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  • Malgré la loi et les contraintes, le vivre-ensemble ne marche pas

    PARIS (NOVOpress) – Gérald Pichon, auteur de “Sale Blanc ! Chronique d’une haine qui n’existe pas”, analyse pour Novopress les différents aspects négatifs du vivre-ensemble imposé qui se transforme en l’explosion de communautarismes antagonistes.

    A l’inverse de l’image d’Epinal d’une « République française métisse » et à contrario du discours purement démagogique sur le nécessaire «vivre ensemble », les communautés ont ostensiblement refusé de se mélanger et se sont même séparés au cours des dernières décennies. C’est ce que démontre brillamment le géographe Christophe Guilluy dans son livre « Fractures françaises ».

    Recul de la mixité et dynamique de séparation
    L’analyse de l’évolution du voisinage des enfants d’origine étrangère entre 1968 et 1999 montre « que si les enfants d’immigrés originaire d’Europe du Sud ont vu la possibilité d’avoir des voisins d’origine française s’accroître, cette tendance est inverse pour les enfants d’immigrés originaires de pays extra-européens » (Maroc, Afrique subsaharienne et la Turquie). Ces derniers ont un voisinage composé en moyenne de seulement 40% de Français de souche. Autre chiffre, le voisinage des jeunes Français dont les deux parents sont nés en France est composé à plus de 80% d’enfants de la même origine alors que le taux de jeunes Français d’origine étrangère est passé en trente ans de 11,7 à 16,9%. Pour Christophe Guilluy, « ce constat illustre non seulement un recul de la mixité, mais une dynamique de séparation au sein même des milieux les plus modestes ».

    Perte de confiance, isolement : bienvenue dans les villes de la diversité ethnique
    Car comme l’a démontré l’étude du sociologue et politologue américain Robert Putnam, « plus la diversité ethnique et culturelle grandit, plus la confiance entre les individus s’affaiblit (…) pire, dans les communautés les plus diversifiées les individus ont moins confiance en leurs voisins » ! Pour ce chercheur proche de la gauche américaine, « la diversité ethnique conduit généralement à l’anomie et à l’isolement social ».

    Le piège des statistiques ethniques : imposer les extra-européens
    Le débat sur l’opportunité d’autoriser les statistiques ethniques agite depuis quelques années les ligues de vertu de l’antiracisme et l’Etat républicain. Utilisées à bon escient, elles pourraient être outil performant pour connaître efficacement l’avancée du Grand Remplacement des peuples européens par les communautés extra-européennes ou le profile des délinquants. Malheureusement, c’est à une toute autre utilisation que se destinent les statistiques ethniques, celle d’imposer les minorités visibles dans les villes et entreprises où ils sont encore en sous nombre. En 2006, le rapport « Les statistiques “ethniques” : éléments de cadrage » du Centre d’analyse stratégique montrait dans le cas des HLM que c’est une volonté d’agir positivement « en faveur des immigrés qui a été à l’origine de la construction de tableaux sur la base de critères ethniques » afin de respecter la loi sur la mixité sociale. Dans un futur proche, il est probable que les communes encore trop pâles soient invitées à accueillir plus de diversité sous peine de sanction financière dans un premier temps, ou sous la menace des armes dans un second temps.

    Nicolas Sarkozy – Malek Boutih : la contrainte du Grand Mélange
    Car le Grand Mélange de la société française n’est plus devenu un choix individuel mais une contrainte comme l’a déclaré publiquement l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy (1) (vidéo ci-dessus). Malek Boutih, président de SOS Racisme de 1999 à 2003, secrétaire national du Parti socialiste chargé des questions de société de 2003 à 2008 et membre du bureau national ne dit pas autre chose en préconisant la reconstruction, « dans un vaste plan Marshall des cités, des quartiers ethniquement mélangés. Black-blanc-beurs. Même s’il faut recourir au tri ethnique, même s’il y faut un peu de force, on n’y coupera pas… » !

    A quand la création d’une police de la Diversité ?

    (1) Discours de Nicolas Sarkozy sur « l’égalité réelle des chances et la promotion de la diversité » à l’École polytechnique à Palaiseau (Essonne) : « L’objectif, c’est de relever le défi du métissage. Défi du métissage que nous adresse le XXIème siècle. Ce n’est pas un choix, c’est une obligation, c’est un impératif. On ne peut pas faire autrement (…) Si ce volontarisme républicain ne fonctionnait pas, il faudra que la république passe à des méthodes plus contraignantes encore. »

    http://fr.novopress.info

  • Les « machines » ou le vote communautaire aux USA

    Les Etats-Unis, premier pays à accéder à la démocratie au XVIIIe siècle, inaugurèrent une de ses déclinaisons un peu particulière au travers du gouvernement des villes, du milieu du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe, ce qu’on appela les « political machines ».

    Ce système, issu d’un usage primaire de la démocratie, était adapté aux besoins non moins primaires des nouveaux Immigrants. Si les pères fondateurs étaient arrivés pour des raisons religieuses, ceux du XIXe étaient plutôt poussés par la misère et la famine vers l’Amérique. Devenant rapidement citoyens et électeurs, ils s’attiraient les attentions intéressées des partis politiques qui voulaient gouverner les villes. Aidés et secourus par des associations caritatives liées à ces même partis, ils fournissaient en retour les bataillons électoraux nécessaires pour leur assurer la pérennité du pouvoir. La machine électorale ne recherchait pas la victoire d’un maire pour l’accomplissement d’un projet politique déterminé mais avait pour seule ambition sa propre survie afin de fournir toutes sortes de prébendes à sa clientèle. On était loin des aspirations politiques des aristocrates puritains de la Nouvelle Angleterre, inventeurs de la démocratie américaine.

    Cette pratique discutable fut essentiellement le fait du Parti Démocrate qui s’en fit une spécialité. Le parti Républicain n’y a eu recours qu’exceptionnellement. L’enfer étant pavé de bonnes intentions, la raison originelle de cette déviance trouva son origine dans les traditions de solidarité d’une communauté irlandaise très soudée pour des raisons historiques, liées au sort tragique de la mère patrie.
    De philanthropique à l’origine, la machine présenta vite tous les avatars conséquents à un tel contexte : clientélisme, spéculation, népotisme – et son corollaire l’incompétence des fonctionnaires -, et surtout au stade ultime, le règne du crime organisé sur certaines villes. Chicago en constitua l’exemple le plus significatif. Au final la machine a disparu très lentement à certains endroits, tant elle était incrustée.

    I. La vie politique américaine et ses particularités

    Contrairement à la vie politique européenne, il n’y a pas d’affrontements idéologiques aux Etats-Unis, ou du moins les idéologies américaines diffèrent des idéologies européennes. Les deux partis principaux sont très peu différents à nos yeux, leur dualité reposant sur la question de la primauté du pouvoir central fédéral ou du sur celle du pouvoir des différents Etats. Au départ les Démocrates étaient anti-fédéralistes, c’était les milieux d’affaires du Nord, composés par l’aristocratie urbaine et puritaine, défendant la liberté des Etats face au pouvoir fédéral. Le Parti « Républicain-Démocrate » (qui devint ensuite le Parti Démocrate) naquit en 1798. Il a évolué au fils des circonstances vers une doctrine inverse dès 1890 puis dans les années 1930 avec Roosevelt et le New Deal.

    Le Parti Républicain est né plus tard, mais les partis qui en sont à l’origine étaient au départ partisans de la décentralisation. C’était plus le parti des ruraux, partisans de l’esclavage. Le Parti Républicain, « Great Old Party » vit le jour en 1854 et regroupa des dissidents nordistes du parti Whig (une formation éphémère) et du Parti Démocrate, en opposition aux partisans démocrates du pouvoir des Etats. Surtout ils étaient protectionnistes. Le problème de l’esclavage fut le déclencheur. Les bien-pensants qui aujourd’hui encensent Lincoln et dénigrent les Républicains oublient que ce Président nordiste qui a mené la Guerre de Sécession contre les esclavagistes du Sud, était républicain. Et que cela ne fut pas sans incidence au départ sur le vote Noir.
    En fait, il y eut inversion des choix, les fédéralistes sont les ancêtres des Républicains, les Républicains ceux des Démocrates.

    Les USA sont une démocratie décentralisée de proximité. Les élections des instances représentatives se font au niveau des Etats. Les Américains élisent les gouverneurs, les shérifs, les maires… Les élus locaux ont une grande autonomie, les opportunités électorales sont nombreuses. Pour comprendre aussi le pourquoi de la mise en place du système des political machines, il faut avoir à l’esprit le « système des dépouilles ». Un président démocrate, Jackson (1829/1837) avait licencié des fonctionnaires incompétents à son arrivée. Du coup, après lui, son successeur républicain licencie tous les fonctionnaires de l’administration précédente. Depuis, l’habitude a perduré et la fonction publique change après chaque élection.

