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  • Patients algériens : l’AP-HP ne veut plus payer ? C’est notre Sécu qui le fera !

    Le transfert pour soins des Algériens, qui ne concernait jusqu’à présent que les salariés actifs et leurs ayants droit, sera élargi à tous les Algériens non assurés sociaux mais détenteurs d’une carte de démuni et nécessitant des soins à l’étranger (environ 30 % de la population).

    La CNAS algérienne (Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés) rejette en bloc les affirmations de la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) qui lui réclame une facture, selon elle totalement fantaisiste et qui ne correspond à rien, de 31 millions d’euros, dont se sont fait l’écho les médias français.

    Elle défie les hôpitaux parisiens d’établir un listing des patients algériens pris en charge dont les factures sont restées impayées.

    Il y a des contentieux, certes, entre les deux parties mais ils sont réellement minimes, affirme la CNAS, qui refuse d’assumer les frais occasionnés par des soins prodigués à des personnes non munies d’engagements de prise en charge délivrés par ses soins avant leur départ.

    Forte de ces constatations, la CNAS a signifié son refus à la partie française de payer par avance les soins et de régler des factures injustifiées.

    D’après un document établi par l’AP-HP : « Aucune prise en charge d’organisme étranger ne sera plus acceptée, sauf règlement d’avance à la place du patient. Pour les patients accueillis en urgence, les prises en charge des assurances voyages seront acceptées avec un paiement a postériori sur facture. »

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  • Hannah Arendt : l’âge sombre, le paria et le parvenu

     Recension : Agnes HELLER, « Eine Frau in finsteren Zeiten », in :Studienreihe der Alten Synagoge, Band 5 : Hannah Arendt, “Lebensgeschichteeiner deutschen Jüdin”, Klartext Verlag, Essen, 1995-96, 127 p.

    Dans un volume publié par le centre d’études juives Alte Synagoge, Agnes Heller se penche sur la vision du monde et des hommes qu’a développéeHannah Arendt, au cours de sa longue et mouvementée quête de philosophe. Cette vision évoque tout à la fois un âge sombre (finster) et un âge de Lumière, mais les périodes sombres sont plus fréquentes et plus durables que les périodes de Lumière, qui sont, elles, éphémères, marquées par la fulgurance de l’instant et la force de l’intensité. Les périodes sombres, dont la modernité, sont celles où l’homme ne peut plus agir politiquement, ne peut plus façonner la réalité politique : Hannah Arendt se montre là disciple de Hegel, pour qui le zôon politikon grec était justement l’homme qui s’était hissé au-dessus de la banalité existentielle du vécu pré-urbain pour accéder à l’ère lumineuse des cités antiques. Urbaine et non ruraliste (au contraire de Heidegger), Hannah Arendt conçoit l’oikos primordial (laHeimat ou la glèbe / Die Scholle) comme une zone anté-historique d’obscurité tandis que la ville ou la cité est lumière parce qu’elle permet une action politique, permet le plongeon dans l’histoire. Pour cette raison, le totalitarisme est assombrissement total, car il empêche l’accès des citoyens/des hommes à l’agora de la Cité qui est Lumière. L’action politique, tension des hommes vers la Lumière, exige effort, décision, responsabilité, courage, mais la Lumière dans sa plénitude ne survient qu’au moment furtif mais très intense de la libération, moment toujours imprévisible et éphémère. Agnes Heller signale que la philosophie politique de Hannah Arendt réside tout entière dans son ouvrageVita activa ; Hannah Arendt y perçoit l’histoire, à l’instar d’Alfred Schuler, comme un long processus de dépérissement des forces vitales et d’assombrissement ; Walter Benjamin, à la suite de Schuler qu’il avait entendu quelques fois à Munich, parlait d’un “déclin de l'aura”. Hannah Arendt est très clairement tributaire, ici, et via Benjamin, des Cosmiques de Schwabing (le quartier de la bohème littéraire de Munich de 1885 à 1919), dont l’impulseur le plus original fut sans conteste Alfred Schuler. Agnes Heller ne signale pas cette filiation, mais explicite très bien la démarche de Hannah Arendt.

    L'histoire : un long processus d’assombrissement

    L'histoire, depuis les Cités grecques et depuis Rome, est donc un processus continu d’assombrissement. Les cités antiques laissaient à leurs citoyens un vaste espace de liberté pour leur action politique Depuis lors, depuis l’époque d’Eschyle, ce champ n’a cessé de se restreindre. La liberté d’action a fait place au travail (à la production, à la fabrication sérielle d’objets). Notre époque des jobs, des boulots, du salariat infécond est donc une époque d’assombrissement total pour Hannah Arendt. Son pessimisme ne relève pas de l’idéologie des Lumières ni de la tradition messianique. L’histoire n’est pas, chez Hannah Arendt, progrès mais régression unilinéaires et déclin. La plénitude de la Lumière ne reviendra pas, sauf en quelques instants surprises, inattendus. Ces moments lumineux de libération impliquent un “retournement” (Umkehr) et un “retour” bref à cette fusion originelle de l’action et de la pensée, incarnée par le politique, qui ne se déploie qu’en toute clarté et toute luminosité. Mais dans cette succession ininterrompue de périodes sombres, inintéressantes et inauthentiques, triviales, la pensée agit, se prépare aux rares irruptions de lumière, est quasiment le seul travail préparatoire possible qui permettra la réception de la lumière. Seuls ceux qui pensent se rendent compte de cet assombrissement. Ceux qui ne pensent pas participent, renforcent ou accélèrent l’assombrissement et l’acceptent comme fait accompli. Mais toute forme de pensée n’est pas préparation à la réception de la Lumière. Une pensée obnubilée par la vérité toute faite ou recherchant fébrilement à accumuler du savoir participe aussi au processus d'assombrissement. Le totalitarisme repose et sur cette non-pensée et sur cette pensée accumulante et obsessionnellement “véritiste”.

