Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 28

  • Comment peut-on ne pas être rebelle ?

    Entretien avec Dominique Venner (2001)

    Nul autre que Dominique Venner n'était mieux qualifié pour ouvrir ce dossier [sur la pensee rebelle]. Car nul autre ne pouvait mieux définir l'esprit de rébellion… L'auteur de l'admirable Cœur rebelle ne s'y disait-il pas lui-même « rebelle par fidélité » ? Et dans son récent Dictionnaire amoureux de la chasse, qu'il faut lire, page après page, au coin du feu, Venner célèbre encore une étonnante figure de rebelle : le braconnier immortalisé par Maurice Genevoix dans Raboliot !

    • Qu'est-ce qu'un « rebelle » ? Est-on rebelle-né, ou le devient-on au hasard des circonstances historiques ? Y a-t-il plusieurs types de rebelle ?

    Dominique Venner : On peut être intellectuellement insoumis, en marge du troupeau, sans être pour autant un rebelle. Paul Morand en est un bon exemple. Dans sa jeunesse, il avait été un esprit libre, sans plus, et un favorisé de la fortune, dans les deux sens du mot. Ses romans un peu déshabillés avaient favorisé son succès. Rien de rebelle ni même d'insolent à cette époque. D'avoir fait involontairement le choix des futurs perdants entre 1940 et 1944, d'avoir persisté ensuite dans ses répulsions, de s'être senti un étranger, voilà ce qui a fait de lui l'insoumis révélé par son Journal.

    Autre exemple très différent, celui d'Ernst Jünger. Bien qu'auteur d'un Traité du rebelle très influencé par les inquiétudes de la guerre froide, Jünger ne fut jamais un rebelle. Nationaliste à l'époque du nationalisme, en froid avec le IIIe Reich comme une bonne partie de la bonne société, lié pendant la guerre aux futurs comploteurs du 20 juillet 1944, iI n'a jamais approuvé le principe de l'attentat contre Hitler. Cela pour des raisons d'ordre éthique. Son itinéraire plus ou moins en marge des modes est très exactement celui de l'anarque, figure dont il fut l'inventeur et la parfaite incarnation après 1932. L'anarque n'est pas un rebelle. C'est un spectateur juché à une altitude telle que la boue ne peut l'atteindre.

    À l'inverse de Morand ou de Jünger, au sein de la génération précédente, le poète irlandais Padrig Pearse fut un authentique rebelle. On peut dire qu'il le fut de naissance. Enfant, il avait appris la geste des combattants de toutes les révoltes de l'Erin. Plus tard, il entreprit d'associer le réveil de la langue gaélique à la préparation de l'insurrection armée. Membre fondateur de la première IRA, il fut le véritable chef du soulèvement de Pâques 1916 à Dublin. Pour cette raison on le fusilla. II mourut sans savoir que son sacrifice serait le levain qui ferait triompher sa cause.

    Quatrième exemple encore différent, Alexandre Soljénitsyne. Jusqu'à son arrestation en 1945, il avait été un excellent Soviétique, se posant peu de questions sur un système dans lequel il était né, accomplissant pendant la guerre son devoir d'officier réserviste de l'Armée rouge sans drame de conscience. Son arrestation, la découverte du Goulag, de l'horreur accumulée depuis 1917, provoquèrent une totale remise en question, tant de lui-même que du monde dans lequel iI avait vécu jusque-là en aveugle. C'est alors qu'il devint un rebelle, y compris aux sociétés marchandes, destructrices de toute tradition et de toute vie supérieure.

    Les raisons d'un Pearse ne sont pas celles d'un Soljénitsyne. II a fallu le choc d'un événement suivi d'un effort intérieur héroïque pour faire du second un rebelle. Ce qu'ils ont en commun, c'est d'avoir découvert par des voies différentes une incompatibilité absolue entre leur être et le monde dans lequel il leur fallait vivre. Tel est le premier trait qui définit le rebelle. Le second est le refus de la fatalité.

    • Quelle différence y a-t-il entre la rébellion, la révolte, la dissidence, la résistance ?

    La révolte est un mouvement spontané, provoqué par une violence injuste, une ignominie, un scandale. Fille de l'indignation, elle est rarement durable. La dissidence, comme l'hérésie, est le fait de se séparer d'avec une communauté, qu'elle soit politique, sociale, religieuse ou philosophique. Ses mobiles peuvent être liés au hasard. Elle n'implique pas d'engager la lutte. Quant à la résistance, au-delà du sens mythique acquis pendant la guerre, elle signifie que l'on s'oppose, sans plus, à une force ou à un système, même de façon passive. Être rebelle c'est autre chose.

    • À quoi un « rebelle » est-il essentiellement… rebelle ?

    Il est rebelle à ce qui lui paraît illégitime, à l'imposture ou au sacrilège. La rebelle est lui-même sa propre loi. C'est ce qui fonde sa spécificité. Son deuxième trait est la volonté d'engager la lutte, fût-elle sans espoir. S'il combat une puissance, c'est parce qu'il en récuse la légitimité, prétendant lui-même à une autre légitimité, au besoin celle de l'âme ou de l'esprit.

    • Quels modèles de « rebelles » offririez-vous, en les choisissant dans l'histoire et la littérature ?

    D'emblée, je pense à l'Antigone de Sophocle. Avec elle, nous sommes dans l'espace de la légitimité sacrée. Antigone est rebelle par fidélité. Elle brave le décret de Créon par respect pour la tradition et le commandement divin  l'ensevelissement des morts  transgressé par le roi. Peu importe que Créon ait ses raisons. Leur prix est un sacrilège. Antigone se croit donc légitimée dans sa rébellion.

