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  • Entretien exclusif avec Fabrice Robert, président du Bloc Identitaire

    Entretien exclusif avec Fabrice Robert, président du Bloc Identitaire

    PARIS (NOVOpress) – Bilan des nombreuses actions des identitaires l’an passé, organisation du mouvement, projets du Bloc Identitaire, Fabrice Robert (photo), président du BI, a accordé un entretien à Novopress.

    Novopress : Pouvez-vous dresser un bilan des Identitaires l’année dernière ?

    Fabrice Robert : Le bilan est indéniablement très positif. À commencer par la Convention identitaire qui, en réunissant plus de 800 personnes, apparaît comme un véritable succès politique et médiatique.

    On ne recule plus !

    Entretien exclusif avec Fabrice Robert, président du Bloc Identitaire

    Chantier de la grande mosquée de Poitiers

    Le lancement du mouvement de jeunesse Génération identitaire a également fortement marqué les esprits. Entre la désormais célèbre vidéo « Déclaration de guerre » (traduite en plusieurs langues à travers le monde entier), l’occupation du toit du chantier de la grande mosquée de Poitiers et l’action à Solferino avec la banderole « Hollande, démission », cette jeunesse qui monte en première ligne cherche à transmettre un message fort : désormais, on ne recule plus !

    Bilan des nombreuses actions des identitaires l'an passé, organisation du mouvement, projets du Bloc Identitaire, Fabrice Robert, président du BI, a accordé un entretien à Novopress.

    Hollande n’est pas mon président

    Ces derniers mois, si nous avons continué à développer – avec succès – un certain nombre de projets (associations, maison d’éditions, etc.), le mouvement identitaire a surtout été aux avant-postes du combat contre François Hollande. Rappelons que dès le lendemain de son élection, nous avions lancé l’initiative « Hollande n’est pas mon président ». Nous rappelions alors qu’élu par seulement 33% des Français en âge de voter, François Hollande n’avait aucunement la légitimité suffisante pour mener des réformes aussi profondes que l’octroi du droit de vote aux étrangers ou encore l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe. Le mouvement identitaire s’est donc logiquement impliqué dans le vaste mouvement d’opposition au mariage gay qui a mobilisé des millions de personnes en France.

    Au-delà de l’adoption de la loi Taubira, il faut bien avoir conscience que ces rassemblements ont permis de politiser un public qui n’était pas habitué à défiler dans la rue. Ou à militer tout simplement. Face au déni de démocratie, face à la répression, nombreux sont ceux qui s’ont passé d’un combat limité contre le mariage gay à un combat plus global contre la présidence Hollande. Les arrestations, les gardes à vue et le gazage systématique des manifestants n’ont fait que renforcer la contestation. Les slogans tels que « Hollande démission ! » ne sont d’ailleurs pas sans rappeler notre campagne « Hollande n’est pas mon président ».

    Autre constat très important : la défense de la famille a suscité des rencontres, des prises de consciences et la naissance de nouvelles convergences au sein de la « droite ». Je suis donc convaincu que les Identitaires ont fortement gagné en terme d’influence à l’occasion de ces mobilisations pour la défense de la famille.

    Pour le chercheur en science politique, Gaël Brustier, la thématique « identitaire » serait très prégnante chez les acteurs de la Manif pour tous. Il parle d’offensive culturelle de la droite et de la probable naissance d’un « bloc culturel, politique et demain sans doute électoral ». À nous de faire en sorte de jouer un rôle de premier plan dans cette guerre culturelle annonciatrice de victoires politiques.

    Novopress : Comment s’articule le Bloc Identitaire dans ce mouvement ? Quel est son rôle exact ?

    F.R. : Au sein du mouvement identitaire, le Bloc identitaire, c’est ce pilier central qui prend la forme, à la fois, d’un réseau, d’un syndicat d’association et d’une centrale d’agitation.

    Le lobby de défense des Français de souche européenne

    Le Bloc identitaire est, avant tout, le lobby de défense des Français de souche européenne.
    L’objectif du Bloc identitaire est clairement de favoriser le développement de stratégies d’influences. Nous avons toujours cru à la guerre culturelle pour gagner des parcelles de pouvoirs. Cette guerre culturelle doit utiliser tous les moyens et tous les canaux disponibles (actions militantes, campagnes de lobbying, mailings, pétitions, développement de nos médias, stratégie offensive sur les réseaux sociaux, etc.) pour renforcer sa puissance d’impact. Le gramscisme identitaire est un gramscisme culturel et technologique.

    Plus qu’un « parti », nous existons en tant qu’objet politique. Nous existons aussi en tant que média, en tant que créateurs d’informations et diffuseur d’informations. Média aussi car nous sommes des intermédiaires entre ce que ressent une partie majoritaire du peuple et les castes qui nous gouvernent. Nous voulons mettre des actes et des mots sur ce ressenti de notre peuple.

    Aiguillon médiatique, éveilleur de consciences, le Bloc identitaire joue un rôle à part dans le champ politique français.

    Novopress : Quels sont les projets pour le BI cette année ?

    F.R. : Parmi les objectifs importants : le renforcement de la fonction du Bloc Identitaire en tant qu’aiguillon politique et médiatique, lobby, centrale d’agitation. Depuis 10 ans, nous avons remporté un certain nombre de victoires sémantiques et nous sommes parvenus à imposer certaines de nos idées dans le débat politique en France.

    Des « lanceurs d’alerte » au service de notre identité charnelle et historique

    Mais il reste, bien évidemment, encore beaucoup à faire. Les responsables du Bloc identitaire doivent devenir, en quelque sorte, des « lanceurs d’alerte » au service de notre identité charnelle et historique. Nous devons être des « veilleurs » capables de décrypter et dénoncer le double discours et les initiatives de ceux qui souhaitent la disparition de la France dans un vaste magma mondialisé et métissé. Par nos actions, nous devons envoyer un message fort aux nôtres qui se sentent abandonnés par la classe politique. Non, désormais, vous n’êtes plus seuls !

    Autre objectif. Mettre l’accent sur le développement et l’investissement du champ associatif. Les associations permettent de s’engager autrement et surtout, à terme, d’occuper des « espaces libérés » tout en incarnant parfois de véritables contre-pouvoirs. Le tissu associatif est habituellement la chasse gardée de la gauche. Notre offensive culturelle passe donc aussi par là!

    Enfin, autre objectif important. Faire entrer des personnes issues des rangs identitaires dans les assemblées municipales lors des élections de mars 2014, à travers des listes d’union et de rassemblement. Avoir des élus permettrait au mouvement identitaire de franchir une nouvelle étape. En disposant d’élus susceptibles de reprendre nos mots d’ordre et de relayer nos campagnes, le mouvement identitaire ne pourrait que gagner en influence. Au service de notre peuple et de notre identité.

    Crédit photo en Une : Novopress,  (cc). Crédit image dans le texte : copie d’écran d’une vidéo sur Internet, DR.

    http://fr.novopress.info

  • Création du Collectif Familles 94

    Le Collectif Familles 94 est une association nouvellement créée qui entend poursuivre au niveau local, les combats initiés par La Manif Pour Tous : défense du mariage Homme/Femme, refus de tout droit à l’enfant, défense de la primauté des parents dans l’éducation de leurs enfants, …

     

    Rassemblement de parents du Val de Marne, le Collectif Familles 94 a pour objectif, entre autres, d’informer les parents mais aussi les professionnels de l’Enfance et de la Santé sur le développement de l’idéologie du genre dans de nombreux domaines de notre vie et de celle de nos enfants, en particulier à l’école. Le Collectif Familles 94 veut alerter sur les dangers de cette idéologie.

     

    Les parents d’élèves de notre département doivent savoir que l’Académie de Créteil est retenue dès cette année par le ministère de l’Education Nationale, en collaboration avec le ministère des Droits des Femmes, comme région pilote pour mettre en place le « programme ABCD de l’égalité » qui  a pour fondement cette idéologie.                                           

     

    Pour comprendre l’idéologie du genre et ses implications dans la vie de nos enfants, nous organisons une conférence donnée par M. Patrice André, ancien magistrat, spécialiste de cette idéologie, le jeudi 17 octobre à 20H30 à La Maison des Associations de Saint Maur des Fossés (2 avenue du Mal Lyautey).

     

    Pour communiquer autour de cette conférence, nous allons envoyer un document d'explications sur cette "théorie" à tous les professionnels de l'Enfance et de la Santé de notre ville, mais aussi aux juristes et aux élus. Nous allons distribuer des tracts devant toutes les écoles publiques et privées, en espérant que les écoles privées voudront bien relayer notre message et notre invitation dans leur bulletin scolaire.

     

    Pour mener à bien nos actions, nous avons besoin de votre soutien : adhérez et faites adhérer au Collectif Familles 94, « likez » la page Facebook du Collectif et/ ou proposez nous votre aide pour la distribution des tracts, par exemple.

     

    • Pour mieux connaître le Collectif Familles 94, connectez-vous au site 
    • et sur la page Facebook
    • Contactez nous à l’adresse suivante : collectif.familles94@gmail.com

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • La France face aux défis géopolitiques mondiaux

    Chauprade

    Intervention d’Aymeric Chauprade, géopoliticien, spécialiste des relations internationales, lors de l’université d’été du Front National, le 14 septembre 2013 à Marseille

    Mesdames et Messieurs,

    Jamais dans notre histoire, à l’exception des périodes de défaites et d’occupation, la France n’avait autant tourné le dos à son rang, à son influence, à sa liberté.

    Jamais ses dirigeants ne l’avaient autant détourné de ses constantes géopolitiques qui lui assuraient dans le monde une place exceptionnelle, qui faisaient que où que l’on regardait, l’influence de la France se faisait sentir.
    Nous ne sommes pas ici cependant pour sombrer dans la nostalgie et le pessimisme. Nous sommes ici pour comprendre les défis géopolitiques qui sont lancés à la France, pour y répondre, pour apporter des solutions crédibles, efficaces, capables de rendre aux Français la foi dans leur pays, la conviction que le déclassement n’est pas inéluctable, que le redressement est possible.

    D’immenses transformations sont en train de se produire dans l’ordre mondial de la puissance, des mécanismes identitaires et idéologiques inquiétants s’y développent, et face à cette réalité, le système actuel reste prisonnier de ses vieux schémas idéologiques, incapable d’affronter la réalité du monde et d’adopter en conséquence son mode de pensée, enfermé dans un mélange d’aveuglement et d’arrogance.

