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  • La révolution des valeurs est en marche

     

    Dans Et la France se réveilla. Enquête sur la révolution des valeurs, Vincent Trémolet de Villers et Raphaël Stainville montrent comment la Manif pour tous, aboutissement d'un processus d'affirmation de principes non négociables, et début d'un retournement culturel, peut avoir des conséquences profondes sur la vie politique, l'Eglise et la société.

     

    Cette enquête instructive met en lumière les débuts de la Manif pour Tous, l'émergence des Veilleurs, le rôle de l'Eglise, celui des réseaux sociaux (un chapitre entier est consacré au Salon Beige !), ainsi que les manoeuvres politiciennes du gouvernement pour tenter d'éteindre un mouvement qui ne s'essoufle pas.

     

    F"Un autre élément, il nous semble, a été très mal analysé. Nous avons entendu des hommes politiques, dont le chef de l'Etat, des journalistes brillantes comme Elisabeth Levy, des commentateurs avertis comme Nicolas Domenach s'étonner de l'audace d'une jeunesse qui distingue une loi morale au-dessus de la loi civile. Mais ces enfants ont grandi dans le culte de la Résistance, fondée sur le refus d'un régime aux apparences légales (les veilleurs chantent chaque soir le chant des Partisans) ! Ils ont étudié le procès de Nuremberg, dans lequel les droits de la conscience ont acquis, en droit, une légitimité absolue ! Ils ont vue La Vie des autres, qui décrit la prison dans laquelle la conscience peut être enfermée ! Ils connaissent l'histoire de la Rose blanche, ce groupe d'étudiants chrétiens qui a résisté au nazisme ! Ils ont appris à perdre dans les ouvrages d'Hélie de Saint-Marc, qui fut résistant, déporté à Buchenwald, officier en Indochine, puis jugé pour haute trahison parce qu'il avait participé, en 1961, au putsch des généraux à Alger ! Ils connaissent ses méditations, où l'honneur et le courage priment sur la richesse et la réussite, où don Quichotte est un modèle parce qu'il révèle que "l'homme se mesure à ses rêves intérieurs" ! Aucun d'entre eux évidemment ne pense vivre sous la botte nazie ou communiste, mais tous savent que l'Etat ne peut violer ni les consciences ni les âmes. Ils n'ont pas tous lu Antigone, mais considèrent comme l'héroïne de Sophocle qu'il est des lois divines supérieures aux lois humaines.

    Ils ont appris avec Jean-Paul II à se méfier de "la tragique apparence de la légalité". Qu'il est une "loi morale objective qui, en tant que "loi naturelle" inscrite dans le coeur de l'homme, est une référence normative pour la loi civile elle-même"."

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • L’Histoire falsifiée, mais libérée

