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  • La liberté de conscience n’est plus répoublicaine…

    par Dominique Daguet

    L’exemple de la Vendée trotte toujours au sein de mes neurones : la loi s’imposait par la force, la conscience libre s’imposait par le martyre. Exemple tragique qu’il nous faut porter au plus profond de nos réflexions comme de nos actes.

    Il est rare qu’une telle question se pose en France : aujourd’hui pourtant chacun, dans la mesure même où il est informé, doit se décider, non parce que la loi l’emporte toujours puisqu’elle émane de la force politique, mais parce que l’on a choisi en connaissance de cause soit son dictat, soit la décision d’une conscience amené à penser qu’on ne doit pas accomplir ce que dit cette loi.

    Nombre de gens ont subi depuis 1974 des violences suite au vote qui légalisait et ainsi justifiait la pratique des « interruptions volontaires de grossesse », normalement nommées avortements : leur conscience exigeait d’eux qu’ils s’opposent par des actes non-violents mais expressifs.

    Il nous convient de prendre la mesure de ce que l’État, en ces matières qui dépassent le seul niveau du politique pour atteindre le seuil de ce que l’on nomme « la civilisation », peut décider contre ceux qui le défient, armés, non de la force policière, non des jugements prononcés par des juges inféodés aux idéologies libertaires, francs-maçonnes ou marxistes, mais seulement d’une conviction qui leur fait savoir ou comprendre qu’il est impossible de commettre de tels actes, d’obéir à de tels règlements totalement opposés à leurs odéaux philosophiques, moraux ou chrétiens… [...]

    La suite sur France Catholique

    http://www.actionfrancaise.net

  • Embryon ou citoyen, tous traités comme du bétail !

    Le mardi 16 juillet, les veilleurs debout devant l’Assemblée Nationale

    Mardi fut un sombre jour où l’être humain a été traité en France comme le plus vil des animaux, qu’il soit tout petit ou déjà grand. Car, mardi fut d’abord un sinistre jour où la loi autorisant la recherche sur l’embryon humain a été votée. Mais mardi fut aussi un illustre jour où les Français de conviction qui ont été réprimés ont montré une fois de plus qu’ils ne lâchaient rien.

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    De nouveau les députés de l’Assemblée Nationale allaient être amenés à voter la loi sur l’embryon humain. Par un coût de force dans la nuit du 18 avril dernier, le député Poisson avait réussi à faire clapoter la loi. Elle n’était pas passée. Aujourd’hui le projet de loi revient. Les Veilleurs debout, spontanément, se sont mobilisés pour soutenir nos députés en cette après-midi qui s’annonçait difficile. Leur présence impose devant les grilles du temple néo-classique qu’est l’Assemblée Nationale. S’impose aux passants. S’impose aux forces de l’ordre. Et surtout, s’impose au cœur de l’Hémicycle.

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    Bientôt le sort de l’embryon humain allait être fixé. Bientôt « le plus petit d’entre nous » serait le moins protégé de tous. Bientôt « ce que nous avons tous été » serait en proie à toutes les expérimentations des apprentis sorciers. Mais à l’intérieur, le débat dans l’antre de l’Hémicycle bat encore son plein. Les députés peu nombreux mais engagés qui soutiennent notre cause se battent jusqu’au bout.

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    Les forces de l’ordre sont déjà bien présentent. Des curieux béats aux militants sclérosés par la bien-pensance, rien ne manquent au tableau : les veilleurs sont abordés par, tantôt les insensés, victimes du « totalitarisme de l’indifférence », tantôt les « écrlinf » persuadés qu’il aurait mieux fallu que nous ne fussions pas nés. Etre un de ces embryons qu’on jette après en avoir usées. Mais cela ne dure qu’un moment. Car ces gens-là passent, mais les veilleurs restent.

    Entre deux séances, le député-maire Jacques Bompard, accompagné de son fidèle attaché parlementaire, s’empresse de prendre le temps de passer rendre visite à ces Veilleurs debout dont on lui vente le mérite. Le député-maire salue plusieurs personnes et remercie vivement les manifestants pour leur soutien.

    veilleurs AN 17 h 20

    Il est presque 17 h, quand pour se faire voir davantage du peuple et de ses élus, les veilleurs décident de se déplacer devant l’entrée principale, place du Palais Bourbon. Leur nombre a gonflé. Les voilà près de trente, espacés, alignés. Toute la place est occupée. Plus un seul élu ne peut rentrer ou sortir par le grand portail sans devoir affronter des regards dont la clarté les effraie, des personnes dont la droiture les horripile. C’était là sans-doute en effet suffisamment insoutenable, puisque la police a eu ordre de ne pas « rester sans rien faire ».

    La nouvelle tombe. La loi est votée. L’atmosphère tendue. Aussitôt, les forces de l’ordre arrivent en renfort. De nouvelles camionnettes prennent place devant le Palais Bourbon. Les policiers se déploient. Lentement les veilleurs sont cernés.

    Veilleurs AN 17 h 40

    Tout le dispositif est prêt. La police attend les ordres. D’autant plus hautes sont pris les directives qu’elles mettent du temps à descendre. Or il eut fallu attendre longtemps avant qu’une décision soit prise. Un des veilleurs se fait contrôler son identité. Il n’y en aura presque nul autre. Voilà, derrière les veilleurs, le capitaine prononce la première sommation au haut-parleur. Là aussi, il n’y en aura nulle autre. Sans-doute considéraient-ils que faire ces deux autres sommations était donner dans la fioriture superflue.

    les veilleurs encerclés

    En pédagogues avertis, les policiers ont préféré auprès de chaque veilleur aller lui prier de bien vouloir instamment se donner la peine de quitter les lieux. Si le langage ne fut pas toujours si courtois, l’intention sans-doute elle y était. Seulement voilà, la détermination des veilleurs n’est pas des moindres. Elle lui faut être proportionnée à la cause défendue. Jeunes ou moins jeunes, tous ont appris, parfois avec une grande difficulté, à faire le deuil de la politesse pour dénoncer la haute gravité de leur combat pour la vie et la famille.

    les veilleurs veille dame... Là, commence alors la valse lente des interpellations individuelles ; là continue l’illégalisme des arrestations abusives élevé en nouvelle norme du socialisme ; et là apparaît surtout une première dans l’histoire de la répression policière de la Hollandie. Un ordre est aboyé dans les radios : « Vous allez les prendre un par un avec la fermeté nécessaire ». Rien de très nouveau pour l’instant. Un par un alors, les veilleurs sont déportés sur une place adjacente au Palais, la Place Edouard Herriot. Tandis que certain accepte de suivre les policiers, d’autres font comprendre qu’ils ne bougeront pas d’eux-mêmes. Les policiers sont alors contraints n’en faire les frais et de les porter jusqu’à point nommé.

    Tous les veilleurs debout sont parqués comme du bétail entre des barrières de sécurité, tous emprisonnés dans 15 mètres carrés, pareils que des bêtes à la foire.

    veilleurs parqués

    Débute alors l’incroyable détention des veilleurs debout, où près de quatre heures durant la liberté de circulation est allègrement bafouée, où près de quatre heures durant, « il nous semblait vivre en cage au milieu d’un grand désert » ; au milieu du grand désert d’une république asséchée de principes et assoiffée de pouvoir.

    Après une heure, tout laisse croire que la police allait leurs rendre la liberté. Mais aussitôt sortie de l’enclos, tous ceux qui n’eut la présence d’esprit de prendre leurs jambes à leur cou pour fuir, aussitôt ont été re-parqués de nouveau. Aux premières d’entre elles, les personnes retournées veiller.

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    Les députés Poisson et Mariton viennent demander la libération des veilleurs. Ils parlementent longuement, l’un après d’autre, avec les commissaires présents ; repartent à l’Assemblée, revienne à la charge une demi-heure plus tard, apprenant que tous sont encore détenus. En vain. Ils sont démobilisés devant l’autisme du commissaire.

    veilleurs poisson

    Benjamin Blanchard, assistant parlementaire du député-maire Bompard, passe sur le trottoir pour aller au bar. Là, il est interpellé, sans motif, et parqué avec les autres. « Je travaille ici, à l’Assemblée. Là, c’est la fenêtre de mon bureau », dit-il, en sortant sa carte. Mais rien n’y fait. La raison de sa séquestration ? Il ne lui apprendra que plus tard : « l’on vous a vu tout à l’heure aller saluer les manifestants ». Avec de tels états d’esprit, les dégâts de l’Épuration ne font plus surprise aucune. Il a fallu à Bompard lui-même de se déplacer pour sortir de là son collaborateur.

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    Se gare sur le trottoir d’en face, le « panier à salade ». Comme à l’accoutumée, l’on nous affirmer qu’il ne servira pas. Un agent de police pousse la plaisanterie sur sa présence : « Oh, dit-il, ce car là, ce ne serait pas le retour de colo des enfants de la police, non ? ». Le temps s’écoule. De temps à autres, un veilleur nouveau venu rejoint les autres déjà emparqués . Parmi les veilleurs, se trouve une femme en ceinte.

    veilleurs le bus

    Le commissaire apprend aux veilleurs qu’ils sont « libres de sortir ». Non pardon. Il précise son propos : ils sont « libres d’être raccompagnés de force dans le métro ». Point du tout pareil.

    « Le métro n’est pas votre direction ? » Rien à faire. « Il vous faut reprendre votre vélo ? » Rien à faire. « Vos amis vous attendent dans le bar là ? ». Rien à faire. « Il vous faut aller sur les quais et prendre le pont pour rentrer chez vous ? ». Rien à faire. Rien à faire. Rien à faire. Drôle de liberté que celle de ne pouvoir allez nul part ; nul part sinon là où l’on vous y contraint. Personne ne pouvant être libre de circuler, personne ne circula.

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    Dans l’esprit les veilleurs, la raison en est simple. Une fois arrêté par la police, il n’y a que deux possibilités : ou bien on est libre de circuler, ou on ne l’est pas. Dans le second cas, le policier n’a pas à demander de « choisir » sa volonté, il doit la faire exécuter par coercition. Là est la différence entre l’exécutif et le législatif.

    Il est 21 heure 10 passée quand les veilleurs ont été tous reconduits au Métro, après 4 heures parqués à côté de l’Assemblée Nationale. Voilà le double exploit de ladite République socialiste en une seule journée : l’embryon humain sera désormais traité tout comme l’embryon d’une souris ou celui d’une vache.

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    Et puis, nous leur faisons dire, au fond : « fi des convenances, traiter pareil au bétail des opposants politiques n’est pas pire que de le faire pour les embryons humains. C’est juste, après tout, une question de délai de prise en charge : on a laissé l’un vivre plus longtemps que l’autre. »

    http://nouvelarbitre.com

  • L’affaire Méric II : les remous d’une imposture

    « Quant à l’information de RTL précisant que le militant antifa n’a pas été “lynché une fois par terre”, tout le monde le savait ».

    D’abord instruments d’une récupération politique, les médias ont fini par opérer une prudente volte-face devant l’affaire Méric, à deux ou trois journaux près pour qui le réel, comme en ex-URSS, n’a de valeur que s’il démontre la doxa.

     

    Quand le pouvoir médiatique est devenu globalement univoque, ses réactions trahissent presque toujours le même élan collectif et l’on assiste, pour le moins intrigué, à de grands emballements proches de l’hystérie de masse, puis à de subits revirements un peu honteux. C’est en tout cas très clairement l’impression que notre classe médiatique a donnée au sujet de l’affaire Méric.

    Le phénomène ne laisse pas d’inquiéter, d’abord pour la dimension chaotique et frivole que cela traduit de son travail, et ensuite parce que cela témoigne d’une démocratie en très mauvais état de fonctionnement. En effet, dans une démocratie saine, ou dans n’importe quel régime « bien tempéré », les médias n’auraient pas été aussi grossièrement manipulés par un pouvoir aux abois comme nous le démontrions dans le précédent dossier, et, étant donné les éléments que tous avaient sous les yeux, si l’on tenait absolument à faire sortir l’affaire du champ des faits divers, on aurait dû avoir droit à des éclairages contradictoires. Une telle attitude ne réclamait même pas des qualités particulières, mais seulement la déontologie minimale de professionnels de l’information. L’évolution de l’histoire eût du moins paru moins calamiteuse… Or, après la furie initiale, la désignation tous azimuts des responsables de la mort d’un enfant, la martyrologie spontanée et le Chant des partisans entonné Place Saint-Michel, nous avons assisté, notamment après les révélations de RTL au sujet des films de vidéo-surveillance ayant enregistré la rixe entre Skins et Antifas, à un étrange et soudain retournement de situation…

     

    Une nouvelle version ?