    Pour invoquer d'autres exemples, j'ai l'embarras du choix. Durant la guerre de Sécession américaine, les Yankees désignèrent leurs adversaires sudistes sous le nom de rebelles, Rebs. C'était de bonne propagande, mais faux. La Constitution des États-Unis reconnaissait en effet le droit de sécession aux États membres. Et les formes constitutionnelles avaient été respectées par les États du Sud. Le général Robert Lee, un Virginien, futur commandant en chef des armées confédérées, ne se considérait pas comme un rebelle. Après sa reddition en avril 1865, il s'efforça de réconcilier le Sud avec le Nord. C'est à ce moment que se levèrent les vrais rebelles, des femmes et des hommes qui, après la défaite, continuèrent la lutte contre l'occupation du Sud par les armées nordistes et leurs protégés. Certains tombèrent dans le banditisme, comme Jesse James. D'autres transmirent à leurs enfants une tradition qui eut une grande postérité littéraire. Au détour de L'invaincu, le plus beau roman de William Faulkner, on découvre par ex. le portrait fascinant d'une jeune rebelle sudiste, Drusilla, à jamais certaine de son bon droit et de l'illégitimité des vainqueurs.

    • Comment peut-on être rebelle aujourd'hui ?

    Je me demande surtout comment on pourrait ne pas l'être ! Exister, c'est combattre ce qui me nie. Être rebelle, ce n'est pas collectionner des livres impies, rêver de complots fantasmagoriques ou de maquis dans les Cévennes. C'est être à soi-même sa propre norme. S'en tenir à soi quoi qu'il en coûte. Veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse. Préférer se mettre tout le monde à dos que se mettre à plat ventre. Pratiquer aussi en corsaire et sans vergogne le droit de prise. Piller dans l'époque tout ce que l'on peut convertir à sa norme, sans s'arrêter sur les apparences. Dans les revers, ne jamais se poser la question de l'inutilité d'un combat perdu. Voir Padrig Pearse.

    J'ai évoqué Soljénitsyne qui incarna l'épée magique dont parle Jünger, « l'épée magique qui fait pâlir la puissance des tyrans ». En cela il est unique et inimitable. II était pourtant redevable à moins grands que lui. Et cela incite à réfléchir. Dans L'archipel du Goulag, il a narré les circonstances de sa « révélation ». En 1945, ils étaient une dizaine de détenus dans la même cellule de la prison de Boutyrki à Moscou, visages hâves et corps abandonnés. Un seul, parmi les détenus, était différent. C'était un ancien garde blanc, le colonel Constantin Iassévitch. On entendait lui faire payer son engagement dans la guerre civile, en 1919. Et Soljénitsyne dit que le colonel, sans parler de son passé, montrait par toute son attitude que la lutte n'avait pas cessé pour lui. Tandis que le chaos régnait dans l'esprit des autres détenus, il avait visiblement un point de vue clair et tranché sur le monde qui les entourait. La netteté de sa position donnait à son corps solidité, souplesse, énergie, malgré son âge. II était le seul à s'asperger d'eau froide chaque matin, alors que les autres détenus croupissaient dans leur crasse et se lamen­taient. Un an plus tard, transféré à nouveau dans cette même prison de Moscou, Soljénitsyne apprit que l'ancien colonel blanc venait d'être exécuté. « C'était donc cela qu'il voyait à travers les murs, de ses yeux restés jeunes… Mais le sentiment incoercible d'être resté fidèle à la voie qu'il s'était tracée lui donnait une force peu commune ». Méditant sur cet épisode, je me dis qu'à défaut d'imaginer jamais devenir un autre Soljénitsyne, il est au pouvoir de chacun d'être à l'image du vieux colonel blanc.

    ► entretien paru dans éléments n°101, mai 2001.

    http://www.archiveseroe.eu

  • De l’internationale du capitalisme au patriotisme économique (arch 2006)

    Ce printemps 2006 est encore plus marqué que les précédents par une accélération des fusions, acquisitions et autres OPA transfrontalières impliquant des entreprises géantes. Une véritable frénésie touche l’’ensemble de la planète et semble sans limite. Certaines opérations plus médiatiques que les autres servent de révélateurs à un capitalisme sans complexe et sans repères nationaux.
    Finance cosmopolite
    Le lancement imminent d’’une OPA de Mittal Steel sur Arcelor reste à bien des égards le symbole de cette mondialisation qui caractérise la civilisation capitaliste. Un groupe coté à Londres, fondé par un ressortissant britannique d’’origine indienne et présent dans une vingtaine de pays, tente de prendre le contrôle d’’une société de droit luxembourgeois, installée principalement en France et en Espagne. L’’Inde à la conquête de l’’Europe !
    La plus vieille civilisation de l’’histoire à l’abordage de la plus vieille industrie inventée par l’’homme !
    Le même Arcelor venait, lui, de réussir l’acquisition d’un autre sidérurgiste, Dofasco, une société québécoise, au nez et à la barbe d’un assaillant germanique. Le vieux continent à l’’assaut de l’’Amérique.
    Par ailleurs, les “lobbies” pro-mondialisation de l’’Italie à la sauce Prodi ayant obtenu la chute de l’ancien président de la banque d’Italie, parce qu’il défendait “l’’italianité des banques de la péninsule”, plus rien ne s’’opposait à la prise de contrôle de la Banca Nazionale del Lavoro par la BNP. La “furia francese à l’’assaut des Lombards, initiateurs au Moyen-Âge du système bancaire moderne !
    Pendant ce temps-là, Saint-Gobain, entreprise fondée sous le règne de Louis XIV, “vengeait” Jeanne d’’Arc en prenant possession de BPB, l’’inventeur britannique du placo-plâtre, et Pernod-Ricard, à l’origine du “51”, s’’emparait d’’Alied Domecq. Le pastis plus fort que le whisky !
    Etc.
    Erreur de diagnostic
    Les chantres du déclin de la France se trompent comme souvent de diagnostic. Le déclin concerne le régime qui a déjà épuisé “cinq souffles”...
    Les forces vives de la nation ne sont pas à bout de souffle, elles peuvent encore s’’emparer d’’entreprises à l’’étranger. La médiatisation ne doit pas rester à sens unique, la France dynamique existe, et elle le prouve, son génie ne demande qu’’à s’exprimer quand le régime le permet.
    Mais pourra-t-elle participer encore longtemps aux échanges mondiaux alors que sa base arrière est minée par ce système en fin de parcours ? Si les transactions capitalistes semblent toutes identiques à première vue, les fondements de ces opérations peuvent très bien cacher des objectifs divergents.
    Les assauts de Mittal visent avant tout à griller les étapes de l’’histoire de la sidérurgie, en achetant une société comme Arcelor qui possède un savoir-faire et des brevets sans pareil dans sa branche. Si cette opération réussit, une partie de notre patrimoine économique sera perdu au profit d’’industriels qui utiliseront ces technologies sous d’’autres latitudes, où la main d’’oeuvre est moins coûteuse.
    Quant aux investissements français à l’’extérieur, ils cherchent de plus en plus à contourner les impasses de notre système juridique et social, qui ne favorise que faiblement la compétitivité de nos entreprises. La fuite des capitaux participe à cette logique en se drapant dans les plis de l’expansion économique de la nation, mais elle se traduit en définitive par des délocalisations. La pression concurrentielle est telle que notre économie pourrait subir dans les années qui viennent une série impressionnante de départs d’entreprises, si nos gouvernants ne témoignent pas de patriotisme économique, incitant nos sociétés à rester en France ou à revenir sur le sol national.
    La situation de la Grande-Bretagne devrait servir d’exemple : elle annonce les risques que prend la France, en laissant le capitalisme sans cadre national, comme le préconisent et l’’appliquent la Commission européenne et les instances de l’OMC.
    Exemple annonciateur
    Alors qu’’il triomphait auprès du CIO pour obtenir les Jeux olympiques en 2012, le Royaume-Uni perdait définitivement toute son industrie automobile. La Mini, Bentley et Rolls-Royce étaient déjà, comme Jaguar et Range Rover, aux mains de firmes étrangères, quand la faillite de Rover en 2005 entraîna sa prise de contrôle par une entreprise chinoise. En 2006, la saignée de la construction automobile anglaise se confirmait : PSA annonçait la fermeture de son usine britannique, quelques mois à peine après l’ouverture de son nouveau site en Slovaquie.
    Le message est clair. Sans effort pour accroître la productivité de nos industries, les firmes internationales (la holding du groupe Renault est installée à Rotterdam) n’hésiteront plus à fermer nos usines pour en ouvrir sous d’’autres cieux.
    Le patriotisme économique passe par une ferme volonté d’’appuyer nos industriels pour qu’’ils continuent à défendre nos intérêts économiques à partir de la France.
    Si nos gouvernants ne le font pas, personne ne le fera à leur place. Le maintien en France de nos sociétés est vital pour l’’emploi de demain. Un éloignement géographique des centres de décision et de recherche est toujours le signe précurseur du déclin de l’industrie concernée. Le drame de Péchiney, racheté par un canadien et en phase active de dépeçage depuis lors, n’’est pas la vue d’’un esprit au nationalisme étroit, mais la simple réalité de l’internationale du capitalisme vécue au quotidien. L’’inventeur de l’’aluminium victime du recyclage des capitaux flottants internationaux !
    Henri LETIGRE L’’Action Française 2000 du 4 au 17 mai 2006

