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  • Jean Thiriart, théoricien de la révolution européenne

    Rares sont les Français chez qui le nom de Jean Thiriart évoque un souvenir. Pourtant de 1960 à 1969, au travers de l’organisation européenne transnationale Jeune Europe et du mensuel La Nation Européenne celui-ci anima la première tentative, restée inégalée, de création d’un parti nationaliste révolutionnaire européen, et définit clairement dans ses écrits ce qui forme maintenant le corpus doctrinale d’un partie non négligeable des mouvements nationalistes d’Europe.

    Né dans une grande famille libérale de Liège qui éprouve de fortes sympathies pour la gauche, Jean Thiriart milite d’abord dans la Jeune Garde Socialiste et à l’Union Socialiste Anti-Fasciste, puis durant la seconde guerre mondiale au Fichte Bund (une ligue issue du mouvement national-bolchevick hambourgeois des années 20), et aux Amis du Grand Reich Allemand, association qui regroupe en Belgique romane d’anciens éléments d’extrême-gauche favorables à la collaboration européenne, voire à l’annexion dans le Reich.

    Condamné à trois ans de prison à la «Libération», Thiriart ne refait politiquement surface qu’en 1960, en participant, à l’occasion de la décolonisation du Congo, à la fondation du Comité d’Action et de Défense des belges d’Afrique qui devient quelques semaines plus tard le Mouvement d’Action Civique. En peu de temps Jean Thiriart transforme ce groupuscule poujadiste en une structure révolutionnaire efficace qui - estimant que la prise du pouvoir par l’OAS en France serait de nature à être un formidable tremplin pour la révolution européenne - apporte un soutien efficace et sans faille à l’armée secrète.

    Parallèlement, une réunion est organisée à Venise le 4 mars 1962. Participent à celle-ci, outre Thiriart qui représente le MAC et la Belgique, le Mouvement Social Italien pour l’Italie, Le Parti Socialiste de l’Empire pour l’Allemagne, et le Mouvement de l’Union d’Oswald Mosley pour la Grande Bretagne. Dans une déclaration commune, ces organisations déclarent vouloir fonder « Un Parti National Européen, axé sur l’idée de l’unité européenne, qui n’accepte pas la satellisation de l’Europe occidentale par les USA et ne renonce pas à la réunification des territoires de l’Est, de la Pologne à la Bulgarie, en passant par la Hongrie ». Mais le Parti National Européen n’aura qu’une existence extrêmement brève, le nationalisme archaïque et étriqué des Italiens et des Allemands leur faisant rapidement rompre leurs engagements pro-européens.

    Cela ajouté à la fin sans gloire de l’OAS fait réfléchir Thiriart qui conclut que la seule solution est dans la création de toute pièce d’un Parti Révolutionnaire Européen, et dans un front commun avec des partis ou pays opposés à l’ordre de Yalta.

    Aboutissement d’un travail entamé dès la fin 1961 le MAC se transforme en janvier 1963 en Jeune Europe, organisation européenne qui s’implante en Autriche, Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays Bas, Portugal et Suisse. Le nouveau mouvement tranche par son style sur les habituels mouvements nationalistes. Il est très fortement structuré, il insiste sur la formation idéologique dans de véritables écoles de cadres, il tente de mettre en place une centrale syndicale embryonnaire, le Syndicat Communautaire Européen. De surcroît, Jeune Europe souhaite fonder des Brigades Révolutionnaires Européennes pour débuter la lutte armée contre l’occupant américain, et cherche un poumon extérieur. Ainsi des contacts sont pris avec la Chine communiste, la Yougoslavie et la Roumanie, de même qu’avec l’Irak, l’Egypte et la résistance palestinienne.

    Si Jean Thiriart est reconnu comme un révolutionnaire avec lequel il faut compter - il rencontre Chou-En-Laï en 1966 et Nasser en 1968, et est interdit de séjour dans cinq pays européens ! - et si l’apport militaire de ses militants au combat antisioniste n’est pas contesté - le premier européen qui tombera les armes à la main en luttant contre le sionisme, Roger Coudroy, est membre de Jeune Europe - ses alliés potentiels restent inhibés par des réflexes idéologiques ou de bienséance diplomatique qui ne leur permettent pas d’accorder à Jeune Europe l’aide financière et matérielle souhaitée. De surcroît après les crises de la décolonisation l’Europe bénéficie d’une décennie de prospérité économique qui rend très difficile la survie d’un mouvement révolutionnaire. Cependant la presse de l’organisation, tout d’abord Jeune Europe, puis La Nation Européenne, a une audience certaine et compte des collaborateurs de haut niveau parmi lesquels on peut citer l’écrivain Pierre Gripari, le député des Alpes-Maritimes Francis Palmero, l’ambassadeur de Syrie à Bruxelles Selim El Yafi, celui d’Irak à Paris Nather El Omari, ainsi que Tran Hoai Nam, chef de la mission vietcong à Alger, de plus des personnalités telles que le leader noir américain Stockeley Carmichel, le coordinateur du secrétariat exécutif du FLN Cherif Belkacem, le commandant Si Larbi et Djambil Mendimred, tous les deux dirigeants du FLN algérien, ou le prédécesseur d’Arafat à la tête de l’OLP, Ahmed Choukeiri, acceptent sans difficultés de lui accorder des entretiens. Quant au général Peron, en exil à Madrid, il déclarera «Je lis régulièrement La Nation Européenne et je partage entièrement ses idées. Non seulement en ce qui concerne l’Europe mais le monde».

    En 1969, déçu par l’échec relatif de son mouvement et par la timidité de ses appuis extérieurs, Thiriart renonce au combat militant. Malgré les efforts de certains de ses cadres, Jeune Europe ne survivra pas au départ de son principal animateur. C’est toutefois de sa filiation que se revendiquent, au début des années 70, les militants de l’Organisation Lutte du Peuple en Allemagne, Autriche, Espagne, France, Italie et Suisse, dans les années 80 les équipes des revues belge Volonté Européenne et française Le Partisan Européen, ainsi que la tendance Les Tercéristes Radicaux au sein du mouvement NR français Troisième Voie. Jean Thiriart sortira de son exil politique, en 1991, pour soutenir la création du Front Européen de Libération dans lequel il vit le seul successeur de Jeune Europe. C’est avec une délégation du FEL qu’il se rendit à Moscou en 1992 pour y rencontrer les dirigeants de l’opposition russe à Boris Eltsine. Malheureusement Jean Thiriart fut fauché par une crise cardiaque peu de temps après son retour en Belgique. Il laissait inachevé plusieurs ouvrages théoriques dans laquelle il analysait l’évolution nécessaire du combat anti-américain du fait de la disparition de l’URSS.

    Inspiré par Machiavel et Pareto, Thiriart se dit « un doctrinaire du rationnel » et rejette les classifications habituelles de la politique, il aime à citer la phrase d’Ortega y Gasset « Etre de gauche ou de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile ; toutes deux, en effet, sont des formes d’hémiplégie morale ». Le nationalisme qu’il développe est un acte de volonté, le souhait commun d’une minorité de réaliser quelque chose. Ainsi il est basé uniquement sur des considérations géopolitiques. Seules, pour lui, ont de l’avenir les nations d’ampleur continentale (USA, Chine, URSS), si donc on veut rendre sa grandeur et son importance à l’Europe, il convient d’unifier celles-ci, cela en constituant un Parti Révolutionnaire de type léniniste qui débute immédiatement la lutte de libération nationale contre l’occupant américain et ses collaborateurs, les partis du système et les troupes coloniales de l’OTAN. L’Europe de l’Ouest, libérée et unifiée pourrait alors entreprendre des négociations avec l’ex-URSS pour construire le Grand Empire Européen de Galway à Vladivostock, seul capable de résister à la nouvelle Carthage américaine, et au bloc chinois et à son milliard d’habitants.

    Opposé aux modèles confédéraux ou fédéraux, ainsi qu’à « L’Europe aux cent drapeaux », Thiriart qui se définit comme un « jacobin de la très-Grande Europe » veut construire une nation unitaire conçue sur la base d’un nationalisme d’intégration, d’un empire extensif apportant à tous ses habitants l’omnicitoyenneté et héritier juridique et spirituel de l’Empire romain.

    Sur le plan économique Thiriart rejette « l’économie de profit » (capitalisme) et « l’économie d’utopie » (communisme) pour prôner « l’économie de puissance » qui vise au développement maximum du potentiel national. Bien sûr dans son esprit la seule dimension viable pour cette économie est la dimension européenne. Disciple de Johann Gottlieb Fichte et de Friedrich List, Thiriart est partisan de « l’autarcie des grands espaces ». Ainsi l’Europe, sortie du FMI et dotée d’une monnaie unique, protégée par de solides barrières douanières, et veillant à son auto-suffisance pourrait échapper aux lois de l’économie mondiale.

