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  • Sabatina James, musulmane convertie au catholicisme

    Aleteia raconte l'histoire de Sabatina James, une Pakistanaise de 31 ans convertie de l'islam au catholicisme. Une belle histoire, pleine d'espérance quant à la conversion des musulmans.

    Topic

    "La mise en garde de la communauté islamique, au sein de laquelle elle a grandi, est toujours présente en elle : chez les chrétiens il n'y a pas de personnes saintes, leurs églises sont vides et leurs maisons closes pleines. Mais les symboles catholiques l'attirent, l'image de Dieu qui choisit de souffrir sur la croix la bouleverse. Une première chose la frappe : la différence entre la crainte de Dieu professée par les chrétiens, basée sur l'amour, et la crainte de Dieu des musulmans, basée sur la peur. Son ami chrétien lui lit des passages de la Bible qui lui donnent paix et sérénité, comme jamais le Coran ne l'avait fait.

    Sabatina se souvient de ces jours-là : « Le Christ manifestait de la miséricorde envers les femmes adultères, alors que Mahomet permettait qu'elles soient lapidées. Plus je lisais le Coran, plus je sentais de la haine envers ceux qui étaient différents ; en revanche, en tant que chrétienne, je sens de l'amour envers ces personnes et je leur souhaite de recevoir le même amour que, moi, j'ai ressenti à travers Jésus ».[...]

    Rappelons à l'occasion de cette belle histoire le forum Jésus le Messie, dédié à la conversion des musulmans, qui se tiendra les 9 et 10 mai à ND de Grâce de Passy. Pour les inscriptions, c'est ici.

    Marie Bethanie

  • Pour connaître Maurice Bardèche l’insoumis par Pierre LE VIGAN

    Polémiste, écrivain politique, critique littéraire, Maurice Bardèche (1907 – 1998) a été tout cela. Son image reste sulfureuse. Elle l’est même beaucoup plus que dans les années 1950, preuve que nous avons fait un grand pas vers le schématisme, l’intolérance et l’inculture. Philippe Junod, aidé de sa femme, a voulu mieux faire connaître celui qui fut le beau-frère et l’ami de Robert Brasillach mais qui avait, bien entendu, son tempérament, ses goûts et son histoire propres. Le pari de mieux connaître Bardèche est tenu dans le cadre des Cahiers des Amis de Robert Brasillach.

    Officiellement apolitique jusqu’en 1945, ses activités hors enseignement n’allèrent guère au-delà, sous l’Occupation, d’essayer de sauver Jean Cavaillès. Plus handicapé qu’aidé par ses liens familiaux trop voyants, il passe de maître de conférence à la Sorbonne à professeur à l’Université de Lille où il n’avait aucune attache.

    Ce qu’il ressort des études consacrées à Bardèche, est l’unité de sa vision des choses, du politique au littéraire. Cela ne veut évidemment pas dire que l’on soit obligé d’être « fasciste » pour, en même temps, lui reconnaître d’avoir beaucoup apporté à la connaissance de Balzac ou de Proust.  Mais il faut reconnaître que ce qu’il appelle « fascisme » est en fait quelque chose qui va au-delà d’un épisode historique, aussi important qu’il ait été (et sachant qu’il fut définitivement clos en 1945). Au-delà : c’est-à-dire une critique de la domination de l’économie sur nos vies, et une critique de la domestication de l’homme par le monde moderne.

    Bardèche était non pas un homme de concepts mais un homme de principes. Il  été pionnier en maints domaines dans une large mouvance intellectuelle : la critique de la « conscience universelle », c’est-à-dire l’appareil idéologique du nouvel ordre mondial américain, le refus de l’uniformisation planétaire par le règne des marchands, le souci de la liberté des peuples et de la continuité de ceux-ci qui doivent rester fidèles à leurs instincts (thèse assez rousseauiste), l’appel à l’indépendance de l’Europe. Pour des raisons parfaitement évidentes, il était conscient de ne pouvoir être à la bonne distance pour juger de l’action du général de Gaulle. Aussi demandait-il des avis autour de lui. Il faisait partie de ceux qui, à tort ou à raison (je m’interroge moi-même), ne prenait pas au sérieux la troisième voie gaullienne.

