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  • Un numéro hors série de PRESENT a ne pas manquer

    A quelques jours des élections municipales : parution demain après-midi, 18 mars, d’un numéro hors série de PRESENT Present

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • Tsahal et les juifs orthodoxes

    Plusieurs centaines de milliers de juifs orthodoxes ont récemment manifesté à Jérusalem contre le projet de les enrôler dans l’armée et de leur imposer, comme à tous les citoyens israéliens, le service militaire obligatoire. Par des prières en pleine rue, ils protestent contre un projet de loi qui a été débattu au Parlement la semaine du 10 mars 2014. Cette nouvelle loi permet, pour la première fois depuis la fondation de l’Etat d’Israël en 1948, de prendre des mesures répressives contre les jeunes orthodoxes qui ne donnent aucune suite à l’ordre de rejoindre l’armée.
    De tous les coins du pays, les ressortissants de tous les courants possibles et imaginables de l’orthodoxie juive s’étaient rendus à Jérusalem pour participer aux manifestations. La police a estimé leur nombre à plusieurs centaines de milliers. Un porte-paroles des forces de l’ordre a déclaré que 3500 policiers avaient été déployés pour éviter les débordements comme lors des manifestations précédentes.
    Les juifs, qui suivent à la lettre les préceptes de leur religion, refusent généralement le service militaire en arguant que cela les empêche de pratiquer leurs rituels. En effet, dans l’armée israélienne, il n’y a pas de séparation nette entre hommes et femmes et le commandement exige souvent de mener des missions à bien le samedi, jour sacré de repos pour les juifs orthodoxes. Plusieurs milliers d’hommes ultra-orthodoxes servent pourtant déjà dans des unités spéciales de l’armée. Il y a deux ans, le Tribunal Suprême de l’Etat d’Israël avait décrété que le fait de libérer les juifs orthodoxes du service militaire était un expédient anti-constitutionnel. Cet expédient date de l’époque de la fondation de l’Etat hébreu en 1948. A l’époque, on ne comptait que 400 objecteurs de conscience ultra-orthodoxes par an. Mais, aujourd’hui, le taux de fécondité des familles orthodoxes est nettement supérieur à celui des autres strates de la population, marquées par le mode de vie occidental et dès lors moins religieuses.
    De nos jours, le nombre d’hommes orthodoxes libérés de tout service militaire est estimé à 60.000 ou 70.000. Ce débat houleux sur le service militaire avait fait tomber la grande coalition du premier ministre Benjamin Netanyahou en 2012. La majorité des Israéliens, selon les sondages, réclame l’abolition des privilèges liés à la religion.
    Jan Ackermeier.
    (article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°10/2014, http://www.zurzeit.at ).

  • GPA : La Cour de cassation confirme sa jurisprudence

    Décision de ce jour, refusant la transcription dans l'état-civil d'un enfant conçu par location d'utérus :

    "Attendu qu’en l’état du droit positif, est justifié le refus de transcription d’un acte de naissance fait en pays étranger et rédigé dans les formes usitées dans ce pays lorsque la naissance est l’aboutissement, en fraude à la loi française, d’un processus d’ensemble comportant une convention de gestation pour le compte d’autrui, convention qui, fût-elle licite à l’étranger, est nulle d’une nullité d’ordre public selon les termes des deux premiers textes susvisés ;

    Attendu, selon l’arrêt attaqué, que l’enfant C est né le 2 juin 2010 à Mumbai (Inde), de Mme Y... et M. X... lequel, de nationalité française et résidant en France, l’a reconnu ; que le 23 juillet 2010, ce dernier a demandé la transcription de l’acte de naissance de l’enfant sur les registres français de l’état civil, demande à laquelle le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Nantes s’est opposé ;

    Attendu que, pour ordonner cette transcription, la cour d’appel a énoncé, d’une part, que la régularité de l’acte de naissance n’était pas contestée, ni le fait que M. X... et Mme Y... fussent les père et mère de l’enfant, de sorte que l’acte était conforme aux dispositions de l’article 47 du code civil, d’autre part, que la fraude à la loi invoquée par le ministère public pouvait ouvrir à celui-ci, le cas échéant, l’action en contestation prévue par l’article 336 du code civil, mais ne conduisait pas pour autant à juger que l’acte de naissance était, par lui-même, contraire à l’ordre public ;