     

    Oui, Mesdames et Messieurs, ces défis sont considérables et ils sont bien la réalité du monde, mais hélas le camp du déni de réalité, le camp du refus du réel, s’emploie à maintenir le voile qui obscurcit le regard des Français, qui ralentit leur prise de conscience.
    Ce sont des hommes faibles, sans vision, conformistes, qui ont entraîné la France dans les guerres mondiales du XXe siècle. Et ce sont les mêmes qui aujourd’hui n’ont ni la volonté, ni le courage, d’affronter ceux qui défient l’autorité de l’Etat sur le territoire, mais qui, dans le même temps, sont prêts à exposer la vie de nos militaires et à bombarder des innocents pour des intérêts qui ne sont pas les nôtres.
    Depuis plus de trente ans, il y a un homme qui a dit aux Français ce qui allait leur arriver, qui a mis son talent immense, sa liberté de pensée et de ton, au service de la vérité, parce qu’il fallait alerter les Français, parce qu’il fallait les réveiller. Cet homme n’a cessé d’avoir raison, face à de fausses élites responsables du déclin mais qui ont préféré lui faire payer la vérité au prix fort des attaques ignobles, et les Français sont passés à côté de lui, ils ont laissé passer cette première chance qui leur était offerte d’engager le redressement de la France. Mais les combats se mènent dans la durée. Ce qui était annoncé, les Français commencent à l’entendre, à le comprendre, parce qu’ils le voient se réaliser sous leurs yeux.
    Je tiens à dire devant vous, ici, que je ne serais pas ce que je suis, c’est-à-dire un résistant, si durant tant d’années, bataillant au cœur du Système, je n’avais regardé Jean-Marie Le Pen comme l’espoir du redressement français.
    Et je tiens à vous dire, que lorsqu’un préposé au déclin français m’a privé de ma Chaire, à l’Ecole de Guerre française, en 2009, pour un livre qu’il n’avait même pas lu, parmi les nombreux messages de soutien que j’ai reçus à l’époque, il en est un qui a compté plus que tout, celui de Jean-Marie Le Pen !

    Mais il ne faut pas leur en vouloir à nos compatriotes, parce que d’abord, lorsque l’on est patriote, on aime sa famille, toute sa famille, même ceux qui ne pensent pas comme nous, et il faut avoir pour eux beaucoup de compassion, parce qu’un Système tout entier, d’éducation, de médias, de réseaux économiques et syndicaux, a dressé devant leurs yeux un Mur du Mensonge.

    Mais aujourd’hui le Mur s’effrite, trente ans de coups assénés l’ont ébranlé, lui ont arraché des pierres, des failles se sont ouvertes, dans lesquelles des pans de vérité s’engouffrent, et ce Mur, j’en suis convaincu, par le rassemblement de tous les patriotes, d’où qu’ils viennent, derrière et avec Marine, nous le ferons tomber !

    Et alors, lorsque ce Mur sera tombé, apparaîtra nue devant les yeux des Français la nouvelle réalité du monde, pas l’illusion d’une France solide dans laquelle nos politiques tentent, par tous les moyens, de maintenir les Français, non la réalité du monde, d’un monde qui est en train de vivre une totale réorganisation de la puissance, où pour la première fois depuis au moins six siècles, l’Occident est en passe d’abandonner la main à l’Asie, où l’énorme masse démographique orientale, du Moyen-Orient jusqu’à l’Extrême-Orient est en train de renverser les équilibres de puissance.

    Si nous nous posons la question des défis géopolitiques lancés à la France, il me semble qu’il faut commencer par se poser les questions essentielles. Et les questions essentielles, elles se résument, comme toujours, au verbe être et au verbe avoir. Il en va des nations comme des personnes : elles ont une identité, elles ont un rang, elles ont un besoin de sens, de liberté, de prospérité.

    Les défis que je vais aborder partent de ces questions : qu’en sera-t-il de notre identité, de notre rang dans la société des nations, de notre liberté de choix, de notre accès aux matières stratégiques ?

    Il y a d’abord ce choc terrible entre d’un côté la volonté des Etats-Unis d’imposer leur projet unipolaire, leur mondialisation contrôlée par une oligarchie financière et militaro-industrielle, et de l’autre côté, d’autres grands pays, et les émergents, qui veulent un monde multipolaire, fondé sur l’équilibre, le respect des souverainetés, le dialogue des civilisations, le droit propre à chaque peuple de croître et de s’affirmer à travers son propre modèle de culture.

    Pour maintenir leur rang de numéro 1 mondial, face à l’émergence de la Chine, face au retour de la Russie, face au défi des émergents régionaux, les Etats-Unis ont lancé, après l’effondrement de l’URSS, un chantier géopolitique global, un chantier colossal servi par leur formidable outil de défense – qui pèse à lui seul la moitié de l’effort de défense mondial-, servi par un formidable outil de propagande et de fabrication de l’opinion, de fabrication des élites grâce à des centaines de clubs et réseaux transatlantiques ou transpacifiques, … un outil global d’information et d’influence qui étend son emprise au plus profond des médias et partis politiques européens, japonais, sud-coréens, latino-américains, qui s’appuie sur le plus formidable outil d’espionnage jamais développé, celui de la NSA, qui écoute ses citoyens et ses alliés, jusqu’aux chefs d’Etat.

    C’est ce formidable outil informationnel qui maintient l’illusion d’une Communauté internationale qui n’existe pourtant pas, qui n’est rien d’autre en réalité que le club des puissances rangées derrière les Etats-Unis, c’est cet outil qui raconte qui est le Bon et qui est le Méchant, qui remet en scène à chaque fois la fable des armes de destruction massive en convoquant les mêmes communiquants et cautions intellectuelles sur les plateaux.
    Au nom des Droits de l’Homme et souvent sous le prétexte terrifiant des armes de destruction massive, ils ont attaqué, avec ou sans mandat onusien, l’Irak, la Yougoslavie, la Libye, l’Afghanistan, ils ont tenté de retourner l’Ukraine, de déstabiliser la Géorgie. Souvent, ils avaient les islamistes radicaux de leur côté, toujours il en a résulté un affaiblissement des Etats-Nation, une exacerbation des rivalités ethniques et communautaires, un recul de la civilisation.

    Le bilan incontestable de ces guerres depuis 1990, au-delà des véritables chiffres des tués civils et militaires, ou de ces 2500 blessés militaires français en Afghanistan, qui ont perdu un œil, un membre, qui sont passés sous silence par les médias pour une guerre qui n’aura servi strictement à rien, le bilan c’est toujours plus de chaos, toujours moins d’Etat-nation, toujours plus de communautarisme, de fanatisme religieux, de violence contre les femmes, de persécutions des minorités chrétiennes comme ces décapitations de chrétiens syriens à Malloula ces derniers jours.

    Alors on se demande pourquoi ? Pourquoi font-ils cela ?
    Ces guerres ils les veulent et les déclenchent, non pour les Droits de l’Homme, Mesdames et Messieurs, car il n’aura échappé à personne que la cruauté et la barbarie humaine s’exercent en bien d’autres points de la planète, et que les médias dominants ne s’en émeuvent jamais, non, ces guerres ils les font dans un seul but, un but qui résume tous les buts géopolitiques : empêcher l’émergence d’un monde multipolaire fondé sur l’équilibre des puissances.
    Et pourquoi cette oligarchie mondialisée ne veut-elle pas d’un monde multipolaire, c’est-à-dire d’un monde où les peuples souverains établissent des équilibres de puissance seuls garants de la paix ?
    Tout simplement parce que la mondialisation est pour eux le moyen d’effacer la souveraineté des peuples, et l’Union européenne est le projet, si j’ose dire le plus parfait, de cet effacement de la souveraineté des peuples, donc de leur liberté, au profit de l’oligarchie mondialisée. C’est bien pour cela qu’il ne peut pas résulter d’Europe puissance de cette Union européenne, puisque l’oligarchie mondialisée ne vise pas la puissance des Européens, elle vise l’optimisation de ses intérêts particuliers à l’échelle mondiale ! Quand certains européistes se lamentent, parfois sincèrement, de l’absence d’Europe puissance, qu’ils reviennent aux fondations du projet européiste et ils comprendront qu’ils raisonnent sur un énorme malentendu. Ce projet européiste ne donnera jamais la puissance aux Européens, bien au contraire, il évacue la puissance des nations européennes, pour faciliter leur digestion dans le projet mondialiste américain !
    Donc ils ne veulent pas de la démocratie authentique des peuples, ce qu’ils veulent c’est une oligarchie mondiale.
    Pour comprendre tout cela, il est impératif que les Français changent leur manière de voir le monde : ils ne doivent plus résumer le monde à une opposition simpliste entre des démocraties et des dictatures, mais bien plutôt le regarder comme une guerre invisible entre oligarchie mondialisée, et de l’autre côté l’expression souveraine du peuple qui prend tantôt le chemin démocratique, tantôt le chemin autocratique.

    Et empêcher le monde multipolaire, c’est par exemple freiner tout rapprochement entre les grands ensembles eurasiatiques, Union européenne, Russie, Chine. Car à leurs yeux, l’Union européenne doit rester un ventre-mou de l’OTAN, une périphérie de l’Amérique, pour eux l’OTAN doit s’étendre jusqu’aux frontières de la Russie et de la Chine, pour eux la Russie et la Chine ne doivent pas s’entendre, pour eux la Russie ne doit pas établir de partenariat énergétique avec l’Union européenne.
    On ne peut pas comprendre pourquoi la presse occidentale diabolise à ce point le président Poutine, qui a pourtant redressé la Russie de manière spectaculaire depuis 1999, et qui nous apporte la preuve qu’un grand pays peut se redresser vite, économiquement, géopolitiquement, s’il est bien gouverné, donc on ne peut pas comprendre cet acharnement de nos médias contre Poutine, si l’on ne comprend pas qu’il est l’obstacle majeur à une stratégie américaine qui veut couper le gaz russe à l’Union européenne et le remplacer par le gaz du Qatar (gaz du Qatar qui doit passer alors par le territoire syrien) et le gaz libyen (lui-même en partie sous contrôle du Qatar) et demain, s’ils en prennent le contrôle, du gaz iranien.
    En tentant d’installer des régimes amis au Moyen-Orient, les Etats-Unis cherchent à contrôler une énergie (pétrole et gaz) dont, à la fois, l’Asie et l’Europe ont besoin, et dont l’Europe aura d’ailleurs d’autant plus besoin qu’elle s’éloignera de la Russie.

    Alors que voulons-nous, nous Français, un monde unipolaire dominé par les Etats-Unis mais qui débouchera, après la Syrie, après l’Iran, sur une guerre mondiale avec la Russie et la Chine, une de ces conflagrations que la finance mondialisée a su organiser déjà deux fois dans le cercle dernier, au prix de millions de morts, et pour son plus grand profit, ou bien voulons-nous la paix, la paix de l’équilibre multipolaire, fondée sur le respect des souverainetés, l’équilibre des puissances qui seul dissuade d’attaquer son rival économique et géopolitique ?
    Nos dirigeants ne voient-ils donc pas, que lorsqu’ils alignent systématiquement la France sur les intérêts américains, qui ne sont d’ailleurs pas les intérêts du peuple américain mais ceux de l’oligarchie mondialisée, que lorsqu’ils additionnent notre puissance à leur puissance, ne voient-ils pas qu’ils contribuent à fragiliser la paix mondiale ?
    Ont-ils oublié ce qui a fait la grandeur et la place de la France, dans toute son histoire ? Etre une puissance d’équilibre face aux empires, résister aux impérialismes. Empereur en son royaume, tel était le Roi de France et au-delà des rois, la France républicaine a aussi suivi cette voie singulière, cette voie d’équilibre ; voilà sa constante, voilà ce qui a fait sa grandeur, à cette France éternelle qui n’est morte avec aucun régime pas plus qu’elle n’est née d’un autre !

