Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Une « messe de minuit » en 1794…

    (Sont indiqués entre parenthèses les noms que portent de nos jours les villages cités)

    L’histoire d’une messe de minuit que nous allons raconter s’est passée dans les moments les plus affreux de la Grande-Guerre, alors que le monde se croyait rendu à sa fin. La terre tremblait, les éléments étaient confondus, les nations éperdues se tordaient dans l’épouvante et la consternation, les démons déchaînés entraient dans le coeur des hommes pervers, les chefs s’habillaient de peaux d’hommes, s’abreuvaient de sang et se repaissaient de chair humaine. Ces monstruosités ont été commises, ces horreurs ont été vues, ici dans cette contrée, sur cette terre qui nous porte.

     Dans ces jours d’exécrable mémoire, la paroisse de Beaufou fut tout spécialement mise à feu et à sang. Elle devait cette haine des méchants à sa grande fidélité à la religion. Elle était la seule dans tout le pays où tout le monde, sans exception, était bon chrétien ; on n’y trouvait pas un seul ennemi du bon Dieu, pas l’ombre d’un traître.

     Une des bandes infernales venait de brûler une première fois l’église, le bourg, et de commettre des atrocités dans plusieurs villages. M. le curé Jousbert était persécuté par des espions des communes voisines qui voulaient le surprendre dans ses cachettes et le dénoncer aux Bleus.

    Un nommé Pichaud, surnommé la Navette, du Grand-Luc, venait fréquemment dans le bourg pour faire jaser ; on s’en défiait. Mais ces perfidies rendaient très périlleuse la célébration des sacrements. Il était bien difficile de tenir en grand secret le lieu où, le dimanche, se disait la sainte messe. M. le Curé pouvait plus commodément baptiser, confesser, voir les malades ; mais pour la sainte messe, il fallait bien désigner un endroit et le faire savoir au monde pour qu’on pût s’y assembler. Aussi, bon nombre de personnes se voyaient tristement privées d’y assister.

    A l’approche de la grande fête de Noël, la crainte de ne pouvoir la célébrer s’empara de l’esprit de plusieurs et fit couler des pleurs. Hélas ! disaient en se lamentant ces bonnes gens, que faisons-nous donc sur la terre ? Plus rien, plus de maisons, plus de biens, plus de joie, plus de repos, plus de religion, on nous enlève le Bon Dieu … Alors ils versaient des larmes amères …, puis, prenant leur chapelet à la main et le levant vers le ciel : « Sainte bonne Vierge, venez à notre aide … »

    Il est à croire que la bonne Vierge Marie, si ardemment invoquée, entendit leur prière, car il descendit du ciel dans l’âme du curé une pieuse pensée. Pendant une longue et pénible insomnie, il pensait à ses bons paroissiens, ce bon prêtre. – Le diable est bien fort, se dit-il tout d’un coup, mais la sainte Vierge Marie est bien plus forte encore. Eh bien ! je veux donner une messe de minuit à mes paroissiens ; mais une messe de minuit solennelle, une messe de minuit comme on n’en a jamais vue. Puis il se rendormit tranquillement sur cette pensée. C’était la nuit de la fête de l’Immaculée Conception de la sainte Vierge Marie. Il était couché dans une cachette sous terre, dans un buisson du bois de la Grève, près le village de la Canterie. C’était son logis du moment.

    A son réveil, il se rappela sa pensée et se décida à la mettre immédiatement à exécution. Il avait quinze jours devant lui ; pendant cette quinzaine, il dut visiter, sans interrompre ses autres fatigues, toutes les maisons, leur confiant tout bas son dessein et confessant toutes les personnes en âge de recevoir la sainte communion.

    Pas besoin n’était de demander si on voulait se confesser, ni de faire des préambules pour décider le monde. C’est le contraire qui eût étonné. Jamais visite de M. le Curé n’avait paru aussi agréable. L’annonce d’une messe de minuit fut accueillie avec une grande reconnaissance et apporta au milieu des tribulations qui torturaient les âmes un moment de joie et de consolation sensibles. Tout le monde s’y prépara par la prière, surtout par la récitation fervente du chapelet, prière favorite, et par des invocations réitérées au Sacré-Coeur de Jésus. M. le Curé annonçait que la cérémonie de la nuit et du jour de la fête se ferait dans le Bois des Rivières, non loin du village de Limonière (l’Imonière). Le secret de la messe et du lieu fut si bien gardé qu’aucun des espions qui sillonnaient les villages n’en connut rien si ce n’est après la fête. Tout allait donc pour le mieux et au gré de tous ; la fête s’annonçait comme devant être bien belle, surtout de dévotion. On en parlait déjà comme d’un jour du Paradis échappé sur la terre, quand l’enfer faillit faire évanouir toutes ces consolantes espérances. Hélas ! avec des âmes moins fortes et moins chrétiennes, avec des coeurs aussi lâche, qu’il y en a tant aujourd’hui, c’en était bien fait de la messe de minuit et de toute la sainte fête.

    Pendant tous ces pieux préparatifs, voilà qu’une nuit, une partie d’une colonne de Bleus, campée à la Roche-sur-Yon, passant par le Poiré, vint s’abattre sur les villages de la Chanussière (la Chamussière) et de la Morelière (la Morlière) et les mettre à feu et à sang. C’était dix jours avant la fête.