    II. Les Irlandais catholiques débarquent en nombre

    Les Irlandais catholiques arrivent en nombre à New York au milieu du XIXe siècle. De la misère de leur île natale et de sa situation politique sous le joug anglais, ils importent un état d’esprit né du « whiteboysism ». Les white-boys, aussi appelés les Niveleurs, les Lady Clare ou les Molly Maguire, sont des personnages dont le signe de reconnaissance est une chemise blanche, un ruban vert et balle au fusil. Ils se sont organisés contre la domination anglaise par la création de tribunaux parallèles. La main mise anglaise sur l’Irlande s’étant opérée par la spoliation des terres (raison première de l’intérêt porté par l’Angleterre exsangue sur la verte Erin), cela se traduisait par le fait que les litiges opposant les propriétaires anglais aux fermiers irlandais, voyaient toujours des verdicts favorables aux Anglais, devant les tribunaux légaux, comme il est aisé d’imaginer. Il « convenait » donc de rejuger. Les White Boys prononçaient des verdicts contraires. Afin de faire exécuter les « sentences », ils exerçaient des menaces directes sur les propriétaires anglais (envoi d’une balle comme avertissement sans frais…). Les travailleurs étrangers délocalisés en Irlande par les Anglais, ou les fermiers irlandais qui acceptaient de reprendre les fermes dont les propriétaires anglais avaient auparavant expulsé des fermiers irlandais, étaient aussi l’objet de leurs « attentions ».
    Bien évidemment c’était une organisation clandestine et illégale (pouvant aller jusqu’au meurtre des récalcitrants) mais, basée sur des principes de justice, la population irlandaise la respectait. Elle reposait sur la solidarité, la loi du silence, l’organisation. Cela n’avait rien à voir avec une milice, dont l’existence se « justifie » par l’absence de pouvoir existant, même oppressant et spoliateur. Là il s’agissait d’organisation parallèle.

    Les Irlandais arrivés les premiers en tant qu’immigrants au XIXe siècle à New York ont donc une solide expérience de l’organisation, et parlent anglais. Ils ont juste à adapter leurs habitudes de rebelles à la démocratie des villes américaines pour les diriger. New York fut la première grande ville de l’histoire à être dirigée par « le peuple » ou du moins des élus qui le représentait directement.

    ● Saint Tammany et le Parti Démocrate

    Les Irlandais récupèrent à leur profit une organisation antérieure, la société de Saint Tammany. Tammany, Chef indien du Delaware, se convertit au Christianisme et fut canonisé en 1770. La Société de Saint Tammany était vouée à lutter contre l’influence des grands aristocrates et les « mauvais » étrangers, une vision que d’aucuns qualifieraient volontiers de « populiste » de nos jours. Les structures de l’organisation ont des références indiennes, le chef ou « grand sachem » doit être né en Amérique. Ils tentent d’exercer une influence par leurs votes sur la démocratie. En 1832, ils parviennent à faire élire leur héros (un homme d’origine modeste), le général Andrew Jackson, choisi par le Parti Démocrate comme candidat. C’est ainsi que débute leur « fusion » avec le Parti Démocrate, parti qui auparavant attirait à lui les aristocrates autochtones …par méfiance envers les Irlandais… Ironie des circonstances, le Parti Démocrate devient le pilier des Irlandais.

    ● La prédominance irlandaise sur New York

    L’Amérique est une terre d’immigration, les nouveaux arrivants obtiennent vite la nationalité américaine. De plus, en 1826 est supprimée une clause qui imposait un cens électoral. Pour s’en rendre compte, relevons qu’il y avait 18.000 électeurs en 1825 à New York, 43.000 en 1835. Pour l’élection du maire le suffrage est indirect au départ, mais direct après 1834.

    De plus l’immigration irlandaise explose entre 1846 et 1848 consécutivement à la grande famine. Les Irlandais s’installent nombreux dans la sixième circonscription de l’East Side. En 1850, un quart de la population de New York est d’origine irlandaise, cinq ans plus tard elle est d’un tiers. Contrairement à d’autres immigrés dont les Scandinaves et les Allemands, plus ruraux et qui vont s’installer à l’intérieur du pays, les Irlandais choisissent la ville, et ils y fondent des églises catholiques. Nombreux et dotés du droit de vote car devenus Américains, on assiste d’après le sociologue Moynihan, à la « fusion entre les usages de la campagne irlandaise et la politique de la ville américaine ».

    III. La machine

    Un parti préexistant, le Parti Démocrate et une structure antérieure, la société de saint Tammany, ont permis aux Irlandais de commencer à élaborer un « système » – la machine – qui devait leur permettre de mettre la main sur New York. Et dès le milieu du XIXe, la machine fonctionne.

    Au départ, il y a échange de bon procédé : entraide (Saint Tammany) contre « bon » usage de son bulletin de vote. Toutes les organisations irlandaises d’entraide, même apolitiques, avaient des liens avec le Parti Démocrate. Un immigré fraîchement débarqué a du mal à survivre dans la grande ville sans aide. L’aide c’est la Providence. Pour trouver un logement – la ville est surpeuplée – un travail ou un marché (si c’est un petit entrepreneur), et quelques fois pour certains, nourriture et vêtements. La « machine » est là pour aider.
    Elle aide aussi les malades (fourniture de médicaments) ou les victimes d’accidents (nombreux incendies à l’époque qui font de nombreux sinistrés), a aussi ses entrées dans le système judiciaire pour les délits mineurs. Elle aide aussi les personnes en faillite pour se reconstruire, organise des kermesses pour trouver de l’argent pour les familles des travailleurs victimes d’accidents du travail. Elle fournit aussi des aides au plan administratif. Elle s’adapte aussi aux immigrants suivants, qui ne sont plus essentiellement irlandais ni anglophones : Juifs d’Europe centrale, Italiens, etc. C’est l’intelligence du système.
    Mais la machine aide aussi les autres « pauvres » ou les immigrants installés. En fait, elle se substitue à une aide sociale d’Etat qui n’a jamais vraiment vu le jour en Amérique où les aides sont souvent restées aux mains de bienfaiteurs privés.

    L’aide étant subordonnée au bulletin de vote, il est vital de garder l’électeur sur le territoire. La naturalisation est encouragée mais surtout, l’électeur doit s’engager moralement à ne pas déménager en échange du service rendu. Ce qui est parfois un peu contraignant, l’Irlandais aurait tendance à chercher à s’installer dans des quartiers agréables, dès que sa situation s’améliore… L’Eglise catholique qui y trouve aussi son compte, participe également à ces incitations à l’enracinement électoral. L’engagement est moral, la loyauté est au cœur du système.

    ● Le boss : les élus passent, le boss est éternel

    Particularité du système, la pierre angulaire n’est pas l’élu, c’est le boss. Il est au cœur de chaque circonscription, ou ward. En fait le système a deux piliers.
    La machine n’est pas au service du politicien élu, c’est le politicien qui est au service de la machine. C’est à lui [le Maire] qu’il revient d’accorder des avantages aux électeurs afin de faire marcher la machine en leur faveur. Entre autres applications, à New York en 1855, sur 1149 agents de police municipaux, 431 sont d’origine irlandaise, soit un quart.
    Le boss a des lieutenants, un par secteur de son ward, afin de « surveiller » l’électorat, sait-on jamais. Mais c’est le boss qui se montre aux populations en difficulté quand il y a lieu. Il promet l’aide de la machine sans leur demander leur vote. Il sait que « les pauvres sont plus reconnaissants que les riches » … Il dispose d’emplois en réserve dans la fonction publique ou peut influencer les employeurs inféodés à la machine pour qu’ils emploient ses obligés.

    Cette organisation bicéphale fait toute la différence. Un boss, n’est pas un élu de l’élite. C’est l’interface agissant. Traditionnellement pour l’élite, l’engagement en politique est un devoir, un service rendu à ses concitoyens, moins favorisés. Mais la classe à laquelle il appartient, la bourgeoisie, attend de ses représentants traditionnels des lois en faveur de ses intérêts. Là, c’est un peu la même chose sauf que l’élu est redevable au peuple, et que l’idéologie en est loin. Le peuple a des besoins plus primaires qui ne s’embarrassent pas de justifications idéologiques. L’idéologie est un souci d’intellectuel, du moins de celui qui est libéré du souci de sa survie…

    ● Les dérives et les réactions qu’elles entraînent

    Les machines sont coûteuses car elles doivent organiser de nombreuses manifestations pour encadrer les citoyens (parades, défilés). Elles font payer les chefs d’entreprise afin de bénéficier de leurs bienfaits. Avec ces budgets considérables, arrive la corruption même si tous les bosses ne sont pas corrompus. De plus, si les immigrants participaient à la vie de la société américaine en votant, ils n’étaient plus consultés sur le choix des candidats. Mais surtout, l’élu au service de la machine devait être un candidat docile, sans grande personnalité, afin d’être là uniquement pour faire tourner la machine. On atteignait ici les limites de ce système clientéliste. Ceci provoqua de nombreuses réactions de l’élite. Un boss resté célèbre, évoque une… corruption honnête et une corruption malhonnête. L’honnête profite du système mais agit dans l’intérêt de la ville. Il explique ce qu’est une « honnête spéculation ».

