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  • Prix 2013 de la Carpette anglaise

    Communiqué 2013 de la  Carpette anglaise
    Des transports en Carpettes… anglaises
    Guillaume PÉPY, président de la SNCF, distingué pour ses éminents mérites en dévotion anglophone par le jury de l’académie de la Carpette anglaise (1), présidé par Philippe de Saint Robert, réuni à la brasserie Lipp à Paris, a reçu le prix 2013 de la Carpette anglaise. Après les Smiles, les TGV Family, et autres médiocrités linguistiques, voici que la SNCF tente de nous faire ingurgiter de l’anglais, en proposant des cours de langue anglaise uniquement, dans ses trains champenois par l’intermédiaire de l’organisme SpeakWrite ; après le trop fameux sandwich SNCF voici la bouillie anglaise !
    Seconde cerise amère sur le pudding indigeste de l’anglofolie, pour Tom ENDERS, président exécutif d’EADS et grand organisateur de la politique linguistique du tout en anglais dans son groupe, qui a trouvé (dis)grâce aux yeux du jury.
    L’Académie a tenu à lui décerner son prix spécial à titre étranger (2) pour avoir annoncé, en anglais seulement, à tous les salariés allemands, espagnols et français de la branche « défense et espace », un vaste plan de licenciements par une vidéo… elle-même sous-titrée en anglais. Major Tom, a été retenu après un vote serré (8 voix contre 4) l’opposant à son concurrent en abandon linguistique Joachim GAUCK, président de la République fédérale d’Allemagne qui a appelé les peuples d’Europe à adopter l’anglais comme langue de communication !
    Que déshonneur leur soit rendu !

    Vendredi 13 décembre 2013
    1 La Carpette anglaise, prix d’indignité civique, est attribué à un membre des « élites françaises » qui s’est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment de la langue française.
    Le jury est composé de représentants du monde littéraire, syndical et associatif [Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle des écrivains cheminots (CLEC), Défense de la langue française (DLF) , association (COURRIEL) et Le Droit de comprendre (DDC)]. En juin 2013, Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur, a reçu une Carpette anglaise, à titre exceptionnel, pour son obstination à faire de l’anglais une langue de l’enseignement supérieur en… France.
    2 Le prix spécial à titre étranger est attribué à un membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise.
    Anne Cublier, Marie Treps, Hervé Bourges, Paul-Marie Coûteaux,  Benoît Duteurtre, Yves Frémion et Dominique Noguez, sont membres de cette académie.
    Contact : Marc Favre d’Échallens, secrétaire de l’académie de la Carpette anglaise.
    Courriel : parlerfranc@aol.com
    Académie de la Carpette anglaise, chez Le Droit de Comprendre, 34 bis, rue de Picpus, 75012 Paris
    Académie de la Carpette anglaise, 12/12/2013
    http://www.polemia.com/prix-2013-de-la-carpette-anglaise/

  • "Le gros argent nous appelle à son secours, ne tardons pas !"

    Que d'études et d'analyses sur nos adversaires et nos ennemis "extra-occidentaux" ! Qui ne sont pourtant pas toujours très intéressants, sans vouloir être offenser personne. 
    Comme s'il était question de former des spécialistes en ethnologie de nos adversaires et de nos ennemis "extra-occidentaux". Bizarre, tout de même.
    Comme s'il était question surtout d'éluder d'autres interrogations plus gênantes et, à mon humble avis, beaucoup plus importantes et beaucoup plus essentielles et que je résumerai en une seule question : que sommes nous donc devenus ?
    Sommes nous à ce point convertis à la morale de la grande fraternité humaine que nous n'osons pas dire quelque chose de cohérent sur nous même ? Peut être, mais il y a un blocage autrement sérieux : analyser précisément notre histoire en cours, cela imposerait surtout de rompre avec bien des "mythes", des idéologies qui, en apparence nous protègent et nous servent, mais qui, j'en suis persuadé, bloquent en réalité nos pensées et nos actions. Exemple.
    La France pays de vieille tradition catholique ? C'est ça mon coco. 
    En quarante ans, une bourgeoisie odieuse a transformé le catholicisme en une religion pour hypocrites rassis et consommés et chassé les derniers paroissiens normaux et humains des églises. Cette bourgeoisie a inventé un truc terrible : l'amour des embryons et des cellules embryonnaires : ça permet de se pâmer en permanence sur ce qui n'existe pas et de ne pas regarder ce qui existe, hommes et bêtes, et qui, souvent, souffre. Abasourdis par une telle hypocrisie, incapables de s'opposer à cette emprise de l'argent pur, les braves gens ont fuit les églises. Le catholicisme conciliaire en France, c'est la religion réservée d'une caste d'argent, tordue et vraiment méchante.
    Et c'est cette même bourgeoisie d'argent qui, périodiquement, vient chougnotter lorsque ses intérêts matériels sont en jeu. Tant qu'il est question de millions de pauvres dans les rues, elle reste évidemment barricadée dans ses forteresses, mais si l'on touche à ce qu'elle appelle la famille, c'est à dire le mode d'accumulation clanique de l'argent qui lui est spécifique, elle réunit ses troupes et sonne la charge. Pire : elle tente de mobiliser au delà de la caste et de faire pleurer sur son sort ! Cela crée hélas bien des confusions dans l'esprit de certains défenseurs de la civilisation, qui peuvent devenir passagèrement les défenseurs de leurs pires bourreaux ! Car c'est bien cette même bourgeoisie qui a tué la France rurale, généralisé les mouvements de populations et ainsi de suite, toujours pour la même raison : son fric.
    Il y a longtemps que l'argent fou a rendu haineuses et quasi-folles des fractions entières de la population occidentale.
    Cela il faut le saisir et le comprendre pour tracer et nuancer le schéma des conflits très complexes et très bizarres à l'intérieur desquelles nous sommes pris. Mais ce n'est qu'un petit exemple de ce que nous persistons à vouloir ignorer. Ignorance qui rend tout combat efficient presque impossible.
    Jacques-Yves Rossignol

  • Vive l'Ukraine libre

    Chaque jour qui passe, dans la crise ukrainienne, doit nous confirmer et nous renforcer dans plusieurs certitudes.