    L’homme ou la femme, pendant un âge sombre, peuvent se profiler sur le plan culturel, comme Rahel Varnhagen, femme de lettres et d’art dans la communauté israélite de Berlin, ou sur le plan historique, comme Benjamin Disraeli, qui a forgé l’empire britannique, écrit Hannah Arendt. Mais, dans un tel contexte de “sombritude”, quel est le sort de l’homme et de la femme dans sa propre communauté juive ? Il ou elle s’assimile. Mais cette assimilation est assimilation à la “sombritude”. Les assimilés en souffrent davantage que les non-assimilés. Dans ce processus d’assimilisation-assombrissement, deux figures idéal-typiques apparaissent dans l’œuvre de Hannah Arendt : le paria(1) et le parvenu, deux pistes proposées à suivre pour le Juif en voie d’assimilation à l’ère sombre. À ce propos, Agnes Heller écrit :

    « Le paria émet d’interminables réflexions et interprète le monde en noir ; il s’isole. Par ailleurs, le parvenu cesse de réfléchir, car il ne pense pas ce qu’il fait ; au lieu de cela, il tente de fusionner avec la masse. La première de ces attitudes est authentique, mais impuissante ; la seconde n’est pas authentique, mais puissante. Mais aucune de ces deux attitudes est féconde ».

    Ni paria ni parvenu

    Dès lors, si on ne veut être ni paria (par ex. dans la bohème littéraire ou artistique) ni parvenu (dans le monde inauthentique des jobs et des boulots), y a-t-il une troisième option ? “Oui”, répond Hannah Arendt. Il faut, dit-elle, construire sa propre personnalité, la façonner dans l’originalité, l’imposer en dépit des conformismes et des routines. Ainsi, Rahel Varnhagen (2) a exprimé sa personnalité en organisant un salon littéraire et artistique très original où se côtoyaient des talents et des individualités exceptionnelles. Pour sa part, Benjamin Disraeli a réalisé une œuvre politique selon les règles d’une mise en scène théâtrale. Enfin, Rosa Luxemburg, dont Hannah Arendt dit ne pas partager les opinions politiques si ce n'est un intérêt pour la démocratie directe, a, elle aussi, représenté une réelle authenticité, car elle est restée fidèle à ses options, a toujours refusé compromissions, corruptions et démissions, ne s’est jamais adaptée aux circonstances, est restée en marge de la “sombritude” routinière, comme sa judéité d’Europe orientale était déjà d’emblée marginale dans les réalités allemandes, y compris dans la diaspora germanisée. L’esthétique de Rahel Varnhagen, le travail politique de Disraeli, la radicalité sans compromission de Rosa Luxemburg, qu’ils aient été succès ou échec, constituent autant de refus de la non-pensée, de la capitulation devant l’assombrissement général du monde, autant de volontés de laisser une trace de soi dans le monde. Hannah Arendt méprisait la recherche du succès à tout prix, tout autant que la capitulation trop rapide devant les combats qu’exige la vie. Ni le geste du paria ni la suffisance du parvenu…

    S’élire soi-même

    Agnes Heller écrit :

    « Paria ou parvenu : tels sont les choix pertinents possibles dans la société pour les Juifs émancipés au temps de l’assimilation. Hannah Arendt indique que ces Juifs avaient une troisième option, l’option que Rahel Varnhagen et Disraeli ont prise : s’élire soi-même. Le temps de l’émancipation juive était le temps où a démarré la modernité. Nous vivons aujourd'hui dans une ère moderne (postmoderne), dans une société de masse, dans un monde que Hannah Arendt décrivait comme un monde de détenteurs de jobs ou un monde du labeur. Mais l’assimilation n’est-elle pas devenue une tendance sociale générale ? Après la dissolution des classes, après la tendance inexorable vers l’universalisation de l’ordre social moderne, qui a pris de l’ampleur au cours de ces dernières décennies, n’est-il pas vrai que tous, que chaque personne ou chaque groupe de personnes, doit s’assimiler ? N’y a-t-il pas d’autres choix sociaux pertinents pour les individus que d'être soit paria soit parvenu ? S’insérer dans un monde sans se demander pourquoi ? Pour connaître le succès, pour obtenir des revenus, pour atteindre le bien-être, pour être reconnu comme “modernes” entre les nations et les peuples, la recette n'est-elle pas de prendre l’attitude du parvenu, ce que réclame la modernité aujourd'hui ? Quant à l'attitude qui consiste à refuser l’assimilation, tout en se soûlant de rêves et d’activismes fondamentalistes ou en grognant dans son coin contre la marche de ce monde (moderne) qui ne respecte par nos talents et où nous n’aboutissons à rien, n’est-ce pas l’attitude du paria ? ».