    Ce système de clientélisme politique est tel qu’il gagne le système politique entier. Un président, Garfield est assassiné en 1891 (par un « client » mécontent). En réaction, le Pendleton Act, en 1883, met fin ou en partie au système des dépouilles. Le Civil Service Commission, met sur pied un système de concours pour accéder aux postes de fonctionnaires fédéraux. Le système va être opérationnel entièrement au milieu du XXe siècle.

    Dans les villes comme New York il y a tentative de confier l’administration à des commissions de professionnels vers 1850-1860. Mais surtout on adopte l’usage du vote à bulletin secret pour la première fois, lors des présidentielle de 1896. Ces changements vont limiter les dégâts mais pas avant le milieu du XXe siècle. Entre temps, Chicago a offert un exemple paroxystique des dérives.

    ● Chicago, de la machine à la corruption généralisée et au crime

    Chicago fut une ville turbulente, bastion des luttes sociales américaines. En 1830, Chicago n’est qu’un bivouac. En 1850, elle compte 300.000 habitants, 1 million en 1890, 1,7 million en 1900. Elle voit arriver des Irlandais puis des Allemands. Il y a de nombres rixes vers 1850, en 1855 les émeutes de la bière mettent en relief le besoin de contrôler la municipalité. Au départ, il y a alternance entre Républicains et Démocrates selon leur capacité à fournir des emplois aux nouveaux arrivés, c’est le terreau du absolu du clientélisme et du gouvernement des machines. C’est une ville de revendications ouvrières au départ. Là encore, on l’oublie en France mais le 1er mai naquit à Chicago, en 1886. Une manifestation pour réclamer la journée de 8 heures entraîna des émeutes où des ouvriers et des policiers furent tués. Il s’ensuivit les exécutions de huit leaders ouvriers anarchistes, les « Martyrs de Haymarket ».

    C’est aussi à Chicago qu’eurent lieu les tentatives du « Mouvement Progressiste » au début du XXe siècle. Des hommes politiques d’origine sociale aisée voulaient prendre la municipalité en défendant la cause des ouvriers. Mais ces derniers à la botte des machines démocrates, se défièrent d’eux car ces hommes politiques étaient suspects de sympathie pour les Républicains. Il y eut aussi tentative de réorganiser la machine en 1931 par un élu démocrate, un maire originaire de Bohême, Anton Cermak. Il s’est appuyé sur les immigrants récents contre le maire précédent lié au syndicat du crime, assassiné en 1933. Il voulait intégrer les Noirs. En effet, Chicago voit arriver une forte immigration noire du Sud après 1910, avec le cortège classique, la ségrégation et les émeutes quand des Noirs veulent fréquenter des lieux réservés aux Blancs. Malgré tout ils s’organisent dans leurs quartiers au sud de la ville et votent républicain (Lincoln était républicain). Oscar de Priest devint le premier élu municipal noir en 1915, puis au congrès en 1928, remplacé en 1934 par un autre Noir mais démocrate. Les Noirs sont nombreux mais la machine électorale démocrate pour conserver son électorat blanc faisait perdurer la ségrégation. La machine atteint là toutes ses limites.

    En 1955, Richard Daley, d’origine irlandaise est élu maire. Il est démocrate et est réélu grâce à la machine jusqu’en 1976. Il est considéré comme le « dernier boss des grandes villes » (en fait il fut maire) et fut très controversé. Il a modernisé la ville, a réduit la ségrégation, aidé au départ des classes moyennes noires des ghettos bastions, mais a laissé les autres habitants encore plus à la merci de la machine démocrate. Il pratiqua le déni de réalité sur l’existence du ghetto pour conserver l’électorat populaire blanc. De là l’émergence du mouvement Black Power dans les quartiers noirs du West Side ou South Side. On assista à une ethnicisation du vote. Quelques membres des classes moyennes noires purent quitter les ghettos, les autres tentèrent de s’allier aux Latinos. Surtout Daley fut soupçonné de toucher des pots de vin, car il dissout toute une unité de police sous un prétexte futile, celle justement chargée d’enquêter sur les activités criminelles. Le ghetto noir se radicalise, on voit émerger à Chicago les Blacks Panthers. Ils tentent par la violence, de regrouper des Noirs, des Latinos et des Blancs opposés au système Daley. En 1969, ils sont tout simplement assassinés dans leur appartement par la brigade antisubversive du département de police.

    ● Al Capone et la machine

    Chicago, voit l’émergence du crime organisé, grâce aux réseaux de la machine. Les responsables de la pègre intègrent les circuits municipaux. Al Capone, né à Naples en 1895, a grandi à New York parmi la pègre. Durant la Première Guerre Mondiale il acquiert sa célèbre balafre ou scarface. Il gagne Chicago et met la main sur la criminalité italienne de la ville. La prohibition est ratifiée au niveau national le 29/01/1919 par le 18éme amendement de la Constitution.

    Dès 1920, il achète les policiers et les juges de la ville avec la complicité des politiciens. Le phénomène alerte dès les débuts les esprits honnêtes – un réseau important d’hommes d’affaires, de journalistes, de politiciens – tentent de réagir. Il y a mise en place de commissions contre le crime. Ils parviennent à démontrer la corruption de 712 officiers de police dont ils obtiennent le transfert en n 1920. Le 14/02/1929, c’est le massacre dit de la Saint Valentin, en fait celui des concurrents irlandais de Capone.

    Il y a prise de conscience de la problématique clientéliste suite à la crise économique en 1929. Cinquante mille citoyens résidant dans le même quartier que Capone déclarent ne plus vouloir payer l’impôt. La dénonciation de la corruption généralisée amène à confier une mission Eliot Ness. Celui-ci, né à Chicago en 1903, est diplômé de son université. Il échoue à faire le ménage dans la police municipale car personne ne veut témoigner. Mais il réussit à établir que Capone ne paie pas ses impôts au bout de trois ans d’enquête pour établir le dossier. Al Capone plonge, il prend onze ans. Puis il replonge pour fraude et meurt d’une crise cardiaque en 1947 dans sa prison où un espace particulier lui était aménagé.

    ● La machine impossible à enrayer…

    Le système perdure après la Seconde Guerre Mondiale avec le successeur de Capone, Anthony Accardo, Joe le Batteur. Il s’introduit dans tous les milieux organisés de la ville comme le réseau juif, finalement il amplifie le système de corruption des édiles. Après 1945, 100 juges de la circonscription de Chicago sont soupçonnés de toucher des pots de vin. En 1979, c’est l’élection de Jane Byrne, produit de la machine mais qui prétend vouloir réformer le système. C’est un virage à 180°, il y a nouvelle trahison de l’électorat noir. Chicago voit l’élection du premier maire noir en 1983 (Washington) avec le soutien hispanique. Il meurt en 1987. En 1989, c’est l’élection du fils de Richard Daley, modéré, différent de son père. Il gère en homme d’affaires la ville. C’est un professionnel.