    Le Musée de l’’Ordre de la Libération vient enfin, suite à nos pressantes interventions (1), de déposer l’’important placard gravé du faux appel du 18 juin qui était apposé depuis des années à l’’entrée de ses locaux, dans l’’enceinte des Invalides. Il reconnaît ainsi, de facto, une falsification que Charles De Gaulle avait lui-même dénoncée quand il écrivait, le 23 juillet 1955, à Olivier Guichard : « Si l’on donne pour l’’appel du 18 juin une allocution postérieure, je ne l’’admets pas d’avantage » (2). L’’affaire justifie que l’’on en fasse un bref historique.
    Sous deux drapeaux tricolores entrecroisés, le titre A TOUS LES FRANÇAIS précède les mots connus : « La France a perdu une bataille ! Mais la France n’’a pas perdu la guerre ! ». Le texte qui suit porte la date du 18 juin 1940 et la signature du général De Gaulle à son Quartier général, 4 Carlton Gardens, London, S.W.1.
    Ces mentions, date et adresse, contrefont l’’Histoire. En effet,
    –- s’’agissant de l’’adresse, Charles De Gaulle, arrivé à Londres le 17 juin 1940, n’’était pas installé le lendemain à Carlton Gardens. Il le note dans ses Mémoires de guerre : « Nous travaillions, mes collaborateurs et moi, à St Stephens House, sur l’’embankment de la Tamise, dans un appartement meublé de quelques tables et chaises. Par la suite, l’’administration anglaise mit à notre disposition, à Carlton Gardens, un immeuble plus commode où s’’installa notre siège principal ».
    Philippe De Gaulle confirme que cette installation eut lieu le 24 juillet 1940 (in De Gaulle, mon Père, Plon, tome 1, p. 103).
    -– s’’agissant de la date, la mention 18 juin 1940 trompe le lecteur, en lui faisant croire que le texte placardé est celui de l’’appel authentique. Et ce, d’’autant que celui-ci ne faisait l’’objet d’’aucune affiche murale, bien que, dans le premier tome de ses Mémoires, Charles De Gaulle le cite à la première page des documents en annexe, sans faire la moindre allusion au texte du placard incriminé dont il dénoncera – dans sa lettre à Olivier Guichard – le caractère apocryphe. Car ce texte est celui de l’’affiche qui fut placardée en Angleterre, au cours du week-end du 3 août 1940 (3). Le premier numéro du Bulletin officiel des Forces Françaises Libres, daté du 15 août 1940, le reproduit aux côtés du texte de l’’authentique appel du 18 juin (4).
    Ce qu’’écrivait le colonel Rémy
    Ces faits sont connus. Le colonel Rémy – qui fut membre du Comité directeur de l’’Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (A.D.M.P.) (5) –évoquait à leur sujet « une équivoque dont on pourrait croire qu’’elle est soigneusement entretenue, tant on la voit se répéter d’’une année sur l’’autre, à l’occasion de l’’anniversaire du 18 juin [...] Comment ne pas croire à une falsification délibérée » (6).
    Il ne s’agit pas là d’une interrogation, mais d’’une affirmation. Car, au cours de son second règne, de 1958 à 1969, Charles De Gaulle avait la possibilité, voire le devoir, d’’interdire que le faux appel soit substitué au vrai, et soit reproduit, sous la forme de centaines d’affiches et de placards émaillés qui, aujourd’’hui fleurissent sur les murs de nombre de nos villes, villages et bâtiments publics. Et ce, aux frais de la princesse.
    Il est donc peu discutable que le silence gaullien, sur ladite falsification et sa diffusion, présente un caractère de complicité. Ce qui surprendra peut-être le lecteur de la lettre précitée, adressée en 1955 à Olivier Guichard. Mais qui étonnera moins ceux qui n’’ont pas oublié le jugement porté sur Charles De Gaulle par :
    -– Jacques Soustelle : « Il a tout dit et le contraire de tout »
    –- Georges Pompidou : « Il a tout dit et le reste » (7)
    –- Philippe De Gaulle : « Il lui arrivait de mentir par omission. Il expliquait : “Il y a des moments où il faut savoir se taire “» (8).
    Un combat légitime
    Mais, au-delà de l’’intérêt qui s’’attache à mesurer la part éventuellement prise par Charles De Gaulle et ses fidèles dans l’’invention et la diffusion du faux, l’’attention qui doit être portée à cette affaire réside dans les conséquences de la reconnaissance par le Musée de l’’Ordre de la Libération de la falsification et de sa décision de l’’éliminer de ses propres murs.
    Cette décision n’’est, en effet, qu’’un épisode du combat légitime contre un faux qui demeure placardé en moult lieux de France et de Navarre. Sous l’’exergue d’’une Croix de Lorraine, il est même apposé à Londres sur la façade du 4 Carlton Gardens. C’’est au pied de ce faux que, le 18 juin 2006, dix officiers élèves de Saint-Cyr et un détachement de leurs camarades britanniques de Sandhurst, ont reçu pour mission de commémorer le 18 juin. Ainsi, Français et étrangers apprennent que l’’armée française aurait honteusement capitulé, alors qu’’en dépit de pertes qui, en cinq semaines, avaient été supérieures à celles subies à Verdun durant une période équivalente, nous avons combattu –comme l’’attestent nos morts, nos blessés et nos citations (9) -– jusqu’à la première heure du 25 juin 1940, date d’’entrée en vigueur d’’un armistice et non d’’une capitulation. Un armistice que juge Henri Amouroux : « Le gaullisme a imposé l’’idée qu’’il ne fallait pas signer cet armistice et que Vichy était illégitime. C’est fabuleux ! Mais ce n’’est pas sérieux ! » (10).
    Éliminer tous les faux
    Suite à l’’exemple du Musée de l’’Ordre de la Libération, tous les faux figurant ici et là doivent être éliminés. Cette mesure de salubrité implique l’’intervention
    –- des instances gaullistes, notamment pour déposer le faux du 4 Carlton Gardens ;
    -– du ministère de la Défense auquel il appartient d’une part d’’interdire l’’affichage du faux dans les casernes, sur les navires de guerre et sur les bases de l’’armée de l’’Air, d’’autre part de ne pas renouveler la manifestation du 18 juin 2006 à Londres ;
    -– du ministère des Anciens combattants, responsable de la défense de la mémoire combattante ;
    -– du ministère de l’’Éducation nationale qui ne peut ignorer et accepter des ouvrages scolaires qui enseignent le faux ;
    -– des directions de musées à vocation historique ;
    –- des maires pour l’’élimination des faux éventuellement placardés dans les communes. Mais la responsabilité du combat principal contre la falsification de l’’Histoire incombe, vu leur position dominante, aux familiers des médias et notamment aux historiens et journalistes professionnels qui demeurent trop souvent prisonniers de la pensée unique, au point que rares sont ceux qui, depuis un demi-siècle, ont eu le courage de dénoncer les faux mettant en cause la France et ses armées au profit de l’’idéologie de puissants lobbies.
    Le courage intellectuel est, on le sait plus rare que le courage physique (11). La survie possible du faux risque, dans l’’avenir proche ou lointain, de le confirmer. L’’affaire est donc à suivre sans le moindre relâchement.
    Jacques Le Groignec (général de corps aérien (CR)) L’’Action Française 2000 du 5 au 18 octobre 2006
    (1) Ces interventions sont évoquées dans mon ouvrage Réplique aux diffamateurs de la France (Nouvelles Éditions Latines, p.198).
    (2) Charles De Gaulle : Lettres, notes et carnets, 1955, p. 240.
    (3) cf. l’’article du Times du 5 août 1940 dont un fac-similé figure à la page 202 de mon ouvrage précité.
    (4) cf. mon ouvrage précité, p. 201.
    (5) A.D.M.P., 5 rue Larribe, 75008 Paris, 01 43 87 58 48 www.marechal-petain.com, et www.admp.org.
    (6) Colonel Rémy : Lettre du 26 décembre 1970 adressée au directeur du Figaro.
    (7) Georges Pompidou : Pour rétablir une vérité, Flammarion, p.119.
    (8) Philippe De Gaulle : De Gaulle, mon père, Plon, tome 1, p. 228.
    (9) Malgré ma répugnance à parler à la première personne pour évoquer de brefs instants d’’un conflit qui dura cinq ans et tua cinquante millions d’’êtres humains, je tiens à souligner, à titre d’’exemples, que le dernier de nos pilotes de chasse morts au champ d’’honneur tomba dans la soirée du 24 juin 1940, et que je fus moi-même -– pardonnez-moi– - cité pour fait d’’armes le 18 juin 1940
    (10) Henri Amouroux : Interview dans “Valeurs actuelles”, 13 décembre 1993.
    (11) Extrait de l’hommage au général Gouraud rendu le 15 novembre

