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Enquête sur l’histoire : les premiers numéros mis en ligne par l’Institut ILIADE
L’Institut ILIADE pour la longue mémoire européenne, association dirigée par l’historien bien connu Philippe Conrad, a mis en libre téléchargement depuis son site internet les 12 premiers numéros de la revue trimestrielle de haute volée Enquête sur l’histoire, publiée de 1991 à 1999 par Dominique Venner.
L’objectif ? Contrer le révisionnisme mémoriel engagé ces dernières années par l’Éducation nationale visant à faire oublier aux Français leur histoire.
Selon les termes mêmes de l’Institut ILIADE, “parents, pédagogues et étudiants trouveront dans cette collection les cartouches nécessaires à une vision renouvelée de notre histoire, affranchie de la culpabilisation systématique et de la doxa du moment. Notre vision du passé détermine l’avenir. Et sa connaissance est créatrice de liens : entre générations comme entre membres d’une même communauté souhaitant rester elle-même dans le chaos des temps présents.”
« Il est impossible de penser le présent et le futur sans éprouver derrière nous l’épaisseur de notre passé, sans le sentiment de nos origines. Il n’y a pas de futur pour qui ne sait d’où il vient, pour qui n’a pas la mémoire du passé qui l’a fait ce qu’il est. Mais sentir le passé, c’est le rendre présent. Le passé n’est pas derrière nous comme ce qui a été autrefois. Il se tient devant nous, toujours neuf et jeune ». Dominique Venner
Voici les liens directs pour télécharger ces douze premiers numéros :
- Enquête sur l’histoire n°1 – Hiver 1991-92 – Dossier : 40 siècles d’identité française
- Enquête sur l’histoire n°2 – Printemps 1992 – Dossier : L’OAS et la guerre d’Algérie
- Enquête sur l’histoire n°3 – Eté 1992 – Dossier : Les aventuriers du XXème siècle
- Enquête sur l’histoire n°4 – Automne 1992 – Dossier : Pétain devant l’histoire
- Enquête sur l’histoire n°5 – Hiver 1993 – Dossier : 1793, la Vendée et la Terreur
- Enquête sur l’histoire n°6 – Printemps 1993 – Dossier : L’âge d’Or de la droite (1870-1940)
- Enquête sur l’histoire n°7 – Eté 1993 – Les crimes politiques (1889-1989)
- Enquête sur l’histoire n°8 – Automne 1993 – Dossier : L’aventure coloniale, l’Europe et l’Afrique
- Enquête sur l’histoire n°9 – Hiver 1994 – Dossier : Russie, mille ans d’énigmes
- Enquête sur l’histoire n°10 – Printemps 1994 – Dossier : Les écrivains et la Collaboration (1940-1945)
- Enquête sur l’histoire n°11 – Eté 1994 – Dossier : L’Europe, une histoire de familles
- Enquête sur l’histoire n°12 – Automne 1994 – Dossier : 1914-1918, la Grande Guerre
- http://fr.novopress.info/
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Signes d’une résolution pacifique de la guerre civile en Syrie
Après une série de confrontations, menées sur le font invisible des services secrets, par le biais de menaces, diffusion de fausses informations, mais aussi de mouvements concrets sur le terrain, les Etats-Unis et la Russie ont enfin trouvé un point de vue commun en ce qui concerne la Syrie. C’est à dire que les deux pays craignent que le groupe de l’État islamique et les rebelles radicaux affiliés à Al-Qaïda, qui contrôlent une partie de la Syrie, pourraient arriver au pouvoir si l’armée de Bachar al-Assad subissait une défaite.
Il s’avère que Washington et le Kremlin sont parvenus à un accord de principe et ont convenu de prendre toutes les dispositions pour trouver un règlement pacifique à la guerre civile en Syrie, d’ici à la fin de cette année. C’est la seule façon de désarmer les militants radicaux islamistes et de les expulser de Syrie. En marge de cet accord en vue d’une solution, il semble que les États-Unis comptent sur la Russie pour sa réalisation pratique.
La preuve de cet accord est devenue de plus en plus claire en août 2015, avec la décision des Etats-Unis d’utiliser pour la première fois ses drones MQ-9 Reaper lourdement armés dans les missions dans le nord de la Syrie, pour le compte des troupes syriennes de Bachar al-Assad, qui se battaient contre l’État islamique. Les drones opéraient à partir de la base d’Incirlik en Turquie, malgré l’opposition du Président Erdogan. Donc, sans avoir à le reconnaître, les Etats-Unis sont devenus l’allié circonstanciel de Bachar al-Assad.
La Russie a mis en place la Commission militaire russo-syrienne, à travers laquelle elle fournit à la Syrie les armes, les informations (en particulier celles obtenues par satellite) et les conseillers militaires. Toutes ces activités exercées par les russes ont été portées à la connaissance de Washington dans un délai raisonnable.
Ce changement d’attitude est dû au fait que, dans cet été chaud, derrière des portes closes du Kremlin, s’est tenu un véritable tour de force de la diplomatie russe, aidé dans les moments critiques par un excellent négociateur avec de solides relations dans le monde arabe : Mohammad Javad Zarif, le ministre des affaires étrangères de l’Iran. Le soutien de l’Iran pour trouver une solution pacifique à la guerre civile en Syrie et sa détermination à combattre ISIS, ont été les principales raisons de la levée des sanctions par le groupe 5 + 1 (Chine, France, Russie, Angleterre, USA, plus l’Allemagne). Soutien récompensé par la Russie à travers le lancement d’un programme de reconstruction de l’Iran.
Initialement, la Russie avait négocié une alliance régionale contre l’État islamique, qui comprenait l’Arabie Saoudite, la Syrie et la Turquie. Mais l’Arabie Saoudite et la Turquie ont changé d’avis. Ankara a annulé le contrat pour le gazoduc Turkish Stream et créé avec l’Ukraine la « Brigade internationale islamique » pour se battre en Crimée. La Turquie a apporté son aide à l’État islamique de façon inattendue en bombardant les Kurdes du PKK et YGP qui luttent contre ISIS. Pour ces raisons, la Russie a changé sa stratégie.
Ensuite la Russie a négocié intensément avec Damas et des forces insurgées modérées de la Syrie, par le biais de deux États influents du Golfe qui ont recruté, armé les rebelles islamistes, et les ont infiltrés en Syrie. Outre l’Iran, il semble que la Russie ait lancé un appel à Oman en tant qu’intermédiaire dans les négociations, en parvenant à imposer sa propre feuille de route : une période de transition, avec un gouvernement d’union nationale, avec Bachar al-Assad à la tête du pays.
Le point culminant a été la réception à Moscou de la délégation conduite par Khaled Khoja, Président du Conseil National Syrien, c’est-à-dire le premier responsable politique des rebelles. Par les canaux de ses services d’information, l’Arabie Saoudite a suivi étroitement tous les mouvements du jeu d’échecs à Moscou, liés à la Syrie, et a proposé au Kremlin des offres qu’il ne pouvait refuser, pour être admis à la table des négociations.