    Nous devons tous nous assimiler…

    Si les Juifs en voie d'assimilation au XIXe siècle ont été confrontés à ce dilemme — vais-je opter pour la voie du paria ou pour la voie du parvenu ? — aujourd'hui tous les hommes, indépendamment de leur ethnie ou de leur religion sont face à la même problématique : se noyer dans le flux de la modernité ou se marginaliser. Hannah Arendt, en proposant les portraits de Rahel Varnhagen, Benjamin Disraeli ou Rosa Luxemburg, opte pour le “Deviens ce que tu es !” de nietzschéenne mémoire [maxime reprise à Pindare]. Les figures, que Hannah Arendt met en exergue, refusent de choisir l’un ou l’autre des modèles que propose (et impose subrepticement) la modernité. Ils choisissent d’être eux-mêmes, ce qui exige d’eux une forte détermination (Entschlossenheit). Ces hommes et ces femmes restent fidèles à leur option première, une option qu’ils ont librement choisie et déterminée. Mais ils ne tournent pas le dos au monde (le paria !) et n’acceptent pas les carrières dites “normales” (le parvenu !). Ils refusent d’appartenir à une école, à un “isme” (comme Hannah Arendt, par ex., ne se fera jamais “féministe”). En indiquant cette voie, Hannah Arendt reconnaît sa dette envers son maître Heidegger, et l’exprime dans sa laudatio, prononcée pour le 80ème anniversaire du philosophe de la Forêt Noire. Heidegger, dit-elle, n’a jamais eu d’école (à sa dévotion) et n'a jamais été le gourou d’un “isme”. Ce dégagement des meilleurs hors de la cangue des ismes permet de maintenir, en jachère ou sous le boisseau, la “Lumière de la liberté”.

    ► Robert Steuckers, Nouvelles de Synergies Européennes n°42, 1999.

    1 : La Tradition cachée : Le juif comme paria, HA, trad. S. Courtine-Denamy, C. Bourgois, 1987 ; rééd. 10/18, 1997.

    2 : Rahel Varnhagen : La vie d'une Juive allemande à l'époque du romantisme, HA, trad. H. Plard, Paris, Tierce, 1986 ; rééd. Presses-Pocket, 1994 (Rahel Varnhagen : The Life of a Jewess, 1958).

    Courte bibliographie :

    • Les Origines du Totalitarisme (1951) suivi de Eichmann à Jérusalem (1963), Gallimard / Quarto, 2002
    • La Crise de la culture (1961), trad. P. Lévy (dir.), Gallimard / Folio, 1989 [recension]
    • Essai sur la révolution (1963), trad. M. Chrestien, Gallimard / Tel, 1985 [recension]
    • Condition de l’homme moderne (1958), trad. G. Fradier, Presses-Pocket, 1988
    • Qu’est-ce que la politique ?, trad. S. Courtine-Denamy, Seuil, 1995
    • La vie de l’esprit, trad. L. Lotringer, PUF, 2005
    • Juger, trad. M. Revault d'Allonnes, Seuil, 2003

    http://www.archiveseroe.eu/arendt-a117920760

  • Un violeur d'enfants membre du Grand-Orient de France

    Le Grand Orient de France a sanctionné le présumé violeur d’enfants de six ans Romain Farina, directeur d’une école élémentaire de Villefontaine (Isère). Transféré en prison le 25 mars 2015, la Chambre suprême de justice maçonnique de son obédience l’a suspendu le 24 avril 2015 «de ses droits et qualités maçonniques» «à titre conservatoire, temporaire et exceptionnel».

    Ce frère aurait déjà été condamné en 2008 pour recel d’images pédopornographiquesCe qui ne l'a pas empêché de devenir ensuite directeur d'école élémentaire...

    Les juges maçonniques soulignent que leur frère a reconnu les faits au cours de sa garde à vue.

    Michel Janva

  • Encore un drone américain qui s’écrase en Irak

    C’est ce qui s’appelle une preuve irréfutable par un selfie. Le Pentagone a été obligé d’admettre qu’un de ses drones s’est bien écrasé en Irak après qu’une photo d’un Irakien posant fièrement devant l’engin ait fait le tour des réseaux sociaux.

     

    Le drone, un modèle Gray Eagle pour être exact, s’est écrasé ce 20 juillet près de Samarah, à 350 km au sud-est de Bagdad. Cette région est précisément le centre d’une bataille féroce que se livrent l’armée irakienne et les éléments de Daesh.

    Très vite des photos de l’appareil sont apparues sur Twitter.

    Devant l’évidence de ces images qui ont enflammé les réseaux sociaux, l’armée américaine n’a plus d’autre choix que d’admettre le crash de ce MQ-1C, d’une valeur de 40 millions de dollars tout de même, tout en précisant que le drone était non armé.

    Les images indiquent également que le corps de l’appareil ne comporte aucun impact, excluant par conséquent l’hypothèse qu’il aurait été abattu en plein vol.

    Selon le magazine Air Force Times, «le drone effectuait une mission de combat quand il s’est écrasé. Rien n’indique que des civils ont été blessés ou des biens endommagés sur le site de l’accident. Le Predator n’a pas été abattu par des tirs ennemis, mais il n’y a aucune information sur la façon dont le drone s’est écrasé. Les enquêteurs devront déterminer les circonstances de cet accident».

    Ce n’est pas la première fois qu’un tel incident se produit. Déjà en mars dernier, un drone américain s’était écrasé en Syrie.