  • 18 septembre 1981 : abolition de la peine de mort en France

    Le projet de loi abolissant la peine capitale, présenté par Robert Badinter, fut adopté par l’Assemblée nationale le 18 septembre 1981 (par la majorité de gauche mais aussi certaines voix de droite dont celles de Jacques Chirac et de Philippe Séguin), puis par le Sénat le 30 septembre 1981.
    Badinter, avocat juif né en 1928, fut l’artisan majeur de cette petite révolution judiciaire (avec François Mitterrand, dont ce fut l’une des premières mesures), qu’il avait entamée en sauvant de la guillotine Patrick Henry.
    Ce dernier avait assassiné un enfant de 8 ans, qu’il avait kidnappé en demandant une rançon. Son procès s’ouvrit en 1977 et le tueur fut condamné à la prison à vie au lieu de la peine capitale.
    Bien sûr, sa « perpétuité » n’atteint pas son terme et pris fin en 2001 alors que le détenu n’avait que 48 ans.

    La traditionnelle pyramide des peines lourdes fut décapitée avec l’abolition de la peine de mort, qui fut prise contre l’avis majoritaire des Français à l’époque !
    En effet d’après des sondages d’octobre 1981, 62% des Français voulaient le maintien. Telle est la démocratie…

    Aujourd’hui, ce sont des centaines de milliers de bébés qui sont tués dans le ventre de leur mère, de nombreux Français (à qui l’on interdit de s’armer et se défendre) livrés aux criminels, et un degré de barbarie rarement atteint dans ce pays…