    Quand on réalise comment les innocentes sociétés caritatives des débuts du XIXe siècle furent à l’origine des machines et comment celles-ci ont perverti la vie politique des grandes villes américaines, ne faut-il pas s’interroger davantage sur l’aboutissement de tout système décentralisé où la quantité d’argent brassé permet immanquablement aux féodalités de renaître avec leur cortège de corruption, que sur le système américain en lui même ? Les analogies avec nos problèmes sont légions. Nous avons là un parfait exemple également de l’aboutissement de la communautarisation du vote et ses limites. Une communauté d’immigrés très peu différente de la communauté d’accueil au départ – les Irlandais sont blancs et chrétiens – la précarité entraînant une nécessaire solidarité, finit par aboutir à ce qu’un parti devenu « populaire » comme ce fut le cas du Parti Démocrate, ait à choisir parmi les minorités, laquelle satisfaire (petits Blancs, Noirs ou Latinos)… La démocratie reposant sur la démographie on peut deviner aisément la suite, d’autant plus quand on constate que ce parti libéral « bourgeois » et anti-fédéraliste, devint au fil du temps, fédéraliste et populaire sous l’influence des minorités qui l’ont peu ou prou cannibalisé ? Un parti qui a vu ses électeurs blancs des origines glisser vers le Parti Républicain au fil des évolutions opportunes qu’il a eu à subir. Raison pour laquelle le Parti Républicain a gouverné les USA beaucoup plus longtemps que le Parti Démocrate au niveau fédéral. Jusqu’à présent…

    http://histoire.fdesouche.com

    Bibliographie :
    PORTES Jacques, Les Etats-Unis, de l’indépendance à la première guerre mondiale, Paris, Armand Colin, 2008.
    BERNARD Vincent, Histoire des États-Unis, Paris, Flammarion, 2008.
    BRUN Jeanine, America, America !, trois siècles d’immigration aux Etats-Unis, Paris, Gallimard Julliard, 1980.
    KASPI André, La civilisation américaine, Paris, PUF, 1993.
    BOORSTIN Daniel, Histoire des Américains, l’aventure coloniale, naissance d’une nation, l’expérience démocratique, Paris, Robert Laffont, 1993.
    TINDALL George Brown, SHI David, America, a narrative history, New York, Norton, 1999.
    Revue L’Histoire, n°339 février 2009, Dossier Chicago, N DIAYE Pap et ROLLAND Caroline « La saga d’une forteresse démocrate », pp. 40-49 , et HURET Romain « Sous la loi d’Al Capone », pp. 54-59.

  • Interview du Printemps français bordelais !

     

    Après la démonstration de force du Printemps français samedi dernier à Bordeaux, la section locale de l’Action française vous offre une petite interview !
     
    AF : Bonjour, peux-tu te présenter rapidement s’il-te-plaît et nous expliquer pourquoi tu as participé au rassemblement du Printemps français place Pey-Berland ?
     PF : Bonjour à vous tous, amis roycos, et bonjour à vous tous amis lecteurs. Et bien c’est très simple en fait. Je suis étudiant à Bordeaux 3 en histoire, j’ai 23 ans. Je suis un manifestant de la première heure, et même de la première seconde (rires) ! Je ne pense pas qu’il faille encore expliquer pourquoi nous sommes contre ce projet de loi, mais j’ai tout de suite voulu défendre le mariage et la famille, aussi bien pour la société que pour les enfants. Première manif à Paris : j’étais super heureux, ambiance chaleureuse, bon enfant, le gouvernement et les médias ont eu du mal à nous diaboliser et je pensais sincèrement qu’ils allaient nous entendre. Puis j’ai participé à toutes les manifestations. Et de plus en plus, mon entrain retombait… J’avais comme l’impression d’un ostinato, sans cesse on refaisait la même chose et puis rien, on nous enferme sur une rue, une avenue, une place, on s’auto-félicite et rien. Le 24, lors de la grosse manif, j’ai naturellement voulu « déborder » et rester non-violent, et j’ai remarqué que des centaines et des milliers de personnes étaient de mon avis, et avaient ce ressenti, cette frustration, en gros d’être pris pour un *** ! Donc le Printemps français est tout à fait pertinent pour moi, d’autant plus pertinent qu’il est un mouvement spontané auquel quelques personnes assurent maintenant une cohésion obligatoire que ce soit la communication ou autre. Je n’ai aucun autre contact avec les dirigeants du PF que Facebook, et je n’ai ni leur nom, ni leur tête et eux non-plus ! C’est ça qui est extraordinaire, tout se fait par réseau ! Donc oui j’ai participé au rassemblement du Printemps français parce que je pense sincèrement que si la manif pour tous a su mobiliser le pays réel et doit continuer à le faire, cela doit s’accompagner d’un processus de blocage et de rabâchage incessant. Si on ne veut nous entendre, si on ne veut nous voir, la seule solution reste de nous subir.
     
    AF : Très bien, et donc comment cela s’est organisé ? On dit que tout est parti de textos ?
    PF : En effet, vendredi, quelqu’un s’est dit « et pourquoi pas ? » ! Un texto motivant a tourné, je l’ai reçu et en à peine 24h voilà ce qui s’est produit ! 500 personnes dans la rue ! Circulation bloquée, trafic des tramways perturbés, buzz sur la réunion devant chez Delaunay, 2h30 d’un cortège qui devait être au début un rassemblement ! Là encore, tout est spontané ! La banderole a été faîte au dernier moment, un ami nous dit qu’il a de vieilles toiles cirées dans sa cave ou grenier je ne sais plus, on passe acheter un rouleau de toile adhésive et voilà ! Chacun peut être fier d’avoir participé.
     
    AF : On peut dire que c’est un succès ?
    PF : Evidemment que c’est un succès ! Tout le monde était content d’avoir enfin à Bordeaux un mouvement qui pouvait montrer que, sur ce sujet, on ne se laisserait pas marcher sur les pieds ! Je demande aux gens de regarder le nombre de personnes présentes du jour au lendemain, sans organisation, sans listing, sans cadres dirigeants ! Il n’y a que notre frustration, notre colère et nos convictions ! J’invite tout le monde à lire la page Facebook où tous les articles ont été référencés ! Une bonne dizaine de médias ont relayé l’action !
     
    AF : Selon toi, le gouvernement doit-il se méfier ?
    PF : On se méfie de l’eau qui dort, on se méfie d’autant plus du fleuve qui déborde, surtout quand, comme aujourd’hui, d’autre facteurs extérieurs peuvent accélérer la montée des eaux : le vent, la pluie etc… Nous, nous avons le chômage, la crise et des élus sourds ! Donc oui, il doit se méfier, relire son Histoire et constater qu’il ne faut pas énerver un peuple !
     
    AF : Politiquement, comment te décrirais-tu ?
    PF : Je suis évidement un patriote ! Mais un patriote lassé, je n’ai aucun parti de référence et je ne vote pas, je suis vraiment exaspéré. Mais là je dois reconnaître que c’est la cerise sur le gâteau ! Mais nous ne voulons justement aucune récupération politique, nous devons rester focaliser sur la société et la civilisation, la vraie politique donc ! Les partis ont quelque chose de mal sain, de batailles vaines et sans cesse redondantes, laissant le pays et son peuple de côté.
     
    AF : Tu prêches à un converti ! En tout cas merci d’avoir bien voulu répondre à ces quelques questions ; qui éclaireront sans doute beaucoup de personnes s’interrogeant encore !
    PF : Merci à vous surtout pour votre aide pour la manif et à bientôt pour de nouveaux rassemblements !
  • La diplomatie économique est-elle le seul avenir pour les relations Russo-européennes ?

    La visite du président russe en Europe la semaine dernière n’a pas seulement été d’une importance capitale, elle a aussi été très lourde de symboles dans le cadre des relations tortueuses entre la Russie et l’Europe.

    La visite de Vladimir Poutine en Allemagne a consacré la relation entre les deux pays qui semble se limiter à une fraiche mais fructueuse diplomatie économique. Angela Merkel a haussé le ton sur les ONG puisque notamment deux fondations politiques allemandes: Friedrich-Ebert (proche du SPD) et Konrad-Adenauer (proche de la CDU) ont été perquisitionnées en Russie. Celle-ci a donc ouvertement pris à partie le président russe sur ce sujet sensible, comme elle l’avait fait pour les Pussy Riot (sans obtenir l’effet escompté) ce qui devrait visiblement être aussi le cas dans ce dossier des ONG allemandes, dossier pour lequel on peut douter qu’elle ait trouvé une oreille réceptive en Vladimir Poutine.

    La polémique sur les Pussy Riot et les ONG fait suite à un échange un peu sec entre les deux leaders à propos de Chypre, lorsque Vladimir Poutine avait qualifié le plan Merkel “d’injuste, non professionnel et dangereux”.

    On s’étonne toujours de voir l’Allemagne donner des leçons de démocratie à ses voisins et peu de gens savent par exemple que la CDU est le parrain politique de partis d’opposition en Ukraine visant à accélérer et pousser le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’UE et à la communauté euro-atlantique, au passage en coopération directe avec des fondations oranges américaines comme l’IRI (républicains) et le NDI (démocrates).

    Pour ce qui est des ONG, on pourrait demander à la chancelière allemande ce qu’elle dirait si un État étranger, disons la Chine ou la Russie, soutenait financièrement et logistiquement des associations (par exemple Golos) pour se mêler des processus politiques intérieurs de l’Allemagne (voir par exemple ici, la et la). On ne peut que s’étonner du reste que les sponsors de Golos (Usaid, Ned, Iri..) soient les mêmes que ceux du parti Ukrainien précité Udar.