     

    Les images de vidéo-surveillance et le procès-verbal des vigiles accablent les Antifas et confirment les allégations d’Esteban Morillo et de ses acolytes : les Antifas auraient bien rempli la fonction qui est la leur, c’est-à-dire « chasser du Skin » et Clément Méric, s’il était le plus faible du groupe, aurait également été le plus virulent. Attaquant dans le dos un adversaire déjà confronté à deux hommes, le futur martyr, initiateur de la confrontation, ne s’encombrait visiblement pas de principes chevaleresques. Après la révélation choc de RTL le 25 juin, les autres médias la reprennent, sans le moindre mea culpa, mais comme s’il s’agissait, au fond, d’un rebondissement inattendu. Le Figaro du lendemain raconte comment la vidéo-surveillance montre l’affaire « sous un jour nouveau ». Dans la presse locale, on trouve le même genre d’expression : « L’autre version », titrent Le Bien public, Les Dernières Nouvelles d’Alsace comme Le Dauphiné libéré. Pourquoi, l’autre version ? Avant cette vidéo, nous montrions ici comment les éléments connus et divulgués par ces mêmes journaux tendaient bien tous vers cette interprétation des faits. Les révélations de la radio RTL n’ont fait que confirmer ce qui était déjà connu à propos des éléments concrets et insister encore sur le fait que la victime était bien l’agresseur originel.

     

     Chute de fièvre

     

    S’il y a eu une autre version, une version seconde, superposée à la première, c’est celle fomentée par les Antifas, d’abord, qui jouent aux loups tigrés rouge et noir sur leurs blogs, et aux agneaux immaculés s’ils tombent dans la rue. C’est surtout, essentiellement, celle des politiques qui se sont galvanisés d’un lyrisme hallucinatoire en dépit des faits et ont inventé de toutes pièces la thèse de l’assassinat politique. La fièvre délirante est retombée avec cette piqûre de rappel, et on est simplement revenu à la première version, la seule véritablement établie et qu’avait d’ailleurs retenue le juge d’instruction, lequel, au contraire des politiques et des médias, avait gardé la tête froide et inculpé Morillo au vu des faits connus, c’est-à-dire de « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

     

    Les éditorialistes, les militants associatifs, la plupart des politiques et les ados camarades de classe de Méric n’ayant pas assisté à la rixe ont pu scander leur récit en boucle, les fondements de ce récit ne tenant, pour les derniers, qu’à leur désir légitime d’auréoler leur ami perdu, pour les autres, qu’à leur désir de désigner leurs opposants à la vindicte publique par n’importe quel raccourci.

     

    Retour critique

     

    À la suite de ce dégrisement, de ce brusque démenti, quelques voix, dans la profession, ont tout de même commencé de pointer ce qui peut s’apparenter à une faute collective. « La récupération politique de ce fait divers n’a échappé à personne. Vous avez tous jugé ces jeunes, mais avez-vous jugé le gouvernement ? » s’interrogeait ainsi M. Vleirick dans Nord Littoral, le lendemain des révélations de RTL. « Avez-vous jugé les médias qui ont joué le jeu de cette récupération politique avec autant de zèle ? », aurions-nous envie d’ajouter. « A en juger par les réactions que ces révélations ont suscitées hier sur la Toile et les sites des journaux – de droite ou de gauche – on peut penser que la polémique sur cette affaire un peu trop vite qualifiée de “crime fasciste” ne fait que commencer », lisait-on dans 24 heures. Si elle ne fait que commencer, elle avait déjà été initiée en amont par l’OJIM… « Avec les “révélations“ de RTL hier matin, puis les “contre-révélations” de Libération, la mort de Clément Méric, pour tragique qu’elle soit, est retombée dans la chronique des faits divers. Son classement en rubrique politique était d’ailleurs un peu prématuré », remarquait le Courrier Picard. C’est le moins que l’on puisse dire. Et cette vérité va même être énoncée avec davantage de force par… Laurent Ruquier, le 29 juin dernier, sur France 2, dans son émission On n’est pas couchés.

     

    L’animateur évoque en effet l’affaire dans la rubrique « Top flops » et, après l’avoir résumée à une rixe entre bandes rivales, il enjoint ses confrères à une extrême prudence, taclant leur emballement qui venait de se révéler si grotesque.

     

    « Libé », « l’Huma », ou la vérité au goulag

     

    Mais il y a également des journalistes qui, dans cette pathétique histoire, n’ont jamais pris la fièvre, ou alors chez qui la fièvre idéologique est la grille naturelle d’analyse du réel, seule possibilité, sans doute, pour ces militants, de maintenir une méthode d’approche du monde totalement périmée : périmer le monde lui-même. On trouve alors chez eux le déni le plus parfaitement décomplexé. Pour L’Humanité : « Clément Méric passe de victime à agresseur par la grâce de RTL ». La possibilité qu’un agresseur puisse finir victime du conflit qu’il a déclenché semble une proposition sans doute beaucoup trop complexe et alambiquée pour entrer dans les cases bien définies de la doctrine du journal communiste. Et l’on remarquera que ce ne sont pas les faits qui sont en cause, ni les vidéos qui les retranscrivent, mais la radio qui les rapporte, de la même manière, sans doute, que la violence des banlieues françaises est une création de TF1. « Grâce » est le terme juste à employer, dans ce cas de figure, quoiqu’il paraisse si dissonant sous la plume des tenants du matérialisme athée. En effet, il faut vraiment une rupture de l’ordre rationnel pour que le messager intervienne sur la réalité qu’il rapporte et en soit tenu pour responsable. Une superstition, du reste, archaïque. Mais on trouve aussi d’autres interprétations qui sont moins magiques que simplement d’une mauvaise foi débil  : « Selon les écoutes de la police, Esteban Morillo aurait été appelé en renfort par sa copine et serait donc venu avec l’intention claire d’en découdre. » S’il a été appelé en renfort, c’est donc qu’il est venu défendre sa copine qui se sentait menacée… Le renversement de l’initiative d’agression se résout ici désespérément par un simple abus de langage.

     

    Touche pas mon icône

     

    Mais le summum de la gauche religieuse, qui emploie le langage de la mystique pour mieux éviter le réel, a été atteint dans cette affaire par Libération. C’est ce journal qui a sanctifié Méric sur sa couverture le jour suivant son décès et qui est allé le plus loin dans la mystification : « Clément Méric, antifa devenu icône », titre le journal le lendemain des révélations de RTL. Pour le coup, Méric n’est devenu icône que par la grâce de Libé, que par la profération autoréalisatrice de ses journalistes. Il semble en effet peu probable que le visage poupin de l’étudiant de Sciences-Po rivalise demain avec celui, barbu, du Che, sur les tee-shirts des fils de bobos. Néanmoins, cet argument, fût-il illusoire, est cardinal dans la vision des choses exposée par Libération. Il conditionne tout le reste. Si Méric est une icône, il n’a pas à être traité comme un citoyen ordinaire. Aussi Fabrice Rousselot, dans son édito, peut-il tranquillement affirmer : « On pourrait alimenter la polémique vaine de savoir “qui a commencé”. Qui a donné le premier coup, qui a insulté un peu plus ou un peu moins, qui voulait la bagarre. » Eh bien, oui ! Pourquoi faire un procès équitable ? Pourquoi s’intéresser aux faits ? Pourquoi vouloir savoir ce qui s’est réellement produit ? Pourquoi vouloir juger en connaissance de cause ? Puisqu’on vous dit que Méric est une icône. Or, une icône, on l’encense ou on ferme sa gueule. Toute autre attitude est déplacée. « Les fascistes sont une menace pour la démocratie, pas ceux qui les combattent. » Donc ? Doit-on en conclure que Libé donne son blanc-seing à l’extermination à vue des fascistes ? Ceux qui combattent leurs adversaires politiques par la traque, la dénonciation, l’appel au meurtre et la violence seraient donc des démocrates exemplaires ?

     

    La dissolution du réel

     

    Mais le point sur lequel Libération n’a pas tort, c’est quand il note que la vidéo, contrairement à ce qu’affirme la majorité des médias après le 25 juin, n’apporte en effet pas d’élément fondamentalement neuf au dossier, et, comme nous le remarquions plus haut, qu’il n’y a pas lieu de parler de « nouvelle version », formule qui trahit surtout un cafouillage du relais médiatique. L’attitude de Libé a le mérite, si ce n’est de la justice, du moins de la cohérence. On nous dit en somme que, bien sûr, les faits ne plaident pas en faveur de la thèse d’une victime innocente assassinée gratuitement, que, non, Méric n’a pas été lynché au sol et qu’il est certain qu’il était belliqueux, mais qu’au fond le problème n’est pas là, que les faits n’ont en eux-mêmes strictement aucune importance. Ce qui compte, c’est qu’en tant qu’antifa Méric était ontologiquement pur, quelle que soit la manière dont il ait pu se comporter, en conséquence de quoi, remettre en cause son statut de martyr et d’icône relève du blasphème. C’est en fonction de cette métaphysique de poster de chambre d’ado que nous sommes censés juger des choses, point. Le réel est un domaine réservé aux ergoteurs funestes et demeure toujours suspect de ne pas collaborer à ce que Philippe Muray appelait « L’Empire du Bien ». Votons sa dissolution !

     

    Le lieu du scandale

     

    « Quant à l’information de RTL précisant que le militant antifa n’a pas été “lynché une fois par terre”, tout le monde le savait, les témoins, la PJ et le procureur de Paris l’ayant bien expliqué », précise donc encore Rousselot. Cela est juste et cependant, si cette non-information a été rapportée de cette manière, c’est bien parce que l’affabulation d’un lynchage avait circulé, et, si elle avait circulé, c’est parce que des faits semblables auraient correspondu à la rhétorique précisément employée par des journaux comme Libération, sans quoi Libé se retrouve avec un martyr dépourvu de son auréole. Non, le pauvre étudiant n’a pas été lynché et sa mort, si elle est tragique, ne tient pas du scandale politique. En revanche, si la plupart des médias sont donc revenus piteusement de ce faux scandale, il est étonnant que n’ait été nulle part désigné le vrai scandale : comment ce fait divers a été manipulé par le gouvernement pour organiser un lynchage symbolique de ses opposants, ceux-ci tenus implicitement pour responsables de la mort d’un adolescent et de la résurrection du nazisme par une chaîne de syllogismes proprement aberrante. Que les médias, abusés avec autant de facilité, aient participé à l’organisation de ce lynchage, voilà qui aurait mérité toutes les épithètes accolées hâtivement à l’événement : « lâche » et « odieux », par exemple. Et voilà ce qui ressortit bien, en effet, au scandale politique.

     

     M.D.
    Observatoire des journalistes et de l’information médiatique
    15/07/2013 http://www.polemia.com

  • Les drogues et la machine de guerre des États-Unis

     

    Lu sur le Réseau Voltaire : L’ancien diplomate canadien Peter Dale Scott met à profit sa retraite pour étudier en détail le Système des États-Unis qu’il décrit, livre après livre. Il répond ici aux questions de son traducteur francophone, notre collaborateur, Maxime Chaix.

     

    Maxime Chaix : Dans votre dernier ouvrage, La Machine de guerre américaine, vous étudiez en profondeur ce que vous appelez la « connexion narcotique globale ». Pourriez-vous nous éclairer sur cette notion ?

     

    Peter Dale Scott : Avant tout, permettez-moi de définir ce que j’entends par « connexion narcotique ». Les drogues n’entrent pas comme par enchantement aux États-Unis. Parfois, de très importantes cargaisons de drogues sont acheminées dans ce pays avec l’assentiment et/ou la complicité directe de la CIA. Je vais vous l’illustrer par un exemple tiré de La Machine de guerre américaine. Dans ce livre, je parle du général Ramon Guillén Davila, le directeur d’une unité anti-drogue créée par la CIA au Venezuela, qui fut inculpé à Miami pour avoir introduit clandestinement aux États-Unis une tonne de cocaïne. Selon le New York Times, « la CIA, malgré les objections de la Drug Enforcement Administration [DEA], approuva la livraison d’au moins une tonne de cocaïne pure à l’aéroport international de Miami [,] comme moyen d’obtenir des renseignements sur les cartels de la drogue colombiens ». Au total, selon le Wall Street Journal, le général Guillén aurait pu avoir acheminé illégalement plus de 22 tonnes de drogues aux États-Unis. Néanmoins, les autorités US n’ont jamais demandé au Venezuela l’extradition de Guillén pour le juger. De plus, lorsqu’en 2007 il fut arrêté dans son pays pour avoir planifié l’assassinat d’Hugo Chávez, son acte d’accusation était encore maintenu sous scellés à Miami. Ce n’est pas surprenant, sachant qu’il était un allié de la CIA.

     

     

     

    Toutefois, la connexion narcotique de l’Agence ne se limite pas aux États-Unis et au Venezuela. Depuis l’après-guerre, elle s’est progressivement étendue à travers le globe. En effet, les États-Unis ont voulu exercer leur influence dans certaines parties du monde mais, en tant que démocratie, ils ne pouvaient pas envoyer l’US Army dans ces régions. Par conséquent, ils ont développé des armées de soutien (proxy armies) financées par les trafiquants de drogues locaux. Progressivement, ce mode opératoire est devenu une règle générale. C’est l’un des principaux sujets de mon livre, La Machine de guerre américaine. J’y étudie notamment l’opération Paper, qui débuta en 1950 avec l’utilisation par l’Agence de l’armée du KMT en Birmanie, qui organisait le trafic de drogues dans la région. Quand il s’est avéré que cette armée était totalement inefficace, la CIA développa sa propre force en Thaïlande (la PARU). L’officier de l’Agence qui en avait la responsabilité a admis qu’elle finançait ses opérations par de très importantes saisies de drogues.