    http://www.contre-info.com

  • Piratebox, ou comment échapper au Big Brother de l’Internet

    Partager anonymement des photos ou des documents lors d’une rencontre ou d’une mobilisation, mettre à disposition de tous des ebooks, des films ou de la musique : c’est ce que permettent entre autres les piratebox. Cet outil crée un réseau informatique local accessible en wifi, totalement anonyme et gratuit. Tout le monde peut s’y connecter avec un ordinateur ou un smartphone, pour télécharger des documents, en ajouter ou échanger par chat. Comme pour notre alimentation, les circuits courts ont de beaux jours devant eux !
    Et si lors d’un prochain évènement, manifestation ou meeting, contre l’austérité ou l’oligarchie des « 1% », en plus des habituels appels à mobilisation et textes plus ou moins subversifs qui encombrent poches et sacoches des participants, les organisateurs proposaient une alternative ? Disposer une ou plusieurs piratebox autour du lieu de l’évènement, puis inviter les manifestants à s’y connecter pour télécharger directement sur leur téléphone argumentaires, informations citoyennes, livres de référence ou documentaires engagés. Les piratebox permettent en effet de créer localement un réseau wifi, déconnecté d’internet et donc des programmes de surveillance gouvernementaux tels que Prism (Etats-unis), Frenchelon (France) et autres. Tous ceux qui le souhaitent, s’ils sont à proximité (quelques dizaines de mètres), peuvent s’y connecter de manière anonyme et accéder aux contenus mis à disposition. A l’abri de tout programme de traçage.
    Développé sous licence libre, ce petit dispositif est issu de la philosophie du Do It Yourself (« Faites-le vous-même »), un mouvement qui se construit comme une alternative à l’ultra consumérisme ambiant. L’idée de pouvoir partager des documents avec ses voisins et ses proches, à travers un réseau local anonyme et gratuit, date de 2011. Son inventeur, David Darts est responsable du département Art et Métiers de l’Art, à l’Université de New York. Son initiative a notamment été relayée en France par Jean Debaecker, enseignant de l’Université Lille 3. Depuis le projet a fait son chemin et une petite communauté de passionnés s’en est emparée. Le premier Piratebox Camp s’est tenu cet été à Berlin.
    [color=#0040FF][b]Un outil, une philosophie, un état d’esprit[/b][/color]
    Une piratebox prend généralement la forme d’un petit boitier (voir photo). Le matériel nécessaire coûte moins de 40 euros. Un routeur (outil de partage de connexion) légèrement « bidouillé » émet le réseau wifi et une clef usb permet de stocker les données partagées ou reçues. Compter une petite heure de bricolage informatique. Pas besoin de fer à souder, juste d’un ordinateur et d’une connexion internet ! Et pas de panique : de nombreux et très documentés tutoriels (voir liens ci-dessous) guident pas-à-pas le plus néophyte. Il est également possible de recycler un téléphone androïd ou un vieil ordinateur portable en piratebox.
    La suite ici => http://konigsberg.centerblog.net//2585-piratebox-ou-comment-echapper-au-big-brother-de-l-internet

  • « Julien Freund »

    Quand Julien Freund est mort à Strasbourg le 10 septembre 1993, à l’âge de soixante-douze ans, c’est l’un des plus grands politologues et sociologues français de ce siècle qui disparaissait. Il était né à Henridorff (Moselle) le 8 janvier 1921, d’une mère paysanne et d’un père ouvrier socialiste. Aîné de six enfants, il avait dû interrompre prématurément ses études après la mort de son père et était devenu instituteur dés l’âge de dix-sept ans. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il participa activement à la Résistance. Pris en otage par les Allemands en juillet 1940, il parvint à passer en zone libre et, dès janvier 1941, milita à Clermont-Ferrand (où s’était repliée l’université de Strasbourg) dans le mouvement Libération d’Emmanuel d’Astier de La Vigerie, puis dans les Groupes-francs de Combat animés par Henri Frenay, tout en achevant une licence de philosophie.

    Arrêté en juin 1942 à Clermont-Ferrand, puis en septembre à Lyon, il fut avec Emmanuel Mounier l’un des accusés du procès Combat. Incarcéré à la prison centrale d’Eysses, puis à la forteresse de Sisteron, il parvint à s’évader le 8 juin 1944 et rejoignit jusqu’à la Libération les maquis FTP des Basses-Alpes et de la Drôme. Rentré à Strasbourg en novembre 1944, il se consacra quelque temps au journalisme et à l’action politique, expériences qui furent pour lui une source de déception en même temps que le point de départ d’une longue réflexion. Il fut en 1945-46 responsable départemental du Mouvement de libération nationale (MLN) de la Moselle, et quelque temps secrétaire académique du SNES.