    Mais la chancelière Merkel, qui est en précampagne sait parfaitement qu’elle soit se démarquer de son opposition de centre gauche (SPD) qui est beaucoup moins regardante sur les droits de l’homme, le principal opposant à Angela Merkel, Peer Steinbrück ayant récemment affirmé que “Les critères occidentaux de la démocratie n’étaient pas immédiatement transposables à la Russie” ou encore que la Russie est un “partenaire incontournable et qu’il convenait de ne pas l’humilier”.

    Un minimum alors que le commerce entre les deux pays a atteint en 2012 un record de 80 milliards de dollars et que la grande dépendance énergétique européenne devrait augmenter via l’Allemagne avec le renforcement du gazoduc North Stream.

    En Hollande, l’atmosphère de la visite du président Russe a été on ne peut plus fraiche, et le terme de simple diplomatie économique semble là aussi plus qu’adéquat. Les Pays-Bas sont le premier partenaire économique européen pour la Russie puisque le niveau des échanges entre les deux pays a en 2012 atteint 82,7 milliards de dollars. Pour autant, là encore, le président russe a été accueilli par des questions sur les inspections des locaux d’ONG ou sur les droits des homosexuels, et par une manifestation de collectifs pour la défense des droits sexuels des minorités.

    On essaye d’imaginer ce que diraient les autorités hollandaises si elles étaient accueillies à Moscou par des manifestations de russes hostiles aux lois libertaires qui existent en Hollande et permettent par exemple l’existence d’un parti pédophile souhaitant légaliser la pornographie enfantine et la zoophilie.

    Doit-on imaginer que les Pays-Bas puissent prétendre sur certains points, et dont celui-là, être un modèle pour le monde? Il faut quand même avouer que sur ce dernier point on est très loin, sur le plan des atteintes aux libertés individuelles, de la loi russe contestée interdisant non pas d’être homosexuel, mais d’en faire la promotion publiquement.

    Pendant ces déplacements russes en Europe occidentale qui ont été fructueux au moins sur le plan économique, la Serbie a elle fait un pas de plus vers le bloc russo-centré et l’union eurasiatique (comme annoncé il y a 6 mois dans ma tribune “l’Union Eurasiatique entre deux mondes“), en rejetant l’injonction bruxelloise d’accepter sans discussion l’indépendance du Kosovo. Le pays est ainsi cette semaine devenu le premier état européen et non issu de l’ex-bloc soviétique, à devenir membre observateur de l’OTSC.

    Dans le même temps, en parallèle de ce fort rapprochement politique, la Russie a consenti un prêt de 500 millions de dollars à la petite Serbie, confirmé un accord militaire renforcé, étendu le régime de libre échange entre les deux pays, et surtout confirmé prendre en charge le financement du tronçon South Stream qui passera par la Serbie.

    Je rappelle que South Stream est un gazoduc russe qui passera sous la Mer Noire en direction de l’Europe, en complément du gazoduc North Stream qui relie la Russie à l’Allemagne en passant sous la Mer Baltique. Ce nouveau tube permettra surtout à la Russie de ne pas dépendre uniquement de l’Allemagne pour l’alimentation énergétique de l’Europe, comme elle dépendait autrefois uniquement de l’Ukraine.

    Les relations Russie-UE sont donc visiblement cantonnées à une diplomatie économique stable et sans trop de surprises, maintenue surtout par le haut niveau d’interdépendance économique. La question de la morale, si elle n’interfère pas trop à ce jour dans les relations, reste pourtant le principal point de désaccord.

    La Russie, de son côté, cherche toujours à augmenter son niveau d’intégration politique avec ses voisins proches mais aussi avec le bloc orthodoxe.

    Une politique dont il conviendra de voir, dans un avenir proche, si elle est payante.

    Ria Novosti  http://fortune.fdesouche.com

  • Pour un résultat politique il faut une action politique !

     

    Interview de Catherine Rouvier, docteur d’État en Droit public et en Sciences politiques de l’Université Paris II (Panthéon-Assas), par Bago.  Source : Le Rouge & le Noir – le 16 février 2013

     

    Bago : Bonjour Madame, qu’a pensé la spécialiste de la psychologie des foules que vous êtes des manifestations contre le « mariage pour tous » ?

     

    Catherine Rouvier : Le déroulement de la manifestation ; la nature même des mots d’ordre et des chants ; la couleur rose apaisante et inoffensive des panneaux, des tee-shirts, des écharpes ; la scission des cortèges, venus de trois endroits différents, ce qui diluait l’effet de masse ; le caractère très lent de la marche, souvent stoppée par de longues minutes passées dans le froid, ce qui minimisait l’échauffement des corps mais aussi des esprits ; tout était fait pour que ne se produise pas de phénomène de foule, c’est-à-dire la fusion des individualités en un « moi collectif » animé d’une pensée commune, et parcouru de sentiments contagieux comme la colère ou l’enthousiasme. Or, seule la puissance invincible d’une véritable "foule" au sens psychosociologique du terme peut faire peur à un gouvernement jusqu’à le faire plier, comme ce fut le cas en 1984.

     

    Bago : Que faudrait-il, le 24 mars, pour que les gentils manifestants se changent en foule ?

     

    Catherine Rouvier : En priorité, il faut deux choses : des mots d’ordres et un chef.

     

    Bago : Les mots d’ordres ne convenaient-ils pas ?

     

    Catherine Rouvier : Le message, pour générer l’action, doit être simple, clair, univoque. On ne peut pas faire dire à une foule qu’on souhaite mobiliser vraiment deux choses à la fois, surtout si elles sont presque exclusives l’une de l’autre. Sinon le message est brouillé, donc inefficace. Ainsi, en l’espèce, on ne pouvait pas, d’un côté, refuser d’appeler « mariage » la légalisation de la vie commune de deux hommes ou de deux femmes et refuser que cette union ait les mêmes conséquences que celle d’un homme et d’une femme ; et, d’un autre coté, reprendre à son compte le terme même qui justifie ces revendications : la lutte contre l’homophobie. Donc mettre sur les tracts appelant à manifester, sous le mot d’ordre principal, « manif’ pour tous » (qui était déjà un clin d’œil amical à l’appellation fallacieuse de « mariage pour tous » des adversaires - ce qui n’est pas très bon), un second mot d’ordre : « lutter contre l’homophobie », lequel brouillait le message.

     

    Bago : Qu’en est-il du chef ?

     

    Un chef doit être « auréolé de prestige » , ce que la dérision exclut de facto. Il n’est pas là pour plaire, et il ne doit pas craindre d’être accusé de ne pas être « gentil ».

     

    Catherine Rouvier : Virginie Telenne, alias Frigide Barjot, s’est attirée à juste titre la sympathie et la reconnaissance des catholiques en soutenant le pape Benoît XVI dans les médias à une époque où ceux-ci ne faisaient que relayer les critiques de toutes sortes et les attaques les plus violentes contre le « pape allemand ». Mais elle l’a fait en utilisant le personnage de parodiste, forgé pour elle par son mari Basile de Koch alias Bruno Telenne (qui, lui, reste dans la dérision dans sa manifestation « le mariage pour personne » en marge de la manifestation officielle). Or, ce surnom a une connotation positive, puisqu’il évoque Brigitte Bardot, gloire nationale, très belle actrice, femme attachante, passionnée de la cause animale. Mais dans le même temps, il a la connotation péjorative à cause de deux adjectifs peu valorisants : « frigide » et « barjot ». Or le sujet est grave et comme le notait déjà La Bruyère : « Le caractère des Français demande du sérieux dans le souverain ». Un chef doit être « auréolé de prestige » , ce que la dérision exclut de facto. Il n’est pas là pour plaire, et il ne doit pas craindre d’être accusé de ne pas être « gentil ».

     

    Bago : Pensez-vous à quelqu’un en particulier ?

     

    Dans les rangs du l’UMP, on nuance, on finasse. Jean-François Copé a manifesté, mais interviewé par les journalistes pendant la manifestation, il a dit que ce qui le gênait surtout, c’était la GPA et la PMA, plus que le texte lui-même : message non clair, là encore.