  • La justice passe à la Trappes !

    Après l’arrestation de Nicolas, les dangereux opposants à la loi Taubira réagissent par la création d’une milice surentraînée et extrêmement violente : les veilleurs debout.

    Après l’interpellation d’un musulman opposé au contrôle d’identité de son épouse intégralement voilée, la belle France black-(blanc)-beurre, soutenu par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), réagit elle aussi :

    « Des heurts ont opposé vendredi soir entre 200 et 400 habitants du quartier aux forces de l’ordre, a-t-on appris de sources policières. (…)

    Vendredi, vers 20h30, des habitants ont jeté des pierres en direction du commissariat et sur les fonctionnaires de police, ont relaté des sources policières (…)

    Des abribus ont été brisés et des détritus incendiés à différents endroits du quartier, notamment près de l’hôpital privé de Trappes. Quelques fusées de feu d’artifice ont été tirées plus tard dans la nuit selon un journaliste de l’AFP présent sur place (…)

    Le rassemblement violent fait suite à l’interpellation jeudi d’un homme qui s’était opposé au contrôle par la police de son épouse portant un voile intégral. » (Direct Matin)


    Il faut « agir avant, et non pas après » affirmait Valls lors de l’arrestation de Kristian Vikernes ! Certainement bien trop occupé à anticiper un attentat inexistant commandité par un pseudo activiste neo-nazi, le ministre de l’intérieur ne pouvait mener de front l’agression des policiers de Trappes et la menace hitlérienne en Corrèze ! Mais voilà ! N’étant ni catholique, ni blanc, ils ne semblaient sûrement pas avoir « un profil particulièrement dangereux pouvant porter atteinte aux intérêts fondamentaux du pays. »

    Marie de Remoncourt pour Contre-Info http://www.contre-info.com

  • Hommen à Roland-Garros : procès annulé

    Le procès des quatre "Hommen", des jeunes hommes torse nus qui protestent à la manière des Femen, a été annulé. Ils avaient perturbé la finale de Roland Garros. 
    Les quatre Hommen qui avaient perturbé la finale masculine du tournoi de tennis de Roland-Garros ne seront pas jugés...du moins pas aujourd'hui. Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé ce jeudi 18 juillet la nullité de leur placement en garde à vue. Il a déclaré ne plus être saisi, ce qui entraîne l'annulation du procès. Mais le ministère public devrait faire appel, ce qui signifie un probable renvoi du procès à plus tard. 
    En ouverture de l'audience, les avocats des quatre jeunes hommes, appartenant au groupuscule activiste anti-mariage homo des Hommen, avaient plaidé la nullité en s'appuyant notamment sur la notification tardive des droits aux interpellés. L'un d'entre eux avait notamment dû attendre plus de trois heures après son interpellation pour se voir notifier ses droits. La loi dispose que la notification doit intervenir immédiatement après l'interpellation mais la jurisprudence introduit une tolérance d'environ 50 minutes. Pour justifier de cette notification tardive, le parquet avait fait état de circonstances insurmontables, selon le terme consacré, estimant que le transfert des jeunes gens interpellés au commissariat du XVIe arrondissement avait pris du temps. 