    Ayant postulé dès 1946 à un poste de professeur de philosophie, il avait passé son agrégation, puis enseigné successivement au collège de Sarrebourg (1946-49), au lycée de Metz (1949-53) et au lycée Fustel de Coulanges de Strasbourg (1953-60). De 1960 à 1965, il avait été maître de recherche au CNRS, spécialisé dans les études d’analyse politique. En 1965, année de la soutenance de sa thèse de doctorat à la Sorbonne, il avait été élu professeur de sociologie à l’université de Strasbourg, où il fut le principal fondateur, puis le directeur de la faculté des sciences sociales. Proche de Gaston Bouthoul, il créa en 1970 l’Institut de polémologie de Strasbourg. On lui doit aussi la fondation en 1967 d’un Centre de recherches et d’études en sciences sociales, en 1972 de la Revue des sciences sociales de la France de l’Est, et en 1973 d’un Centre de recherche en sociologie régionale. Il a également enseigné en 1973-75 au Collège de l’Europe de Bruges, puis en 1975 à l’université de Montréal. Nommé en 1979 président de l’Association internationale de philosophie politique, il avait pris peu de temps après une retraite très anticipée pour ne plus cautionner un enseignement et une administration universitaires qu’il réprouvait. Depuis, retiré à Ville, il se consacrait entièrement à ses livres. Une soirée en son honneur a été organisée en décembre 1993 par le conseil de l’université des sciences humaines de Strasbourg.

    Marqué par la pensée de Max Weber, de Georg Simmel, de Vilfredo Pareto et de Carl Schmitt, auteurs qu’il contribua à mieux faire connaître en France, Julien Freund s’était imposé d’emblée avec son livre sur L’essence du politique, issu de la thèse de doctorat qu’il avait soutenue le 26 juin 1965 sous la direction de Raymond Aron (le philosophe Jean Hyppolite ayant préféré se récuser pour n’avoir à patronner ses thèses). Sur la nature du politique, sur les présupposés de cette catégorie (la triple relation entre obéissance et commandement, ami et ennemi, public et privé), sur les notions de valeur, de conflit, d’ordre, etc., il y multipliait les vues originales et novatrices. Il ne cessera d’ailleurs, par la suite, de s’intéresser aux invariants de l’esprit humain, qu’il s’agisse de l’esthétique, de l’éthique, de l’économique ou du religieux.

    Ses livres, presque tous fondamentaux, se rapportent aussi bien à la science politique qu’à la sociologie, à la philosophie ou à la polémologie. Après L’essence du politique (Sirey, 1965, trad. espagnole en 1968), il avait publié Sociologie de Max Weber (PUF, 1966 et 1983), Europa ohne Schminke (Winkelhagen, Goslar 1967), Qu’est-ce que la politique ? (Seuil, 1968 et 1978), Max Weber (PUF, 1969), Le nouvel âge. Éléments pour la théorie de la démocratie et de la paix (Marcel Rivière, 1970), Le droit d’aujourd’hui (PUF, 1972), Les théories des sciences humaines (PUF, 1973), Pareto. La théorie de l’équilibre (Seghers, 1974), Georges Sorel. Eine geistige Biographie (Siemens-Stiftung, München 1977), Les problèmes nouveaux posés à la politique de nos jours (Université européenne des affaires, 1977), Utopie et violence (Marcel Rivière, 1978), La fin de la Renaissance (PUF, 1980), La crisis del Estado y otros estudios (Instituto de Ciencia politica, Santiago de Chile 1982), Sociologie du conflit (PUF, 1983), Idées et expériences (Institut de sociologie de l’UCL, Louvain-la-Neuve 1983), La décadence. Histoire sociologique et philosophique d’une catégorie de l’expérience humaine (Sirey, 1984), Philosophie et sociologie (Cabay, Louvain-la-Neuve 1984), Politique et impolitique (Sirey, 1987), Philosophie philosophique (Découverte, 1990), Études sur Max Weber (Droz, Genève 1990), Essais de sociologie économique et politique (Faculté catholique Saint-Louis, Bruxelles 1990), L’aventure du politique. Entretiens avec Charles Blanchet (Critérion, 1991), D’Auguste Comte à Max Weber (Economica, 1992), L’essence de l’économique (Presses universitaires de Strasbourg, Strasbourg, 1993).

    Julien Freund avait encore dirigé plusieurs volumes collectifs, dont quatre numéros spéciaux de la Revue européenne des sciences sociales (Genève) et, avec André Béjin, le recueil Racismes, antiracismes (Klincksieck, 1986). On lui doit également des traductions de Max Weber (Le savant et la politique, Plon, 1959 ; Essais sur la théorie de la science, Plon, 1965, et Agora/Presses-Pocket, 1992 ; « Les concepts fondamentaux de la sociologie » in Économie et société, Plon, 1971).