    Au lieu de nous faire l’écho de cette rhétorique fausse des Droits de l’Homme, masque cynique d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, c’est la paix, c’est l’équilibre, c’est le respect du droit international et des souverainetés qu’il faudrait défendre ! Voilà ce que serait la valeur ajoutée de la France sur la scène internationale, voilà ce qui lui rendrait sa grandeur !

    Mesdames et Messieurs, le deuxième grand défi géopolitique auquel est confronté la France, c’est celui du fondamentalisme islamique.
    Là encore le prisme idéologique a faussé la raison de nos dirigeants. Ils n’ont pas su anticiper la fracture des pays arabes en deux projets de société radicalement distincts, aucun n’étant d’ailleurs démocratique. Soit le projet islamique, porté par les courants Frères musulmans et salafistes, en Egypte, en Libye, en Tunisie, chez les rebelles de Syrie, soit le projet arabiste et modernisateur mais autoritaire, que privilégient encore de larges franges des sociétés arabes.
    C’est durant la Guerre froide à la faveur du duel américano-soviétique, que les Américains ont à la fois laissé arriver au pouvoir la Révolution islamique chiite en Iran et soutenu les islamistes sunnites en Afghanistan. Ils ont noué une alliance souterraine durable avec des djihadistes qui se sont transportés d’Afghanistan en Irak, en Bosnie, en Libye et aujourd’hui en Syrie.
    L’armée américaine fait peut-être le coup de feu contre l’islamiste depuis le 11 septembre 2001, mais les services de renseignement américain savent, quant à eux, jouer avec cet ennemi utile, qui justifie les guerres américaines, coalise autour de Washington les alliés, permet de tisser des coopérations anti-terroristes partout dans le monde…
    Une grande partie de ce qui se passe au Moyen-Orient, aujourd’hui, tient aussi au fait que la France n’a pas tenu son rang. Elle aurait du, dès 1991, refuser de s’attaquer à l’Irak baasiste, et s’employer à nouer une alliance solide avec tous les régimes arabistes, en les convaincant aussi de se réformer peu à peu, au fil des progrès enregistrés en matière de développement. Car c’est le développement qui fonde la démocratie et non l’inverse. Laissons les pays se développer souverainement, avec leur modèle et à leur rythme et mener leurs propres réformes politiques, au lieu de vouloir décréter partout la démocratie ce qui détruit les équilibres fragiles et fait régresser les sociétés !
    Ces régimes avaient besoin de temps pour faire évoluer les sociétés musulmanes, d’autant plus de temps, que l’islam est par essence politique et que lui appliquer un schéma de laïcité revient mécaniquement à entrer en conflit avec lui. Mais ces régimes avaient déjà commencé une modernisation considérable de la société, en rapprochant les femmes arabes du statut que la civilisation chrétienne leur donne. Tout cela a été anéanti sous les bombes de l’OTAN, le même OTAN qui a affaibli le rempart chrétien serbe multiséculaire de l’Europe pour installer à nos portes un nouvel Etat musulman, le Kosovo, fondé pour l’essentiel sur une économie mafieuse.

    La France n’a pas joué son rôle d’équilibre au Moyen-Orient face à l’alliance des Etats-Unis et du fondamentalisme sunnite. Elle en récolte les fruits amers aujourd’hui. Le piège islamique se referme doublement sur elle-même : à l’intérieur avec un phénomène marqué de réaffirmation identitaire islamique, et à l’extérieur avec des pays arabes qui, du Maroc jusqu’au Golfe, sont partagés entre deux projets radicalement opposés, l’occidentalisation ou, au contraire, la réislamisation radicale de la société. Aucun compromis démocratique n’est possible quand les projets de société sont à ce point opposés ! L’exportation de la démocratie à l’occidentale de l’autre côté de la Méditerranée s’avère donc être un tragique facteur de guerre civile. Les Libyens, les Tunisiens, les Egyptiens sont en train d’en payer le prix.
    La perspective d’avoir un jour des régimes islamistes violemment hostiles à l’Occident, en Egypte ou en Algérie par exemple, qui disposeront d’appareils militaires conséquents, devient chaque jour plus crédible. Dans ce contexte, nos fractures identitaires intérieures, qui ne cessent de s’agrandir, ne peuvent plus être occultées.
    La simple application du cadre républicain laïque ne résistera pas à l’épreuve des dynamiques démographiques. Dans l’histoire du monde, aucune société multiconfessionnelle n’a résisté à l’épreuve des changements de rapport de force démographique.
    Aussi je vous le dis, avec le regard de l’historien du temps long et du géopolitologue, si la France n’assimile pas rapidement à sa civilisation, à la civilisation française produit de plus de 1500 ans d’histoire, ses compatriotes musulmans, alors c’est l’islam qui digèrera la France, et qui l’assimilera à un monde musulman en pleine expansion démographique.
    Et cela Mesdames et Messieurs, c’est bien la mère de toutes les batailles, c’est le premier défi géopolitique de la France, le défi géopolitique intérieur, qui est un défi identitaire, parce que l’on met beaucoup plus de siècles à fabriquer une société qu’une économie, et que l’on ne répare pas l’identité comme on répare l’économie !

    En Asie, en Amérique Latine, en Russie, où la cohésion identitaire, qu’elle soit ethnique ou religieuse, est forte, on se pose des questions sur l’avenir de la France en tant que civilisation française. Plus le temps passe, moins l’on considère que la France sera un partenaire fiable, pas seulement à cause de son déclin industriel, pas seulement à cause de la crise de son Etat-Providence, mais d’abord et avant tout à cause de sa crise identitaire. Il y a donc un lien intime entre le rang de la France dans le monde, et la continuation de la civilisation française. Songez à ces touristes chinois qui font des milliers de kilomètres pour admirer la civilisation française, Notre-Dame et Versailles, mais qui se font dépouiller et agresser par des Français de papier ! Pas besoin du sociologue de service pour qu’ils comprennent où est la civilisation et où est la barbarie !
    Alors se contenter de la neutralité, de la laïcité républicaine, dans une société où est en train de jouer librement la concurrence identitaire et démographique, c’est proprement suicidaire, tout simplement parce qu’à un moment donné, les communautarismes seront devenus suffisamment forts, sur le plan démographique, pour se débarrasser de la laïcité républicaine, pour imposer leur loi, au mépris même de la démocratie, elle-même produit, on l’oublie trop souvent, d’un long cheminement de l’histoire grecque, romaine et chrétienne.
    Alors Mesdames et Messieurs, oui, je le dis haut et fort, il nous faudra bien, à un moment ou un autre, établir un lien évident entre la citoyenneté française et l’adhésion à la civilisation française ! Cela s’appelle l’assimilation et cela nécessitera des choix forts qui aboutiront d’un côté à la fabrication de vrais Français, pas des Français de papier, pas des consommateurs de l’Etat-providence, et de l’autre côté au départ de tous ceux qui ne veulent pas adhérer à notre civilisation produit de plus de 1500 ans d’histoire, dont nous sommes fiers et dont nous rendrons à nouveau fiers les petits Français !

    Mesdames et Messieurs, je vous l’ai dit, dans les défis il y a d’abord le verbe être mais il y a aussi le verbe avoir.
    Et s’agissant du verbe avoir, le troisième défi géopolitique que je vois pour la France, après le mondialisme, après l’islamisation de l’Europe occidentale, c’est celui de la sécurité de nos futurs approvisionnements, notre sécurité énergétique mais aussi notre sécurité alimentaire.
    Je l’ai dit, les Etats-Unis ont une stratégie de domination énergétique claire : ils veulent contrôler l’essentiel des zones de production du Moyen-Orient pour peser sur la dépendance énergétique européenne et asiatique. Et par ailleurs, ils augmentent leurs approvisionnements venant de l’autre façade atlantique, l’Afrique, qui empruntent des routes à l’écart des champs de bataille du Moyen-Orient. Et puis ils seront peut-être en 2020, devant l’Arabie Saoudite, le premier producteur pétrolier. Il y a aussi le gaz de schiste, car les Américains, eux, explorent et innovent sans s’embarrasser du principe de précaution, l’un des sacro-saints dogmes de l’Union européenne, et avec cette formidable foi dans la science qui leur fait penser et qu’ils gèreront les problèmes après !

    La France devra préparer son avenir énergétique en mer. Déjà 30 % de la production d’hydrocarbures mondiaux se fait off-shore, comme on dit dans le jargon pétrolier, c’est à dire en mer. Et la tendance va s’amplifier. Le pétrole et le gaz de demain, c’est en mer que nous irons le chercher. Et nous avons un atout extraordinaire que nos politiques délaissent pourtant année après année. La France n’est pas seulement un territoire européen. Elle est un territoire mondial. Nous avons la deuxième Zone économique exclusive du monde, après les Etats-Unis, avec 11 millions de km², dont 90 % dans les départements et collectivités d’Outre-mer, souvent des îlots du bout du monde où notre Marine nationale patrouille de moins en moins faute de crédits. En réalité, c’est grâce aux fonds des océans que nous pourrions devenir une grande puissance pétrolière et gazière, mais aussi une puissance qui saurait maîtriser les hydrates de gaz, et quantités de ressources minérales stratégiques, grâce aux sulfures hydrothermaux riches en cuivre, zinc, plomb, cobalt, argent et or, et les fameux nodules polymétalliques. Les énergies de demain, celle des courants marins, ou la troisième génération de biocarburants qui épargnera de précieuses terres agricoles, comme les nouvelles formes d’alimentation, viendront de cette magnifique qualité maritime dont jouit la France.
    Quand on pense que cette année 2013 nos politiques ont failli laisser s’échapper de notre souveraineté, l’île de Tromelin, dans l’océan Indien, cet îlot qui avec son kilomètre carré de surface battue par les vents nous offre un domaine maritime de 285 000 km2, la moitié du territoire de la métropole, et bien sûr toutes les ressources halieutiques, les ressources en poisson qui vont avec !
    Voilà de quelle manière nous sommes gouvernés aujourd’hui, dans l’indifférence politique devant les sujets de grande ampleur, dans l’ignorance de la longue durée, au profit de la comédie médiatique, de l’immédiateté, du court-terme, qui ronge notre classe politique et l’empêche de faire les choix décisifs. Heureusement qu’il reste un Etat, avec des hauts fonctionnaires qui, souvent encore, ont le sens de l’Etat, le goût de l’intérêt général, que j’appelle moi le Bien commun des Français. Ils regardent vers nous de plus en plus ces vrais serviteurs de l’Etat, car ils ont compris qu’entre la liquidation de l’Etat et l’étatisme pachydermique il y a un juste chemin, il y a la restauration d’un Etat moderne et performant, d’un Etat stratège venant en appui de l’économie libre.
    Et s’il y a bien un domaine où justement c’est l’Etat qui devra donner l’impulsion, c’est celui de la mer !

