Extrait d'un article dans Présent de Me Jacques Trémolet de Villers, qui a été souvent cité ces derniers temps comme étant l'inventeru de la formule "Printemps français" :
"Depuis quelques jours, je réponds à des journalistes qui me demandent si je suis le père, le fondateur, « l’idéologue » du « printemps français », que cette formule que j’ai écrite ici, mais que d’autres aussi ont écrite, n’est pas ma propriété et que le jeu de pistes que le journal Le Monde, en l’annonçant à la une, veut nous présenter comme « le secret de la manif » est un anachronisme désolant.
Ainsi, les vieux schémas, pour cette presse, comme pour la police, n’ont pas éclaté devant la réalité. Eh non ! Messieurs, ou Mesdames, il n’y a pas de parti, ni de club, ni de jeu d’influences obscures. Il y a une colère spontanée, populaire, familiale… dont la seule explication est la monstruosité de ce projet de loi. Inutile d’aller chercher plus loin. Le vieux canevas de Mai 68 les obsède. A l’époque, les universitaires cherchaient, dans les cours de sciences politiques, comment décrypter ce qui était venu des trotskystes, des « maoïstes », des situationnistes… en appliquant encore à ces groupes nouvellement constitués la grille léniniste qui était la seule connue. Seul peut-être le Parti communiste de l’époque avait un peu compris ce qui se passait. Mais la méthode, elle, d’où qu’elle vînt, était identifiable. Le procédé était révolutionnaire – et nos maîtres Jean Madiran, Jean Ousset, l’avaient clairement identifié. Quand les pouvoirs publics, déroutés, demandaient à leurs renseignements généraux des informations qu’ils étaient bien incapables de leur donner, nous savions, nous, ce qui se passait.
La situation se renouvelle, mais, à l’opposé, ou, plutôt de tout autre manière.
Et le pouvoir comme les grands médias n’y comprend rien. Ils font mine d’être intelligents en affirmant d’un air entendu que les partis et les associations « classiques » sont dépassés, qu’il s’agit de réseaux sociaux… mais, après avoir dit cela, ils cherchent encore à savoir où est le complot initial, qui tire les ficelles, comment s’appelle l’idéologue… et par quel lien la Cagoule, Charles Maurras, la milice et « le complot des soutanes » dirigent le mouvement.
Peine perdue, Messieurs, Mesdames – peine perdue ! Cette loi heurte le fond même de l’ordre humain, l’amour de l’homme et de la femme, ce que l’homme et la femme ont de plus cher, de plus sacré, de plus fervent, depuis qu’ils sont sur cette terre. Ne cherchez pas plus loin ! Ce choc est si violent, la détestation si intense, que loi votée ou pas votée, divisions internes calmées ou résurgentes, manœuvres conduites habilement ou désarroi… rien n’y fera. L’insurrection continuera.
[...] Ce que n’ont vu ni les services du ministre de l’Intérieur – l’employé du gaz qui en fait un usage inconsidéré – ni les enquêteurs des grands médias, c’est qu’une révolte des familles est absolument incontrôlable, incommensurable et imparable. Car aucun organisme ne la conduit, aucune police ne peut la compter et rien ne l’arrête. J’ai vu, aux Champs-Elysées, le 24 mars dernier, quelques enfants qui n’avaient pas douze ans bloquer le mouvement d’un car de police en s’allongeant devant ses roues. Deux forces dans l’histoire sont irrésistibles : les femmes et les enfants. Les femmes en tant que mères. Les enfants, comme des enfants. Tout pouvoir peut écraser une coalition d’hommes, de jeunes gens, de garçons ou de filles. Aucun pouvoir n’a jamais pu triompher des familles liguées contre lui.
Nos dirigeants ne savent pas ce que c’est que la famille. Ils devraient relire Proudhon. Comme la propriété à laquelle elle est intimement liée, la famille est un vrai principe d’insurrection. [...]"
Michel Janva http://www.lesalonbeige.blogs.com/