Jamais, depuis qu’il est à l’Elysée, il n’a en effet semblé aussi cerné.
Certains de ses conseillers n’auraient pas trouvé aberrant qu’il garde le silence. D’autres estimaient suffisante une brève prise de parole à l’issue du défilé militaire sur les Champs-Elysées. Quelques-uns, enfin, défendaient l’idée d’une tribune dans la presse : au moins le président de la République n’aurait-il dit que ce qu’il souhaitait dire, sans dépendre de questions posées par d’autres.
Comme souvent, François Hollande a attendu le dernier moment pour trancher, et ce n’est que mercredi 10 juillet qu’il a fait connaître son choix : dimanche, jour de la fête nationale, il s’exprimera finalement sur TF1 et France 2, sous la forme d’un entretien avec les journalistes Claire Chazal et Laurent Delahousse. Comme en 2012, en somme, à un détail près : l’interview se fera depuis l’Elysée, en dépit de l’engagement contraire pris pendant sa campagne…
On comprend que le chef de l’Etat et son entourage se soient interrogés longtemps sur l’opportunité d’un tel rendez-vous. De l’avis général, y compris parmi ses proches, ses deux derniers passages à la télévision ont été des échecs. Son face-à-face avec David Pujadas, le 28 mars sur France 2 ? Trop long et trop « techno ». Sa prestation dans « Capital », le 16 juin sur M6 ? « Inadaptée » voire « inutile », convient-on volontiers à l’Elysée, où l’audience calamiteuse de l’émission a fait l’effet d’une douche froide. Dès lors, la question se posait nécessairement pour le 14-Juillet : à quoi bon s’exposer à nouveau ? Et pour dire quoi qui n’ait déjà été dit ?
Comme à la veille de ses précédentes interventions devant les Français, ce sont les mêmes attentes qui s’expriment aujourd’hui à l’égard de M. Hollande. « On a besoin du récit de la nation, on a besoin de cet esprit collectif français, c’est fondamental. Le rôle du chef de l’État, c’est d’impulser, de donner le sens de la vision. J’imagine que ce sera sa perspective le 14 juillet », explique ainsi Pierre Moscovici, le ministre de l’économie et des finances.
« Ce que l’on vit n’est pas seulement une crise conjoncturelle, c’est un changement du monde, le basculement du centre de gravité vers l’Asie. Quelle place pour la France ? Quel rôle pour l’Europe ? C’est ça, historiquement, le mandat de François Hollande », estime quant à lui Laurent Fabius. Une façon pour le ministre des affaires étrangères de sous-entendre que c’est à cette hauteur-là que doit se situer la parole présidentielle.
Un président cerné
S’il entend depuis le début de son mandat ces mêmes appels à définir le « cap » de son action ou sa « vision » de la France de demain, le chef de l’Etat se trouve pourtant dans une situation inédite. Jamais, depuis qu’il est à l’Elysée, il n’a en effet semblé aussi cerné. Jamais n’est apparue de façon aussi nette son incapacité à promouvoir sa politique.
Pierre Moscovici en a fait l’amère expérience, dimanche 7 juillet, lors des Rencontres d’Aix-en-Provence où se pressaient économistes et chefs d’entreprise. Il a entendu les applaudissements de la salle quand Pierre-André de Chalendar, le président de Saint-Gobain, accusa les politiques de manquer de courage et de constance, expliquant que « la France est passée du déni au zigzag ». Il a surtout entendu les huées dont il fut l’objet quand il prit la parole à son tour pour défendre la politique du gouvernement.