    En même temps, la nouvelle vint qu’une autre colonne de Bleus partait de Montaigu pour aller renforcer ceux qui étaient campés à la Roche. Heureusement, cette bande fut arrêtée et battue à plate-couture au Quatre-Chemins de l’Oie. Sans cette défaite, tous les hommes armés de la paroisse auraient été appelés immédiatement aux armes et la messe de minuit fût devenue impossible pour les femmes et les enfants abandonnés à eux-mêmes. Un autre contre-temps menaçait encore de tout troubler. Une pluie, une pluie glaciale tombait tous les jours, et pour peu qu’elle continuât elle rendrait les chemins impraticables et la cérémonie impossible dans un bois. Tout autre que M. le Curé Jousbert eût probablement perdu courage. Il y avait de quoi, et assurément il n’en faudrait pas autant aujourd’hui pour dégoûter tout le monde. Avec de belles routes qui permettent de marcher les yeux fermés, avec une église où l’on trouve un solide abri, et toutes les aises, avec toutes les facilités possibles de recevoir les sacrements, combien qui reculent, qui ne daignent même pas bouger ? Combien qui profaneront cette sainte fête, par une criminelle absence ! Il est vrai que les chrétiens d’autrefois étaient de solides chrétiens et que la plupart des chrétiens de ce jour, ayant changé de couleur, regardent du côté des impies et n’appartiennent point au Bon Dieu.

    Les paroissiens de Beaufou imitèrent leur curé ; ils ne perdirent point confiance. La sainte Vierge Marie récompensa leur piété en leur permettant de goûter tous les délices de la messe de minuit qui leur avait été promise. Les hommes du bourg et des environs repoussèrent les bleus de la Morelière. La bande des autres ayant été vaincue aux Quatre-Chemins, les hommes de la paroisse ne furent point appelés aux armes et quatre jours avant la fête, le vent, sautant au nord, chassa la pluie ; un froid sec sécha la terre, il gela très fort et un temps tout à fait clair vint embellir la fête. D’ailleurs, tout était prêt pour la circonstance, les coeurs bien disposés et une église bâtie, voici comment :

    Plusieurs jeunes gens des environs, toujours prêts quand il s’agissait de faire une bonne chose, eurent bien vite construit cette petite église improvisée pour un jour, juste au beau milieu du Bois des Rivières. Un espace convenable pour contenir les assistants fut déblayé. Le bois était vieux. D’un arbre à l’autre on suspendit nombre de longues perches recouvertes de genêts et de bruyères. On massa de grandes branches sur les côtés pour arrêter le vent. Des bruyères hachées formaient le carrelage ; un tout petit autel fut dressé à l’extrémité, du côté du soleil levant. Une journée suffit pour élever ce petit temple dans lequel on pouvait encore attendre une bonne pluie et ne pas trop s’apercevoir du froid, mais surtout prier en tranquillité.

    Le plus difficile était d’arriver là. M. le Curé avait décidé que les deux tiers des grandes personnes assisteraient à la messe de minuit ; les autres, restant à garder les villages, viendraient à la messe du jour, étant remplacés à leur tour par une partie des assistants de la nuit ; pour éviter tout soupçons, il fallait éviter de marcher par bandes et de prendre les mêmes chemins. Les plus éloignés partirent la veille, au matin. Beaucoup firent semblant d’avoir des affaires ailleurs ; puis, quand on arrivait assez près du bois, on le contournait de façon à dérouter les traîtres, s’il y en avait eu sur le passage.

    Par une attention toute pleine d’une sage prudence, M. le Curé avait désigné une quinzaine d’hommes, postés à une certaine distance autour du bois, qui devaient avertir en cas de danger et en donner le signal en tirant des coups de fusil. Les premiers venus préparèrent des cachettes dans le bois et les buissons des champs voisins pour les personnes qui voudraient prendre un peu de repos. A dix heures, tout le monde était arrivé et l petite église entièrement remplie. Le plus grand silence régnait cependant au milieu de cette foule, ou, si l’on parlait, on le faisait discrètement et à voix basse. Il y avait tant de précautions à prendre, et l’on n’oubliait pas qu’on était à cette même heure au plus fort des orgies sanguinaires de la Révolution : que de malheurs un seul cri échappé pouvait attirer sur cette assemblée ! …

    Les étoiles scintillaient au ciel ; un petit vent froid et sec, venant du Nord, soufflait dans les branches et jetait dans les airs un murmure sonore qui portait au recueillement ; deux bouts de cierges éclairaient le petit autel et de distance en distance, au milieu de la foule, des torches de bois résineux, plantées en terre en guise d’illuminations, prêtaient leur vacillante lumière aux personnes qui lisaient des prières.

    Quel touchant spectacle offrait cette petite assemblée aux regards du ciel et de la terre ! On dit que les anges descendirent du paradis pour les contempler. C’était en effet le seul endroit en France, où pendant cette nuit sainte s’offrait l’adorable sacrifice de la messe de minuit ; le seul lieu où il était possible à des hommes d’adorer ensemble le Dieu rédempteur du monde.