La dernière déclaration de Sergei Lavrov sur la question est transparente : « il n’y a dans nos plans aucun accord avec l’Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar, pour qu’ils puissent participer aux décisions concernant l’avenir de la Syrie ».
Des sources proches de ces négociations, ont déclaré que le compromis principal était lié à la nomination du nouveau chef des services de renseignements syriens, fonction clé dont dépend la survie de n’importe quel régime. L’Arabie Saoudite a choisi son homme, et il semble que John Kerry et Sergueï Lavrov aient convenu que le poste fût occupé par un homme neutre, le général sunnite Mustafa Tlass.
Mustafa Tlass a connu le pilote militaire Hafez al-Assad, père de Bachar al-Assad, à l’Académie militaire de Homs. Les deux officiers ont été affectés au Caire dans la période de 1958-1961, lorsque la Syrie et l’Egypte étaient unies en un seul Etat, la République Arabe Unie (RAU).
Hafez al-Assad a rejoint un groupe de nationalistes qui pensaient que la Syrie était à la remorque de l’Egypte. Le Président Nasser le fait donc arrêter, mais Tlass réussit à s’enfuir, sauvant la femme et le fils d’Al-Assad en Syrie. Après le coup d’État en 1963, Hafez al-Assad devient le président de la Syrie, soutenu par le parti Ba’ath, d’orientation socialiste. Le lieutenant-colonel Mustafa Tlass devient le plus proche collaborateur militaire de Hafez al-Assad. Il a été entre autres, chef d’état-major de l’armée Syrienne (à partir de 1967) et ministre de la défense (1972-2004).
Après la mort de Hafez al-Assad, son fils, Bachar al-Assad prolonge sa mise à la retraite de deux ans au bout desquelles il quitte le ministère de la défense, et en 2005, il prend définitivement sa retraite. En 2011, avec le début de la guerre civile en Syrie, Mustafa Tlass qui avait des divergences avec Bachar al Assad mais n’adoptait aucune des idéologies des rebelles islamistes, a préféré aller vivre en France.
Valentin Vasilescu
source Al manar :: lien
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Marine Le Pen : euthanasie, avortement et loi Taubira
Nouvelles de France publie la traduction en français d'un long entretien accordée par Marine Le Pen à l’hebdomadaire polonais Do Rzeczy (ici) en février dernier qui ne semble pas avoir été repris en France depuis. Voici plusieurs extraits concernant les points non négociables :
Si la gauche française légalise l’euthanasie, l’interdirez-vous ?
Je suis tout à fait opposée à l’euthanasie. Je pense que c’est une dérive très dangereuse. La souffrance humaine existe depuis la nuit des temps et nous ne sommes pas les seuls dans l’histoire du monde à nous être interrogés sur la fin de vie et sur la souffrance. Si jamais des lois comme celle-là n’ont été votées, c’est précisément parce que le risque de dérive de notre société et de notre civilisation était plus important que l’avantage qu’on pouvait en tirer. Moi je crois que la loi Leonetti qui est actuellement en vigueur en France répond au maximum à cette problématique de la souffrance en fin de vie. C’est une problématique très sensible et aller au delà, c’est prendre le risque d’un basculement de civilisation où le droit de vie et de mort est donné en fonction des avis des gens qui s’expriment à titre individuel. Un médecin ne porte que sa propre parole.
N’est-ce pas la suite logique de la légalisation de l’avortement dans les années 70 ? Le FN était traditionnellement plutôt pro-vie. Il parlait de limiter les avortements, voire d’interdire les avortements de convenance. Le discours a évolué. Vous avez dit vous-même, je crois, que vous ne reviendriez pas sur la loi Veil.
Non, le Front National n’a jamais changé d’avis depuis des années. En 1986, les députés du FN au parlement français avaient déposé un projet de loi sur le non-remboursement de l’avortement. Ils n’avaient pas remis en cause l’avortement. Moi, je pense qu’il n’est pas possible d’interdire aujourd’hui le recours à l’avortement. Ce qui est possible en revanche et qui est de la responsabilité d’un État, c’est de tout faire pour limiter le nombre d’avortements, non pas en contraignant les femmes à ne pas avorter, mais en leur accordant la possibilité de choisir de garder leur enfant. Or, aujourd’hui, tout est fait dans une forme d’incitation à l’avortement, comme s’il s’agissait d’une facilité intellectuelle. Si l’on accorde aux femmes et si l’on met en place des propositions natalistes pour leur permettre d’avoir un accès privilégié à un logement, avec des aides qui leur permettent d’élever correctement leurs enfants, etc. etc., avec des campagnes de prévention aussi à l’égard des jeunes femmes et des jeunes hommes, car pour faire un enfant il faut être deux, des campagnes de responsabilisation des uns et des autres, on peut contribuer à limiter l’avortement. Le fait que le nombre d’avortements n’ait pas baissé est incontestablement un échec de notre société, mais dans un combat qui n’a pas été mené en réalité. Donc, c’est cela qu’il faut mettre en œuvre. C’est vrai que pendant la campagne présidentielle on a eu un débat sur ce qu’on a appelé l’avortement « de confort ». C’est un mot qui a choqué, car c’est vrai qu’il n’y a jamais de « confort » à avorter. Mais c’était l’idée qu’avorter 3 fois ou 4 fois, c’est considérer l’avortement comme un mode de contraception. Et cela heurte considérablement les consciences. Mais c’est un vrai sujet de société auquel le gouvernement ne s’est pas attaché de la même manière qu’il ne s’est jamais attaché à mettre en place une politique nataliste.
En Pologne, l’adoption d’une loi qui a restreint la possibilité d’avorter à certains cas précis a beaucoup contribué à faire évoluer les mentalités et aujourd’hui la grande majorité des Polonais sont contre l’avortement. Cela ne peut-il pas être fait en France ?
Le choix du peuple est souverain et aujourd’hui incontestablement l’interdiction de l’avortement ne recueille pas la majorité du peuple français. Mais encore une fois, je pense que mettre en place une véritable politique d’accueil de la vie et redonner le choix aux femmes de ne pas avorter – car je crois que dans beaucoup de cas aujourd’hui elles n’ont plus d’autre choix que d’avorter –, ce serait déjà une avancée très positive.