    Car demain, Mesdames et Messieurs, une grande partie des contentieux et conflits géopolitiques dans le monde vont porter sur la souveraineté maritime. En Asie, les tensions sont fortes entre Chine, Japon, les deux Corée, et bien d’autres pays, autour du contrôle d’îles considérées comme stratégiques. Chacun veut étendre son domaine maritime, et la Chine en particulier veut régner sur la mer de Chine pour s’offrir ensuite le grand large, le Pacifique, où elle rencontrera bientôt, comme le fit le Japon à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, la domination américaine sur le Pacifique. Allons-nous, là encore, abandonner notre Pacifique Sud au duel sino-américain ?
    Entendez-vous nos politiques nous parler de la mer ? Non, cela devrait pourtant être un sujet de premier plan pour nos belles provinces maritimes de l’Ouest et du Sud, et pour notre France lointaine, cette France lointaine qui, je l’espère, finira bientôt par s’affranchir des fausses idées et des préjugés, et par comprendre que nous sommes les seuls à l’aimer et tenir autant à elle.

    Mesdames et Messieurs, si la souveraineté n’avait pas d’avenir comme le proclament les chantres de l’européisme depuis des décennies, alors pourquoi le monde entier investit-il autant dans la souveraineté maritime ? Pourquoi se bat-on autant pour avoir une Zone économique exclusive et au-delà même une extension du Plateau continental ? Regardez ce paradoxe extraordinaire, au moment où l’on continue à faire croire que la souveraineté est tournée vers le passé : jamais, je dis bien jamais dans l’histoire de l’humanité, les souverainetés ne s’étaient autant étendues sur les mers et les océans qu’en ce début de XXIe siècle ! Demandez aux Brésiliens de vous parler de l’Atlantique Sud ! Ils vous expliqueront qu’ils veulent dominer l’Atlantique Sud jusqu’au Golfe de Guinée et empêcher l’OTAN de s’y aventurer. Demandez aux Canadiens pourquoi ils sont en train de renforcer leur marine de guerre, dans la perspective de la grande mêlée pour le contrôle des routes de l’Arctique, où les glaces sont en train de fondre ! Regardez les Russes, jamais depuis Pierre le Grand, ils n’avaient lancé un tel effort naval ! Et je ne parle pas de la Chine qui aura ses porte-avions, de l’Inde, de la croissance formidable du nombre de navires de surface et de sous-marins dans toute l’Asie et en Amérique Latine !

    Mais l’accès aux ressources, ce ne sont pas seulement les réserves d’hydrocarbures off-shore ou les mines d’uranium du Niger et du Mali, la sécurité alimentaire sera aussi un grand problème dans les années à venir. En 2050 ce seront entre 9 et 14 milliards de personnes qu’il faudra nourrir sur la planète, soit une augmentation au minimum de + 70 % de la demande alimentaire globale. L’évolution des régimes alimentaires dans les pays émergents qui s’approchent des régimes alimentaires des pays industrialisés, est un facteur qui va fortement augmenter la consommation de viande et de lait, donc, en amont, le besoin de céréales. Comme pour l’énergie, qui nous conduit à la souveraineté maritime, la géopolitique de l’agriculture nous ramène à la souveraineté terrestre, qui elle aussi est loin d’être dépassée, bien au contraire, à ces stratégies de nombreux pays pour acquérir des terres agricoles, pour augmenter leur souveraineté sur des terres fertiles, en Afrique, en Amérique Latine, ou ailleurs. Regardez le problème de la Chine qui avec 9 % des terres agricoles doit nourrir 20 % de la population mondiale et qui a déjà acheté 2 millions d’habitants de terres cultivables en Asie et en Afrique.
    Ma conviction c’est que sur ce sujet, comme sur tant d’autres, nos gouvernants se sont cruellement trompés : ils ont cru qu’une économie moderne n’était qu’une économie de services, et j’apprenais en effet à l’école que dans les pays développés les secteurs dits primaire (l’agriculture) et secondaire (l’industrie) cèderaient naturellement leur place, suivant une sorte de loi de l’histoire et de la globalisation, au secteur tertiaire, les services. Ils se sont trompés. Une large partie de la puissance des Etats-Unis aujourd’hui c’est bien sa puissance agricole. Et quand on dit que le protectionnisme c’est dépassé, et bien les Etats-Unis, entre 2008 et 2012 ont aidé leur agriculture à hauteur de 300 milliards de USD. Les Etats-Unis ont 17 % de leur population active dans le secteur agro-alimentaire. Avez-vous l’impression qu’ils sont en arrière de l’histoire ?
    Il y a une grande constante de l’histoire de France, c’est que notre grandeur s’est faite avec nos paysans, nos marins, nos ouvriers, nos ingénieurs, alors si notre agriculture s’efface, que nos usines et nos chantiers navals ferment, que nos ingénieurs partent en Allemagne, aux Etats-Unis ou en Asie, de quoi la puissance française sera-t-elle faite demain ?

    Mesdames et Messieurs, la France a su affronter depuis plus de 15 siècles des défis considérables et elle les a relevés. Rien n’est perdu. Bien au contraire, tout devient possible car le réveil est en marche, nous avons d’abord un chef, Marine qui a démontré des qualités de caractère et de conviction, que personne ne possède dans l’offre politique concurrente, nous avons une dynamique forte qui fera sans doute du Front National bientôt le premier parti de France, nous avons des Français qui sont en train de se réveiller, agressés dans leur identité, agressés dans leurs valeurs familiales, agressés dans leur situation économique et sociale. C’est hélas bien humain, beaucoup ne prennent conscience du danger que lorsqu’ils l’expérimentent eux-mêmes. Et de ce point de vue il y a un effet statistique. Comme de plus en plus de Français expérimentent eux-mêmes l’agression de notre identité et la perte de notre rang, ils se réveillent et nous rejoignent. Ce n’est pas que nous prospérerions sur les peurs et la misère comme aiment à le dire beaucoup de médias, c’est tout simplement que la peur et la misère ne trouvent aucune réponse crédible ailleurs que chez nous ! Ce n’est pas la même chose ! Ils inversent les choses dans le seul but de protéger les positions de ceux qui gouvernent depuis des décennies et n’ont pour seul bilan, objectif, implacable, que le déclassement progressif de la France sur la scène internationale et l’expansion de la souffrance chez nous.

    Nous ne pourrons relever ces défis géopolitiques mondiaux que si nous reprenons en main notre destin et donc qu’à la condition de changer d’Union européenne, de rompre avec un projet européiste qui avait promis aux Français l’Europe-puissance et qui leur a donné l’Euramérique et l’Eurabia, à la condition de retrouver notre souveraineté et de défendre la réorganisation d’une Europe-civilisation fondée sur les nations libres.

    Alors ou nous romprons avec cela, avec l’européisme bruxellois comme avec l’atlantisme, en contribuant d’abord à forger un axe Paris-Berlin-Moscou solide sur le continent européen, nous prônerons l’équilibre entre les Etats-Unis et la Chine en soutenant l’équilibre multipolaire et la paix des armes, en nous posons comme une puissance de médiation sur la scène internationale, nous favoriserons notre influence culturelle et politique à travers la Francophonie, nous relancerons une politique africaine fondée sur le développement et la maîtrise des flux migratoires, en sortant du couple malsain corruption/repentance coloniale, nous travaillerons à faire barrage au fondamentalisme religieux au Moyen-Orient, nous soutiendrons une paix juste au Proche-Orient, nous renforcerons notre projection d’influence économique et politique dans le Pacifique Nord tout en maintenant et consolidons notre position précieuse dans le Pacifique Sud, nous referons de la France une grande puissance maritime et dotée d’un outil de défense terrestre, aérien et naval à la hauteur des menaces des décennies à venir, nous sécuriserons nos approvisionnements stratégiques sans dépendre des Etats-Unis, et grâce à l’Etat stratège il n’y aura pas un secteur de l’innovation qui échappera à nos ingénieurs, à nos scientifiques.

    Mesdames et Messieurs, je choisis, ici à Marseille, ville tournée vers notre vocation maritime, mais aussi ville attaquée au plus profond de son identité par le crime et le mépris des Français, ville où éclate au visage des Français la terrible impuissance de notre Etat et de ses dirigeants, je choisis de vous dire que je soutiens désormais publiquement votre combat, que j’y adhère pleinement, et que je me range derrière Marine Le Pen, seul chef politique capable de fédérer la dynamique patriotique qui se développe dans notre pays !
    A vous tous ici qui combattez avec courage, parfois depuis de longues années et au prix de vos positions sociales, je demande d’admettre en vos rangs un amoureux acharné de la France, descendant de générations de paysans et de marins qui ont versé leur sang pour notre liberté, et qui ne veut pas léguer à ses enfants, l’entrée dans une autre civilisation !

    Je dis aussi à ceux qui, parce qu’ils croient en leurs qualités intrinsèques, ou bien qui restent dans l’immaturité adolescente du combat pur et sans compromis, à tous ceux là qui mènent des aventures personnelles et groupusculaires, je leur dis “vous n’avez aucune chance de décoller et vous ne ferez qu’ajouter à l’inertie et la désunion, qui ont tant fatigué notre pays à travers les siècles, et vous ne ferez que reculer le moment du redressement”. Faites donc taire vos logiques d’ego derrière la seule logique pragmatique et intelligente qui puisse être : faire gagner la dynamique nationale qui pèse le plus sur la scène politique française.

    Je dis encore, à ceux qui voient toujours quelques barrières idéologiques à un plein ralliement à Marine Le Pen, à sa dynamique de rassemblement, je leur dis :

    Oubliez ce qui différencie, regardez plutôt ce qui unit, l’amour de la France, la volonté de perpétuer notre civilisation française, et sortez des querelles gauloises, parce que les uns voudraient plus d’Etat, d’autres en voudraient moins, parce que les uns voudraient plus de laïcité, d’autre plus de christianisme, rassemblons-nous, gagnons et donnons enfin une chance à la France de rester la France !

    A paraître dans les librairies, le 20 septembre, d’Aymeric Chauprade, Chronique du choc des civilisations, 3e édition, actualisée et augmentée, éd. Chronique.
    http://www.nationspresse.info/la-france-face-aux-defis-geopolitiques-mondiaux/?pfstyle=wp

  • Fethi Gharbi : “Les civilisations meurent-elles par suicide ?”