    Ce 13 décembre, au moment de boucler cette chronique, rédigée sur plusieurs jours, la situation recèle plusieurs possibilités d'évolution, hélas très contrastées entre le pire et le meilleur.

    Une chose au moins ne doit pas nous tromper. Ce pays tout entier se trouve devant un choix parfaitement clair. Celui-ci oppose d'une part un accord de libre-échange avec l'Union européenne et d'autre part la réintégration, que Moscou voudrait imposer, dans son bloc protectionniste d'un autre âge. Le pouvoir post-soviétique le qualifie d'Union douanière. Les Ukrainiens s'y retrouveraient prisonniers en compagnie de la Biélorussie et du Kazakhstan.

    On doit avant tout, à cet égard, se méfier de l'assertion des faux-lettrés parisiens. À les entendre, il existerait deux zones d'influence, l'une "polonaise", l'autre "russe". Cette division nous est présentée en quelque sorte comme naturelle, culturelle ou historique. En mélangeant de la sorte les genres vagues, on se dispense de réfléchir et on se prépare donc à demeurer inerte et à tout accepter. Cette façon de voir, ou plutôt de refuser d'ouvrir les yeux était encore scandaleusement proposée ce 13 décembre par un Luc Ferry. Soulignons que l'ancien ministre chiraquien intervient officiellement à l'antenne "en tant qu’expert politique"(1)⇓

    Réfléchissons au fait que ce schéma de dissection des pays pourrait s'appliquer aux 192 États qui composent les Nations-Unies.

    Commençons par celui dans lequel nous vivons. Qui pourrait nier par exemple que Lille, capitale de la Flandre française entretient des relations avec la Belgique, que le duché de Normandie figure encore dans la titulature de la reine d'Angleterre, que Strasbourg appartient à la culture historique germanique, que Perpignan semble un faubourg de Barcelone, que l'architecture de Nice annonce celle de la Ligurie italienne etc.

    On ne rassemblera pas les peuples européens si l'on s'essaye à rectifier les frontières. Nous devons estomper progressivement et patiemment les cicatrices territoriales de nos séparations résultant des accidents de l'Histoire au sein de l'ancienne Respublica christiana que nous appelons l'Europe, mais nous ne les redessinerons plus. On s'est combattu entre Européens lors des catastrophiques, héroïques mais monstrueuses guerres du XXe siècle. Cette sinistre époque post-jacobine est close depuis le discours de Robert Schuman du 9 mai 1950.

    Folie que de chercher à revenir en arrière.

    Folie, deuxième constatation, qui ne semble pas exempte des arrières-pensées archaïques des dirigeants moscovites.

    Contrairement aux autres Européens ceux-ci théorisent un prétendu droit de regard sur ce qu'ils appellent "l'étranger proche".

    S'agissant de l'Ukraine, dont les limites actuelles ont été dessinées par le Kremlin, cette attitude semble d'autant plus insupportable et même obscène que ce malheureux pays a été particulièrement éprouvé par l'Histoire criminelle et misérable du régime soviétique, depuis la tentative de son anéantissement par la famine de 1929 à 1933 (2)⇓, par l'aveuglement et l'incurie entre 1939 et 1941 de Staline allié de Hitler (3)⇓ et même jusqu'au terrible drame de Tchernobyl horrible témoignage de l'arrogante incompétence communiste. L'allégeance des Cosaques aux empereurs russes du XVIIe siècle ne crée évidemment aucune obligation de servitude pour l'avenir et ne confère aucun droit pour les héritiers du pouvoir soviétique.

    Une réalité devrait sauter aux yeux de tout Français épris de Liberté : le régime mafieux dominé par les oligarques de Donetsk entourant Ianoukovitch se préparait clairement à trahir son peuple. Adossé au très cynique voisin moscovite il piétine de toute évidence l'aspiration de cette nation, laquelle fait partie de la famille européenne et le proclame.

    Ce désir va bien au-delà des institutions de l'Union européenne, bien au-delà de l'économie. Il est salué en Europe, à l'unique exception des sous-bureaucrates de Paris, et de leurs valets médiatiques, qui semblent s'appliquer à répercuter des consignes de molle indifférence.

    Par l'effet d'un contraste saisissant, les gens qu'on entend tous les jours vilipender, méritent ici qu'on leur rende un hommage d'autant plus sincère que nous n'y avions guère été habitués.

    Un José Manuel Barroso président de la Commission européenne, si souvent accusé d'insignifiance, a ainsi osé proclamer de façon très nette que "le temps de la souveraineté limitée est fini.(4)⇓

    Une Viviane Reding vice-présidente luxembourgeoise de la Commission annonce clairement qu'elle refuse d'avaliser la situation et qu'elle annule sa présence annoncée aux jeux d'hiver de Sotchi.

    Un Guido Westerwelle ministre allemand des Affaires étrangères s'est rendu à Kiev saluer les manifestants de la place Maïdan, à la grande irritation de ses homologues moscovites.