    Source : Al manar :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EuFZZpAVFZyXQEXiAJ.shtml

  • Le krach de l’art officiel mondial

    C’est un véritable événement dans le monde de l’art : le graveur et essayiste Aude de Kerros a pu exprimer dans les médias dominants ses critiques de fond sur l’art contemporain, « l’AC ». Tour à tour Les Echos, Le Monde et la télévision lui ont donné l’occasion de démonter les faux-semblants du « Financial Art ».


    Dans l’émission « Paris-Berlin » sur ARTE, Aude de Kerros a défendu l’art véritable contre l’art officiel mondial imposé par le ministère de la culture et le pseudo-art contemporain ne reposant que sur des notions mercantiles. Aude de Kerros a fait mouche face à la journaliste du Point Judith Benhamou subjuguée, elle, par la seule valeur marchande des oeuvres. Polémia a déjà fait découvrir à ses lecteurs le dernier livre d’Aude de Kerros L’Art caché/Les Dissidents de l’art contemporain :
    http://www.polemia.com/article.php?id=1628

    Il nous a paru utile de revenir sur le sujet en publiant la remarquable communication prononcée par Aude de Kerros, le 25 mars dernier, à l’Académie des Beaux-Arts sur « L’Art et la “Très Grande Crise” ». Nos lecteurs y verront que le krach financier se double d’un krach de l’art contemporain dont la valeur s’est établie de la même manière que celle des actifs toxiques.

    Ci-dessous la conclusion de cette communication et, en pdf, l’intégralité de l’intervention à l’adresse suivante :
    http://www.polemia.com/pdf/ConfKerrosK.pdf

    Polémia
    23/04/2009

    Ainsi commence la Très Grande Crise…
    Nous arrivons au dénouement…

    Le XIXe s’achève en 1914 par la Première Guerre mondiale. Le XXe siècle s’achève en septembre 2008 par une crise qui touche toute la planète.

    En 1960 avait commencé un système inconnu jusque-là dans le domaine des arts : une avant-garde parmi d’autres avait été choisie pour servir une stratégie politique aux enjeux majeurs. Pour la première fois ce fut possible, sans que cela soit perçu comme une violence.
    Grâce à la vertu des mass médias de créer par le spectacle une « réalité » et, par le seul fait de la montrer, d’effacer tous les autres aspects du réel, et grâce, surtout, à la création financière de la valeur appuyée sur des réseaux, l’Art contemporain, l’AC, s’imposa comme art officiel mondial.
    Les théoriciens de « l’englobant » affirment que l’AC est le seul art de notre temps parce qu’unique reflet de la réalité sociale et économique. Toute autre expression artistique est ravalée au rang méprisable de « pastiche » ; le refuser fait de vous un « réactionnaire ». Ce faisant, les théoriciens occultent la ruse du vainqueur et avalisent la loi du plus fort. Posons-nous la question, l’art légitime est-il celui du vainqueur ?
    Ici, en l’occurrence : l’Art imposé par un marché financier ?

    En 2008 nous assistons à l’effondrement des produits dérivés entraînant l’effondrement du marché de l’AC qui apparaît clairement comme un « financial art ». La lumière dans tous les esprits se fait, car l’usage de l’argent est universel. Lorsque l’on comprend que le mécanisme financier caché derrière les oeuvres les plus nulles ressemble en tous points à ceux des produits dérivés, on a enfin percé le mystère de la fabrication de la valeur de l’AC. On comprend aussi la différence de nature entre « art » et « art contemporain ».
    Ce qui était si impossible à voir en raison de la manipulation sémantique du mot « art » s’aperçoit enfin grâce à la crise. Les valeurs qui se fabriquent en réseau s’effondrent avec les réseaux. Et « l’aura » qui entourait les objets les plus chers du monde s’éteint avec la disparition de la cote.
    Tout un chacun, quelle que soit sa nationalité ou sa fortune, fait aujourd’hui l’expérience existentielle de ce que la finance ne dit pas la valeur. L’arbitraire et l’absurde sont mortels ; chacun pour survivre doit garder l’autonomie de son jugement et trouver d’autres critères d’évaluation.

    Le deuxième pilier, entendons par là la technologie des mass médias, qui avait permis en 1960 de créer un art contemporain international d’un coup de baguette magique s’effondre aussi. Ils ont engendré un méchant petit canard incontrôlable : Internet.

    Nous n’avions rien su pendant les années 1950 des folies du maccarthysme ni en 1990 des guerres culturelles en Amérique ; nous n’avions rien su du marasme culturel américain dans ces mêmes années ; aujourd’hui de telles occultations de la réalité sont impossibles. Je donnerai un exemple qui concerne la semaine dernière :

    M. Pinault organise chez Christie’s, dont il est propriétaire, une vente des artistes « les plus chers du monde », présents dans ses collections. Après la vente Saint-Laurent, il convoque le monde entier et choisit Paris. Une vente de ce genre serait vue à Londres ou à New York comme une provocation, même par les médias.
    Il adopte la formule « vente de charité » pour que tout le monde comprenne que ce ne sont pas les collectionneurs qui se débarrassent de leurs collections mais les artistes, en grands humanitaires, qui en font le don pour la recherche sur le cancer.
    Il convie tous les collectionneurs à donner le spectacle d’un art contemporain bien portant. La vente a eu lieu le 17 mars dernier. Les mauvais résultats, publiés par Christie’s, ne font l’objet d’aucune information ou analyse dans les grands médias. Internet, par les blogs, se charge du commentaire : les masses médias sont encore maîtresses du spectacle mais plus autant de son interprétation.