    Alors que l’Europe entière était en feu, que le sol de la France bouleversé par la plus horrible tempête tremblait sous les pas, que les églises étaient brûlées, la religion proscrite, le nom du Bon Dieu profané ; alors que la prière était un crime et que de toutes parts la guillotine abattait les têtes des chrétiens, dans cette humble paroisse du Bocage, en pleine nuit, sous la rigueur d’un froid glacial, au milieu d’un bois, tout un petit peuple bravant la fusillade et les canons, à genoux devant un autel champêtre, en adoration devant son Dieu, affirmant sa foi, fortifiant ses espérances et offrant à son Sauveur des coeurs du plus fidèle amour !!! Spectacle sans précédent dans l’histoire.

    le Curé commença la cérémonie par la sainte prière aimée de tous, le chapelet, suivi d’invocations au Coeur de Jésus. Puis avec une vive émotion, il souhaita la bienvenue à ses bien-aimés paroissiens accourus si ponctuellement à sa voix ; ensuite il leur parla du grand mystère qui s’était accompli en pareille nuit, bien des siècles auparavant, dans l’étable de Béthléem.

    La Sainte Vierge Marie et saint Joseph rebutés du monde, repoussés des hommes, obligés de fuir et d’errer de porte en porte, ne trouvèrent enfin pour s’abriter qu’un pauvre réduit, une méchante étable ouverte à tous les vents. Le bon Dieu permit qu’il en fût ainsi. Joseph et Marie s’y soumirent sans murmurer. Le ciel les en récompensa en leur donnant le saint Enfant Jésus : « Vous aussi, mes chers enfants, s’écrie M. le Curé avec un élan sublime, vous êtes chassés du monde, les hommes vous rebutent, vous poursuivent. Vous errez dans les bois et les déserts. Voici que maintenant cette humble grotte vous abrite ; comme Joseph et Marie, vous n’avez pas d’autre refuge ; le bon Dieu permet qu’il en soit ainsi ; comme Joseph et Marie, acceptez avec amour les saintes dispositions de la divine Providence, et comme eux vous recevrez la même récompense : le saint Enfant Jésus vous sera donné dans cette pauvre étable ; vous allez recevoir votre Dieu. »

    On ne saurait se faire une idée de l’impression que fit sur tous les esprits ce sermon si approprié aux circonstances. Il se produisit un mouvement d’émotion tel, que M. le Curé interrompit la cérémonie pour laisser un libre cours aux élans de piété et de dévotion qu’on avait besoin de se communiquer les uns aux autres. On parlait, mais c’était pour dire ses sentiments d’amour pour le bon Dieu ; on pleurait, mais c’était des larmes de joie ; on tressaillait, mais c’était de contentement et de bonheur : pas un seul en ce moment qui eût consenti à échanger sa place pour une autre. « Oui, répétaient et répétaient toutes ces bonnes gens, malgré le monde, malgré l’enfer, vive Dieu ! Nous serons chrétiens quand même ! ».

    Le Curé chanta la messe, mais à demi-voix.

    Que de ferventes prières s’élevèrent cette nuit-là de ce petit bois vers le ciel ! Seuls, pourraient nous le dire les Anges gardiens qui les présentèrent au Seigneur au pied de son trône éternel.

    Tous les assistants, les enfants exceptés, s’approchaient de la Table sainte. Qui eût osé se trouver là sans recevoir le Bon Dieu ? Elle fut sainte cette communion ! Ils étaient purs ces coeurs d’hommes, ces coeurs de femmes, tous les coeurs de cette jeunesse accourue au pied de cet autel au prix de tant de sacrifices !

    L’histoire nous apprend que la sainte Vierge Marie, aussitôt la naissance de son divin enfant, après l’avoir pressé sur son coeur, le remit entre les bras de saint Joseph, et tandis que saint Joseph, dans les élans d’un inexprimable amour, le pressait aussi sur sa poitrine, l’adorable petit enfant passa ses petits bras autour du cou du saint patriarche et le pressa affectueusement sur son adorable petit coeur.

    Nul doute, assurément, qu’une semblable faveur n’ait été accordée en ce moment à ces généreux chrétiens. Ils en étaient dignes. Qu’il était beau de voir ces rudes visages, ces valeureux combattants se relevant de la Table sainte en laissant tomber de leurs yeux des larmes brûlantes d’amour qui descendaient s’égarer dans leur longue barbe touffue et agreste ! Que d’actes d’amour dans cette sainte et petite assemblée, dans tous ces coeurs abrités sous la sainte image du coeur adorable de Jésus.

     C’était bien l’Église catholique des premiers jours, alors que l’Esprit saint descendait en langues enflammées dans le coeur de ses fidèles.

     Le monde ne le vit pas, mais la cour céleste le contempla du haut du ciel.

    Après la messe, deux vieillards vénérables par leur âge et leurs cheveux blancs, l’un du bourg, l’autre de l’Hardouinière (l’Ardouinère de Belleville-sur-Vie), s’approchèrent de l’autel. Ils remercièrent au nom de tous M. le Curé du bonheur qu’il leur donnait dans cette nuit ; puis d’une voix fortement émue : « Monsieur le Curé, s’écrièrent-ils, maintenant laissez-nous faire. Nous avons le Bon Dieu avec nous, nous ne craignons plus rien. – Eh bien ! oui, mes amis ; répond M. le Curé : Vive le Saint-Enfant Jésus ! »

    Il fallait y être, nous dit une personne qui y était présente ; nous étions comme fous de joie et de bonheur. Nous ne craignions plus rien ; nous n’avions peur de rien. Les Bleus seraient venus que nous aurions chanté quand même. Nous chantions tous de notre plus grosse voix ; les vieux, les jeunes hommes, tout le monde, les femmes et les enfants comme les autres. Les uns étaient accroupis, les autres à genoux, d’autres debout ; on se remuait mais sans se gêner ; on chantait, mais tous ensemble : « Vive le Saint-Enfant Jésus ! … Vive le Saint-Enfant Jésus ! … » On devait nous entendre bien loin.