    Bien que datant du milieu des années 60, les livres de Jean Thiriart restent étonnamment actuels. Dès 1964, il décrit la disparition du « parti russe » en Europe, cela plus de 10 ans avant la naissance de l’eurocommunisme et près de vingt-cinq ans avant les bouleversements des pays de l’est. De même sa description du parti américain, des milliers de « Quisling US », est toujours la réalité de l’Europe d’aujourd’hui comme l’ont illustré récemment les positions de la plupart des hommes politiques lors de la guerre du Golfe, les affrontements dans l’ex-Yougoslavie ou les derniers sursauts africains. Et son analyse de l’impérialisme américain n’a pas pris une ride, en 1966 il conseillait d’ailleurs de lire le Yankee James Burham, conseil qu’il est encore temps de suivre pour trouver dans le livre de ce dernier Pour la domination mondiale des phrases comme celles-ci : « Il faudrait renoncer à ce qui subsiste de la doctrine de l’égalité des nations. Les USA doivent ouvertement se porter candidats à la direction de la politique mondiale ».

    Contestable par certains côtés (jacobinisme outré, trop grande rationalité, etc.), nous ne l’ignorons pas, Thiriart reste un de nos grand maître à penser pour ce siècle finissant. Il nous appartient de nous nourrir de ses théories, de les évaluer et de savoir les dépasser pour aborder les lendemains de l’an 2000.

    Christian Bouchet http://www.voxnr.com

  • RIVAROL sur le front judiciaire

      Comme nous vous l’indiquions fin décembre, nous attendons toujours le résultat du pourvoi que nous avons formé contre l’arrêt de la cour d’appel qui, le 16 février 2012, nous avait condamné à plusieurs dizaines de milliers d’euros d’amendes et de dommages et intérêts dans l’affaire de l’interview de Jean- Marie Le Pen sur l’occupation allemande en France. Cette affaire date de près de dix ans désormais et devrait connaître son épilogue dans les semaines qui viennent. Nous ne sommes pas spécialement optimistes d’autant que la Cour de cassation a une nouvelle fois refusé de transmettre au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) que nous avions déposée à propos de la loi Fabius- Rocard-Gayssot.

    TROIS PROCÉDURES INTENTÉES PAR LE FN

    S’agissant des poursuites intentées contre nous par Marine Le Pen et le Front national, nous commençons à voir le fond du tunnel. Trois procès avaient été intentés contre nous : le premier pour avoir dénoncé des irrégularités dans la campagne interne du Front pour la succession de Jean-Marie Le Pen. Lequel demandait 50 000 euros de dommages et intérêts. Il a finalement obtenu un euro symbolique. Il s’agit donc d’une quasi-relaxe. Un article de François-Xavier Rochette daté du 7 janvier 2011 avait également fait l’objet de poursuites. Marine Le Pen demandait 50 000 euros de dommages et intérêts pour injure publique envers particulier car Rochette avait simplement cité entre guillemets un article de VSD qui, faisant le portrait de la future présidente du FN, disait qu’elle « aimait boire, manger et baiser ». Nous avons été relaxés en première instance et à nouveau en appel le 24 janvier dernier, les magistrats ne voyant là aucune injure d’autant plus qu’il s’agissait d’une citation. Mais Marine Le Pen s’acharne : elle s’est pourvue en cassation. De l’art d’encombrer les tribunaux pour des peccadilles !

    Enfin, pour une interview donnée à un site traditionaliste e-deo en octobre 2010, en pleine campagne interne, et où il était question entre autres de l’importance des invertis autour de Marine Le Pen, le directeur de RIVAROL a été condamné à 3 000 euros de dommages et intérêts alors même que les prises de position pour le moins équivoques de la présidente du FN dans l’affaire du mariage gay a montré à quel point ce que nous avions dit était fondé. Les 3 000 euros ont été immédiatement réclamés par Marine Le Pen, son avocat Me Wallerand de Saint- Just menaçant de faire appel aux huissiers si la somme n’était pas immédiatement payée.

    Que l’on traite ainsi un journal qui a soutenu pendant près de quarante ans le Front national en dit long sur la mentalité des nouveaux dirigeants du Front. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à faire l’objet de la vindicte du néo-FN, Marine Le Pen ayant récemment traité notre confrère Minute de “torchon” pour avoir simplement évoqué l’existence d’un lobby gay au FN. Or, même si l’on peut avoir des désaccords, fussent-ils profonds, au sein de ce qu’il est convenu d’appeler la droite nationale, l’on devrait s’interdire de se poursuivre en justice et plus encore de réclamer avec célérité les éventuels dommages et intérêts obtenus. Pour notre part, nous n’avons jamais attaqué quiconque en justice, même lorsque nous avons été traînés dans la boue. Face à ce harcèlement judiciaire, nous savons pouvoir compter sur la fidélité et la générosité des lecteurs.

    LES MÉTHODES MAFIEUSES DU SYNDICAT DU LIVRE

    Ces derniers mois nous avons par ailleurs été victimes des grèves à répétition du syndicat du Livre gênant la distribution en kiosques. Pour éviter d’être les otages des agissements de ce syndicat qui bénéficie de privilèges exorbitants depuis la Libération, nous avions quitté Presstalis (anciennement les NMPP) l’année dernière pour rejoindre les Messageries lyonnaises de presse (MLP). Las, les gros bras de la CGT qui bénéficient de facto d’une insolente impunité et qui refusent la restructuration de Presstalis s’en prennent également aux dépôts de MLP ce qui a entraîné à plusieurs reprises des retards dans l’acheminement de notre hebdomadaire vers les différents marchands de journaux. D’où un sérieux manque à gagner.

    De plus, un nombre croissant de lecteurs se plaignent de recevoir RIVAROL très en retard. Qu’ils sachent que nous ne sommes pour rien dans ces difficultés. Nous payons un tarif élevé (la mention « presse urgente » figure d’ailleurs en toutes lettres sur l’emballage du journal que reçoivent nos abonnés) pour que RIVAROL soit distribué rapidement mais la Poste fait très mal son travail. Nous avons à plusieurs reprises manifesté notre mécontentement auprès de la direction de La Poste mais pour l’instant les choses ne semblent pas s’être vraiment améliorées. C’est aussi à cela que l’on mesure à quel point notre pays est en pleine décadence !

    Face à ces difficultés conjuguées nous avons proposé d’avancer d’un jour la parution de RIVAROL. Les lecteurs ont été nombreux à nous répondre. Nous réservons la primeur de leurs réponses aux participants au Pot des Amis ce samedi 2 mars à l’Espace Dubail où nous aurons comme chaque année le plaisir de vous retrouver et d’échanger avec vous.

    Cette année, pour faire face aux obstacles que nous rencontrons, nous avons volontairement prolongé les abonnements de Noël jusqu’à Pâques (100 euros annuels au lieu de 114). Exceptionnellement ce tarif ne vaut pas seulement pour les nouveaux abonnés mais aussi pour les abonnés actuels désireux de se réabonner. Que l’on n’hésite pas à profiter largement de cette offre. L’on peut aussi s’abonner par prélèvement automatique (voir ci- dessous) ou choisir l’abonnement numérique annuel à 80 euros. Il est nécessaire évidemment que RIVAROL soit fortement présent en kiosques mais les abonnements nous sont encore plus indispensables car d’eux dépendent directement la survie et la pérennité de la doyenne des publications de l’opposition nationale en France. N’hésitez donc pas à vous abonner et à abonner des amis ou de la famille à une presse indépendante et libre de toute servitude qui, sans immodestie aucune, propose des analyses et des éclairages et offre une liberté de ton que l’on trouve difficilement ailleurs.

    Lʼéquipe de RIVAROL. http://rivarol.over-blog.com/

  • Chômage: là aussi, Hollande ne tiendra pas ses promesses

    François Hollande prépare l'opinion avant de faire marche arrière sur son objectif d'inverser la courbe du chômage en 2013. Il doit effectivement prendre en compte les prévisions de croissance de la Commission européenne de vendredi.

    Même si dans les rangs de la majorité on assure que François Hollande tiendra ses promesses en 2013, l'inversion de la courbe du chômage est un objectif qui semble s'éloigner. Les chiffres du chômage dévoilés ce mardi devraient être en hausse pour le 21e mois consécutif.
    Dans ses vœux aux Français, François Hollande avait affirmé vouloir parvenir « coûte que coûte » à inverser la courbe du chômage d’ici fin 2013 laissant les Français sceptiques. Cette promesse aussi est aujourd'hui remise en question, après les prévisions européennes d'une croissance française quasi nulle.
    Le président l'a d’ailleurs reconnu lors de sa visite au Salon de l'agriculture ce week-end : « Avec une croissance faible, l'année 2013 sera marquée par une progression du chômage ».

    Mais certains membres du gouvernement veulent toujours y croire. « 2013 va jusqu'au 31 décembre », indique Jérôme Cahuzac, ministre du Budget. Son collègue Michel Sapin, ministre du Travail et de l'emploi assure que le président François Hollande ne renonce pas à sa promesse. « Même avec une croissance plus faible, les mesures prises par le gouvernement permettront d’y parvenir », affirme le ministre.

