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  • Chatov, personnage de Dostoïevski

     

     

     

    Le populisme sous-tend tout le mental russe au cours du XIXe siècle. Dans l'œuvre de Dostoïevski, on le repère en moult endroits, not. dans Les Possédés. Le slaviste allemand Reinhard Lauth a mené une enquête serrée sur les racines de la pensée dostoïevskienne depuis 1949 : Dostojewski und sein Jahrhundert (mit einer Einleitung von Hans Rothe), Bouvier Verlag/ H. Grundmann, Bonn, 1986, 159 p. Robert Steuckers nous le recense ici.

     

     

     

     

    Dans l'œuvre de Dostoïevski, plus particulièrement dans Les Possédés, le personnage de Chatov, selon la plupart des exégètes, serait le porte-parole de l'écrivain lui-même et de l'idéologie nationaliste / racialiste russe. Le slaviste allemand Reinhard Lauth conteste cette interprétation classique, qui fait de Dostoïevski un idéologue génial de la “slavophilie” voire du panslavisme. Sur quoi repose ce soupçon et/ou cette affirmation ? Telle est la question que se pose Lauth. Pour nier le fait de la slavophilie de Dostoïevski, Lauth nous révèle, dans un chapitre de son livre consacré à Dostoïevski et son siècle, l'essentiel de cette idéologie nationale russe sous-tendue par une conception du “peuple”, dérivée de la matrice herdérienne mais rendue terriblement originale par l'apport d'une religiosité orthodoxe slave.

     

     

     

     

    La Russie “corps de Dieu” face à l'Occident cupide

     

     

     

     

    L'idéologie populo-centrée défendue par le personnage Chatov apparaît dans le chapitre intitulé « La Nuit » des Possédés. Chatov dialogue avec le Prince Stavroguine, devenu presque athée, au contact de la civilisation occidentale. Chatov affirme que le peuple est la plus haute des réalités, notamment le peuple russe qui, à l'époque où il pose ses affirmations, serait le seul peuple réellement vivant. En Europe occidentale, l'Église de Rome n'a pas résisté à la « troisième tentation du Christ dans le désert », c’est-à-dire à la « tentation d'acquérir un maximum de puissance terrestre ». Cette cupidité a fait perdre à l'Occident son âme et a disloqué la cohésion des peuples qui l'habitent. En Russie, pays non affecté par les miasmes “romains”, le peuple est toujours le “corps de Dieu” et Dieu est l'âme du peuple, l'esprit qui anime et valorise le corps-peuple.

     

     

     

     

    L'idéologie de Chatov, écrit Lauth, se trouve en quelque sorte à une croisée de chemins : entre un christianisme orthodoxe et une sorte de “feuerbachisme” qui interprète le christianisme comme une sublimation de l'esprit du peuple, exactement comme Feuerbach avait interprété la Trinité chrétienne comme une sublimation de la famille sociologique. Dieu ne serait-il plus qu'une projection du Peuple, l'extériorisation d'un “collectif” repérable empiriquement ?

     

     

     

     

    La puissance de l'esprit qui anime le peuple détermine son existence historique. Cet esprit est une force affirmatrice de l’Être et, partant, d'existence, qui nie la mort. Puissance religieuse, cet esprit s'exprime dans la morale, l'esthétique, etc. Il est recherche de Dieu et, par rapport à lui, science et raison ne sont que des forces de second rang, qui ne sont jamais parvenues, dans l'histoire, à constituer un peuple.

     

     

     

     

     Le “Volksgeist” est Dieu

     

     

     

     

    Chaque peuple cherche un esprit divin qui lui est spécifique. Chaque peuple génère son Dieu particulier qu'il considère comme seul vrai et juste. Et tant qu'un peuple vénère son Dieu particulier et rejette avec force, implacablement, tous les autres dieux du monde, il demeure vivant et sain. Une pluralité de peuples ne peut se partager un seul et même Dieu, dit Chatov, car le Volksgeist est Dieu. S'ils possédaient le même Dieu, ils seraient un seul et unique peuple, composé de plusieurs tribus. Ou, pire, ils seraient des peuples en déclin, devenus incapables d'affirmer avec force leur Dieu, des peuples dont les Dieux viendraient, sous les coups insidieux d'une décadence délétère, à se confondre en une soupe insipide de valeurs dévoyées, et dont l'esprit aurait capitulé devant toute tâche historique pour adopter un esprit étranger ou, dans le meilleur des cas, pour recréer un Dieu nouveau.

     

     

     

     

    Chaque peuple déploie ses propres conceptions du bien et du mal. Et si certains peuples ont élaboré des conceptions universalistes et des religions mondialisables, ils se réservent toujours, dans ce programme, le premier rôle. Quand un peuple perd cette idée de détenir seul l'unique vérité du monde ou quand il doute du rôle premier qu'il a à jouer dans l'histoire, il dégénère en “matériel ethnographique”.  

     

     

     

     

    Slavophilie et panslavisme

     

     

     

     

    Cette vision du peuple “théophore” (= porteur de Dieu ou, si l'on veut être plus juste en désignant l'idéologie de Chatov, porteur d'un Dieu) reflète les idées de Danilevski, celles exprimées dans son ouvrage principal La Russie et l'Europe, paru en 1869. Danilevski inaugure une nouvelle slavophilie, postérieure à la slavophilie des Kireïevski, Khomiakov et Axakov, décédés entre 1856 et 1860. Avec Danilevski la slavophilie fusionne partiellement avec le panslavisme. L'auteur de La Russie et l'Europe allie des idées du temps (les influences de Pogodine, Herzen et Bakounine y sont présentes) à une typologie des cultures historiques qui annonce Spengler. Dans l'orbite des slavophiles/panslavistes, l'originalité de Danilevski réside précisément dans cette “organologie” qui pose une doctrine des types de cultures, postulant qu'il n'existe pas de développement culturel unique de l'humanité, comme Hegel avait tenté de le démontrer. Pour Danilevski, comme plus tard pour Spengler et Toynbee, il n'existe que des cultures vivant chacune un développement (ou un déclin) séparé. Pour Danilevski, les peuples qui n'appartiennent pas à une culture bien spécifique sont soit des « agents négatifs de l'histoire » comme les Huns soit du « matériel ethnographique » comme les Finnois ou les Celtes voire même des « réserves de puissance historique ». Dans ce dernier cas, il s'agit de peuples qui, longtemps, demeurent à l'écart de l'histoire et qui, soudain, font irruption sur le théâtre des événements et fondent des cultures nouvelles et originales.