    De la création du modeste Mouvement social européen, qui n’était certes pas un mouvement de masse, à novembre 1982, date de la parution du dernier numéro de sa revue Défense de l’Occident (elle accueillit quelques uns de mes premiers articles), fondée trente ans plus tôt, Bardèche a été le principal « doctrinaire » (mais on hésite à employer ce terme un peu trop sec et désincarné)  mais plus encore le principal écrivain du nationalisme européen.  Il a permis à beaucoup de ceux qui l’ont lu d’aller au-delà, ou ailleurs, preuve que c’était avant tout un homme libre, un rebelle non aligné.

    Les témoignages regroupés dans le Cahier des A.R.B., souvent chaleureux, mais aussi bien sûr parfois critiques, aident à mieux connaître celui que l’on veut réduire à des caricatures, tant notre époque aime les idées simples, et fausses de préférence. Ce sont les idées les plus confortables, et notre époque aime son petit confort. Un excellent libraire, bibliophile de province, juif, et parfaitement (sic) de gauche me disait, à propos de la biographie de Balzac par Bardèche (Julliard, 1980) : « Il faut reconnaître que c’est quand même la meilleure des études parue sur Balzac ».

    Pierre Le Vigan

    • Cahiers des amis de Robert Brasillach, « Maurice Bardèche l’insoumis », n° 51 – 52, courriel : brasillach@europe.ch

    • D’abord mis en ligne sur Métamag, le 20 mars 2015.

    http://www.europemaxima.com/

  • Premier mai. Les syndicats, combien de divisions ?

    Les syndicats ont donc organisé leur traditionnel défilé unitaire en ordre dispersé. Pas grave, ne défendant plus les intérêts des Français, ils n’intéressent plus grand monde.

    Ah, les beaux défilés unitaires ! Tellement unitaires que ce sont trois cortèges qui ont battu le pavé parisien. À ma gauche, la CGT, la FSU et l’UNSA défilent côte à côte contre l’austérité. À ma gauche aussi, la CFDT organise un carnaval (pardon, un « festival »), histoire d’attirer les jeunes, avec concerts, tables rondes et espaces relaxation. À ma… gauche encore, FO, décidée à défendre, dans l’esprit du 11 janvier « la démocratie » et « les libertés de pensée et d’expression », sur fond de montée croissante du Front national. Chacun de son côté, mais dans l’unité continentale, puisque les mots d’ordre du défilé CGT sont repris au niveau européen par la confédération des syndicats. « Solidarité internationale des travailleurs pour la paix, le progrès et la justice sociale. Non à l’austérité en Europe » affiche la banderole de tête du défilé CGT/FSU/UNSA.

    Sans rentrer dans les querelles de chiffres, notons tout de même que la CGT a revendiqué 110 000 manifestants à travers la France (65 000 de source policière) et 12 000 à Paris (environ 8 500 selon la préfecture). C’est moitié moins que l’an dernier, où le syndicat parlait de 210 000 personnes ayant défilé en France dont 65 000 à Paris (99 000, dont 15 500 dans la capitale selon les chiffres du ministère de l’Intérieur).
    Quelques constats s’imposent donc :

    • • Le premier mai attire de moins en moins de monde, quelle que soit la météo.
    • • Selon un récent sondage, moins d’un Français sur deux (45 %) juge qu’ils sont utiles et seuls 31 % pensent qu’ils sont représentatifs des salariés. Cela fait encore pas mal d’optimistes quand ont sait que seulement 7,7 % de la population active est syndiquée en France, dont les 3/4 viennent de la fonction publique !
    • • De l’aveu même de Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT, il y a trop de syndicats en France.

    « Le syndicalisme français pâtit à la fois de sa division et de la multiplication de ses acteurs ».

    Bref, les syndicats sont trop nombreux, non représentatifs et défendent essentiellement leurs bastions dans la fonction publique. Leurs querelles et divisions ne visent qu’à se disputer la manne publique et les nombreux avantages associés au statut d’organisation représentative. Ajoutons qu’ils tètent tous, peu ou prou, aux mêmes mamelles idéologiques politiquement correctes. En conséquence, aucun ne se penche sérieusement sur les vrais problèmes des travailleurs Français qui sont :

    • • Précarisés dans leur emploi (quand ils en ont un) par les mesures libérales prises par tous les gouvernements depuis trente ans.
    • • Pour les plus modestes, fragilisés dans leurs revenus par la pression à la baisse sur les salaires qu’exercent l’immigration et le chômage de masse.
    • • Attaqués dans leur identité et leur mode de vie à la fois par les immigrés et par l’oligarchie mondialiste.