    Sauf que du côté des socialistes on parle déjà de 2014. Pour la porte-parole du PS Frédérique Espagnac, il est clair que la promesse présidentielle sera retardée : « Le président de la République a fait cette annonce, il faudrait revoir cette perspective et donc la retarder puisque vraisemblablement on sera plus en 2014 qu’en fin 2013. »
    Et les chiffres du chômage qui vont être publiés ce mardi devraient être en hausse pour le 21e mois consécutif et flirter avec le record de 1997 (3,2 millions de demandeurs d’emploi).
  • Le bon sens loin de chez nous par Jacques GEORGES

     

    On le sait depuis si longtemps qu’on ne le réalise même plus, mais notre époque est une mine pour les dingues. Le loufoque est partout : pour s’en tenir à l’actualité française des derniers jours, le duel Copé – Fillon, le mariage pour tous, le débat sur le genre, ou même la menace de nationalisation de Florange, sans parler des sujets plus graves, la cavalcade tri décennale des dettes, la poursuite joyeuse de l’immigration de masse et de la substitution de population, amènent à se gratter la tête et à se demander : nos dirigeants ont-ils encore un reste de bon sens ? D’ailleurs, le bon sens est-il encore une valeur lisible et reconnue aujourd’hui ?

     

    C’est pour essayer de mettre un peu de clarté sur ce sujet que, fort d’une journée de bulle en perspective, je me suis attablé ce matin face à la baie d’Alger (1) et ai commencé à tapoter mon clavier. Voici le résultat. Je précise que tout ce qui suit est rigoureusement exempt  de toute lecture préalable, réflexion intellectuelle approfondie, ou consultation d’ouvrages universitaires de haute volée, pardon pour le pléonasme. Je connais trop les intellectuels pour m’en inspirer sur tout ce qui compte. Nous allons essayer en toute simplicité et de bonne foi (deux vieux compagnons du bon sens) de définir le bon sens, d’en préciser les frontières, de tirer quelques conclusions, et peut-être de proposer quelques mesures de bon sens pour redonner un peu de tonus à icelui.

     

    Définir le bon sens est a priori fastoche : c’est tout ce qui ne heurte pas le bon sens. Excellente réponse. Faisons quand même un pas de plus : c’est une grille de lecture, un guide pour la réflexion et pour l’action. Mais encore ? C’est une grille de lecture, un guide qui permet de discriminer, de classer, de juger, de se forger une opinion sur une infinité de sujets : actions et attitudes de la sphère privée, programmes et décisions politiques, productions intellectuelles et artistiques par exemple. Le contenu de la grille, sa chimie, ses gênes ? Ça devient un peu compliqué. Osons. Serait de bon sens tout ce qui :

     

    — est perçu comme tel par une large majorité de braves gens;

     

    — déplaît à Saint-Germain-des-Prés;

     

    — séduit les ingénieurs et déplaît aux Sciences Po et autres énarques;

     

    — n’aurait que des avantages et pas d’inconvénients, ou manifestement plus d’avantages que d’inconvénients;

     

    — serait  conforme à la raison;

     

    — traduirait une bonne santé de base;

     

    — privilégierait le long terme, ou ce qui est validé par l’expérience, voire la tradition;

     

    — éviterait ou éloignerait les catastrophes;

     

    — tendrait à perpétuer tout ce qui compte vraiment, je ne sais, l’espèce, la vie, l’amour.

     

    Cette tentative laisse perplexe; tout ceci est fragile et discutable; on sent qu’on peut aller très loin comme ça, noircir des milliers de pages de précisions, de distinguos, de questions qui s’ajoutent aux questions, sans arriver au bout. On peut tourner autour du bon sens, pas le définir. D’où l’intérêt des frontières.

     

    Les frontières de l’empire du bon sens sont perpétuellement menacées et fluctuantes. Cet empire est pépère, conservateur, souvent ennuyeux. Laissé à lui-même, il lasse et donne toutes leurs chances à une nuée d’ennemis hétéroclites, certains de haut vol (religions, idéologies, passions, romantisme, rêves d’intellectuels, égos d’artistes), d’autres de petite vertu (jalousie, envie, ignorance, bovarysme et états d’âme divers, attrait de la nouveauté, légèreté, bêtise individuelle ou de masse, etc.), d’autres encore très méchants (morbidité, nihilisme, attrait du suicide et de la destruction). Son cœur qui a pour capitale « Préservation de l’espèce » a jusqu’à présent résisté à tous les assauts, mais, après consultation de quelques écolos profonds et militaires militants, je me demande pour combien de temps encore. Depuis toujours ses frontières n’ont cessé de bouger et son territoire d’évoluer comme un accordéon. Illustrons ce propos par quelques exemples malheureusement réduits, faute d’espace et de connaissances à la hauteur, à l’espace européen : massacré à la fin de l’Empire romain par une gangrène nihiliste heureusement vite reprise en mains, stabilisé par Charlemagne, prospère sous un Ancien Régime entièrement dévoué à sa cause, malmené un temps par les guerres de religion et la première mondialisation, chahuté par les Philosophes, mis sens dessus dessous par la Révolution, heureux, sûr de lui et dominateur un court instant dans l’Europe de Bismarck et de la « Belle Époque », menacé de sérieuses lézardes dès ladite « Belle Époque », suicidé en 14, ridiculisé sous le règne surréaliste, commettant depuis lors de multiples tentatives de suicide qui l’ont démoralisé et épuisé, jusqu’à aujourd’hui. Aujourd’hui, comment se porte le bon sens ? Très mal en Europe, pas fort en Amérique, assez bien ailleurs, bien en Russie et en Chine, malgré menaces et lézardes, comme en Europe du temps de Bismarck. Très bien nulle part, je dois l’avouer.

     

    Alors, que faire, hic et nunc, c’est-à-dire dans l’Europe de 2012 ? Partons de l’idée que, l’homme étant ce qu’il est, cet empire n’a d’attrait durable, et par conséquent de stabilité et d’avenir que pimenté d’un gros zeste d’irrationnel : recherche du beau, de la grandeur, d’un minimum de justice, etc. Ça, c’est pour le long terme, quand l’Europe aura accouché d’un Louis XIV continental ou d’un nouveau Bismarck. Dans l’immédiat, je ne vais pas devenir grave et tangenter le grotesque en esquissant ici un programme de réhabilitation continentale du bon sens. Regards tournés par exemple vers la Russie de Poutine, ou vers la Chine de Xi Jin- Ping, voici quand même quelques modestes pistes de réflexion :

     

    • Se mettre dans la tête quelques vérités de base oubliées. La première est que la vie est tragique. Ceci comporte de nombreuses et fondamentales conséquences. Tout se paie. Par exemple, la dette accumulée par des décennies de déficit irresponsable. Par exemple encore, l’immigration de masse. Voici un danger de très grande dimension, dont la survenance est certaine, et qui pourtant prospère presque sans réaction. Nous sommes face à un défi historique au bon sens, une pure aberration, une énigme, une maladie mentale. Celle dont on meurt.

     

    • De façon générale, les idéologies mortifères qui cautionnent les politiques suicidaires et masquent leur lâcheté doivent être combattues moins comme des ennemies politiques que comme des maladies mentales épidémiques : une certaine interprétation des « droits-de-l’homme », l’anti-racisme, la théorie du genre, l’individualisme extrême et ses épigones gays et divers, de nombreuses aberrations intellectuelles et artistiques, etc. À défaut de les éradiquer, objectif non réaliste jamais réalisé dans l’histoire, il faut sans cesse les contester, mieux, si possible, les ridiculiser, ce qui en théorie ne devrait pas être impossible en mobilisant les réserves de bon sens disponibles et brimées dont tout peuple vivant dispose.

     

    • La valeur « long terme » doit être privilégiée systématiquement, et quelques hiérarchies doivent être réhabilitées : supériorité du collectif sur l’individuel, du beau sur le moche, du grand sur le médiocre, de la vie sur la mort, du mouvement sur l’immobilisme, de la générosité sur la pingrerie, de l’action sur la branlette intellectuelle, de la famille sur l’individu, de l’effort sur la paresse, de la prise de risque sur la vie tranquille, etc.

     

    • Je verrais bien quelques chamboule-tout de défoulement, limités par prudence à quelques figures du passé : pêle-mêle, puis-je suggérer Déroulède, Clémenceau, Duchamp, Poincaré, André Breton, Blum, Sartre ? je vous mets aussi quelques étrangers ?

     

    Mais je crains que ça ne sonne un peu facho, non ?

     

    Jacques Georges http://www.europemaxima.com/

     

    Note

     

    1 : Consultant international, notre collaborateur a passé un semestre de l’année 2012 à Alger pour des motifs professionnels (N.D.L.R.).

  • Histoire d’un conflit ignoré

     Il y a quelques mois, Sylvain Roussillon publiait un ouvrage novateur consacré aux volontaires étrangers du camp franquiste pendant la Guerre d’Espagne (1936 – 1939). Il récidive aujourd’hui en publiant une remarquable étude sur la Seconde Guerre d’Indépendance des États-Unis d’Amérique entre 1812 et 1814.