     

     

     

     

    “Celui qui n'a pas de peuple, n'a pas de Dieu”

     

     

     

     

    Toute culture vit une vie organique : elle croît, atteint son apogée (période relativement courte), épuise ses forces vitales et sombre finalement dans la sénilité. Seules subsistent alors la science rationnelle, la technique et un art technicisé qui seront transposés dans et repris par une culture ultérieure. Danilevski, en tant que nationaliste russe, affirmait que les Slaves représentaient une culture jeune et montante face à une culture germano-romaine atteinte de sénilité (postulat hérité des vieux slavophiles Odoïevski et Kireïevski). Les Slaves sont un peuple “élu”, pense Danilevski, qui triomphera prochainement dans l'histoire.

     

     

     

     

    Chatov, le personnage de Dostoïevski, lui, va plus loin. Il accepte le pluralisme des peuples affirmé par Danilevski mais prétend qu'il n'existe qu'une seule et unique vérité. Donc il ne peut y avoir dans l'histoire qu'un seul et unique peuple porteur de cette vérité. En l'occurrence, pour les slavophiles et les panslavistes, c'est le peuple russe. Ce peuple russe porte en lui la vérité révélée par Dieu, la vérité de Jésus Christ telle quelle, non falsifiée. Face à lui, les autres peuples sont porteurs d'idoles. Si ces autres peuples se disent chrétiens, ils portent la caricature d'un Christ “ré-idolisé”. Conclusion de cette foi : celui qui n'appartient pas au peuple russe ne peut croire au vrai Dieu et celui qui, en Russie, n'a pas de peuple, n'a pas de Dieu.

     

     

     

     

    Messianisme de Chatov, pluralisme de Danilevski

     

     

     

     

    Le messianisme slave de Chatov diffère donc fondamentalement, sur ce plan du moins, de l'idéologie danilevskienne. En effet, Danilevski s'oppose résolument à toute forme d'universalisme ; son système, par suite, refuse l'idée d'une mission universelle des Slaves car une mission de ce type n'existe ni en acte ni en puissance. Simplement, pour Danilevski, les Slaves inaugureront une ère nouvelle, débarrassée de tous les miasmes d'obsolescence que véhicule la civilisation germano-romaine (occidentale-catholique).

     

     

     

    Lauth repère les conséquences de cette distinction : Dostoïevski identifiait le peuple russe aux Chrétiens orthodoxes, si bien qu'un Russe ethnique non orthodoxe ou athée n'était pas “russe” à ses yeux, tandis qu'un non slave “orthodoxe” (un Roumain ou un Grec) était “russe”. Pour Dostoïevski, l'essentiel, c'est la religion. Pour Danilevski, c'est la substance ethnique, la synthése bio-culturelle. Mais cette substance, en générant un type de culture, se transmet partiellement à d'autres substrats ethniques, si bien qu'en fin de compte, c'est l'adhésion au type de Culture, synthèse entre la sphère bio-culturelle originelle et la transmission/assimilation à d'autres peuples, qui est déterminante.

     

     

     

     

    Les personnages de l'univers dostoïevskien se divisent en personnages substantiels et en nullités. Les personnages substantiels peuvent aussi bien incarner le bien que le mal tandis que les nullités n'incarnent rien, puisqu'elles sont nulles. Chatov n'est pas une nullité ; il incarne donc une substance, un type humain chargé de potentialités. Mais ce type incarné par Chatov n'est pas nécessairement la représentation du bien, selon la conviction intime de Dostoïevski. Chatov avance l'idée du primat de la religion sur le politique mais, en dernière instance, il politise le religieux à outrance. De ce privilège accordé indirectement au politique, naît un exclusivisme nationalitaire, à fortes connotations messianiques, qui ne correspond pas à l'idéal Dostoïevskien de fraternité et de solidarisme, pierre angulaire de la foi orthodoxe.

     

     

     

     

    “Chatov = Dostoïevski” ?

     

     

     

     

    Le “déviationnisme” de Chatov a des raisons sociales : la slavophilie, puis le panslavisme, ont été, sur le plan théorique, passe-temps des membres oisifs des classes dirigeantes russes. Or ces classes dirigeantes sont coupées du peuple et ne font qu'interpréter erronément ses desiderata, ses pulsions, sa foi. Coupés du peuple, les dirigeants théoriciens, inventant tour à tour la slavophilie ou le panslavisme, sont en réalité des incroyants, des philosophes en chambre qui ânonnent des slogans en dehors de toute expérience existentielle concrète.

     

     

     

     

    Pour Lauth, réfuter la thèse qui pose l'équation “Chatov = Dostoïevski” signifie soustraire l'univers dostoïevskien aux spéculations des nationalistes de tous horizons (surtout les Russes et tes Allemands qui, à la suite de Niekisch et de Moeller van den Bruck, “dostoïevskisent” quelques fois leur nationalisme). Néanmoins, malgré l'impossibilité de poser abruptement l'équation “Chatov = Dostoïevski”, on ne saurait nier une certaine dose de nationalisme russe/slave chez l’auteur des Fréres Karamazov, même si, dans son optique, cet enthousiasme nationaliste doit se limiter aux “jeunes nations” qui, lorsqu'elles auront atteint l'âge mûr, devront adopter et pratiquer des idées plus réfléchies.

     

     

     

     

    Le livre de Lauth, recueil d'articles sur Dostoïevski parus entre 1949 et 1984, n'aborde pas que l'influence des slavophiles et de Danilevski ; il nous fait découvrir, entre autres choses :

     

     

     

    1. l'apport de Tchadaïev, qui avait amorcé, dans la Russie du XIXe s., la fameuse discussion sur l'opportunité ou l'inopportunité de s'ouvrir au catholicisme romain,
    2. l'apport de Soloviev dans la genèse de la parabole du Grand Inquisiteur,
    3. la critique de Dostoïevski à l'encontre de Fichte* et Rousseau.

     

     

     

    Au total, le recueil que nous offre Lauth constitue un tour d'horizon particulièrement intéressant pour comprendre la réalité russe pré-bolchévique, à travers l'œuvre du plus grand de ses écrivains.

     

     

     

     

     ► Robert Steuckers, Vouloir n°37-39, 1987.

     

    * : Cf. Hegel, Critique de la Doctrine de la Science de Fichte de Reinhard Lauth (2005) et Fichte, la science de la liberté de Xavier Tilliette (2004), tous 2 chez Vrin.

  • Approprions-nous la critique de la société marchande

    Il est aujourd’hui délicat de parler d’un mouvement exclusivement opposé au mariage pour tous, tant les enjeux et l’ampleur de la mobilisation ont largement débordé et dépassé cette revendication préliminaire.

    À notre grande surprise, un processus de conscientisation d’une rapidité remarquable a vu le jour, en particulier chez une certaine jeunesse. De nombreuses voix, parmi les collectifs qui se sont créés à la faveur de l’exigence du retrait du projet de loi, se sont élevées pour critiquer la dérive libérale-libertaire, déjà engagée de longue date.