    Tant que les syndicats ne prendront pas en compte ces faits, les Français continueront à les bouder et ce sera tant mieux, car nous n’avons que faire de ces organisations qui nuisent aux travailleurs français pour défendre leurs intérêts propres.

    http://fr.novopress.info/

  • Défense nationale et socialisme budgétaire

    Les bons esprits du journal "Le Monde" voudraient nous faire croire que, pris "entre impératifs sécuritaires et nécessités budgétaires, le président" aurait donc "personnellement tranché". Et ceci se traduirait, à en croire l'officieux journal, par "une rallonge de 3,8 milliards d'euros sur quatre ans" en faveur du Budget de la défense. (1)⇓

    En réalité le chef de l'État, comme à son habitude, n'a aucunement "tranché". Sa grande préoccupation était d'empêcher "une guerre Sapin-Le Drian" et par conséquent de maintenir le seul équilibre important à ses yeux : celui des tendances au sein du parti socialiste.

    Qu'on ne s'y trompe pas. Tout lecteur de Pareto (2)⇓sait ordinairement que le socialisme gouvernemental, y compris lorsqu'il est mis en œuvre par les gens de "droite", se réclamant du "pragmatisme", occasionne plus de dégâts encore que le socialisme militant. On a pu l'observer en France depuis quelque 40 ans.

    Ici le socialisme gouvernemental prend la figure d'un ministère des Finances pour qui la vocation de la dépense publique, et de la fiscalité, n'est pas de pourvoir aux fonctions dites régaliennes de l'État. La défense, le maintien de l'ordre et la justice, cela peut attendre et cela piétine en effet. Le but de l'exercice consiste à tendre, ou à faire semblant, à une "société plus juste", ce mot étant compris dans le sens égalitaire, en pratiquant la redistribution.

    Au diable, dans une telle perspective, à la fois les contraintes budgétaires, les impératifs nationaux et les vraies missions de l'État.

    Cette réunion, ce 29 avril à l'Élysée du conseil de Défense, nous donnait d'ailleurs l'occasion de mesurer ce qui reste de conscience nationale. Et cette question ne concerne pas seulement une classe politique rongée par sa propre démagogie, cela regarde tout simplement l'ensemble du pays.

    En plaçant le débat sur le terrain des seuls et immédiats "impératifs sécuritaires", la rédaction du Monde, comme probablement aussi la plupart des intervenants du conseil de Défense, passe à côté de la situation véritable de l'armée. Après plusieurs décennies d'illusion de sécurité des frontières, on sait désormais que la sécurité des Français passe autant par des opérations extérieures que par la fameuse mission de sécurité intérieure Sentinelle, dont on apprend au passage que les effectifs déployés vont être ramenés de 10 000 à 7 000 hommes.

    En quoi par conséquent la "sanctuarisation" annoncée du Budget de la défense à hauteur de 31,4 milliards cela ne suffit-il pas ?

    N'évoquons même pas la période des combats que l'armée française livra autrefois en Indochine et en Algérie.

    Contentons-nous des temps de paix qui, comme on devrait le comprendre, séparent deux guerres.

    Depuis un demi-siècle, depuis 1965, depuis l'époque où la France a fait le choix de la dissuasion nucléaire, de se retirer de l'Otan pendant 25 ans, de 1966 à 1991, avec des périodes alternant entre l'éparpillement des théâtres d'opération extérieures et le repli hexagonal, etc. une seule constante : la baisse tendancielle quasi inexorable de la part de l'effort militaire de la nation rapport au produit intérieur brut.

    La quasi-disparition de la Marine aurait dû constituer le premier signe de détresse. Elle était déjà observable il y a 30 ans. Le signal d'alarme lancé par l'amiral Lanxade qui fut tout de même Chef d'État-major des Armées de 1991 à 1995 n'aura servi à rien. (3)⇓

    Cette diminution a continué dans les 10 dernières années. Alors même que les conflits et les dangers augmentaient dans le monde.