    Fumigènes et pancarte

    Le tribunal a fait droit aux arguments des conseils des jeunes gens, et constaté, dès lors, la nullité des placements en garde à vue. En conséquence, il a constaté la nullité du défèrement devant le procureur de la République et estimé qu'il n'était "plus saisi". "Je pense qu'il y aura appel du ministère public et que vous aurez à vous expliquer devant la cour d'appel de ces sujets", a conclu le président. 
    Ces jeunes gens étaient renvoyés pour introduction de fumigènes dans une enceinte sportive. Le 9 juin, ils avaient notamment brandi une pancarte en tribune et l'un d'entre eux était parvenu à pénétrer sur le terrain lors de la finale masculine avec un fumigène allumé en main. Lors d'un autre incident, un vigile avait été blessé à la main par le déclenchement accidentel d'un fumigène. Douze personnes avaient été interpellées, huit placées en garde à vue et quatre déférées.

    Source  http://www.oragesdacier.info/

  • “L’Allemagne n’espionne pas ses citoyens”

    En effet, seulement 20 millions d’allemands sont officiellement touchés directement ou indirectement par les écoutes du gouvernement. Pour ce qui est des 60 millions restant, le gouvernement d’occupation dit allemand, laisse faire la NSA. Merkel maitrise for bien l’art de ne pas dire la vérité sans toutefois vraiment mentir!

    Pour ajouter du poids à ses déclarations, la chancelière, nous rappelle le passé douloureux des dictatures nazi et communiste, sous entendant que la RFA n’est pas une dictature. Il est tellement vrai que le régime de RFA est une démocratie, que ceux qui osent en douter un peu trop fort, risquent la prison pour insulte à l’état. Comme preuve démocratique on ne peut guère faire mieux.

    http://fr.altermedia.info/

  • Les bons conseils du Père Ubu : Le plus beau 14-Juillet de ma vie (10)

    T’en fais pas, mon François, pour quelques huées ! Faut bien que les gens se défoulent : ça les console de ne pas être au pouvoir. Et il y a belle lurette que nous savons, toi et moi, mépriser ceux qui ne pensent pas comme nous. Prends du recul pour mieux voir que c’est toi qui as gagné, Jarnicoton bleu! Ce fut peut-être le plus beau 14-Juillet de ma longue vie. Tes potes et toi, vous avez franchi une nouvelle étape dans la marginalisation de ceux qui en sont encore à la famille père-mère-enfant(s).

    Un exemple : le feu d’artifice parisien de notre Bertrandounet. À un moment, un peu d’obscurité, puis la tour Eiffel prend les couleurs de l’arc-en-ciel, enfin des fusées dessinent en rouge des formes de cœurs. Tout le monde a pigé. Ceux qu’étaient contents, ceux qui l’étaient pas. Autour de moi, des pékins disaient : « Ouais, la tour Eiffel est pour le mariage gay ! » Y en avait qui applaudissaient. Je me demande pourquoi la Mairie de Paris dément. C’était on ne peut plus clair. Une manière lumineuse et colorée de dire: «Ah, z’êtes contre le mariage homo? Z’êtes des sous-citoyens, et Madame Tour-Eiffel vous aime pas. Et le 14-Juillet, c’est plus pour vous. Ah, vous vouliez le Tour-Pour-Tous? Eh bien, nous avons la Tour-Pour-Nous ! »

    La fête, ça ne dure pas. Mais il y a ce qui reste. Pense à ta distribution de la Légion d’Honneur, Cornegidouille! Tu as rétribué la personnalité de Drouâte qui s’est le plus trémoussée en faveur de la 2013-404. Une médaille pour Roselyne Bâche-le-Haut, une ! Et tu as décoré un évêque, des bons pères, des bonnes sœurs. Avec de l’humour, mon François ! Parce que le prélat que tu as distingué, d’où c’est-y qu’il est archevêque? De Bourges ! Pour une Légion d’Honneur à un ecclésiastique, c’est un sacré bras d’honneur aux catholiques.

    Et cette distribution de breloques au clergé, ça sème la pagaille. Parce que des génitrices et des géniteurs de familles nombreuses ont refusé la médaille de la Famille hollandienne. Tu vois le topo. Certains se demandent pourquoi nul religieux n’a repoussé avec horreur cette Légion venant de toi. Chapeau, Dictatounet ! Tu avais déjà divisé les Français, tu divises aussi les cathos. Avec des médailles ! J’ai un pote qui, lui, utilisait un vase précieux. Tullius Détritus, qu’il s’appelait.

    Mais venons-en au plus beau. Plutôt, à la plus belle, la nouvelle Marianne ! Là, pas de démenti. Le p’tit Olivier Ciappa persiste et signe (yakavoir, entre autres, le « Bouffington Post »). Il a choisi « comme modèle » Irma Chèvre-Chenko, la lideure des Femen. Il trouve qu’elle « incarne le mieux les valeurs de la République ». Bougre de merdre et merdre de bougre ! Une génialissime manière de dire à la fraction chrétienne de tes sujets : « Oyez, oyez, pauvres parias de la civilisation nouvelle, celles qui ont montré leurs rondeurs aux cloches de Notre-Dame, celles qui ont arrosé un pitoyable évêque belge, celles qui y vont à la tronçonneuse contre d’encombrants crucifix, eh bien, elles sont la République ! Chaque fois qu’à cette effigie vous timbrerez une enveloppe, vous vous rappellerez, bande de bouffres, que vous n’êtes que des sous-citoyens ! »

    D’ailleurs, l’intéressante intéressée ne se sent pas de joie. N’ayant pas plus froid aux yeux qu’au reste (et inversement), elle répond aux méchants en évoquant avec délicatesse son propre arrière-train. Alors, s’il te plaît, pour le prochain timbre, le même modèle, mais juste en changeant de point de vue… Oh, mon François, dis oui, dis oui !

    Plus sérieusement, l’artiste a déclaré que, dans son œuvre immortelle, la main de Marianne fait un geste typique de la Mère Taubie et de la Mère Bâche-le-Haut. Cornephysique, ils sont cernés, les anti-2013-404 !

    Allons plus loin (car il est observateur, le Père Ubu). Sur la version rouge du timbre, en bas à droite, une fillette et un garçonnet jouent au ballon. Au premier regard, ces deux p’tites silhouettes pourraient presque rappeler le logo de la Manif-Pour-Tous – mais seulement en partie, ah, ah !, parce qu’il manque le père et la mère. Les gosses jouent sous le contrôle direct d’Irma-Rianne Chèvre-and-Co et à l’ombre d’une main qui appartient à la fois à l’éloquente Christiane et à la pétulante Roselyne. La famille, c’est fini. L’État veille. Et, maintenant, il est sympa à regarder, l’État. Trop nul, Big-Brother, de montrer sa moustache ! Le Pouvoir, cette fois, a des yeux langoureux et une milice aux seins nus.