    Mais alors pourquoi notre glorieux Fabius, conseillé, documenté, surinformé par l'armada de nos diplomates technocrates du Quai d'Orsay, a-t-il adopté son actuelle et louvoyante ligne de conduite ? Pourquoi appelle-t-il "les parties" "à la retenue et au dialogue" ? Se souvient-il de son propre jugement à l'époque de la visite de Jaruzelski à Paris en 1985 ? Pourquoi ce report de la visite à Paris de l'opposant Vitaly Klitchko ? Faut-il y voir la trace d'un fil à la patte, – trace si visible dans le cas, malheureusement trop clair, des enfants perdus d'une certaine droite, à plat ventre devant le nouvel objet de leur servitude volontaire ?

    La "Fédération" de Russie ne détient en effet aucun droit d'État en tant qu'ancienne puissance impériale sur le destin de ses voisins.

    Certes il existera toujours des liens entre les deux peuples : et la nation russe pourrait, et donc devrait commencer par reconnaître tout ce qu'elle doit elle-même culturellement aux influences venues de Kiev.

    Elle pourrait ainsi savoir d'où vient sa propre religion. Certains propagandistes ignares et cyniques s'époumonent à l'instrumentaliser aujourd'hui. Il la caricaturent et en déforment la relation à l'État, si mal comprise en occident. Car, malheureusement au cours de l'Histoire, le pouvoir moscovite a, de nombreuses fois, opprimé l'orthodoxie, quand il ne l'a pas dénaturée comme au XVIe siècle sous le règne d'Ivan le Terrible. Après l'époque de l'empire chrétien, sous les premiers Romanoff, ceux du XVIIe siècle, la réforme moderniste de Pierre le Grand en 1723 inaugure pour le XVIIIe siècle, l'époque du "despotisme éclairé" qui la soumet à son administration, en l'assujettissant au contrôle étatique d'un procureur du saint-synode (5)⇓ avant de chercher à la détruire sous Lénine, Staline et Khrouchtchev.

    Que les communistes aient piteusement échoué à déraciner la foi chrétienne orthodoxe de l'âme russe n'autorise certainement pas, aujourd'hui, leur successeur, l'ancien fonctionnaire du KGB Vladimir Vladimirovitch Poutine, à poser en protecteur sinon en porte-parole de la religion. Rappelons en effet que la liturgie de saint Jean Chrysostome commence notamment par les prières initiales où il est dit : "ne mettez pas votre foi dans les princes, dans des fils d'hommes impuissants à sauver".

    Ce n'est pas, non plus sous-estimer la culture russe d'autrefois que de considérer, après Pouchkine (1799-1837) et avant Dostoïevski (1821-1881), le pur géant de la littérature de langue russe Nicolas Gogol (1809-1852) : lorsque ce fils de l'Ukraine réaffirma, dans la correspondance qu'il adresse à ses amis, la foi de ses ancêtres ce sont bien les conformistes de la capitale qui, après avoir tant ri au "Revizor" et au "Nez", sans peut-être en comprendre le sel annonciateur, s'empressèrent de le tenir pour fou.

    Ceci préfigure le traitement que leurs descendants matérialistes infligèrent un siècle plus tard à tous ceux qui récusaient encore le paradis bureaucratique désormais décadent de la stagnation brejnevienne à partir des années 1970. Dans les années 1930 ils les avaient envoyés aux îles Solovki, haut lieu religieux dont ils avaient fait un bagne homicide.

    Ce n'est pas nier tout ce que le souffle de liberté chrétienne doit à des spirituels, à des théologiens ou à des pasteurs russes, que de les savoir bafoués aujourd'hui encore. Citons l'exemple du père Alexandre Men. Il fut assassiné en 1990 par le KGB. Ce crime d'État fut commis exactement un an après que le gouvernement gorbatchevien se soit prêté en 1989 à la célébration du "millénaire de la Russie".

    À ce sujet, rappelons au besoin que ce grand pays n'existait tout simplement pas mille ans plus tôt en 989. Lorsqu'au XIe siècle la reine de France s'appelait Anne de Kiev, nos chroniques ne parlent pas encore de "Russie" encore moins de "Rus'" comme on veut nous le faire croire aujourd'hui. Les grands-ducs de Moscovie n'ont en fait créé la Russie qu'à partir du XVe siècle, une fois libérés du joug mongol, et après le mariage de l'un d'entre eux le prince Ivan III (1462–1505), Ivan le Grand, avec une princesse byzantine Sophie Paléologue. En 1472, elle lui apporte en dot le blason de l'Empire, l'Aigle à deux têtes. Leur fils Ivan IV, le premier, prendra le titre d'empereur (tsar) et au XVIe siècle le métropolite de Moscou recevra de son Église-mère de Constantinople le statut que l'orthodoxie nomme "autocéphalie" et que d'ailleurs, espérons-le, les métropolites de Kiev recevront un jour ou l'autre. (6)⇓

    Ce n'est pas oublier l'Église orthodoxe russe, la vraie, l'Église des moines, celle des simples prêtres de paroisses et celle des croyants, celle des peintres d'icônes et des églises de bois, celles des discrètes, émouvantes et fidèles babouchkas qui transmirent en secret le baptême à leurs petits enfants, pendant la longue nuit de la persécution, que de déplorer que sa direction bureaucratique actuelle se détourne toujours aujourd'hui de la lettre et plus encore de l'esprit des statuts adoptés à l'issue du Concile de Moscou de 1917-1918. (7)⇓

    Depuis "l'invention" du métropolite Serge [Ivan Nikolaïevitch Stragorodsky] par Staline en 1943, l'administration ecclésiastique factice du patriarcat de Moscou n'est jamais sortie de cette ambiguïté, et elle ne l'a jamais récusée.