    Les hommes qui montaient la garde eurent tout d’abord grand peur, croyant que les Bleus étaient tombés sur nous autres. Mais quand ils comprirent nos chants ils firent comme nous et se mirent à chanter eux aussi. Oh ! qu’il y avait longtemps qu’on avait entendu chanter de cantiques dans les champs ! On chanta jusqu’à l’aurore. Alors, M. le Curé fit partir tous ceux qui devaient remplacer les autres, demeurés à garder les villages. Ceux qui avaient le bonheur de rester jusqu’au soir, s’égapillèrent dans le bois ou le long des haies des champs voisins pour s’y reposer un peu. On alluma, dans plusieurs endroits des champs, de grands feux pour se chauffer, car il faisait bien froid. Le bois ne manquait pas, les nobles dames de la Voisinière (la Vézinière) ayant permis d’en prendre à volonté.

    Au lever du soleil, dont les rayons perlaient entre les branches des arbres, M. le Curé dit une seconde messe, appelée la messe des bergers, pour les hommes qui avaient monté la garde pendant la nuit et qui étaient remplacés par d’autres, et aussi pour quelques infirmes qui, à leur grand chagrin, n’avaient pu venir pendant la nuit.

    A dix heures commença la grand’messe qui fut chantée à haute voix. On ne craignait plus rien. Les hommes chantèrent deux fois le Credo. Ils tenaient à affirmer leur foi en Dieu et à le dire bien haut. Ils auraient bien voulu, si c’eût été possible, le faire entendre à tous les Bleus, à tous les impies de France et du monde entier.

    Le monde, alors, n’entendit pas leurs voix, mais le monde sut, après, que ce petit peuple était bien, en toute vérité, un peuple chrétien, chrétien en paroles, chrétien en actions, chrétien quand même, chrétien toujours.

    Abbé FAUCHERON, La Vendée Historique – 1902

    Source : Chemins secrets

    http://www.contre-info.com/une-messe-de-minuit-en-1794#more-40403

  • Quand tout sonne faux

    Nos socialistes bien-aimés se divisent sur le projet de déchéance de la citoyenneté française et on pourrait s'en féliciter, si tout ne sonnait pas faux dans le débat comme dans le projet.

    Certes Taubira boude et Aubry grogne. Deux mégères en colère, certains penseront sans doute : demi-mal. Mieux encore : deux motifs de satisfaction. L'insignifiant Ayrault jette des petits cailloux dans le jardin de son successeur. Un conflit de titans, il faut en convenir. N'oublions pas quand même que le jeu de lancers de nains tombent sous le coup de la loi.

    Hélas tout sonne faux, il convient aussi de l'observer, dans cette polémique artificielle, sur la peine de déchéance de nationalité. Elle serait infligée, nous propose-t-on, par la grâce d'une réforme constitutionnelle, une de plus, à des gens qui ont depuis longtemps renoncé à se considérer, de près comme de loin, comme français.

    Au plan des principes, les partisans de la théorie républicaine de la nation-contrat ne devraient rien objecter à la déchéance de citoyenneté. Les djihadistes en effet se situent tous, radicalement, en rupture de contrat. Si on pense au contraire qu'être Français "cela s'hérite ou cela se mérite" la solution est simple : et ceci confirme la supériorité de la théorie de la nation-héritage.

    Remarquons que cette affaire s'étale dans le temps, cinq semaines après le discours présidentiel. Une fois de plus on communique et on n'agit pas. On polarise donc le débat sur une affaire artificielle.

    D'abord, quantitativement, le projet ne mène à rien. On sait très bien que la mesure annoncée ne concernera que des gens peu nombreux, Cs gens auront été obligatoirement condamnés. Après avoir purgé leur peine ils se verraient interdire de demeurer sur un territoire français qu'ils exècrent. Leurs défenseurs, montrent ici un rapport fort étrange à la citoyenneté française. Et la Taubira s'enfonce dans cette ambiguïté, choisissant même l'Algérie pour en rajouter une couche. Maillon faible de ce gouvernement, elle doit déguerpir.

    Et d'invoquer une fois de plus la tarte à la crème du prétendu droit du sol. Inversion totale par rapport au "jus soli" du droit romain ce slogan gomme le fait que dans la Cité Antique le citoyen doit être à la fois né dans les limites de la cité et issu de citoyens…

    Pour revenir à l'époque moderne et contemporaine Mme Taubira, porte-drapeau de la contestation déclare : "Pour moi, la déchéance de nationalité, c'est extrêmement grave ! (…) Et c'est tellement grave que notre Code civil encadre très fortement les conditions de déchéance de nationalité".(1)⇓

    Mais, citoyenne ministre, prendre les armes, s'engager aux côtés de gens qui combattent l'armée française cela s'appelle de la trahison. Être complice de gens qui décapitent, qui égorgent des civils désarmés, et assassinent nos compatriotes, n'est-ce pas également "extrêmement grave" ? N'est-ce pas même infiniment plus grave que la simple sanction du retrait d'un passeport.

    Annoncé le 16 novembre avec beaucoup d'emphase par Hollande devant le congrès, le projet est supposé transformer le chef de l'État en chevalier blanc de la sécurité des Français, en faisant voter la droite en faveur de principes qui existent en l'occurrence déjà dans le code civil. En échange des dispositions très unilatérales sur le pouvoir présidentiel de décréter l'état d'urgence pourraient être adoptées sans coup férir.