    Le Père Ubu http://www.printempsfrancais.fr/

  • Si on parlait un peu de l’extrémisme de gauche ?

    Le Monde du 2 juillet publie une tribune stupéfiante, révélatrice de la soviétisation morale de la gauche. Nicolas Lebourg, historien, y assume une pensée totalitaire décomplexée.

    Jugeant insuffisante la dissolution des mouvements d’extrême droite qui « laisse vaquer hommes et idées », il préconise une « politique globale de répression ».

    Il en appelle à la création d’un « dispositif capable de réprimer aussi bien en haut qu’en bas » par l’instauration « d’une structure de veille et de saisine du juge ». La répression sera renforcée « par l’instauration de peines plancher et de privation des droits civiques » pour les déviants de la pensée. [...]

    Bruno Riondel - La suite sur Boulevard Voltaire

  • L'oeuvre de Seyyed Hossein Nasr: Islam, connaissance, nature et sacré

    Peu connu du public francophone, parce peu de ses ouvrages ont été traduits en français (bien que les éditions L'Age d'Homme de Lausanne préparent la traduction de l'un de ses livres, L'Islam traditionnel face au monde moderne), Seyyed Hossein Nasr est né à Téhéran, a fait ses études au Massachusetts Institute of Technology et à l'Université d'Harvard. En 1958, il est retourné à Téhéran, où il est devenu directeur de l'Académie impériale iranienne de philosophie en 1974 et professeur de philosophie à l'Université de sa ville natale. Aujourd'hui, il enseigne les sciences religieuses à la Temple University de Philadelphie. Notons aussi que Seyyed Hossein Nasr a été le collaborateur du célèbre islamologue français Henri Corbin dans la rédaction de son Histoire de la philosophie islamique, parue chez Gallimard en 1964. 