Ancien vice-président du Cercle de l’industrie, « social-démocrate » assumé, le ministre de l’économie ne s’attendait pas à cela : s’il y en a un au gouvernement qui connaît le patronat, c’est bien lui. Manifestement, cela n’a pas suffi…
Pour se rassurer, le gouvernement ne voudrait voir dans ce vif échange que la démonstration d’une énième fronde patronale, une sorte de mouvement antipolitique, anti-impôt, aux relents poujadistes. La réalité est en fait plus préoccupante. Car, depuis le début du quinquennat, une partie des amis de François Hollande estime qu’il n’a pas pris la mesure de la crise, qu’il ne réforme pas assez vite, qu’il recourt trop à l’impôt, au risque de casser la croissance.
Le débat sur « l’autre ligne »
À Bercy, surtout, mais aussi dans d’autres cabinets ministériels, des conseillers qui s’affichent pourtant comme « socialistes » font un diagnostic analogue à celui que dresse Jacques Attali, l’ancien conseiller de François Mitterrand, dans son livre Urgences françaises (Fayard, 15,50 euros) : « La France ne sait pas se réformer. Le programme de François Hollande manque d’ambition depuis le départ. »
Mais le drame de François Hollande n’est pas seulement qu’il peine à convaincre ses alliés dans son camp. Depuis le début de son mandat, plane le débat récurrent de « l’autre ligne », celle de la relance économique face au sérieux budgétaire, celle de la gauche rassemblée face à la majorité brouillonne.
Depuis quelques semaines, des signes inquiètent particulièrement les proches du chef de l’Etat. Il suffit que les ministres Montebourg, Hamon, Duflot et Taubira dînent ensemble pour que surgisse l’idée d’une conspiration en marche.
Il suffit que l’aile gauche du PS prenne une initiative commune sur la réforme fiscale avec les amis de Benoît Hamon et les anciens du courant des « reconstructeurs » désormais disséminés entre les clubs de la « Gauche durable » et de la « Gauche populaire », pour que les grognards « hollandais » – Stéphane Le Foll, Bruno Le Roux et François Rebsamen en tête – s’agitent en coulisses. « On sent monter quelque chose de pas bon dans la majorité et le parti, quelque chose d’assez construit regroupant des gens venus de courants différents », confie l’un d’entre eux.
Le perdant-perdant hollandais
Sans le dire clairement, ces amis du chef de l’Etat soupçonnent une « nébuleuse oppositionnelle » – mal identifiée encore – de vouloir remettre au centre du jeu leur ennemie jurée, Martine Aubry, superbement muette depuis un an. « Elle est la seule dans le casting général capable de porter une alternative », affirme un élu proche de la maire de Lille.
Pour l’heure, les partisans d’un aggiornamento hésitent toutefois à sortir trop tôt du rang : le limogeage de Delphine Batho leur a démontré que l’Elysée et Matignon étaient capables de frapper fort et de couper les têtes dures. Alors, pour l’instant, ils se contentent de persifler en privé, de tempêter contre l’« autosatisfaction » qui règne à la tête de l’Etat, de brocarder le cabinet « techno » et « hors-sol » de l’Elysée, de tenter de fédérer les mécontents, mais sans encore passer à l’offensive ouverte.
Voilà donc où en est François Hollande : pris sous le feu d’une double pression. D’un côté, il attise l’impatience de ceux qui rêvent déjà de redistribution et souhaitent le moins possible toucher aux acquis, persuadés que la crise économique va laisser place à un prochain cycle de croissance. De l’autre, il exaspère ceux qui veulent du sang et des larmes et qui, à l’inverse des premiers, sont convaincus que la crise est beaucoup plus profonde qu’il ne le dit…
Lire aussi : Popularité de M. Hollande : le décrochage de l’électorat de gauche
Refusant de choisir, s’efforçant de se situer au point d’équilibre entre ce qu’il considère être deux abîmes, il en arrive à cette impasse : à vouloir ne déplaire à personne, il prend le risque de mécontenter tout le monde. « Le président est un funambule qui avance sur un fil entre la colère possible des marchés financiers et celle du peuple. Il évite de cristalliser la situation, tout en désendettant dans une France désabusée », explique le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis.