    Qu’en statuant ainsi, alors qu’elle avait retenu que les éléments réunis par le ministère public établissaient l’existence d’une convention de gestation pour le compte d’autrui entre M. X... et Mme Y..., caractérisant ainsi un processus frauduleux dont la naissance de l’enfant était l’aboutissement, ce dont il résultait que l’acte de naissance de celui-ci ne pouvait être transcrit sur les registres de l’état civil français, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;

    PAR CES MOTIFS :

    CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt rendu le 15 janvier 2013, entre les parties, par la cour d’appel de Rennes ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Paris.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2014/03/gpa-la-cour-de-cassation-confirme-sa-jurisprudence.html

  • Prisonnier politique, manifestation de soutien à Maxime

    A l’appel du Collectif des Avocats contre la Répression Policière (CARP) et de Solidarité pour Tous, 200 personnes se sont rassemblées parvis des droits de l’Homme au Trocadéro pour soutenir Maxime condamné à 18 mois de prison dont 6 fermes, Hervil, qui est poursuivi pour avoir brandi une banderole « Hollande démission », et bien d’autres.

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

     

     

  • Incroyable -- Nicolas Sarkozy, c'est 78% d'immigration de plus que sous Jospin !

  • Jean-François Copé dénonce le « plan caché » du gouvernement !

    On s’émeut ici et là, Jean-François Copé donnerait dans la « théorie du complot », dialectique propre à l’extrême droite
    Jean-François Copé tire la sonnette d’alarme dans Le Magazine de L’Union, la revue trimestrielle de l’UMP. Le gouvernement aurait « un plan caché » pour après les municipales, un plan qui serait déjà « en préparation dans les ministères » : « droit de vote des étrangers, augmentation des impôts pour les classes moyennes avec la fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu, ouverture de la PMA pour tous et légalisation de la GPA, réforme Taubira qui vise à éviter aux condamnés de passer par la prison… »
    On s’émeut ici et là, Jean-François Copé donnerait dans la « théorie du complot », dialectique propre à l’extrême droite. Pourtant, « plan caché », c’est plutôt gentil. Et même flatteur. Car qui dit plan dit organisation, et qui dit caché dit silence, et dans le joyeux boxon cacophonique qui règne actuellement au sommet de l’État, « imprécis », feignant d’apprendre par voie de presse ce qui le concerne au premier chef, dont la main droite s’étonne de ce que fait la main gauche, imaginer Hollande en fin stratège au sourire sardonique, envoyant en mission secrète ses ministres machiavéliques, relève de la flagornerie.
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  • Maurras : Une pensée, une école, une aventure