    Nous savons maintenant que le marché de l’Art contemporain est très mal en point, alors que le marché de l’art ancien et moderne, quand les oeuvres sont bonnes, se porte de mieux en mieux, si l’on en croit la vente Berger.

    Que se passe-t-il en France en 2009 ?

    Au premier abord tout semble plus tranquille qu’ailleurs. Le marché de l’art contemporain ne s’effondre pas en France, les artistes français n’ayant pas été cooptés par les réseaux financiers. Même M. Pinault n’achetait pas d’artistes « vivant et travaillant à Paris ». La crise pour les artistes français sévit depuis très longtemps, sauf pour ceux que le ministère a abrités et souvent fonctionnarisés grâce à des emplois de professeur ou d’agent culturel.
    En revanche, il y a une incidence indirecte de la crise sur nos fonctionnaires qui dirigent la création : en effet, leurs choix calés sur les tendances de New York sont remis en cause ; ils sont désorientés par l’effondrement de ce qui fut leur unique référence.
    Par ailleurs, l’omniprésence de l’art officiel est devenue trop visible et pesante ces derniers mois et mal supportée par le public.
    Alors que les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne, la Chine, le Japon défendent ouvertement leurs artistes, à Paris tous les hauts lieux de la consécration – le Louvre, Versailles, le Grand Palais – portent en apothéose « les oeuvres les plus chères du monde » : les hochets en or des « global collectors », selon l’appellation de Judith Benhamou.
    Pour donner le change aux protestations des artistes français ainsi méprisés, nos fonctionnaires de l’art améliorent convulsivement leur splendide utopie. Citons :

    – les 15 mesures pour l’art contemporain déclarées par le ministre lors de la FIAC en octobre 2008 ;
    – le projet d’ouverture du Palais de Tokyo n° 2 pour « gérer » les artistes en milieu de carrière ;
    – leur obstination sans faille à ne retenir que la tendance conceptuelle et à nier toute peinture, sculpture, gravure. Ainsi en sera-t-il à la « Force de l’Art » qui va s’ouvrir au Grand Palais, exposition conçue comme une vitrine de l’art en France. Mais…

    Le développement de l’art officiel crée de la dissidence.

    Le sociologue de l’art Raimundo Strassoldo, ayant fait des études comparatives de la critique cultivée de l’art contemporain dans le monde, note qu’en raison d’un art officiel dur la France a produit un corpus exceptionnel et unique d’analyses et critiques, réunissant sociologues, historiens de l’art, artistes, économistes, philosophes, écrivains de tous horizons idéologiques.
    Si les grands médias relaient le moins possible le débat sur l’art depuis trente ans, ils subissent aujourd’hui la pression très forte d’Internet et des blogs. Combien de temps pourront-ils ignorer la dissidence sans être pris en flagrant délit d’occultation ?

    Le débat sur l’art est en France à la fois intense et souterrain… si l’on met à part sa courte apparition dans les grands médias entre novembre 1996 et mai 1997. Depuis trente ans, seuls trois noms ont été admis sur la scène médiatique : Clair, Fumaroli et Domecq, ce qui fit peser très lourd sur eux la tâche et donna l’impression qu’ils étaient isolés.

    Il n’en est rien, la dissidence en France est un courant majeur :

    – Pierre Souchaud, directeur d’Artension, a rendu compte, dans des conditions très difficiles, de toutes les facettes de ce débat dans le magazine pendant trente ans ;
    – De façon savante, la revue Ecritique, animée par François Dérivery, Francis Parent, Michel Dupré, a fait à la fois un travail d’analyse et d’histoire sur l’époque, et ce avec une totale et héroïque indépendance ;
    – La revue Le Débat, de Gallimard, dirigée par Marcel Gauchet, ose depuis de nombreuses années exposer tous les points de vue du débat ;
    – Ce fut aussi le cas de Krisis, dirigé par un anticonformiste majeur, Alain de Benoist.

    Vers 2002, les artistes relevant des arts visuels découvrent Photoshop, la révolution de l’image sur Internet. Ils adoptent ce mode de communication et accèdent ainsi à l’information et au débat sur l’art :