     

    En rétablissant le trafic de drogues en Asie du Sud-Est, le KMT en tant qu’armée de soutien constituait un précédent de ce qui allait devenir une habitude de la CIA : collaborer secrètement avec des groupes financés par les drogues pour mener la guerre — en Indochine et en mer de Chine méridionale dans les années 1950, 60 et 70 ; en Afghanistan et en Amérique centrale dans les années 1980 ; en Colombie dans les années 1990 ; et de nouveau en Afghanistan en 2001 —. Les mêmes secteurs de la CIA en sont responsables, soit les équipes chargées d’organiser les opérations clandestines. Depuis l’après-guerre, nous pouvons observer comment leurs agents, financés par les bénéfices narcotiques de ces opérations, se déplacent de continents en continents pour répéter le même schéma. C’est pourquoi nous pouvons parler d’une « connexion narcotique globale ».

     

    Maxime Chaix : D’ailleurs, dans La Machine de guerre américaine, vous remarquez que la production de drogues explose souvent là où les États-Unis interviennent avec leur armée et/ou leurs services de renseignement, et que cette production décline lorsque ces interventions s’achèvent. En Afghanistan, alors que l’OTAN retire progressivement ses troupes, pensez-vous que la production de drogue va diminuer une fois le retrait achevé ?

     

    Peter Dale Scott : Dans le cas de l’Afghanistan, il est intéressant de constater qu’au cours des années 1970, à mesure que le trafic de drogues déclinait en Asie du Sud-Est, la zone frontalière pakistano-afghane devenait peu à peu centrale dans le trafic international d’opium. Finalement, en 1980, la CIA s’impliqua de manière indirecte, mais massive, contre l’URSS dans la guerre d’Afghanistan. D’ailleurs, Zbigniew Brzezinski se vanta auprès du président Carter d’avoir donné aux soviétiques « leur Vietnam ». Toutefois, il déclencha également une épidémie d’héroïne aux États-Unis. En effet, avant 1979, de très faibles quantités d’opium du Croissant d’Or entraient dans ce pays. Or, en une année seulement, 60 % de l’héroïne pénétrant aux États-Unis provenait de cette zone, selon les statistiques officielles.

     

    Comme je le rappelle dans La Machine de guerre américaine, les coûts sociaux de cette guerre alimentée par la drogue continuent de nous affecter. Par exemple, il y aurait aujourd’hui 5 millions d’héroïnomanes au seul Pakistan. Et pourtant, en 2001, les États-Unis, avec l’aide des trafiquants, relancèrent leurs tentatives d’imposer un processus d’édification nationale à un quasi-État, comptant au moins une douzaine de groupes ethniques majeurs parlant des langues différentes. À cette époque, l’intention qu’avaient les États-Unis d’utiliser des trafiquants de drogue pour se positionner sur le terrain en Afghanistan n’avait pas la moindre ambiguïté. En 2001, la CIA créa sa propre coalition pour lutter contre les talibans en recrutant — et même en important — des trafiquants de drogues, qui étaient en principe d’anciens alliés des années 1980. Comme au Laos en 1959 et en Afghanistan en 1980, l’intervention états-unienne a été une aubaine pour les cartels internationaux des drogues. Avec l’amplification du chaos dans les zones rurales afghanes et l’augmentation du trafic aérien, la production d’opium fit plus que doubler, passant de 3 276 tonnes en 2000 (mais surtout de 185 tonnes en 2001, l’année où les talibans l’interdirent) à 8 200 tonnes en 2007.

     

    Aujourd’hui, il est impossible de déterminer comment va évoluer la production de drogues en Afghanistan. Cependant, si les États-Unis et l’OTAN se contentent de se retirer en laissant le chaos derrière eux, tout le monde en pâtira — sauf les trafiquants de drogues, qui profiteraient du désordre pour leurs activités illicites —. Il serait donc indispensable d’établir une collaboration entre l’Afghanistan et tous les pays avoisinants, incluant la Chine et la Russie (qui peut être considérée comme une nation voisine du fait de ses frontières avec les États d’Asie centrale). Le Conseil international sur la sécurité et le développement (ICOS) a suggéré d’acheter et de transformer l’opium afghan afin de l’utiliser médicalement dans les pays du Tiers-Monde, qui en ont cruellement besoin. Washington reste opposé à cette mesure, qui est difficile à mettre en œuvre en l’absence d’un système de maintien de l’ordre efficace et solide. Dans tous les cas, nous devons aller vers une solution multilatérale incluant l’Iran, une nation très affectée par le trafic de drogues venant d’Afghanistan. Il est également le pays le plus actif dans la lutte contre les exportations de stupéfiants afghans, et celui qui subit le plus de pertes humaines à cause de ce trafic. Par conséquent, l’Iran devrait être reconnu comme un allié central dans la lutte contre ce fléau mais, pour de nombreuses raisons, ce pays est considéré comme un ennemi dans le monde occidental.

     

    Maxime Chaix : Votre dernier livre, La Machine de guerre américaine, démontre notamment qu’une part importante des revenus narcotiques alimente le système bancaire global, dont les banques des États-Unis, créant une véritable « narconomie ». Dans cette perspective, que pensez-vous de l’affaire HSBC ?

     

    Peter Dale Scott : Tout d’abord, le scandale du blanchiment d’argent par HSBC nous amène à penser que la manipulation des bénéfices narcotiques par cette banque aurait pu contribuer à financer le terrorisme — comme l’avait révélé une sous-commission du Sénat en juillet 2012 —. De plus, un nouveau rapport sénatorial a estimé que « chaque année, entre 300 milliards et 1 trillion de dollars d’origine criminelle sont blanchis par les banques à travers le monde, la moitié de ces fonds transitant par les banques états-uniennes ». Dans ce contexte, les autorités gouvernementales nous expliquent qu’HSBC ne sera pas démantelée car elle est trop importante dans l’architecture financière occidentale. Souvenez-vous qu’Antonio Maria Costa, le directeur de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), avait rapporté qu’en 2008, «  les milliards de narcodollars ont empêché le système de sombrer au paroxysme de la crise [financière] globale. »

     

    Ainsi, HSBC s’est entendue avec le département de la Justice pour payer une amende d’environ 1,92 milliards de dollars, ce qui évitera des poursuites pénales. Le gouvernement des États-Unis nous fait ainsi comprendre que personne ne sera condamné pour ces crimes car, comme je l’ai souligné précédemment, cette banque fait partie intégrante du système. C’est un aveu déterminant. En réalité, toutes les grandes banques ayant une importance systémique — pas seulement HSBC — ont admis avoir mis en place des filiales spécialement conçues pour blanchir l’argent sale (les private banks). Certaines ont payé de lourdes amendes, qui sont habituellement bien moins importantes que les profits générés par le blanchiment d’argent. Et aussi longtemps que cette impunité sera maintenue, le système fonctionnera de cette manière. C’est un véritable scandale. En effet, songez à un individu lambda se faisant arrêter avec quelques grammes de cocaïne en poche. Il sera très probablement incarcéré, mais la banque HSBC pourrait avoir blanchi environ 7 milliards de dollars de revenus narcotiques grâce à sa filiale mexicaine sans que personne n’aille en prison. En réalité, la drogue est l’un des principaux éléments soutenant le dollar, d’où l’emploi de l’expression « narconomie ». Les trois premiers produits échangés dans le commerce international sont d’abord le pétrole, puis les armes et enfin les drogues. Ces trois éléments sont interconnectés, et ils alimentent les banques de la même manière. C’est pourquoi la majorité de l’argent des drogues est absorbée par le système bancaire global. Ainsi, dans La Machine de guerre américaine, j’étudie comment une partie de ces revenus narcotiques finance certaines opérations clandestines états-uniennes, et j’en analyse les conséquences.

     

    Maxime Chaix : Il y a 10 ans, l’administration Bush lançait la guerre d’Irak, sans l’aval du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Quel bilan tirez-vous de ce conflit, notamment au regard de ses coûts humains et financiers ?

     

    Peter Dale Scott : Selon moi, il y a eu deux grands désastres dans la politique étrangère récente des États-Unis. Il s’agit de la guerre du Vietnam, qui n’était pas nécessaire, et de la guerre d’Irak, qui l’était encore moins. L’objectif affiché de cette guerre était d’instaurer la démocratie dans ce pays, ce qui était une véritable illusion. Il appartient au peuple irakien de déterminer s’il est dans une meilleure situation aujourd’hui qu’avant cette guerre, mais je doute qu’il réponde par l’affirmative s’il était consulté sur cette question.

     

    Au regard des coûts humains et financiers de ce conflit, celui-ci fut un désastre, aussi bien pour l’Irak que pour les États-Unis. Toutefois, dans un documentaire qui lui est dédié, l’ancien vice-président Dick Cheney vient de déclarer qu’il referait la même chose « dans la minute ». Or, le Financial Times a récemment estimé que les contractants avaient signé pour plus de 138 milliards de dollars de contrats avec le gouvernement des États-Unis, dans le cadre de la reconstruction de l’Irak. À elle seule l’entreprise KBR, une filiale d’Halliburton — dirigée par Dick Cheney avant qu’il ne devienne vice-président —, a signé pour au moins 39,5 milliards de dollars de contrats fédéraux depuis 2003. Rappelons également qu’à la fin de l’année 2000, un an avant le 11-Septembre, Dick Cheney et Donald Rumsfeld ont cosigné une étude importante élaborée par le PNAC (le groupe de pression néoconservateur appelé le Projet pour le Nouveau Siècle Américain). Intitulée Reconstruire les Défenses de l’Amérique (Rebuilding America’s Defenses), cette étude réclamait notamment une forte augmentation du budget de la Défense, l’éviction d’Irak de Saddam Hussein, et le maintien de troupes états-uniennes dans la région du golfe Persique même après la chute du dictateur irakien. Ainsi, en dépit des coûts humains et financiers de cette guerre, certaines entreprises privées ont massivement profité de ce conflit, comme je l’ai analysé dans La Machine de guerre américaine. Enfin, au Proche-Orient, lorsque l’on observe les très fortes tensions entre les chiites, qui sont appuyés par l’Iran, et les sunnites soutenus par l’Arabie saoudite et le Qatar, il faut garder à l’esprit que la guerre d’Irak a eu un impact très déstabilisant dans cette région…

     

    Maxime Chaix : Justement, quel est votre point de vue sur la situation en Syrie, et sur les potentielles solutions à ce conflit ?

     

    Peter Dale Scott : Au vu de la complexité de cette situation, il n’existe pas de réponse simple sur ce qui devrait être fait en Syrie, du moins au niveau local. Toutefois, en tant qu’ancien diplomate, je suis convaincu que nous ayons besoin d’un consensus entre les grandes puissances. La Russie continue d’insister sur la nécessité de s’en tenir aux accords de Genève. Ce n’est pas le cas des États-Unis, qui ont agi bien au-delà du mandat du Conseil de sécurité en Libye, et qui sont en train de rompre un potentiel consensus en Syrie. Ce n’est pas la marche à suivre car, à mon sens, un consensus international est nécessaire. Sinon, il se pourrait que la guerre par procuration entre chiites et sunnites au Proche-Orient finisse par attirer directement l’Arabie saoudite et l’Iran dans le conflit syrien. Il y aurait alors un risque de guerre entre les États-Unis et la Russie. La Première Guerre mondiale a éclaté de cette manière, ayant été déclenchée par un événement local en Bosnie. Et la Seconde Guerre mondiale a débuté avec une guerre par procuration en Espagne, qui opposait à distance la Russie et l’Allemagne. Nous devons et nous pouvons éviter la répétition d’une telle tragédie.

     

    Maxime Chaix : Mais ne pensez-vous pas qu’au contraire, les États-Unis cherchent aujourd’hui à s’entendre avec la Russie, essentiellement à travers la diplomatie de John Kerry ?

     

    Peter Dale Scott : Pour vous répondre, permettez-moi de faire une analogie avec ce qu’il s’est déroulé en Afghanistan et en Asie centrale dans les années 1990, après le retrait soviétique. Aux États-Unis, le problème récurrent est qu’il est difficile de parvenir à un consensus au sein du gouvernement, car il existe une multitude d’agences ayant parfois des objectifs antagonistes. Il en résulte l’impossibilité d’obtenir une politique unifiée et cohérente, et c’est précisément ce que nous avons pu observer en Afghanistan en 1990. Le département d’État voulait impérativement parvenir à un accord avec la Russie, mais la CIA continuait de travailler avec ses alliés narcotiques et/ou jihadistes en Afghanistan, n’ayant pas l’intention de mettre fin à cette collaboration. Par conséquent, dans une certaine mesure, il existait une concurrence entre l’Agence et le département d’État en Afghanistan. À cette époque, Strobe Talbott — un très proche ami du président Clinton, dont il était un influent représentant personnel au sein du département d’État —, déclara avec justesse que les États-Unis devaient parvenir à un arrangement avec la Russie en Asie centrale, et non considérer cette région comme un « grand échiquier » où manipuler les événements à notre avantage (pour reprendre le concept de Zbigniew Brzezinski). Mais dans le même temps, la CIA et le Pentagone étaient en train de nouer des accords secrets avec l’Ouzbékistan, qui neutralisèrent totalement ce que Strobe Talbott était en train d’accomplir. Je doute qu’aujourd’hui, de telles divisions internes au sein de l’appareil diplomatique et sécuritaire des États-Unis aient disparu.