    Depuis 1927, sous l'influence d'Aristide Briand, depuis 1938 sous le gouvernement de Daladier, maintenus par les ordonnances de 1945 on n'a jamais cessé de légiférer, de réglementer, de triturer les rédactions d'articles du code civil relatifs à la déchéance cd nationalité française. Elle a été appliquée à quelques centaines de personnes, des épurés après la guerre mais aussi des communistes pendant la guerre froide. "Le Français qui se comporte en fait comme le national d’un pays étranger peut, s’il a la nationalité de ce pays, être déclaré, par décret après avis conforme du Conseil d’État, avoir perdu la qualité de Français." Cette procédure a été utilisée plus de 200 fois entre 1949 et 1953, et encore 3 fois seulement depuis 1958.(2)⇓

    Précisons aussi que la restriction "s’il a la nationalité de ce pays" tombe dans le cas des gens qui ont rallié le Califat islamiste, qui ravage actuellement la Syrie et l'Irak et ne fait pas mystère de vouloir frapper l'Europe en général et la France en particulier.

    On se moque donc de nous en prétendant faire voter, grâce au secours de l'opposition, une nouvelle fois, un principe qui existe déjà dans le droit français et que l'on n'a pas le courage d'appliquer.

    Tout sonne donc faux dans cette communication massive du pouvoir.

    Disons donc une fois pour toutes à nos gouvernants : cessez donc de menacer : faites. Cessez de légiférer : appliquez la loi, si vous en êtes capables.

    JG Malliarakis

    → Retrouver l'enregistrement de cette chronique sur le site de Lumière 101

    Apostilles

    1. cf. Déchéance de la nationalité: le «haut-le-cœur» de Christiane Taubira in Le Figaro le 3 décembre.
    2. cf. l'interview de Patrick Weil spécialiste ["bien-pensant"] du sujet"Déchéance de nationalité : ce que propose Hollande est déjà dans le code civil" en ligne depuis le 17 novembre

    http://www.insolent.fr/2015/12/quand-tout-sonne-faux.html

  • L'avortement au coeur de la campagne présidentielle

    Aux Etats-Unis (via Gènéthique):

    "Plus que jamais divisés sur la question de l’avortement,Républicains et Démocrates s’attendent à ce que le sujet soit abordé avec plus de tonicité que pendant l’élection précédente.  Selon Chairman Yoest, Président du Group Americans United for Life, « nous avons pas connu une telle convergence d’événement depuis 40 ans. »

    Les principales raisons de ce changement est le scandale duPlanned Parenthood (cf. Généthique, Le Planning famillial : une entreprise au cœur de la vente d’organes d’enfants avortés) et les lois anti-avortement au Texas examinées actuellement par la Cour Suprême des Etats-Unis (cf. Généthique,Restriction de l’avortement au Texas : la cour suprême s’empare de la question).

    Défenseur de longue date de l’avortement, la candidate démocrate Hillary Clinton a déjà exprimé son soutien fort pour lePlanned Parenthood, malgré les scandales qui l’entourent. Ce qui donne une idée de la campagne qu’elle va mener à ce sujet.

    Côté Républicains, presque tous les candidats républicains veulent renverser la décision de la Cour suprême qui a légalisé l'avortement dans tout le pays en 1973. Des prétendants importants comme Ted Cruz et Marco Rubio vont jusqu’à désapprouver l'avortement en cas de viol.

    De nombreuses tentatives politiques et judiciaires sont en cours de la part des partisans et des opposants à l’avortement.  Notons par exemple l’action de l’influent Americans United for Life, qui prépare « une mesure visant à interdire les avortements effectuée en raison d'anomalies fœtales telles que le syndrome de Down[Trisomie 21]. »

    Les sondages nationaux montrent que, tout comme leurs leaders politiques, les Américains sont profondément divisés sur la question de l’avortement."

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • 7 films à voir ou à revoir sur la Foi catholique