    Il existait encore un long inédit de Maurras. De Victor Nguyen à Pierre Boutang, tous les maurrassiens sérieux en parlaient avec émotion. Il s’agit d’une correspondance, étalée sur quarante-deux ans, entre le maître de l’Action française et son ancien professeur au Collège d’Aix, devenu évêque de Moulins : Mgr Jean-Baptiste Penon. Cette correspondance vient de paraître. Sur 800 pages.
    Au commencement de tout, il y a un jeune orphelin de père supérieurement doué, qui devient sourd à l’âge de quatorze ans. Il sent que la vie se ferme à ses appétits en éveil. Il pressent la fin. Incapable de suivre le moindre cours collectif, il ne pourra pas avoir accès à la culture que réclame sa précoce intelligence. Il se trouve qu’un jeune prêtre de trente-cinq ans, « le meilleur helléniste du diocèse » dit-on, a entendu parler de ce gâchis. L’abbé Penon enseigne dans les grandes classes. Peu importe ! Il se chargera du jeune Charles, qui, sans aucun débordement inutile, le considère désormais comme une sorte de second père. C’est à cet abbé Penon, point timoré, que l’on doit la montée à Paris, à l’âge de dix-sept ans, du jeune Charles, les premières recommandations (en particulier aux Annales de Philosophie chrétienne) et les premiers articles du poulain-prodige : « Je ne quitte jamais son tombeau de Simiane, où je vais plusieurs fois par an, écrit Maurras en 1945, sans lui rendre l’hommage que Jacques Bainville était bien moins fondé à m’adresser : “Hors le jour, je lui dois tout”. »
    Mgr Penon est bien l’image du père pour le jeune journaliste. « Cher Maître », Charles lui écrira toute sa vie, en lui donnant le titre que l’on ne tarde pas à lui reconnaître à lui-même, autour de Saint-Germain-des-Prés, dans ce Café de Flore où, coquetterie 1900, se pensait et se rédigeait cette “revue grise” que fut la première Action Française. Jusqu’à sa mort, Maurras appelle Penon « Cher Maître », comme pour reconnaître son autorité, si bénéfique, sur sa jeune vie de sourd et d’orphelin.
    Cette correspondance Penon-Maurras, on l’aura compris, n’est donc pas anecdotique : elle a lieu entre un fils et son père d’élection. Comme à un père, le jeune homme se confie. Comme à un père, il ne dit pas tout, loin de là. Il garde pour lui (et, bien plus tard, pour les lecteurs du Mont de Saturne) ses premières fredaines. Entre ce père spirituel et ce fils turbulent, curieux de tout, vibrant à tout, prêt à tous les paroxysmes, ce qui domine, avec une confiance mutuelle qui semble inépuisable, c’est une incompréhension quasi totale. Notons au passage que Maurras sera monarchiste de la même façon qu’il fut fidèle à son ancien maître : avec toute sa confiance envers les princes successifs, mais dans une perpétuelle incompréhension. Je crois que c’est avant tout cette indifférence d’un jeune intellectuel aux avis du père, pourtant reconnu comme tel, qui fait l’intérêt extraordinaire de la pensée maurrassienne.
    Dualité
    Jamais dogmatique, essentiellement libre, mais aussi viscéralement fidèle, comme seuls peut-être le sont ceux à qui la vie a permis de se choisir un père, le jeune homme semble se complaire dans cette dualité qui sera la grande fécondité de sa vie. Liberté, fidélité, c’est le cocktail détonnant qui fait le charme non périmé de la prose maurrassienne. On peut décliner ce duo à l’infini : insolence et respect ; indépendance et attachement ; classicisme et originalité. Ou encore : hussardise et philosophie.
    Le différend qu’il entretiendra toute sa vie avec le philosophe catholique Maurice Blondel, ex-camarade de collège et voisin, provient sans doute du choc entre l’univers duel du jeune écrivain et l’obsession unaire du métaphysicien et théologien. Maurras déroute parce qu’il se complaît dans cette vision du monde en partie double, qui suppose la pratique permanente de l’analogie : « Je ne sais rien au monde de plus passionnant que la contemplation des racines divergentes de l’être » murmure le dandy. Et de reprocher à Blondel la confusion universelle qu’il entretient entre les ordres, sous le signe ambigu du grand Un, comprenez bazar et compagnie : « Blondel triomphe en vérité en me montrant que sa thèse aboutit à l’unification absolue de tout, au lieu que je suis obligé, comme je l’avoue tristement, de me dédoubler en une foule de circonstances. ».
    Simple coquetterie d’homme de lettres, cette profession de duplicité ? Point du tout. Le très jeune homme (cette lettre date de 1890, Maurras a vingt-deux ans) poursuit ardemment : « Par exemple, ma métaphysique intérieure aboutit au pessimisme, noir et gris, teinté de vagues roses par l’art libérateur. Moralité : la fin du monde, l’extinction de l’humanité et par conséquent des nations, dilettantisme et décadentisme. » On pense aux gothiques d’aujourd’hui : Maurras est hanté par la mort qui marque toute vie du sceau de l’absurdité. La tentation du suicide le poursuit : « Depuis trois semaines, écrit-il par exemple à son mentor, qui ne saisit jamais ce genre d’aveu au bond, tout ce que je vois est gris, d’un gris mortel. Je ne sais pas comment je vis. Je suis allé ce matin corriger mes épreuves, c’est fétide. J’ai besoin de me débarbouiller. D’abord, je m’en vais prendre un bain de Seine »...
    Dandysme ?