     

    Si le XXe siècle fut clément pour les États-Unis qui ne connurent aucun conflit sur leur sol, le XIXe siècle vit au contraire leur territoire américain atteint par des guerres. Outre les nombreux conflits amérindiens, on pense bien sûr à la Guerre de Sécession (1861 – 1865), mais on ne doit pas oublier la guerre d’agression contre le Mexique (1846 – 1848) et cette seconde Guerre d’Indépendance. « La guerre de 1812 – 1814, appelée aussi “ Seconde guerre d’Indépendance américaine ”, fait partie des conflits oubliées de l’Histoire (p. 13). » C’est exact en France d’autant que, assez curieusement, Hollywood n’a guère exploité cette épisode belliqueux. Aux États-Unis, ce conflit est mieux connu, surtout quand on lit l’abondante bibliographie fournie par l’auteur : 83 livres et 21 articles de revues spécialisées dont seulement huit en français ! La méconnaissance en France de cet affrontement anglo-américain s’explique aussi par la chronologie, car en même temps que la Grande-Bretagne luttait contre les États-Unis, elle affrontait toujours Napoléon Ier.

     

    Cette Seconde Guerre d’Indépendance marque vraiment l’avènement d’un ensemble plus cohérent dénommé les États-Unis d’Amérique. C’est pendant cette guerre que fut composé leur futur hymne national. C’est à la suite de ce conflit que, craignant les représailles de Londres alliée pour la circonstance à la Sainte-Alliance que s’affirma la doctrine Monroe dédiée à un exclusivisme pan-américain qui allait faire de l’Amérique latine et des Antilles l’arrière-cour de Washington. « En moins d’un siècle, les États-Unis sont passés du slogan “ l’Amérique aux Américains ” au mot d’ordre “ L’Amérique aux États-Unis ” (p. 181). » Mieux encore, « les principaux initiateurs de cet impérialisme, qu’il s’agisse d’Alfred Thayer Mahan ou de Theodor Roosevelt, ont débuté leurs réflexions stratégiques, militaires et géopolitiques dans l’étude de cette guerre de 1812 (p. 181) ».

     

    Une guerre fondatrice

     

    Cette guerre fut donc déterminante dans le destin de la jeune république issue du traité de Versailles de 1783. Elle contraignit le gouvernement fédéral à maintenir et à développer une armée permanente digne de ce nom. Au moment de l’Indépendance, les soldats réguliers étaient au nombre de… 87. La défense du nouvel État reposait entièrement sur des milices civiques dans chaque entité fédérée, d’où la liberté de porter des armes. Cette situation particulière s’inscrivait dans la politique isolationniste souhaitée par George Washington. Dans une belle préface, Nicole Bacharan rappelle son discours d’adieu en 1796 : « L’Europe a des intérêts fondamentaux qui ne nous concernent pas, ou à peine. » Dans ces conditions, à quoi bon d’avoir des forces terrestres et une marine de guerre ?

     

    Le problème est que les États-Unis grandissent aux temps des guerres européennes de la Révolution et de l’Empire. Nonobstant l’éloignement géographique, le conflit européen a des répercussions économiques en Amérique. « Les liens diplomatiques sont inexistants, ou presque, avec bon nombre de pays européens, et teintés d’ambiguïté avec les Britanniques qui reconnaissent du but des lèvres l’existence de ces treize colonies rebelles prétendant constituer un État souverain (p. 17). » La Grande-Bretagne ne se focalise pas que sur le danger français, révolutionnaire puis napoléonien. Elle pense déjà à l’échelle du monde et s’exaspère de l’existence même des États-Unis qu’elle perçoit comme une insolence permanente à sa puissance.

     

    Les Britanniques s’ingénient donc à vexer à la moindre occasion les Américains. « Depuis le début du XIXe siècle, la Royal Navy affecte de ne pas reconnaître les eaux territoriales américaines, ni la qualité des navires battant pavillon américain. Par conséquent, sous couvent de lutter contre la contrebande à destination de la France, les bâtiments de la Royal Navy ont pris la dommageable habitude d’arraisonner les navires marchands américains, de confisquer les cargaisons et, chose plus grave, d’enrôler de force sur leurs navires de guerre des citoyens américains, considérés pour l’occasion comme les ressortissants britanniques de colonies au statut juridique mal défini ! C’est ainsi que près de 10 000 marins et citoyens américains se trouvent obligés de servir contre leur gré, sur les navires de la Royal Navy durant les dix premières années du XIXe siècle, sans que les protestations américaines n’y changent rien (pp. 30 – 31). » Par ailleurs, depuis leur colonie du Canada, les Britanniques incitent les tribus amérindiennes à chasser les colons venus des États-Unis. À partir de 1810, Londres multiplie les provocations envers Washington qui devient la victime collatérale du féroce contentieux franco-britannique.

     

    En 1800, les États-Unis ont participé à la Ligue des Neutres organisée par Paul Ier de Russie, ce qui lui vaudra son assassinat en 1801 par des agents anglophiles. Avec la montée des tensions navales, Sylvain Roussillon rappelle que « la marine de guerre, dissoute dès la fin de la guerre d’Indépendance, est précipitamment réorganisée en 1797, devant la menace d’un conflit entre la France révolutionnaire et les attaques incessantes des corsaires barbaresques en Méditerranée (pp. 16 – 17) ». Or il y eut vraiment conflit naval officieux et circonscrit à la marine et au commerce entre la France et les États-Unis : la Quasi-Guerre (1798 – 1800). Son déclenchement incombe au Directoire qui, « en proie à d’inextricables problèmes financiers, exigeait des États-Unis le remboursement immédiat des dettes de guerre et des sommes engagés par Louis XVI pour être venue en aide aux insurgés américains (p. 17) ». Cette guerre océanique permit à la jeune U.S. Navy de s’entraîner au combat face à une marine corsaire française bien mal en point. La guerre en Europe eut aussi une autre répercussion, économique celle-là. En fermant les frontières aux produits européens en 1807 par l’Embargo Act, le président Jefferson voulait préserver la neutralité de son pays. Il n’eut pas conscience que « cet isolement commercial est un énorme coup de fouet donné à l’industrie et à l’économie manufacturière américaine (p. 24) » comme l’observera quarante plus tard Friedrich List.

     

    Les ambitions oubliées des États-Unis

     

    Sylvain Roussillon insiste aussi sur la jeunesse territoriale et les divisions politiques profondes des États-Unis. Ils doivent gérer le doublement de leur superficie avec l’acquisition en 1804 de la Louisiane francophone. Ils doivent prendre en compte l’affaiblissement à leur frontière méridionale de l’Empire colonial espagnol et la présence, au Nord, du Canada britannique où vivent environ 700 000 Américains loyalistes à George III et leurs familles. Mais « entre 450 000 et 500 000 loyalistes demeurent aux États-Unis. Ils constitueront l’aile dure du futur Parti fédéraliste (p. 29) ». Les luttes politiques sont implacables entre les fédéralistes, tenants d’un État central fort, d’une économie industrielle et commerciale dynamique, et d’un conservatisme culturel qui les rapproche de la Grande-Bretagne, et les démocrates-républicains, favorables au droit des États, des minorités religieuses, d’une économie agraire et d’une vision plus progressiste. Leurs chefs de file, Thomas Jefferson et James Madison, sont accusés de s’inspirer de la France et de son jacobinisme sanguinaire.

     

    Excédés par les provocations britanniques, les États-Unis déclarent la guerre à son ancien colonisateur en juin 1812. James Madison prévoit une guerre rapide et victorieuse, car il n’imagine pas capable les « Tuniques rouges » mener deux guerres simultanées ! Or les généraux étatsuniens sont surtout des militaires de salon, habitués de la bouteille et promus non d’après leurs compétences militaires nullissimes mais selon leurs inclinations politiques. Ils minorent la présence de « 5 200 combattants britanniques, soldats aguerris (p. 43) » au Canada, et ne comprennent pas que le Bas-Canada francophone et le Haut-Canada anglophone « sont en grande partie peuplées de loyalistes américains et leurs descendants, prêts et impatients d’en découdre avec ceux qu’ils considèrent comme de dangereux révolutionnaires et spoliateurs de leurs biens, tandis que les populations francophones, conservatrices et catholiques, ne paraissent pas mieux disposées à l’égard des Américains soupçonnés de vouloir imposer le protestantisme, abolir la propriété et interdire la pratique du français (p. 44) ». La méfiance des Canadiens-Français envers la jeune République étoilée est ancienne. Nicole Bacharan a raison de faire appel à la longue durée et aux suites des Guerres de Sept Ans (1756 – 1763) et d’Indépendance.