    "Votre saison est en croix, si je puis dire". Se rêvant très certainement en humoriste noir, à défaut d'être Président de la République, voilà ce que déclare François Hollande, en juin 2013, aux habitants de Lourdes qui ont les pieds dans l'eau peu avant le début de la saison touristique. Allez, blague un peu lourde ou Lourdes, c'est selon, dirons-nous... Lourde, de mauvais goût mais assez révélatrice d'un certain esprit. Des Pères Noël et des Saint Nicolas bannis au nom de la laïcité, des crèches interdites de construction pour ne pas choquer, des pendentifs figurant une croix catholique priés de demeurer cachés sous les vêtements, les signes ostentatoires de christianophobie s'affranchissent chaque jour de l'antichambre laïcarde. Politique, médias, finance, justice, des apôtres du Grand remplacement, il s'en trouve aisément parmi les élites prêtes à collaborer. Il s'en trouve d'ailleurs même au sein de l'Eglise : le clergé de Notre-Dame de Paris qui renonce à dresser le sapin de Noël, mais encore la Conférence des évêques si prompte à dénoncer tout graffiti islamophobe sur une mosquée, geste certes imbécile s'il en est, et si silencieuse à la découverte quasi-quotidienne de diverses profanations antichrétiennes. Un peu de peur, beaucoup de bêtise et d'asservissement. L'armée n'est plus la seule Grande muette ! Le problème, c'est que l'Eglise, on ne lui avait rien demandé... Finalement, l'Eglise, elle aussi, a accepté sa mort par substitution, le clergé se révélant de plus en plus coupé des préoccupations de ses ouailles. Au geste kamikaze d'un islamiste qui se fait sauter au Bataclan, s'oppose la passivité du catholique qui a accepté qu'on vienne lui donner la mort après avoir tendu la joue gauche au bourreau qu'il a lui-même invité à commettre son forfait. Curieux masochisme... Face à la trahison des clercs, c'est aux fidèles que revient le devoir de s'affirmer en tant que catholiques. L'avenir de la Chrétienté ne doit pas seulement résider dans sa volonté de désigner l'ennemi, pour reprendre une conception schmittienne. Il s'agit surtout de réaffirmer sa propre identité innée et positive, de manière radicale peut-être, extrémiste jamais. Laissons cela aux ennemis de la Foi et de l'intelligence. Car il n'y a pas de gloire à tuer au nom de Dieu, mais bien une immense à mourir pour Lui. Etre un martyr au sens étymologique du terme signifie porter témoignage de sa foi. Porter témoignage de sa foi..., c'est ce qu'il nous sera permis de découvrir dans chacun de ces sept films traitant de la croyance sous différents aspects, parfois à la limite de l'anticléricalisme, mais présentant une manière propre d'être chrétien. 

    photo l'apôtre.jpeg

    L'APÔTRE

    Film français de Cheyenne Carron (2014)

    La sœur d'un prêtre catholique est assassinée par un voisin. Malgré la douleur, le prêtre continue de vivre et exercer son ministère auprès de la famille de l'assassin, comprenant que cela les aide eux-aussi à surmonter le drame. Rien qui ne concerne Akim, jeune musulman destiné à épouser la vocation d'imam en compagnie de son frère Youssef, au caractère plus ombrageux. La pratique religieuse d'un islam modéré tient une place importante pour Akim et sa famille. Pourtant, interpellé par la force charitable du prêtre, Akim est bientôt touché par l'amour du Christ et s'engage dans le chemin de la conversion au catholicisme. Akim annonce à l'ensemble de la famille sa volonté de se faire baptiser. Youssef, ses proches et l'ensemble de la communauté musulmane s'opposent à la décision d'Akim l'apostat...

    Voilà un film qui n'est pas passé inaperçu et que, paradoxalement, presque personne n'a vu lors de sa sortie en salles. Et pour cause ! Dans le contexte des attentats de Charlie Hebdo, la couardise de la Sécurité intérieure imposa la déprogrammation de celui-ci de plusieurs salles. Aussi trouillards, nombre d'exploitants de salles préférèrent tout simplement boycotter le film. Un film que d'aucuns auraient d'ailleurs préféré qu'il ne voit jamais le jour. Surtout le Centre National du Cinéma qui refusa tout simplement de participer au financement de l'œuvre ! La conversion à l'Islam de Français autochtones est perçue comme un formidable phénomène d'intégration, mais l'inverse, pensez donc ? Il ne fut pas difficile de trouver des charrettes de vierges effarouchées athées et bien-pensantes pour voir la patte du racisme le plus islamophobe et analyser le film comme une opposition entre l'intolérance musulmane et la sagesse chrétienne. Le grand effet pervers de toute cette polémique, c'est que finalement, la parfaite maîtrise de cette œuvre bouleversante n'est jamais évoquée. Les écueils sont nombreux lorsqu'on filme un sujet tabou. C'est toute la force de Carron de tenir un propos mesuré et nuancé, mais déterminé, sur l'identité des religions catholique et musulmane. Les dialogues qui offrent une large part à l'improvisation renforcent la qualité du scénario. Comme l'indique la cinéaste dans l'interview qu'elle accorde au Cercle Non Conforme, le début du film fait clairement référence à l'assassinat, par strangulation, de la sœur du prêtre par un voisin musulman d'origine marocaine. La réalisatrice, alors âgée de 19 ans, résidait dans ce même village... Film à voir obligatoirement ! 

    photo bonté divine.jpg

    BONTE DIVINE

    Titre original : Svećenikova djeca

    Film croate de Vinko Brešan (2013)

    Don Fabijan est un jeune prêtre fraichement débarqué sur une petite île dalmatienne pour exercer son ministère dans la paroisse insulaire. Si les enterrements se succèdent, le jeune prêtre est très rapidement intrigué par le catastrophique taux de natalité au sein de sa communauté de paroissiens. L'île meurt. L'explication vient peut être du fort nombre de préservatifs vendus par Petar, le tenancier du kiosque local. Très pieux, Petar accepte la proposition peu commune du prêtre. Les deux hommes se mettent bientôt à percer finement tous les préservatifs vendus par le kiosquier. Le pharmacien s'associe à l'initiative en remplaçant les pilules contraceptives par des vitamines. Bien évidemment, les naissances inattendues, et parfois illégitimes, abondent rapidement. La télévision s'intéresse immédiatement à la vigueur procréatrice des îliens. Croyant à un miracle et venant du monde entier, une foule inattendue de couples ne parvenant pas à enfanter débarque sur l'île...