    – Le premier blog ayant de très nombreuses visites et des échanges de haut niveau date de 2002. Il a été créé par le peintre Marie Sallantin et quelques autres peintres. C’est « Face à l’Art » ; le problème de l’exclusion totalitaire de la peinture y est clairement posé et exposé ;
    – Un autre blog les rejoint, « La Peau de l’ours », animé par une association d’artistes liés à des amateurs ; Philippe Rillon commente et décrypte, avec beaucoup de réactivité, les événements qui intéressent l’art ;
    – Rémy Aron, président de la Maison des artistes, crée un blog en 2007 qui informe et relie 40.000 artistes ;
    – Le blog « Débat Art contemporain », créé par Michel de Caso, se consacre à un travail d’information de haut niveau sur les péripéties du débat. Il effectue aussi un travail d’archives dans « Dissidents Art contemporain » où il expose l’exceptionnelle bibliographie de Laurent Danchin, rassemblant tous les écrits de la critique cultivée de l’AC et de l’art depuis trente ans. Cette bibliographie est régulièrement mise à jour et utilisée par des universitaires du monde entier. La réalité non médiatique apparaît avec toutes ses références ;
    – Le « blog du dessin du 21e siècle », mené par Serghey Litvin Manoliou, poursuit à la fois l’analyse du fonctionnement des marchés de l’AC et la recherche de solutions alternatives ; il y expose aussi le monde caché du dessin. Animé par le désir de reconstruire sur les ruines du marché, il fonde la Foire internationale du dessin dont on verra la première manifestation à la fin de la semaine, rue de Turenne ;
    – Dans « Chroniques culturelles », Carla van der Rhoe, docteur en histoire de l’art, défend du haut de ses talons aiguille, de ses trente ans et de sa blondeur candide, la nécessité de réintroduire les méthodes de l’histoire de l’art dans l’évaluation de la création d’aujourd’hui. Elle défend une nouvelle critique d’art et se risque aussi à une critique, pleine d’esprit, du système. Tous les ténors de l’art officiel la craignent désormais… Leurs déclarations péremptoires sur ce qui est ou n’est pas de l’art sont passés au crible de son humour infaillible ;
    – Le blog de Christine Sourgins, auteur de Mirages de l’art contemporain, fournit un corpus de textes d’analyse critique et savante de l’Art contemporain qui initie le regardeur à sa logique et à ses jeux. Elle s’attache à des cas concrets, des cas d’école, pourrait-on dire.
    – Citons encore « Sophie Taam », de Sophie Taam, MDA 2008 de Lydia Van den Bussch.
    La liste s’allonge tout les jours, les contacts avec l’étranger sont de plus en plus nombreux, le phénomène français fait tache d’huile.

    Ainsi l’épisode sectaire est en voie de prendre fin. Le milieu de l’art se recentre sur les artistes et amateurs, se reconstitue et se rencontre à nouveau. Le débat reprend au point où il a été interrompu : Qu’est-ce que l’art ? Comment avons nous été aliénés ? Existe-t-il des critères d’évaluation des œuvres ? Comment sortir de l’impasse ?

    Un nouveau paysage de l’art apparaît.

    Une image inappropriée a fait obstacle pour décrire la « modernité » en art : celui de la succession des avant-gardes. En réalité, les avant-gardes ne se sont jamais succédé, elles ont toujours été simultanées. L’image qui rendrait mieux compte de la réalité serait celle d’un fleuve se ramifiant en un delta : en effet, à partir du XIXe siècle, le grand fleuve de l’art se divise. A partir de ce moment l’art connaît de multiples courants qui sont là, tous à la fois, tout le long de la fin du XIXe à aujourd’hui. L’épisode « Art contemporain », d’essence conceptuelle, imposé financièrement et médiatiquement, cache mais ne supprime pas cette modernité protéiforme. L’effondrement du marché de l’AC vampirisant à la fois la visibilité médiatique et les moyens financiers fait réapparaître ses multiples courants. Son inventaire et son évaluation sont désormais à l’ordre du jour, ce qui demandera du temps mais aussi le savoir et l’oeil exercé aux longues perspectives des historiens et critiques d’art, écartés par les théoriciens de l’AC. La reconstitution d’un marché de l’art, avec des amateurs n’ayant pas pour finalité principale la transaction financière, suivra.

    Il n’y a plus de capitale de l’art, la place est à prendre.
    Paris pourrait y prétendre… mais tant qu’en France l’Etat et son réseau restent le seul circuit de légitimation et de consécration cela ne sera pas possible. Les raisons sont diverses, la première étant que la réalité artistique montrée par le ministère, attaché exclusivement au conceptualisme, ne correspond pas à la réalité de la création d’aujourd’hui.
    Du temps où le système soviétique existait encore, à la question « Qu’est-ce qu’un ‘dissident’ ? » les Russes répondaient par la formule : « Celui qui dit la vérité », c’est-à-dire celui qui voit le réel et n’adhère pas à l’utopie d’Etat. D’ailleurs, la dissidence française évoquée tout à l’heure ressemble à cela… elle n’énonce pas une nouvelle utopie, ne prône pas un discours politique, philosophique ou esthétique, mais évoque les réalités concrètes et existentielles de la création.
    L’Etat est si omniprésent qu’aucune concurrence privée ne peut lui faire face. Il lui arrive même fréquemment de faire échouer les initiatives qu’il ne contrôle pas : toute entreprise privée qui ne va pas dans le sens de ses choix esthétiques est en mauvaise posture.
    Quel rayonnement ? Quelle aventure artistique ? Quelles découvertes sont-elles possibles dans ces conditions ?
    Le changement est à l’ordre du jour mais ses modalités semblent difficiles à concevoir pour les gouvernants… Que peut faire le Haut Comité piloté par l’Elysée et confié à M. Karmitz ? Il est trop tôt pour le dire mais il a un avantage majeur : Il vaut mieux avoir deux arts officiels plutôt qu’un…

    Alors :
    – Laissons finir de s’effondrer le mur du concept qui nous a privés du sensible et du réel ;
    – Sortons du marécage sémantique ; redevenons maîtres du vocabulaire et, par là même, de notre faculté de penser et de juger ;
    – Distinguons art et culture, art et art contemporain, créativité et création, multiculturalisme et universalité ;
    – Trouvons des critères différents pour juger des démarches différentes : afin de rendre à chaque chose sa légitimité et sa fonction ; en art, évaluons l’accomplissement de la forme qui offre le sens en cadeau. Pour l’AC, estimons l’authenticité de la critique et du questionnement qu’il s’est donné comme finalité car ce que l’on nomme aujourd’hui « Art contemporain » a toujours existé mais sans la prétention totalitaire d’être la seule expression possible. L’art a toujours eu des contrepouvoirs remettant en cause son immense prestige, démarche salutaire nous rappelant que nul ne possède la recette, ni la propriété du bien, du vrai et du beau. Ainsi le comportement transgresseur des philosophes cyniques, le temps récurrent du carnaval dévolu au monde à l’envers, les adeptes des « arts incohérents », de Dada et de Marcel Duchamp ont toujours été contemporains de l’art ;
    – Refusons aussi la fatalité de « l’englobant sociologique » et poursuivons la part intemporelle de l’art ;
    – Retrouvons dans notre travail le sens du transcendant et échappons à ce sacré terrifiant et totémique qui l’a remplacé.