    Le premier livre de Seyyed Hossein Nasr que j'ai lu en 1979 était Man and Nature. The Spiritual Crisis of Modern Man   (Mandala Books/Unwin, London, 1968/76). Le propos de cet ouvrage était à la fois religieux et "écologique", bien avant que ce vocable n'ait été à la mode. Seyyed Hossein Nasr, avant tout le monde, nous demandait de ne pas penser séparément la crise spirituelle de l'homme, provoquée par les assauts de la modernité, et la crise écologique, subie par la nature, à cause de la logique accumulatrice et exploitante, inaugurée par cette même modernité. Le tour de force du Prof. Nasr a été d'aborder la double problématique de l'homme et de la nature en se référant au taoïsme, à l'hindouïsme, au bouddhisme, au christianisme et à l'islam.
    Vaste panorama des doctrines traditionnelles, présenté dans une optique qui pose comme axiome, en toute bonne logique traditionaliste et à la suite de Frithjof Schuon, l'"unité transcendante des religions", les travaux de Seyyed Hossein Nasr visent, en fait, à recomposer cette harmonie entre l'homme et la nature qu'a brisée la modernité. La connaissance des doctrines traditionnelles, énoncées avec beaucoup de pédagogie par le Prof. Nasr, doit servir à reconstituer, pièce par pièce, l'unité perdue. La négligence des principes traditionnels a conduit à la crise (morale, politique, écologique). L'omniprésence des effets de cette crise dans la vie quotidienne moderne signale l'absence de "quelque chose". Et ce sentiment d'absence est dû au bannissement de la nature hors de l'environnement quotidien moderne. Dépourvue de toute signification spirituelle, la nature déchoit: elle n'est plus qu'une "chose", exploitable, pillable, instrumentalisable, qui est à la disposition de tous et d'un chacun.
    Parallèlement à cette désacralisation généralisée, à cette triste choséification de l'espace physique naturel, l'expérience religieuse, désormais débarrassée de tout ancrage fécond, n'est plus ouverte sur le cosmos; elle n'est plus qu'une expérience strictement privée entre un homme et son Dieu. Dans un tel appauvrissement de l'expérience religieuse, le cosmos, le monde, ne sont plus perçus comme les oeuvres de Dieu. Contrairement aux autres religions traditionnelles, le christianisme est, dans une certaine mesure, responsable de cette désacralisation, parce qu'il prêche le renoncement au monde et ne lui accorde, par conséquence, aucune importance métaphysique. Il ne s'agit évidemment pas du christianisme médiéval qui a su conserver relativement intactes les grandes doctrines ésotériques, notamment dans les gildes de bâtisseurs de cathédrales, chez les Fedeli d'amore (auxquels appartenait Dante; cf., à ce propos, René Guénon, Aperçus sur l'ésotérisme chrétien, Editions traditionnelles, Paris, 1988), dans les cercles hermétiques de tradition pythagoricienne. Ce christianisme européen médiéval possédait sa science sacrée des objets matériels, capables de conduire l'âme, depuis les ténèbres de la materia prima,  vers la luminosité du monde intelligible.
    Mais cette science sacrée a sans cesse été refoulée par la tentation chrétienne de refuser le monde, d'une part, par la théologie trop rationaliste de l'Occident, d'autre part. Pour Seyyed Hossein Nasr, c'est le contact entre la chrétienté et l'Islam, pendant les croisades, par l'intermédiaire de l'Ordre du Temple notamment, qui réveille les éléments dormants de l'ésotérisme religieux en Europe, après le rejet, au XIième siècle des thèses néo-platoniciennes. En effet, en Islam comme en Chine taoïste, l'observation de la nature et l'expérimentation ont toujours conservé leur attachement aux traditions gnostiques et mystiques, empêchant du même coup que ne s'opère là-bas le divorce complet entre science et sacré, survenu dans l'Europe du XVIIième siècle. En refusant de séparer totalement l'homme de la nature, l'Islam préserve une vision intégrale de l'Univers, non fragmentée, à l'instar de celle de Hugues de Saint-Victor et de Joachim de Flore au Moyen Age, ou de Swedenborg, après la Renaissance. Dans cette perspective cosmique, intégrale, dépourvue de césure, l'homme cherche la transcendance et le surnaturel, non pas en s'opposant à la nature, mais en prenant appui sur cette même nature. Ce n'est qu'en étant ancré dans la nature que l'homme peut correctement la dépasser. L'homme doit apprendre à contempler la nature, non comme si elle était un domaine du réel tout-à-fait indépendant de lui, mais comme si elle était un miroir réfléchissant une réalité supérieure.
    Seyyed Hossein Nasr réhabilite également les traditions animistes ou païennes qui ne véhiculent pas de césure entre l'homme et la nature. D'abord, les traditions des Amérindiens, surtout ceux des Plaines, qui n'ont évidemment pas développé une métaphysique bien articulée mais en possédaient néanmoins les fondements dans leur intériorité et les exprimaient par des symboles très parlants. L'Indien des Plaines était une sorte de monothéiste primordial, écrit Seyyed Hossein Nasr, et voyait dans la nature vierge, les forêts, les arbres, les fleuves et le ciel, les oiseaux et les bisons, les symboles immédiats du monde spirituel. Raison pour laquelle l'Indien refuse que l'on meurtrisse la nature, qu'on la sollicite outrancièrement.
    Ensuite, le paganisme nord-européen, différent du paganisme méditarranéen, urbanisé et dénaturé, attribue également, selon Seyyed Hossein Nasr, une signification symbolique et spirituelle à la nature.
    L'unité entre l'homme et la nature, présente dans les doctrines traditionnelles, dans le christianisme ésotérique, dans la vision du cosmos des Indiens des Plaines et des Nord-Européens, disparaît avec Descartes, qui réduit le réel à l'esprit et à la matière, appauvrissant pendant plusieurs générations la perception occidentale de la nature. Celle-ci n'est plus perçue que sous l'angle d'une physique quantitative et mécanique, qui, d'abord, n'est pas la seule physique possible et qui, ensuite, ne rend compte, justement, que des aspects quantitatifs et mécaniques du monde, laissant de côté une myriade de facettes, d'harmonies, de formes, qui ne sont nullement accidentelles ou négligeables, mais, au contraire, étroitement liées à la racine ontologique des choses. Cette négligence et cette réduction conduisent à un déséquilibre dangereux, au désordre généralisé et à la laideur des productions artistiques et architecturales des hommes, surtout dans un monde comme le monde occidental où il n'y a plus d'autres sciences de la nature et où toute sapientia  a été refoulée. L'Occident en vient ainsi à oublier que les phénomènes participent tous de plusieurs niveaux cosmiques différents et que leur réalité ne s'épuise pas dans un et un seul niveau d'existence. De la même façon qu'un tissu vivant peut être objet d'étude pour le biologiste, le chimiste ou le physicien, ou qu'une montagne peut être objet d'études pour le géologue, le géophysicien ou le géo-morphologue, tout phénomène, quel qu'il soit, doit être observé, analysé et contemplé sous différents angles ou points de vue.
    L'Occident a du mal à se dégager de cette gangue physiciste/mécaniciste. L'attitude romantique envers la nature, première réaction contre le paradigme newtonien et cartésien, est demeurée plus sentimentale qu'intellectuelle, écrit Seyyed Hossein Nasr. Il poursuit: "Cette attitude passive n'a pu inaugurer un nouveau savoir. Quels que soient les services que le mouvement romantique a rendu à l'esprit en rédécouvrant l'art médiéval ou la beauté de la nature vierge, il n'a pu influencer le cours de la science ni ajouter une nouvelle dimension à l'intérieur même de la science...". Plus tard, la théorie de l'évolution, bien que biologisante et non plus unilatéralement mécanicisante, ne reflète que le Zeitgeist  accumulateur, écrit Seyyed Hossein Nasr, sans "ré-organiciser" de fond en comble les sciences physiques, tout en parodiant l'historicisme inhérent à la vulgate chrétienne.
    Et quand la physique newtono-cartésienne s'effondre à la fin du XIXième siècle, l'Occident se retrouve sans aucune force spirituelle capable de ré-interpréter la nouvelle physique et de l'intégrer dans une perspective plus générale et universelle. Par ailleurs, l'effondrement du paradigme mécaniciste ouvre la voie à toutes sortes de mouvements pseudo-spirituels ou occultistes, tandis que les théologiens, maladroits et éloignés de toute véritable sapientia, ne parviennent pas à donner une réponse satisfaisante ou élaborent des corpus boîteux, comme celui de Teilhard de Chardin, qui, écrit Seyyed Hossein Nasr, "est une absurdité sur le plan de la métaphysique et une hérésie sur le plan de la théologie".
    Dans un second ouvrage de Seyyed Hossein Nasr, paru en traduction allemande en 1990
    Seyyed Hossein Nasr, Die Erkenntnis und das Heilige,  (Knowledge and the Sacred) Eugen Diederichs Verlag, München, 1990, 438 S., ISBN 3-424-01031-6
    notre auteur récapitule ses arguments, tout en opposant la connaissance sapentiale et les processus involutifs de désacralisation, l'homme pontifical (de pontifex, pontem-facere, faire de soi un pont entre le ciel et la terre) à l'homme prométhéen. Le propos de Seyyed Hossein Nasr vise à réhabiliter le sacré dans la science, à réouvrir la science aux perspectives métaphysiques, c'est-à-dire aux plans qualitatifs ignorés par le paradigme newtono-cartésien, mais présents dans l'Islam traditionnel, par exemple.