    À l’attention de tous les zoïles, on ne redira jamais assez que le grand inspirateur allemand de Maurras, ce n’est pas Nietzsche, qu’il connaît peu, c’est Schopenhauer et son pessimisme radical. Alors ? Va-t-on en rester là ? Maurras aurait pu faire un dandy parisien baragouinant un provençal sommaire à l’usage des gogos et s’amusant à répéter dans l’ordre et dans le désordre les trente beautés de Martigues. Maurras aurait pu être une sorte de Rémy de Gourmont, personnage s’adonnant à la fois aux études abstraites sur la formation des idées, à la fréquentation assidue des “femmes de Paris” et aux rêveries esthétisantes sur le latin mystique. Invoquer la dualité (ou « les racines divergentes de l’être »), pour justifier cette fatalité fin de siècle, c’est se payer de mots inutiles !
    La dualité maurrassienne n’est pas anecdotique (comme la vie d’un dandy) mais fondatrice ; elle n’est pas dissolvante mais constructrice.
    Tout son génie se trouve dans cette horreur d’une mort aperçue et dans cet amour immodéré des conditions, intellectuellement senties, du salut moral et mental. L’horreur ? Les systèmes philosophiques mortifères, parce qu’ils se déclinent tous selon le mode purement artificiel ou idéal de l’Un ; l’enthousiasme ? L’observation d’une constante, purement factuelle ou empirique, capable d’introduire à la vérité qui est « la grande passion de [sa] vie » : « Vous voulez m’exhorter, lance-t-il aux oreilles de son mentor, à ne m’emballer pour rien, attendre que tout passe. Je répondrai ce que tout bas j’ai pensé lorsqu’on me donna ce conseil : c’est là une devise de marmotte ou d’eunuque. Et puis, elle est impraticable, parce que l’on s’emballe toujours pour quelque chose. »
    L’abbé Penon, à cette époque, ne comprend plus grand chose à son élève ; il se contente de lui reprocher un emploi jugé quasi compulsif des néologismes à la mode. L’élève se sauvera donc lui-même. Oublié le pessimisme et le décadentisme ! « J’ai d’autre part un système de sociologie pratique, et là, le postulat de toute société étant l’ambition de vivre, je tâche d’organiser, [de] préciser les conditions de la vie. ».
    Maurras, il ne faut pas l’oublier, collabore régulièrement depuis un âge tendre, à La Réforme sociale, revue fondée pour propager les analyses du sociologue catholique Frédéric Le Play. Saturé d’esthétisme, il voit dans la sociologie le domaine par excellence de l’ordre et de la vie. Qui a dit qu’il était entré en politique à cause de l’Affaire Dreyfus ? Nous avons dans cette lettre de ses vingt-deux ans tout l’élan du maître de l’Action française, entre agnosticisme métaphysique et engagement politique.
    Loin du fascisme
    Si l’on poursuit ce texte, décidément instructif, on perçoit cependant une gêne dans l’enthousiasme reconstructeur du jeune chercheur de vérité : « Vous savez à quelles conclusions autoritaires cela aboutit chez moi, écrit-il : césarisme politique et religieux, comme dans l’Europe du Moyen Âge et la Russie d’aujourd’hui. Dieu ou son idée en serait le couronnement naturel. La liberté de l’art en serait exclue. Alors, je m’arrête là, laissant la construction décoiffée de son toit ».
    Je m’arrête là ? Et pourquoi donc ? Parce que la dualité réelle (le couple autorité-liberté) risque de succomber au démon de l’Un sous sa forme politique, « le césarisme ». Dans ce texte, on peut dire que Maurras voit de loin le dénouement éventuellement totalitaire de ses aspirations reconstructrices. Le Moyen Âge apparaît ici comme un repoussoir. Il préfère jeter l’éponge, il n’est pas prêt, comme le fut Platon, à payer de « la liberté de l’art » son besoin de reconstruction. Il ne sacrifiera pas la liberté à l’autorité. La tentation fasciste, épouvantable et impossible apogée de l’Un, se trouve ici comme conjurée d’avance. Seule la monarchie réalise cette dualité subsistante d’autorité et de liberté, qui exauce le voeu secret du penseur. Mais il le comprendra plus tard.
    Itinéraire
    En 1890, Maurras n’est pas encore monarchiste. En 1892, il se félicite vivement du Ralliement de l’Église à la République : « La monarchie traditionnelle, l’idée orléaniste est morte et je crois que le pape a raison d’éloigner le clergé de ce cadavre ». S’il est si péremptoire, c’est avant tout en raison du peu d’estime que lui inspire le personnel politique “de droite”, qu’il fréquente pourtant assidûment dans les revues catholiques où son mentor ecclésiastique l’a introduit : « Voilà la grande question dans tout ce parti, ce sont les personnes. Ils sont toujours les carabiniers d’opéra comique qui arrivent trop tard. » « Il n’y a personne, personne. Le comte de Paris est à la chasse. Les De Mun et autres sont des nigauds. Et la droite d’ailleurs est aussi pourrie que la gauche. »
    Maurras n’entrera en politique qu’à travers le combat régionaliste, au moment où il se fait chasser du Félibrige de Paris, innocente assemblée de vieux Provençaux ronfleurs, dérangée par la fougue de quelques jeunes gens. Motif de l’exclusion ? Ces jeunes ne se contentent pas de parler provençal. Leur accent du reste est souvent déplorable. En revanche, ils n’hésitent pas à faire de la politique, au risque de déplaire en haut lieu. Avec son ami Frédéric Amouretti, notre jeune Rastignac fonde un groupe dissident : l’école félibréenne de Paris.
    Les lettres à Mgr Penon permettent de situer assez précisément ce moment - autour de 1892 - où entre le maître et le disciple les rôles vont s’inverser : le décadentiste suicidaire devient un enthousiaste de la « décentralisation » comme il disait déjà.