    « Quand une civilisation arrive à relever des défis, elle croît. Sinon elle décline. Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre. » Arnold Joseph Toynbee

    Si l’on s’en tient à la vision de Toynbee, l’histoire se présente comme l’essor et la chute des civilisations et non comme les péripéties vécues par des État-nations ou des groupes ethniques. Pour définir une civilisation, le culturel l’emporte sur tous les autres critères. Toynbee considère que la « civilisation occidentale » embrasse toute l’ Europe occidentale et se distingue à la fois de la « civilisation orthodoxe » de Russie et des Balkans et de la civilisation gréco-romaine qui a précédé.

    Cet historien se dissocie de la représentation que se font les idéologues de la modernité inscrivant la civilisation occidentale née à la renaissance et la civilisation gréco-romaine dans un même continuum historique et culturel. Toynbee réfute cet accolement factice qui depuis cinq siècles n’arrête pas d’amalgamer pensée grecque et modernité. L’Europe de la modernité a toujours voulu puiser dans le passé du continent ce qui pouvait cautionner sa nouvelle position dans le monde, se souciant peu de confondre géographie et histoire.

    Une telle confusion se reflète d’ailleurs de nos jours dans la construction de l’Union Européenne. Cette dernière prend en effet l’allure d’un lit de Procuste géographique tentant vainement de passer dans le même moule néolibéral un ensemble de cultures hétérogènes.
    La modernité, en tant que concept philosophique imposant la raison comme norme transcendantale, s’est empressée de prêter à la Grèce antique cette même vision du monde. Dans son élan conquérant, l’Occident s’invente ainsi une lignée détentrice exclusive de la rationalité. L’idée d’une supériorité épistémique combinée à l’idée d’une supériorité raciale de l’homme blanc européen vont constituer le ferment idéologique de cette civilisation et mettront en branle toute une dynamique de conquêtes et d’exploitation du reste du monde. Cet élan ne semble malheureusement pas s’essouffler et continue de bouleverser la planète.

    Si selon Toynbee les civilisations surgissent en réponse à certains défis d’une extrême difficulté, quelle réponse saurions-nous trouver aux défis actuels ?

    Il faut cependant rappeler que bien avant la modernité, l’Occident a du faire face à un défi de taille, celui du désordre provoqué par la déchéance de l’empire romain. C’est la naissance sur plusieurs siècles de l’église catholique qui a résolu le chaos de l’Europe post-romaine en rassemblant l’ensemble des royaumes de l’Europe occidentale dans une communauté religieuse unique.

    Le catholicisme a constitué ainsi une réponse à ce chaos en échafaudant une nouvelle civilisation. Le dogme de l’incarnation ou la divinisation du Christ va donc être la question centrale autour de laquelle se construiront, lentement, douloureusement, les référents de la civilisation occidentale. L’homme devenu Dieu va constituer le référent fondateur de l’Occident chrétien.

    Au VIIème siècle, s’inspirant de la divinisation de Jésus, Charlemagne, soutenu par l’église, imposera à la société l’idéologie du droit divin. A l’image du Christ, l’empereur devient l’expression visible, sur terre, de la volonté divine. A partir de ce moment, l’alliance de l’église et de la monarchie dirigera d’une main de fer, pendant plusieurs siècles la société. Le dogme de l’incarnation marquera alors de son empreinte l’horizon éthique, culturel, social et esthétique de cette civilisation.

    En réalité, cette divinisation de l’humain imprègnera non seulement les monarques mais toute la classe dominante avec tout un cortège de privilèges au profit du haut clergé et de la noblesse d’épée. Toutefois, les rivalités entre monarchies ainsi que les dissensions à l’intérieur de l’église plongeront pendant le XVIème et XVIIème siècle l’Europe dans le chaos le plus total.

    L’atrocité de ces guerres de religion nous rappelle l’assertion de Toynbee lorsqu’il affirme que les guerres les plus violentes ont été fratricides, contredisant la thèse de Huntington qui considère que les conflits les plus longs et les plus violents ont été causés par des différences entre civilisations. Les contradictions internes de l’Occident chrétien ont fini par ébranler le dogme et pousser les minorités agissantes à relever le défi en tentant d’élaborer des réponses adéquates.

    En plein milieu du XVIIème siècle, le cogito de Descartes, faisant fi de la scolastique, vient alors opérer une vraie révolution en plaçant le sujet pensant à l’origine de la connaissance. Ainsi, après la divinisation du Christ, puis celle des monarques, voilà que l’homme ordinaire se trouve élevé de la manière la plus démocratique au rang de démiurge.

    De l’Homme-Dieu aux hommes divinisés, l’anthropomorphisme atteint son degré ultime d’exacerbation. Cependant, il faut reconnaître que c’est au cogito cartésien que revient le mérite d’avoir remis en question l’idéologie du droit divin. Désormais aucun individu ni aucune caste ne bénéficie plus du privilège de la transcendance. La monarchie, la noblesse et l’église de moins en moins crédibles, de plus en plus contestées seront progressivement mais irrémédiablement balayées par les vents violents de la Modernité.

    Le « je » cartésien, après avoir renversé les dogmes de la scolastique, va progressivement verser dans le solipsisme [1] et finira par nier tout ce qui est externe à lui, tout ce qui n’est pas une évidence de son point de vue, de sa subjectivité propre. Cette explosion de l’égo en détruisant la verticalité des transcendances a brisé en même temps l’horizontalité des liens sociaux. le sujet n’a plus le sentiment d’appartenir à un tissu social. Insensible aux solidarités traditionnelles, il ne reconnaît plus la réalité extérieure et s’enferme dans une posture narcissique.

    Le Moi, disait Lacan ne peut être source de connaissance, mais au contraire source de méconnaissance de l’autre. Cette indifférence à l’égard de l’altérité bascule dans l’impassibilité la plus totale.

    Cet individualisme exacerbé propice à la mobilité de la force de travail s’accompagnera depuis le XIXème siècle d’un universalisme dont le rôle est d’imposer à la planète une pensée unique organisant l’économie mondiale. L’homme nouveau, sans attaches, insensible à toute forme de solidarité mais habité par l’illusion de la liberté et de l’égalité formera le support idéal de l’idéologie du progrès, une conception unilinéaire de l’histoire ou plus précisément une réinterprétation profane de la pensée chrétienne, substituant l’avenir à l’au-delà et le bonheur au salut.

    Le progrès se présente comme une nécessité historique portée vers le meilleur. C’est dans ce contexte que l’homme-dieu, réduit à sa stricte individualité mais maître de son destin, ira de l’avant vers des lendemains qui chantent. Cependant, cette marche vers le progrès s’inscrit dans un ordre universel hiérarchisant les sociétés selon une linéarité spatio-temporelle.

    Les civilisations les plus « avancés »( entendez par là, blanches européennes) imposeront ainsi leur modèle aux civilisations les plus « attardées » fût-ce par la coercition. Depuis le XIXème siècle, courants libéraux et courants de gauche, piégés par leur égo, adhéreront chacun à sa manière au mythe du progrès. L’eurocentrisme ethnique et épistémologique, instrument idéologique privilégié de l’hégémonie impérialiste, s’impose alors à toute la planète justifiant racisme, colonialisme, spoliations et massacres. Même les modèles clé en main de lutte anti-coloniale et de révolutions prolétariennes n’échappent pas à la domination de l’épistémè occidentale.

    Or, cette pseudo-philosophie de l’histoire n’aurait pu fonctionner sans une transformation psychologique radicale de la société. Dès le XIXème siècle, l’idéologie change de stratégie en s’interdisant de défendre ouvertement les privilèges d’une caste. L’art du camouflage de l’idéologie bourgeoise réussit alors à masquer toute hiérarchie sociale.

    Ce raffinement rhétorique fera dire à Kwame Nkrumah [2] que le capitalisme n’étant qu’une réforme de la féodalité, son seul « apport » est d’avoir permis à l’exploitation d’atteindre un niveau supérieur de subtilité. « Comme fait économique, écrit Roland Barthes, la bourgeoisie est nommée sans difficulté, le capitalisme se professe. Comme fait politique elle se reconnaît mal, il n’y a pas de parti explicitement « bourgeois » à la chambre. Comme fait idéologique elle disparaît totalement. » [3].

    A l’opposé de la noblesse, exhibitionniste, (l’étalage de son faste créditant sa position sociale), la bourgeoisie opte pour la discrétion, préférant ainsi occulter sa domination. Cette stratégie constituera le trait essentiel de son masque idéologique. Dans cette atmosphère d’apparente homogénéité, un nouveau culte prend forme. En effet, l’énorme béance laissée par la disparition de toutes formes de transcendance sera comblée par une sorte de « religion » désenchantée, où les marchandises seront élevées (à leur tour) au rang de divinités.

    Elles se transforment magiquement en fétiches nous ramenant aux formes primitives d’idolâtrie. Il semblerait que Dieu, courroucé par la révolte des humains s’est empressé de les transformer en esclaves de leurs propres créatures : les marchandises. Dominé par le marché, l’individu subit la loi de l’échange. Cette régression qu’opère le capitalisme par rapport aux modes de productions qui l’ont précédé rabaisse l’homme à tel point qu’il ne signifie plus que par ce qu’il possède, par ce qu’il vaut sur le marché.

    L’avoir remplace l’être et la réification s’installe, éliminant toutes valeur authentique et inaliénable au profit de la seule valeur d’échange. On assiste à la naissance d’une nouvelle transcendance, celle du marché. Cette nouvelle divinité impitoyable, aux pieds de laquelle se prosterne toute l’humanité, accumulant sans trop savoir pourquoi mais ne sachant point s’arrêter, a fini par subjuguer l’ensemble de la planète.

    Une folie productiviste s’empare alors du monde générant ipso facto un délire consumériste généralisé. Pour la première fois dans l’histoire, la production n’est plus déterminée par le besoin, c’est plutôt elle qui stimule et crée de nouveaux faux besoins par le biais de la mode, la publicité et par un tas d’autres moyens. Cette irrationalité frisant l’absurde conduit à des crises périodiques de surproduction au moment même où la majorité de la population manque du nécessaire.

    Le mythe du progrès, une temporalité désavouant le passé et situant le bonheur dans une sorte d’ailleurs toujours fuyant emporte à pas de course le monde vers l’inconnu. Une mobilité frénétique du capital, de la main d’œuvre, des transports et de l’information s’empare de la société. Cette accélération n’aurait pu voir le jour sans l’émergence de nouvelles techniques.

    En effet, le hasard a voulu qu’à l’aube du XIXème siècle énergie fossile et capitalisme se rencontrent. Ils n’arrêteront pas depuis de faire bon ménage. Pourtant à l’époque de la machine à vapeur et des débuts de la locomotive l’énergie hydraulique et éolienne existaient bel et bien et ne demandaient qu’à bénéficier des nouveautés techniques pour aller de l’avant. Le développement de ces énergies renouvelables non thermiques aurait certainement entraîné un capitalisme d’implantation locale, moins conquérant et plus respectueux de l’environnement.

    Or, le capitalisme opte pour la seule énergie qui soit en harmonie avec sa logique propre. L’énergie fossile s’avère la mieux appropriée à la liberté de mouvement propice à la mobilité du capital. L’essor du chemin de fer en est l’illustration, annonçant ainsi le début de la délocalisation.