    Pour Seyyed Hossein Nasr, en Islam, religion qui, comme le judaïsme, repose sur la spiritualité abrahamique, le message de la révélation s'adresse essentiellement aux facultés de connaissance; en effet, la révélation islamique s'adresse à l'homme en tant qu'intelligence, capable de faire la distinction entre le réel et l'irréel, de reconnaître et de vénérer l'Absolu. Ce message, écrit Seyyed Hossein Nasr, a été déterminé dans l'histoire par son premier conteneur, c'est-à-dire la mentalité sémitique-arabe, qui lui a conféré une certaine émotionalité, une propension à l'inspiration exaltée, qui, sur le plan théologique, se traduit par une forme d'"anti-intellectualisme" volontaire/volontariste. Il n'en demeure pas moins que cette émotionalité anti-intellectualiste de facture sémitique-arabe n'est qu'un aspect circonstantiel de l'Islam. Son noyau essentiel demeure le primat de la connaissance, auquel émotions, inspirations et exaltations doivent rester subordonnées. Le premier article de la foi islamique Lã ilãha illa¹ Llãh (Il n'y a point d'autre divin que le Divin) s'adresse en premier lieu à la connaissance et non au sentiment ou à la volonté. Le principe de connaissance est le moteur de l'Islam et tous les noms traditionnels relatifs aux écrits sacrés ont un rapport avec la connaissance: al-qur¹ãn (exposé, discours), al-furqãn (distinction), etc. En terre d'Islam, tout au long de l'histoire, nous repérons un véritable culte de la connaissance.
    Culte de la connaissance qui est lié, écrit Seyyed Hossein Nasr, à cette sapientia, cette sophia, qui dépasse la dichotomie conventionnelle entre l'intellectualisme grec et l'"inspirationalisme" hébraïque. La sophia, en effet, n'est ni pure intellectualité ni pure foi. Elle est les deux, à la perfection. Les néo-platoniciens l'ont mise en valeur, mais leur message n'a pas été entièrement compris, du moins dans le contexte chrétien et européen. La tradition chrétienne ne se veut pas a priori un chemin de la connaissance, mais un chemin de l'Amour, ce qui a conduit, dès l'aube de l'ère moderne, à négliger la sagesse/sophia, comme si elle était un corps étranger au sein d'une religion purement éthique, dont le socle serait l'amour pour Dieu et pour le prochain et l'élément central la foi. Certes, écrit Nasr, le christianisme est une religion qui privilégie la voie de l'Amour, mais son histoire révèle tout de même des pistes qui ont valorisé les voies de la connaissance et de la sagesse. Notamment, dans les traditions johannites, qui affirment le primat du logos, source de la révélation et de la connaissance ("Au commencement était le Verbe"). Cette attention moindre du christianisme au primat de la connaissance à conduit à la surévaluation contemporaine de l'éthique, au détriment de la naturalité, du politique et du travail (cf. Sigrid Hunke, Vom Untergang des Abendlandes zum Aufgang Europas. Bewußtseinswandel und Zukunftsperspektiven, Horizonte Verlag, Rosenheim, 1989).
    Ce "chemin de la sagesse", nous le retrouvons à Byzance, où se dresse la construction sacrée la plus belle du christianisme primitif, la Hagia Sophia, dédiée à la Sagesse, représentée par ailleurs sous les traits d'une belle jeune femme, qui sera, tour à tour, la Vierge Marie ou la Béatrice de Dante ou Fatima, la fille du Prophète. Mais ce culte de la sophia et de la gnosis sera graduellement refoulé, si bien qu'en Occident le concept de connaissance sera entièrement sécularisé. Pourtant la dimension sapientiale a été présente dans le christianisme, surtout chez Denys l'Aréopagyte, que le grand métaphysicien indien A. K. Coomaraswamy appelle le plus grand des Européens à côté de Dante. Son message est revenu au IXième siècle grâce aux traductions et aux travaux de l'Irlandais Jean Scot Erigène (810-877), dans le De divisione naturae, écrit entre 864 et 866. Pour Denys l'Aréopagyte et Jean Scot Erigène, la connaissance est centrale, elle est le moteur permanent de tout et non pas le simple moteur premier (à la phrase latine "in principio erat verbum", soit "au commencement était le Verbe", Scot Erigène substitue "in principio est Verbum", "au commencement est le Verbe", signalant par ce présent, qui est au fond intemporel, que le commencement de toute chose réside dans la connaissance). Cette vision du divin renoue avec l'émanatisme néo-platonicien: tout procède du moteur premier, c'est-à-dire du principe supérieur, thèse radicalement différente de celle de l'évolutionnisme, où tout part des êtres les plus bas de l'échelle.
    Jugé hérétique et condamné par le Pape Honoré III en 1225, Jean Scot Erigène est compté parmi les philosophes panthéistes; les penseurs et philosophes islamiques, surtout ceux qui sont marqués par le soufisme, aiment son ¦uvre, comme celle de tous les néo-platoniciens, panthéistes et mystiques européens (Pélage, Maître Eckhart, Nicolas de Cues) car elle correspond à la théorie soufique de la Création que l'on désigne par "le renouvellement de la Création en chaque instant" ou "à chaque souffle" (Tajdîd al-khalq bilanfas), théorie proche de celle qui posent les archétypes se projettant dans l'existence par émanation à chaque instant, émanation qui traverse les hommes, anéantissant leur passé au même moment où elle les renouvelle. Les "expirs" (anfãs) du Clément sont dilatations du divin, c'est-à-dire déploiement de "possibilités relatives" à partir des archétypes; la surabondance de l'Etre "déborde" (afãda) sur les essences limitées. Ibn Arabî identifie l'"Expir" divin à la Nature universelle (at-Tabî'ah), attribuant à celle-ci une fonction cosmogonique analogue à celle que les Hindous désignent comme la Shakti, l'"énergie productive" de la Divinité (source de ce §: Titus Burckhardt, Introduction aux doctrines ésotériques de l'Islam, Dervy-Livres, Paris, 1969).
    L'Occident n'a pas approfondi cette veine mystique et néo-platonicienne, contrairement à l'Inde et à l'Islam. Il a préféré les "synthèses théologiques" de Saint-Bonaventure, de Saint Thomas d'Aquin ou de Duns Scot, mettant l'accent sur la contemplation, le silence contemplatif ou la volonté. Pour Seyyed Hossein Nasr, ces synthèses scolastiques  surtout celle de Thomas d'Aquin, enferment leurs intuitions métaphysiques, qui sont justes, dans le corset étouffant de catégories syllogistiques, dans un rationalisme étroit. La sophia, dans ses avatars christianisés, est ainsi voilée; la connaissance, la sapience, perd son caractère sacré, et un divorce s'instaure entre la philosophie et la sagesse/sophia. Cette théologie et cette philosophie du voilement, amorçant la désacralisation généralisée du savoir et de la connaissance, donne le ton en Occident et refoule dans la marginalité les traditions mystiques (dont celle de Maître Eckhart). Le thomisme a donc été la forme la plus achevée et la plus mûre de la théologie chrétienne: mais il n'était pas pure sapientia et médiatisait dangereusement le rapport entre l'entendement humain et la raison divine.
    Pour comprendre ce processus d'occultation de la sophia et de désacralisation, il faut signaler l'influence exercée par les doctrines d'Ibn Sînâ (Avicenne) et Ibn Rushd (Averroës) dans le monde où le latin était langue savante. La traduction en latin a gommé une bonne part des potentialités scientifiques et sapientiales de ces doctrines: en effet, en Islam, avec Suhrawardî, l'interprétation des travaux d'Avicenne et d'Averroës renforce la scientificité de la science islamique pré-moderne, sans scotomiser le fond sapiential, tandis qu'en Occident latin, les fragments épars les plus rationalistes de ces philosophies s'imposent. L'Occident opte dès lors pour une interprétation rationaliste de l'avicennisme et de l'averroïsme; l'Islam, lui, proclame la primauté de l'intellectio sur la ratiocinatio. Suhrawardî parle d'illumination immédiate par la nature aux dimensions sacrées; l'Occident privilégie les mécanismes médiats du discours.
    La présence de ces doctrines émanatistes, où la nature est respectée en tant que véhicule des grâces divines, dans toutes les traditions islamiques, christianisées, hindoues, chinoises, néo-platoniciennes, etc. permet de parler d'une philosophia perennis ou d'une sanatâna dharma (A.K. Coomaraswamy) ou de "religion pérenne" (F. Schuon; cf. Sur les traces de la religion pérenne, Le Courrier du Livre, Paris, 1982) ou de "vraie religion de l'Europe" (Sigrid Hunke, La vraie religion de l'Europe, Le Labyrinthe, Paris, 1985; le livre de Sigrid Hunke se limite géographiquement à l'Europe). Seyyed Hossein Nasr nous rappelle que l'expression de philosophia perennis remonte au XVIième siècle et se retrouve dans l'oeuvre d'un hébraïsant et arabisant italien, bibliothécaire du Vatican, Agostino Steuco (1497-1548), notamment dans son De perenni philosophia, un ouvrage clef, marqué par les pensées de Marcille Ficin (qui parlait de philosophia priscorium ou de prisca theologia), Pic de la Mirandole et Nicolas de Cues. Dans De pace fidei, Steuco plaide pour une réconciliation ou du moins pour une coexistence harmonieuse des grandes religions, qui s'opérerait par le haut, précisément sur base de la philosophia perennis. Ce recours à la philosophia perennis permet de renouer avec les traditions grecques païennes (Platon, Pythagore, Empédocle, etc.) et celles de l'Iran pré-islamique. La Sophia perennis précède donc les révélations du Livre, ce qui permet de parler de Tradition (primordiale) ou, en arabe, d'al-dîn.
    [Synergies Européennes, Vouloir, Juillet, 1992] http://robertsteuckers.blogspot.fr/