La tour d’ivoire de l’Elysée
Pour l’heure, ce vent mauvais ne semble pas avoir franchi les grilles de l’Elysée, où les conseillers du président s’emploient à relativiser les motifs d’inquiétude. La grogne qui monte au sein du Parti socialiste ? « Ça montre que le PS est un parti de débat et, en même temps, ça n’empêche pas que les textes soient votés : pour nous, c’est donc gagnant-gagnant », veut croire un conseiller.
L’incapacité du gouvernement à parler d’une seule voix, comme l’a encore montré, jeudi, le recadrage d’Arnaud Montebourg par Jean-Marc Ayrault après les propos favorables au gaz de schiste tenus l’avant-veille par le ministre du redressement productif ? « Bien sûr que plus de cohérence serait parfois préférable. Mais après tout, est-ce si grave ? Les Français voient qu’il y a de la sincérité là-dedans, pas comme si tout le monde était artificiellement le doigt sur la couture du pantalon », évacue un autre.
L’impatience grandissante des Français ? « C’est normal que les résultats mettent du temps à venir : quand vous creusez un sillon et que vous semez des graines, ça ne pousse pas tout de suite », philosophe un troisième conseiller.
Est-ce à dire qu’il n’y a rien à amender, rien à corriger ? Si, bien sûr : « Il faut qu’on ressoude un peu la majorité », reconnaît l’entourage du président, qui pour cela mise sur son déjeuner hebdomadaire avec Jean-Marc Ayrault avancé au lundi, afin de caler en amont la stratégie de la semaine. Et espère que la multiplication des rendez-vous à l’Elysée avec les fortes têtes de la majorité parlementaire (aile gauche du PS, écologistes) nourrisse le dialogue et assoupisse leur impatience.
Pour le reste, les inflexions prévues sont essentiellement de l’ordre de la mise en mots. A l’Elysée comme au gouvernement, l’interview accordée au Monde du 10 juillet par Stéphane Le Foll, dans laquelle le ministre de l’agriculture explique que « changer de cap serait une erreur », mais que « changer [de] discours » est nécessaire, a été appréciée. « Stéphane a raison. La deuxième année du quinquennat doit être une année un peu différente. Dans la première, on avait à faire face à la crise de la zone euro, à créer le socle du changement. Maintenant, il faut essayer d’être plus dans l’explication », commente Pierre Moscovici, qui se promet de multiplier les déplacements de terrain pour être « au plus près des entreprises et des salariés »
Quatre ans…
Rien ne semble ébranler la confiance de l’exécutif, ni les doutes qui montent dans son camp, ni le retour dans l’arène de Nicolas Sarkozy à droite. Là encore la démonstration de force de l’ancien chef de l’Etat, lundi 8 juillet à l’UMP, dont le comportement souligne en creux ce que n’est pas François Hollande – audacieux, transgressif, prêt à tout –, ne fait pas peur.
L’idée que l’ancien président, un an seulement après sa défaite, puisse déjà apparaître comme un recours, est balayée d’un revers de main. « Les Français ont la mémoire longue. Dans le pays, il n’y a pas d’envie de le voir revenir », assure ainsi Pierre Moscovici.
Flagrant déni de réalité ou lucidité stoïque ? Quoi qu’il en soit, François Hollande n’a pas l’intention, pour l’heure, de se départir de sa sérénité à toute épreuve. Explication d’un proche : « Ce qui compte pour lui, ce n’est pas la courbe des sondages, c’est la courbe du chômage. Et puis de toute façon, il a le temps et les institutions pour lui. La présidentielle, c’est dans quatre ans. »
Bastien Bonnefous, Françoise Fressoz et Thomas Wieder
Le Monde .fr 12/07/2013 http://www.polemia.com
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La droite manquera-t-elle le train ou s'assumera-t-elle ?
