisation. Elle se forma peu à peu au contact des faits et à la sollicitation des circonstances. Lorsque Dupleix se décida à en donner un grand exposé doctrinal, en 1753, son rappel était déjà décidé et son œuvre frappée à mort. En bref, ce sont les événements survenus autour de Pondichéry pendant la guerre de Succession qui lui révélèrent la prodigieuse faiblesse des souverains locaux. Il la pressentait déjà, mais il ne se rendait pas aussi exactement compte de la nullité de leurs troupes et de leurs gouvernements. Les victoires qu'il remporta avec une poignée d'hommes sur des armées cent fois plus considérables ouvrirent, à son imagination un champ illimité. D'autre part, le trésor de la Compagnie se trouvait à Paris et les comptoirs indiens ne pouvaient faire leurs achats qu'avec les fonds qui leur étaient envoyés de France. À plusieurs reprises, les bateaux avaient été arrêtés en route et les fonds avaient manqué. N'étant plus payés, employés et soldats avaient refusé le service. « Pas d'argent, pas de Suisses », disaient les principaux officiers. Pour empêcher les désertions, Dupleix avait dû engager sa fortune et son crédit. Deux ou trois fois, il avait été au bord de la ruine et la Compagnie avec lui. Le calcul et l'expérience lui prouvèrent aussi que le trafic des denrées tropicales était moins rémunérateur qu'on ne le pensait communément. La Compagnie supportait des frais généraux très lourds et la crainte d'avilir les prix entravait toujours le développement de ses importations. Dupleix en vint ainsi à la conviction qu'elle « ne pourrait se soutenir par le simple bénéfice de son commerce » et qu'il lui fallait aux Indes mêmes « un revenu fixe et assuré » : rentes foncières, impôts, monopoles, privilèges, tributs payés par les princes vaincus ou assistés. Jusqu'alors, on s'était contenté d'occuper quelques places dont l'entretien et la défense coûtaient d'autant plus cher qu'on n'y traitait point d'opérations commerciales sans acquitter les droits de douane et de péage prélevés par les dynastes locaux. La protection d'un domaine plus étendu ne serait ni plus difficile, ni plus dispendieuse. Quant aux frais de guerre, on les solderait au fur et à mesure avec les bénéfices de la conquête et le butin de la victoire. En fin de compte, la Compagnie régnerait sur un domaine dont l'acquisition ne lui aurait demandé qu'un peu d'audace et de persévérance.
    Deux États indigènes recouvraient à peu près la péninsule indienne au sud du Godavery : la soubabie du Deccan et la nababie du Carnatic; la première au nord, Ia seconde au sud-est, celle-là voisine de Bombay et des Marattes, celle-ci proche de Pondichéry et vassale de l'autre. Deccan et Carnatic était disputés par des princes rivaux, héritiers plus ou moins légitimes, prétendants plus ou moins fondés. Deux des concurrents demandèrent à Dupleix son alliance. Il mit à leur disposition des officiers et des troupes, vainquit leurs rivaux et, en échange des services rendus, leur imposa la reconnaissance de son protectorat. Mais Dupleix avait péché par excès d'optimisme. Ses moyens financiers furent toujours insuffisants. Inquiets pour leur commerce, les Anglais prirent à leur tour parti pour les princes que nous avions dépossédés. Il se fit ainsi entre les deux nations, sous le couvert de leurs clients respectifs, une guerre indirecte, mais cependant effective, durant laquelle les troupes européennes, servant comme auxiliaires, se combattirent l'une l'autre, tout en se prétendant en paix, Les opérations en devinrent plus onéreuses. Si dans le Deccan, où nous fûmes constamment victorieux, les recettes couvrirent bien les dépenses, dans le Carnatic, où la lutte s'éternisa, le déficit atteignit plusieurs millions de livres que Dupleix dut se procurer soit par des emprunts, soit en puisant dans ses fonds personnels. D'autre part, Dupleix escomptait un succès assez rapide pour que les Anglais n'eussent pas le temps d'intervenir à propos. Pour cela, il lui aurait fallu, dès le début, une force supérieure aux deux ou trois mille hommes dont il disposait.