     

    Dans tous les cas, depuis 1992, la doctrine Wolfowitz mise en œuvre à partir de 2001 par les néoconservateurs de l’administration Bush appelle à la domination globale et unilatérale des États-Unis. Parallèlement, des éléments plus modérés du département d’État tentent de négocier des solutions pacifiques aux différents conflits dans le cadre des Nations Unies. Cependant, il est impossible de négocier la paix tout en appelant à dominer le monde par la force militaire. Malheureusement, les faucons intransigeants l’emportent le plus souvent, pour la simple et bonne raison qu’ils bénéficient des budgets les plus élevés – ceux qui alimentent La Machine de guerre américaine –. En effet, si vous parvenez à des compromis diplomatiques, ces faucons verront leurs budgets amoindris, ce qui explique pourquoi les pires solutions ont tendance à prévaloir dans la politique étrangère états-unienne. Et c’est précisément ce qui pourrait empêcher un consensus diplomatique entre les États-Unis et la Russie dans le conflit syrien.

     

  • De la Quatrième théorie politique

    Suite à notre double introduction – « L'Alliance des Dissidences et le Front de la Foi » et « Qu'est-ce que la Stratégie de L'Évitement ? » - expliquant notre démarche intellectuelle « originale » pour repenser un anticapitalisme authentique, nous proposons aux lecteurs d'AgoraVox une base de réflexion pour le développement d'une « Quatrième théorie politique ». Entrons dans le vif du sujet dans un esprit de groupe de travail.

    De la Quatrième théorie politique :

     

    « Vers la Quatrième Théorie Politique

     

    À ce point de notre réflexion, nous pourrions soulever une très importante question : quel genre d’idéologie devrions-nous utiliser dans notre opposition à la globalisation et à ses principes libéraux démocratiques capitalistes et modernistes (postmodernistes) ? Je pense que toutes les idéologies antilibérales (le communisme, le socialisme aussi bien que le fascisme) ne sont plus pertinentes. Elles ont essayé de combattre le libéral-capitalisme et elles ont échoué. En partie parce qu’à la fin des temps, c’est le Mal qui prévaut ; en partie à cause de leurs contradictions et limitations internes. Il est donc temps d’accomplir une révision profonde des idéologies antilibérales du passé. Quel est leur côté positif ? – Le fait indéniable qu’elles étaient anticapitalistes et antilibérales, aussi bien qu’anti-cosmopolites et anti-individualistes. Ces caractéristiques devraient être acceptées et intégrées dans la future idéologie. Mais la doctrine communiste est moderniste, athéiste, matérialiste et cosmopolite. Cela devrait être rejeté. À l’opposé, la solidarité sociale, la justice sociale, le socialisme et l’attitude holistique générale envers la société sont bonnes en elles-mêmes. Nous avons donc besoin de séparer les aspects matérialistes et modernistes et de les rejeter.

     

    D’autre part, dans les théories de la Troisième voie (chères jusqu’à un certain point à des traditionnalistes comme Julius Evola), se trouvent des éléments inacceptables – à commencer par le racisme, la xénophobie et le chauvinisme. Ce ne sont pas que des travers moraux, mais encore des attitudes théoriquement et anthropologiquement inconsistantes. La différence entre les ethnies ne signifie pas supériorité ou infériorité. La différence devrait être acceptée et affirmée sans aucune appréciation raciste. Il n’y a aucune commune mesure entre les différents groupes ethniques. Quand une société tente d’en juger une autre, elle applique ses propres critères et commet ainsi une violence intellectuelle. Cette même attitude est précisément le crime de la globalisation et de l’Occidentalisation, autant que de l’impérialisme américain." extrait du texte "Contre le monde postmoderne" de la G.R.A

     

    « Pour aborder l'élaboration de cette Quatrième théorie politique, il est nécessaire :

    - de modifier l’interprétation de l'histoire politique des derniers siècles en adoptant des nouveaux points de vues, au-delà des cadres des clichés idéologiques habituels des vieilles idéologies ;

    - de se rendre compte de la structure profonde de la société globale apparaissant sous nos yeux ;

     

    -de déchiffrer correctement le paradigme de l'époque post-moderne ;
    - d'apprendre à s'opposer non pas à une idée politique, à un programme ou à une stratégie, mais à l'état des choses "objectif", au tissu social apolitique même de la (post-)société fracturée ;

     

    -enfin, de bâtir un modèle politique autonome proposant une voie et un projet dans un monde d'impasses et du recyclage à l'infini de l'existant (la post-histoire, selon J. Baufrilard). » Alexandre Douguine - « La Quatrième théorie politique : La Russie et les idées politiques du XXIième siècle » - préface - p. 12

     

    « La 4e théorie politique, celle dont le XXIe siècle a de toute évidence besoin, sera-t-elle une doctrine radicalement nouvelle ou fera-t-elle la synthèse de ce qu’il y avait de meilleur dans celles qui l’ont précédée ? C’est en tout cas à l’ébauche de cette théorie que ce que l’on appelé la « Nouvelle Droite » n’a cessé, depuis plus de quarante ans, de s’employer. » Alain de Benoist

     

    Partons d'une citation du texte d'Alain de Benoist « La quatrième dimension  »

     

    « A retenir du libéralisme : l’idée de liberté, associée à celle de responsabilité, le refus des déterminismes par trop rigides, la notion d’autonomie, la critique de l’étatisme, une certaine tendance girondine et décentralisatrice. 

     

    A rejeter : l’individualisme possessif, la conception anthropologique d’un producteur-consommateur recherchant son meilleur intérêt du fait de ce qu’Adam Smith appelait son « penchant à trafiquer », c’est-à-dire de sa propension à l’échange, l’idéologie du progrès, l’esprit bourgeois, le primat des valeurs utilitaires et marchandes, le paradigme du marché, le capitalisme enfin. 

     

    A retenir du socialisme : sa critique de la logique du capital, qu’il a été le premier à analyser dans toutes ses dimensions économiques et extra-économiques, le sens du commun et l’exigence de le renouveler, l’idée que la société se définit comme un tout (le holisme, fondateur de la sociologie), la volonté d’émancipation, la notion de solidarité, l’idée de justice sociale. 

     

    A rejeter : l’historicisme, l’étatisme, la tendance à l’égalitarisme et à l’hypermoralisme doloriste. 

     

    A retenir du fascisme : l’affirmation de la spécificité et de l’identité des peuples et des cultures nationales, le goût des valeurs héroïques, le lien entre l’éthique et l’esthétique. 
    A rejeter : la métaphysique de la subjectivité, le nationalisme, le darwinisme social, le racisme, l’ordre moral, l’anti-féminisme primaire, le culte du chef, et encore l’étatisme. »

     

    Ne reprenons que les aspects « positifs », à redéfinir, réinventer ou dépasser sen partant de la proposition d'Alain de Benoist pour approcher cette « Quatrième théorie politique » :

     

    « l’idée de liberté, associée à celle de responsabilité ; Le refus des déterminismes par trop rigides ; La notion d’autonomie ; La critique de l’étatisme ; Une certaine tendance girondine et décentralisatrice ; La critique de la logique du capital ; Le sens du commun et l’exigence de le renouveler ; L’idée que la société se définit comme un tout (le holisme, fondateur de la sociologie) ; La volonté d’émancipation ; La notion de solidarité ; L’idée de justice sociale ; L’affirmation de la spécificité et de l’identité des peuples et des cultures nationales ; Le goût des valeurs héroïques ; Le lien entre l’éthique et l’esthétique. »

     

    « l’idée de liberté, associée à celle de responsabilité » : Ce qui a tout à voir, avec la notion d'autonomie et d'indépendance, avec une nouvelle façon de concevoir le « travail », et donc au delà de la volonté d'émancipation, la réalité de la décroissance. Le travail ne doit plus être un labeur temporel mais une responsabilité naturelle. Vous avez la responsabilité d'accomplir telle ou telle tâche - de vous occupez de telle surface de terrain dans le cadre d'une BAD agricole par exemple - selon vos spécialités, capacités et compétences, mais vous gérez le moment où vous le faites et le temps que vous accordez à cette tâche, selon les impératifs liés à celle-ci. L'esprit de la vocation, de l'artisanat.

     

    « le refus des déterminismes » : 

     

    « Le déterminisme est la théorie selon laquelle la succession des événements et des phénomènes est due au principe de causalité, ce lien pouvant parfois être décrit par une loi physico-mathématique qui fonde alors le caractère prédictif de ces derniers. » (wikipédia) 

     

    « Nous devons envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d'ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l'analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux. L'esprit humain offre, dans la perfection qu'il a su donner à l'astronomie, une faible esquisse de cette intelligence. Ses découvertes en mécanique et en géométrie, jointes à celles de la pesanteur universelle, l'ont mis à portée de comprendre dans les mêmes expressions analytiques les états passés et futurs du système du monde. En appliquant la même méthode à quelques autres objets de ses connaissances, il est parvenu à ramener à des lois générales les phénomènes observés, et à prévoir ceux que les circonstances données doivent faire éclore. » Pierre-Simon de la Place, Essai philosophique sur les probabilités (1814)

     

    « le déterminisme relève au premier chef de la science. »

     

    En ce, refuser de s'appuyer uniquement sur des hypothèses ou des réalités qui seraient purement causales et mathématiques, et qui refusent donc elles mêmes tout ce qui dépasse la science, tout ce qui de l'ordre de la « mutation » dans l'évolution d'une chose, l'intercession divine. En somme refuser un darwinisme politique et sociale pour expliquer la société et trouver des solutions à ses problèmes. Comme politique-politicienne s'oppose à métapolitique.

     

    « la notion d’autonomie » : Pas de volonté d'émancipation sans notion d'autonomie. Pas de stratégie sans logistique - à un haut niveau de lecture géopolitique, la stratégie, c'est de la logistique, il est important de comprendre cette donnée du thème des rapports de force. Donc, pas d'autonomie, pas de logistique. Sans moins de dépendance au système de croissance exponentielle, pas d'autonomie. Il s'agit de penser une décroissance révolutionnaire, qui ne délaisse pas le débat prioritaire des énergies alternatives mais que nous laissons aux experts de ce thème précis. Il s'agit d'être solidaire mais également pragmatique, sans un rééquilibrage des rapports de force leurs voies ne seront jamais entendues.

     

    « la critique de l’étatisme » :

    « L'étatisme, dérivé du terme État peut prendre plusieurs sens selon les contextes, il peut désigner à la fois :

     

    • Un courant ou doctrine politique selon laquelle l’État doit intervenir systématiquement, de façon plus ou moins directe, par le biais de son monopole territorial, dans les principaux domaines sociaux et d'activité économique.

    • L'exercice des pouvoirs de l'État, et l'expansion de son champ d'intervention sur la société.

    • Les moyens par lesquels l'État exerce et détient un monopole plus ou moins important sur des secteurs économiques (entreprises contrôlées directement ou indirectement par l'état), sociaux et médico-sociaux, culturels et de communication (télévision publique). » (wikipédia)

     

    Une critique de l'étatisme ne revient pas une validation intégrale et une réhabilitation du Libéralisme sans frontières. Nous pensons qu’aujourd’hui la critique de l'étatisme doit s'axer sur sa soumission à la Banque, aux marchés et par extension au Libre échange. Mais aussi son républicanisme exacerbé. Son incapacité d'être un état-nation souverain par l'effet du « mauvais » fédéralisme de l'UE.

     

    « une certaine tendance girondine et décentralisatrice » : Il nous est difficile de résumer : « qu'est ce qu'une politique girondine ? ». En ce une politique modérée - du juste milieu grec pas de la tiédeur bobo - qui part de l'idée d'étendre le message de la révolution, mais en privilégiant l'entrisme politique à la guillotine.

     

    « la critique de la logique du capital » : Ça n'est pas ce qui manque, de Marx à Francis Cousin, D’Orwell à Michéa, de Clouscard à Mathias Cardet, etc... Mais Parménide avait déjà tout dit...