     

    Catherine Rouvier : Le chef peut être ressenti comme prestigieux à cause d’un titre, d’une fonction, ou d’un exploit passé qui l’a fait connaître et admirer. Mais aussi parce qu’il se sera déjà exprimé fermement sur le sujet. Par exemple, le Rabbin Berheim, ou un évêque, comme ceux de Toulon, de Bayonne, ou de Vannes. Cela pourrait aussi être Marine Le Pen. Elle a refusé de se prêter au « jeu » des précédentes manifestations, comprenant l’intérêt d’être dans le registre sérieux qui la caractérise, mais s’est exprimée fermement, aussi bien contre la récente exhibition des Femen à Notre Dame que contre le « mariage homo », déclarant clairement qu’elle abrogerait le texte sitôt arrivée au pouvoir. Dans les rangs du l’UMP, on nuance, on finasse. Jean-François Copé a manifesté, mais interviewé par les journalistes pendant la manifestation, il a dit que ce qui le gênait surtout, c’était la GPA et la PMA, plus que le texte lui-même : message non clair, là encore. Monsieur Guaino a fait un beau témoignage, émouvant, sur sa propre difficulté à avoir vécu une enfance sans père. Mais il a atténué considérablement l’effet produit en protestant lui aussi longuement contre l’« homophobie » comme s’il était accusé et non accusant. François Fillon a été le plus clair, parlant lui aussi d’abrogation, mais brièvement, dans une intervention liminaire au vote à l’Assemblée, non médiatisée. Quand aux centristes, entre ceux qui « se sont trompés de bouton » et « ceux qui étaient sortis au moment du vote » (zut, pas de chance, c’est déjà voté !), on ne les voit pas en leaders sur ce sujet !

     

    Bago : Quelles sont les autres conditions du succès ?

     

    Ce choix du festif et du non-politique n’est pas mobilisateur, car il maintient les manifestants dans le bien-être des retrouvailles de ceux-qui-pensent-comme-eux, et les bercent de la certitude fallacieuse d’une opinion largement répandue.

     

    Catherine Rouvier : Changer de style. Le souci de satisfaire une mode « festive » et son métier, le spectacle, ont conduit Frigide à organiser une sorte de parodie de gay pride avec chars, chants, musique disco et techno, « tubes » de l’été… La scène dressée sur le Champ-de-Mars évoquait un théâtre, une émission de télé-divertissement, pas un meeting politique. Seul le jeune Xavier Bongibault a eu un mot politique. Il a comparé Hollande à Hitler parce qu’il veut « enfermer les homos dans une définition dictée par leurs choix sexuels ». Mais pour cette remarque, à l’efficacité médiatique immédiate, il s’est fait tancer par Frigide, et s’est tout de suite excusé. Ce choix du festif et du non-politique n’est pas mobilisateur, car il maintient les manifestants dans le bien-être des retrouvailles de ceux-qui-pensent-comme-eux, et les bercent de la certitude fallacieuse d’une opinion largement répandue. Se réunir devient alors le but de la réunion. Par ailleurs, à cette foule qui attendait des mots d’ordre parce qu’elle avait reçu un choc - celui d’un projet de loi ouvrant le mariage à deux hommes entre eux ou à deux femmes entre elles - la réponse apportée par Frigide Barjot a été de dire que c’était pas vrai, qu’à un enfant il faut un papa et une maman, que les enfants naissent d’un homme et d’une femme. Et la foule a récité ou chanté cela un peu comme une litanie ou une comptine apaisante et auto-convaincante. Mais on ne lui a pas demandé (et on le lui a même interdit - les mots d’ordre et chants étant limités et imposés) de dire que ce n’est pas bien. Pour obtenir un résultat politique, il faut mener la foule vers une action politique.

     

    Bago : Pensez-vous qu’il serait alors possible de transformer l’essai ?

     

    Catherine Rouvier : Oui, mais à certaines conditions. La foule est « expectante », dit le Bon. Son attente dure-t-elle après cette marche impuissante à modifier le cours des choses ? Là est la vraie question. Le vote mardi dernier [12 février 2013, ndlr] de l’article 1 disposant : « le mariage est ouvert aux personnes de même sexe » a sans doute été un deuxième choc, d’autant plus que l’annonce en a été faite alors que des manifestations avaient lieu en même temps en province devant les préfectures. Alors oui, on peut en effet imaginer qu’une foule immense réunie à nouveau le 24 Mars, sans flons flons, en un immense ruban compact comme en 1984 - et non divisée en trois cortèges, avec des slogans, banderoles et chants non pas imposés par le rose bonbon mais décidés par des chefs d’établissements scolaires, des religieux, des paroissiens, des chefs de syndicats et de partis, qui défileront suivis de leurs adhérents ou ouailles, dans une gravité et une colère véritable contre la dénaturation de notre modèle sociétal. Ceux qui l’imposent pourraient faire changer le cours des choses.

     

    Mais la « réactivation mémorielle » étant une condition de la mobilisation des foules, il faudra que les organisateurs produisent des témoignages, non comme ils l’ont fait jusqu’ici d’enfants heureux d’avoir été adoptés par des parents de sexe opposé (encore une fois là, on n’attaque pas, on oppose une affirmation à une autre) mais des témoignages poignants, révoltants, ceux de ces enfants malheureux parce qu’ignorant leurs origines après PMA et qui ont écrit leur douleur dans des livres, ceux de ces adultes élevés par deux femmes ou deux hommes et qui ont été dans l’incapacité de construire une vie affective et l’ont avoué récemment dans la presse, celui de l’effarant procès de cette femme aux Pays-Bas ayant vendu à trois couples l’enfant qu’elle portait, et des conséquences terribles pour le bébé « ballotté » d’un foyer à l’autre au rythme des décisions de justice. L’empathie est l’autre source du phénomène de foule.

     

    Pour que la foule agisse, qu’elle remporte le combat qu’elle livre, il faut que la rue puisse la rejoindre, la suivre, s’y agréger, il faut que la rue réagisse.

     

    Autre modification nécessaire : il ne faudra pas isoler par un « cordon sanitaire » les manifestants du reste de la rue comme cela a été fait le 13 janvier. Pour que la foule agisse, qu’elle remporte le combat qu’elle livre, il faut que la rue puisse la rejoindre, la suivre, s’y agréger, il faut que la rue réagisse. Pour et contre, pourquoi pas ? La manifestation de Civitas du 18 novembre a été portée à la connaissance du monde entier en moins de 2 heures par les médias à cause de l’attaque des Femen. Il ne s’agit pas de provoquer les incidents, mais il faut laisser les adversaires montrer ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent. La présence de la police doit suffire à éviter les débordements.

     

    Enfin, la présence à cette manifestation du plus grand nombre d’étrangers présents en France, de croyants français non chrétiens - musulmans, voire confucéens - ainsi que des Français d’outre-mer résidant en métropole qui, comme Bruno Nestor Azerot, sont scandalisés par cette loi, est indispensable au succès de ce combat. Comme une majorité écrasante d’entre eux ont voté socialiste et que certains d’entre eux, les étrangers, seront appelés à voter très bientôt par le pouvoir en place, leur présence dans la manifestation interpellera plus sûrement les dirigeants que les gentilles mères de famille versaillaises qui - ils le savent bien - n’ont jamais voté et ne voteront jamais pour eux. Les contrarier, en effet, ne change rien à leurs chances de réélection !

     

    Bago : Quel résultat peut-on attendre ?

     

    Catherine Rouvier : Dans l’Histoire, les foules ont fait des révolutions, des coups d’Etat, mais aussi des obstructions au bon fonctionnement des institutions. Dans le cas présent, des milliers d’officiers municipaux sont opposés à ce projet. Devront-ils se démettre de leurs fonctions, renoncer à leur mandat parce qu’ils se seront mis en infraction en refusant d’appliquer cette loi et donc de « marier » des hommes entre eux ou des femmes entre elles ? Un joli but politique serait alors atteint pour l’actuelle majorité : démission garantie de tous les maires catholiques de droite, et des élus « réfractaires » de gauche ! Ne vaudrait-il pas mieux prendre les devants, et que les maires disent comme Mirabeau qu’ils sont dans leur mairie « par la volonté du peuple et qu’ils n’en sortiront que par la force des baïonnettes », mais qu’on ne les forcera pas à faire cet acte contraire à leur conscience ? Ce sont les communes, ne l’oublions pas, qui se sont insurgées contre le pouvoir excessif du roi et ont obtenu une « chambre » à elles en Angleterre dès le XIIIe siècle. De même, les associations familiales catholiques devront-elles changer de nom et d’objet social parce que la « famille », après le vote de la loi, devra obligatoirement comprendre les unions d’homosexuels et leurs désirs d’enfants ?

     

    Des milliers de prêtres et de religieuses devront-ils tomber sous le coup de la loi, astreints à des amendes conséquentes pour avoir simplement dit ce que la religion qui est leur vocation et leur vie leur enjoint de dire sur ce sujet ? L’Eglise va-t-elle demain être mise hors-la-loi ? Aujourd’hui, elle n’a plus de chef, mais c’est justement cette situation - qui va attirer sur elle tous les projecteurs d’ici à fin mars - qui rendra d’autant plus visibles et d’autant plus efficaces les prises de positions et les actes posés par les évêques résolument opposés a ce projet.