    Soljenitsyne en dénonçait la réalité dans sa "Lettre au patriarche Pimène" de 1972. (8)⇓  Les faits ont à peine évolué. Cette bureaucratie plaquée sur le peuple croyant s'est toujours tenue, et elle se compromet aujourd'hui encore à la botte du pouvoir d'État. Les preuves en abondent. Chacun de ses actes "diplomatiques" vont hélas dans ce sens : Kirill de Moscou n'est-il pas allé, le 29 octobre, jusqu'à saluer les conceptions politiques et sociales de l'ami du défunt Chavez et du grand chrétien Fidel Castro, Rafael Correa, président de l'Équateur, pays où l'implantation orthodoxe est malheureusement moins significative que celle des bases arrières des FARC terroristes colombiennes. Signalons que, sur le sol français, les mêmes réseaux se prêtent surtout à une misérable stratégie immobilière avec la complaisance écœurante des mafias politico-judiciaires de la Côte d'Azur et de quelques larbins parisiens déshonorés et parfaitement connus.

    Ne mêlons donc pas cette réalité sordide à la beauté des chants slavons, les uns monastiques venus du tréfonds de l'Histoire, les autres issus de la grande et belle époque, celle où Rimsky-Korsakov compose sa "Grande Pâque russe"(9)⇓

    Ce n'est pas ignorer ce que fut l'amitié franco-russe, amitié des élites intellectuelles, des artistes et des aristocraties d'autrefois, beaucoup plus que des gouvernants, – que de dire aujourd'hui combien la politique suivie par Poutine constitue une vraie menace pour la sécurité et la stabilité de notre continent et de nos pays.

    Qu'un Obama ne le comprenne pas, ou feigne de ne pas en tenir compte, ne contredit pas notre constat.

    Après tout, ce fut dès mars 1946 que Churchill, dans son discours de Fulton, met en garde contre le Rideau de fer ; ce fut dès avril 1946 que George Kennan avait envoyé son fameux long télégramme préconisant le "communism containment". Cet impératif allait servir de doctrine aux États-Unis pendant toute la guerre froide, – [jusqu'à ce que Ronald Reagan comprenne la nécessité et la possibilité d'aller plus loin et de lutter pour libérer l'Europe de l'est de l'empire du Mal.]

    Mais c'est seulement un an plus tard, le 12 mars 1947, après la victoire des républicains aux élections intermédiaires de novembre 1946, que Truman franchira le pas dans son discours de Waco en annonçant l'aide à la partie encore libre du Sud-Est européen.

    Regardez bien les photos de Poutine : il ne s'agit pas d'un génie mais d'un tout petit bonhomme, un apparatchik probablement inconscient du mal qu'il fait à son pays. Avec sa doctrine "eurasiatique", il ouvre la porte de la Sibérie aux ambitions chinoises et celles de l'Asie centrale et du Caucase à la pénétrante islamique chiite symétrique de la complaisance occidentale pour les wahhabites saoudiens.

    Écoutons le journaliste polonais Artur Dmochowski de "Gazeta Polska". S'étonnant de la complaisance d'une certaine droite française, mal informée ou bien désinformée, voila ce qu'il déclare :

    "... si ce que vous dites à propos d’une partie de la droite française est vrai, alors c’est qu’ils ont, eux, une vision très idéalisée de la Russie. La Russie est gouvernée de manière bien plus despotique et bien moins démocratique que l’Ukraine. C’est un pays où sont violés de manière notoire tous les droits humains fondamentaux et toutes les libertés fondamentales. C’est aussi le pays avec le plus grand nombre d’avortements au monde par rapport au nombre d’habitants. Par conséquent, prétendre qu’il s’agirait d’un pays orthodoxe où sont respectées les valeurs chrétiennes, c’est se faire des illusions. Ces illusions sont d’ailleurs en partie le fruit de la propagande de Moscou, dont nous faisons aussi l’expérience en Pologne. (...)

    La vision idéalisée de la Russie chez certains Français, cette vision que vous décrivez dans votre dernière question, est encore plus naïve que la vision de l’Union européenne chez les manifestants ukrainiens de la place de l’Indépendance à Kiev." (10)⇓

    Applaudissons enfin à une bonne nouvelle : la mise à bas de la statue de Lénine dans la capitale ukrainienne. Voilà au moins un acquis positif et irréversible des immenses manifestations de l'opposition. Regrettons seulement qu'il ait fallu attendre plus de 22 ans, dans ce pays qui a tant souffert dès le décret de collectivisation des terres.  Espérons enfin que les circonstances permettront d'en faire autant du mausolée du chef des criminels bolcheviks sur la place Rouge à Moscou, et pourquoi pas de celui de son disciple et non moins sanglant Mao Tsé-toung sur la place Tien An-men à Pékin.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. C'est à ce titre qu'il est annoncé au micro de Guillaume Durand, chaque vendredi à 8 h 40 sur Radio Classique
    2. 131214a On croyait tout savoir depuis fort longtemps en occident sur le "Holodomor" des années 1930 : une famine systématique, imposée par les communistes à la paysannerie en tant que classe et à l'Ukraine en tant que nationalité. Un éclairage décisif est apporté par le livre-document que viennent de publier les éditions Noir sur Blanc sous le titre "Les Lettres de Kharkov". Celles-ci avaient été écrites à l'époque par les diplomates italiens, quand les régimes fasciste italien et communiste russe entretenaient des relations étayées sur leur commune hostilité au "capitalisme libéral anglo-saxon", dénoncé par les propagandes étatistes en ce temps-là [mais tout a changé, n'est-ce pas] comme responsable de la crise. Retrouvées dans les archives du Ministère des Affaires étrangères à Rome, elles viennent d'être traduites en français. On peut considérer que la tentative d'anéantissement qu'elles décrivent, sobrement mais avec une évidente horreur, a définitivement forgé la conscience nationale de tous les Ukrainiens. Le 18 novembre le métropolite Vladimir de Kiev commémorait ainsi dans des termes particulièrement éloquents le 80e anniversaire du "Holodomor", flétrissant la prétention du bolchévisme au "paradis socialiste".
    3. cf. On se reportera à mon livre L'Alliance Staline Hitler
    4. en réponse aux pressions de Moscou au sommet de Vilnius
    5. tel le "sympathique" personnage de Constantin Petrovitch Pobiedonostsev (1827-1907) lequel entravera l'édit de tolérance de Nicolas II en 1905 et que Tolstoï avait immortalisé en 1877 dans "Anna Karénine" sous les traits de son charmant mari.
    6. On lira ainsi de lui son magnifique "le Christianisme ne fait que commencer"
    7. cf. à ce sujet "Le Concile de Moscou 1917-1918" par Hyacinthe Destivelle ed. du Cerf 512 pages, 2006, aux éditions du Cerf.
    8. cf. André Martin "Soljenitsyne le croyant" Albatros, 1973, pp. 25-32.
    9. "Que Dieu se lève et ses ennemis seront dispersés"
    10. cf. Nouvelles de France le 7 décembre
  • interview de Farida Belghoul théorie du genre LGBT Danger pour les enfants