    D'où il résulte en bonne logique qu'il ne pouvait réussir sans que sa politique fût, par avance, connue et appuyée par la Compagnie de France, dispensatrice des hommes et de l'argent. On retombe toujours au même point. Comment Dupleix eût-il trouvé à Paris un appui efficace quand l'opinion ne lui manifestait qu'indifférence ou hostilité et quand ses directeurs proclamaient eux-mêmes qu'ils réprouvaient toute intervention dans les affaires indigènes ?
    Avec un héroïsme qu'on ne saurait assez admirer, il se décida à passer outre et à se lancer dans l'aventure. Lorsque, par suite de complications inattendues, il se trouva entraîné dans une guerre véritable et de longue durée, il était trop tard pour en faire l'aveu à la Compagnie et pour lui demander son approbation. Les troupes marchaient, le temps aussi et il fallait plus d'un an pour obtenir une réponse de France. Amené par la suite à justifier cette prolongation des hostilités, il ne cessa de représenter les événements sous le jour le plus favorable, dissimulant les difficultés, atténuant les revers, annonçant une paix prochaine et avantageuse. Au reste, la Compagnie ne fut nullement conséquente en son opposition. Elle n'ordonna pas à Dupleix de rendre les territoires qu'il avait conquis. Tant qu'il fut victorieux, flattée du succès de ses armes, elle n'esquissa qu'une timide défense contre les faveurs de la Fortune. Pendant trois ans, elle ne sut à quoi se résoudre, partagée également entre la crainte de manquer sa chance et celle de s'engager trop. Tout en recommandant à Dupleix de traiter au plus vite, elle lui envoya plus de renforts qu'elle ne lui en accordait autrefois, mais pas assez cependant pour lui assurer une supériorité décidée sur ses adversaires.
    Jusqu'à la fin, il suppléa à tout par son génie. Comprenant l'âme indigène, sachant à la fois éblouir et terroriser, fastueux comme un sultan des Mille et une Nuits, magnifiquement aidé par sa femme, il soutint la lutte « avec une inlassable confiance, une ténacité merveilleuse et une admirable diplomatie; il ne se découragea jamais, même dans les situations qui paraissaient les plus désespérées et, par certains côtés, il mérite d'être comparé à Napoléon dont il devança les conceptions gigantesques en s'attaquant au même ennemi, sur un autre terrain, aussi vaste que l'Europe elle-même ». Sans doute est-il hasardeux de refaire l'histoire, mais en la circonstance, il n'est point téméraire d'avancer que Dupleix aurait fini par triompher, s'il avait pu mettre à la tête de ses troupes deux capitaines dignes de ce nom. Or, il n'en avait qu'un, Bussy, qui commandait au Deccan. Les chefs dont il se servit dans le Carnatic manquaient d'intelligence, de coup d'œil et d'audace. Connaissant leurs défauts, il essayait d'y parer en les accablant d'instructions minutieuses, de lettres quotidiennes ou biquotidiennes qui achevaient de les dérouter. On lui reproche d'avoir été tatillon; s'il avait abandonné ses lieutenants à leurs propres lumières, on l'accuserait de négligence. Il jugeait les hommes à leur valeur. Quand il en rencontra un, il sut l'apprécier. Jamais il ne marchanda sa confiance à Bussy et, en dépit de son tempérament autoritaire, il lui laissa toute initiative pour mener à bien la tâche qu'il lui avait prescrite. Non seulement Bussy conquit le Deccan par surprise, mais encore il le garda pendant sept ans et s'y fit aimer. Pour asseoir sa domination sur plusieurs millions d'Indiens, il disposait en tout de neuf cents hommes; il maintint son autorité et son prestige par une politique attentive, clairvoyante, autoritaire et souple à la fois. Il prenait soin de ne pas fatiguer le soubab et ses ministres par des audiences