Extrait d'une tribune signée par "Les Arvernes", un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs, dans Valeurs actuelles, à propos du grand mouvement de contestation né en France :
"Il n’y aurait rien d’étonnant ou de particulièrement nouveau dans tout cela si ce mouvement ne se caractérisait par la grande jeunesse de ses participants. Car, au travers de la “manif pour tous”, s’exprime la naissance d’une génération politique à droite, encore quelque peu individualiste (Internet oblige), décidée à mettre en pièces les valeurs que les baby-boomers, leurs parents et grands-parents, leur ont imposées. [...]
Plus important encore, ce peuple de droite qui (re)naît est orphelin.
La droite républicaine, absorbée par ses combats personnels, incapable de s’assumer au-delà du discours, ne sait plus quelles sont ses valeurs. Hier, Nicolas Sarkozy, qui avait fait le bon diagnostic en 2007 (« les solutions sont à droite »), n’a pas assumé son discours.
Aujourd’hui, le fillonisme est une “centrisation” malhabile. La droite se déchire de ne plus savoir qui elle est.
L’extrême droite, qui devrait naturellement recueillir une bonne part des fruits de ce mouvement, n’y parvient pas non plus. Marine Le Pen, après avoir “mélenchonisé” son programme économique, a commis l’erreur insensée de ne pas soutenir immédiatement et sans réserve ce combat contre le mariage homosexuel.
Dans un tel contexte, un gigantesque espace politique se crée à droite. À l’heure où l’on parle tant de l’Allemagne, il n’a jamais été, pour nous, aussi évident qu’une demande politique non satisfaite s’exprime en France. Cette demande, c’est une politique économique moderne et progressiste (une politique de l’offre, et non de la demande), une politique sociale conservatrice et qui assume — enfin — les valeurs de droite, une ouverture à l’Europe et au monde qui défende sans réserve les intérêts des Français. En un mot, une CDU-CSU à la française.
Écouter et comprendre ce mouvement n’est pas simplement l’intérêt de la droite si elle veut revenir au pouvoir. C’est aussi l’intérêt du pays et de l’Europe tout entière."
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EXCLUSIF: Trierweiler convoquée chez le juge en septembre
Xavier Kemlin vient de nous faire savoir aujourd’hui que le juge d'instruction a accepté sa plainte déposée contre Valérie Trierweiler avec constitution de partie civile pour recel de détournement de fonds publics. À la suite de quoi, un dépôt de 2000 euros lui a été demandé.L’instruction va donc suivre son cours et Valérie Trierweiler devrait être convoquée chez le juge dès le mois de septembre. En même temps que Xavier Kemlin. C’est à l’issue de cette audition que le juge pourrait prononcer la mise en examen de la « première concubine ».Totalement passée sous silence par les médias, l’affaire est pourtant on ne peut plus importante : en effet, elle débouche inévitablement sur la situation de « concubinage notoire » du couple Hollande-Trierweiler et sa non déclaration à l’ISF lors de l’élection présidentielle.Une élection présidentielle qui, si la loi est appliquée, se verrait alors invalidée par le Conseil Constitutionnel. Ainsi que toutes les décisions prises par la Présidence depuis mai 2012. Souhaitons que la Justice suive normalement son cours.RAPPEL DES FAITSConformément aux dispositions de l'article 85 du Code de Procédure Pénale, au printemps dernier, Xavier KEMLIN avait déposé plainte contre Valérie Trierweiler avec constitution de partie civile pour recel de détournement de fonds publics.En effet, l'article 432-15 dispose :« Le fait par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public, un comptable public, un dépositaire public ou l'un de ses subordonnés, de détruire détourner ou soustraire un acte ou un titre des fonds publics ou privés (….) est puni de 10 ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende. »Par ailleurs, l'article 432-16 stipule :« Lorsque la destruction ou le détournement ou la suppression par un tiers des biens visés à l'article 432-15 résulte de la négligence d'une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public, d'un comptable public ou d'un dépositaire public, celle-ci est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. »Ainsi dans la mesure où Madame Valérie TRIERWEILER n'est dépositaire d'aucune autorité publique, qu'elle n'est pas davantage chargée apparemment d'une mission de service public, elle ne peut bénéficier d'usage de fonds publics.