  • Procès des crimes communistes Entre utopie et réalité

    Relativement passé sous silence par les médias, le procès des anciens dirigeants khmers rouges toujours vivants, qui doit normalement se tenir dans le courant de l’année 2007, n’en est pas moins important, dans la mesure où c’est la première fois depuis les procès de Nuremberg que sera donnée à juger une des “expériences” communistes les plus meurtrière de l’histoire du XXe siècle. En quatre ans, de 1975 à 1979, le Parti communiste du Cambodge ou Parti du Kampuchéa démocratique, appuyé sur sa terrible organisation, l’Angkar, assassina plus du quart de la population cambodgienne, soit près de deux millions de morts.
    On se souviendra de ce qu’il advint, dans les années 1990, de la tentative de faire juger Alphonse Boudarel, ressortissant français exerçant les fonctions de commissaire politique et de commandant adjoint dans les rangs du Viêt-Minh, entre les mois d’octobre 1952 et août 1954, dans un camp d’internement du Nord-Vietnam au sein duquel il aurait persécuté des prisonniers politiques. La Cour de cassation, saisie à l’époque, avait jugé que les faits reprochés à l’ancien supplétif étaient amnistiés parce qu’ils étaient postérieurs à la Seconde Guerre mondiale et ne pouvaient donc recevoir la qualification de crimes contre l’humanité. Si la question des procès des crimes communistes s’était également posée suite à la publication, en 1997, du retentissant Livre noir du communisme par Stéphane Courtois, force est de constater qu’elle est restée depuis au stade de la pétition de principe ou du voeu pieux.
    Deux régimes criminels
    Établir le parallèle, pourtant saisissant, entre les crimes nazis et les crimes communistes a toujours relevé de l’hérésie, la singularité de la Shoah, génocide de race, ne pouvant être banalisée et mise sur un pied d’égalité avec un “simple” génocide de classes. L’historien américain Charles S. Maier explique ce phénomène par le fait que la terreur des régimes communistes, bien que plus meurtrière que la terreur nazie (près de cent millions de morts !), était beaucoup plus aléatoire et conjoncturelle que cette dernière, enfermée, quant à elle, dans une logique systématique et planifiée d’extermination. En ce sens, les crimes communistes s’inscriraient dans une “mémoire froide” éphémère alors que le souvenir des crimes nazis serait entretenu par une “mémoire chaude” plus persistante, parce que, précisément, ces crimes étaient plus ciblés.
    Si l’explication peut sembler valable, il n’en reste pas moins, d’un point de vue plus prosaïque, que depuis les accords de Yalta de février 1945, jusqu’à la chute du Mur de Berlin et l’effondrement du régime soviétique de Russie qui s’ensuivit, la “guerre froide” autant que la “transition démocratique” des pays de l’Est ont toujours empêché de poser clairement le problème d’un “Nuremberg” des crimes communistes, l’Est et l’Ouest ayant toujours eu intérêt (pour des raisons de politique intérieure ou extérieure) à l’ignorer.
    Un procès retardé
    Fort de ces éléments, on comprend mieux pourquoi la mise en place du procès des anciens responsables du régime Khmer rouge qui doit se tenir à Phnom Penh rencontre des difficultés de tous ordres, juridiques comme politiques.
    Tout d’abord, ce procès vise des personnes à la santé fragile dont la moyenne d’âge est de quatre-vingts ans. C’est dire que, depuis le renversement du régime de Pol Pot (décédé en 1998), la communauté internationale n’a pas fait montre d’un empressement forcené pour déférer les coupables devant un tribunal.
    Ensuite, parce que ce procès concerne des crimes ayant été commis avant l’institution de la Cour pénale internationale en 2002, c’est à un tribunal spécial composé de juges étrangers et cambodgiens qu’il reviendra de connaître des crimes des anciens dignitaires Khmers. Il faut savoir que ce tribunal, instauré après moult tractations sous l’égide des Nations unies, est fortement contesté par le gouvernement cambodgien qui y voit une atteinte à sa souveraineté. Bien entendu, il s’agit d’un prétexte pour contenir la compétence d’un tribunal qui devra se garder d’aller trop loin dans ses investigations. Le Premier ministre en exercice, Hun Sen, ayant été chef de régiment dans le régime Khmer rouge, ainsi que bon nombre de responsables impliqués dans les crimes de ce régime et faisant partie de l’actuelle administration ne sont évidemment pas prêts à coopérer aussi facilement et sans conditions.
    Des paramètres géopolitiques rendent également difficile la tenue du procès. Les États-Unis, certains pays occidentaux et la Chine, quelques années après la chute du régime, ont continué malgré tout à marquer leur soutien aux Khmers rouges, les uns pour résister à l’URSS (qui soutenait le Vietnam libérateur du Cambodge en 1979), la Chine parce qu’elle a toujours été présente aux côtés des Khmers rouges de Pol Pot ou de Khieu Samphan son successeur en 1987. Finalement, pas grand monde ne souhaite ce procès des anciens Khmers rouges et la discrétion qui entoure l’organisation de celui-ci démontre, s’il en est besoin, que les victimes des crimes communistes demeureront les oubliés éternels de la Justice universelle.
    Aristide Leucate L’Action Française 2000 du 19 avril au 2 mai 2007
    aleucate@yahoo.fr