    En 2002 le budget militaire de la France représentait encore 2,5 % du produit intérieur brut, contre 2,4 % à l'Angleterre, 1,7 % à l'Allemagne, etc. On pouvait encore considérer, ou laisser croire, que la France jouait un rôle de vigilance militaire, presque d'avant garde, au service de l'Europe. Mais depuis 10 ans la situation s'est encore dégradée.

    Aucune loi de programmation militaire, concept apparu en 1960, n'a vraiment été respectée dans la pratique. Depuis plusieurs années les lois de Finances conditionnent les crédits de la défense à des cessions, de terrains, de casernes ou de fréquences radio, etc. qui ne se réalisent qu'en partie, introduisant des incertitudes redoutables. Les familles de militaires ont subi aussi un éprouvant dysfonctionnement de la paie avec le système informatique élégamment appelé "Louvois" : les entreprises de démoralisation se sont multipliées, de dénigrement, etc.

    Qu'un Michel Sapin rechigne encore à remplir les obligations financières prouve simplement que l'ordre des urgences n'a toujours pas été rétabli.

    Certes on aurait pu imaginer des conclusions encore pires de ce conseil de défense. Mais l'heure est trop grave pour se contenter des demi-mesures.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1.  cf. sur Le Monde.fr à 10h23 Budget de la défense : une rallonge de 3,8 milliards d'euros sur quatre ans
    2.  cf. son livre "Le Péril socialiste" préfacé par Georges Lane. 
    3.  Qu'on écoute au moins ses déclarations datant de 2011… donc avant l'arrivée au pouvoir de Hollande, Sapin et consorts.
  • Les Batailles qui ont changé l’Histoire – par Arnaud Blin

    Source : Realpolitik.tv.

    Cette recension a été publiée dans le numéro 4 de Conflits. Si vous souhaitez acheter ce numéro au format numérique, rendez-vous sur la e-boutique deConflits en cliquant ici.

    C’est au milieu du XIXe siècle que l’historien britannique J.F.C. Fuller publie sesBatailles décisives du monde occidental. Reflet de son époque, celles-ci étaient toutes des batailles remportées par les Occidentaux. Longtemps les orientalistes avaient négligé les faits militaires des sociétés non occidentales. Cela se justifiait, pour certains, par le fait qu’elles avaient été aisément vaincues au xixsiècle par l’Europe. Il fallut la victoire de Mao en 1949 pour que l’on s’intéressât à l’antique stratège chinois Sun Zi, pourtant traduit en français avant la Révolution française. On peut aussi s’étonner qu’il n’y ait aucune étude, avant ces dernières années, consacrée à l’histoire militaire de l’Empire ottoman qui fit trembler l’Europe de la chute de Constantinople (1453) au second siège de Vienne (1683) ou sur l’empire qui a connu la plus longue durée, celui des Byzantins.

    Les Batailles qui ont changé l’Histoire, de Arnaud BlinL’excellent ouvrage d’Arnaud Blin, un des stratégistes les plus remarquables de sa génération, auteur entre autres d’un Tamerlan(Perrin, 2008) tout à fait original, remet en perspective les batailles à l’échelle du monde non occidental et cherche à déterminer en quoi elles ont été décisives.

    Son choix, discutable comme tout choix, a le mérite de réhabiliter des batailles considérées généralement comme secondaires parce qu’elles n’ont pas engagé de gros bataillons. Parmi celles-ci, la plus importante n’est-elle pas la chute de Tenochtitlan/Mexico en août 1521 par une troupe d’Espagnols de moins de deux mille hommes, renforcés par des contingents indiens désireux d’en finir avec la tyrannie aztèque ? En une opération combinée terrestre et lacustre dirigée par un capitaine de génie alliant le sens politique, la diplomatie et la stratégie – sans même évoquer le courage physique – un empire est abattu. L’Amérique latine aura ainsi été constituée comme un « extrême Occident » par une poignée d’Ibériques.

     

    Comment ne pas appeler décisives les victoires non connues du public occidental de Yarmouk et de Qadisiya (636/637) remportées par les Arabes récemment islamisés, qui leur donnent la possession pérenne du Levant au détriment de l’Empire romain d’Orient ainsi que de l’Irak et de la Perse islamisée après la chute de la dynastie Sassanide (641) ?