  • Vouloir c’est pouvoir - par Pieter Kerstens

     

    La seconde moitié du XXe siècle a vu s’instaurer en Europe occidentale une mainmise des États dans la plupart des secteurs économiques.

     

     

    Nos corporations n’ont pas échappé à ce phénomène et les moteurs de nos professions, la Créativité et la Technologie, ont été grippés ces vingt dernières années par des décisions administratives plus extravagantes les unes que les autres. Il est vrai que l’Administration perd de plus en plus le contact avec la réalité économique tout en croyant détenir la Vérité…

     

    Ces dernières années nous avons même assisté à la culpabilisation de nos activités « dévoreuse d’énergie », en parallèle avec la publicité et les notions de profit, clouées au pilori par une opinion publique malade d’informations.

     

    Il n’est pas encore trop tard pour réagir et dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Cela signifie que nous devons abandonner notre climat pessimiste et fixer notre regard devant nous en reconnaissant nos torts et en retroussant nos manches, quels que soit le milieu auquel nous appartenons.

     

     

    Notre profession (fabricants et installateurs d’enseignes lumineuses) essentiellement artisanale, à quelques exceptions près, s’accommode mal des théories sur la croissance douce, la diminution de la durée du temps de travail ou la civilisation des loisirs.  Tout cela coûte cher, et je m’aperçois aujourd’hui que pour répondre aux critères du progrès social il faut beaucoup d’argent.  Cet argent il faut le gagner avec un effort de travail.  Cela exige une croissance aussi forte que possible.  Le laisser-aller auquel nous assistons dans notre secteur depuis dix ans ne peut nous conduire qu’à une décadence, et à la fermeture inéluctable de nos entreprises car peu d’hommes de bonne volonté seront désireux de reprendre le flambeau.  En effet, soumis à des contraintes administratives, sociales et économiques de plus en plus restrictives, l’expansion de notre activité sera limitée, et peu nombreux seront les créateurs de sociétés.

     

     

    Il m’a été rétorqué que cela était le sens de l’Histoire, et qu’il ne servait à rien de se battre contre les moulins à vent.

     

     

    Très bien !  Alors puisque nous assistons à une fin de civilisation et qu’il est bon ton de contester en permanence tout et n’importe quoi, mettons notre avenir et celui de nos entreprises entre les mains de l’État Providence qui pourvoira à notre existence !

     

     

    Malheureusement, l’expérience prouve qu’il n’en est rien et que les longues années de travail intense, avec les déceptions et les joies, qui ont abouti à la réelle existence de nos sociétés seront balayées par le diktat d’une quelconque Administration.

     

     

    Nous nous trouvons donc devant cette alternative : oser prendre des risques et être réellement un entrepreneur (c’est-à-dire un chef d’entreprise qui supporte un « risque calculé ») ou bien … disparaître.¢

     

    (Article paru en mars 1980 dans la revue « Enseignes et Éclairage ». 33 ans plus tard, rien n’a changé sous le soleil, mais la moitié des entreprises a disparu et l’État Providence est en faillite !)
  • Contre la politique du pire, LE PRINTEMPS, C'EST MAINTENANT !

    La précipitation du pouvoir à faire adopter la dénaturation du mariage, avec ses conséquences criminelles sur la filiation, est l’effet de la panique d’un exécutif discrédité qui a dévissé dans l’opinion et sent se resserrer chaque jour davantage l’étau de l’impopularité.

    Non seulement les Français sont désormais majoritairement hostiles à la légalisation de la parodie du « mariage » homosexuel, mais ils se rendent compte que ce pouvoir n’est obsédé par les questions dites sociétales que parce qu’il se sait plus efficace dans la destruction de la société - ainsi la prochaine ouverture à Paris de salles de shoot incitant les jeunes à se droguer - qu’à la résolution des graves problèmes de l’heure. Le coup de force du vendredi 12 avril - vote bâclé au Sénat, décision d’avancer au 17 avril la seconde lecture du texte à l’Assemblée, initialement prévue à compter du 27 mai, recours au temps législatif programmé - révèle au grand jour la profonde coupure du pouvoir avec le pays réel.

    Certes, le Conseil constitutionnel aura le dernier mot. Le fait que celui-ci, au nom de l’égalité de tous les citoyens devant le prix de l’énergie, ait retoqué la loi « Brottes », visant à pénaliser les plus gros consommateurs d’énergie en vertu d’une conception punitive de l’écologie, doit-il nous faire espérer, qu’au nom de l’égalité des enfants devant la filiation - sujet autrement plus grave que l’égalité des citoyens devant les factures de gaz - les « sages » retoquent demain une loi qui est, de plus, en contradiction avec nos engagements internationaux sur la protection de l’enfance ? Rien n’est moins sûr : le Conseil constitutionnel a, depuis l’avortement, avalisé toutes les prétendues avancées sociétales. De plus, soumis comme il l’est à l’Europe - or l’Europe est favorable tant à la dénaturation du mariage qu’à la marchandisation du corps humain et à la reconnaissance du droit à l’enfant, c’est-à-dire à l’instauration d’un néoesclavagisme -, l’abdication du Conseil constitutionnel devant la dénaturation du mariage est plus que probable. Nous aimerions nous tromper.

    Le député UMP Philippe Gosselin, défenseur déterminé de la famille, déclarait avec gravité devant le Sénat ce même vendredi 12 avril : « En accélérant la procédure législative pour échapper à la manifestation prévue par les opposants au “mariage pour tous” le 26 mai prochain, le chef de l’Etat et sa majorité sont prêts au pire : c’est une incitation à la guerre civile ». La panique étant mauvaise conseillère, l’exécutif ne fait que cristalliser la légitime colère de nos concitoyens à l’encontre de son imposture et de son incompétence. Mais surtout, en incitant effectivement, par sa surdité et ses provocations, à la guerre civile, après avoir divisé les Français sur des questions de société essentielles et ce, au moment où le pays vit des heures incertaines tant sur le front économique et social que sur celui de son identité et de sa sécurité (immigration), le président de la république a manqué gravement au devoirs de sa charge. Devenir un ferment de division quand on est constitutionnellement chargé de garantir l’unité du pays et d’assurer sa cohésion, est pour un chef d’Etat une faute rédhibitoire qui lui fait perdre sa légitimité. Hollande doit partir.

    D’autant que l’exécutif aggrave son cas en jouant la radicalisation. Depuis le début de cette affaire, par son mépris (le refus de l’Elysée, des ministres et des assemblées de recevoir les défenseurs de la famille), par le recours à la diffamation (l’accusation constante d’homophobie visant à criminaliser, comme dans tous les pays totalitaires, le simple fait d’être un opposant), par l’orchestration de violences (action des Femen, gazage d’enfants et de mères de familles, arrestations et gardes à vue arbitraires ) dans le seul but d’intimider les manifestants, voire de les accuser, avec la complicité des media officiels, d’être les auteurs de ce dont ils sont les victimes, le pays légal a prouvé combien il s’asseyait sur ces fameux principes « républicains » qu’il invoque à tout bout de champ pour mieux les violer. Valls et Taubira, ces deux ministres médiatiquement ennemis, montrent également qu’ils sont les meilleurs complices du monde quand il s’agit de présenter le visage de la répression haineuse à l’encontre de pères, de mères et d’enfants, dont le seul crime est de n’être ni des voleurs, ni des drogués, ni des clandestins, mais des défenseurs de la famille aussi déterminés que paisibles et respectueux des personnes et des biens.

    Oui, le pouvoir joue la radicalisation. Si Harlem Désir, actuel premier secrétaire du parti socialiste et accessoirement professeur de morale à l’égard de Cahuzac - un comble pour ce condamné pour emplois fictifs ! - avait été le seul, le samedi 13 avril, à accuser la droite parlementaire, qui navigue à vue dans cette affaire, de jouer sur les extrêmes, sa « petite phrase » serait une simple péripétie politicienne parmi d’autres. Mais quand la même accusation est portée le même jour par le premier ministre, on peut se demander si l’exécutif n’a pas l’intention de franchir la ligne rouge qui sépare, dans un Etat de droit, l’exercice constitutionnel de l’autorité du harcèlement de l’opposition dans toutes ses composantes. En cherchant à criminaliser jusqu’à une UMP ultra-légaliste qui, par la voix du médiocre Fillon, a pourtant déjà annoncé qu’elle n’abrogerait pas le mariage homo à son retour aux affaires, la gauche au pouvoir est manifestement tentée de franchir une étape supplémentaire dans le pourrissement de la vie politique française, en inventant, par exemple, de fausses violences - ainsi les diffamations à l’encontre des militants du Printemps français en vue de les hooliganiser. Combattre une fantomatique « dérive fascisante » pour justifier d’avance de futurs abus de pouvoir est-elle devenue aux yeux de la gauche la seule issue possible à son échec prévisible sur tous les plans ? Telle avait été la politique criminelle de la gauche espagnole après le départ d’Alphonse XIII.