    Charbon, pétrole, nucléaire se superposent et se succèdent pour donner le ton à cette folle chevauchée qu’exige le « progrès ». Ce « choix du feu » comme le dit si bien Alain Gras [4], ces manipulations de forces mal maîtrisées et contre-nature s’imposent sans réticence à une humanité obnubilée par sa quête enfiévrée d’un bonheur futur, toujours insaisissable.

    L’énergie fossile s’insinue dans tous les coins et recoins et formera avec l’accumulation du capital un mélange explosif. Productivisme et puissance thermodynamique se prêtent main forte et poursuivent leur course aveugle dédaignant le danger mortel qu’ils font encourir à la planète.

    Tout dernièrement la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima, après avoir occupé les médias pendants quelques semaines, est en train de passer aux oubliettes ; une banalité somme toute aux yeux d’un chef d’État de l’envergure de Sarkozy qui imperturbable, continue son business et parvient malgré tout à fourguer une centrale à la Tunisie, un petit pays pourvu de vent et de soleil et certainement incapable de faire face à une catastrophe nucléaire. Cette soif du feu au service du superflu nous laisse à la fois dubitatif et rageur, maudissant Promethée d’avoir offert ce cadeau empoisonné aux mortels.

    La déferlante néolibérale après avoir eu raison de l’URSS se rue goulûment sur la planète. La barbarie du capital s’en donne à cœur joie, faisant voler en éclats tout ce qui est sensé contenir sa poussée. Après la destruction des empires, c’est aux États-nations d’exploser à leur tour. En Occident, l’État-providence est mort de sa belle mort.

    Un état rabougri, réduit au stricte rôle sécuritaire et répressif lâche la bride aux multinationales et aux finances internationales. Dans le Tiers-monde, les États ayant une valeur stratégique sont agressés puis fractionnés selon une logique ethnique ou confessionnelle. C’est bien le cas de l’Irak et du Soudan et bientôt celui de La Libye et de la Syrie en attendant le reste.

    Libre de toute contrainte, l’ultralibéralisme découvre son visage hideux. Pris par la fièvre spéculative il s’en prend aux acquis des travailleurs, nivelant les salaire par le bas, délocalisant, détruisant l’environnement, épuisant les ressources, incitant à la discorde, fomentant les guerres, mettant la planète à feu et à sang. Le rythme de plus en plus endiablé de cette danse macabre est en train d’emporter l’humanité vers une catastrophe assurée.

    Quelle réponse au défi que représente la modernité ? Faut-il attendre que cette civilisation atteigne ses ultimes contradictions avec le risque d’entraîner avec elle l’humanité et peut-être même la planète vers le néant ?

    Il faut admettre que malgré les crises structurelles qui l’ont secoué, malgré sa fragilité, le capitalisme s’est toujours remis en selle grâce à l’impact de son système idéologique. Tant que le mythe du progrès avec sa vision linéaire de l’histoire, son universalisme et son eurocentrisme ethnique et épistémique imprégnera l’imaginaire des individus, le capitalisme trouvera toujours le moyen de résister à toutes les secousses.

    L’ idéologie du progrès, en situant le bonheur dans un avenir toujours fuyant stimule une angoisse existentielle à laquelle le marché répond sans jamais l’apaiser totalement. On s’enfonce alors dans les abysses du consumérisme, à la recherche d’une spiritualité perdue que le fétiche marchandise miroite sans jamais permettre d’atteindre.

    De son coté, l’universalisme présenté depuis le XIXème siècle comme une symbiose ne peut être dissocié de l’eurocentrisme, cet autre aspect du mythe du progrès. Il s’agit en fait de hiérarchiser les peuples et les cultures justifiant ainsi la domination militaire et économique de la planète en vertu d’une pseudo supériorité raciale et épistémique de l’homme blanc occidental grimé selon l’époque en civilisateur, en humanitaire ou en démocrate.

    Depuis des décennies la gauche européenne fait du surplace. Même l’écologisme et la décroissance en tant que mouvements réformistes n’auront aucune chance de s’imposer tant que le néolibéralisme gèrera l’économie mondiale. Il s’agit donc de l’affaiblir de l’extérieur en étranglant en premier l’universalisme et l’hégémonie eurocentrique.

    Un penseur comme Wallerstein [5] considère en effet que « le racisme est le support culturel du capitalisme historique et l’universalisme est sa clé de voûte » et ajoute que « le capitalisme historique a changé la signification du racisme, il ne s’agit plus de xénophobie mais de la création d’une relation durable entre ethnicité et division du travail ». C’est donc aux peuples du Tiers-monde qu’il incombe au premier chef de démanteler cette idéologie pour la simple raison qu’ils en sont les principales victimes.

    L’apparente disparition du colonialisme n’a pas mis fin à la hiérarchie de pouvoir et de savoir qui devient d’autant plus subtile et d’autant plus dévastatrice qu’elle se camoufle derrière les pseudo-indépendances. Cette colonialité devient selon Quijano [6] encore plus virulente avec la globalisation, en affectant tous les aspects de l’existence sociale partout dans le monde.

    L’ancien colonisé continue à se déprécier à travers le prisme hiérarchisant de son ancien maître, méprisant sa culture et son ethnie et acceptant son sort comme une fatalité. L’attitude d’une bonne partie de la bourgeoisie et de la classe moyenne dans le Tiers-monde faite de mimétisme, de mépris de soi et des siens confirme une telle aliénation.

    C’est ce type d’intériorisation qui a permis et permet encore à l’hégémonie impériale de durer. Il s’agit donc avant toute chose de décoloniser les esprits en déconstruisant le mythe du progrès. Il s’avère nécessaire alors de faire obstacle à la division du travail sur des bases ethniques et de mettre fin à toute forme d’universalisme même s’il se prétend de gauche.

    Par ailleurs, la rationalité occidentale, postulée comme l’unique épistémè valide, reléguant toutes les autres épistémès dans le domaine de la doxa et allant jusqu’à les considérer comme un « obstacle épistémologique » doit être détrônée au bénéfice d’une pluralité épistémique. Ceci ne signifie nullement l’établissement d’une sorte de démocratisation des cultures. Il s’agit plutôt de réhabiliter le savoir et la sagesse de civilisations millénaires qui ont su gérer avec harmonie et sur de longs siècles l’économique et le spirituel.

    Ces épistémès se dresseront tel un rempart face à cette boulimie accumulative, réductrice de l’humain et destructrice de la nature. L’extraordinaire est qu’il n’a suffi que d’un peu plus d’un siècle à la modernité pour imprimer au monde ce rythme fou et absurde.

    S’inspirant chacun de son épistémè propre, les peuples coopèreront en favorisant le surgissement de nouveaux pôles de développement régionaux capables de mieux résister aux oligarchies. En Amérique latine, Le Venezuela a opportunément pris l’initiative de créer l’Alba, un projet d’intégration économique et politique, ainsi que la Banque du Sud (Bancosur), censée promouvoir un autre type de « développement ».

    En Afrique, la Libye a joué un rôle primordial dans la création de la Banque cen­trale afri­caine, de la Banque afri­caine d’in­ves­tis­se­ments et du Fonds Mo­né­taire Afri­cain dans le but de mettre fin à la politique dévastatrice de la Banque Mondiale et du FMI et visant en même temps la création d’un marché commun africain. Il est clair donc que si l’OTAN continue depuis des mois à massacrer les civils libyens ce n’est certainement pas pour mieux les défendre mais pour arrêter net ce processus d’intégration économique.

    Face à ces vents salvateurs qui nous viennent de Sud, la gauche occidentale, bien que radicalement opposée à la prédation néolibérale a du mal à se départir de son épistémocentrisme. Si des cosmologies amérindiennes ou bouddhistes sont applaudies avec un soupçon d’exotisme d’autres épistémès sont décriées et renvoyées aux tréfonds de la barbarie. Il est vrai qu’une bonne partie de cette gauche, encore prisonnière du mythe du progrès, se retrouve sans le vouloir en position d’allié objectif de l’Empire.

    Notes :

    1) Le solipsisme (du latin solus, seul et ipse, soi-même) est une théorie philosophique selon laquelle l’esprit est la seule chose qui existe réellement et le monde extérieur n’est, selon cette conception, qu’une représentation.

    2) Kwame Nkrumah, “Le Consciencisme”, éd. Présence Africaine, 1976

    3) Roland Barthes, “Mythologies”, Editions du Seuil Paris, 1957

    4) Alain Gras, “Le choix du feu, aux origines de la crise climatique”, Fayard 2007

    5) Wallerstein, Immanuel, 1991, “The invention of time-space realities : towards an understanding of our historical systems”

    6) Anibal Quijano , 1997, “The colonial nature of power in Latin America”.

    Le Grand Soir – 13 août 2011

  • « Soyons des rêveurs éveillés, ces hommes dangereux » par Daniel COLOGNE

     

    Ainsi s’achève Requiem pour la Contre-Révolution (1), dont l’auteur Rodolphe Badinand (2) me fait l’honneur d’être le co-dédicataire. Il ne m’en voudra donc pas si j’inverse l’adjectif indéfini et l’adjectif démonstratif. L’appel clôturant ce remarquable recueil d’« essais impérieux » est en réalité rédigé comme suit : « Pour le Système et ses sbires, nous incarnons le plus grand des périls parce que nous croyons en nos rêves ». Rodolphe Badinand cite alors Thomas Edgar Lawrence : « Les rêveurs de jour sont des hommes dangereux, car ils peuvent jouer leur rêve les yeux ouverts et le rendre possible ». L’auteur conclut : « Soyons ces rêveurs éveillés… » (p. 163).

    Qui sommes-nous donc et quel est ce « Système » que Rodolphe Badinand nous invite à faire trembler ? Disons d’abord ce que nous ne sommes pas. Nous ne sommes pas des « anti-Lumières », comme nous désignent nos ennemis. Nous ne sommes pas les nostalgiques d’un temps révolu, les passéistes assoupis dans la langueur des regrets éternels. Nous coupons le cordon ombilical avec la Contre-Révolution, dont nous saluons néanmoins le double mérite : son courage d’être entré en résistance contre des « valeurs mortifères », et notamment les « idéologies égalitaires », mais aussi la « valeur didactique » de « son échec » (p. 42).

    Nous sommes les partisans d’une recomposition du monde fondée, non sur l’abstraction droit-de-l’hommiste, mais sur le socle concret du « droit des hommes (c’est moi qui souligne) à s’enraciner dans leur terroir et leurs communautés d’appartenance multiples et variées » (p. 163).