    Bien sûr, Arnaud Blin aborde des batailles qui nous sont plus familières et dont l’impact ou les conséquences ont été importantes : Gaugamèles (- 331), Zama (- 202), les champs Catalauniques (451), Lépante (1571), la Moscowa (1812) ou Stalingrad (1942-1943). Mais il ne néglige pas d’autres affrontements concernant des sociétés autres comme celle d’Ain Jalut (1260) où les Mamelouks donnent un coup d’arrêt à l’extraordinaire et foudroyante conquête mongole.

    Cette mondialisation de la bataille répond admirablement à l’élargissement culturel dont nous avons besoin.

    G.C.

    Arnaud Blin, Les Batailles qui ont changé l’Histoire, Éditions Perrin, 2014, 395 pages 23,90 €

    http://fr.novopress.info/186825/les-batailles-change-lhistoire-arnaud-blin/#more-186825

  • L'idée choc étudiée en Islande : et si on retirait aux banques la capacité de créer de la monnaie ?

    Un rapport parlementaire islandais suggère de donner à la seule banque centrale le monopole de la création monétaire. Une vraie révolution, si l'idée était appliquée... 
    Décidément, l'Islande est le pays de la créativité financière. Après avoir montré, en 2009, qu'il existait bien une alternative au transfert de la dette bancaire vers la dette publique, l'île nordique pourrait s'apprêter à réaliser une grande expérience monétaire. 
    Le 31 mars dernier, en effet, le président du comité des affaires économiques de l'Althingi, le parlement islandais, Frosti Sigurdjonsson, a remis un rapport au premier ministre, Sigmundur Gunnlaugsson, sur la réforme du système monétaire islandais. Et c'est une véritable révolution qu'il propose. 
    L'absence de maîtrise de la banque centrale sur le système monétaire 
    Le rapport cherche en effet à réduire le risque de bulles et de crises dans le pays. En 2009, l'Islande a connu une crise très aiguë qui a fait suite à une explosion du crédit alimenté par un système bancaire devenu beaucoup trop généreux dans ses prêts et beaucoup trop inconscient dans sa gestion des risques. 
    Ni l’État, ni la Banque centrale islandaise (Sedlabanki) n'ont pu stopper cette frénésie. « Entre 2003 et 2006, rappelle Frosti Sigurdjonsson, la Sedlabanki a relevé son taux d'intérêt et mis en garde contre une surchauffe, ce qui n'a pas empêché les banques d'accroître encore la masse monétaire. » 
    Comment fonctionne le système actuel 
    Dans le système actuel, ce sont en effet les banques commerciales qui créent l'essentiel de la masse monétaire, en accordant des prêts à discrétion. La banque centrale ne peut que tenter de décourager ou d'encourager, par le mouvement des taux ou par des mesures non conventionnelles, cette création. Mais la transmission de la politique monétaire aux banques n'est jamais une garantie. 
    Malgré la hausse des taux de la Sedlabanki, la confiance et l'euphorie qui régnait en Islande au début des années 2000 a soutenu le processus de création monétaire. Lorsque la demande existe, rien ne peut empêcher les banques de prêter. Lorsqu'elle disparaît, rien ne peut les contraindre à le faire. Et souvent, ces mouvements sont excessifs, ce qui créé des déséquilibres, puis des corrections par des crises où l’État doit souvent venir au secours des banques. Et lorsqu'il faut faire repartir l'activité, les banques centrales ont souvent des difficultés à être entendue. 
    Le cas de la zone euro en est une preuve. Il a fallu que la BCE use de moyens immenses, l'annonce d'un QE de 1.140 milliards d'euros, pour que le crédit commence à se redresser dans la zone euro et encore, de façon fort limitée pour l'instant. 
    Une idée ancienne 
    D'où cette idée centrale du rapport de Frosti Sigurdjonsson : ôter aux banques le pouvoir de création monétaire. Comme le souligne l'ancien président de l'autorité financière britannique, Aldair Turner, qui préface le rapport, « la création monétaire est une matière trop importante pour être laissée aux banquiers. » 
    Cette idée n'est, en réalité, pas neuve. Après la crise de 1929, des économistes étatsuniens avaient proposé en 1933 le « plan de Chicago » qui proposait d'abolir la capacité des banques à créer par elle-même de la monnaie. Il avait eu un grand succès, mais pas de traduction concrète véritable. 
    En 1939, l'économiste Irving Fischer, un de ceux qui avaient examiné de plus près la crise de 1929, avait proposé de transférer le monopole de la création monétaire à la banque centrale. James Tobin, Milton Friedman et d'autres ont également réfléchi sur ce sujet. Mais la proposition islandaise, que Frosti Sigurdjonsson présente comme « une base de discussion » pour le pays, est la première proposition de passage à un autre système qu'il appelle le « système monétaire souverain. » 
    Décider de la création monétaire dans l'intérêt de l'économie 