     

    À rebours d’une opinion communément admise dans l’Hexagone, George Washington n’était pas du tout un ami de la France. Vétéran de la Guerre de Sept Ans contre les Français et leurs alliés amérindiens, ce francophobe notoire se définissait résolument anti-catholique. L’anti-catholicisme est consubstantiel aux États-Unis puisqu’on fit grief de sa foi à John Fitzgerald Kennedy en 1960. Auparavant, les W.A.S.P. n’appréciaient guère les Italiens et les Irlandais pour cette même raison. George Washington accepta l’alliance française par pragmatisme politico-militaire. On oublie cependant que Washington et les siens souhaitaient rejeter les Anglais de toute l’Amérique du Nord. Dès 1775, les Insurgents lancent des raids contre les forces anglaises installées au Canada. L’action prend une nouvelle ampleur l’année suivante quand des rebelles américains s’emparent de Montréal avant de reculer devant les murs de Québec. Frustré par cette entreprise de conquête ratée, en janvier 1778, le Congrès continental américain nomme La Fayette commandant en chef d’une armée d’invasion du Canada britannique. L’intention officielle est de soulever les Canadiens-Français et de faire du Canada le 14e État de l’Union. En réalité, le Congrès, protestant et maçonnique, entend à la fois laver l’affront de 1776 et abolir le Quebec Act qui allie deux puissances conservatrices, l’Église catholique canadienne-française et la Couronne anglaise. Les futurs Étatsuniens veulent aussi l’arrêt des conversions amérindiennes au catholicisme et s’horrifient à l’idée de voir des réformés obéir à des papistes ! Toutefois, faute de moyens et d’aides réelles, La Fayette renonce. Les États-Unis n’oublient pas oublié cet objectif et, en déclarant la guerre en 1812, ils espèrent enfin « conquérir le Canada pour chasser définitivement les Britanniques du continent d’une part, infliger une telle défaite à leurs alliés indiens qu’il deviendra facile de les soumettre durablement, d’autre part (p. 37) ».

     

    Sylvain Roussillon dépeint avec un brio certain les différentes phases de la guerre. Celle-ci se déroule sur plusieurs fronts, d’abord au Nord-Est, dans la région des Grands Lacs avec des batailles navales et lacustres, et au Nord-Ouest. Puis, ensuite, dans le Sud, dans le Golfe du Mexique et sur le Mississippi. La guerre est aussi navale et se passe tant le long de la Côte Est qu’au large des Bermudes et du Venezuela, près des littoraux européens et même dans le Pacifique. « En effet, Américains comme Britanniques vont s’aventurer durant ce conflit dans ces vastes étendues, encore à l’époque mal connues : les premiers, pour tenter d’entraver, avec un succès mitigé, le commerce entre les Indes britanniques et le sous-continent américain, et les seconds, pour y défendre leurs intérêts économiques (p. 99) ». Des marins étatsuniens s’installent à Nuku Hiva, une île des Marquises en 1813. Ils y pacifient les tribus locales et en commencent la colonisation…

     

    Un conflit polymorphe complexe

     

    L’ouvrage de Sylvain Roussillon est riche en détails et en anecdotes et il retrace avec une minutieuse précision, parfois cartographique, offensives, batailles et embuscades. Il évoque par exemple le blocus étatsunien de la forteresse espagnole de Pensacola, la prise par les États-Unis de la ville espagnole de Mobile ou l’occupation britannique d’une ville du Maine. Si les Cherokees combattent pour leur malheur aux côtés des États-Unis comme d’ailleurs 200 volontaires européens anti-britanniques venus du Haut-Canada, la plupart des Amérindiens sont les alliés des Britanniques. Cette entente est due au chef de guerre des Shawnees, Tecumseh, qui sera fait général de Sa Gracieuse Majesté ! Accompagné de son frère, Tenskwatawa, qui prophétise l’unité peau-rouge, Tecumseh envisage une confédération amérindienne et obtient de Londres le droit d’avoir un État au Sud des Grands Lacs, ce qui arrêterait l’expansion occidentale des États-Unis. Ceux-ci se retrouveraient coincés entre cet État, le Canada britannique, le Mexique espagnol qui commence près des berges du Mississippi et une Floride espagnole, britannique ou indépendante. Mais cette nouvelle géographie politique de l’Amérique du Nord repose sur le sort des armes.

     

    Si l’armée étatsunienne franchit le Saint-Laurent et tente d’occuper le Bas-Canada en hiver 1812 – 1813, l’invasion rate encore face à la farouche détermination des Canadiens-Français. En réponse, en 1814, les Britanniques incitent les Creeks à se soulever dans le Sud, occupent la Floride et débarquent en Louisiane. Toutes ces manœuvres tactiques neutralisent les deux belligérants. En revanche, « la petite marine des États-Unis va surprendre par son esprit résolument offensif (p. 59) ». L’U.S. Navy naissante montre même une supériorité certaine sur la Royal Navy ! Sylvain Roussillon relève « la terrible incapacité des Britanniques à utiliser correctement leurs vaisseaux corsaires (p. 169) », à la différence des Étatsuniens.

     

    En 1814, les Britanniques tentent deux actions décisives. Après avoir débarqué dans la baie de Chesapeake, les Britanniques marchent sur Washington. « Les troupes américains, mal disposées, mal organisées, mal commandées se débandent sous les assauts des vétérans anglais (pp. 123 – 124). » Le 24 août 1814, la Maison Blanche et les édifices publics (Congrès, ministères…) sont incendiés. En revanche, les domiciles privés ne sont ni pillés ni brûlés. La destruction de la capitale fédérale suscite un grand élan de patriotisme étatsunien. Deux généraux étatsuniens, Jacob Brown et Winfield Scott, commencent à instruire les troupes des États-Unis à l’européenne. Toutefois, l’improvisation demeure, surtout à La Nouvelle-Orléans où, menacée par les Britanniques, le général U.S. Andrew Jackson se résigne à solliciter l’appui des francophones et des Baratariens, les flibustiers des frères Lafitte. La contre-attaque qu’il mène contraint les Britanniques à rembarquer et lui assurera en 1828 la présidence des États-Unis !

     

    Une paix blanche entérinant le statu quo est accepté à Gand, alors dans le Royaume-Uni des Pays-Bas, le 2 décembre 1814. « Les Britanniques s’engagent à cesser leur politique de provocation maritime, à relâcher tous les Américains enrôlés de force sur les navires de Sa Gracieuse Majesté, et à restituer l’ensemble des bâtiments américains confisqués (p. 146). » La frontière avec le Canada est quelque peu rectifiée et Mobile rattachée à l’Union, mais Londres refuse de rendre les 3 à 4 000 esclaves étatsuniens ralliés. Affranchis, ils seront envoyés en Afrique au Sierra Leone.

     

    Grâce à Sylvain Roussillon, le lecteur français dispose enfin d’une étude roborative traitant de cette guerre anglo-américaine méconnue pour laquelle il faut, pour une fois, regretter la défaite britannique.

     

    Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com/

    • Sylvain Roussillon, L’autre 1812. La seconde Guerre de l’Indépendance américaine, préface de Nicole Bacharan, Bernard Giovanangeli Éditeur, Paris, 2012, 191 p., 18 €.

  • FEMEN : révélations scandaleuses sur une organisation sulfureuse

    La journaliste d’une chaîne de télévision ayant infiltré l’organisation féministe ukrainienne a découvert des détails intéressants concernant le fonctionnement de l’organisation. Sa conclusion : les militantes ont pour objectif de se faire de la publicité et sont financées par des représentants des milieux d'affaires européens et américains.

    Pour comprendre le fonctionnement de l’association FEMEN, une jeune journaliste de la télévision ukrainienne a intégré l’organisation et a participé à ses actions « seins nus » en filmant ce qui se produisait avec une caméra cachée. Elle a suivi pendant plusieurs semaines une initiation professionnelle à l’art de la scène et aux relations publiques, apprenant à se comporter agressivement pour attirer l’attention des journalistes et se présenter comme une victime innocente. Le plus important – c’est d'être à l’aise en montrant ses seins au public lors des manifestations.

    Diaporama : Les membres de l’organisation FEMEN sont descendues dans les rues de Paris

    La nouvelle recrue de FEMEN a fait ses débuts lors de l’action à Paris, où l’association a ouvert récemment un bureau. Les filles de FEMEN sont venues à Paris pour manifester devant le Centre culturel islamique de la capitale française. Selon la journaliste, elle ressentait littéralement sur sa peau les regards chargés de colère des gens, dont les sentiments religieux ont été délibérément offensés.

    « L'action se déroule près du Centre culturel islamique et nous sentons que la foule est prête à nous déchirer en morceaux. Seuls les appareils photo de mes confrères nous ont sauvés du lynchage », a-t-elle dit après la manifestation.

    Le voyage à Paris était offert à la journaliste par l’organisation FEMEN. Le billet d'avion, la chambre d'hôtel, les voyages en taxi et la nourriture coûtaient un millier d’euros par jour pour chacune des participantes, sans compter les frais de costumes, les services des maquilleurs et des stylistes.

    La journaliste a également découvert que les activistes de FEMEN sont payées pas moins de 1000 dollars par mois, le triple du salaire moyen en Ukraine. En outre, le loyer que l’association verse pour son bureau de Kiev s’élève à 2500 dollars par mois, alors que le loyer mensuel du bureau parisien se monte à plusieurs milliers d’euros.