La gauche polonaise semble penser que l’évolution vers les unions civiles et les « mariages » entre personnes du même sexe est une évolution inévitable. Vous avez, vous, annoncé que si vous êtes élue, vous abrogeriez la loi Taubira. Cela veut-il dire qu’on peut revenir en arrière sur ces « mariages » homosexuels ? Ce serait une première pour une nation. La Californie l’a fait, mais ce n’est pas une nation indépendante. Comment cela se passera-t-il ? Il y a des gens « mariés », il y a des enfants qui ont été adoptés…
Vous savez, la loi est la loi. Il n’y a pas de rétroactivité de la loi en France, cela fait partie de notre État de droit. Donc nous supprimerons la possibilité de mariage. Ceux qui se seront mariés resteront mariés car nous sommes respectueux de l’État de droit. Mais il ne pourra plus y avoir de mariages [entre personnes de même sexe]. Quant aux gens qui ont adopté des enfants, ils l’ont souvent fait en mettant les autorités devant le fait accompli, c’est-à-dire en violant eux-mêmes la loi. Les choses sont très claires : nous sommes opposés au mariage homosexuel, nous sommes opposés à l’adoption par les couples homosexuels mais nous sommes également opposés à l’adoption par des célibataires. Nous considérons qu’un enfant qui est orphelin démarre déjà dans la vie avec un handicap certain et que par conséquent il a le droit à l’équilibre d’un foyer constitué d’un référent « père » et d’un référent « mère ». C’est notre avis et nous le mettrons en œuvre si nous sommes élus parce que si nous sommes élus c’est que le peuple l’aura voulu.
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7 novembre : colloque Catholiques en action, à Nantes
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Cellule 23 - Guerrier de l'ombre
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Des libéraux contre l'immigration de masse
De par ses réglementations et ses bienfaits, l'État attire une catégorie d'immigrés qui prélève plus sur la communauté nationale qu'elle ne lui apporte. On peut l'accepter d'un point de vue chrétien, mais il faut alors bien être conscient que cela ne peut se poursuivre indéfiniment. D'où la nécessité de limitations quantitatives.
Comme l'expliquait le prix Nobel d'économie Maurice Allais dans « Le Figaro » du 5.12.90, "lorsqu'un travailleur immigré supplémentaire arrive, il faudra finalement, pour réaliser les infrastructures nécessaires (logement, hôpitaux, écoles, infrastructures de toutes sortes, installations industrielles, etc.) une épargne supplémentaire égale à quatre fois le salaire annuel de ce travailleur. Si ce travailleur arrive avec sa femme et trois enfants, l'épargne nécessaire sera égale à vingt fois son salaire annuel, ce qui manifestement représente une charge très difficile à supporter". En fait c'est la communauté déjà établie qui supporte l'essentiel de cette charge par les mécanismes de prélèvements obligatoires et de redistribution.
Le problème social vient de l'accumulation, dans certains endroits, d'immigrés dont les coutumes sont ressenties comme gênantes par les populations préexistantes.
Comment alors éviter l'invasion de hordes d'immigrants pauvres dans nos pays comparativement riches ?
Dans un système de propriété privée, les droits de chacun sont conditionnels : on entre dans la propriété d'autrui, dans une copropriété, dans une association, dans une école privée, à condition d'en respecter les règles et d'en payer le prix éventuellement demandé. Le droit de propriété se définit comme la liberté d'exclure autrui de l'usage du bien que l'on possède, quelles que soient les motivations de l'exclusion. Si le propriétaire d'une maison refuse de la louer à quelqu'un qu'il considère comme un "étranger" (parce qu'il vient d'un autre pays, qu'il a une couleur de peau différente, d'autres murs, ou simplement une autre moralité - par exemple une grande négligence dans le paiement des loyers), si le propriétaire d'une entreprise refuse d'embaucher quelqu'un qui ne lui plaît pas - par exemple parce qu'il a montré qu'il était un fainéant, cela peut nous choquer, mais nous devons reconnaître qu'ils en ont le droit.
Ayons l'honnêteté de l'admettre, nous passons notre vie quotidienne à définir des exclusions, car personne ne possède de droits illimités sur nos biens, notre personnalité et notre temps. Il faut donc accepter le droit d'un individu à refuser certains autres individus dans sa maison, son entreprise, sa commune, quelles qu'en soient les raisons, même si le refus tient à ce que ces individus sont perçus comme étrangers. C'est un fait : les êtres humains sont tous différents, et chacun a ses préférences en fonction de critères impénétrables. C'est bien pourquoi nous avons des amis : avoir un ami, c'est avoir quelque chose en commun avec autrui, mais c'est aussi exclure les autres de nos relations d'amitié. Nous passons notre temps à discriminer, pour des motifs que les autres peuvent considérer comme bons ou mauvais, selon leur perception et leur morale. Or le problème de l'immigration vient tout simplement du fait que l'État enlève arbitrairement aux individus le droit à la discrimination à l'égard de ce qu'il définit lui-même comme des "étrangers" (à partir du critère de nationalité), mais qu'il s'attribue ce droit de discrimination sous le nom de politique d'immigration.
De quel droit l'État se permet-il de décider de ce qui concerne mes relations privées ?
Dans le contexte actuel où le niveau d'immigration est défini globalement pour l'ensemble de la nation par le pouvoir politique, et où, par ailleurs la "politique sociale" aboutit à subventionner l'immigration des moins productifs, certains, qui se disent favorables à l'immigration et proclament leur générosité par des discours contre le racisme, ne sont pas touchés par le phénomène ; d'autres lui sont opposés, parce qu'ils voient leur environnement culturel, religieux, ou de simple voisinage, se modifier profondément. N'ayant pas le moyen de décider eux-mêmes, ils en appellent à l'État pour résoudre leurs problèmes personnels, qui deviennent ainsi des problèmes nationaux.
Mais aucun compromis global ne pourra être trouvé.
L'immigration "de mauvaise qualité", celle qui donne lieu aux problèmes d'adaptation, et qui coûte cher à la collectivité préexistante, est encouragée, parce que les immigrants peu formés sont ceux qui ont le plus intérêt à immigrer : ils bénéficient "d'avantages sociaux" et de ressources d'infrastructure, dont le financement résulte en partie de prélèvements obligatoires sur les autres. Il est clair qu'ils n'immigreraient pas s'ils devaient payer ces avantages et ces ressources à leur coût réel.
Or en France on a plutôt tendance à taxer ceux qui produisent les richesses et à subventionner ceux qui les consomment.
Émigrer n'est certes pas facile pour celui qui doit ainsi quitter sa famille, son village, sa culture et ses habitudes. Il le fait parce que la différence de niveau de vie entre son pays d'origine et son pays d'accueil est importante, le plus souvent pour des raisons artificielles : sans doute que l'État étouffe toute initiative dans son pays d'origine, alors qu'il est protégé des aléas dans son pays d'accueil sans que cela ne lui coûte beaucoup.