répétées, mais, en toute affaire importante, il leur faisait sentir son pouvoir occulte. Il avait l'art de traiter avec les grands seigneurs indiens et, sans être leur dupe, il leur témoignait une déférence apparente qui les flattait. Il paraissait leur laisser l'initiative des actes qu'il inspirait et, en caressant leur amour-propre, il apaisait leur amertume. De goûts très simples. il n'hésitait point à s'entourer d'un cérémonial éblouissant dont il se moquait en cachette, mais qui en imposait à la foule. « Comptez sur moi, écrivait-il à Dupleix, comme sur une personne qui vous est tout à fait dévouée par reconnaissance et par inclination... Vos nobles sentiments ont fait éclore le germe d'honneur qui était en moi et ce principe seul me guide aujourd'hui. »
    Et Dupleix lui écrivait de son côté « Courage, mon cher Bussy, vous menez tout cela avec grandeur et décence. Cette entreprise ne pouvait tomber en de meilleures mains. Je vous en remercie de tout mon cœur et vous prie de continuer sur le même ton... Rien n'est plus glorieux pour le règne de notre monarque ... Tout ce que vous me marquez sur la gloire que le Roi et la nation acquerront est bien véritable et si on m'a obligation de l'idée, que ne vous doit-on pas pour l'exécution ! »
    Dans le Camatic, hélas, tandis que les Anglais disposaient de deux véritables hommes de guerre, Clive et Lawrence, Dupleix n'avait à leur opposer qu'un incapable, Law de Lauriston, toujours lent, toujours surpris, toujours malheureux. Law se laissait véritablement hypnotiser par l'ennemi. Comme il assiégeait Tritchinopoly, il se prêta docilement aux manœuvres qu'espérait de lui l'armée de secours, abandonna son camp et alla se réfugier dans l'île de Sriringam où Clive entreprit de le bloquer. Au lieu de battre précipitamment en retraite, Law offrit sa démission et attendit son successeur. En hâte, Dupleix lui dépêcha son beau-frère d'Auteuil, avec une petite troupe. Quand il arriva, Law avait capitulé avec armes et bagages, six cents Européens, de l'artillerie, des munitions, un abondant matériel (juin 1752). D'Auteuil perdu avec quelques dizaines d'hommes essaya en vain de s'échapper. Lorsqu'il apprit le désastre, Dupleix fut admirable de sang-froid et de résolution. Il sauva Pondichéry, entrava la marche des Anglais, brouilla leurs alliances avec les indigènes et, sans remporter de succès décisifs, il reprit presque partout l'offensive. Si la garnison de Tritchinopoly n'était point, comme il s'en vantait, menacée à bref délai de famine et si elle recevait tant bien que mal un convoi sur deux, Clive et Lawrence de leur côté avaient dû abandonner l'espoir de nous vaincre en rase campagne. Enfin, Dupleix avait trouvé un chef, Mainville, qui sans valoir Bussy était infiniment supérieur à Law et à ses autres prédécesseurs.
    Mais la nouvelle de Sriringam transmise de Londres à Paris avait créé une véritable panique parmi les directeurs et les syndics de la Compagnie. Lorsque, deux ou trois mois plus tard, parvint à son tour le rapport de Dupleix, on n'y ajouta pas foi. Déjà on accusait le gouverneur d'avoir, depuis des années, travesti sa situation réelle et accumulé les mensonges, afin d'engager la Compagnie dans une aventure contraire à ses intérêts, mais dont il retirait lui-même de scandaleux profits. Dupleix ne trouva qu'un défenseur, le prince de Conti, chef du cabinet secret de Louis XV. Conti reflétait sans doute les idées du maître. Mais le secrétaire d'État à la Marine et le contrôleur général étaient gagnés à celles de la Compagnie : « Du commerce, rien que du commerce; point de victoires, point de conquêtes, beaucoup de marchandises et quelques augmentations de dividendes ».