     

    « Le système capitaliste c'est cette société individualiste où se sont constitués des rapports sociaux tellement objectifs qu'ils ont pris une indépendance complète à l'égard des individus. C'est cette domination abstraite qui amène à la domination de classe et non le contraire. Dénoncer les banques et les oligarchies financières, prendre l'argent aux riches pour le donner aux pauvres, ne changeront en rien les structures du système de domination capitaliste et ne mettront donc pas fin à l'aliénation. Comprendre l'aliénation ce n'est pas en sortir car personne n'est en dehors de ce système et ne peut s'en faire le critique en prenant une position extérieur. Mais la comprendre c'est déjà faire un effort pour en prendre conscience, comprendre que cette domination à une histoire et chercher les voies permettant de la dépasser. Car il ne s'agit pas de revenir à "un bon vieux temps" d'avant l'aliénation, il s'agit de s'approprier ou de se réapproprier ce qui s'est constitué sous une forme aliénée. » extrait de « Qu'est-ce l'aliénation capitalistes ? », magazine « Rébellion  », n°54

     

    « le sens du commun » : En ce, le bien commun ne se décrète pas. Le premier chantier pour retrouver ce sens du bien commun est de le différencier de son inversion qu'est l’intérêt générale. La confusion de ces deux notions est récurrente chez nos concitoyens qui au final confondent social et sociétal.

     

    « le holisme » : « Holisme (du grec ancien holos signifiant « la totalité, l'entier ») est un néologisme forgé en 1926 par l'homme d'État sud-africain Jan Christiaan Smuts pour son ouvrage « Holism and Evolution ». Selon son auteur, le holisme est : « la tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties, au travers de l'évolution créatrice ». Le holisme se définit donc globalement par la pensée qui tend à expliquer les parties à partir du tout. De ce fait, la pensée holiste se trouve en opposition à la pensée indivisualiste qui tend à expliquer le tout à partir des parties. » (Source : wikipédia)

    Le holisme est un prisme primordial pour repenser le bien commun.

     

    « En ces temps d’hystérie collective où la platitude « materialo-consumériste » est à son comble, replaçons un peu d’ordre, c’est à dire de sens, dans ce monde qui en manque cruellement tant il a la manie frénétique de tout vouloir inverser.

     

    Si nous parlons ici d’hystérie, le lecteur l’aura compris, c’est que la grande période des soldes, tant attendue, a commencé et avec elle son lot d’aberrations littéralement insensées : « la grand-messe de la consommation bat son plein ou plutôt ressasse son « vide », et elle ne s’en lasse visiblement pas. »

     

    Nous tenons à préciser au lecteur, s’il en était besoin, que si nous avons décidé de traiter ce sujet, entre autre, ce n’est point par souci de suivre ou de « coller » à cette non-actualité, rien ne nous importe moins que cela. Nous ne suivons personne sauf le Ciel et ne tenons à « coller » à rien d’autre qu’à la Scientia Sacra et à ses Fidèles Serviteurs.

    Encore et toujours, les mots ont un sens, l’oubli de leur sens premier, spirituel donc sacré, nous installe inévitablement et sûrement au sein de la « Grande Amnésie » chaotique afin que la Grande Prostituée accomplisse les Temps.

     

    Dans ce monde en perdition, les « misosophes », les « misomystes » en tous genres, les faux-maîtres, les imposteurs, les falsificateurs, les adorateurs de Mammon se répandent niaisement avec joie et concupiscence tant la confusion est unanimement partagée et le ridicule ne tue plus.

     

    L’excitation est à son comble, on cherche fébrilement l’extase dans la « bonne affaire », le désordre institutionnalisé se mue en transe libératoire où l’étourdissement le dispute à la sauvagerie ; la conscience de l’individu peut alors éclater en libérant stérilement ses spasmes jubilatoires, qui sont comme autant de cris de ralliement, au son de « C’est trop génial ! Mais alors trop mortel ! ». Nouvelle hiérogamie du néo-dieu Corpus et de la néo-déesse Apparentia. Nouveaux dieux tutélaires de la cité des gratte-ciels. » Thierry de Crozals, extrait de l'article «  Mortel manie moderne  »

     

    « la volonté d’émancipation » : Volonté d'émancipation que nous opposons régulièrement au processus de domination. Soit, les deux faces d'un projet universel, d'une organisation de la société, qui relève soit de l'émancipation des peuples, soit de la domination de sa propre tribu contre les peuples. De son message originel d'émancipation - ou de gestion - à son inversion en processus de domination - ou de destruction. Nous devenons, antitraditionaliste - contre notre propre histoire , contre ce qui relie les hommes et donc contre l'idée de "politique" - et par extension athée - ce qui n'a pour nous aucun sens dans la définition comprise et acceptée généralement dans la société, car à notre sens, « La politique c'est de la religion, et la religion de la politique » pour le dire simplement. Ainsi Monsieur Vincent Peillon, ministre de l'éducation du gouvernement Hollande, nous explique que le laïcité, précisément le Laïcisme, est bien une religion, une religion d'état - parce que nous ne discernons pas cette volonté d'émancipation au processus de domination.

     

    « la notion de solidarité » : Notion de solidarité à mettre en résonance avec le bien commun (la société du don), la critique de la logique du capital et l'idée de justice sociale.

     

    « l’idée de justice sociale » : Et non de justice sociétale, le règne des minorités c'est le morcellement du tout.

     

    « l’affirmation de la spécificité et de l’identité » : « La variété, c'est de l'organisation ; l'uniformité, c'est du mécanisme. La variété, c'est la vie ; l'uniformité, c'est la mort. » Benjamin Constant

     

    En ce, travailler à un monde multipolaire et polychrome contre la grise « babelisation » mondialiste qui nous est promise - sans-frontièrisme et immigrationnisme pour les besoins du marché - par l'hyper-classe de la gauche libérale-libertaire cosmopolite et celle de la droite d'argent néo-réactionnaire qui luttent avec acharnement contre le producteurs enracinés, les premiers, directement et de manière frontale, les seconds par leur soumission aux thèses et théories atlantistes de la mondialisation. Travailler à garantir la continuité de la bio-diversité, protéger les cultures, rétablir quelques vérités historiques accessibles, etc... C'est le pré-requis à « l’Internationale » d'un Mélenchon, qui lui, ne voudrait ne pas y travailler mais le décréter. Cette incantation dans l'état actuel du monde et selon les réalités géopolitiques liées à l'hégémonie vacillante du pétro-dollar, de la Banque et des marchés - le processus messianique « vétérotestamentaire » de domination, de soumission et de mise en esclavage totale des peuples enracinés - est nulle et non-avenue. L'internationale prolétarienne deviendrait une usine de formatage idéologique du Capitalisme faisant de chaque homme un ouvrier apatride, sans racine, sans famille, sans identité.

     

    « Parfois il y a des sujets que les fondateurs du traditionalisme n'abordaient pas ou en le faisant d'une manière insuffisante ou même erronée.

     

    Par exemple, l’identification de la bourgeoisie avec la troisième fonction de la société traditionnelle (la caste des vaychyas) chez Evola et Guenon, tout comme l'équation des prolétaires avec la quatrième caste (choudra) ne sont pas correctes. La bourgeoisie ne correspond à aucune caste traditionnelle, c'est un phénomène entièrement moderne et antitraditionnel.

     

    Le prolétariat de son côté n'existe pas, il a été construit par Marx et est constitué, en vérité, des représentants de la Troisième caste, des producteurs (laboratores) venus à la ville où ils commençaient à perdre leur culture populaire en devenant des petit-bourgeois (Adam Smith a eu raison en cela, et Marx a eu tord).

     

    Le prolétariat n'existant pas, nous avons un tableau de l'histoire de la société moderne bien diffèrent. Il y a les trois castes (fonction selon Dumézil) traditionnelles - Oratores (prêtres), Bellatores (guerriers) , Laboratores (les paysans). Tous les trois sont les porteurs de la Tradition (à un niveau diffèrent). Contre tous les trois se dresse la bourgeoisie antitraditionnelle, moderniste, antipopulaire. C'est le Capital. La Tradition est essentiellement anticapitaliste. Mais elle doit être aussi en faveur du peuple et pas contre lui. » Alexandre Douguine, extrait de l'entretien accordé au magazine « Rébellion », n°53

    Mais le prolétaire n'existe pas – nous reviendrons sur la notion de prolétariat dans notre prochaine tribune libre - parce que le peuple, les peuples, s'identifient et se définissent sur au moins quatre grands « espaces d'enracinement identitaire » différents : 1, le Local - 2, le Régional (Provincial) - 3, le National (Le Royaume)- 4, l'International (Impérium).

     

    L'enracinement au Local est la condition de l'existence de l'échelle régionale.

     

    L'existence du Régional est la condition de la cohérence de l'échelle Nationale. 

     

     Et l'existence de l'espace identitaire national, c'est-à-dire, une cohérence entre les espaces identitaires locales et les espaces identitaires régionales à l'intérieur de la nation, est la condition à une cohérence de l'espace d'une coopération international avec d'autres nations sur des principes communs. Cette cohérence dépend essentiellement du principe de subsidiarité - que nous pouvons expliquer comme étant l'inverse de la centralisation typique de la République.

     

    Cette cohérence, d'abord à l'intérieure de la nation, permet une « confiance » en l'espace identitaire national, qui permet à son tour d'anticiper les articulations possibles avec l'extérieur, avec les autres nations et les autres peuples, ou portions de ces peuples qui recherchent également ces équilibres identitaires intérieurs et extérieurs. Articulations possibles dans les intérêts bien compris de tous.

     

    Ces données sont des conditions qui permettrait un équilibre de l'espace de l'International et l'existence du monde multipolaire souhaité, une certaine réalité d'une certaine solidarité ouvrière, condition à la naissance d'un prolétariat bien comprit lui aussi et qui dépasse le cadre de la « Lutte des classes » marxiste, pourrait alors se manifester.

     

    Ces différentes identités - espaces de l'Homme - sont soumises à une tentative d'uniformisation en un seul espace, égalitariste, pour toute l'humanité, fonction mortifère de l'esprit du mondialisme qui est en germe dans tous les processus de domination marchande depuis la nuit des temps - on détruit la communauté de l'être par la communauté de l'avoir pour être - et qui s'exprime aujourd'hui dans le cadre d'un système de croissance exponentielle, du Turbocapitalisme, de Libéralisme triomphant, qui est toujours la même chose : la marchandise, son fétichisme...

     

    La cohérence entre ces différents espaces identitaires n'a donc jamais pu s'accomplir intégralement et s'harmoniser. Les passages d'une échelle à l'autre étant forcés et par défaut. 

     

    Il nous faut reprendre notre travail « identitaire » loin :

     

    -d'une opposition entre les races.

     

    -d'une réaction contre une autre civilisation.

     

    -d'une réaction contre une autre religion.

     

    -d'une rébellion abstraite contre "Dieu", ou la Tradition.

     

    -d'une révolution uniquement matérialiste contre des concepts non incarnés qui agiraient seuls.

     

    Car ne produire que de l'opposition - que du « Contre » et de l' « anti » -, que de la réaction, qu'elle soit de gauche ou de droite, ne peut nourrir une perspective de réalisation concrète vers une nouvelle théorie politique apte à donner le change au Libéralisme, cette position de n'exister que contre quelquechose ne peut être aboutir qu'au phénomène des « prophéties auto-réalisatrices » et au bout, à une auto-destruction, ou en tout cas à un fonctionement parfait des processus d'aliénation.

     

    C'est dans notre auto-détermination, celle-ci mise dans un pot commun, notre capacité à s'organiser « Nous » pour « Nous », d'abord localement, dans une démarche évidente d'autonomie, par la logique de la proximité, de l'économie par cercles concentriques, des bases à ce prolétariat dans lesquelles nous puiserons la force de le faire exister pour la première fois peut-être, et d'abord à l'échelle nationale, comme une étape incontournable dans les rapports de force supranationaux. Mais, cette construction d'un rapport de force par le bas ne peut en aucun cas être a lui seul un contre pouvoir, il prépare le terrain, et doit le préparer, à une réponse, un contre-pouvoir qui s'exprimera par le haut pour une « contre-révolution » à la « révolution » capitaliste qui à cours pour préparer sa prochaine mutation par le chaos.

     

    La véritable opposition se réalise par un « repositionnement » de son identité, une reconstruction individuelle, mais qui pourrait donner son modèle en exemple et agir sur la masse sans s'en rendre compte, et sans avoir besoin de la convaincre par le discours.

     

    Nous ne pouvons nous proclamer d'une résistance sans posséder pour commencer une identité propre, un rapport d'enracinement avec l'espace direct qui nous entoure, un imaginaire, et ce chantier est déjà localement un défi colossale pour la plupart d'entre nous tant nos espaces sont désormais virtualisés.

     

    La question du prolétariat est en réalité la question de l'identité au sens élargit du terme.

     

    « Tu es des nôtres, car tu es des tiens. » Jean Parvulesco

     

    « le goût des valeurs héroïques » : Écrire de nouvelles légendes, refondre des mythes, les redécouvrir, l'homme ne fait que redécouvrir, comme le CNR redécouvrait l'enracinement profond, de celui qui soulève des armées de résistance populaire, comme la Commune redécouvrait la révolte des esclaves, comme le recul historique nous offre de voir toutes les infiltrations, les manipulations, les corruptions, les subversions autours de ces braves, panique d'un processus de domination qui n'a de peur que la volonté radicale d'émancipation. La seule justification de l'existence de ce processus de domination ne réside que dans le fait de détourner cette volonté d'émancipation.