    La lettre du 15 décembre 1892 me semble particulièrement significative de l’envol ; l’agnostique trouve des accents de néophyte pour en remontrer à son curé, qui a osé sourire de l’ambition félibréenne : « J’ai moi aussi des sourires en réserve pour toutes les opinions, principalement les miennes. Tout ce qui m’est intérieur peut d’ailleurs susciter la gaieté ou la mélancolie, je vous avoue que je n’en ai point souci. Mais le Félibrige est une doctrine que je prêche. J’y ai converti à Paris pas mal de gens, jeunes et vieux. Et comme elle n’a absolument rien d’immoral, ni d’irréligieux, comme elle ne peut choquer en rien aucune des idées auxquelles vous tenez plus qu’à votre vie, il me paraît singulier que vous assembliez des plaisanteries ou des statistiques contre elle. » Il y a bien quelque chose de filial dans cette colère, qui jaillit en même temps que persiste la volonté de « ne pas choquer » le père qu’on s’est choisi. L’éclat passé, avec sa grandiloquence presque adolescente, l’intelligence jaillit. La formule de l’espérance politique que Maurras assène à son mentor semble déjà gravée dans le marbre. Elle ne variera pas : « Sachez donc (vous qui souriez du Félibrige) que la seule cause de la faiblesse de la Province, c’est l’apathie des provinciaux, et que, s’ils voulaient secouer cette apathie dont la cause n’est point en eux, mais bien dans le régime absurde qu’ils subissent, toutes les forces innombrables de la nature et de l’histoire s’éveilleraient en leur faveur et seconderaient la révolte de leurs intérêts. »
    Les idées lorsqu’elles naissent
    Il est émouvant d’observer les idées lorsqu’elles naissent. Tout Maurras est là. Dans cet appel aux forces de l’histoire, nous avons l’empirisme organisateur. Dans l’invocation à la nature nous trouvons déjà ce que le penseur politique nommera plus tard la politique naturelle. Lorsque le jeune homme, qui n’est pas encore monarchiste avoué met en cause « le régime absurde », nous pouvons à bon droit identifier le “Politique d’abord”. Enfin la mention de « l’intérêt » des provinciaux rappelle fortement les polémiques qui auront lieu dans les années trente et aussi dans les années cinquante, autour de l’expression : intérêt national.
    Malgré les remontrances de néo-thomistes convaincus, parmi lesquels Marcel Clément, directeur de L’Homme Nouveau, Maurras se gardera toute sa vie de parler du “bien commun”, parce qu’il considère qu’il n’y a pas d’idée du Bien qui soit commune à tous les Français. Ce qui peut et doit les unir, c’est la perception bien comprise de leur intérêt commun, qui est national, qui est européen (ou ici provincial). Ainsi qu’il l’expliquera encore en 1950, dans la préface d’un petit livre que l’on vient opportunément de rééditer L’Ordre et le Désordre : « Les antagonismes réels de la conscience moderne sont nombreux et profonds. Les principes de conciliation ne sont pas nombreux. Je n’en connais même qu’un. Quand sur le divorce, la famille, l’association, vous aurez épuisé tous les arguments, pour et contre, sans avoir découvert l’ombre d’un accord, il vous restera un seul thème neutre à examiner, à savoir ce que vaut tout cela au point de vue pratique de l’intérêt public. ».
    En 1892, Maurras voulait incarner « la révolte des intérêts ». En 1950, il explique que l’intérêt national est le seul principe d’unité entre les Français et il voit dans ce nationalisme l’incarnation de la véritable laïcité, respectueuse du Spirituel, dont elle entend « accueillir toutes les manifestations nobles sous leurs noms vrais et leurs formes pures », avec une priorité historique au catholicisme, qui a forgé l’identité française. La direction de pensée est foncièrement identique ; l’application des principes étonnamment souple.
    Qui l’eût cru ? Procédant d’une quête de l’espace neutre où par la collaboration de tous, l’unité nationale peut se réaliser, le nationalisme maurrassien apparaît comme une forme concrète de l’idéal laïc, tel que le formulait le 20 décembre dernier Nicolas Sarkozy, sous le plafond baroque de Saint Jean de Latran dont il fut fait chanoine.
    L’aujourd’hui de l’Action française
    Alors ? Plus que jamais, pour échapper aux idées toutes faites, il faut relire Maurras dans le texte. Au lieu de nous proposer une idéologie fermée sur elle-même, il nous offre les outils qui lui ont servi pour créer sa liberté intérieure. La caisse à outils est loin d’être périmée. Encore faut-il qu’on ne craigne pas de manipuler les instruments qu’elle met à notre disposition. Être maurrassien aujourd’hui, ce n’est pas s’affubler de telle ou telle étiquette et s’en satisfaire, c’est savoir se servir de ces outils ! Au-delà des idéologies, les “hard” ou les “soft”, loin de tous les prêt-à-penser, une école d’Action française sera pour tous et chacun une école de la liberté personnelle, et pour la France un laboratoire fécond en découvertes, si elle entreprend de « travailler à bien penser ». Avec les instruments universels que forgea, dans les brumes parisiennes de la fin du XIXe siècle, un jeune Rastignac monté de sa Provence.
    l'abbé Guillaume de TANOÜARN L’Action Française 2000 n° 2739 – du 3 au 16 janvier 2008
    * Dieu et le Roi, Correspondance entre Charles Maurras et l’abbé Penon (1883-1928). Présentée et commentée par Axel Tisserand, éd. Privat, 2007, 752 p. (avec index), 30 euros.
    * Charles Maurras : L’Ordre et le Désordre, rééd. Carnets de l’Herne, 2007, 124 p. 9,50 euros.