    Quel est-il ? Le rapport indique que l'Islande « étant un État souverain avec une monnaie indépendante est libre de réformer son système monétaire actuel, qui est instable et de mettre en place un système monétaire de meilleure qualité. »Dans ce système, seule la Banque centrale aura le monopole de la création monétaire, aucune couronne ne pourra circuler si elle n'a pas été émise par la Sedlabanki à l'origine. 
    Cette dernière pourra donc faire évoluer la masse monétaire en fonction de ses objectifs « dans l'intérêt de l'économie et de toute la société. » Frosti Sigurdjonsson propose qu'un « comité indépendant du gouvernement prenne des décisions sur la politique monétaire de façon transparente. » 
    La Banque centrale créera de la monnaie en accordant des prêts aux banques commerciales pour qu'elles prêtent ensuite des sommes équivalentes aux entreprises et aux particuliers, mais aussi en finançant des augmentations de dépenses publiques ou des exemptions d'impôts, ou encore par le rachat de dettes publiques. Pour empêcher la création monétaire par le système bancaire, deux types de comptes auprès de la banque centrale seront créés. 
    Comptes de transactions et d'investissements 
    Les premiers seront les « comptes de transactions. » Ces comptes représenteront les dépôts des particuliers et des entreprises. Les banques commerciales administreront ces comptes, mais ne pourront pas en modifier les montants.L'argent déposé sur ses comptes ne rapportera pas d'intérêt, mais sera garantie en totalité par la banque centrale. 
    Un deuxième type de comptes, les « comptes d'investissements », sera créé en parallèle. Les agents économiques pourront transférer des fonds des comptes de transaction vers les comptes d'investissements. L'argent placé sur ses comptes seront investis par les banques et seront bloqués durant une période déterminée. 
    Les banques pourront alors proposer à ceux qui placent leur argent dans ces fonds différents types de produits, notamment des produits risqués à haut rendement. Il s'agit concrètement de séparer autant qu'il est possible l'argent du crédit. Le risque lié au crédit ne disparaît pas, mais il est limité par l'obligation de ne prêter que l'argent déposé sur ces comptes d'investissements. 
    Plus de Bank Runs 
    Pour Frosti Sigurdjonsson, ce système permettra une gestion plus réaliste de la masse monétaire non plus dans l'intérêt des agents privés, mais dans celui de la collectivité. La garantie sur les dépôts permettra d'éviter une course aux guichets (Bank Run), sans réduire, du reste, la responsabilité de ceux qui auraient investi dans des produits à risque. 
    Avec ce système, une séparation bancaire entre banque d'investissement et banque de dépôts n'est pas nécessaire, puisque l'activité de banque de dépôts sera garantie par la banque centrale. Du reste, la garantie implicite de l’État dont bénéficient les grandes banques disparaîtra d'elle-même. 
    Gérer la transition 
    Pour la transition, Frosti Sigurdjonsson propose de transférer les dépôts détenus dans les banques commerciales vers les comptes de transaction. Ce transfert se fera par l'émission d'une créance sur les banques qui sera détenue par la Sedlabanki et qui sera payée sur plusieurs années par les banques. 
    Ce « passif de conversion » s'élèverait à 450 milliards de couronnes islandaises, soit 3,05 milliards d'euros. Cet argent issu des banques commerciales sera donc progressivement remplacé par de l'argent issue de la banque centrale. Dans cette phase de transition, les sommes versées par les banques pourraient servir soit à réduire la dette publique, soit à réduire, si besoin, la masse monétaire, par l'annulation d'une partie des fonds versés. 
    Les problèmes posés 
    Cette proposition ne règlera certes pas tous les problèmes. Certes, les prêts seront sans doute moins importants et la croissance de l'économie sans doute moins forte. Mais le projet est d'avoir une économie plus stable et, sur le long terme, tout aussi performante. Plutôt que de voir l'économie croître de 5 % par an, puis de corriger de 3 % ; on pourrait avoir une croissance stable de 2 % par an sans à-coup... 
    L'indépendance du comité de la Banque centrale sera très hypothétique, car l’État sera une courroie naturelle de la création monétaire et un risque d'excès n'est pas, ici, à exclure, même si l’État peut aussi bien prétendre représenter l'intérêt général que ce comité indépendant. 
    Mais une ambiguïté peut ici être problématique. Les liens avec les autres systèmes monétaires classiques pour une petite économie comme l'Islande sont encore à explorer. Matthew Klein, dans le Financial Times, a souligné également que ce nouveau système ne réduit pas le risque de financement d'investissements à long terme par des investissements à court terme qui avait été à l'origine de la crise de 2007-2008. 
    Enfin, il ne s'agit là que d'une proposition. Le premier ministre a bien accueilli le rapport. Mais ira-t-il jusqu'à lancer un tel chambardement de grand ampleur ? Les Islandais seront-ils prêts à franchir le pas ? La discussion est, du moins, lancée.