Sur le sujet, voir les articles du Gaulois : -
Scandale : parce qu’ils sont musulmans, ils sont relachés après avoir tabassé trois policiers
Quatre musulmans sont arrêtés après avoir tabassé trois policiers et sont immédiatement remis en liberté. Pourquoi une telle clémence ? Parce qu’ils sont musulmans! Nicolas lui, n’avait pas cette « chance »… En République il n’est pas de bon ton d’être blanc et catholique. Il est urgent de mettre un bon coup de pied dans la fourmilière !
Lu sur RMC : « Dans la nuit de mardi à mercredi à Marseille, trois policiers ont été tabassés après un contrôle d’identité qui a mal tourné. Vers 00h45 à proximité de la mosquée Es-Sunna, trois agents de police se sont approchés d’une jeune femme de 18 ans qui portait un voile intégral, le niqab. Conformément à la loi de 2010 sur le voile intégral, des policiers ont décidé de faire un contrôle d’identité. Mais cette dernière a refusé de se soumettre à l’autorité policière.
« Je n’obéis pas aux lois de la République », a-t-elle expliqué (NDLR : on ne va pas lui reprocher). Elle s’est alors mise à crier et a dénoncé une agression de la police. Elle a même donné des coups de poing au visage d’un policier. C’est là que le compagnon de la jeune femme s’est interposé, de manière à empêcher définitivement le contrôle d’identité. L‘homme a ensuite appelé à la rescousse. Une cinquantaine de personnes ont rejoint la bagarre et roué de coups les policiers de la tête aux pieds. L’arrivée de renforts a permis l’interpellation de quatre personnes dont la femme voilée. Mais tous ont été remis en liberté dans la nuit par le parquet de Marseille dans un souci d’apaisement en période de ramadan.
« Le signal donné à cette affaire par le parquet de Marseille nous laisse dans l’expectative la plus totale, explique David-Olivier Reverdy qui est secrétaire adjoint du Syndicat de police « Alliance » dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Comment peut-on s’en prendre aux forces de l’ordre et être remis en liberté sans garde à vue, sans être inquiété ? Il me semble que le message donné à la population et à la délinquance, qui je vous le rappelle est assez prégnante à Marseille, est un message qui est absolument hors de propos. On aurait aimé le soutien de la justice et non pas une défiance à ce sujet. Encore une fois, les agents de police de Marseille se sentent délaissés ». »
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In Memoriam futur proche
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L’impasse d’une économie sans racines
Insidieusement le libéralisme et son avatar socialiste ont entraîné l’économie dans un « nouvel âge » : l’économie sans racine. Le libre-échange, que défendaient les grands auteurs classiques, est aujourd’hui dépassé par la conjonction de trois phénomènes : politique - le renversement de la souveraineté des nations -, économique - la « financiarisation » des activités productives - et technique - l’explosion des systèmes de communications et de transports. Cette focalisation d’événements, fortement recherchée par les défenseurs de la « pensée unique », se traduit par l’avènement d’une « économie éthérée » (ou peut-être « éterrée », c’est-à-dire sans terre...) à l’heure où l’homme n’a jamais autant eu besoin d’Identité nationale depuis que le nihilisme ambiant a désenchanté le monde.
À l’origine, le libéralisme classique défendait le principe d’une économie monde. Ce système était construit sur la complémentarité. Chaque nation avait intérêt à se spécialiser dans une ou plusieurs branches précises pour exporter ses spécialités et importer les produits que le pays ne pouvait fabriquer, ses facteurs de production ayant été entièrement utilisés par sa branche d’excellence. Au XVIIIe Adam Smith défendait donc le principe des « avantages absolus », au XIXe son disciple David Ricardo le compléta avec la théorie des « avantages relatifs » et au XXe trois économistes développèrent le « théorème HOS » qui porte les initiales de ces éminents professeurs Hechscher, Ohlin et le prix Nobel d’économie de 1970 Samuelson.