    Cinquième long-métrage du réalisateur, Brešan livre une curieuse comédie satirique sur ce père qui n'est pas avare de méthodes originales et radicales pour faire appliquer les préceptes du Vatican en matière de contraception. Qu'on ne s'y trompe pas ! Les ambitions de Brešan ne sont nullement spirituelles. Bien au contraire... Le film entend bien dénoncer le pouvoir de l'Eglise catholique de Croatie sur une population fortement teintée de sentiments xénophobes, de même que le scandale de la pédophilie au sein de l'institution. Projeté en festival dès 2013, le film ne sortit en salles en France que deux années plus tard et bénéficia du parrainage bien peu inspiré de Charlie Hebdo quelques jours avant les attentats. Un film anticlérical donc ? Le film comporte tant de faiblesses et tombe si facilement dans la caricature qu'il manque son but. Et on ne peut finalement que se prendre de sympathie pour ce jeune prêtre naïf et soucieux de relancer la natalité de son île moribonde. 

    photo cristeros.jpg

    CRISTEROS, UN COMBAT POUR LA LIBERTE

    Titre original : For greater glory : the true story of Cristiada

    Film mexicain de Dean Wright (2012)

    1926, le peuple mexicain se soulève après la promulgation des lois anticléricales du président Plutarco Elias Callès qui interdisent la pratique de toutes les religions dans le pays. Des prêtres étrangers sont expulsés tandis que les réfractaires sont assassinés. Les Cristeros, soldats du Christ, vont bientôt rassembler des hommes et des femmes, de toutes conditions, soucieux de lutter, armes à la main, contre les mesures de persécution du gouvernement et pour leur foi catholique. A leur tête, le général Enrique Gorostieta Velarde qui commande ses combattants de la foi. Âgé de treize ans, José Sanchez del Rio est l'un des jeunes héros de cette troupe qui, pendant trois années, va mener la révolte contre les Fédéraux du sinistre Callès... Vive le Christ Roi !

    Sorti en 2012 au Mexique, le film aura mis deux années à traverser l'Atlantique et à créer la polémique, quelques mois avant L'Apôtre, au simple motif qu'il s'agit d'un film ne cachant nullement sa volonté de rendre hommage aux soldats du Christ. Cela fut suffisant pour provoquer des cris d'orfraie parmi nombre de critiques cinéma. Œuvre de propagande ratée, manichéenne, banale, révisionniste..., les qualificatifs ne manquent pas ; la palme revenant à l'amalgame entre film chrétien et crétin. Pourquoi pas après tout ! Et si Cristeros était un mauvais film ? S'il est vrai qu'il contient quelques longueurs et faiblesses dans la réalisation, Cristeros s'avère être une excellente et spectaculaire réalisation qui en fait même parfois un western trop hollywoodien ! Et le film est beaucoup plus mesuré qu'indiqué par l'intelligentsia de la critique. Wright n'omet nullement de dénoncer l'attitude ambigüe des autorités vaticanes, en même temps que l'odieux crime commis par les Cristeros qui incendièrent un train rempli de ses occupants. Et Callès est justement campé dans son personnage de président patriote de gauche sincère mais aveuglé par sa haine des religions. L'unanimité de la critique est suspecte et révélatrice d'une christianophobie rampante en France. Cristerosn'a pas à être un bon ou un mauvais film parce qu'il est catholique. Il est un bon film parce qu'il est un bon film. C'est parfois aussi simple que cela ! Peter O'Toole, enfin, est éclatant dans ce qui est son dernier rôle. 

    photo des hommes et des dieux.jpg

    DES HOMMES ET DES DIEUX

    Film français de Xavier Beauvois (2010)

    Le petit village isolé de Tibhirine, Algérie, dans les années 1990. Au milieu des montagnes de l'Atlas, une petite communauté de moines cisterciens est installée dans le monastère. Chaque jour, les huit moines mènent une vie simple et austère, rythmée par la prière et le travail de la terre. Loin de tout repli sur elle-même, la communauté cistercienne accorde toute son aide aux villageois arabes les plus démunis, en même temps qu'elle prodigue des soins aux malades. Si l'harmonie est parfaite avec les voisins, la situation se dégrade brusquement. La violence islamiste gagne progressivement les alentours. De nombreux civils sont assassinés par les intégristes. Des travailleurs croates sont bientôt retrouvés égorgés non loin du prieuré. L'armée algérienne propose à la communauté religieuse sa protection, ce que cette dernière décline. Assaillis par le doute, se pose, pour les moines, la question de partir et abandonner les villageois ou rester et risquer sa vie...

    Librement inspirée de l'assassinat des moines cisterciens de Tibhirine, Beauvois livre une œuvre d'une terrifiante beauté austère et retrace la vie quotidienne de la communauté de 1993 jusqu'à leur enlèvement trois années plus tard par le Groupe Islamique Armé. Seules les têtes décapitées de sept moines seront retrouvées un mois plus tard. Nulle trace des corps. On ne peut rester qu'ébahi devant la dignité de ces hommes de foi malgré le drame sacrificiel qui se rapproche inéluctablement. Beauvois retrace avec une force inouïe les doutes et les peurs qui ne manquèrent pas de harceler ces hommes. La scène du repas lors de laquelle les moines s'autorisent un verre d'alcool est d'une force indicible. Afin d'éviter toute vaine polémique et faire se concentrer le regard du spectateur sur la foi qui portait la communauté, le réalisateur se garde bien de filmer l'assassinat des moines. En effet, il se pourrait que l'armée algérienne n'ait pas les fesses propres... Presque vingt années plus tard, les familles des martyrs ne connaissent toujours pas l'identité des assassins, ni ce que sont devenus les corps. Et Jacques Chirac s'est montré bien timide lorsqu'il s'est agi de demander des comptes. Ce film est un chef-d'œuvre ! 