Il faut donc chercher des solutions qui obligeraient les immigrés à assumer la totalité des devoirs et des coûts que leur présence entraîne. Et pour commencer, l'obligation de constituer des systèmes spécifiques d'assurance maladie et de retraites, et de pourvoir au coût de l'éducation de leurs enfants
Extraits du « Bulletin du Cercle Frédéric Bastiat » n° 13
Compte rendu de la soirée du 18/09/1993 avec Pascal SALIN
http://www.bastiat.net/fr/ -
Dédicace à Paris
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Les racines européennes ne sont pas musulmanes
L’Occident sans l’islam
Le choix du lauréat du prix Lyssenko s’imposait, cette année, à la suite de ce que l’on a appelé l’affaire Gougenheim. Roger-Paul Droit avait publié dans les colonnes du Monde, le 4 avril 2008, un excellent compte rendu du livre de Sylvain Gouguenheim qui venait de paraître aux éditions du Seuil sous le titre Aristote au Mont Saint-Michel, et le sous-titre Les racines grecques de l’Europe chrétienne
Dans la présentation qui figurait en première page du journal, on pouvait lire : « L’Occident sans l’islam. Remettant en cause une idée solidement installée, l’historien Sylvain Gouguenheim conteste que le savoir des Grecs ait été transmis à l’Europe par le monde musulman. » Solidement installée, en effet, puisque le président Jacques Chirac n’avait pas craint de déclarer, en 2003 : « Les racines de l’Europe sont autant musulmanes que chrétiennes » (sic).
Et Roger-Paul Droit de développer : « Etonnante rectification des préjugés de l’heure, ce travail de Sylvain Gouguenheim va susciter débats et polémiques. (…) Cet universitaire des plus sérieux met à mal une série de convictions devenues dominantes. Ces dernières années, en suivant notamment Alain de Libera ou Mohamed Arkoun, Edward Saïd ou le Conseil de l’Europe, on aurait fait fausse route sur la part de l’islam dans l’histoire de la culture européenne. Que croyons-nous donc ? En résumé ceci : le savoir grec antique (…), après avoir tout à fait disparu d’Europe, a trouvé refuge dans le monde musulman, qui l’a traduit en arabe, l’a accueilli et prolongé, avant de le transmettre finalement à l’Occident, permettant ainsi sa renaissance (…). Selon Sylvain Gouguenheim, cette vulgate n’est qu’un tissu d’erreurs, de vérités déformées, de données partielles ou partiales. (…) Somme toute, contrairement à ce qu’on répète crescendo depuis les années 1960, la culture européenne, dans son histoire et son développement, ne devrait pas grand-chose à l’islam. En tout cas, rien d’essentiel. Précis, argumenté, ce livre qui remet l’histoire à l’heure est aussi fort courageux.»
L’article du Monde a aussitôt déclenché les orgues de Staline contre le malheureux écrivain. Daté du 28 avril 2008, un « Appel des enseignants, chercheurs, personnels, élèves et anciens élèves de l’ENS-LSH [Ecole normale supérieure Lettres et sciences humaines]» , établissement sis à Lyon où Sylvain Gouguenheim est professeur d’histoire médiévale, appel qui porte plusieurs centaines de signatures, dénonce sans rire, selon le procédé éprouvé du voleur qui crie : « Au voleur !» , les prétendues « prises de position idéologiques de Sylvain Gouguenheim (qui) n’engagent en rien les membres de son école» et affirme l’attachement des pétitionnaires « à la nécessaire distinction entre recherches scientifiques et passions idéologiques ». Il était difficile d’être plus hypocrite. La référence à l’objectivité scientifique ne manque pas de sel, quand on a fréquenté les écrits des partisans de la thèse des racines musulmanes ou de « l’héritage oublié», comme dit Alain de Libera, le chef de file de ce courant de pensée.
Reconnaissons qu’Alain de Libera, pour sa part, est moins tartuffe que ses camarades. Il ne cache pas son jeu, qui est ouvertement idéologique. Dans un article de Télérama du 28 avril 2008, il se déchaîne ainsi contre Gouguenheim : « Les amateurs de croisade pourraient y regarder avant d’appeler le public à la grande mobilisation contre les sans-papiers. (…) Je « nous» croyais sortis de ce que j’ai appelé il y a quelques années (…) : la « double amnésie nourrissant le discours xénophobe» (…). Je croyais naïvement qu’en échangeant informations, récits, témoignages, (…) nous, citoyens du monde, étions enfin prêts à revendiquer pour tous (…) le « grand héritage humain» . C’était oublier l’Europe aux anciens parapets. (…) Cette Europe-là n’est pas la mienne. Je la laisse au « ministère de l’immigration et de l’identité nationale» et aux caves du Vatican. » Ainsi Libera énonce-t-il d’emblée, sur le ton de la rage, l’enjeu politique et idéologique de l’affaire Gouguenheim. Alors qu’il s’agit en apparence, au départ, d’une controverse érudite sur les traductions d’Aristote ou sur l’influence du philosophe musulman Averroès en Occident, il nous conduit directement dans une polémique très actuelle sur la place de l’islam en France…
« L’héritage oublié »
Dès la première page de son livre, Sylvain Gouguenheim n’avait pas craint de contester Libera et sa thèse de l’héritage oublié, entendez, de l’héritage qui nous viendrait de l’Islam et que nous, Occidentaux, aurions oublié : « S’impose maintenant l’image biaisée d’une chrétienté à la traîne d’un « Islam des lumières» auquel elle devrait son essor, grâce à la transmission d’un savoir grec dont l’époque médiévale aurait perdu les clés. On parle d’un « héritage oublié» dont il faudrait rendre conscients les Européens. » « On » , c’est Alain de Libera, qui intitule « L’héritage oublié » l’un des chapitres de Penser au moyen âge » où il écrit notamment : « Que les « Arabes» aient joué un rôle déterminant dans la formation intellectuelle de l’Europe (est une chose) qu’il n’est pas possible de « discuter» à moins de nier l’évidence. La simple probité intellectuelle veut que la relation de l’Occident à la nation arabe passe aujourd’hui par la reconnaissance d’un héritage oublié. ». La seule « évidence» qu’il nous paraît impossible de nier, pour notre part, c’est que le lauréat du prix Lyssenko recourt ici à la rhétorique de l’intimidation pour dissimuler la faiblesse de ses arguments et que la « probité intellectuelle» dont il se réclame n’est pas éclatante…
En fait, dans Penser au moyen âge, Alain de Libera étale au grand jour les préjugés idéologiques qui le qualifiaient pour le prix. Aussi étonnant que cela puisse paraître pour un ouvrage d’érudition qui s’attarde sur des détails de la pensée de Boèce de Dacie ou de Jean de Jandun, qui commente longuement la condamnation de 219 thèses philosophiques par Etienne Tempier, évêque de Paris, en 1277, il consacre littéralement des dizaines de pages, dans les premiers chapitres, à nous faire profiter de ses analyses de la société actuelle et des ses opinions politiques, dont il ne fait pas mystère. Par exemple, après avoir évoqué les jeux vidéo, dans l’une de ces digressions saugrenues dont il a le secret, il se laisse aller à dire, dans son style inimitable : « Ces scénarios affligeants sont la reconstitution de l’axe Tokyo-Berlin. Siegfried ne tue plus Fafner : comme toute entreprise un peu vieillotte, il a d’abord affaire au Japon. (…) Le modèle d’une nature homogène, purgée du cosmopolitisme des essences et des espèces exotiques par l’action réparatrice d’un héros de la gonflette se laisse aisément transposer au domaine de la vie sociale. Identifiées aux marges ténébreuses de l’empire de la Lumière, les banlieues attendent le grand éboueur, celui qui restaurera l’harmonie, la propreté et la confiance dans les cages d’ascenseur et le réseau express régional, celui qui nettoiera les tags et dessinera des moutons, celui qui, fût-ce au prix de quelques ratonnades, fera revivre l’âge d’or de La Rue de l’espoir, du Père la frite et de La Famille Duraton. C’est là qu’intervient Le Pen, le fantasme du chevalier blanc et la fiction mi-littéraire, mi-politique, d’un retour aux “valeurs” de l’Occident chrétien ». Des pages comme celles-là, qui sont pour le moins déplacées dans un ouvrage d’histoire de la philosophie, et qui valent leur poids d’arrogance et de mépris, il y a en a des dizaines. Il fallait en citer un extrait, aussi ridicule soit-il, aussi désagréable soit-il à entendre, pour mesurer à quel point son enquête historique est faussée, ab initio, par ses préjugés idéologiques. Ainsi, d’ailleurs, que par certaines préoccupations corporatives : son livre contient, en effet, un plaidoyer pour que l’on fasse plus de place, dans l’enseignement, à l’histoire de la philosophie au moyen âge. Pour réhabiliter celle-ci aux yeux des intellectuels de gauche, il affirme, en substance, qu’il est indispensable de la faire connaître pour que l’on mesure tout ce que nous devons à l’islam… La thèse de l’héritage oublié a aussi une vocation alimentaire.