Ces derniers, à travers leur loi sur la spécialisation des économies en fonction de « la proportion des facteurs disponibles » insistaient sur l’importance de la combinaison des facteurs classiques de production que chaque nation se doit d’exploiter pour exporter : le travail, le capital (au sens économique du terme, c’est-à-dire : machines, outils, usines, etc.) et surtout... « la Terre ».
La souveraineté des multinationales
Au XXIe la « pensée inique » libéralo-socialiste développe une nouvelle conception : « la mobilité absolue des moyens de production ». Pour imposer ce nouveau principe économique dominateur, trois processus parallèles ont été mis en œuvre au cours des dernières décennies.
Premier processus : éliminer les rigidités politiques. Pour « déblayer » le terrain économique il fallait préalablement supprimer les freins au libre-échange en renversant le principe de souveraineté nationale. Universellement et historiquement, jusqu’au milieu du XXe siècle, les États étaient les dépositaires de la souveraineté, les entreprises comme les citoyens subissaient leurs lois. Depuis la fin du siècle précédent, par la force ou par l’invention d’un « nouveau droit supranational » la souveraineté est transmise progressivement aux multinationales. Les détenteurs des pouvoirs étatiques ne font qu’exercer une action de syndic de copropriété au profit des grands intérêts privés. Les récentes visites de Jacques Chirac en Asie ne sont que la énième confirmation de la transformation de la présidence de la République en agence commerciale.
La C.I.A. est à cet égard très active pour supprimer toute forme de droit souverain lorsque ses commanditaires considèrent qu’elles peuvent être gênantes pour leurs opérations de délocalisation. Construite sur la négation de l’existence de toute forme de légalité nationale, elle se joue des frontières, comme viennent de le confirmer les récentes révélations sur ses agissements dans le transport et l’incarcération des personnes soupçonnées d’être ses ennemis. Le 11 septembre...1973 elle a donc renversé le président chilien Salvador Allende pour permettre au géant américain I.T.T de mieux exploiter « ses » mines de cuivre. En 2003 elle a monté un dossier mensonger sur les armes de destructions massives irakiennes pour permettre à Halliburton de mieux profiter des puits de pétroles mésopotamiens. En 2004 elle a installé un de ses anciens agents à la tête de la Commission Européenne pour mieux imposer les directives, qui favoriseront, au nom du droit supranational, la disparition des législations qui nuisent au libre échange des grandes firmes (petite précision sur les nouvelles règles étymologique du langage économique : l’expression « droit supra-national » n’utilise pas le terme « supra » pour ses liens avec le mot « supérieur » mais pour sa proximité avec « suppression » ... du droit national).
Le primat de la finance
Le deuxième processus est, lui, purement économique. Toutes les conceptions économiques, jusqu’au triomphe des monétaristes lors de la remise du prix Nobel au fondateur de cette nouvelle école de pensée Milton Friedman en 1976, partaient d’une approche philosophique de cette science. L’économie était destinée à favoriser le bonheur du genre humain en recherchant les meilleurs moyens pour assurer la félicité sur terre.
Depuis les premières expériences d’application de cette nouvelle doctrine au Chili et en Israël, à partir de 1973, les priorités économiques ne sont plus centrées sur cet objectif. Seuls les intérêts financiers doivent primer. Tout doit être construit pour défendre la valeur de la monnaie, en commençant par les fondements de la Banque Centrale Européenne qui vient de relever une nouvelle fois ses taux d’intérêts bancaires pour s’assurer du strict respect de ses principes monétaristes. La finance a pris la place de la production. Les facteurs de production, en particulier les travailleurs, doivent être au service des résultats financiers et non l’inverse. Pour assurer le succès de ce nouveau principe la mobilité des facteurs se doit d’être absolue. Usines, machines, terres et travailleurs doivent pouvoir déménager là où les coûts de fabrication seront les plus faibles et les perspectives de marges bénéficiaires les plus fortes.