     

    « Commémorer Les révoltes des Canuts ou de la Commune, ne remplace pas un programme social clair pour les travailleurs européens aujourd'hui. La connaissance de la réalité sociale de notre époque est primordiale. Elle n'est plus celle que nos parents ont vécue.

     

    Notre analyse du Capitalisme doit, pour ne pas être périmée, être basée sur l'observation de la société. Dans le domaine social, les beaux discours ne servent à rien, il faut agir concrètement. Le militant Socialiste révolutionnaire européen doit être dans le peuple comme un poisson dans l'eau.

     

    Ne jamais oublier que la ligne de front de notre combat passe aussi par les cages d’escalier des HLM. Un lien charnel nous unit à la cause du peuple ; nous partageons ses revendications et ses exigences car nous sommes issus de ce peuple de prolétaires.

     

    Nous avons comme devoir d'être les défenseurs de notre peuple en étant présents sur le terrain, ne laissant pas les sociaux traitres et autres gauchistes manipuler et utiliser la détresse de nos compatriotes. » extrait de l'article « La rébellion des peuples européens » parut dans le magazine « Rébellion » n°56, pages 7 et 8

     

    « le lien entre l’éthique et l’esthétique » : Faites du beau ! Du Vrai ! Du juste ! Mais en accord avec vos valeurs - on ne sacrifie pas tout et le Nous pour l'art. L'art ce n'est pas piller et déconstruire : c'est créer ! L'esthétisme dans une démarche métapolitique est primordiale, comme dans la Tradition, où il nous faut désormais puiser, dans sa forme et ces symboles.

     

    « Moscou devra donner le signal de départ

     

    Quant à nous autres, on peut déjà s'aventurer à affirmer que la bataille politique décisive pour la mise en activité du projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou est déjà commencée, et que c'est bien à Moscou même que, pour le moment, nous avons choisit d'installer le centre opérationnel de sa mise en situation de départ immédiat.

     

    Si c'est à Moscou qu'il appartient à prendre l'initiative, c'est à Moscou que nous allons devoir commencer par mettre la pression, essayer de susciter la grande lame de fond porteuse de l'enthousiasme révolutionnaire à l'égard de la représentation supra-mentale collective du projet Paris-Berlin-Moscou. C'est Moscou qui, comme on l'a dit, devra donner le signal du départ, un mystérieux rituel l'exige.

     

    Aussi devons-nous concentrer toutes nos disponibilités d'agitation, d'influence et d'intervention pour porter à l'incandescence l'intérêt abyssal de nos structures idéologico-révolutionnaires de présence et d'encadrement agissant sur place, à Moscou, de manière à ce que l'heure venue, celles-ci puissent déterminer, depuis les profondeurs, l'entrée en action des médias et des grands groupements d'influence politique, culturelle, voir même religieuse, ainsi que, finalement, des instances gouvernementales actives, pour promouvoir, pour exiger une initiative politique décisive de Moscou en faveur du projet Paris-Berlin-Moscou. Initiative de Moscou à laquelle nous nous engageons d'obtenir les réponses attendues de Paris et de Berlin. Il faudra donc qu'en même temps nous entreprenions d'urgence un double mouvement analogue de réveil, d'exacerbation, à Paris et à Berlin, en mettant à l'épreuve d'une manière extrêmement intensive les « groupes géopolitiques » dont nous disposons, sur place, à l'heure actuelle, afin que la figure mobilisatrice du projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou y soit présente, et agisse suivant nos plans.

     

    Ce qui implique – on se trouvera obligés de le faire – que les « groupes géopolitiques » sortent de' leur clandestinité pour agir à découvert, situation nouvelle qui ne sera pas sans comporter sûrement d'assez graves dangers. Mais il n'est moins certain que, de par cela même, la mainmise politique de la soi-disant social-démocratie sur l'ensemble du pouvoir politique en place s'en trouvera violemment contestée, et que, de toutes façons, nous allons devoir aller à l'épreuve de force. » Jean Parvulesco - « La confirmation boréale » - Chapitre « La stratégie contre-mondialiste de l'axe Paris-Berlin-Moscou » - pages 306 à 307

     

    La réponse sera Métapolitique !

     

    « La vie luttait de toutes ses forces pour bannir le conformisme, mettre l'hérésie à l'hôpital et prendre l'humanité au piège de la bêtise. » Yukio Mishima, « Le Soleil et l'acier » 

     

    Nasrallah Pendragon http://www.agoravox.fr

  • Qu’est-ce que « La Stratégie de L’Évitement » ?

    Nous n'acceptons pas la Nuit comme étant le sens de l'histoire,

    Nous comprenons que l'éternité n'est pas seulement le passé,

    Nous savons que l'éternité se trouve juste après le Minuit Cosmique,

    Nous suggérons que l'aube existe et que le Minuit Cosmique sera le commencement,

    Nous aspirons à être enracinés dans le Sacré,

    Nous portons Dieu en notre cœur,

    Nous défendons la Tradition éternelle là où il n'y a plus que néant,

    Nous n'avons pas peur de la Nuit,

    Nous voyons que la Nuit c'est la Nuit,

    Nous ne confondons pas la Nuit avec le Jour,

    Nous distinguons la lumière de l'obscurité,

    Nous supportons la Nuit,

    Nous regardons la Nuit dans les yeux,

    Nous n'avons pas peur de la Nuit mais Nous ne sommes pas la Nuit,

    Nous sommes Dans la Nuit,

    Nous ne voulons pas la Nuit mais Nous acceptons notre Destin dans la Nuit,

    Risquerons-Nous à bout de souffle un souffle de plus ?

    Nous Nous révèlerons dans la nuit absolue,

    En Nous s'animeront les Grands Temps,

    Par Nous viendront les Grands Temps,

    Nous représenterons les Grands Temps !

    « Il faut nous arrêter un instant à cette notion de Foi dont les modernes ont une compréhension fort vague ; elle est intimement liée à la « Vérité » : « shrat », foi, en sanscrit, « satyam », vérité, sont identiques : « On ne peut séparer l’acte de foi de l’acte de vérité » précise A.K. Coomaraswamy, ajoutant : « En fait, on peut dire que c’est là le sens réel de la foi en théologie : « La nature de la foi réside dans la connaissance seule »(Saint Thomas d’Aquin) ; redonnons la parole au Maître de Thuringe : « (…) car une foi totale est bien plus qu’une pensée humaine. En elle nous avons un véritable savoir. »(Les Traités), et Shankarâchârya n’exprime pas autre chose dans le « Viveka-chudâ-mani ». » Thierry de Crozals, « Aperçus traditionnels sur la richesse »

     

    Suite à notre tribune Libre « L'Alliance des Dissidences et le Front de la Foi » nous souhaitions apporter quelques précisions et ainsi continuer le dialogue avec les lecteurs d'Agoravox.

     

    « Le scandale n'est pas de dire la vérité, c'est de ne pas la dire tout entière, d'y introduire un mensonge par omission qui la laisse intacte au dehors, mais lui ronge, ainsi qu'un cancer, le cœur et les entrailles. » Georges Bernanos

     

    Cette démarche intellectuelle est une mise en relief de la remise en question permanente que nous nous devons d'avoir sur notre positionnement militant et de la ligne à adopter dans une démarche radicalement anticapitaliste. Une incitation d'Alliance immédiate des Dissidences et à la réalisation du Front de la Foi évoqué dans notre « Tribune Libre » précédente. Une « liste » des écueils à éviter. Une réflexion sur les limites de l'adaptabilité des concepts philosophiques et des théories politiques historiques à notre combat présent et futur. Un regard sur notre action dissidente à l'aube des Grand Temps. Un outils d'auto-critique pour le dissident qui tente d'aller à l'essentiel.

     

    Il y est soulevé davantage de questions que vous y trouverez des réponses pré-emballées par le monde de la marchandise et des certitudes enchainées au politiquement correct.

     

    Il se revendique être sur un chemin de vérité - sur « Le sentier père », « Le sentier perdu » - et de chercher la voie du juste milieu, mais ne prétend en aucun cas être ou connaître la véritable vérité véridiquement vraie.

     

    Une pensée évadée de l'asile du normal qui essaye de combler cette ignorance que nous partageons tous, avec patience, intuition.

     

    Une synthèse et une tentative - à notre niveau d' « européens du quotidien » et d' « ouvriers lambdas » - d'articulation de concepts politiques et philosophiques qu'il nous semble important à essayer d'appréhender, de comprendre, de simplifier, à articuler, à intégrer, à sangler à notre grille de lecture pour chevaucher les défis acérés d'une proche transition, d'une mutation du système qui apparait aujourd'hui inéluctable... Penser l'urgence dans une intuitive lenteur pendant que le monde du progrès s'agite, crépite.

     

    Une réflexion en mouvement au grès des aventures intérieures et des expériences extérieures de votre serviteur, qui tente d'élaborer une sociologie catégorielle et effective de la dissidence, une observation de terrain et des réseaux sociaux, pour ensuite établir une proposition objective d'alliance des différents courants qui animent la dissidence.

     

    « La logique du libéralisme mondial et de la mondialisation nous tire vers l'abîme de la dissolution postmoderniste dans la virtualité. Notre jeunesse a déjà un pied dans cet abîme : les codes du globalisme libéral s'introduisent de plus en plus efficacement au niveau de l'inconscient, dans les habitudes, la publicité, le glamour, les technologies, les modèles de réseau. La perte de l'identité, non seulement nationale ou culturelle mais aussi sexuelle et bientôt humaine. Est désormais chose commune. Et les défenseurs des droits de l'homme, sans remarquer la tragédie des peuples entiers sacrifiés selon les plans cruels du « nouvel ordre mondial », hurleront demain à la violation des droits des cyborgs ou des clones. » Alexandre Douguine - « La quatrième théorie politique : La Russie et les idées politiques du XXIième siècle » - chapitre 2 « Le libéralisme et ses métamorphoses » - page 53

     

    Il faut bien s'entendre sur le mot « dissidence », aujourd'hui le terme « dissident » évoque une position qui est par essence et par définition au moins deux choses :

     

    « anticapitaliste » - c'est-à-dire radicalement contre le Libéralisme, son émanation géopolitique qu’est le Mondialisme et sa mystique messianique qu'est le Sionisme.

     

    - « transcourant » - c'est-à-dire ni de gauche, ni de droite, ni des religions, mais du Social, du National et de la Tradition.

     

    « Nous avons donc besoin d’unir la Droite, la Gauche et les religions dans le combat commun contre l’ennemi commun. La justice sociale, la souveraineté nationale et les valeurs traditionnelles sont les trois principes d’une telle idéologie. Ce n’est pas facile de mettre tout cela ensemble. Mais nous devons essayer si nous voulons surpasser l’adversaire. » Global Revolutionary Alliance (G.R.A), extrait du texte « Contre le monde postmoderne »

     

    Les dissidences n'ont donc pas vocation à être des appendices sorciers de l'asocial-démocratie, de l'antiracisme institutionnelle : de ses « antifas », des médias soumis à l'idéologie libérale et autres idiots utiles, de leurs accusations en racisme, fascisme, antisémitisme, homophobie, « complotisme » et autres anathèmes reconnus de la pensée unique.

     

    Car cela existe déjà pour ceux dont ça serait les convictions politiques, la possession idéologique, et cela s'appelle la gauche de la gauche, l'extrême gauche alter-mondialiste - et autres dérivés « new-age » -, qui en dernière instance sur le terrain de la philosophie politique - c'est-à-dire des principes, des valeurs et des fondamentaux qui fondent une théorie politique - se « réclament » de ce que nous appelons « La nouvelle gauche » - c'est-à-dire une gauche capitaliste et libérale. Qu'ils aient conscience ou non de cette filiation philosophique ultime, c'est à cela que ça mène...

     

    « Ainsi, la nouvelle gauche formule un vaste projet de futur « juste » au centre duquel se trouvent :

     

    -le refus de la raison (appel au choix conscient de la schizophrénie chez Gilles Deleuze et Félix Guattari), la fin de l'homme en tant que mesure des choses (la mort de l'homme chez Bernard-Henri Levy, la mort de l'auteur chez Roland Barthes),

     

    -le dépassement de tous les tabous sexuels (libre choix du sexe, levée de l'interdit de l'inceste, refus de considérer les perversions comme des perversions, etc.),

     

    -légalisation de tous les types de drogue et y compris les drogues dures,

     

    -passage à de nouvelles formes spontanées et sporadiques de l'être (le rhizome de Deleuze),

    -la destruction de la société structurée et de l’État au profit de nouvelles communautés anarchiques libres. » Alexandre Douguine - « La Quatrième théorie politique : La Russie et les idées politiques du XXIième siècle » - Chapitre IV « Les transformations des idéologies de gauche au XXIième siècle » - page 77 à 78

    La Stratégie de l'Évitement c'est continuer le dialogue que les cercles dissidents ont ouvert quand ils ne se regardent pas le nombril et ne discutent pas que de leurs divisions.