    En mars 1753, on commença à parler de renvoi aux Indes d'un commissaire-enquêteur; en août, on désigna pour cette mission un des directeurs, Godeheu, « négociant pacifique et sage », écrit Voltaire; en octobre, enfin, comme les navires qui avaient dû quitter l'Inde en février n'étaient pas encore arrivés, les ministres excédés se décidèrent à faire signer au Roi l'ordre de révocation. Dupleix pourtant n'était pas coupable du retard des vaisseaux. Il les avait expédiés à la date ordinaire, mais par un fatal concours de circonstances, ils avaient tous relâché à l'île de France pour y réparer des avaries. Godeheu s'embarqua le 31 décembre sur le Duc-de-Bourgogne. Cinq autres vaisseaux, portant seize cents soldats l'accompagnaient. Dupleix était révoqué au moment précis où on lui envoyait de quoi vaincre !
    À Pondichéry, Godeheu fit exactement ce qu'on attendait de lui. Il explora la caisse, vérifia la comptabilité, gratta les fonds de tiroir, accumula les paperasses et traita Dupleix comme un marchand de chandelles peut traiter un conquérant. Après quoi, il s'entendit avec les Anglais, c'est-à-dire qu'il accepta toutes leurs demandes. La Compagnie s'engagea à abandonner graduellement ses conquêtes et renonça pour l'avenir à toutes alliances et dignités indigènes (décembre 1754).
    Dupleix mourut dix ans plus tard, ruiné par des spéculations imprudentes sans avoir pu se faire rendre les sommes qu'il avait déboursées pour donner un empire à la France. Un an après encore, Godeheu publiait contre lui un mémoire outrageant. Malignité, imposture, fausseté, mauvaise foi, perfidie, enivrement des grandeurs asiatiques, ressentiment, inconséquence, absurdité, déclamation, méchanceté ridicule : voilà de quoi était fait le caractère de Dupleix. Et le marchand de chandelles ronronnait avec satisfaction : Moi, je n'ai pas « porté mes vues à la sublimité où s'élevaient les siennes; je n'ai pas imaginé le plan... inouï de changer l'institution d'une compagnie commerçante, de ne l'occuper qu'à faire des conquêtes, de la rendre l'arbitre d'une partie du monde, de lui assujettir des souverains, de lui acquérir des royaumes... Je me suis soumis à des détails dont M. Dupleix avait dédaigné de s'occuper. Ma conduite a été approuvée par mes supérieurs.. Serait-elle moins digne du suffrage de mes concitoyens ? »
    Le nom de Godeheu est demeuré le symbole de la plus épaisse sottise, celle qui se fait passer pour de la prudence et du bon sens. Au moins, le Roi finit-il par prendre à sa charge les dettes de Dupleix afin, disait le procureur général, « de conserver à sa mémoire l'honneur que l'éclat de ses actions a répandu sur sa vie ».
    Pierre GAXOTTE. de l'Académie Française Historama septembre 1971

  • Comment l'UE subventionne des organisations racistes noires sud-africaines

    Le 12 juillet le médiateur sud-africain chargé de la Presse faisait savoir qu'un article écrit par un nommé Andile Mngxitama et publié le 11 avril 2010 dans le City Press, très diffusé parmi les Noirs, avait contrevenu au Code de Déontologie. Celui-ci accusait en effet Terre'Blanche, l'AWB et les « racistes Blancs » de Ventersdorp d'avoir assassiné dix ans plus tôt le maire noir de la ville. Sauf que l'auteur du crime, Johannes Monatle, est en attente d'être jugé. Ce faisant, Mngxitama diffusait une propagande erronée incitant à la haine raciale contre les Afrikaners. Rien de nouveau en cela. Le jeune homme est le fondateur d'un groupe raciste noir du nom de "Blackwash" (« Nous sommes un collectif de Noirs, par les Noirs et pour les Noirs exclusivement ») qui demande aux Africains de ne pas « se livrer à des violences xénophobes contre les frères noirs » mais de « décharger leur colère contre les "colons" (sic) ».