    Certaines commencent à poindre pour s’élever non pas simplement contre l’emprisonnement d’un jeune militant, mais contre l’ensemble des lois liberticides et d’une justice aux ordres qui ont permis cela. C’est là le mouvement des choses le plus prometteur car pointant du doigt la voie dans laquelle il faut à présent pleinement s’engager. Une voie qui suppose une révolution intellectuelle et spirituelle profonde, essentiellement par le dépassement de clivages périmés et de visions politiques idéologiques et fantasmées. Bref, mettre ses pas dans les avant-gardes toujours d’actualité, comme celle du Cercle Proudhon ou des non-conformistes de l’entre-deux-guerres.

    Le plus prometteur aussi, car le plus porteur d’effectivité. Il s’agit en effet ici d’un mouvement porté par l’ensemble de la nation : étudiants, travailleurs salariés, entrepreneurs… La France y est globalement représentée, à l’exception notable de l’hyperclasse bourgeoise et de ses intellectuels organiques. Or, c’est là que s’ouvre un avenir véritable : un processus révolutionnaire apparaît là où on ne l’attendait pas. Un processus qui ne se résume pas à la population étudiante, ce qui permet à l’ensemble de la population de s’identifier au combat, et donc d’échapper au péril d’un discours trop radical dans la forme, et donc détaché de la population, bien qu’universel en droit (ce fut l’une des causes de l’échec du Printemps érable au Québec).

    Reste à présent le plus difficile : le profil sociologique de la population protestataire peut la rendre rétive à tout projet réellement révolutionnaire. La critique de la société marchande (qui entraîne pourtant un bouleversement incessant des mœurs, des traditions et des valeurs les plus sacrées) s’est vue jusqu’ici monopolisée par des militants libertaires, dont le discours caricatural laisse supposer une attaque contre toute forme de propriété et de responsabilité individuelle – attaque qui indigne le peuple à raison.

    Mais ce dont ce projet de loi est le nom est précisément un capitalisme libéral-libertaire devenu fou, et non l’entreprenariat honnête, la petite propriété… ou le combat pour l’abolition de la marchandise universelle.

    Le combat ne se poursuivra et ne pourra durer qu’au prix de cette prise de conscience car, en l’état, il ne peut y avoir abrogation de la loi Taubira. Faire un pas en avant, hors de nos cadres habituels de pensée, ou tout perdre. Là se trouve l’alternative.

    Romain Lasserre http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

    Source: Boulevard Voltaire

  • Exclusif : le remaniement que souhaitent nos compatriotes

     

    130723

    À quel jeu joue Valls ? La scandaleuse affaire de Trappes, ses gesticulations ministérielles et l'impunité concrète des voyous amènent une fois encore à poser la question. La réponse est simple : cela pourrait s'appellé le jeu du remaniement. Mais sans s'intéresser aux souhaits véritables du peuple français, la solution adoptée se basera une fois de plus sur les manipulations coutumières du système et des gros intérêts étatistes.

    La focalisation assez artificielle autour des exploits, déclarations, provocations, rodomontades, exclusives et autres manifestations arbitraires de M. Valls ne saurait en effet être tenue pour fortuite. N'oublions jamais que le personnage a noué des relations solides. Elles remontent bien clairement à l'époque où dans le mouvement trotskyste-lambertiste ses équipiers s'appelaient Alain Bauer et Stéphane Fouks. Et quoique le premier ait servi le gouvernement Sarkozy "Malgré l'alternance, Valls lui a gardé un bureau place Beauvau. Et Fouks a trinqué avec lui chez Drouant." (1)⇓

    Les grandes manœuvres autour du remaniement ne doivent donc échapper à personne. Car les grands habiles voudraient nous faire croire que le ministre de l'Intérieur, "premier flic de France" (2)⇓ représenterait pour la droite le suprême espoir et la suprême pensée.

    Déjà en 1814-1815 Chateaubriand écrit ainsi dans les Mémoires d'Outre-Tombe à la date du 6 juillet 1815, après Waterloo : "Tout à coup, une porte s'ouvre: entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, Monsieur de Talleyrand soutenu par Monsieur Fouché." Talleyrand était en effet ministre des affaires étrangères et Fouché ministre de la Police. Fouché et Talleyrand se posaient en maître d'œuvre d'une restauration largement sabotée (3)⇓

    Dès le départ de Mme Batho, venant après l'élimination de Cahuzac, beaucoup de Français ont compris la réalité de la situation du pays.

    Pour retrouver une économie de croissance, en appliquant les disciplines européennes, sans subir les humiliations et les oukases souvent absurdes d'une troïka de technocrates internationaux, le gouvernement français devait se transformer. Il faut en expulser les adversaires systématiques de toute réforme, les alliés de la CGT et autres syndicats subventionnés "conservateurs" du fiscalisme et du fonctionnarisme.

    La première manœuvre de Hollande et Ayrault aura consisté à refaire le procès de leur prédécesseur, susceptible de revenir sur l'eau. Le rejet des comptes de campagne, [qui eussent certainement été jugés impeccables si le résultat de mai 2012 eût été différent], servait à ce cela. On ne peut donc que rire du petit manœuvrier de l'Élysée quand il pontifie et moralise de façon si ridicule : "le Conseil constitutionnel est une institution de la République qui, par son indépendance, règle des questions qui sont de sa seule autorité… personne ne peut suspecter, mettre en cause cette institution sans mettre en cause l'ensemble des institutions"

    Beaucoup de Français trouvent à dire vrai extrêmement tentant de mettre en question l'ensemble de la Constitution, et tout ce qui porte la marque de Michel Debré, y compris son fils Jean-Louis, le plus bête et le plus chiraquien des deux frères jumeaux, propulsé à la présidence du conseil constitutionnel par Chirac.

    Avec les ministres socialistes, dont il ne diffère pas beaucoup, il mérite donc la censure globale qui menace de plus en plus toute la classe politique spoliatrice de la société civile.
    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. cf. "Valls, Bauer, Fouks : le pacte de Tolbiac" par Ariane Chemin in Le Monde en ligne le 26 novembre 2012.
    2. L'expression était déjà revendiquée par l'ex-gauchiste Clemenceau.
    3. cf à se sujet le tome IV de L'Histoire de la Vendée militaire de Jacques Crétineau-Joly La Cause des Blancs.
  • « Je me fous des Bretons » (Nicolas Sarkozy)

    PARIS (NOVOpress Breizh) – Nicolas Sarkozy a de gros problèmes d’argent. Au 31 juillet, son parti l’UMP, doit – ou devrait – rembourser aux banques un prêt de 11 millions d’euros, or l’Etat ne remboursera pas cette somme au parti en question car les comptes de campagne de M. Sarkozy – correspondant à l’élection présidentielle de 2012 – ont été invalidés par le Conseil constitutionnel. Ben sûr, l’inquiétude n’est pas de mise puisque les banquiers accepteront de bonne grâce le rééchelonnement de la dette.