    Jean Clair dit de la modernité : « C’est l’adaptation au temps… ». Une démarche naturelle, en somme, qui n’a pas besoin de théorie mais de pratique.
    C’est peut-être en retrouvant les chemins de la modernité naturelle que nous rendrons à Paris son rayonnement et sa place.

    Intégralité de l’intervention d’Aude de Kerros
    http://www.polemia.com/pdf/ConfKerrosK.pdf

    http://www.polemia.com/le-krach-de-lart-officiel-mondial/

  • Devises citoyennes, les monnaies locales

    Créer de la monnaie n’est pas un privilège réservé aux seules banques d’État. Depuis 2010, aux quatre coins de la France sont émises des monnaies locales complémentaires, outils pour dynamiser l’économie locale, promouvoir la culture régionale, favoriser le développement durable et retisser les liens sociaux.

    Une trentaine sont actuellement en circulation sur le territoire, à l’échelle d’une région, d’un département ou d’une ville. Ce documentaire nous fait découvrir ce phénomène en pleine expansion, en nous plongeant au coeur de deux expériences qui font aujourd’hui référence : le Galléco en Ille-et-Vilaine et l’Eusko au Pays Basque Français.

     

    Documentaire réalisé par Jérôme Florenville (Public Sénat – 11/07/2015)

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Policiers : l’été infernal (Présent 8402)

    À 74 ans, Jacques Toubon, Défenseur des droits, friserait-il la sénilité ? Toujours est-il qu’à l’heure où la France entière connaît une recrudescence des actes dits de « malveillance » (agressions envers les personnes et les forces de l’ordre, « dérapages » et débordements « festifs », violences urbaines…), que des kalachnikovs circulent dans les quartiers sensibles, que des municipalités réarment leur police municipale et que le plan Vigipirate est en alerte rouge, Jacques Toubon l’angélique, grand humaniste qui ne s’est sans doute jamais retrouvé face à une bande de racailles prêtes à en découdre avec les forces de l’ordre, a préconisé mardi – suite à un incident récent de flash-ball sur un mineur – l’abandon de l’utilisation des flash-balls par les forces de l’ordre lors d’affrontements avec des émeutiers et autres casseurs. Des « jeunes » sur le pied de guerre, eux, armés de barres de fer, de battes de baseball, de pierres, de cocktails Molotov et, au pire, kalachs » et mortiers…).
    8402-Une
    Une sorte de « défendez-vous avec des fleurs » qui depuis mardi fait des remous au sein de la police et que le ministère de l’Intérieur a estimé mercredi « contre-productif ».
    « Un moratoire sur les armes intermédiaires serait contre-productif et pourrait avoir des conséquences dangereuses : nous ne pouvons pas nous permettre de désarmer nos forces de l’ordre », a déclaré le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre-Henry Brandet, en précisant que « l’équipement des forces de l’ordre en armes de force intermédiaire répond à une double préoccupation : assurer la protection des policiers et gendarmes exposés à des agressions de plus en plus en plus violentes, tout en limitant le recours des armes à feu qui doit rester extrêmement rare et n’intervenir que dans les cas et les circonstances les plus graves ». Logique !
    « Pour nous, hors de question de nous passer du flash-ball », a déclaré Nicolas Comte, secrétaire général adjoint du syndicat de police Unité SGP-Police FO. « Le problème, c’est que le Défenseur des droits ne nous explique pas comment on va faire sans. On va se défendre avec les poings ? »

    Il aura fallu cette polémique sur le flash-ball pour que l’on apprenne de la bouche des syndicats de police que l’été 2015 est particulièrement infernal pour les policiers. Les médias n’en font pas tout un plat. Commissariats attaqués dans le Val-d’Oise, policiers visés par des tirs de mortiers, policière frappée dans le Nord jusqu’à en perdre connaissance, armes volées, policier passé à tabac en Seine et Marne, policiers roués de coups à Sète, policiers attaqués à coups de pierres et d’haltères à Reims aux cris de « Allah Akbar », nuits de violence entières dans les Yvelines… En quinze jours (du 1er au 16 juillet), le site « Fdesouche » a recensé plus de 17 commissariats ou gendarmeries attaqués et/ou assiégés, du Kremlin-Bicêtre à Vaulx-en-Velin, et parfois par une centaine d’individus comme à Neuilly-Plaisance. Il est urgent de désarmer la police en effet.

    Pierre Malpouge

    http://fr.novopress.info/

  • Apocalypse bientôt

    Ils sont quatre et ils assurent la défense de la France dans son ensemble et celle de chacun de ses citoyens. Ce sont les ministères régaliens -Défense, Affaires étrangères, Justice et Intérieur- et ils sont en danger de mort. La France ne leur consacre plus que 2,8 % de la richesse qu’elle produit chaque année, contre 4,5 % à la fin de la guerre froide et 6,5% en 1960. A ce rythme, ils auront disparu en 2050.