  • Jean-Yves Le Gallou : "La tyrannie médiatique"

    Source: Cercle de l'Esprit Rebelle (réseau MAS)

  • De la prétendue indépendance du Procureur de la République

    Un magistrat témoigne pour Le Salon Beige :

    "Il est beaucoup question ces temps-ci de l’indépendance du Procureur de la République ou Parquet ou Ministère Public par rapport au Ministre de la Justice ou Garde des Sceaux.

    En effet le Parlement a définitivement adopté le 16 juillet un projet de loi en ce sens, qui dit renforcer l’autonomie du Parquet. Le Ministère de la Justice déclare dans un communiqué :

    « Lors de la campagne présidentielle, François Hollande s'était engagé, s'il était élu, à assurer aux décisions de Justice une « impartialité insoupçonnable ». C’est désormais chose faite, le Parlement a adopté la loi relative aux attributions du Garde des sceaux et des parquets en matière de politique pénale et d'action publique. Après deux lectures à l'Assemblée nationale et au Sénat, le projet de loi a été définitivement adopté le 16 juillet 2013. Christiane TAUBIRA, garde des Sceaux, ministre de la justice l’avait affirmé : « Ce texte vise à éradiquer et à déraciner la suspicion qui a trop longtemps pesé sur la Justice pour que les citoyens, notamment des plus vulnérables, retrouvent confiance dans l'institution judiciaire ».

    Il ne faut pas se méprendre sur ce qui n’est qu’une illusion.

    Le Procureur de la République et le Ministre de la Justice sont depuis toujours les doigts d’une même main que l’on ne sépare pas par un coup de communication politique. Une loi, quelle que soit l’intention de ses auteurs, ne supprime pas brusquement l’habitude des Parquets d’en référer au Ministre et d’attendre des instructions de lui ou de ses services. Il faut une véritable révolution culturelle.

    Le texte voté prévoit simplement que le Procureur de la République ne pourra plus recevoir des instructions écrites du Ministre en matière de politique pénale. Il n’y a là rien de révolutionnaire, car de telles instructions sont très rares en pratique.

    Le texte ne dit rien sur les instructions ou recommandations orales, qui sont monnaie courante et subsisteront. Chassez le naturel, il revient au galop.

    Le Ministre de la Justice pourra continuer à donner des instructions par voie de circulaires en principe générales mais qui pourront aller dans les détails.

    Les événements récents lors des manifestations antimariage gay ont démontré plus que suffisamment que le Procureur de la République n’avait guère d’indépendance vis-à-vis de son ministre de tutelle et de celui de l’Intérieur.

    En tant que magistrat judiciaire il est garant des libertés individuelles et collectives, et doit veiller à leur respect par la police et la gendarmerie. À ce titre il lui incombe de contrôler les gardes à vue, qui sont des mesures de sûreté destinées seulement à garantir le bon déroulement d’enquêtes judiciaires.

    Or nous avons assisté ces derniers mois à de nombreuses interpellations et gardes à vue injustifiées et seulement punitives décidées par des officiers de police judiciaire ou des magistrats du Parquet à l’encontre de manifestants de LMPT et des veilleurs. Nul doute que les ordres venaient d’en haut, de Paris Place Vendôme et Place Beauvau.

    La police d’opinion est là.

    Indépendance du Procureur de la République où es-tu ?"

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/