    Malheureusement la nouvelle activiste n’a pas pu découvrir qui sponsorise le mouvement, ni découvrir la personne appelle les militantes à mener telle ou telle action de protestation. La journaliste suppose qu’il s’agit certainement de personnes qui apparaissent souvent aux côtés des militantes du mouvement. Il s'agirait notamment du milliardaire allemand Helmut Geier, de la femme d’affaires allemande Beat Schober, et de l’homme d'affaires américain Jed Sunden. Wikipédia soutient également la version selon laquelle ce dernier financerait les actions de FEMEN. T

    Vladimir Sinelnikov http://www.voxnr.com

  • Obertone, l’agité du box office

    Les damnés des médias sont debout. La vérité est sortie des catacombes et inonde de ses rayons éclatants le peuple martyr. Laurent Obertone a endossé la bure rugueuse du missionnaire, et brandit son petit livre orange, bleu en réalité, comme aurait dit Eluard.
    Bleu, sans le blanc ni le rouge. La couleur du libéralisme triomphant, affirme Michéa. Obertone appartient bien à l’équipe des bleus.
    Un nouveau Céline, clame-t-on. Au moins, un Philippe Muray. Quoi de commun, pourtant ?
    C’est un pamphlétaire.
    Un entrepreneur d’idées ? se serait enquis Louis Ferdinand Destouche…
    Même Pas.
    Comme les anciens Nouveaux Philosophes, les BHL, les Glucksmann, un entrepreneur de portes ouvertes, un agent commercial de truismes, un promoteur de la nouvelle société, libérale. Non certes « ouverte », comme il fut de bon ton de le prôner, mais sécurisée, cadenassée par l’antivirus identitaire, rendue imperméable aux troyens destructeurs. En quoi notre missionnaire est en parfait accord avec nos philosophes préférés des médias à la sauce Finkielkraut.
    En sortant de son trou noir, notre nouveau Savonarole cligne des yeux : le silence va-t-il s'abattre comme un désert sur la parole du prophète ?
    Dans l’édition du 31 janvier dernier de Riposte laïque, ce pot pourri de petites déjections haineuses, c’est bien ce que craignait Eve Sauvagère en piétinant, avec ses bottes de sept lieux communs, la malheureuse Marie Delarue, qui, dans le Boulevard Voltaire du 29 janvier, avait osé prétendre que France Orange mécanique était un « fourre-tout ». Sans prendre garde qu’elle confirme cette sentence en présentant le réquisitoire comme une «  longue – trop longue hélas – énumération de faits divers (qui vont de la simple agression à l’assassinat d’innocents) », elle redoutait plutôt qu’on ait encore « un livre systématiquement boycotté ».
    Re-las ! Non seulement les sites internet en ont rendu compte, se faisant ainsi l’écho de son succès de librairie, comme Atlantico (apparemment son organe de prédilection, sa chapelle, et ce n’est pas un hasard), Causeur, Le Bréviaire des Patriotes, Riposte laïque, etc., mais les louanges se sont déversées dans Minute, Valeurs actuelles, le Figaro Magazine, Radio Courtoisie, la plupart des porte paroles de la galaxie identitaire et néocon, tandis que les médias généralistes comme 20 Minutes, le Point, les Echos le commentaient, sans parler d’Eric Brunet sur RMC, de Robert Ménard ou d’Eric Zemmour sur Paris Première et i-Télé, et last but not least, la consécration !, d'une invitation chez Laurent Ruquier…
    Pour une autocensure, c’est plutôt un tsunami…
    A quoi se réduit ce brûlot qui a tout l’air d’enflammer certains « territoires » de l’imaginaire national ?
    Nous noterons au passage, ce qui n’est sans doute pas anodin, que le livre est préfacé par Xavier Raufer, ancien d’Occident au parcours flamboyant, un habitué de la très libérale émission d’Yves Calvi, C dans l’air, ayant goûté à tous les râteliers, de la Nouvelle droite au Parti Républicain, comparse de Jean-Charles Marchiani, ancien membre du National Strategy de Washington, chargé de cours de criminologie de Georgetown, engagé par le préfet Rémy Pautrat, éminent universitaire etc. Un adoubement de qualité ! Un ticket d’entrée pour une carrière conséquente…
    Xavier Raufer s’est affirmé comme un des experts les plus écoutés sur les problèmes de délinquance, laquelle n’est pas, selon lui, excusable par des causes économiques et sociales. Il a favorisé, depuis une dizaine d’années, la mise en cause de ces fameux « tabous » qui interdisaient, par correction politique, d’appeler un chat un chat (de couleur, en l’occurrence), et qui a contribué à ce que la droite sarkozyste, conduite par l’éminence grise Patrick Buisson, abandonne des « complexes » inoculés par le moralisme de gauche.
    Obertone se réfère aussi au franc-maçon notoire Alain Bauer, qui « répète « ad nauseum » que l’ultraviolence touche de plus en plus d’individus » (Atlantico, 21 février).
    Le reproche avancé par beaucoup, d’un décalage abyssal entre les chiffres avancés par les pouvoirs publics, notamment ceux du Ministère de l’intérieur, et ceux donnés par l’office national d’observation de la délinquance et des réponses pénales » (l’ONDRP), ou tout simplement l’expérience du terrain, les témoignages des victimes ou les recensions de la presse régionale (méthode utilisée par Laurent Obertone), est un procès un peu vain, comme un secret de Polichinelle, en tout cas a depuis belle lurette perdu son caractère sulfureux, subversif, chacun sachant au fond à quoi s’en tenir, même les champions de la ligne édulcorée.
    Le livre d’Obertone pose malgré tout un redoutable problème heuristique. Il serait facile de l’accuser d’adhérer à l’idéologie pérenne de l’extrême droite incarnée jadis par le style de Minute, et actuellement par la rhétorique nauséeuse de Fdesouche, et qui se réduit à une accumulation, une concaténation de faits divers plus ou moins horrifiques et connotés, à une nationalisation du Café du Commerce, dans lequel triomphe la non pensée binaire, dont le fondement est un terrain affectif hyper-éruptif et éructif. C’est là le terreau de la propagande, des enfilades à la chaîne de bonnes grosses atrocités, comme on en a vu l’illustration dans les reportages mainstream sur la Serbie, l’Irak, la Libye, la Syrie… Un pays connu…
    Plus philosophiquement, on se demandera ce qu’est un fait, ce qu’est le « réel ». Problème fondamental, devant lequel pourtant la souffrance des victimes, celle par exemple de cette jeune fille violée dans la rue d’Angers, dont on a enduit le visage d’excréments, ne vaut sans doute par grand-chose, mais qui n’est pas sans quelque importance pour celui qui ambitionne de penser. Car un fait exige d’abord qu’on délimite le champ du corpus, qu’on en identifie les paramètres de validation, qu’on le relativise en l’enchâssant dans une interprétation complexe d’un ensemble qui le subsume et l’explique, bref, un fait ne commence à exister que quand il devient un concept. On peut aligner tous les exemples que l’on veut, à l’infini, l’on n’aura pas pour autant une analyse.
    Toutefois, Laurent Obertone en aurait une. Tout simplement, tout « simplistement », oserait-on dire, il voit dans le déclin de la France, sa perte de compétitivité, la conséquence de l’invasion migratoire. Il explique aussi par cette cause l’ « ensauvagement » de la société, l’émergence d’un nouveau type, brutal, hyper-violent, de criminalité, banalisée et excusée par les théoriciens de la diversité heureuse, cette « chance pour la France ». Et face à ce déni de réalité, cette scandaleuse destruction de la civilisation française arraisonnée par cette nouvelle espèce allogène de barbares, il demande avec insistance des mesures sécuritaires idoines, la perpétuité effective, la peine de mort, des places dans les prisons etc.
    Bref, il serait bon que la France se décidât enfin à devenir ce que sont les USA, où une partie conséquente de la population, notamment noire, est incarcérée, où des condamnés à mort attendent par dizaines qu’on achève leur longe patience, où la perpétuité ne se termine que par une sortie de prison les pieds devant, où la tolérance zéro en matière de délinquance est vraiment appliquée. Sans d’ailleurs que, dans l’ensemble du territoire, elle ne baisse substantiellement, et sans que de nouvelles formes, aberrantes, de tueries et de criminalité n’apparaissent ou ne se développent.
    Il est crétin de remettre en cause les chiffres avancés par Obertone. Seul Médiapart s’y lance, au risque du ridicule. Que la violence de la société actuelle ravage les corps et les consciences, qui le niera, hormis des idéologues désormais dépassés par le virage de la fin des années quatre-vingt dix, qui vit la prise de conscience, de la part de l’intelligentsia de pouvoir, que beurs et blacks pouvaient être aussi, entre une séance de tags et une autre de rap, des antisémites ?…