    Blackwash, qui s'oppose également à l'ANC, accusée de pactiser avec les Blancs, tient un discours clairement raciste : « Nous avons toutes les raisons d'être en guerre. L'ennemi c'est l'élite coloniale blanche qui continue à profiter du vol et du meurtre... ». on peut lire ailleurs : « Notre terre nous a été volée. Notre économie a été pillée. Avant l'invasion de notre continent par les Blancs nous formions un seul peuple. Nous ne connaissions pas la faim, nous étions une seule grande famille noire. L'Afrique n'avait pas de frontières ». Un tissu d'âneries sans rapport avec la vérité historique : les Blancs étaient présents avant les Noirs dans les trois quarts de ce qui est aujourd'hui l'Afrique du Sud. Du 24 au 26 septembre, Blackwash a organisé à Soweto une grande conférence anti-Blancs sous la présidence du professeur américain Lewis Gordon, philosophe du "suprémacisme" noir revendiqué, renommé pour ses théories qui placent ce racisme africain-américain au centre de toute sa cosmogonie.

    Or Andile Mngxitama se trouve être le conseiller politique d'un lobby intitulé Fondation pour les Droits de l'Homme (HRF) qui ne comprend aucun Blanc dans son bureau directeur mais dont les principaux responsables sont des personnalités de l'ANC.
    Cette organisation soutient des « groupements appartenant à la société civile et des institutions publiques qui facilitent une conscience accrue, le respect, la protection et la réalisation des droits contenus dans la Constitution ». En matière de pauvreté et d'inégalité, « elle privilégie une approche basée sur les droits. Ce qui signifie qu'elle fait en sorte que la priorité soit donnée aux groupes les plus vulnérables de la société, en particulier les pauvres, par la participation, la responsabilité, la non-discrimination et le respect des droits inscrits dans la Constitution ». Est-il besoin de dire que nulle part dans les archives de cette association pour les Droits de l'Homme n'apparaît le moindre intérêt envers les pauvres, les vulnérables et les exclus Afrikaners de la société "arc-en-ciel" ?

    La Fondation pour les Droits de l'Homme qui se présente comme « une des principales donatrices indigènes dans le secteur des Droits de l'Homme en Afrique du Sud », est financée principalement par l'Union Européenne selon un protocole signé directement entre celle-ci et l'ANC. L'UE verse ainsi annuellement 22 millions d'euros à l'Afrique du Sud pour ses programmes « d'intégration et de démocratie », c'est-à-dire qu'elle subventionne des associations dont l'essentiel de l'activité est le racisme noir, comme Blackwash ou la HRF. Celle-ci est également soutenue par Irish Aid - Programme d'aide du Gouvernement irlandais qui, en 2010 a distribué 671,4 millions d'€ d'assistance dans le monde. On rappellera que l'Irlande vit essentiellement des subventions européennes. Bien entendu la Fondation Ford participe. Ainsi que la Charles Stewart Mott Foundation. Laquelle, notamment « pour combattre la xénophobie en Afrique du Sud (sic) » a distribué entre 1996 et 2010 plus de 59 millions de US$ à la HRF. Care International (« Défendre la dignité. Combattre la pauvreté ») fait partie de la bande et redistribue l'argent de ses très généreux donateurs. La liste de ces derniers, des centaines de noms, depuis les Fondations MelIon, Annenberg, Hilton jusqu'à celle de Bilou Gates, de Coca-Cola à Starbucks, Pfizer ou Abbott, est un véritable catalogue de la puissance financière socialiste mondiale.
    J.R. Rivarol du 15 OCTOBRE 2010