    Son œuvre comprend aussi un nombre très important d’articles, d’essais, de préfaces et de communications. On en trouvera la liste dans « La bibliographie de Julien Freund » dressée par Piet Tommissen dans le numéro spécial de la Revue européenne des sciences sociales (no54-55, 1981, pp. 49-70) offert à Freund pour son 60e anniversaire. Une autre bibliographie, prolongée jusqu’en 1984 et également établie par Piet Tommissen, figure en annexe de Philosophie et sociologie (Cabay, Louvain-la-Neuve 1984, pp. 415-456 : « Julien Freund, une esquisse bio-bibliographique »).

    Tenu à l’écart par les coteries parisiennes, qu’il surclassait sans peine par l’ampleur de ses connaissances et la profondeur de ses analyses, Julien Freund était en revanche réputé dans le monde entier pour la qualité de ses travaux. Lutteur-né, auteur au savoir immense, remarquable conférencier, il était avant tout un esprit parfaitement libre qui, à maintes reprises, avait refusé de quitter son Alsace natale pour venir s’installer dans la capitale. « Kant vivait à Königsberg et non à Berlin », répondait-il à ceux qui s’en étonnaient. Mais il était aussi un homme truculent, fidèle à ses amitiés, courageux à l’extrême et d’une malicieuse rigueur. Amateur de peinture – il avait épousé en 1948 la fille du peintre alsacien René Kuder (1882-1962) – et de gastronomie régionale, il appartenait à l’espèce rare des pessimistes joyeux. Indifférent aux étiquettes et aux modes, il avait manifesté à la revue du GRECE Nouvelle École une sympathie active qui ne s’est jamais démentie pendant vingt ans. Plusieurs de ses essais y sont parus : Vilfredo Pareto et le pouvoir (no29, printemps-été 1976, pp. 35-45), Une interprétation de Georges Sorel (no35, hiver 1979-80, pp. 21-31), Que veut dire : prendre une décision ? (no41, automne 1984, pp. 50-58), Les lignes de force de la pensée de Carl Schmitt (no44, printemps 1987, pp. 11-27), Le conflit dans la société industrielle (no45, hiver 1988-89, pp. 104-115).

    1995. http://grece-fr.com

  • La force tranquille du vicomte de Bonald en quelques phrases

    Le vicomte de Bonald est certainement plus que Maurras le fondateur de la révolution conservatrice en France, le théoricien de la restauration intelligente. Point compromis par les excès verbaux du journaliste, il n’a pas non plus le fondamentalisme de Joseph de Maistre, beaucoup plus populaire (sans doute pour cette raison) ; il lui a manqué sans doute un vulgarisateur reconnu pour déplier les recoins de sa vaste et encyclopédique pensée, et en dérouler les fils de la subtile simplicité. <archive.org> m’a permis de lire ou de relire les dix-sept volumes de ses merveilleuses oeuvres complètes. Je me contente de donner à mes lecteurs un avant-goût de son style et de son esprit car ce théoricien présumé obscur et peu frondeur est un régal pour les sens et la sensibilité. J’en laisse juges mes lecteurs en les invitant à partager les « comptes de fée » de ce grand esprit toujours ignoré et jamais oublié.

    ***

    Voyez cette première phrase qui résume en deux lignes de concision efficiente toute l’entropie de ce monde dit moderne :

    « En France, on a substitué moralité à morale, en Allemagne, religiosité à religion; partout, honnêteté à vertu. C’est à peu près la même chose que le crédit substitué à la propriété. »

    « ... Ceci nous ramène à la constitution de l’Angleterre, où il n’y a pas de corps de noblesse destinée à servir le pouvoir, mais un patriciat destiné à l’exercer. »

    « Que s’est-il donc passé dans la société, qu’on ne puisse plus faire aller qu’à force de bras une machine démontée qui allait autrefois toute seule, sans bruit et sans effort ? »

    « Ils deviennent crédules en cessant d’être croyants, comme ils deviennent esclaves dès qu’ils cessent d’être sujets. »

    « Il y a des hommes qui, par leurs sentiments, appartiennent au temps passé, et par leurs pensées à l’avenir. Ceux-là trouvent difficilement leur place dans le présent. »

    « J’aime, dans un Etat, une constitution qui se soutienne toute seule, et qu’il ne faille pas toujours défendre et toujours conserver. »

    « La société finit, elle n’a plus d’avenir à attendre, parce qu’elle n’a plus de passé à rappeler, et que l’avenir ne doit être que la combinaison du passé et du présent. »