  • Voile : offensive musulmane à l'école

    Selon Le Figaro, les mères voilées repartent à l'offensive pour abroger la circulaire Chatel de 2012 interdisant les sorties scolaires aux accompagnatrices voilées. Mais elles n'agissent pas seules. Il y a derrière elles le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF). Se disant indépendant, cet organisme de lutte contre l'islamophobie a déjà été pointé pour avoir manifesté sa volonté de rendre l'islam majoritaire en France. Marwan Muhammad, porte-parole de cet organisme, avait lors d’une conférence tenue à la mosquée d’Orly, reconnu que l’islam est un système social global -donc totalisant- et espéré que la société française deviendra islamique.

    Au Blanc-Mesnil (93), les mamans du collectif «Sorties scolaires: avec nous!» viennent d'envoyer une lettre au ministre de l'Éducation lui demandant un rendez-vous. Le ministère de l'Éducation n'a pas indiqué quelle suite il comptait donner à cette demande. 4 ou 5 écoles sur la trentaine que compte la commune ont fini par céder aux revendications. À Lyon et à Bordeaux, elles s'organisent aussi avec succès. Idem dans le Nord, à Noyelles-sous-Lens. À Nice, une mère voilée vient de saisir la justice administrative.

    Michel Janva

  • Jean Sévillia : « Apocalypse, des lieux communs sur le plan historique »

    INTERVIEW - Écrivain et journaliste, Jean Sévillia est aussi historien, auteur de nombreuses biographies et d'essais comme, tout ­récemment, L'Histoire passionnée de la France, éd. Perrin.

    LE FIGARO. - Qu'est-ce que vous avez ressenti en visionnant les deux premiers épisodes de la série?

    Jean SÉVILLIA. - Ce sont des documents visuels extrêmement intéressants, sans doute inédits, des images que je n'avais jamais vues nulle part. Par exemple celles qui montrent l'offensive turque en Crimée où on voit un chien qui déterre et mange un cadavre. J'ai trouvé le découpage du documentaire satisfaisant. On a bien cette impression d'une ­Europe insouciante, ceci pendant le printemps et l'été 1914, même après l'attentat de Sarajevo. Puis, c'est l'engrenage, l'ultimatum à la Serbie, le déclenchement de la guerre, les mouvements des combats, tout cela est bien restitué de façon claire et pédagogique.

    Avez-vous été satisfait par le commentaire d'Isabelle Clarke et de Daniel Costelle?

    Non, je trouve décevant que certaines phrases ressortent des vieux mythes de gauche, des lieux communs risibles sur un plan historique.

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