  • Entretien avec M. l’Abbé de Tanoüarn

    Sur Boulevard Voltaire

    Le 9 décembre, vous participiez à un colloque organisé par Fils de France sur le thème « Catholique, musulmans : partenaires ou adversaires ? », à l’occasion duquel vous avez longuement débattu avec l’imam Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux. Quelle peut être l’utilité de ce type de rencontres ?

    Abbé de Tanoüarn - La rencontre publique entre un imam et un prêtre catholique manifeste une volonté de se connaître, de ne pas rester, dans la même société, les uns à côté des autres, en s’ignorant, en entretenant toutes sortes de préjugés sur des personnes que l’on jugerait de manière purement abstraite, uniquement à travers leur doctrine. Toute rencontre signifie un respect. Pour moi le respect, c’est, au-delà de toutes les communautés, la forme laïcisée de la charité. Le respect et la charité ont le même caractère d’universalité. On ne respecte pas seulement son conjoint, ses proches, ses coreligionnaires, mais tout homme, dans la mesure où il ne triche pas avec sa propre vie. Et ce respect, que l’on doit à autrui, c’est la forme la plus élémentaire, la plus nécessaire de l’amour du prochain. Dans ce cadre d’ailleurs, j’accepterais n’importe quelle invitation.

    Si, à l’évidence, les dogmes diffèrent entre ces deux religions, existe-t-il néanmoins un socle de valeurs communes ? Et si oui, ce dernier peut-il être utile à l’apaisement de la société française, tenaillée par divers communautarismes ? [...]

    La suite ici

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Entretien-avec-M-l-Abbe-de

  • Récit des arrestations abusives contre les veilleurs avant-hier

    Après les photos, voici le récit de la fin de la veillée parisienne d'hier soir :

    "Après une de veillée initialement prévue place de la Bourse qui, quelque peu perturbée par la pluie, a été déplacée vers le marché Saint Honoré, les Veilleurs présents ont décidé d'aller boire ensemble un vin chaud au marché de Noël des Champs Elysées pour faire plus ample connaissance.
    Ainsi, peu avant minuit, ils se sont déplacés vers le marché de Noël des Champs-Elysées. Après un début de déplacement sans encombres, toujours accompagnés par des policiers en civil, une cinquantaine de Veilleurs parisiens a été brutalement repoussée par les forces de l'ordre rue du faubourg Saint-Honoré à une centaine de mètres du palais de L'Elysée.
    Rapidement encerclés, il a été proposé aux Veilleurs d'être raccompagnés par petits groupes vers la station de métro la plus proche. Ne pouvant accepter d'être raccompagnés sous la contrainte, ils ont alors entamé plusieurs chants dont le Va Pensiero de Verdi et le chant des partisans. Ils ont alors été bloqués sur le trottoir, serrés contre les voitures garées le long du trottoir puis très violemment séparés un à un par les gendarmes mobiles avant de subir une fouille sommaire et d'être invités à monter dans un bus de la police nationale.
    Conduits toutes sirènes hurlantes vers le commissariat de la rue de l'Evangile dans le dix-huitième arrondissement, il leur a été demandé de descendre du bus quatre par quatre, les hommes précédant les femmes. Pénétrant dans la cour d'un commissariat bardé de fils barbelés au milieu d'une haie d'une trentaine de gendarmes mobiles, Ils ont été invités à présenter un à un nos papiers d'identité à trois fonctionnaires successifs. La liste de leurs noms a été dressée à deux reprises par deux équipes différentes. Un formulaire d'interpellation a également été rempli par un fonctionnaire de police. Interrogés sur le cadre de cette procédure, le commandant de police a indiqué qu'il s'agissait d'une vérification d'identité autorisée et sous le contrôle du Procureur de la République dans le cadre d'une soit-disante manifestation non déclarée. Suite à ces relevés d'identité, les Veilleurs ont été reconduits par groupe de quatre à la sortie. Il leur a été ensuite refusé de déposer plainte.
    On remarque qu'aucune charge n'a été retenue contre les interpellés, ni qu'aucun délit n'a été notifié ou même évoqué, il est donc tout à fait légitime de s'interroger sur la légitimité de cette privation de liberté humiliante dont certains Veilleurs ont été hier l'objet.
    Il est de notre devoir d'interroger les pouvoirs publics sur ces agissements. De tels atteintes aux droits de l'homme, peu importe contre qui elles sont dirigées, ne peuvent subsister dans notre pays. Les Veilleurs encouragent donc fortement toutes les personnes présentes à signaler ces faits aux autorités qu'elles estiment compétentes pour faire cesser ses agissements (saisir le Défenseur des droits, porter plainte auprès du Procureur de la République, envoyer une lettre à son député etc.).
    Un suivi de ces affaires va être mis en place, et certains Veilleurs travaillent dès à présent à rechercher de solutions concrètes pour que toute la lumière soit faite sur ces agissements afin de tenter de les faire cesser.
    Pour rappel : une page d'aide juridique a été mise en place sur le site des Veilleurs il y a quelques semaines, vous pouvez la consulter à cette adresse http://www.les-veilleurs.eu/justice"