    Éviter les pièges tendus par le système de croissance exponentielle et les écueils du militant en quête d'autonomie autant matérielle, intellectuelle, que spirituelle.

    Une recherche d'unité entre les différents courants - mouvements, réseaux, groupes, collectifs, associations, partis, etc - de résistance au fétichisme de la marchandise, qu'ils soient ou se revendiquent modérés, extrêmes, non-conformes, autonomes ou radicaux, voir intégristes ou fanatiques - nous serons toujours des terroristes ou des « fascistes » pour le Libéralisme -, l'important étant le bien commun du peuple de la décence commune, cet intérêt bien comprit de tous les peuples, de la défense de leurs identités et de leurs cultures respectives.

    La construction d'une grille de lecture authentiquement révolutionnaire par la redécouverte de la Tradition avec un grand « T », pour une génération « club Dorothée » connectée à internet mais déconnectée de la réalité et du sens. Le sens que peut avoir le mot « Révolution » à la lumière d'un « pérennialisme » retrouvé et d'un socialisme « à la française » renouvelé.

    Une brève introduction pour une redéfinition et une critique contrôlée, mais sans concession, de notre paradigme républicain, démocratique et laïque-c'est-à-dire du monde des droits de l'homme conçut par l'humanisme éteint des « Lumières » et autres obscures rêveries de l'homme moderne.

    « La Tradition c'est un concept fécondant. La Tradition c'est une façon d'entrevoir, d'expliquer et de justifier le cour des évènements. La Tradition par exemple s'oppose à l'évolution. » Laurent James

    La Stratégie de l'Évitement c'est la constatation effarée de l'inversion générale des valeurs qui s'opère et de la destruction des principes qu'entraine cet obscurantisme des « Lumières », de l'humanisme primordiale dévoyé par un processus de domination ancien et contre-initiatique quine dit pas son NOM...

    Essayons de comprendre ce qui est suggéré et « chantonné » ici, en dehors de l'esprit moderne et du monde du commentaire interné, de l'avis lié, de l'opinion enfermé, ou encore de la systématique de l'anathème : de la réductio ad hominem et ad Hitlerum, du sophisme, du moralisme, du relativisme, du subjectivisme, du déterminisme, alors qu'il nous faut être dans la démarche permanente de la recherche « du beau, du juste et du vrai  » - transcendance, discernement et humilité - qui permettrait l' « Alliance des dissidences et le Front de la foi », concept qui sera défini et illustré tout au long de notre dialogue.

    C'est en tout cas l'objectif de ce petit chantier de « L'Heure Asie : La Stratégie de l'Évitement  » qui se revendique une participation mineure au chantier majeur de « La Quatrième Théorie Politique » et du concept d' « Eurasisme », notamment développé parle grand Alexandre Douguine, qui nous apparait être l'approche dissidente la plus cohérente dans sa façon de posé le problème qui est que la première révolution, résistance, rébellion, dissidence, est d'ordre philosophique, spirituelle et contre-révolutionnaire, autrement dit, traditionnellement révolutionnaire.

    La première étape est de construire une théorie politique, inexistante aujourd'hui, capable d'éclairer la Nuit du « Libéralisme triomphant » - ou plus précisément, de réhabiliter ce que cette Nuit a enfui, caché, brisé, ce qu'elle a mit dans l'obscurité, ce qu'elle a rendu floue, ambigu, confus - et ce avant que L'Aube ne vienne... « Quatrième Théorie Politique » qui n'est qu'un point de départ, une méthode, une mélodie, qu'il nous faut jouer et adapter à la Belgique, la France, à l'Europe...

    Ce dialogue est le fruit du « Nous » et ne tient qu'à vous à l'annoter, le compléter, le préciser, l'articuler, l'utiliser, le corriger, l'élever, à creuser toutes les abysses et les profondeurs des questions éventuelles qu'il pourrait soulever en vous...

    « L'EURASISME EN TANT QUE PHILOSOPHIE 

    (QU'EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE ?)

     L'eurasisme est en premier lieu une philosophie. La philosophie est pratiquement tout. L'homme ne peut pas vivre sans philosophie. Quelquefois il ne le sait pas mais la philosophie le fait avancer. S'il ne soupçonne rien de tel, la philosophie agit avec lui comme avec un objet, elle se trouve en dehors de lui.

     Au contraire, celui qui accepte de façon active et consciente une certaine philosophie devient libre de toute manipulation extérieure, devient le porteur de cette philosophie. Il reçoit le signe intérieur d'une dignité philosophique particulière, cet individu est visible de loin, autour de lui apparait une sorte de rayonnement invisible.

     La seule chose qui donne une valeur à un homme est la philosophie ; la capacité à philosopher constitue précisément la dignité de notre espèce, distincte de celles des animaux. A la Différence, des troupeaux de magnifiques créatures , l'homme peut librement philosopher, ce par quoi s'exprime sa plus haute dignité.

     L'eurasisme s'adresse aux gens libres capables de prendre conscience de leur propre nature et de prendre en main leur propre destin. Sans philosophie, l'eurasisme est incomplet. Et tout simplement impossible. » Alexandre Douguine - « La Quatrième théorie politique : La Russie et les idées politiques du XXIième siècle » - Chapitre XI « L'Eurasisme (Poème Politique) » - page 237

    La Réponse sera Métapolitique  !

    « Vanum est vobis ante lucem surgere »

    Nasrallah Pendragon  http://www.agoravox.fr

    PS : Il est donc important de noter pour les personnes ou les groupes qui auraient l’amabilité de participer à cette réflexion, de relayer ces notes en les diffusant dans leurs réseaux sociaux ou en les reproduisant sur leurs sites, que par cette dimension participative, de lecture et de relecture, mais aussi d'évolution de notre part, les différents « étapes » de ce dialogue seront régulièrement mis-à-jour - au travers d'un essai « à usage interne » -, « améliorés », annotés de nouvelles précisions et citations au grès de nos lectures et qu'il est donc utile d'y revenir de temps à autres afin de répercuter cette mise-à-jour. Un texte participatif, évolutif et interactif, jusqu'à sa version définitive prévue fin 2013. Vous trouverez les mises-à-jour, parfois quotidiennes, le plus facilement via les « Fichiers » de ce groupe « facebook », dans le PDF* «  De La Stratégie de l_Évitement  » 

  • 1920 : Chesterton et l’ordre mondial américain

    Le scandale fatigant de la NSA et du fuyard Snowden nous éclairent un peu plus sur l’omniprésence de Big Brother et la verve indécente de l’oeil dans la tombe qui regarde Caïn. Dans le monde néolibéral on nous confirme tous les jours que nous travaillons moins bien et coûtons plus cher que les robots qui nous remplaceront, mais que nous sommes pourtant bons à être gardés comme des vaches avec notre code-barres tatoué au front. A quand l’abattoir pour en finir avec tous les fauteurs de la dette immonde ?

    Il est évident aujourd’hui que toutes les vraies menaces contre nos libertés et les productions intellectuelles néo-totalitaires viennent d’Amérique et du monde anglo-saxon. Elles ont été sciemment pensées et préparées depuis des siècles. Il n’est pas jusqu’à l’islam saoudien et qatari de nos banlieues qui ne soit l’héritier du preux Lawrence ou une promotion du grand business planétaire. Et nous nous battrons jusqu’au dernier soldat français pour exterminer avec Hollande ou Sarkozy les régimes laïcs de tout le monde arabe et installer en même temps les Frères musulmans à la maison.

    ***

    En 1920 Chesterton visite l’Amérique et voit déjà y poindre tous nos désastres : le crépuscule des libertés, le contrôle de notre santé, la dictature humanitaire et féministe, la tartuferie paritairement correcte, le contrôle technoscientifique. On ne craint pas encore l’antisémite ou l’intégriste, on craint alors le communiste (pourtant installé à Moscou par l’argent des banques US) ou le buveur d’alcool. Et on le contrôle, parce que dans le paradis des libertés dont se moquent alors d’autres génies comme Kafka ("Amerika") ou Céline (le "Voyage"), on ne lésine jamais sur les moyens. On est des problèmes solveurs, dirait Audiard.

    Avant nos fouilles humiliantes et immondes dans les aéroports, Chesterton décrit le passage aux douanes de la nouvelle inquisition ; je laisse tel quel son anglais si limpide. Ce francophile écrivait vraiment pour ce qui restait d’esprit français à son époque :

    « It would be easy enough to suggest that in this America has introduced a quite abnormal spirit of inquisition; an interference with liberty unknown among all the ancient despotisms and aristocracies. »

    Chesterton préfère d’ailleurs la douane - et la police - jordanienne à la douane américaine. L’islam d’avant les fous alliés de l’oncle Sam et de John Bull était plus cool.

    Vient la grande phrase digne du génie de la formule de l’auteur du "Nommé Jeudi" : les libertés que nous perdons sont les libertés personnelles. L’homme n’est plus libre de son corps ou de sa santé avec l’arrivée de la prohibition ; il n’est plus maître de sa vie quotidienne.

    « But to-day personal liberties are the first liberties we lose. It is not a question of drawing the line in the right place, but of beginning at the wrong end. What are the rights of man, if they do not include the normal right to regulate his own health, in relation to the normal risks of diet and daily life? »

    Chesterton annonce bien le capitalisme postmoderne qui contrôle nos libertés par des entreprises privées (notre ami libertarien Bill Bonner choqué par sa vielle mère molestée lors d’un contrôle de sécurité a très bien dénoncé le rôle méphitique de la boîte Booz Allen Hamilton) :

    « To say that a man has a right to a vote, but not a right to a voice about the choice of his dinner, is like saying that he has a right to his hat but not a right to his head. »

    Les libéraux tartufes comme Hayek ou Friedman ne voulaient pas nous dire que rien n’empêche une entreprise de se mettre au service du servage : il suffit de la payer pour cela. On privatise le fascisme comme la taule ou l’électricité, c’est aussi simple que cela.

    Ce totalitarisme de tous les instants annonce bien sûr l’Etat mondial cher à H.G. Welles et au socialisme fabien. Il s’appuie aussi sur la technique (pensez au "Panopticon" du pathologique anglais Bentham, vieux de deux siècles déjà) : contemporain du film le Golem de Wegener, Chesterton voit venir notre destruction aux bons soins des machines :

    « He tells us that our national dignities and differences must be melted into the huge mould of a World State, or else (and I think these are almost his own words) we shall be destroyed by the instruments and machinery we have ourselves made. »

    L’Etat mondial et son ordre nouveau, Chesterton les voit bien sûr émerger en Amérique avec sa fabrication du citoyen mathématique universel (voir le fameux "Babbitt") :

    « Now it is not too much to say that Mr. Wells finds his model in America. The World State is to be the United States of the World... The pattern of the World State is to be found in the New World. »

    Le mot pattern est toujours difficile à traduire : on lit le dessein, le dessin, le modèle ; il vient pourtant de notre bon vieux mot patron. Le patron - restons français - de l’ordre mondial se produit via l’américanisation de la planète et par la télévision, les médias et l’homogénéisation de toute la consommation. Les vieilles nations seront détruites et une seule nation toute neuve naîtra partout, sans détermination dirait Peillon.

    « The idea of making a new nation literally out of any old nation that comes along. In a word, what is unique is not America but what is called Americanization. »

    Le nouvel ordre homogène n’a pas trop besoin de violences militaires (encore que l’impérialisme messianique et humanitaire dénoncé une génération avant Chesterton par le britannique Hobson soit toujours en guerre) parce qu’il est d’inspiration féminine et féministe. Avant que Madonna ou Jolie ne se mêlent d’humanitaire, Chesterton pressent que le totalitarisme des temps nouveaux sera basé sur de bons sentiments, le politiquement correct de nos chers vieux médias. Philippe Muray reprendra la formule : l’ordre nouveau globalisé est une banale nursery où l’on nous casse les pieds et tape sur les doigts.

    « And as there can be no laws or liberties in a nursery, the extension of feminism means that there shall be no more laws or liberties in a state than there are in a nursery. The woman does not really regard men as citizens but as children. She may, if she is a humanitarian, love all mankind; but she does not respect it. Still less does she respect its votes. »

    Il a bien raison ; la démocratie féministe ne respecte jamais nos votes.

    On parle beaucoup de l’ignoble théorie du genre à cause de laquelle des parents martyrs vont en prison en Allemagne et ailleurs. C’est la sauce scientifique, de cette science aux ordres d’essence baconienne qui ne cesse de nous trahir et de nous détruire, qui est ici le plus insupportable. Chesterton encore :

    « Now a man must be very blind nowadays not to see that there is a danger of a sort of amateur science or pseudo-science being made the excuse for every trick of tyranny and interference. »

    Nous vivons sous le règne de pseudosciences (d’autres exemples ?), et le mot interférence est bien choisi : le système actuel cherche à interférer tout le temps dans nos vies ; tout devient la corvée. Lui échapper devient le sport de tous les héros mais cela limite malheureusement notre liberté à sa seule dimension négative. C’est d’ailleurs ce que disait Heidegger au journal Spiegel en 1966. Le grand esprit allemand ajoutait que la cybernétique avait déjà remplacé la philosophie en occident.