La complémentarité économique des origines classiques du libéralisme est balayée par le principe de délocalisation. L’attachement aux facteurs de production, à la terre, disparaît. Les productions agricoles peuvent même être produites hors sol. Les espèces animales (y compris l’espèce humaine) et végétales sont transplantées en fonction des calculs de rentabilité. La nouvelle carte des vins est très symbolique de ces « cépages français » qui au Chili et ailleurs viennent concurrencer nos plus grands crus après avoir été extraits de la Terre de France.
Planétarisation
Mais ces deux processus n’auraient jamais été pleinement possibles sans la révolution technologique que les transports et les télécommunications ont connue au cours des dernières décennies. Le « container » et le « World Wild Web » (le triple w d’internet) ont réduit la planète à la taille d’une simple province. Un porte-containers de plusieurs milliers de tonnes permet de relier Cherbourg à Boston en quatre jours. Un produit américain fabriqué le lundi aux U.S.A. peut être livré le samedi en Europe. Les liaisons aériennes marchandes sont encore plus véloces. Les avions sont vidés de leurs sièges passagers montés sur rails en fin de journée, pour mettre à bord des containers qui coulissent à la place des précédents habitacles. Aucun point de la planète n’est à moins de 24 heures de n’importe quel autre point géographique.
Le « triple w » a le mérite de la franchise de ses ambitions : ce nouveau monde (world) unique sera sauvage (wild), et son symbole l’araignée prendra dans sa toile (web) tous les consommateurs nécessaires pour faire fonctionner ce système de course perpétuelle à la surconsommation.
Ces révolutions technologiques sont utilisatrices de produits et de matières fondamentales, que les grandes firmes ne sauraient laisser aux mains de n’importe qui : le pétrole pour les transports et le cuivre pour le téléphone dont le Chili est toujours le premier producteur mondial. Vous comprendrez ainsi pourquoi l’interventionnisme américain ne se fait pas selon les lois du hasard. Vous comprendrez aussi pourquoi les campagnes des élections présidentielles « françaises », ne commencent plus à Lille ou à Avignon, comme un ringard qui confond encore la souris et le mulot, les avaient engagées, mais au ...Chili !
Avance masquée
Pour avancer dans cette mondialisation, ses promoteurs français préfèrent agir masqués. Au lieu de rechercher la traduction du vocabulaire anglo-saxon il préfèrent comme avec « www » donner une note d’exotisme à ces anglicismes qui nous envahissent pour ne pas révéler leurs significations. Un mot échappe pourtant à cette règle : « délocalisation ». La raison en est simple. Le terme anglo-saxon « outsourcing » est trop révélateur des ambitions que révèle cette nouvelle ère économique : « implanter la source ailleurs » ! Il ne s’agit plus de sous-traiter quelques composants dans une usine étrangère mais d’aller jusqu’à l’origine du produit. De couper toutes les racines de la production. Mais attention c’est avec des racines que l’on soigne les malades, c’est par les airs que la grippe aviaire voyage !
Yves LENORMAND L’Action Française 2000 du 16 mars au 5 avril 2006 -
Michel Drac sur les confrontations militaires au Moyen-Orient
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Aggravation du millefeuille administratif
L'assemblée nationale débattait le 16 juillet d'un projet de loi gouvernemental, pratiquement inconnu des Français. Ce texte, adopté par le Sénat, se réclame de la Modernisation de l’action publique territoriale et de l’affirmation des métropoles (ouf !).