    « Rome : quand la démocratie eut pris le dessus, cette société chercha un chef, comme elles le cherchent toutes, et ne rencontra que des tyrans. Ce peuple, admirable dans ses premiers temps, fait pitié sous ses tribuns, horreur sous ses triumvirs, et, soumis à ses empereurs, n’excite plus que mépris et dégoût. »

    « Le tutoiement s’est retranché dans la famille ; et après avoir tutoyé tout le monde, on ne tutoie plus que ses père et mère. Cet usage met toute la maison à l’aise : il dispense les parents d’autorité et les enfants de respect. »

    « L’Etat qui prend trop sur les hommes et les propriétés de la famille, est un dissipateur qui dévore ses capitaux. »

    « Je crois qu’il ne faudrait pas aujourd’hui d’impôt foncier chez un peuple agricole, mais seulement des impôts indirects. L’Etat qui impose la terre, prend sur son capital ; quand il impose les consommations, il vit de son revenu. »

    « Partout où il y a beaucoup de machines pour remplacer les hommes, il y aura beaucoup d’hommes qui ne seront que des machines. »

    « La disposition à inventer des machines qui exécutent le plus de travail possible avec le moins de dépense d’intelligence de la part de l’ouvrier, s’est étendue aux choses morales. »

    « Le juge lui-même, au criminel, est une machine qui ouvre un livre, et marque du doigt la même peine pour des crimes souvent fort inégaux ; et les bureaux ne sont aussi que des machines d’administration. »

    « L’école de Bonaparte a pu former quelques administrateurs, mais elle ne pouvait pas faire des hommes d’Etat. »

    « Bonaparte avait été obligé d’employer une force excessive dans son administration, parce qu’il n’y en avait aucune dans sa constitution. »

    « Les sauvages ne détruiront que la récolte d’une année, les beaux esprits m’enlèvent la propriété même du fonds. Les uns insultent mon cadavre, les autres poursuivent ma mémoire ; je ne vois de progrès que dans les moyens de nuire, et le plus sauvage est celui qui fait le plus de mal. »

    « Toute la science de la politique se réduit aujourd’hui à la statistique : c’est le triomphe et le chef-d’oeuvre du petit esprit. On sait au juste (et j’en ai vu faire la question officielle) combien dans un pays les poules font d’oeufs, et l’on connaît à fonds la matière imposable. Ce qu’on connaît le moins sont les hommes ; et ce qu’on a tout à fait perdu de vue, sont les principes qui fondent et maintiennent les sociétés. »

    « L’art de l’administration a tué la science du gouvernement. »

    « Les philosophes qui se sont élevés avec tant d’amertume contre ce qu’ils ont appelé des préjugés, auraient dû commencer par se défaire de la langue elle-même dans laquelle ils écrivaient ; car elle est le premier de nos préjugés, et il renferme tous les autres. »

    « Ce n’est pas le peuple occupé qui réclame la souveraineté, c’est le peuple oisif qui veut faire le peuple occupé souverain malgré lui, pour gouverner sous son nom et vivre à ses dépens. »

    « Dans le dernier âge, où les intérêts sont plus compliqués, les passions plus artificieuses et les esprits plus raffinés, le crime est un art et presque une profession, et la fonction de le découvrir et de le juger doit être une étude. »

    « Toute passion qui n’est pas celle de l’argent des honneurs ou des plaisirs, s’appelle aujourd’hui fanatisme et exagération. »

    « L’excès des impôts transporte chez les peuples chrétiens l’esclavage tel qu’il existait chez les anciens ; car l’esclavage n’est, à le bien prendre, que le travail fait tout entier au profit d’un autre. »

    « Les petits talents comme les petites tailles se haussent pour paraître grands ; ils sont taquins et susceptibles, et craignent toujours de n’être pas aperçus. »

    Nicolas Bonnald http://www.france-courtoise.info/?p=1495#suite

  • Pagaille à l’UMP : votera ou votera pas FN ?