« La perspective qui guide l’enquête »
Alain de Libera, nous l’avons dit, a le mérite de ne pas avancer masqué. Le Larvatus prodeo de Descartes, ce n’est pas sa devise. Il assène ainsi, en introduction : « Puisque l’histoire de la philosophie ne servirait à rien si la morale que l’on retrouve n’en dictait pas une autre (…), cet essai parlera donc aussi de notre société, de la laïcité, du pluralisme religieux et culturel, du racisme et de la xénophobie. (…) A quoi bon faire de l’histoire si c’est pour remâcher la vie des morts ? (…) Il nous a semblé plus utile, retrouvant l’ambition commune des anciens « métissages», de plaider avec des mots anciens la cause, toujours nouvelle, de la raison. » Nous allons voir, justement, que la raison, sujet central de son livre, est singulièrement malmenée par notre lauréat.
Il a fixé d’emblée, en effet, « la perspective qui guide l’enquête», c’est-à-dire, pour dire les choses franchement, selon nous, la conclusion à laquelle il prétend aboutir et qu’il a posé d’emblée, avant de l’avoir démontrée. « Notre conviction, dit Libera, est que l’histoire de l’aristotélisme occidental est, pour une large part, celle d’un emprunt – d’un emprunt aux Arabes. On peut encore exprimer cela plus brutalement en disant que le penseur européen des XIIIe et XIVe siècle est un produit d’importation. »
Le fiasco intellectuel de l’enquête en question est patent cependant, quand on a le courage de la suivre jusqu’au bout, puisqu’elle culmine dans le portrait philosophique de deux grands auteurs, Dante et Maître Eckhart, où il ne reste plus grand-chose, en réalité, selon les propres analyses de Libera, de la filiation musulmane. Ni l’Italien ni l’Allemand, figures majeures de « l’intellectuel au moyen âge» , ne peuvent être présentés comme des « produits d’importation» ! Ce ne sont pas de simples disciples d’Avicenne ou d’Averroès, ou d’autres auteurs musulmans, quels que soient les emprunts qu’ils aient pu leur faire, peut-être, et que Libera n’a pas réussi à exagérer au point de servir à sa démonstration avortée.
« L’inanité de la thèse »
Alain de Libera est un de ces lyssenkistes qui nous font regretter Lyssenko. Trophime Denissovitch Lyssenko, qui fut, comme on sait, le biologiste favori de Staline, s’attaquait à la génétique, qu’il dénonçait comme une science bourgeoise, fasciste, nazie. Ses thèses proprement scientifiques étaient radicalement fausses, c’est entendu, mais elles n’étaient pas évidemment absurdes quand il a commencé à les soutenir, dans les années 1930, parce que la génétique était encore dans l’enfance. Il en allait tout autrement, par exemple, de notre premier lauréat, Albert Jacquart, distingué en 1990 pour l’ensemble de son œuvre ; ce curieux généticien expliquait, en effet, que l’hérédité n’existait pas et que les enfants n’avaient aucun rapport avec leurs parents. Ou encore d’André Langaney, autre biologiste, qui niait l’existence des races humaines. On peut être effaré de la réputation qui est attribuée, dans nos sociétés désinformées, à ce genre de théories évidemment contraires à la vérité.
Dans son acception la plus large, la doctrine des racines islamiques demandait, il est vrai, une réfutation savante, et c’est l’immense mérite de Sylvain Gouguenheim de l’avoir entreprise avec succès. Mais la version qu’en a donné Alain de Libera était tellement radicale que toute personne moyennement informée de l’histoire ne pouvait que la trouver fondamentalement absurde. Si l’on fait l’effort de lire Penser au moyen âge avec un minimum d’esprit critique, on découvrira que Libera est incapable de soutenir sa thèse avec des arguments solides. Il a beau aligner les discours filandreux et les raisonnements abscons, sa théorie lui échappe au fur et à mesure qu’il avance dans son exposé. C’est ce que nous appelons l’auto-réfutation de Libera, ou Libera réfuté par lui-même. Mais si, lassé, le lecteur de Libera renonce à aller jusqu’au bout et abandonne le livre juste après que l’auteur a affirmé tout ce que nous devons à ce prétendu héritage oublié , il pourra, quand même, après un minimum de réflexion, se convaincre de l’inanité de la thèse.
Remarquons d’abord que le terme d’héritage est inadéquat pour désigner les emprunts qui ont été faits par l’Occident au monde islamique, à certaines époques. De plus, les emprunts avérés de l’Occident aux philosophes « arabes» (qui étaient souvent des philosophes iraniens écrivant en arabe, comme Avicenne) n’ont jamais été méconnus ni oubliés ; Libera ne parvient même pas à démontrer qu’ils aient été sous-estimés. Et puisque les traductions de l’arabe, non seulement des auteurs arabes, mais surtout des auteurs grecs traduits en arabe, ne commencent guère qu’au XIIIe siècle, on ne pourrait attribuer à ces auteurs ou à ces traductions l’essentiel de notre « identité intellectuelle» sans ignorer les siècles précédents. Or, quel qu’ait été le déclin des études pendant le haut moyen âge, chacun se souvient de la renaissance carolingienne, et surtout, chacun sait que les évangiles ont été écrits en grec, que les Pères de l’Eglise, dont la moitié étaient grecs, étaient tous nourris de philosophie grecque, et que le christianisme a donc toujours véhiculé, tout particulièrement dans les monastères, l’héritage de l’antiquité grecque, comme une partie intégrante de sa pensée et de sa doctrine.