     

    En effet le principal créancier concerné, la Société générale, dont le PDG n’est autre que Frédéric Oudéa, ancien conseiller de M. Sarkozy lorsque celui-ci était ministre du Budget, en 1993. Sous la présidence de M. Sarkozy, la Socgé a bénéficié en décembre 2008, de deux emprunts d’Etat de 1,7 milliard d’euros chacun. On voit mal, dans ces conditions, comment la banque et l’UMP pourraient ne pas trouver un accord pour quelques millions (Libération, 09/07/13).

    Cette question ne peut laisser indifférent M. Sarkozy car ce dernier s’était porté caution solidaire du prêt de 11millions d’euros que le parti doit rembourser au 31 juillet (Le Monde, 09/07/13). D’où l’organisation d’un « Sarkothon » destiné à trouver des fonds permettant de couvrir cette dette. SelonLes Echos (22/07/13), près de 7 millions d’euros auraient déjà été récoltés. Une somme suffisante, d’après Jean-François Copé, pour que les banques acceptent d’accorder un nouveau prêt si la somme de 11 millions n’est pas réunie. Donc l’ancien président de la République pourra partir en vacances l’esprit tranquille. Certes, les esprits chagrins font remarquer que le parti compte 44 millions de dettes, en dehors du prêt de 11 millions à rembourser pour la campagne de Sarkozy. Pour revenir à l’équilibre fin 2016, il doit rembourser 11 millions d’euros par an à quatre banques à qui il a emprunté 55 millions d’euros (Le Monde, 03/07/13).

    Bien sûr, il faut tenir compte du financement public dont bénéficie l’UMP, à savoir 19,87 millions d’euros en 2013 (Journal Officiel du 28/05/13), à quoi s’ajoutent les cotisations des adhérents et des élus.

    Soucieux d’aider Nicolas Sarkozy à sortir de ce mauvais pas, le Canard enchaîné (10/07/13) propose six pistes pour « faire du fric » et lutter contre le surendettement. L’une d’elle consiste à « discourir plus ». En effet l’ancien président de la République s’est lancé dans une carrière de conférencier international. Il parait que M. Sarkozy est un orateur recherché. Ses prestations sont généralement évaluées à 100.000 dollars (1 euro = 1,30 dollar).

    En douze mois, Nicolas Sarkozy est allé dispenser ses avis et analyses sur la situation préoccupante de l’Union européenne, l’état de la mondialisation ou les perspectives de sortie de crise aux Etats-Unis, en Russie, en Chine, à Singapour, au Brésil, en Lybie, au Qatar, au Canada et enfin en Grande-Bretagne. Et, d’ici à l’automne, le « Sarko tour » est annoncé en Israël et au Mexique (Le Nouvel observateur, 11/07/13). En octobre dernier, à New York, invité par le groupe brésilien BTG Pactual, principal fonds d’investissement d’Amérique latine, il aurait empoché 120.000 dollars, pour une conférence à Las Vegas, invité par la société américaine de gestion d’actifs Skybridge Capital, il serait reparti avec 200.000 dollars. Début juin, à l’hôtel Intercontinental de Londres, l’ancien président a dû se contenter de la moitié pour s’exprimer devant des représentants de la banque Goldman Sachs. Bref le dépôt de bilan n’est pas pour demain.

    L’entourage de M. Sarkozy s’est empressé de claironner que l’intéressé avait versé 7.500 euros à la caisse du parti, le maximum autorisé par la loi. « Or, en tant que candidat à la présidentielle, Sarko n’est pas tenu à cette règle : il peut légalement, s’il le veut ou le peut, payer l’intégralité de la douloureuse. Soit les 11 millions que l’Etat ne remboursera pas à l’UMP du fait du rejet de son compte de campagne. Ou au moins les pénalités subsidiaires : la restitution au Trésor de l’avance forfaitaire (153.000 euros) ainsi que le paiement au même Trésor de l’« amende » de 363.615 euros infligée au candidat « pour dépassement » par la Commission nationale des comptes de campagne. » (Canard enchaîné, 10/07/13).

    Consentir un effort supplémentaire ne serait pas de trop pour celui qui chantait au début de l’année 2008 : « Pour l’instant je fais président, mais un jour j’irai faire du fric. » Rappelons que le candidat Sarkozy s’est porté « caution personnelle » auprès des banques pour obtenir un crédit relais de 11 millions d’euros ».

    En attendant, les adhérents sont priés de faire un effort pour aider le parti et éviter à M. Sarkozy d’avoir à sortir un chèque autrement plus conséquent que celui de 7.500 euros donnés récemment. A cette occasion, il ne semble pas inutile d’attirer l’attention des adhérents bretons de l’UMP sur ce que le « petit mari » de Carla pense d’eux.

    Dans son dernier ouvrage, « Breizh bric-à-brac » (Palantines), Yann Lukas rappelle un évènement qui situe le personnage Sarko. « Qu’est-ce qu’on va foutre dans un cercle opérationnel sinistre, à regarder un radar ? Je me fous des Bretons. Je vais être au milieu de dix connards en train de regarder une carte ! Grand sens politique, vraiment ! ». C’était le 1er mai 2007 au Cross Corsen, dans le Finistère. Yasmine Reza rapporte ces propos de Nicolas Sarkozy dans son livre-enquête, L’Aube, le soir ou la nuit, sorti le 24 août 2007. A partir de l’automne 2006, elle avait suivi le candidat pendant sa première campagne présidentielle. Sa relation des faits n’a pas été démentie. Des propos qui font dire à certains qu’un(e) Breton(ne) possédant un brin de dignité de donne pas un sou à Sarko.

    http://fr.novopress.info/

  • Alain de Benoist sur Edouard Berth

    Lorsqu’Alain de Benoist se saisit d’un sujet ou d’un thème, il est toujours traité avec clarté, minutie, sérieux et pédagogie : le bibliographe et le collectionneur s’allient pour faire oeuvre d’érudition, sans pédantisme ni préjugés.

    La biographie intellectuelle qu’il consacre à cette grande figure du syndicalisme révolutionnaire français qu’était Edouard Berth (1875-1939) s’inscrit bien entendu dans cette veine, tout comme elle s’inscrit logiquement et plus généralement dans une pensée toujours attentive aux irréguliers et aux hétérodoxes, à ceux qui échappent aux grandes voies idéologiques trop bien balisées - on se réfèrera, en particulier, aux nombreux travaux qu’Alain de Benoist a consacrés aux figures de la Révolution conservatrice allemande (l’un des chapitres de son Edouard Berth s’intitule d’ailleurs : « Vers une Révolution conservatrice ? »).