    Alors que toutes les enquêtes d’opinion révèlent le discrédit généralisé de la classe politique auprès des Français, on doit s’interroger sur la surdité volontaire du pouvoir dans les questions sociétales, comme, aussi, dans les questions économiques et sociales, face à l’angoisse ou à la souffrance de ceux qui vont perdre leur emploi ou l’ont déjà perdu. Alors même que s’annonce une énième hausse des prélèvements obligatoires et que la croissance est en berne, la gauche française serait-elle tentée pour conserver le pouvoir de commettre dans cette Ve république déliquescente les mêmes dérapages que la gauche espagnole avait commis dans les années 30 pour imposer son despotisme à la république naissante ?

    La situation actuelle, sur tous les plans, est sans issue, et cela la gauche et la droite parlementaire le savent. Entendons-nous bien : sans issue à partir du moment où on refuse de changer les règles du jeu. Or, de ce point de vue, l’UMP et le PS sont sur la même longueur d’onde : soumission aux diktats berlinois ! C’est pourquoi l’affaire Cahuzac et la moralisation de la vie politique ne servent que de diversion. Dans le même temps, Hollande veut en finir avec la loi Toubon et imposer l’usage de la langue anglaise dans l’université française (projet de loi Fioraso) ou brader 230 000 kilomètres carrés de notre espace maritime dans l’Océan indien (îlot de Tromelin).

    Brader la nation, c’est la seule chose que Marianne sache faire. Une course de vitesse est engagée entre la république et la France : choisir entre les deux devient chaque jour plus urgent.

    François Marcilhac - L’ ACTION FRANÇAISE n° 2861

    http://www.actionfrancaise.net

  • Manifestation à Nantes jeudi soir

    Aujourd'hui à Nantes opération "éclairons les consciences" : départ de la place Viarme à 20h30 vers la préfecture, puis enterrement de la Marianne.

    Michel Janva  http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • L’immigration, un épisode des conflits entre l’Europe et l’Afrique ?

    Pierre Milloz trouve dans le « Contrat social » de Jean-Jacques Rousseau une explication aux déplacements de population entre les deux continents.
    « Tous les peuples ont une espèce de force centrifuge par laquelle ils agissent continuellement les uns contre les autres et qui les pousse à s’agrandir aux dépens de leurs voisins. »

    
Avec ces quelques lignes du « Contrat social », Rousseau décrivait magistralement le moteur premier de l’histoire universelle. Ce moteur n’a jamais cessé de tourner et, tout comme la nature humaine dont il est l’expression, il connaît alternativement des phases de suractivité et de pause.
C’est pourquoi on peut se référer à ce texte pour analyser les relations millénaires entre l’Afrique et l’Europe. Leur histoire est celle de conflits qui surviennent de façon récurrente à des intervalles variables, parfois pluri-séculaires et à l’occasion desquels les « peuples » de chaque côté de la Méditerranée l’emportent à tour de rôle et s’installent sur la rive opposée pour un temps qui les mènera jusqu’au conflit suivant. P.M.
    L’Antiquité nous montre déjà ce schéma historique.
    Carthage franchit le détroit de Gibraltar et, dans les provinces qui seront celles du Sud espagnol, s’établit si profondément qu’une ville contemporaine porte encore son nom. Elle contrôle aussi la Sardaigne, la Corse et épisodiquement la Sicile. Plus tard, faisant face en son nom à l’Empire romain, Annibal, dans un raid militaire prodigieux mais vain, longera même toute la côte nord de la Méditerranée occidentale.
    Mais bientôt va se dérouler l’épisode inverse. Rome chasse les Carthaginois de l’Ibérie, puis se transporte en Afrique même : elle y défait Carthage à Zama avant de s’y imposer et d’y imprimer durablement sa marque. La romanisation des élites locales de la rive sud de la Méditerranée sera telle qu’elles fourniront, en la personne de Septime Sévère, libyen d’origine, le premier empereur romain qui ne soit pas de souche italienne (si l’on veut bien admettre, avec la majorité des auteurs, la romanité de Trajan).
    Destruction de l’empire romain par les Barbares, première incursion arabe en Europe
    Quelques siècles s’écoulent… quatre… cinq… Ce sont les Barbares qui détruisent l’Empire romain, mais bientôt les Arabes,  venus d’Orient, sont les nouveaux maîtres de l’Afrique du Nord. A leur tour ils franchissent le détroit et, s’avançant hardiment vers le nord, passent aussi les Pyrénées. La défaite de Poitiers les contraint bientôt à limiter leurs ambitions et ils s’installent pour plusieurs siècles en Espagne. Ils y exposent une civilisation étincelante dont on peut aujourd’hui admirer les traces, à Grenade notamment, et qui influe notablement sur la langue espagnole.
    Cet enracinement sur la rive nord ne manque pas de susciter l’inévitable réaction en retour. Ce sera l’œuvre de la Reconquista. Son succès sera long. Bien que, sauf autour de l’année 1200, les Arabes et Berbères d’Afrique du Nord n’aient jamais été en mesure d’apporter une aide significative à leurs compatriotes d’Ibérie, la Reconquista aura exigé plusieurs siècles avant de s’achever en 1492 avec la reddition de Grenade aux Rois catholiques. Ces derniers expulseront les musulmans de Grenade et de Castille dès 1502.
    Et aussitôt, comme pour marquer la permanence des alternances de part et d’autre de la Méditerranée, l’Espagne prend pied sur la rive africaine, occupe Melilla (1497) où elle est encore aujourd’hui et, plus brièvement, Oran (1509) et Bone (1510).
    1830, la France envoie une armée en Algérie
    Encore trois siècles… et voici une nouvelle tentative d’installation sur la rive opposée. En 1830, la France envoie une armée en Algérie et dans les quatre-vingts années qui suivent elle étend sa souveraineté ou sa quasi-souveraineté à l’ensemble de l’Afrique du Nord. Durant cette période, notamment grâce à l’implantation d’une importante minorité d’origine française et européenne, elle diffuse sa civilisation dans des conditions qui gagnent l’acceptation d’une large partie des populations locales.
    Mais, là encore, la réaction en retour arrive et s’inscrit dans le schéma déjà vécu. La puissance qui s’est implantée sur la rive opposée est une nouvelle fois chassée. Mais le sort de la population française installée là et celui des nombreux autochtones ralliés en harkis à la France posent alors un problème non seulement humain mais aussi politique.
    L’enseignement du passé suggère en effet que les « peuples » de la rive sud pourraient un jour essayer à leur tour de s’implanter sur la rive nord : pour cette hypothèse, n’est-il pas capital d’obtenir au moins la sauvegarde sur place de cette importante minorité ? Pourtant, comme si elle avait à payer le prix humiliant d’une déroute militaire, la France accepte l’expulsion de ses citoyens et abandonne honteusement les harkis.
    L’immigration de masse, constatée depuis une quarantaine d’années, notamment au départ d’Afrique du Nord vers la rive septentrionale de la Méditerranée et spécialement vers la France, doit-elle être interprétée comme une nouvelle illustration d’un processus récurrent ? Nombreux sont ceux qui le croient.
    Certes, les modalités et le rythme sont radicalement nouveaux. La différence majeure est dans les motivations. Il n’y a à l’origine de l’immigration africaine contemporaine aucune hostilité, aucune volonté de conquête, mais seulement la recherche de conditions de vie meilleures. Il s’ensuit une autre différence avec les épisodes antérieurs : la traversée et le débarquement sur la rive opposée se font « civilement ».
    Mais l’essentiel n’est pas dans les modalités, il est dans la mise en route d’un processus qu’un chiffre résume d’ores et déjà : actuellement, les immigrés et leurs descendants de première génération représentent 20% de la population totale de la France. Un tel résultat obtenu en moins d’un demi-siècle, alors que le rythme des arrivées ne donne aucun signe de faiblesse, est suffisamment éloquent.
    Ce processus acquerra-t-il un jour le caractère conflictuel que Rousseau décrivait et auquel l’histoire de la Méditerranée conférerait plutôt une sorte de permanence ? S’il le fait, on s’interrogera trop tard sur cette politique, imprégnée de cosmopolitisme et avide d’effacement national, que suit la France depuis plusieurs décennies.
     Pierre Milloz
 14/04/2014 http://www.polemia.com
    Les intertitres sont de la réaction