    L'ancien ministre UMP, François Baroin, proche de François Fillon, a défendu dimanche l'ex Premier ministre, en affirmant que ce dernier ne "voterait jamais pour le Front national".
    "Je l'ai eu au téléphone, j'ai regardé ses discours, je connais ses engagements et je ne lui chercherais strictement aucune querelle sur ce sujet", a déclaré M. Baroin, invité du "Grand jury" RTL/LCI/Le Figaro.
    L'ancien ministre de l’économie était interrogé sur les propos de M. Fillon selon lesquels il conseillerait, aux municipales, en cas de duel FN/PS, de voter pour le "moins sectaire". L'ancien Premier ministre a en outre rejeté le "ni, ni" (ni FN, ni PS, la ligne de l'UMP) et le "front républicain (vote pour le candidat non FN).
    François Baroin a fait valoir que François Fillon "n'avait jamais dit qu'il appellerait à voter Front national". "Il ne votera jamais Front national, c'est un gaulliste social, c'est donc un adversaire déterminé de l'extrême droite, puisque l'extrême droite et le Front national, dans l'histoire depuis 40 ans, est l'adversaire le plus farouche des gaullistes que nous sommes".
    "Je sais, a-t-il insisté, qu'il ne votera jamais pour quelqu'un du Front national et qu'il sera de tous les combats contre l'extrême droite et le Front national".
    M. Baroin a fait valoir que "Jacques Chirac, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Philippe Séguin, François Fillon" avaient été parmi ceux qui avaient "fait rempart au Front national". "Nous avons construit l'UMP en réponse politique à la poussée de l'extrême droite".
    Affirmant que l'UMP combattait "toutes les extrêmes" droite et gauche, il a fait valoir qu'il "n'oubliait pas que la Parti socialiste avait appelé à voter Jacques Chirac" en 2002 après l'élimination au premier tour du candidat PS Lionel Jospin. "On ne pourra donc jamais mettre sur le même pied le Parti socialiste d'une part et le Front national d'autre part".
    M. Baroin a toutefois concédé que "le sectarisme n'était pas le critère le plus pertinent".
    Il a en outre défendu François Fillon dans sa volonté de parler aux électeurs du FN, en rappelant que durant la campagne présidentielle, François Hollande avait lui aussi dit vouloir parler à ces électeurs.
    De son côté, l'ex-ministre Bruno Le Maire a vivement critiqué dimanche le revirement de François Fillon vis-à-vis du Front national, assurant que lui-même ne voterait "jamais" pour le parti d'extrême droite, qu'il juge étranger à "l'histoire" de son parti.
    Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et député UMP des Yvelines, a condamné le revirement de François Fillon, jugeant que l'ex-Premier ministre avait "ouvert une brèche politiquement et moralement condamnable" en voulant faire "un coup".
    Avec AFP http://www.francepresseinfos.com/

  • UE : la Charte des droits fondamentaux au service du lobby LGBT

    Lu dans cette étude à propos de l'influence des institutions européennes dans la dénaturation du mariage, cet aspect de la charte des droits fondamentaux, rejetée par le référendum sur le TCE en 2005 et réintroduite par le traité de Lisbonne :

    "La libéralisation ouverte par la Charte des droits fondamentaux - Pour le reste, les revendications encore insatisfaites à l'échelle de l'Europe en terme d'accès au mariage et à la parentalité pour les homosexuels pourraient être peu à peu résolues soit par la juridiction du Conseil de l'Europe appliquant la Conv. EDH, soit désormais par la Cour de justice de l'Union au moyen des nouveaux instruments que lui procure la Charte des droits fondamentaux à laquelle le traité de Lisbonne a conféré une valeur juridique contraignante. Depuis l'entrée en vigueur de la Charte, en effet, les juges européens semblent bien dotés juridiquement pour faire émerger un droit européen au mariage et à la parentalité homosexuels. Il faut souligner l'évolution notable entre la formulation du droit au mariage par la Convention et celle de la Charte. L'art. 12 de la Conv. EDH, à l'image de tous les textes internationaux, affirme qu'« à partir de l'âge nubile, l'homme et la femme ont le droit de se marier et de fonder une famille selon les lois nationales régissant l'exercice de ce droit ». Les rédacteurs de la Charte, à l'art. 9, ont préféré ne pas préciser le sexe des titulaires du droit au mariage : « Le droit de se marier et le droit de fonder une famille sont garantis selon les lois nationales qui en régissent l'exercice. » Il s'agit d'une innovation remarquable de la Charte par rapport à la Convention. Non seulement elle dissocie le droit de se marier de celui de fonder une famille - ce qui permet notamment de prendre en compte les familles assises sur d'autres formes d'unions que le mariage -, mais elle ne précise pas le sexe des partenaires de ladite union ; ce qui ouvre la voie aux unions maritales homosexuelles, notamment. De l'union à la parentalité, il n'y a qu'un pas. Et le Parlement européen planche déjà sur le droit de la gestation pour autrui (GPA) au sujet duquel il vient de commander un rapport à quinze experts, offrant l'occasion au lobby homoparental de réclamer une convention internationale leur donnant accès à la maternité pour autrui."

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/