    Tout ce que l’on peut avancer en revanche à propos de la barbarie, la décivilisation, de notre monde, n’est pas contenu dans la recension des actes délictueux qu’on placerait dans la rubrique « faits divers ». La brutalité est partout, depuis que les protections traditionnelles du corps social ont volé en éclat, la famille, la religion, le parti, le quartier, le syndicat, le bistrot… L’individuation agressive de la modernité, la transformation de la personne en atome narcissique, dépressif, le règne dissolvant de la marchandise, la perte des repères dans un monde universalisé, la destruction des solidarités, ont porté la brutalité animale jusque dans les foyers, jusque dans les cœurs, les usages. L’abandon de la civilité commence avec l’attention captivée, au détriment des autres, par l’écran du portable. L’autorité, dans tous les domaines, est bafouée au nom de principes démagogiques. L’imaginaire est peuplé de monstres audio-visuels, de cauchemars informatisés, de délires cybernétiques. La muflerie s’installe, avec sa dose de mépris pour tout ce qui n’est pas monnayable. La prostitution devient un secteur usuel, ainsi que la vulgarité, dont on ne perçoit même plus qu’elle est vulgaire, tant culture, raffinement, sensibilité sont devenus choses abolies. Et cela, non seulement dans les quartiers « difficiles », mais partout. Et ajouté à ce naufrage culturel, civilisationnel, un amollissement des courages, une perte abyssale de curiosité, d’intelligence, d’appétence pour ce qui est vraiment nouveau, un lâche soulagement d’être intégré confortablement dans la tiédeur étouffante du troupeau.
    Il n’est pas sûr que la « rébellitude » d’Obertone n’entre pas dans cette logique.
    Car comme il existe des postures indignées à gauche et à l’extrême gauche, qui ne sont que des suppléments d’âme sans conséquence du système, voire pire s’ils s’incarnent dans l’immigrationnisme militant, au nom de l’internationalisme, il y a une extrême droite conventionnelle, qui joue bien son rôle, qu’on voit éclore de-ci, de-là, en Europe, et qui est l’exacte réplique mimétique de l’autre pôle. Elle n’est, somme toute, que l’appât sécuritaire de peuples abandonnés à leur sort.
    Si l’on se réclame du libéralisme, comme le fait un Obertone présenté à Sarkozy par Houellebecq, quand il rejette les idées d’Egalité & Réconciliation, ou de Marine Le Pen, trop « marxiste » à son goût, au discours trop « mélanchonien », il faut expliquer pourquoi le patronat, le MEDEF, par la voix de Laurence Parisot, militent pour davantage d’immigration. Stéphane Guilly avance, par exemple, que le nouvel ordre libéral repose sur une sorte de « deal » entre deux pôles extrêmes de la société, entre les classes moyennes supérieures, intégrées à l’économie mondialisée et résidant dans les centres-villes des métropoles, et un sous prolétariat d’origine immigrée, vivant dans les périphéries de ces grandes cités, se satisfaisant de travaux sous payés et aux conditions drastiques et flexibles, tandis que les classes populaires traditionnelles, évincées, exclues de l’économie réelle, se retrouvent dans les « territoires » qui ne comptent pas. Gentrification et immigration sont devenues les deux mamelles du libéralisme avancé. On a beau jeu alors de prétendre, avec vraisemblance, que le libéralisme ne peut progresser que grâce à ce facteur. Si l’on est logique, et que l’on désire un succès économique de la sorte, et « enrayer le déclin de la France par un surcroît de productivité », il faut donc souhaiter une explosion migratoire !
    Autrement dit, pour parvenir à une critique substantielle de l’immigration, il faudrait passer par le concept de libéralisme mondialisé. Enlevez l'immigration, le fond du problème aura-t-il disparu ?
    Soit dit en passant, et je n’insisterai pas pour le moment sur cette abjection qui consiste à assimiler, par synecdoque propagandiste, l’ensemble des immigrés au rebut des quartiers, à sa pègre, à sa racaille, on ne fera par l’économie d’une remise en cause radicale de l’occidentalisme, de notre civilisation européenne (l’Histoire ayant toujours tendance à donner tort aux vaincus, encore s’agirait-il de savoir pourquoi nous avons été vaincu, et surtout par qui !), c’est-à-dire, in fine, de ce qui semble être la référence ultime d’Obertone, à savoir la France telle qu’il l’entend, blanche, laïque ou chrétienne, respectueuse des civilités etc., en fait une France qui s’est vendue pour un plat de hamburgers.
    La véritable violence faite historiquement à notre peuple, monsieur Obertone, c’est l’américanisation, le culte du fric, l’individualisme libéral, la déterritorialisation marchande, le déracinement illuminé de la modernité, la rationalisation des liens, la technicisation des habitus…
    Notre pamphlétaire, du reste, pour expliquer l’ensauvagement de notre société et la duplicité de nos élites, se réfère à la sociobiologie, ou plus précisément à l’éthologie, à la science du comportement animal, telle que l’a illustrée brillamment un Konrad Lorenz. Il est vrai que nous sommes des animaux, et qu’en nous réside un atavisme comportemental, aisément discernable, au demeurant, pour peu qu’on nomme les choses par leur nom, dans le paysage social, et pas seulement dans les « quartiers difficiles » : il n’est qu’à constater les ravages du droit de cuissage ou de la promotion sur canapé qui sévit dans certains microcosmes. Mais passons sur ce point. Cependant, cette réduction bien contestable à la biologie (« les thèses du biologiste Richard Dawkins selon lesquelles nous serions prisonniers de nos gènes » (Atlantico, 19 janvier)), si elle n’est pas maîtrisée, laisse perplexe quand il s’agit d’en tirer les conséquences (sans compter que cette animalisation de l’humain est flagrante dans le jeu pervers des désirs consuméristes et pornographiques de la société libérale « avancée »). Constatant en effet que « de favoriser les faibles on en vient naturellement à pénaliser les forts » (Atlantico, 20 février), Obertone revendique une sorte de darwinisme social. Or, l’on sait que cet évolutionnisme, se réclamant de la sélection naturelle, est à la base de la volonté de puissance des nations à la fin du XIXe siècle – aberration à l’origine de la grande boucherie de 14-18 (avantage idéologique dans le contexte actuel de la guerre occidentale contre les nations enracinées!)- et du libéralisme économique le plus virulent. Seuls ont droit au soleil les plus forts. Quels sont les critères de leur force ? là est toute la question, et s’ils sont déterminés par la logique libérale, il est inéluctable que l’homme le plus puissant soit finalement le troupeau des derniers hommes. Un Léviathan dilué dans la masse… Aussi bien la notion d’évolution, si elle est déjà complexe dans le monde animal, devient un casse-tête dans l’univers hautement symbolique, culturel, de l’humain. Obertone l’avoue à demi-mot : « Qu’on soit artiste, journaliste, universitaire, souvent magistrat, cette morale [« hors sol »] est quasi-indispensable pour réussir une carrière. » (Le Bréviaire des Patriotes, 13 février). C’est effectivement là le problème. Et il n’est pas non plus impensable que, les masses basculant d’un extrême à l’autre, le conformisme de demain, à la Obertone, ne devienne aussi piètre que celui qui lui sert de cible actuellement.
    De qui Obertone est-il le nom ? demandera-t-on en parodiant Alain Badiou.
    La perspective d’une gigantesque intégration, économique, sociale, politique, de l’Europe occidentale, à la sphère civilisationnelle américaine, à l’empire yankee, a déclenché depuis un ou deux lustres de grandes manœuvres pour s’y préparer. A la « démocratisation » blairienne de la gauche française, incarnée par le groupe de réflexion Terra Nova, et illustrée par les réformes « sociétales » telles que le mariage homo, répond une « droitisation » sans conséquence, mais hautement proclamée, des partisans d’un libéralisme sécuritaire, tel qu’il est appliqué parfois aux USA, notamment dans la revendication nouillorquaise de la tolérance zéro, dans l’adoption du Patriot Act, voire dans la programmation de camps tels que Guantanamo… Pur fantasme : la pure répression, l'augmentation des places de prison, la perpétuité réelle, la peine de mort, l'idéologie de l'enfermement comme solution à la délinquance, favorisent l'ensauvagement de la société. C'est créer un pôle référentiel de la fabrication du sous-homme comme voie vers le salut. C'est trop facile de travailler à humilier, détruire, pour penser valoir quelque chose. Chacun porte son monstre en soi. La société la plus animale, la plus brutale qui soit, la société américaine, applique sans sourciller ces principes rudimentaires dignes du Far West.
    Cette droitisation ne renie pas le libéralisme mondialiste, au contraire, ni ses conséquences, ni même les réformes sociétales qu’il implique au nom d’une liberté tous azimuts. Cependant, le libéralisme étant somme toute une guerre des riches contre les pauvres, il est nécessaire que le système se pourvoie d’un appareil répressif, d’un dispositif idéologique agressif, pour parer à toutes les éventualités insurrectionnelles.
    Il est évident par exemple que l’alliance de toutes les victimes du chaos marchand, ou des religions antimodernistes, serait un cauchemar pour l’oligarchie. L’aile sécuritaire est donc d’une importance sans pareille pour armer les consciences dans ce combat douteux.

    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com

  • Les États-Unis commencent à couper dans les dépenses publiques

    Faute d’accord entre républicains et démocrates, le « séquestre » est entré en vigueur hier soir. Barack Obama reçoit les leaders du Congrès aujourd’hui.