    Cette refondation planétaire postule une reconstruction de l’Europe selon un « principe fédérateur d’essence supérieure » (p. 162), dont l’absence pertinemment épinglée par un monarque polynésien fut le cause de la Première Guerre mondiale. En citant Tupon IV, roi des Tonga, Rodolphe Badinand témoigne de ce qu’est la véritable ouverture à l’Autre, la capacité d’être authentiquement à l’écoute de la sagesse, d’où qu’elle vienne : tout le contraire de la mensongère « tolérance » du Système, où l’égalitarisme de façade masque l’impitoyable volonté d’épuiser les hommes et les peuples dans une course infernale le long de « la ligne droite individu – État jacobin – État mondial – humanité » (p. 163).

    Un exemple de « principe fédérateur » est l’idée impériale telle que la concrétise l’institution pluriséculaire du Saint-Empire romain germanique. « Au Moyen Âge, l’empire sacré et sanctifié ne pouvait que promouvoir l’idéal chrétien. Il aurait été inconcevable qu’il s’édifiât contre la majorité religieuse du moment » (p. 119). À notre époque de déchristianisation, il ne faut évidemment pas aspirer à reproduire la structure médiévale, mais il convient de lui substituer un symbolisme cosmique où l’Empire serait une image du Soleil central autour duquel tourneraient, à des vitesses différentes, comme les planètes du système solaire astronomique, les nations (patries historiques) et les régions (patries charnelles). Ainsi l’Europe pourrait-elle revendiquer le titre de « patrie idéale », répondre à l’exigence d’universalité inscrite au cœur de toute pensée métapolitique.

    Rodolphe Badinand distingue judicieusement l’impérialité et les impérialismes. « Contrairement au Saint-Empire, les Premier et Second Empires français n’ont reposé que sur les épaules d’une personnalité charismatique » (p. 116). Son procès des bonapartistes n’a d’égal que son rejet de l’hitlérisme, « version teutonne du jacobinisme français » (p. 121).

    Dans la ligne d’Alain de Benoist, Rodophe Badinand considère aussi comme de « faux empires » les empires coloniaux anglais, français, hollandais, portugais ou espagnol. Il tient « le mal colonial » (p. 127) pour une des étapes importantes de la « décomposition de la France » (p. 125).

    Érudit français, Rodophe Badinand consacre tout naturellement de nombreuses pages à l’histoire de son pays. Recensant l’ouvrage d’un historien de l’Université de Jérusalem, il rappelle « les prétentions capétiennes à la Couronne du Saint-Empire romain germanique » (p. 95), qui aurait pu devenir, entre les règnes de François Ier et Louis XIV, un « Saint-Empire romain de la Nation Française » (p. 96). C’est l’un des textes courts du recueil, qui alternent avec des essais plus longs, de même que se succèdent, dans un ensemble ipso facto de lecture agréable, de brefs comptes-rendus de livres, de vigoureuses interventions conférencières et de profonds essais où la réflexion toujours nuancée se déploie dans un style souvent chatoyant.

    La coutume gastronomique encadre le plat de résistance de hors-d’œuvre et de desserts. Ici, l’essai le plus consistant, qui donne d’ailleurs son titre au florilège, est opportunément placé en tête. Une quarantaine de pages d’une rare densité intellectuelle nous convie ainsi à réfléchir sur la Contre-Révolution « impasse intellectuelle majeure » (p. 13).

    L’Église catholique fut la première à s’opposer à la révolution de 1789 et elle le fit avec d’autant plus de force qu’un an à peine après la prise de la Bastille, fut votée la Constitution civile du clergé (1790), la « plus grave erreur » (p. 19) de la révolution suivant l’auteur.

    Celui-ci examine, tout au long des deux siècles écoulés, la « lente translation vers la Modernité » (p. 24) qui affecte la catholicisme et dont Jacques Maritain (1882 – 1973) offre un exemple symbolique.

    Le royalisme également a succombé, au fil des décennies, à la contagion de l’esprit moderniste. Ce dernier « contamina les doctrines monarchiques avec la même vigueur qu’il se développait au sein du catholicisme » (p. 28). Des mouvements royalistes de gauche naquirent ainsi dans toute l’Europe méridionale : le Parti populaire monarchique portugais, le carlisme espagnol qui « se transforma en un mouvement socialiste autogestionnaire » (p. 30), et en France les « maurrassiens » de la Nouvelle Action Française de Bertrand Renouvin.

    « Avec ces trois exemples, écrit Rodolphe Badinand, nous devons nous interroger si la Contre-Révolution et la Révolution ne seraient pas l’avers et le revers d’une même médaille appelée la Modernité » (Ibid.).

    Avant de revenir sur cette importante citation, où l’on voit émerger sous la plume de l’auteur le questionnement fondamental, épinglons encore cette vision non conformiste des régimes de Salazar, Franco et Pétain, où Rodolphe Badinand voit les germes de l’élan économique-industriel d’après-guerre, via l’arrivée au pouvoir des technocrates. Le phénomène lui semble particulièrement sensible dans la France de Vichy, après « la nomination de l’amiral Darlan à la vice-présidence du Conseil des ministres » (p. 31).

    Y aurait-il eu donc un « apport contre-révolutionnaire au libéralisme » (p. 32) ? Oui, répond sans hésitation l’auteur qui va jusqu’à établir un parallélisme entre la « main invisible » du marché et les « voies insondables » de la Providence. Les fondements chrétiens de la Contre-Révolution sont ici mis en cause et il en découle que la dérive potentielle des contre-révolutionnaires était prévisible dès la fin du XVIIIe siècle.

    Rodolphe Badinand rappelle opportunément que « les trois futures sommités de la contre-révolution intellectuelle étaient vus par leurs contemporains comme des libéraux : Edmund Burke était un parlementaire Whig, défenseur des droits du Parlement anglais et de la Révolution américaine; Joseph de Maistre était, à la cour de Savoie, jugé comme un franc-maçon francophile et Louis de Bonald fut, en 1789-1790, le maire libéral de Millau » (p. 41).

    Quant à la Révolution conservatrice, que ses adversaires ont baptisée « Nouvelle Droite », elle intègre certes un héritage contre-révolutionnaire, mais elle se réfère aussi au socialisme proudhonien, aux non-conformistes des années Trente si bien étudiés par Pierre Loubet del Bayle, et au situationnisme de Guy Debord dénonçant « la société du spectacle ». Rodophe Badinand conclut son analyse de ce courant par cette hypothèse de recherche que les historiens des idées politiques devraient creuser : « Ce syncrétisme semblerait marquer la fin historique de la Contre-Révolution en tant que mouvement de pensée » (p. 36).

    Rodolphe Badinand s’interroge de manière inattendue : « L’écologie : le dernier surgeon contre-révolutionnaire ? » (p. 38). L’auteur fait un rapprochement insoupçonné entre, d’une part les écrits d’un Edouard Goldsmith ou d’un Bernard Charbonneau, et d’autre part, le roman balzacien Le Médecin de Campagne, sorte d’Arcadie où «chacun mène une existence équilibrée et où la nature maîtrisée, mais non agressée par le machinisme, donne des fruits à tous les villageois » (p. 39). Au même titre que la Nouvelle Droite et la Révolution conservatrice, l’écologie dépasse « les vieux clivages, devenus obsolètes » (voir le slogan « Ni Droite, ni Gauche » d’Antoine Waechter) et ne se laisse pas enfermer dans le binôme Révolution – Contre-Révolution. Sa vision du monde dynamique rompt avec le passéisme ruraliste exaltant une société champêtre « stable, immuable et édénique » (Ibid.).

    Partageant avec les écologistes certaines légitimes préoccupations environnementales, Rodolphe Badinand avertit : « Si le réchauffement planétaire se poursuit et s’accentue, dans quelques centaines d’années, la banquise aura peut-être disparu, faisant de l’océan polaire un domaine maritime de première importance » (p. 123). La maîtrise de l’Arctique s’impose à l’auteur comme une des plus impérieuses nécessités pour le futur Empire européen. Cet enjeu tant stratégique que symbolique est d’autant moins négligeable que les anciennes mythologies indo-européennes, y compris celle de l’Hellade méditerranéenne et celle de l’Inde védique, mentionnent le Septentrion comme l’origine, sinon de l’humanité, du moins d’une de ses plus importants rameaux. L’Europe se devra donc d’être présente sur tout le pourtour de l’océan Arctique comportant aussi des rivages asiatiques et nord-américains.

    « Face à la marée montante des peuples du Sud, le regroupement intercontinental des descendants de Boréens ne se justifie que par le désir de survivre au XXIe siècle. Cela mérite au moins un débat que seul l’avenir tranchera » (p. 73).

    Rodolphe Badinand nous convie à effectuer deux démarches simultanées : retrouver le chemin de notre « plus longue mémoire »’ et imaginer notre futur lointain.

    « Les contre-révolutionnaires souhaitaient conserver intact le passé. Leur démarche les obligea souvent à faire de l’avenir table rase. Entre la négation du passé, propagée par la Modernité, et le refus du futur, pratiqué par la Contre-Révolution, existe une troisième voie : l’archéo-futurisme » (p. 44). L’auteur se réfère à Guillaume Faye, qui a longtemps partagé avec Alain de Benoist, quoique dans un autre registre, le magistère intellectuel de notre famille de pensée. Né vers 1972, issu de la génération suivante, Rodolphe Badinand peut prétendre à la succession de ces deux maîtres à penser, selon l’expression consacrée et en l’occurrence toute relative si l’on pense à ces figures hors normes que sont René Guénon (1886 – 1951) et Julius Evola (1898 – 1974).

    À propos de ces deux immenses éveilleurs, il est temps de se demander dans quelle mesure ils ont été piégés par le binôme Révolution – Contre-Révolution. C’est à force de critiquer le progressisme moderne rectilinéaire que l’on dérive peu à peu, au départ d’une conception cyclique de l’histoire, vers un décadentisme « traditionnel » tout aussi rectilinéaire.

    Progressisme et décadentisme apparaissent alors comme les deux faces de la même médaille, de même que s’impose la nécessité, pour la Nouvelle Droite et la Révolution conservatrice, de faire venir leurs adversaires sur leur terrain (c’est Rodolphe Badinand qui souligne). « Qu’elles cessent donc de débattre des idées adverses pour imposer la discussion sur leurs idées » (p. 43). Qu’elles arrêtent de disserter sur les inconvénients du progressisme et sur l’absurdité d’un « sens de l’Histoire », et qu’elles valorisent les avantages et la solidité de leur conception cyclique du devenir humain, qui est une respiration à plusieurs vitesses, et qui ne peut en aucun cas dégénérer en un décadentisme vertigineux.

    Osons nous dresser avec Rodolphe Badinand contre l’exorbitante prétention de la démocratie moderne à être le point oméga de l’aventure humaine. Adoptée le 26 août 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen comporte en son article XI une restriction à la liberté d’expression que l’auteur reprend in extenso : « sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi » (p. 18).Rodolphe Badinand commente : il s’agit d’« une phrase si vague qu’elle  permet toutes les interprétations possibles et justifie toutes les polices de la pensée. Or le totalitarisme commence quand on empêche certaines opinions de s’exprimer sur la place publique… » (Ibid.). La Modernité est donc bien la « matrice des totalitarismes ». Sous le couvert de la démocratie et du « droit-de-l’hommisme » sévit un terrorisme intellectuel s’appuyant sur des lois liberticides et rétablissant le délit d’opinion, dont sont passibles tous ceux qui contestent les fondements du Système. Un de ces fondements concerne les origines de l’espèce humaine. C’est la thèse africano-centriste selon laquelle l’Afrique serait l’unique berceau de l’humanité, le seul foyer primordial à partir duquel le primate se serait transformé en homo sapiens.