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Veilleurs devant Elysèe encercler par force de l'ordres, concert gratuit

  • Lumineux Moyen-Âge

    Le Figaro Magazine - 01/11/2013
    L'an mille n'avait rien d'une époque barbare.
          L'an 1000, avec ses trois chiffres ronds, fascinait les historiens romantiques, à commencer par Michelet, qui prétendait, dans son Histoire de France, que « c'était une croyance universelle, au Moyen-Âge, que le monde devait finir avec l'an mille de l'Incarnation ». Le mythe a perduré, entretenu par la presse à sensation, si bien que beaucoup pensent encore que nos ancêtres de l'an 1000 s'attendaient à ce que, au passage d'un millénaire à l'autre, le ciel leur tombe sur la tête. Cette conviction leur permet notamment de se gausser de l'obscurantisme médiéval. On pourrait leur rappeler que le couturier Paco Rabanne, en 1999, avait prédit la fin du monde pour l'an 2000, et s'étonner, dès lors, qu'ils ne taxent pas les années 1990 d'obscurantisme. Mais ce serait passer à côté de la vraie réponse. La vérité, c'est que les hommes de l'an mille ne savaient pas qu'ils étaient en l'an mille, et que les chercheurs ne trouvent pas la moindre trace de terreur collective à cette époque, comme le rappelle Pierre Riché, sources à l'appui, dans un petit livre qui est un bonheur pour l'intelligence de l'histoire.
         Professeur émérite à l'université Paris X-Nanterre, l'auteur est un de nos meilleurs spécialistes du haut Moyen-Âge. Dans cet ouvrage, qui est en fait un recueil d'articles savants, il s'attache à démontrer combien notre regard collectif sur ces temps anciens a précisément été déformé par Michelet et ses épigones. Et ce qu'il dévoile, contrairement à la légende noire d'un Moyen Age barbare, c'est la lumière de l'an mille, période de renaissance intellectuelle et artistique.
          L'an mille, c'est l'époque où l'Europe de l'Est est évangélisée et où la Hongrie et la Pologne prennent place dans la chrétienté. L'an mille, c'est le moment où Gerbert d'Aurillac, le premier savant de son temps, nourri de science et de philosophie antique, est pape sous le nom de Sylvestre II. L'an mille, c'est encore le temps de Fulbert de Chartres, évêque enseignant et bâtisseur, ou d'Abbon, abbé réformateur de Fleury, un des plus profonds théologiens de la Renaissance ottonienne.
          Pierre Riché sait tout sur ce haut Moyen-Âge chrétien, qu'il fait revivre sans pédanterie. Vivement l'an mille !
    Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com/index.php?page=fiche_article&id=300
    Les Lumières de l'an mille, de Pierre Riché, CNRS Editions, 232 p., 22 €.