« La réhabilitation d’Aristote »
L’honnête d’homme, que nous supposons donc avoir lu Libera, mais pas Gouguenheim, ne manquera pas non plus d’être frappé par le rôle que notre médiéviste émule de Lyssenko donne à Aristote dans l’essor de la pensée occidentale. Depuis la prétendue « renaissance» du XVIe siècle, on répète, et on nous a appris, sur les bancs de l’école laïque, sinon à mépriser Aristote, du moins à condamner l’autorité que les penseurs « moyenâgeux», comme on dit avec dédain, ont conféré à la pensée d’Aristote. Aristoteles dixit (Aristote a dit), ce serait le leitmotiv de l’obscurantisme médiéval. Et voici maintenant que, par un tour de magie, nous devrions avoir une infinie reconnaissance aux « Arabes» pour nous avoir apporté Aristote.
Gouguenheim a montré que l’Occident n’avait pas eu besoin de la transmission musulmane pour redécouvrir Aristote et il a insisté, notamment, sur le rôle de traducteur de Jacques de Venise, qui travaillait au monastère du Mont Saint-Michel (d’où le titre de son livre Aristote au Mont Saint-Michel). Mais, quand même tout Aristote nous serait venu des musulmans, ne devrions-pas, au contraire, leur en vouloir, selon la vulgate de l’enseignement public, laïc et obligatoire, si Aristote était la matrice de l’obscurantisme ?
Libera ne s’affranchit de cette vulgate que lorsque cela l’arrange. Evidemment, si l’on veut nous trouver une dette envers les Arabes ou les musulmans en général, une fois reconnu qu’ils nous ont donné les rudiments de l’algèbre et les chiffres « arabes» (qu’ils ont d’ailleurs empruntés aux hindous), il faut admettre que pour l’essentiel, il nous ont transmis des traductions d’Aristote, des adaptations d’Aristote et des commentaires d’Aristote… Si l’on retranche Aristote, il ne reste plus grand-chose de l’héritage oublié. L’opération idéologique est donc claire. Force est de réhabiliter Aristote si l’on veut présenter l’Occident comme le débiteur de l’Islam !
Cette réhabilitation d’Aristote est, à nos yeux, un petit bénéfice collatéral de l’entreprise lyssenkiste de l’héritage oublié. Ne boudons pas notre plaisir. Il en est un autre, qui est infiniment plus grand, c’est la nécessité, pour les adversaires de l’identité de l’Occident, autrement dit, pour les intellectuels de gauche, de réhabiliter le moyen âge lui-même, puisque le XIIIe et le XIVe siècles sont les deux seuls, dans notre histoire, où l’influence du monde islamique n’ait pas été négligeable. Certes, Libera et alii s’emploient à mettre en valeur les hérétiques, les hétérodoxes, comme Boèce de Dacie ou Maître Eckart, ou les sectateurs du Libre Esprit, les bégards et les béguines, plutôt que Saint Thomas d’Aquin et le Bienheureux Duns Scot. Mais il ne peuvent pas échapper à une réévaluation générale de la qualité intellectuelle de la pensée médiévale ; ils ne peuvent pas ne pas remettre en cause, quoi qu’ils en aient, les préjugés stupides qui se sont épanouis depuis la prétendue Renaissance à l’égard de tant d’éminents penseurs du moyen âge et de la société où ils ont vécu. L’affaire Gouguenheim amène la gauche intellectuelle, pétrie d’idéologie et d’intolérance, en un mot, de lyssenkisme, sur un terrain où elle ne peut que « tirer contre son camp» . C’est pourquoi l’on peut dire que Sylvain Gouguenheim méritait d’inscrire son nom dans l’histoire des idées.
« La confrontation de l’hellénisme et du monothéisme »
L’honnête homme va surtout découvrir dans le livre de Libera une phrase qui résume la thèse de cet auteur et qui, dans le style péremptoire qu’il affectionne, suffit à le discréditer : « C’est dans le monde musulman que s’est effectuée la première confrontation de l’hellénisme et du monothéisme ou, comme on dit, de la raison et de la foi.» Hénaurme , comme aurait dit le père Ubu. Toute personne normalement cultivée sait pertinemment que le christianisme n’a cessé de se nourrir de la pensée grecque. Les évangiles ont été écrits en grec, et le quatrième évangile, celui de Saint-Jean, adopte le langage de la philosophie grecque, lorsqu’il affirme : « Au commencement était le Verbe» , en grec, le Logos. Il est inutile de s’étendre sur la vacuité, ou, pour dire les choses carrément, sur la stupidité de la phrase d’Alain de Libera, qui fait impudemment l’impasse sur les six siècles de pensée chrétienne qui se sont développés avant l’hégire. M. de Libera n’a-t-il jamais entendu parler de Saint-Augustin ? Ne sait-il pas que les Pères de l’Eglise n’ont cessé d’argumenter contre les philosophes païens qui refusaient la foi chrétienne ?
La confrontation entre la raison et la foi a pris principalement, en terre d’islam, le caractère de la gnose, c’est-à-dire de l’absorption de la foi dans la raison, comme le montre Henry Corbin dans son Histoire de la philosophie islamique. Or, la chrétienté, si elle a connu la gnose, l’a toujours rejeté à la marge. L’Eglise a toujours voulu distinguer la foi (pistis) de la connaissance rationnelle (gnosis). C’est donc peu de dire qu’elle n’a pas ignoré la confrontation dont parle Libera. La définition des dogmes chrétiens ne peut pas se comprendre sans elle.