  • La figure du Katechon chez Carl Schmitt

    Dans sa Théologie politique (1922), la figure du katechon est celle qui, par son action politique ou par son exemple moral, arrête le flot du déclin, la satanisation totale de ce monde de l’en-deçà. Catholique intransigeant, lecteur attentif du “Nouveau Testament”, Schmitt construit sa propre notion du katechon au départ de la Deuxième Lettre aux Thessaloniciens de Paul de Tarse. 

    Le Katechon est la force (un homme, un Etat, un peuple-hegemon) qui arrêtera la progression de l’Antéchrist. Schmitt valorise cette figure, au contraire de certains théologiens de la haute antiquité qui jugeaient que la figure du katechon était une figure négative parce qu’elle retardait l’avènement du Christ, qui devait survenir immédiatement après la victoire complète de l’Antéchrist. 

    Schmitt fonde justement sa propre théologie civile, après avoir constaté cette différence entre les théologiens qui attendent, impatients, la catastrophe finale comme horizon de l’advenance de la parousie, d’une part, et, ceux qui, par le truchement d’une Theologia Civilis tirée en droite ligne de la pratique impériale romaine, veulent pérenniser le combat contre les forces du déclin à l’œuvre sur la Terre, sans trop se soucier de l’avènement de la parousie. Les sociétés humaines, politiques, perdent progressivement leurs valeurs sous l’effet d’une érosion constante. 

    Le katechon travaille à gommer les effets de cette érosion. Il lutte contre le mal absolu, qui, aux yeux de Schmitt et des schmittiens, est l’anomie. Il restaure les valeurs, les maintient à bout de bras. Le Prof. Fabio Martelli a montré comment la notion de Katachon a varié au fil des réflexions schmittiennnes: il rappelle notamment qu’à l’époque de la “théologie de la libération”, si chère à certaines gauches, où un Dieu libérateur se substituait, ou tentait de se substituer, au Dieu protecteur du statu quo qu’il avait créé, Schmitt sautait au-dessus de ce clivage gauche/droite des années 60-70, et aussi au-dessus des langages à la mode, pour affirmer que les pays non-industrialisés (du tiers-monde) étaient en quelque sorte le katechon qui retenait l’anomie du monde industriel et du duopole USA/URSS. 

    Finalement, Schmitt a été tenté de penser que le katechon n’existait pas encore, alors que l’anomie est bel et bien à l’œuvre dans le monde, mais que des “initiés” sont en train de forger une nouvelle Theologia Civilis, à l’écart des gesticulations des vecteurs du déclin. C’est de ces ateliers que surgira, un jour, le nouveau katechon historique, qui mènera une révolution anti-universaliste, contre ceux qui veulent à tout prix construire l’universalisme, arrêter le temps historique, biffer les valeurs, et sont, en ce sens, les serviteurs démoniaques et pervers de l’Antéchrist.

    (résumé de Robert Steuckers de l’intervention du Prof. Dr. Fabio Martelli – Université d’été de la FACE, 1995 ; ce résumé ne donne qu’un reflet très incomplet de la densité remarquable de la conférence du Prof. Fabio Martelli, désormais Président de Synergies Européennes-Italie).

    http://robertsteuckers.blogspot.fr/2015/04/la-figure-du-katechon-chez-carl-schmitt.html