  • « L’Allemagne disparaît » de Thilo Sarrazin

    Une note de lecture de Michel Geoffroy
    À la lecture du livre de Thilo Sarrazin, on ne reconnaît plus l’Allemagne, nation cataloguée unanimement comme la première puissance économique européenne. La nouvelle Allemagne ressemble fortement à ce que nous vivons en France –  hélas ! – depuis un grand nombre d’années. Toutes les évolutions négatives déjà constatées dans notre pays et qui touchent le domaine civilisationnel s’y retrouvent : l’hégémonie politico-médiatique, la dégénérescence du savoir et de la culture, l’assistance sans limite destructrice du travail, la  théorie du remplacement avec son paquetage de déséquilibres, etc. Il faut rendre hommage aux éditions du Toucan qui ont traduit et diffusé « L’Allemagne disparaît », l’ouvrage de Thilo Sarrazin. Cette maison d’édition s’était déjà fait remarquer, en octobre 2011, par la publication de l’opus de l’Américain Christopher Caldwell (voir en fin d’article). Michel Geoffroy présente ce nouvel ouvrage, et engage celui qui veut bien prendre conscience de la face cachée de l’outre-Rhin à le lire et à le faire lire.
    Polémia
    Le livre de Thilo Sarrazin paru en 2010 a été traduit en français en 2013 aux éditions du Toucan, sous le titre L’Allemagne disparaît. On ne saurait mieux faire que d’en recommander la lecture.
    Ce livre a connu, en effet, un succès d’édition impressionnant en Allemagne qui a pourtant valu à son auteur – homme de gauche – la diabolisation, la démission, en septembre 2010, du directoire de la Bundesbank et la quasi-exclusion de son parti, le SPD.
    Un crime contre la pensée
    Cet essai jugé hérétique et promis au bûcher médiatique n’est pourtant ni un brûlot ni un pamphlet, mais un gros rapport (près de 500 pages dans l’édition française), très documenté, comportant force références (plus de 500 notes), tableaux et diagrammes. Cela explique d’ailleurs son succès outre-Rhin.
    Quel crime contre la pensée Thilo Sarrazin a-t-il donc commis ?
    Celui d’affirmer, preuves à l’appui, que l’effondrement de la démographie des Allemands de souche provoquait la transformation radicale du pays ; d’affirmer aussi qu’il préférait une Allemagne allemande plutôt qu’une Allemagne où les femmes sortiraient voilées et où la majorité de la population serait d’origine immigrée – et de préconiser enfin différentes mesures visant à inverser la situation.
    La guerre contre l’intelligence
    Le livre de T. Sarrazin ne traite pas uniquement de l’immigration turque, loin de là. Son ambition se révèle plus vaste.
    Il se consacre en effet principalement à la question de la transmission du savoir, des valeurs et de la compétitivité industrielle de l’Allemagne.
    Selon lui, les performances allemandes reposaient, dès le XIXe siècle, sur un enseignement professionnel et universitaire de très bon niveau qui garantissait l’existence d’une couche importante de compétences dans la population. À cette époque la moitié des publications scientifiques se faisaient d’ailleurs en allemand.
    Aujourd’hui le niveau d’exigences scolaires et universitaires ne fait que baisser, à la différence de ce qui se produit en Inde ou en Chine, alors que la seule ressource de l’Allemagne réside dans sa matière grise. L’enseignement diminue notamment les exigences en matière de mathématiques et de maîtrise de la langue : or, il s’agit de deux disciplines essentielles pour l’acquisition ultérieure de compétences universitaires et scientifiques et pour l’accès au marché du travail, car le retard pris en ces domaines ne se rattrape quasiment jamais. Cela résulte en partie des difficultés de scolarisation d’enfants d’origine immigrée mais pas seulement : les utopies pédagogiques nées des années 1960 ont aussi leur part de responsabilité.
    La société des assistés
    T. Sarrazin met ensuite en lumière la progression numérique au sein de la société allemande d’un groupe social qui vit désormais des transferts sociaux et non plus de son travail. L’expansion de ce groupe résulte d’abord des personnes qui, faute de compétences suffisantes, n’arrivent pas à s’employer sur un marché où l’emploi non qualifié régresse constamment. Mais elle provient aussi des minima sociaux généreux qui dissuadent d’occuper un emploi. Ces transferts augmentent en outre en fonction du nombre d’enfants, à la différence des salaires.
    La fin de l’immigration du travail
    Ce groupe se renforce enfin du fait de l’immigration et du regroupement familial car les minima sociaux procurent de toute façon des revenus bien supérieurs à ce que les immigrants ne pourraient jamais obtenir en travaillant dans leurs pays d’origine.
    Pour T. Sarrazin ces minima sociaux obtenus sans aucune contrepartie enferment ceux qui en bénéficient dans une situation de non-emploi et de non-performance : il est beaucoup plus intéressant de bénéficier de ces transferts qui, ajoutés à un peu de travail au noir voire à quelques trafics, vont procurer finalement une situation beaucoup plus favorable que celle d’une personne qui ferait l’effort de travailler en Allemagne pour un faible salaire.
    Selon T. Sarrazin, qui compare sur ce plan les politiques sociales allemande et nord-américaine, c’est la raison principale du « chômage » et de la mauvaise intégration de certains immigrés en Allemagne.
    L’intégration en échec
    Son analyse n’est à vrai dire pas excessivement originale, s’agissant des effets pervers des minima sociaux, sinon qu’elle provient d’un homme de gauche. Par contre, elle devient hérétique quand elle contredit le discours compassionnel et victimaire stéréotypé de l’oligarchie vis-à-vis de l’immigration : car pour lui les immigrés ne viennent plus en Allemagne chercher du travail mais seulement des minima sociaux.
    Il aggrave son cas en montrant en outre l’absence d’homogénéité dans l’intégration des immigrés puisqu’il affirme que globalement ceux de religion musulmane réussissent le moins : ils cumulent les moins bonnes performances scolaires, le plus gros taux de non-emploi, la plus forte proportion de comportements à risques – enfin, le plus gros taux de natalité.
    Attention ! L’auteur ne se rendrait-il pas coupable d’islamophobie en affirmant cela ? Voilà qui est insupportable quand on se nomme Sarrazin…
    La coupe est pleine
    La coupe de l’hérésie est pleine quand T. Sarrazin reprend l’analyse de tous ces facteurs sous l’angle de la question démographique. Les Allemands de souche font de moins en moins d’enfants, à la différence de ceux qui vivent des transferts sociaux et des immigrés de religion musulmane, donc du groupe qui présente les moins bonnes performances scolaires. Par conséquent, le ratio actifs/inactifs va fatalement continuer de se dégrader, l’Allemagne va perdre en compétitivité et, dans un horizon temporel proche, les personnes d’origine allemande deviendront minoritaires par rapport à celles de religion musulmane dans leur propre pays. L’Allemagne finira ainsi par s’éteindre, comme dans l’un des scénarii qu’il évoque à la fin de son livre.
    Un livre contre la résignation
    On ne saurait, bien sûr, résumer en quelques lignes un tel ouvrage sans le trahir.
    Mais on comprend pourquoi l’analyse de T. Sarrazin ne passe pas auprès d’une oligarchie qui, à Berlin, à Bruxelles comme à Paris, ne cesse d’appeler au « grand remplacement » des Européens. A fortiori quand l’auteur refuse la résignation et préconise de fermes mesures pour inverser la tendance qu’il croit déceler : révision des minima et des transferts sociaux, respect de l’obligation scolaire et abandon du « Multikulti » et surtout mesures visant à encourager la natalité des autochtones !
    Quel crime contre la pensée, qui nous renvoie bien sûr « aux-heures-les-plus-sombres-de-l’histoire-allemande », hurlent les bien-pensants ! Mais cela ne l’a pas empêché d’avoir plus de 2 millions de lecteurs outre-Rhin. En Allemagne aussi le pays réel ne correspond donc plus au pays médiatiquement légal.
    La lecture de L’Allemagne disparaît donne donc à réfléchir. Car au-delà des spécificités allemandes, son livre procure un sentiment désagréable de déjà vu.
    Ne sommes-nous pas tous des Allemands que l’on veut aussi éteindre et remplacer ?
    Michel Geoffroy, 3/12/2013
    Thilo Sarrazin, L’Allemagne disparaît, éditions du Toucan, mars 2013, 496 pages
    Titre original : Deutschland schafft sich ab (DVA, Munich, 2010)
    Traduction de l’allemand : Jean-Baptiste Offenburg
    http://www.polemia.com/lallemagne-disparait-de-thilo-sarrazin/