Il est donc absurde de supposer que l’Europe, ou l’Occident, ait eu besoin de l’islam pour découvrir l’usage de la raison. C’est le contresens majeur commis par Libera. Mais notre lauréat s’est trompé tout aussi lourdement sur l’islam que sur le christianisme. Il écrit ainsi, à propos de la « crise de la scolastique » : « Le projet pédagogique était averroïste dans son présupposé – la non-contradiction de la raison et de la révélation », ce qui impute ridiculement à l’influence d’Averroès un trait permanent de la culture chrétienne. Mais, ajoute-t-il, « plutôt que d’averroïsme, c’est bien d’arabisme qu’il faut parler ». Admirable tour de passe-passe sémantique où l’on a du mal retrouver la « probité intellectuelle» dont Libera se targue. La pensée d’Averroès est restée quasiment ignorée dans le monde musulman : « En Orient (…), dit Henry Corbin, l’œuvre d’Averroès passa pour autant dire inaperçue.» et il ajoute : « Si un bon nombre des œuvres d’Averroès sont venues jusqu’à nous, on en est redevable aux philosophes juifs. Les copies arabes en furent toujours très rares, car l’acharnement avec lequel les Almohades traquèrent la philosophie et les philosophes en empêcha la multiplication et la diffusion. » Il est donc singulièrement abusif de confondre l’averroïsme avec un quelconque arabisme, comme si la pensée d’un seul auteur pouvait tenir lieu de toute une civilisation. Mais Libera n’a pas ce genre de scrupule, puisqu’il sait d’avance où il veut en arriver, et il continue, sans désemparer : « A quoi bon tenter de renouer avec l’« héritage oublié» ? La réponse est simple et elle se confond avec ce que nous appelons l’arabisme : parce qu’on y trouve une dimension à la fois religieuse, humaniste et rationnelle ; parce que cette dimension fait partie de notre héritage (…). En quoi consiste cette dimension ? En deux idées au moins : celle d’une recherche collective, plurielle, voire pluraliste de la vérité ; celle d’une destination intellectuelle et éthique de l’homme. » Or, cette « dimension» , que Libera veut appeler « arabisme» , n’est certainement pas spécifique du monde islamique. Elle a toujours été beaucoup mieux représentée dans l’Europe chrétienne.
Nous avons hérité de la Grèce la distinction entre philosophie et religion, qui nous paraît évidente. Or, elle est ignorée des autres civilisations. En Chine, le confucianisme et le taoïsme sont tout à la fois philosophie et religion. On peut en dire autant des six « darshana» ou systèmes philosophiques de l’Inde, qui sont parties intégrantes de l’hindouisme. Dans l’Orient islamique, malgré les apparences, la distinction n’est pas claire non plus. Henry Corbin écrit à ce propos : « La distinction nettement tranchée entre « philosophie» et « théologie» remonte, en Occident, à la Scolastique médiévale. Elle présuppose une « sécularisation» dont l’idée ne pouvait venir en Islam, pour la première raison que l’Islam n’a pas connu le phénomène Eglise, avec ses implications et ses conséquences. » Cette remarque est essentielle, et elle suffirait à réduire à néant les prétentions théoriques d’Alain de Libera.
« Laïcité et philosophie »
Si l’on suit, en effet, ses analyses de l’université au moyen âge, il croit voir apparaître la figure de l’« intellectuel» , qui semble incarner à ses yeux, bien qu’il ne le dise pas clairement, notre « identité intellectuelle» en formation, parmi les philosophes, maîtres ès arts, qui sont interdits de théologie, à moins de changer de faculté, et qui finissent par se convaincre que la philosophie se suffit à elle-même, qu’elle n’a pas plus besoin de la religion que de la théologie. Cette autonomisation de la philosophie est sans aucun doute une étape importante de la formation du monde moderne, mais elle n’aurait pas été possible si, pour les théologiens eux-mêmes, la distinction n’avait pas été essentielle. Elle était d’ailleurs inscrite dans la séparation des deux facultés. Mais on ne pouvait pas devenir théologien sans être d’abord philosophe. C’était la doctrine résumée par le fameux adage Philosophia ancilla theologiae (la philosophie est la servante de la théologie).
Dans l’Orient islamique, les choses sont bien différentes. Le kalam est à la fois théologie et philosophie. La philosophie proprement dite, la falsafa, désignée par un mot emprunté au grec, a toujours été à la périphérie de l’Islam, et le kalam ne s’en préoccupe pas, sauf pour la combattre. Comme un corps étranger, elle est demeurée marginale, sauf quand elle a été intégrée dans une gnose, sous la forme du soufisme ou du chiisme. Quant à Averroès, ce philosophe arabe d’Espagne, qui a été le plus proche du rationalisme que nous connaissons en Occident, son influence a été très faible en terre d’islam.
En fait, la distinction de la philosophie et de la théologie, qui prolonge celle de la raison et de la foi, est une manifestation essentielle de la laïcité qui est au principe de l’Occident. Elle est contraire au génie de l’Islam. Mahomet était à la fois prophète et homme d’Etat et le Coran, qui est la Parole de Dieu, selon le dogme islamique, et non celle d’un homme inspiré, ne définit pas seulement la foi, mais aussi l’organisation de la Cité, le droit civil et le droit pénal. L’islam n’a pas de prêtres, mais des oulémas, des docteurs de la Loi, qui sont chargés d’interpréter et d’appliquer les règles sociales définies par la charia, la loi coranique. Il n’y a pas de laïcité dans l’islam. C’est pourquoi l’hypothèse de Libera, qui voudrait que la laïcité radicale, ou laïcisme, défini comme l’émancipation de la philosophie, ou de la raison, qui donnent congé à la foi, soit un « produit d’importation» et que nous l’ayons emprunté à l’islam, où elle n’existait pas et ne pouvait pas exister, est hautement fantaisiste.
Le jury du prix Lyssenko ne pouvait pas trouver mieux qu’Alain de Libera. Nous avons affaire à un auteur qui défend avec autant d’arrogance que d’acharnement une thèse absurde et qui invoque ouvertement des prolongements politiques actuels qui sont parfaitement déplacés dans une discussion scientifique. Et l’enjeu du débat qui est apparu au grand jour avec l’affaire Gouguenheim n’est pas seulement historique, il est aussi politique, tant il est vrai que « la vérité nous libère» . En effet, la doctrine de l’héritage oublié, selon le professeur Alain de Libera, est faite pour brouiller la définition de notre identité ; elle rabaisse l’Occident et contribue à culpabiliser les Occidentaux, renvoyés à leur prétendue ingratitude ; enfin, elle est évidemment conçue pour légitimer l’immigration et la place croissante qui est reconnue à l’islam en France. Le monde musulman, pour sa part, y adhère avec enthousiasme. Selon le professeur Dominique Urvoy, « la formule incriminée : “L’Europe doit ses savoirs à l’islam» , est partout répétée en pays musulman depuis Tahtawî (v. 1835) et al-Afghânî (v. 1884). »
Alain de Libera ne se contente pas de soutenir une erreur manifeste, il met son entreprise de désinformation historique au service d’un projet idéologique. Il fallait qu’il reçût le prix Lyssenko.
Le Club de l’Horloge Attribution du prix Lyssenko 2007 23/10/2008
A lire aussi pour les notes : http://www.clubdelhorloge.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=182:prix-lyssenko-2007&catid=19:prix-lyssenko&Itemid=222
http://www.polemia.com/les-racines-europeennes-ne-sont-pas-musulmanes/
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Quand l’État impose une mosquée (Présent 8426)
Présent nous a autorisé à reproduire l’intégralité de l’interview de Cyril Nauth, maire de Mantes-la-Ville, parue dans son édition de ce jour. Nous les remercions d’autant plus que nos lecteurs connaissent bien cette affaire et les différentes actions menées par le Bloc Identitaire pour lutter contrel’implantation d’une mosquée dans cette commune des Yvelines.