    En optant pour une vision « boréocentrique » de l’histoire, Rodolphe Badinand ne craint pas de s’exposer à la vindicte de la « bien-pensance » qui pourrait lui faire grief « d’une supercherie scientifique à relent raciste » (p. 69).

    Pourtant, ses « Notes dissidentes sur la nation de tradition Primordiale », autre chapitre très fouillé et hyper-documenté, révèle une approche pluraliste du problème. Logique et conséquent, Rodolphe Badinand se refuse à trancher la question de l’antériorité en faveur de l’un ou l’autre « ensemble ethnique ». « N’y aurait-il pas finalement une succession aléatoire de Traditions primordiales pour chaque entité ethnique matricielle ? Et si c’était le cas, qui bénéficierait de l’antériorité ? On le voit : ce type de questionnement débouche sur une absence de réponse d’ordre humain. Cependant, s’interroger sans cesse est le meilleur moyen de maintenir son esprit libre et éveillé. L’interrogation permanente produit des antidotes aux toxines du conformisme médiatique » (p.71).

    Nous voici aux antipodes du dogmatisme des traditionalistes qui, même lorsqu’ils se définissent comme « intégraux » et se réclament d’Evola ou de Guénon, demeurent fréquemment incapables d’auto-critique, inaptes à soulever eux-mêmes des objections à leur discours, fascinés par « le pessimisme foncier de la doctrine des âges, souvent porteur de désespoir ou d’inaction totale » (p. 59).

    Rodolphe Badinand est un authentique « penseur libre » aussi éloigné de la fallacieuse « libre-pensée » que de son primaire retournement traditionaliste, aussi étranger à la linéarité évolutive qu’à la descente sans frein de l’Âge d’or à l’Âge de fer. La « spiritualité primordiale » ne serait-elle pas plutôt d’inspiration astrologique, c’est-à-dire fondée sur l’alternance de courbes ascendantes et descendantes, tributaires des angles tantôt harmonieux tantôt dissonants formés entre eux par les astres ?

    Diverses formes d’astrologie caractérisent en tout cas les aires culturelles où Rodolphe Badinand discerne, en s’appuyant sur de récentes recherches anthropologiques, paléontologiques et archéologiques, l’empreinte des Boréens, ancêtres des Indo-Européens, grand peuple migrateur de la plus haute préhistoire « ne rechignant jamais les rencontres avec les tribus indigènes » (p. 68).

    Celles-ci possèdent peut-être leur propre foyer d’irradiation culturelle, leur « tradition primordiale » indissociable de leur « spécificités ethno-spirituelles » (p. 71). Dans la Grèce antique, parallèlement à l’exaltation mythologique du « séjour des dieux » localisé au Nord et gardé à l’Occident par les Hespérides, à l’entrée du fameux jardin aux « pommes d’or » que cueillit Héraklès et qui subjuguèrent la farouche Atalante, le scrupuleux Hérodote évoquait la possibilité de l’existence d’Hypernotiens, équivalents de nos Hyperboréens, matrice des peuple du Sud avec lesquelles nous sommes appelés à fonder une « fraternité qualitative » (p. 60).

    En effet, « la tradition risque d’avoir sa signification détournée et de devenir à son corps défendant un auxiliaire du fraternitarisme mondial » (c’est Rodolphe Badinand qui souligne) assimilable à « un oecuménisme pervers » (Ibid.). Sous le couvert de celui-ci peut de développer une forme spirituelle d’impérialisme et de domination mondiale à laquelle les Boréens étaient totalement réfractaires lorsqu’ils quittèrent leurs terres arctiques d’origine pour essaimer sur d’autres continents et fonder peut-être les cultures méso-américaines, l’Égypte pharaonique, la Chine du Céleste Empire.

    Les historiens de notre famille de pensée saluent en Dominique Venner un guide incontournable dont Rodolphe Badinand se solidarise dans la critique de « la conception guénonienne d’une seule tradition hermétique et universelle, qui serait commune à tous les peuples et à tous les temps, ayant pour origine une révélation provenant d’un “ ultramonde ” non identifié » (p. 60). À la suite du directeur de la Nouvelle Revue d’Histoire, l’auteur subodore dans le « traditionalisme intégral » un « syncrétisme équivoque » et une critique de la modernité ne débouchant « que sur un constat d’impuissance » (Ibid.), « l’attente millénariste de la catastrophe » (p. 61).

    Par delà les fausses alternatives Tradition – Modernité et Révolution – Contre-Révolution, la brillante anthologie de Rodophe Badinand, compilant des textes écrits ces dix dernières années dans L’Âtre, Cartouches, Roquefavour, Éléments et L’Esprit européen, suggère de remonter aux sources vives de cet « esprit européen » et de réfléchir à son adaptation au monde de demain et d’après-demain. « Il y a du travail pour cent ans », écrivit un jour Robert Steuckers. Rodolphe Badinand est un des pionniers de ce siècle de renouveau de l’intelligence européenne, de cette ère de rayonnement retrouvé et de renaissance métapolitique, de cette nouvelle étape de l’aventure humaine où les Européens et fiers de l’être sauront être à l’écoute des sagesses fleuries sous d’autres latitudes, pour construire enfin une Terre harmonieuse et pacifiée.

    Daniel Cologne http://www.europemaxima.com/?p=1047

    Notes

    1 : Rodolphe Badinand, Requiem pour la Contre-Révolution et autres essais impérieux, Éditions Alexipharmaque, coll. « Les Réflexives », 2008.

    2 : Rodolphe Badinand, est un journaliste proche de la Nouvelle Droite. Il a été secrétaire de rédaction de la revue Roquefavour. Il a également tenu la rubrique trimestrielle « Les Chronique païennes » dans L’Âtre. Il a aussi écrit pour Cartouches, Rivarol, Éléments et L’Esprit Européen (la revue, puis le site). Il collabore aujourd’hui au site européaniste non-conformiste d’expression française Europe Maxima.

  • Popularité en hausse pour Marine, vent en poupe pour le FN

    Avec 34% de bonnes opinions, la popularité de Marine Le Pen va sans cesse croissant. "Nous sommes l'avenir !" : Marine Le Pen a bouclé dimanche à Marseille l'université d'été du FN avec un message d'"espoir" pour son parti qui, sur fond de déchirements à l'UMP, veut transformer sa dynamique en votes en 2014.
    Jean Roucas soutient
    Marine Le Pen
    Des déclarations de François Fillon levant l'interdit ancien sur le vote FN, au fait divers de Nice qui a vu un commerçant tuer son cambrioleur, tout semblait s'être conjugué pour mettre en lumière la présidente du FN et son parti, réuni depuis samedi au Parc Chanot, à l'est du Vieux Port.
    Le Front avait choisi Marseille, ville symbole, où il est traditionnellement fort et qui est le théâtre de règlements de comptes en série, pour cette rentrée politique. "Un tremplin", selon son secrétaire général Steeve Briois, vers les municipales et les européennes.
    "Il n’y a pas d’exception marseillaise. Il n’y a qu’une préfiguration marseillaise", a proclamé Mme Le Pen dans son discours de clôture. "La gangrène criminelle, s’étend peu à peu à toute la France. Même les campagnes et les bourgs ruraux ne sont plus épargnés".¢
    Brandissant des drapeaux tricolores - çà et là quelques bannières corses - l'assistance - 4.500 personnes selon le parti- l'a applaudie avec chaleur, criant souvent "on est chez nous !".
    Au premier rang, nouveau venu parmi les "marinistes", l'humoriste Jean Roucas, qui a si longtemps moqué les politiques dans le "Bébête show" télévisé.
    Mais l'eurodéputée entendait dans son adresse d'une heure vingt, prendre "de la hauteur", tracer "une perspective française", loin de la "petite boutique des horreurs politiques".
    "GUERRE CIVILE"
    Elle a notamment évoqué les grands fondamentaux du FN, de l'anti-atlantisme à l'immigration-invasion en passant par la dénonciation d'élites "incompétentes".
    Elle a affirmé craindre "la décomposition de l’unité des Français", "la désunion, l’insurrection et peut-être même la guerre civile".
    La meilleure nouvelle pour le FN se passait dans ce que Mme Le Pen a appelé "l'implosion molle" de l'UMP : la dislocation de la doctrine du ni-ni longtemps professée dans ce parti.
    Pendant que le Front dévoilait ses jeunes pousses - têtes de liste trentenaires ou quadragénaires - et se rengorgeait d'avoir accueilli à Marseille des experts reconnus de géopolitique ou d'économie sans lien avec lui - la principale formation d'opposition se déchirait en direct et ses alliés traditionnels l'accablaient (voir Le Gaulois).
    Le président de l'UDI Jean-Louis Borloo a ainsi signé l'arrêt de mort de l'UMP comme fédérateur de la droite et des centristes.
    Le vice-président délégué de l'UMP Luc Chatel a accusé François Fillon de "faire la courte échelle" au FN. Xavier Bertrand, candidat déclaré à la primaire présidentielle de 2016, a dénoncé des "déclarations ambiguës" qui "divisent et affaiblissent l'UMP".
    Des idées de plus en plus
    partagées par les Français
    Autre ancien ministre, Laurent Wauquiez, vice-président de l'UMP, reste fidèle au "ni-ni" officiel.
    Jusqu'au Premier ministre Jean-Marc Ayrault enjoignant l'UMP de clarifier sa position par rapport au FN.
    Mme Le Pen avait donc beau jeu de proclamer la mort du "soi-disant front républicain" de la "funeste bipolarisation de la vie politique" française.
    Et tandis que le député Gilbert Collard assurait plus tôt que "le peuple n'a plus peur", elle a dit : "Le vote Front National est un vote positif, d'adhésion, assumé, plein d’espoir".
    "Notre succès, en cette année 2013, peut-être le plus grand", a encore déclaré Mme Le Pen, "c’est d’avoir approfondi notre présence dans tous les débats politiques, dans les débats entre Français, d’être incontournables !".
    Seul parti à ne pas avoir gouverné, et donc exempt des demandes "d'inventaire" - le FN table, a-t-elle assuré, sur "des centaines d'élus" aux municipales.
    L'université d'été visait notamment, au travers d'ateliers techniques, à former les futurs candidats: comment constituer une liste, rester dans le cadre du financement électoral. Le FN veut aussi être premier aux européennes.
    Prochain rendez-vous du parti : une convention à Paris pour les municipales, une autre en janvier sans doute à Lyon pour les européennes.