    A ce moment-là, ce sont des milices privées qui défileront le 14 juillet, si tant est qu’il soit encore possible d’organiser un défilé dans une France sans police, armée et justice pour tous. Il est donc conseillé dès à présent, pour ceux qui ne pourront leur laisser un pactole suffisant, d’apprendre les techniques de survie et d’auto-défense à nos enfants et petits-enfants.

    Pas besoin d’une guerre nucléaire ou d’une gigantesque pandémie pour aboutir à la désagrégation des États et donc des nations, l’inconséquence, sinon l’incompétence, d’une classe politique suffit.

    Ce suicide lent de l’État apparaît d’autant plus paradoxal que jamais les prélèvements publics n’auront été aussi élevés, 57 % du PIB en 2013 dont 3 % (donc plus que pour les quatre régaliens) donnés aux organismes créanciers.

    Depuis le début des années 1990 et le développement de la grande libéralisation des échanges en Europe et dans le monde, la croissance économique de la France stagne à une moyenne de 1,5 % par an. Par voie de conséquence, les recettes fiscales stagnent aussi et ce d’autant plus facilement que le nouveau contexte en favorise la fuite ou l’évitement légal, en particulier pour la toute petite classe, souvent improductive, qui capte la majorité des revenus supplémentaires.

    Dans ce contexte tendu, tout accroissement un peu sensible de la dépense publique rend tout de suite les comptes déficitaires. Avant la mondialisation, un peu d’inflation permettait de compenser cela en réduisant la valeur des remboursements, mais les organismes financiers (et l’Allemagne), beaucoup plus puissants que dans « l’économie ancienne », détestent ça.

    En résumé, dans le contexte d’une économie très ouverte, l’État ne peut fonctionner correctement que s’il s’appuie sur une économie en forte croissance. Sans celle-ci, il est condamné à la stagnation ou à l’endettement massif.

    Il reste à déterminer si cette économie mondialisée, ou du moins les conditions dans lesquelles elle s’y est mise en place, permet justement cette forte croissance dans des pays comme la France. Ce qui est certain en tout cas, c’est qu’elle impose aussi des besoins croissants, comme la protection sociale de ceux qui en sont exclus, besoins qui s’ajoutent à ceux, mécaniques, des évolutions démographiques (accroissement naturel, vieillissement) et, surtout, besoins que l’immense majorité des gens ne peut financer elle-même en l’absence d’augmentation réelle des revenus.

    Dans les pays anglo-saxons, cela se traduit par un accroissement de la dette privée. En France, cela signifie un accroissement de la redistribution publique. C’est ainsi que les dépenses de sécurité sociale atteignent désormais un quart du PIB, constituant une première concurrence avec les prélèvements nécessaires au fonctionnement de l’État.

    Une politique mal maîtrisée de redistribution des pouvoirs et des compétences vers les collectivités territoriales en a créé une deuxième qui atteint désormais 11 % du PIB. Alors que les dépenses directes de l’État sont les seules soumises à la contrainte européenne, celles-ci ne peuvent plus bénéficier que des marges de ressources de plus en plus réduites.

    On se trouve ainsi dans la situation de quasi-faillite où les prélèvements obligatoires atteignent des sommets historiques sans pouvoir arrêter pour autant la progression de la dette publique.

    On pourrait s’interroger sur la cohérence de cet ensemble, on préfère accepter que le bateau de l’État coule en se concentrant uniquement sur le colmatage des fissures et même pas en fonction de l’ampleur des voies d’eau.

    Quand un rapport indique que la seule pratique du redoublement dans l’intouchable Éducation nationale représente un coût annuel de deux milliards d’euros pour une efficacité très discutable ; quand on constate que l’amende infligée à la BNP après ses petites magouilles va, in fine, représenter une perte de revenus fiscaux équivalente à ce qui l’on a économisé en supprimant 20.000 postes de militaires ; quand on entrevoit par ailleurs, par la modeste réforme territoriale en cours, l’ampleur de la gabegie administrative, on ne peut s’empêcher de penser que l’on plume plutôt surtout les oies non pas en fonction de leurs plumes mais de leur capacité à crier.

    Et là, les ministères régaliens, obéissants par nature et même parfois non-syndiqués, sont évidemment les oies les plus tentantes, d’autant plus que leur plumage ne provoquera pas de manifestations dans les rues. Cela provoque bien un transfert de votes vers le Front national mais même cela peut être utile aux ambitions personnelles, à défaut de la France.

    Le pire est que cet écrasement des ministères régaliens jusqu’au craquement est même économiquement contre-productif à long terme. Le gel du budget de la défense a contribué à la désindustrialisation du pays et à la faiblesse de l’innovation technique. Les coûts de l’insécurité engendrée par les dysfonctionnements de la justice ou de la police, sont plus difficiles à calculer mais sans aucun doute bien plus importants.

    Face à une telle inconséquence, mélange d’idéologie primaire, de clientélisme et de lâcheté sinon de corruption, il ne faut pas s’étonner si ceux qui proposent de protéger à nouveau les Français, et en particulier ceux qui sont victimes de la mondialisation, progressent malgré l’ignominie de leur discours. Dans cet apocalypse rampante il est peut-être temps de réagir.

    La Voie de l’Épée

    http://www.fdesouche.com/357001-apocalypse-bientot#more-357001