27/08/2015 – FRANCE (NOVOpress) Dans notre précédente interview du maire FN Cyril Nauth (Présent du 19 mai), la question qui se posait était : y aura-t-il deux mosquées à Mantes-la-Ville ? La bataille juridique évolue, puisque désormais la question est : y aura-t-il un commissariat ou une mosquée ? Opposé au maire, le préfet des Yvelines lui-même, à qui la justice a donné raison vendredi. Une décision qui n’est pas définitive, comme le souligne Cyril Nauth.
Que répondez-vous à l’accusation de « détournement de pouvoir », expression employée par le juge ?
Pour être précis, c’est le motif invoqué par le préfet des Yvelines, Erard Corbin de Mangoux – c’est-à-dire l’État. Dans ce dossier, il ne pouvait guère évoquer que ce motif-là. Ce qu’il faut noter, c’est que cette décision du tribunal administratif de Versailles de suspendre la préemption d’un local, telle que nous l’envisagions, n’est pas définitive. Certains de vos confrères semblent ne pas l’avoir compris. La décision suspend la préemption, ce qui est logique puisque, si elle ne le faisait pas, la mairie ferait sans tarder l’acquisition de l’ancienne trésorerie pour y installer un commissariat. Cette décision provisoire du tribunal n’a donc pas été une grande surprise.Avez-vous bon espoir de la décision judiciaire qui sera rendue ultérieurement ?
Oui, puisque la décision du 21 août ne préjuge en rien de la décision à venir – sauf si on considère que la justice française, administrative ou pas, est du même acabit que l’État. Je veux croire, encore, qu’il existe une justice indépendante et qui saura prendre de la hauteur par rapport à la position du préfet, qui me semble politique. Il s’est substitué à l’association musulmane pour attaquer ma décision. Je trouve cela regrettable. En ces temps difficiles, l’État n’a rien de mieux à faire que de chercher des poux dans la tête d’un maire ? D’autant que j’ai été élu en partie sur cette opposition au projet de mosquée. Les Mantevillois m’ont confié cette tâche et je suis là pour tenir mes engagements. À la place du projet de mosquée, j’ai proposé un vrai projet d’intérêt général et local de transfert de poste de police municipale.Est-ce habituel qu’un préfet s’immisce à ce point dans les projets d’une commune ?
En faveur de la création d’un lieu de culte musulman, je ne sais pas si c’est une première ; mais cela doit être peu fréquent. La jurisprudence fait état de cas concernant les Témoins de Jéhovah… En se mêlant de cela, le préfet commet une erreur, voire une faute, puisque c’était à l’association musulmane de contester ma décision, pas à lui. Elle en avait tout à fait le droit : quand un acquéreur potentiel voit s’annoncer une préemption par une collectivité territoriale, il a le droit de contester cette décision. Je m’attendais à une contestation de l’association musulmane, mais elle n’a pas eu à le faire : l’État a mis à sa disposition, en quelque sorte, des avocats et des moyens financiers pour s’opposer à un maire. C’est le plus scandaleux de l’affaire.
Mi-août, le préfet de l’Hérault s’en est pris à Robert Ménard, maire de Béziers. Ce préfet est un ancien directeur de la DST. Le préfet des Yvelines, lui, a été directeur général de la DGSE. Faut-il y voir un « flicage » à l’égard des maires Front national ?
Les préfets, nommés par l’État, sont nécessairement proches du pouvoir. Dans les Yvelines, qui sont un département francilien, on place des gens particulièrement « choisis ». Corbin de Mangoux était présenté comme un « très proche » de Nicolas Sarkozy, qui l’avait nommé à la DGSE alors que sa carrière ne le prédisposait pas à ce type de haute fonction. Il a été nommé préfet des Yvelines par François Hollande en 2013. Pour le coup, la volonté d’imposer des mosquées en France appartient autant à la droite sarkozyste qu’aux socialistes. La question est : dans le cas qui nous occupe, le préfet agit-il de manière autonome ou est-ce un ordre qui vient d’en haut, voire de très haut ? Je n’ai pas la réponse.Les Yvelines connaîtraient-elles la tentation de la dhimmitude ?
Pierre Bédier, président LR du conseil général des Yvelines, est une personnalité importante des Yvelines, or il a toujours joué le jeu du communautarisme et de l’électoralisme avec les musulmans. D’où les deux grandes et « belles » mosquées de Mantes-la-Jolie… Il est tout à fait possible que le préfet joue le même jeu. Depuis le mois de juin, le département a même un CIMY, c’est-à-dire un Conseil des institutions musulmanes des Yvelines ! C’est une première en France, et ce conseil a été créé à l’instigation du préfet. Sans surprise, figure dans ce CIMY Abdelaziz El Jaouhari, qui n’est autre que le président de l’association musulmane avec laquelle je suis en conflit, la MMS. Or le préfet a publié sur son compte Twitter officiel, le 9 juillet dernier, une photo qui le montre partageant le repas de rupture du jeûne avec… Abdelaziz El Jaouhari, à la même table. Un nouveau préfet des Yvelines, Serge Morvan, a été installé tout récemment, le mardi 25 août précisément. Le départ d’Erard Corbin de Mangoux va-t-il modifier la donne ? L’affaire est très engagée et je ne vois pas pourquoi le nouveau préfet irait à l’encontre de son prédécesseur, d’autant que lui est un proche des socialistes. Mon espoir est que Serge Morvan soit moins proche de Pierre Bédier, avec lequel je suis en conflit sur d’autres sujets, notamment sur des subventions dues par le département à Mantes-la-Ville, qui s’élèvent à trois millions d’euros et que Pierre Bédier bloque. Il se croit tout permis depuis que l’UMP a fait un grand chelem électoral dans les Yvelines aux élections départementales.La procédure judiciaire va donc suivre son cours ?
Nous attendons une décision en première instance. Si elle nous est défavorable, nous ferons appel, mais cela ne laissera que peu de répit. La procédure choisie par le préfet est celle du référé, qui est une procédure d’urgence : non seulement on veut imposer quelque chose aux Mantevillois, mais on veut l’imposer de manière rapide. Si la justice allait dans le même sens que l’Etat, l’association musulmane acquerrait sans tarder le local, peut-être avant la fin de l’année 2015. Nous nous lancerions alors dans une autre bataille, celle du permis de construire. Les questions urbanistiques que soulève le projet de mosquée sont nombreuses, nous ne ferons pas de cadeaux. Il faut bien comprendre que, dans le droit français, il n’y a aucun moyen de s’opposer à la construction d’un lieu de culte, quel qu’il soit. Le domaine urbanistique est le seul sur lequel on puisse se battre.
Je précise cela pour ceux qui seraient tentés d’accuser les élus du Front national d’être trop tendres vis-à-vis de l’islam : nos moyens d’action sont limités.Propos recueillis par Samuel Martin
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