    Edouard Berth, disciple de Georges Sorel - l’auteur des Réflexions sur la violence, le théoricien de la « grève générale », le philosophe du mythe, grand lecteur de Nietzsche et de Bergson admiré du politologue Julien Freund - rencontra aussi l’oeuvre de Maurras et se montra très attentif à l’action de... Lénine. Autant dire que, de prime abord, il peut paraître déconcertant quoiqu’il ait défendu toute sa vie plusieurs idées-forces.

    Berth, en effet, récusa la hideuse démocratie parlementaire, régime politique sans doute le plus méprisant qui fut jamais à l’égard des humbles (il convient toutefois de noter, et Alain de Benoist l’explique fort bien, que la critique berthienne du parlementarisme ne recoupe pas exactement celle des royalistes ni des léninistes). Le 10 janvier 1913, Berth écrit ainsi à Edouard Droz : « Je nie que la démocratie soit un régime populaire ; j’affirme (...) que ce n’est qu’une aristocratie déguisée, et la pire de toutes, l’aristocratie des pires, des médiocres, des canailles, en tout genre, in omni genere et modo. » On admirera à la fois le réaliste et le visionnaire. Il est vrai que l’un de ses autres maîtres, Proudhon, avait déjà dit l’essentiel : « le moyen le plus sûr de faire mentir le Peuple, c’est d’établir le suffrage universel. »

    En conséquence, Edouard Berth condamna le libéralisme bourgeois défini comme le règne du marchand, de l’intellectuel (l’ « antithèse du producteur ») et du politicien, soit, de l’échange, du concept et de l’Etat. La raison utilitariste des Lumières, en quelque sorte, a sapé la communauté organique au bénéfice de la société (pour reprendre la célèbre distinction de Tönnies), laquelle se fonde sur une abstraction juridique tendant inéluctablement au cosmopolitisme. En elle, « tout devient abstrait, laïque, démocratique et obligatoire » ce qui, note l’auteur avec raison, constitue « un diagnostic très actuel. » Maurras, quant à lui, échappa à la critique de l’intellectualisme en raison de l’empirisme organisateur qui le garda des nuées romantiques : « Le rationalisme de Maurras, écrit Berth, est un rationalisme classique, c’est-à-dire un réalisme, et s’oppose complètement au rationalisme démocratique, qui est un idéalisme. »

    Ainsi, avec Georges Valois puis le Camelot du Roi Henri Lagrange, Berth fut-il l’artisan du rapprochement des syndicalistes révolutionnaires et des royalistes, d’abord à travers le projet d’une revue qui ne verra jamais le jour, La Cité française, puis via le fameux Cercle Proudhon, constitué le 16 décembre 1911 afin de « rapprocher les anti-démocrates de droite et de gauche » mais qui ne survivra pas à la politique de l’Union sacrée.

    La démocratie parlementaire et le marché, donc, vont l’amble puisque la concurrence politicienne ou économique et l’axiomatique de l’intérêt deviennent les référents ultimes : « On peut comparer un Parlement à un marché : les partis ne sont que des entrepreneurs qui font l’échange d’un certain stock de voix contre certains avantages ; et ce qui sort, de ces combinaisons de mercantis, c’est ce qu’on appelle la volonté générale, la loi. »

    A cette anthropologie libérale, Edouard Berth opposa « une morale héroïque - on dirait aujourd’hui une éthique - qui s’inspire directement des valeurs de l’Antiquité : l’éthique de l’honneur. » Autrement dit, Berth était l’homme d’un Ancien Régime de l’esprit, un paysan-soldat de Rome et de Sparte, un témoin « de l’esprit révolutionnaire-conservateur ».

    Vous en êtes un autre, a-t-on envie de dire à Alain de Benoist, au point de soupçonner dans le passage suivant un fidèle autoportrait : « Véritable révolutionnaire conservateur, il n’a cessé de défendre des idées de gauche et des valeurs de droite, ce qui fait de lui, au choix, un homme de droite de gauche ou un homme de gauche de droite. Il fut en tout cas la vivante synthèse de tout ce qui lui a paru devoir être concilié et défendu d’un même élan. Homme d’une extrême rigueur, tant morale qu’intellectuelle, et d’une scrupuleuse honnêteté, il n’a jamais dissimulé son évolution ni ses erreurs. Cela lui a valu des incompréhensions, des inimitiés, des ruptures avec des proches ou des moins proches, qu’il a toujours assumées avec courage, sachant faire passer ses convictions avant ses amitiés. Exigeant vis-à-vis des autres comme il l’était vis-à-vis de lui-même, il a connu au cours de sa vie bien des déceptions - comme en connaissent tous les enthousiastes. Il est aussi passé par d’inévitables phases de découragement. Cela ne l’a pas empêché de continuer à se battre. »

    Chapeau !

    Louis Montarnal - L’AF 2865

    Alain de Benoist, Edouard Berth ou le socialisme héroïque, Sorel, Maurras, Lénine, Pardès, 300 p., 22 €.

    http://www.actionfrancaise.net

  • L'homofascisme des LGBT

    Douglas McIntyre, fondateur de la petite association « Les homosexuels anonymes » va rendre visite à dix grandes villes américaines où il a l’intention de demander au Congrès la protection des personnes qui ont été homosexuelles contre les crimes de haine. Il dénonce « les menaces et le harcèlement menés à l’encontre des anciens homosexuels » et « l’homofascisme », c’est-à-dire

    « les intimidations des homosexuels qui pensent que seul leur point de vue sur l’homosexualité peut être toléré ». « Bien qu’ils prêchent la tolérance pour les gays, ils pratiquent couramment la discrimination envers les ex-homosexuels comme moi qui ont pris un chemin différent ».

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Europe : la construction automobile a-t-elle un avenir ?