Déposant une motion préalable de rejet, (1)⇓ le porte-parole de l'opposition fit remarquer :
"Il a fallu près d’un an de concertation et de longs conciliabules derrière le rideau avant l’adoption en conseil des ministres d’un magma juridique proprement illisible, qui ressemblait davantage à une involontaire œuvre d’art brut sortie d’un concassage d’automobiles qu’à la loi claire que nous aimons quand nous savons écrire en français."Et de souligner avec humour :
"Encore un effort, camarades, pour être révolutionnaires, puisqu’il n’y a pas si longtemps, en 2010, vous aviez voté contre la loi créant les métropoles."Par cette loi on va alourdir encore le fameux "millefeuille" spécialité hexagonale. L'empilement des structures administratives françaises non seulement reste sans équivalent en Europe, mais il s'alourdit. Or, cet enchevêtrement crée une vaste confusion. Elle n’affecte pas seulement les élus, mais aussi tous les partenaires, tous ceux qui, au quotidien, doivent travailler avec des collectivités territoriales.
Plus grave, désormais, les citoyens ne comprennent plus cette répartition de compétences devenue de plus en plus complexe.
On multiplie les collectivités locales, alors même que les dotations qu'elles reçoivent de l'État central, et sans lesquelles leur fonctionnement se révèle impossible, vont diminuer, globalement de 10 % pour les années 2014 et 2015, soit une baisse de 4,5 milliards d’euros.
Clou du dispositif, la métropole parisienne s'enchevêtrera avec la région Ile-de-France, dont on se demande à quoi elle servira, les 7 départements rivaux et 142 communes. Son rôle essentiel, ce que la présidence précédente considérait comme le projet central du Grand Paris s'investira sur le schéma de transports public, sous le contrôle monopoliste du STIF. Cette instance répartitrice et organisatrice, que personne ne connaît dans le public, gère notamment à coût de subventions les recettes du VT, collectées sur les salaires des entreprises à hauteur de 2,7 %, ce dont aucun syndicaliste ne semble se préoccuper.
Opacité totale. Fiscalisme intégral. Étatisme accablant.
Bref, Mme Pécresse, chef de file de l'UMP en Ile-de-France peut dénoncer à juste titre : "La métropole est un monstre bureaucratique" (2)⇓ et se demander s'il ne signe pas l'acte de mort du Grand Paris. la commission des lois votait l'après-midi même plus de 200 amendements. Après 2 heures de débats, l'assemblée adoptait le texte. Il fallait, disait-on, aller vite. On s'est donc précipité : droit dans le mur, ce gouvernement reste toujours droit dans ses bottes.
JG Malliarakis http://www.insolent.fr/
Apostilles
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Il est interdit de demander si l’islam est soluble dans la République
Mercredi 17 juillet, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a publié un communiqué suite à la diffusion par la chaîne Numéro 23, le 17 février 2013, d’un numéro de l’émission « Hondelatte Dimanche » posant la question : « L’islam est-il soluble dans la République ? » :
« la chaîne a manqué aux obligations déontologiques mentionnées dans sa convention, d’une part à l’article 3-1-1 qui prévoit que le service contribue à la cohésion sociale, d’autre part à l’article 2-3-2 relatif à la promotion des valeurs d’intégration et de lutte contre les discriminations »
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La Région Ile de France attribue 1,302 M€ à la recherche sur le gender
La région Île-de-France a voté vendredi 12 juillet 2013 plusieurs rapports sur sa politique scientifique, et attribue un budget de 22,8 millions d'euros au programme 2013 des 16 DIM (domaines d'intérêt majeurs). Ce budget est composé de 18,8 millions d'euros en autorisations d'engagement et de 4,1 millions d'euros en autorisations de programme. Outre le budget pour ses DIM (domaines d'intérêt majeur), la région Île-de-France adopte également l'attribution de 6 subventions d'un montant total de 76 700 euros en autorisations d'engagement pour « favoriser l'insertion professionnelle des jeunes chercheurs ».
Pour le poste GID (Genre, inégalités, discriminations) : 1 302 200 €