    Ca y est, le « séquestre » est entré en vigueur, hier, à minuit. Faute d’accord sur la réduction du budget entre démocrates et républicains, des coupes automatiques de 85,3 milliards de dollars, d’ici à fin septembre, vont commencer à entrer en application.

    Avec une liste impressionnante de conséquences négatives potentielles, pour les Américains comme pour les touristes du monde entier qui se rendent aux États-Unis : du chômage technique pour des centaines de milliers d’Américains, notamment pour les civils qui travaillent pour le Pentagone, des horaires restreints pour l’accès aux parcs nationaux, des files d’attente plus longues aux aéroports par manque de personnel, à la fois aux contrôles de sécurité et dans les tours de contrôle, des aides à la recherche d’emploi suspendues, des intoxications alimentaires en hausse par manque d’inspecteurs sanitaires…

    Barack Obama a constamment cherché à dramatiser les conséquences des coupes automatiques, au cours des derniers jours, dans l’espoir que les Américains les imputeront aux républicains. Il s’est, par exemple, rendu sur les chantiers navals de Huntington Ingalls, à Newport News, en Virginie, pour donner un exemple. Les coupes dans la défense (voir page 7) pourraient empêcher la Navy d’y envoyer des navires à l’entretien, ce qui toucherait non seulement l’entreprise en question, mais aussi ses fournisseurs, dans tout le pays.

    Le président américain se montre intransigeant dans ce dossier. Comme l’ont démontré, d’abord, son discours d’investiture en janvier, puis son discours sur l’Etat de l’Union en février, il ne veut faire aucun cadeau aux républicains, à qui il ne pardonne pas leurs pratiques d’obstruction au cours de son premier mandat. La Chambre des représentants est contrôlée par le G.O.P., qui a en outre la possibilité, au Sénat, de retarder ou saboter des lois via la procédure du « filibuster ». Depuis des semaines, les deux camps sont restés dans un dialogue de sourds pour savoir comment réduire le déficit.

    Les démocrates veulent augmenter les recettes fiscales en supprimant nombre d’exonérations favorables au « big business ». Les républicains estiment qu’ils ont déjà consenti à des hausses d’impôts pour les Américains les plus aisés en janvier et que c’est désormais aux démocrates d’accepter leurs demandes de coupes dans les programmes sociaux.

    Aujourd’hui a lieu à Washington une réunion de la dernière chance : Barack Obama reçoit les leaders républicains et démocrates des deux Chambres, John Boehner et Mitch McConnell pour le G.O.P, Nancy Pelosi et Harry Reid pour les démocrates. Mais cette réunion intervient singulièrement tard. Ce qui a fait déclarer à l’attaché parlementaire d’un élu républicain : « pourquoi le président organise-t-il une réunion vendredi alors que le séquestre doit s’appliquer jeudi à minuit ? Soit il faut que quelqu’un achète un calendrier à la Maison-Blanche, soit c’est une plaisanterie. Ils (les démocrates) devraient au moins faire semblant d’essayer ». Le ton est donné.

    Reste à voir quel sera le véritable impact du séquestre. Les démocrates ont, volontiers, aligné les prévisions sombres : une amputation de 0,6 % de la croissance pour 2013, c’est plus de 750.000 emplois menacés, à un moment où le chômage refuse obstinément de descendre sensiblement de la barre des 8 %, selon le bureau du budget du Congrès. Le FMI a, lui, estimé, hier, que la croissance américaine pourrait être en 2013 inférieure de 0,5 % à ce qu’elle aurait été sans les coupes. Il estime qu’il « y aura un impact sur la croissance mondiale. Les pays les plus affectés seront ceux qui ont les liens commerciaux les plus profonds avec les États-Unis ». Le syndicat AFL-CIO a, lui aussi, poussé un coup de gueule, estimant que le séquestre allait toucher, en priorité, les Américains les moins bien payés et aurait un impact sur la consommation.

    D’autres voix s’élèvent pour relativiser. D’abord, les coupes se feront sentir progressivement. Les mises à pied ne peuvent intervenir qu’après un préavis de 30 jours. Selon Alan Blinder, de l’université de Princeton, il s’agit « seulement d’un ralentisseur » sur la route de la croissance, rien de majeur. L’agence de notation Fitch a déjà prévenu que l’entrée en vigueur du séquestre ne la conduirait pas à dégrader sa note souveraine (AAA).

    Ce qui préoccupe plus, désormais, les conjoncturistes, c’est l’approche d’une nouvelle échéance potentiellement plus dangereuse : le 27 mars. C’est à cette date que le texte provisoire sur lequel est basée l’exécution du budget, actuellement, expire. Il faut donc en voter un nouveau, et les républicains semblent vouloir partir sur une base minimaliste. Une nouvelle bataille pourrait donc s’engager au cours du mois de mars. Avec, dans l’éventualité d’un échec, un gel pur et simple de l’appareil fédéral.

    Les Échos  http://fortune.fdesouche.com/

  • Les crétins instruits – par NB

    la droite, la gauche, les intellectuels, les enseignants et les médias, ça suffit… ÇA SUFFIT, STOP ! Je ne marche plus, nous ne marchons plus, les nationalistes ne marchent plus.
    Ces crétins instruits qui
    pédalent "comme ces
    petits singes accoutrés de
    jeans et de tutus qui
    répètent ce qu’ils ont appris..."

    -NB-

     Les sales-cons ça existe, les braves-gens ça existe, les gens tarés ça existe, les gens de talent, les gens doués, les gens géniaux et les gens ordinaires ça existe, les inciviques, les égoïstes et les voyous ça existe, les généreux, les grands cœurs et les philanthropes ça existe, les inventifs, les productifs, les entreprenants et les bâtisseurs ça existe, les paresseux, les bons à rien, les destructeurs, les tortionnaires, les mégalomanes, les tueurs, les escrocs, les voleurs et le menteurs ça existe, les grands peuples et les peuples nuls ça existe, les races supérieures et les races inférieures ça existe !

    Contrairement à ce que vous n’avez cessé de dire de redire et de nous faire avaler et ce que vous ne cessez de dire de redire et de faire avaler à nos enfants et nos petits-enfants. On ne vous croit plus messieurs et dames de la droite, de la gauche, des intellectuels, de l’enseignement et des médias. On ne vous croit plus… STOP ! La réalité est là et bien là… on ne veut plus croire que nous ne valons rien et que les gens venus d’ailleurs sont de purs diamants… on ne veut plus !¢
    Nous ne voulons plus être obligés de nous pâmer d’admiration devant le moindre de leurs gestes, de leurs pets ou de leurs rots, ou quand certains, exceptionnellement et à grand peine arrivent à faire les mêmes choses que nous, ou devant leur religion, lamentable et agressive copie de la nôtre 6 siècles après.
    Nous en avons marre, marre de marre et « re-marre », ras-le-bol d’être obligé de faire allégeance à des nains alors que nous-mêmes, nos enfants et nos petits-enfants sommes des géants.
    Nous n’avons jamais eu autant d’échec scolaires, autant de délinquance, autant de crimes que depuis que cette nouvelle immigration déferle sur le pays.
    Nous n’avons jamais été autant insultés, autant interdits d’amour-propre, autant bernés, grugés, manipulés, roulés, dupés, trahis, humiliés que depuis que vous avez décidé que les sales-cons n’existaient pas et que l’éducation pouvait tout.
    Mais les sales cons, figurez-vous, ça existe… la preuve vous en faites partie.
    Quant à l’éducation, elle ne peut pas tout… la preuve : le niveau scolaire baisse de plus en plus, la criminalité augmente de plus en plus, le fanatisme religieux, apanage des religions minables, aigries et jalouses est galopant… ET VOUS N’EN TIREZ AUCUNE LEÇON… AUCUNE !
    Franchement messieurs et dames de la droite, de la gauche, des intellectuels, de l’enseignement et des médias… franchement, sincèrement… pensez-vous que tous les français sont comme vous, des idiots-endimanchés, des intelligents-ahuris, des rhéteurs pérorant, bornés, susceptibles, aveugles et sourds qui ne méritent ni leur appartement, ni leur voiture, ni leur iPhone, ni leur télé, ni leur frigidaire ou même ce qu’ils ont dans leur assiette ?… Non ! Il y a encore des gens sensés, des gens très bien dans notre beau pays, et beaucoup plus que vous ne l’imaginez. Il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens qui aiment ce pays, qui aiment les leurs et qui sont prêts à tout pour les aider et les sauver.
    Tremblez, tremblez messieurs et mesdames les crétins-instruits !
    Tremblez car une majorité de français a le bon-sens chevillé au corps et ils ne boivent plus le poison que vous avez bu et que vous leur servez. On les appelle les NATIONALISTES.
    Tremblez, tremblez donc et profitez-en tant il est encore temps… pédalez, pédalez encore comme ces petits singes accoutrés de jeans et de tutus qui répètent ce qu’ils ont appris et qui font un dernier tour de piste sur leur petit vélo avant de disparaître définitivement dans les coulisses.
    La seule différence entre vous et eux c’est que personne ne vous applaudira quand vous disparaîtrez !

    http://www.francepresseinfos.com/