    En Europe, la capacité de production des usines automobiles est sous-employée. En 2010, elle atteignait seulement 69 %, elle est remontée à 82 % en 2011. Le patron de Fiat-Chrysler, Sergio Marchionne, ne voit pas d'autre solution que de fermer de nombreuses usines en Europe, une dizaine... Il saute directement à la solution sans dire pourquoi le marché en est arrivé là. Nous l'apprendrons un peu plus loin. Il pointe certes la mévente des petites voitures, et leurs prix tirés vers le bas qui ne génèrent pas une rentabilité suffisante. Est-ce la seule explication ? On peut assurer que non, il y a la solvabilité des acheteurs, leur vieillissement, la concurrence étrangère, le prix des carburants et de l'entretien, les assurances, la répression routière, la difficulté d'obtenir son permis, et son prix, etc. Qui dit fermeture dit licenciements. Rappelons qu'en 2008, les industries de la construction automobile des 27 pays de l'Union européenne employaient 2 420 000 salariés.
    Selon lui, « c'est à l'Europe de prendre en charge cette transition, car individuellement, les gouvernements des différents pays ne le feront pas. » Il suggère un « effort coordonné » de façon que « la douleur soit partagée [...] Si l'Europe bloque cette restructuration, les constructeurs ne pourront pas investir suffisamment pour moderniser leur outil de production et monter en gamme » Monter en gamme signifierait-il que les petites voitures sont abandonnées et laissées aux constructeurs automobiles situés hors d'Europe, y compris des marques européennes, pour ne conserver que les véhicules haut de gamme ? Certes, mais les modèles premium ne sont-ils pas déjà monopolisés en très grande partie par les constructeurs allemands ? Et l'export en direction de la Chine en particulier restera-t-il longtemps encore ouvert aux importations sans que les autorités chinoises imposent l'implantation d'usines sur place ? Quid alors de l'exportation et de la production européenne ? Ce qui est certain, c'est que l'Europe serait alors condamnée à importer ses petites voitures ! Fabuleux, non ? Néanmoins, Sergio Marchionne suggère que l'Europe mette en place « un mécanisme de soutien financier » pour rendre supportable les inéluctables licenciements et un « système de protection sociale (qui) assure la transition » de manière à donner du « soin et de l'attention » aux futurs licenciés. Mais quid des dizaines de milliers de ceux qui ne seront pas embauchés ? Qui osera affirmer que la crise est derrière nous ?
    LA COMMISSION EUROPÉENNE TIRE CONTRE SON CAMP
    En 2011, la Commission européenne a signé un accord de libre-échange avec la Corée du Sud. Le patron de Fiat-Chrysler lui reproche sa vision "bucolique" des relations commerciales internationales. Il ajoute, nous partageons son opinion depuis bientôt 20 ans : « Nous sommes tous, bien sûr, pour un monde meilleur où il n'y aurait plus de barrière : c'est une idée séduisante. Mais quand on regarde la réalité, c'est plus compliqué à faire fonctionner. » Quels sont les résultats immédiats de l'application de l'idéologie libre-échangiste bruxelloise, fanatique de la concurrence libre et non faussée ? En 2011, la Corée du Sud a exporté 436 000 véhicules vers l'Union européenne, plus 150 000 en un an. Les constructeurs européens 75 000 seulement, le marché leur restant relativement fermé. Il faut oser ! Soit 15 000 exemplaires supplémentaires seulement. Et encore, souligne M. Marchionne, s'agit-il de modèles haut de gamme allemands. Conclusion « Cet accord a été une erreur, personne n'y a rien gagné sauf les marques premium. »
    Et ce n'est qu'un début. Sont en cours des négociations de libre-échange avec l'Inde, le Japon, d'autres pays asiatiques et du Mercosur. Ce patron qui mériterait de militer dans un parti souverainiste ou de figurer au Comité de soutien de Marine Le Pen ou de M. Dupont-Aignan considère que le problème ce sont « les conditions de concurrence (qui) ne sont pas comparables », du fait du soutien de la Corée à son industrie et de barrières non douanières. Un exemple, le gouvernement coréen pénalise les concessionnaires qui distribuent des voitures étrangères. « Au Japon, l'État soutient la demande de mini-voitures, un segment réservé aux Japonais », précise-t-il. Le mot est lâché, pour se protéger, oui, se protéger « l'Europe devra vérifier la prochaine fois qu'elle sait ce qu'elle signe » avant de conclure un nouvel accord de libre-échange, insiste-t-il.
    À ce point de la rédaction, on ne peut que se scandaliser de l'indifférence, de l'incompétence, de la nocivité, de la complicité sans doute, à la fois des fonctionnaires, hauts notamment, des conseillers des ministres, des ministres eux-mêmes. Comment peuvent-ils ainsi tirer contre leur camp ? Le réquisitoire se poursuit « L'Europe pousse à signer des accords de libre-échange, souvent inégalitaires, alors même que l'industrie manque de compétitivité sur ce continent et ne peut pas survivre par elle-même » On comprend mieux maintenant pourquoi les constructeurs sont en situation de surproduction. Il s'agit du manque de compétitivité aggravée par les conséquences du libre-échangisme qui permet l'introduction en masse de véhicules bon marché. Pour la France, le coup de grâce a été porté à notre industrie automobile par Renault, entreprise dont l'État français est actionnaire, avec l'ouverture d'une usine au Maroc, dont la production est majoritairement destinée au marché français. Depuis 1945, sous l'impulsion des grandes firmes américaines l'enseignement de la doctrine idéologique libre-échangiste a été imposé aux universités américaines financées par ces entreprises ; les prix Nobel assurèrent le relais, à l'exception notoire de Maurice Allais, méprisé et ignoré ; les organismes internationaux mondialistes (FMI, GATT, OMC, OCDE), le Siècle, Bilderberg, etc. propagèrent et imposèrent le dogme ; les "élites" économiques issues des grandes écoles qui avaient tété le lait empoisonné à la source du "savoir" n'imaginaient pas que le libre-échangisme est nocif, etc. Résultat, il fallait abattre les frontières et laisser les portes grandes ouvertes, s'opposer aux partis souverainistes et nationaux, ridiculiser leurs critiques et leurs propositions. Etc. On en est là, et on vient de voir ci-dessus que les conséquences de l'idéologie triomphante sont désastreuses. Combien de politiques, combien de chefs d'entreprise, combien de gestionnaires, combien d'experts, combien de journalistes liront le réquisitoire implacable de M. Sergio Marchionne, autrement plus responsable et au fait des réalités que les clowns clones qui baragouinent ou écrivent dans les divers média ?
    Pierre PERALDI. Rivarol du 20 avril 2012

  • Mettre un terme aux interventions du FMI ?

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    Minimisée, dédaignée, déformée par les médiats hexagonaux la polémique entre les autorités européennes et le Fonds monétaire international mérite qu'on s'y attarde.

    De quoi s'agit-il en effet ?

    Dès le 16 juillet, sur le site de "Die Welt" était publié un long article relatant la teneur d'un entretien avec Mme Viviane Mme Reding, vice-présidente de la Commission européenne, à paraître en date du 17 dans les colonnes de la "Stuttgarter Zeitung".

    Le site internet du Figaro (1)⇓, reprenant l'AFP résume sa nouvelle mise en garde sous le titre suivant "UE : Viviane Reding veut abolir la troïka"(2)⇓

    Un peu court, semble-t-il, par rapport au long texte à l'origine du débat. La responsable européenne considère, entre autres, que la "troïka" cette émanation supposée des "bailleurs de fonds internationaux" a, désormais, "fait son temps". Elle fait remarquer que sa mise en place en 2010 remonte à une période où l'Europe ne disposait pas des dispositifs de stabilité, adoptés depuis.