    Une conclusion optimiste pour oublier un temps le parc d’attractions sous surveillance ? « L’idée chrétienne est l’avenir du monde » (Chateaubriand).

    Et je ne blague même pas.

    Nicolas Bonnal http://www.france-courtoise.info/

  • Valls héritier du général Boulanger

     

    130715Libération le souligne à juste titre : "Manuel Valls a une énorme qualité en politique : il ne recule devant (presque) rien." (1)⇓ Et, une fois de plus le matamore, si énergique quand il s'agit de réprimer des mères de famille et des enfants en bas âge, se présente en homme de tolérance et de réformes, "seul capable" de sauver la république.

    La veille du 14 juillet, ce laïciste militant s'adonnait une fois de plus à son exercice favori : l'exhibition, heureusement métaphorique, de sa virilité catalane dans le cadre d'un banquet républicain de 300 personnes dans le Gard. En cette occasion il prononçait un discours révélateur de ses ambitions, – et de ses idées creuses – dressant un véritable acte de candidature à la succession de l'inconsistant Ayrault.

    À l'automne 2011, on s'en souvient cet orphelin de la mouvance strauss-kahnienne se présentait, contre Hollande au premier tour, avant de voter pour Hollande au second tour, de la primaire socialiste. Cette habile prise de date en attente de 2017 allait lui valoir dès la constitution du gouvernement actuel une position stratégiquement décisive.

    Le paradoxe en effet consiste à nous faire croire que Valls, toujours au premier rang quand il s'agit de fustiger "l'extrême droite", de dissoudre des associations non déclarées, bref plus généralement de faire croisade contre les moulins à vent disposerait d'une immense réserve de popularité sur sa droite.

    On a pu le mesurer encore dans le débat sur les "gens du voyage" : l'un des principaux élus de la Côte d'Azur édite-t-il un "guide pratique" pour faire face aux occupations illégales du domaine public par des populations non sédentaires ? Bien évidemment, Valls nous sert contre cette initiative les condamnations creuses habituelles : "Les propos du maire de Nice, éructe-t-il, sont l'émanation d'une politique passée qui a fait du mal à la France, celle de l'amalgame et de la stigmatisation".

    Et il faudrait que l'opposition applaudisse ?

    On pourrait évoquer à ce sujet une phrase bien connue de la partie de cartes de Pagnol. Hélas, ce n'est pas "dans la marine", c'est bien dans la droite qu'il y a le plus de cocus.

    En cela d'ailleurs il recueille l'héritage du général Boulanger et de Clemenceau.

    Rappelons que le premier avait acquis lui-même une immense notoriété lors du défilé du 14 juillet 1886, lors même que la république des opportunistes pataugeait dans la boue de scandales auxquels les deux siècles de ce régime pourri nous ont plus ou moins habitués.

    Le "nationalisme" naissant trouva son porte-drapeau dans ce personnage parfaitement sectaire, inventeur, par exemple, de l'exclusion des princes de l'armée républicaine.

    Le brave général Boulanger échoua, et se suicida sur la tombe de sa maîtresse.

    Plus proche de nous les continuateurs de cette même tradition des cocus de l'imposture boulangiste, partagent le culte d'un prédécesseur de Valls au ministère de l'Intérieur Clemenceau : "Père la Victoire" aux yeux de la génération des combattants de 1914-18,  cette fausse gloire porte hélas au regard de l'Histoire, la responsabilité personnelle de la continuation de la guerre après 1917, et des incalculables et criminelles erreurs du traité de Versailles.

    Ce laïciste forcené avait lui-même donné toute sa mesure à l'époque où s'accomplissait la déchirure appelée "séparation de l'Église et de l'État". On l'avait vu au premier rang pour combattre l'identité chrétienne de la France, aux côtés des Briand et des Viviani (2)⇓, autres dirigeants jacobins qu'on retrouvera coresponsables du suicide de l'Europe entre 1914 et 1918.

    Certes jusqu'ici le Valls n'arrive pas à la cheville de ses devanciers. Pas encore.

    JG Malliarakis   http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. en ligne le 13 juillet à 17 h 07..
    2. cf. Flourens "Le Laïcisme contre la Liberté".
  • Le PS veut contrer le FN sur le terrain économique

    Sortie de l’euro, chômage, 35 heures… Pour enrayer la montée du FN dans l’opinion, le PS tente de décrédibiliser le programme de Marine Le Pen.

    La sortie de l’euro ? “D’une extrême gravité.” Laisser penser qu’on pourrait faire du protectionnisme ? “D’une extrême gravité.” Les critiques adressées par le président de la République au Front national lors de son allocution du 14 Juillet n’ont pas porté sur la dangerosité d’un parti “antidémocratique”, comme Jacques Chirac et François Mitterrand avaient l’habitude de le désigner, mais bien sûr la crédibilité du programme économique de la formation de Marine Le Pen qui tente pourtant de s’imposer comme un parti ayant vocation à gouverner.

    Ce changement de refrain présidentiel, déjà entamé en fin de mandature par Nicolas Sarkozy, qui avait mis en avant la folie de la sortie de l’euro est aujourd’hui assumé par le Parti socialiste comme une nouvelle stratégie pour enrayer la montée du Front national dans l’opinion.

    Il y a une prise en compte d’une réalité nouvelle du FN“, constate le député de l’Essonne et porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale Thierry Mandon, faisant allusion à la progression du parti dans les sondages.

    Selon lui, la défense doit s’organiser autour de trois thématiques : “La première porte sur les immigrés, l’autorité et la sécurité. La deuxième porte sur l’Europe. Et la troisième sur l’économie et le social.” Et pour lui, c’est sur ce dernier point qu’il faut particulièrement insister : “Chez les gens qui votent FN, cette composante existe et il faut commencer par là. Il vaut mieux prendre en compte les attentes de couches populaires. Avec les deux premières thématiques, on ne peut pas espérer représenter 60 % de la population française. Alors que nous pouvons le faire avec la troisième, surtout en période de crise.

    Donner des éléments concrets

    Le député PS du Pas-de-Calais Nicolas Bays, qui prépare un tract spécifique pour critiquer le programme économique du Front national et qui reconnaît être “confronté à la montée du FN” dans son territoire, confirme : “Effectivement, le démontage du discours économique est un argument, car le programme du FN est une véritable menace pour l’économie : la fermeture des frontières, le repli sur soi, le retour du franc, la suppression des 35 heures, l’absence de salaire minimum…” L’élu considère qu’”il faut surtout donner des éléments concrets à la population pour l’informer des conséquences économiques du programme : la baisse de l’emploi, l’augmentation du prix de l’essence…“.

    Proche de François Hollande et élu du Morbihan, Gwendal Rouillard compte aussi privilégier le champ économique pour mener la bataille. “Depuis la Bretagne, je constate que le vote FN est un vote social et qui renvoie à la précarité. Une partie de la réponse réside dans la capacité de la France à se réarmer industriellement, à faire progresser l’épargne des Français et l’investissement.

    Pour lui, le PS doit apporter certaines réponses précises dans le cadre de la campagne pour les élections européennes : “D’un côté, certains s’indignent de l’arrivée de travailleurs européens et, dans le même temps, nous avons du mal à pourvoir certains emplois, comme chaudronnier, ou certains postes dans le bâtiment. Le gouvernement travaille sur ce sujet.

    Certains arguments ne portent plus

    Conscient de cette inflexion stratégique, Jean-Richard Sulzer, économiste attitré du FN, se frotte les mains : “Prendre le programme du FN et tenter de démontrer qu’il n’est pas réaliste montre qu’il n’est plus crédible de dire que c’est un parti dangereux pour la démocratie.” On “ne peut pas dire que notre programme ne recueille pas un assentiment sur la sécurité et l’immigration, donc on nous attaque sur le danger de notre programme économique. C’est pauvret“, analyse le conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais.

    Il y a un revirement, car certains arguments ne portent plus. On ne fait plus peur aux gens sur le thème du Front républicain. C’est un nouveau gadget pour alimenter les peurs irrationnelles“, ajoute-t-il.

    Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le FN tente de rendre son programme économique plus crédible : “Pendant l’élection présidentielle, nous nous sommes aperçus que les électeurs étaient effrayés par la sortie de l’euro. Notre programme, c’est désormais d’abandonner la monnaie unique pour revenir à une monnaie commune (une monnaie partagée par plusieurs États mais qui ne remplace pas la monnaie nationale)“, explique Jean-Richard Sulzer.

    Pas un parti de gouvernement

    Côté UMP, la cassure entre la droite décomplexée représentée par le chef du parti Jean-François Copé et celle plus modérée des partisans de François Fillon rend la stratégie moins claire et illustre les difficultés du parti à se projeter par rapport au FN. Mais si on attaque parfois sur l’économie, c’est surtout pour montrer que le Front national est toujours un parti contestataire : “Le programme économique ne tient pas la route, c’est un des points. Mais le point, c’est surtout qu’il ne s’agit pas d’un parti de gouvernement“, explique un proche de Jean-François Copé.

    Le député filloniste Jérôme Chartier considère également que le FN reste “un parti protestataire“. Pourtant, comme les socialistes, l’élu du Val-d’Oise considère l’économie comme un thème à privilégier face au parti d’extrême droite : “Les réponses économiques doivent être apportées en priorité, car la crise frappe tout le monde.” Selon lui, “le FN fait de l’immigration son lit, mais les problèmes sont d’ordre économique et social“.

    Il donne également des conseils à ses adversaires : “Je dis au gouvernement depuis des mois qu’il faut qu’il manifeste sa mobilisation pour l’emploi. Il faut donner le sentiment qu’il met les moyens pour le faire.” Après la succession d’échecs électoraux du PS – huit législatives perdues depuis l’élection de François Hollande, dont deux avec l’élimination du candidat socialiste dès le premier tour -, les élus de gauche ne l’ont pas attendu pour changer leur fusil d’épaule.

    Le Point   http://fortune.fdesouche.com

  • Le bordel pour tous

     EDITORIAL Jacques de Guillebon

    Je crois me souvenir que l’homme qui préside aujourd’hui aux destinées de la France avait fait vœu lors de son élection de s’appuyer sur la jeunesse du pays pour le réformer. On peut dire qu’il a été exaucé. Mais peut-être pas exactement dans le sens qu’il l’entendait.

    Pépère, comme il paraît qu’il faut maintenant l’appeler, a en effet réussi au-delà de toute espérance, et il a lâché dans les rues de France des fauves rugissants qui n’entendent plus s’en laisser conter. Qui aurait parié un kopek il y a un an précisément sur les événements de l’année scolaire écoulée ? Qui aurait prédit qu’une révolte de telle ampleur se développe, et tienne la rue tant de mois, de l’automne jusqu’à cet été ? Et pas n’importe quelle révolte, quelque chose aux motifs si nobles qu’on n’en avait peut-être pas vu d’équivalent depuis février 1848. Alors qu’aux quatre coins du monde, le peuple grogne et se lève, du Brésil à la place Taksim d’Istanbul, des printemps arabes à Athènes, la France prouve une fois encore qu’elle est la patrie des grandes causes. Ici, ce n’est pas pour une augmentation de sept centimes du ticket de bus qu’on s’est élevé contre le pouvoir, mais c’est pour un idéal, pour la défense d’un ordre si ancien que nul n’aurait même imaginé qu’on pût le remettre en cause un jour.

    Alors, en vérité, c’est comme s’il y avait quelque chose de guéri au royaume de France. La fille aînée de l’Église répond enfin à la grande question de Jean-Paul II de 1980 : elle a reforgé son alliance avec la sagesse éternelle. Ce que nous avons sous les yeux et dont nul ne sait ce que c’est, sinon que c’est pour longtemps une force qui va, défie toutes les analyses sociologiques post-marxistes. À moins que l’on considère que la classe révolutionnaire est comme à l’habitude celle des dominés, et alors il faudra bien pour le pouvoir de ce monde s’interroger enfin sur les humiliations qui ont été infligées au peuple catholique depuis au moins cent ans. Il faudra bien qu’il se demande comment des gens, aisés ou en tout cas généralement équilibrés socialement, insérés comme on dit, ont pu être provoqués au point de descendre en masse dans la rue. Comment des jeunes gens bien nourris, bien éduqués, souvent destinés à de bonnes études, beaux, intelligents – et de même au féminin – auront pu défier les gazages, les arrestations arbitraires, les heures de garde-à-vue qu’ils comptent maintenant par centaines, les jugements iniques, et « ne rien lâcher ». Alors que d’évidence ils ne luttaient pas pour des avantages catégoriels, ni pour la défense d’acquis sociaux, ou qu’ils n’imaginaient même pas à l’origine qu’ils aient eu face à eux une dictature à renverser.

    La suite sur le site de la Nef

    http://www.actionfrancaise.net