    À cet argument juridique elle en ajoute un autre : celui de l'impopularité grandissante, pour ne pas dire les campagnes de haine orchestrées à bon compte contre les trois technocrates dans les diverses capitales où ils viennent régulièrement inspecter les mesures de rigueur planifiées et, probablement, nécessaires.

    Au bout du compte la question que pose Mme Reding porte sur la légitimité d'une intervention extra-européenne, celle du FMI, en Europe. (3)⇓ Le Fonds Monétaire International intervient-il quand les collectivités locales américaines font faillite ?

    L'intervention du FMI fut inventée en 2010, sous prétexte de "sauver l'euro", par Strauss-Kahn, avec l'appui de son prête-nom, président de l'Internationale socialiste et, accessoirement chef du gouvernement d'Athènes, Georges Papandréou.

    Mme Lagarde, a prétendu réagir au nom du FMI mis en cause. Ci-devant ministre des Finances du gouvernement Fillon, ayant succédé en juin 2011 à Strauss-Kahn, empêché, à la tête du FMI, elle a cru bon d'ironiser avec toute l'arrogance dont les oligarques parisiens savent exaspèrent nos voisins : ils ne débattent pas, ils n'argumentent jamais, ils "expliquent".

    Devons-nous penser qu'en toutes circonstances les solutions du FMI sont les bonnes ? Non : les économistes de cette organisation viennent officieusement de reconnaître eux-mêmes qu'ils ont accumulé les erreurs dans la gestion de la crise de la dette des pays de l'Europe du sud.

    En regard deux choses méritent d'être retenues dans cette affaire, outre le fait que la [méchante]* Luxembourgeoise de Bruxelles (4)⇓ peut avoir raison, sur ce point et la [gentille] Française de Washington avoir tort. Incroyable n'est-ce pas ?

    Le FMI ne représente pas l'assainissement nécessaire des finances publiques d'États mis en faillite par les démagogies et les bureaucraties syndicales. Le FMI n'est que l'embryon de la gouvernance technocratique mondialiste.

    Sa présence dans la "troïka" a fait son temps.

    JG Malliarakis  http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. cf. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/07/16/97001-20130716FILWWW00522-ue-viviane-reding-veut-abolir-la-troika.php
    2. Depuis 2010 on appelle ainsi le comité de trois technocrates représentants respectifs du FMI, de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne supposés apporter "la" solution aux résorptions des dettes souveraines en Europe dans le cadre de la monnaie unique.
    3. Dès le règlement, assez "novateur", de la crise chypriote on savait que les représentants de l'Union européenne n'avaient pas apprécié pas la solution spoliatrice des déposants. Or elle fut imposée par les services de Mme Lagarde. Un lapsus du jeune président socialiste néerlandais de l'Eurozone s'en était suivi. IL fut très vite démenti sur le principe… et confirmé cependant par les décisions ultérieures. Il s'agissait bien de faire de la procédure un précédent que l'on prétend renouveler dans les autres crises analogues.
    4. Mme Viviane Reding dispose habituellement de toutes les qualités nécessaires pour désobliger les adversaires de l'eurocratie. À vrai dire les médiats parisiens, les souverainistes hexagonaux et les inconditionnels du droit de l'État ne parlent jamais d'elle. À peine se souviendra-t-on qu'en 2010 elle avait engendré une controverse position contre les déclarations du président français à propos des gens du voyage. Or, après avoir été l'éditorialiste du principal quotidien du Grand-Duché, le Luxemburger Wort, cette ancienne sorbonnarde, née en 1951, est devenue, à partir de 1999, l'un des piliers de la Commission européenne. Elle en assume aujourd'hui la charge de la Justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté. Ainsi Mme Reding joue-t-elle donc un rôle pivot au sein de cette Europe institutionnelle tant décriée dans le pays même qui en a conçu la plupart des dispositifs : la France, ou plutôt ses représentants officiels, ès Delors et Lamy pour le traité de Maastricht, d'où sont sortis l'euro et la Banque centrale, ès Juppé pour le calamiteux traité de Nice, ès Giscard pour la constitution avortée devenue Traité de Lisbonne.
  • États-Unis d'Amérique Avis de décès / De l'hyperpuissance à l'impuissance (arch 2010)

    L'histoire devait toucher à sa fin grâce à la pax americana. On nous promettait mille ans de félicité et la démocratie de marché pour tous. C'était le plan concocté à Washington. La bataille n'était pas livrée que la guerre était déjà gagnée. Mais le colosse américain avait les pieds d'argile, comme l'immense statue d'or dont avait rêvé Nabuchodonosor, le roi de Babylone, et qui s'effondra. Ci-gît le Nouveau monde.
    Les Américains, depuis plus d'un demi-siècle, n'ont eu de cesse que de théoriser la notion d' « accélération de l'Histoire », qu'avait prophétisée avant eux Daniel Halévy dans l'entre-deux-guerres, mais sans doute n'ont-ils jamais osé envisager que celle-ci concernerait au premier chef, dès la première décennie du troisième millénaire, l'effondrement spectaculaire de leur propre puissance impériale, réputée sans rivale au terme de la Guerre froide, en 1991. Dans l'histoire contemporaine, seul peut-être l'immense empire continental de Napoléon, édifié à partir des victoires de la Révolution entre 1796 et 1812, a-t-il pu se désagréger aussi rapidement, mais au moins l'Empereur des Français avait-il face à lui une coalition qui regroupait presque tous les grands États européens de l'Ancien Régime, qui plus est fomentée, financée et structurée de l'extérieur par l'Angleterre.
    Ici, rien de tel : le déclin des États-Unis n'a pas été provoqué directement ou indirectement par l'un quelconque des grands États de la planète, et encore moins par l'action concertée de plusieurs d'entre eux. Au contraire, même : ce qui ne laisse pas de surprendre le spectateur impartial des vingt dernières années est l'extraordinaire, l'invraisemblable, la sidérante apathie du monde extérieur qui a accompagné la montée vers la violence tous azimuts des dirigeants américains à partir des années 1990, apathie qui n'est du reste pas complètement enrayée aujourd'hui. Combien de dirigeants, d'experts, d'intellectuels et de consultants en tous genres ne cessent-ils de nous répéter encore maintenant, et pas seulement en Occident, que la fin définitive de « l'hyperpuissance » américaine signifierait une catastrophe insigne pour le monde entier. Mais il est trop tard : le vin est tiré, et les Yankees vont être contraints de le boire (leurs alliés serviles ou imprudents aussi).

    « The rest of the world », ça existe donc !
    Pour comprendre cet engourdissement de l'intelligence, il faut sans doute se reporter à la période de la Guerre froide, pas encore si lointaine, et à l'illusion de stabilité que celle-ci avait répandue dans le monde entier, malgré les guerres sanglantes de Corée et du Vietnam et en dépit même des nombreux conflits suscités par la décolonisation. Car survenant après la brutalité apocalyptique des deux guerres mondiales, closes pourtant en 1945 par l'envoi de deux bombes atomiques américaines sur deux grandes villes japonaises, les quarante ans pendant lesquels l'ordre forgé à Yalta par Staline et Roosevelt (ou plutôt imposé par Staline, le vainqueur réel, à Roosevelt, le président moribond) s'est appliqué aux peuples du monde a pu sembler relativement pérenne et bénéfique à ceux qui le considéraient de loin.
    Il est vraisemblable que c'est cette illusion qui a survécu à la Guerre froide : parce que les États-Unis, en 1947-1948, ont dédaigné d'entamer un troisième conflit planétaire contre l'URSS pour obtenir le reflux des troupes soviétiques présentes jusqu'au cœur de Berlin à la suite de leur victoire sur le Reich et ses alliés d'Europe centrale ou orientale, il était devenu fréquemment admis que Washington ne ferait jamais un usage inconsidéré ou trop disproportionné de son hégémonie et de sa puissance. C'était bien mal connaître les nouveaux maîtres de l'Occident, qui n'ont jamais douté du fossé ontologique qui est censé les distinguer du « reste du monde » (concept cher à Zbigniew Brzezinski),que ce soit les indigènes autochtones de leur propre continent ou leurs alliés assoupis de la Vieille Europe.

    La fin de l'histoire commence à Washington
    Pourtant, les yeux auraient dû se déciller assez vite. Dès la Première Guerre mondiale, en effet, lorsque les Américains commencent à remettre en cause prudemment leur isolationnisme traditionnel, leur première irruption sur la scène mondiale va s'accompagner de trois conséquences qui s'avéreront désastreuses : la fin du système westphalien de l'équilibre des puissances par lequel l'Europe classique avait su brillamment surmonter le premier grand traumatisme des guerres de religion, la détérioration progressive, mais certaine de l'ordre monétaire international par la substitution de l'étalon-dollar à l'étalon-or (entreprise dès 1933, après l'élection de Roosevelt), enfin la transformation de la classique « question d'Orient » en véritable chaos géopolitique post-ottoman, en raison du double soutien sans faille apporté au sionisme d'une part et au wahhabisme saoudien d'autre part.
    Tout cela aurait dû avertir de façon assez précise que la fin de l'Union soviétique n'allait pas ouvrir pour le monde une grande période d'harmonie retrouvée, comme nombre d'intellectuels occidentaux l'ont seriné alors. Ne serait-ce que parce que la détention du monopole de la puissance stratégique, monétaire et financière par un seul État était totalement inédite dans l'Histoire mondiale, et dès lors ressemblait beaucoup plus à une anomalie momentanée et périlleuse qu'à la fin rationnelle de l'Histoire espérée depuis Hegel en Occident.

    Dieu n'est plus américain
    Pourtant, les États-Unis, à qui même les Russes et les Chinois d'alors tendaient fébrilement la main, auraient fort bien pu mettre en place une stratégie de domination planétaire assez semblable à celle qu'avait entreprise la Grande-Bretagne au XIXe siècle : veiller rigoureusement à la neutralisation réciproque de chacune des grandes puissances mondiales, France-Allemagne, Chine-japon, Chine-Russie, Inde-Pakistan, Iran-Irak, Turquie-Serbie et Turquie-Arménie, mais sans jamais attenter directement ni à leur souveraineté ni à leur intégrité territoriale, du moins tant qu'ils ne contestaient pas ouvertement le maintien de la prééminence américaine. C'est ce que Londres avait plus ou moins obtenu, en 1815, avec l'aide de Talleyrand, du Congrès de Vienne, et c'est plus ou moins ce que Henry Kissinger, l'ancien mentor diplomatique de Richard Nixon, leur préconisait de faire après le départ de Gorbatchev et l'effondrement de l'empire soviétique.
    Au lieu de cela, le grand leader républicain du Congrès, Newton Gingrich, livrait au monde, en t995, le nouveau credo américain dans le texte suivant, publié dans une dizaine de grands quotidiens internationaux : « Seule l'Amérique peut mener le monde. Elle reste la seule civilisation internationale et universelle dans l'histoire de l'humanité. Notre système de démocratie parlementaire a permis le plus grand bond économique de tous les temps, nos valeurs sont reprises dans le monde entier, notre technologie a été le premier facteur de la mondialisation. Nos armées sont stationnées sur toute la planète à la demande des gouvernements hôtes, non pas pour les soumettre mais pour répondre au désir de liberté, de démocratie et de libre entreprise de leur population. Quelle autre civilisation a réussi pareille domination du monde ? L'Amérique est la seule nation suffisamment grande, multiethnique et soucieuse de liberté pour servir de guide. Sans une civilisation américaine bien vivante, la barbarie, la violence et la dictature gagneront du terrain sur la Terre. »

    L'hyper-impuissance
    On connaît la suite : les Irakiens, les Serbes, les Palestiniens, les Pachtouns et autres « barbares » vont vite savoir ce que signifie pour eux le déploiement d'une « civilisation américaine bien vivante » sur les cinq continents. Au-delà, la Russie, la Chine, l'Inde, l'Iran, la Syrie, l'Arménie vont se retrouver progressivement enserrés par une stratégie d'étouffement et d'agressions militaires de plus en plus nombreuses afin de les voir se soumettre sans condition au nouvel imperium atlantique, baptisé ironiquement « partenariat pour la paix » ou bien encore « consensus de Washington ».
    Mais c'est en 2003, avec l'invasion de l'Irak et le renversement de Saddam Hussein, que l'Amérique va commettre l'erreur fatale, la même que Napoléon deux siècles plus tôt en Espagne et en Russie. Car en devenant clairement et ouvertement une puissance d'occupation, confrontée à l'hostilité de ses alliés eux-mêmes, les États-Unis vont se trouver très vite embourbés dans des conflits sans issue qui vont accroître de façon démentielle leur dépendance économique déjà cruciale vis-à-vis des puissances mêmes qu'ils désirent endiguer ou dont ils entendent remettre en cause la souveraineté - comme la Chine.
    Le résultat, impressionnant, est aujourd'hui visible par tous : en 2010, le capital est chinois, la dette américaine, le dollar menacé par le retour de l'or, et les troupes yankees partout acculées à la débâcle. La destinée autrefois manifeste a bel et bien cessé de l'être, et le XXIe siècle, quant à lui, ne sera pas américain.
    Pierre-Paul Bartoli Le Choc du Mois novembre 2010