    photo léon morin.jpg

    LEON MORIN, PRÊTRE

    Film français de Jean-Pierre Melville (1961)

    Une petite ville des Alpes sous l'Occupation. Barny, la veuve d'un soldat juif et communiste, tué en 1940, s'est réfugiée avec sa fille France dans la cité. Athée et ancienne militante marxiste, elle entreprend de pénétrer dans un confessionnal et défier l'abbé Morin sur le terrain de la foi en proclamant l'absurdité de la religion. Mais c'est elle qui est rapidement décontenancée par l'intelligence du prêtre, au point que la jeune femme songe à embrasser la religion catholique. A plus forte raison lorsqu'elle découvre que le prêtre progressiste permet à des juifs de se cacher et critique ouvertement l'embourgeoisement de sa hiérarchie. Mais cette soudaine volonté de conversion est peut être motivée par de mauvaises raisons. Barny est une jeune femme passionnée. Aussi, une amie de la veuve ouvre-t-elle ses yeux. Elle est amoureuse de l'abbé...

    Adapté du roman éponyme de Béatrix Beck, l'athée Melville réalise un film émouvant et sobre sur les thèmes de la fascination et de la tentation. Certainement, l'ambition du réalisateur n'est-elle pas de réaliser une œuvre sur la foi, reléguée progressivement au second plan au profit du jeu de séduction auquel l'abbé refuse de succomber, n'appartenant qu'à Dieu, au grand dam de la prétendante. Parfois trop bavard et monotone, les joutes idéologiques ne manquent néanmoins pas de jeter le trouble sur le spectateur. Un film didactique et dialectique, ça n'est pas si courant ! Emmanuelle Riva est très convaincante et que dire de Jean-Paul Belmondo dans ce rôle, ô combien, inattendu. Ajoutons enfin la vision très nuancée d'une société française sous occupation italienne puis allemande. 

    photo marcelin, pain et vin.jpg

    MARCELIN, PAIN ET VIN

    Titre original : Marcelino, pan y vino

    Film espagnol de Ladislao Vajda (1955)

    En Espagne, après le départ des troupes napoléoniennes. Un bébé est déposé devant la porte d'une abbaye détruite par les combats et dont les moines font leur couvent. L'enfant est recueilli temporairement par les frères, chargés par le supérieur, de trouver une famille d'adoption. Mais nombre de familles refusent et celles qui acceptent ne plaisent pas aux moines. Marcelin grandira donc à l'abbaye et fait la joie de sa communauté d'adoption, même s'il se sent parfois bien seul dans cet environnement exclusivement masculin. Avec son ami imaginaire Manuel, le malicieux Marcelin brave l'interdiction faite de monter au grenier et découvre un grand Christ en croix qui l'effraie beaucoup et qu'il prend bientôt en pitié. Le Christ semble souffrir. Décidé à en faire son ami, Marcelin monte chaque jour au grenier nourrir le crucifié en croix de pain et de vin. Le miracle se produit lorsque le Christ lui accorde la réalisation d'un souhait...

    Hongrois de naissance émigré en Espagne, Vajda livre ici une réalisation forte sur la religion bien que Marcelin ne soit pas qu'une œuvre mystique. Marcelin n'est pas un faiseur de miracles, il est le miracle accordé par le Christ. La scène est d'ailleurs magnifiée par la sobriété du réalisateur et ne peut laisser insensible le spectateur. Le petit Pablito Calvo qui interprète le rôle principal offre un jeu merveilleux et fin de tendresse, d'humour et de malice. Film archétypal de la production cinématographique franquiste qui exaltait les notions de la famille, de la Nation et de la religion. Une œuvre poétique et humaniste à redécouvrir !

    photo mission.jpg

    MISSION

    Titre original : The Mission

    Film américain de Roland Joffé (1986)

    En 1750 en Amérique du Sud. Le cardinal Altamirano, visiteur apostolique des missions jésuites, écrit son rapport à Sa Sainteté et décrit l'action évangélisatrice menée par le Père Gabriel dans la forêt tropicale auprès des Amérindiens Guaranis. La musique, par la création d'écoles musicales, joue un rôle primordial dans la conversion des indigènes. Accompagné par Mendoza, ancien meurtrier et trafiquant d'esclaves repenti cherchant la Rédemption, Altamirano visite plusieurs missions. Mais ce dernier est, en réalité, porteur de mauvaises nouvelles. Il est ordonné aux Jésuites de quitter ces territoires autonomes, bientôt dévolus au Portugal, à l'issue des accords signés avec les espagnols pour le partage des terres. Les Jésuites refusent d'abandonner les Guaranis et organisent la résistance...

    Joffé est un coutumier des films historiques dans lesquels le rêve aventurier s'oppose au réalisme politique. La présente réalisation est ainsi une très intéressante œuvre historique, politique et religieuse sur les missions évangéliques jésuites dont l'action est sacrifiée sur l'autel de simples considérations territoriales décidées à plusieurs milliers de kilomètres de ces territoires autonomes. Le milieu du 18ème siècle voit une action vaste être menée contre les Jésuites en France, Espagne et Portugal, allant jusqu'à leur exclusion. Tiraillé entre le respect de la hiérarchie et une croyance supérieure en la nécessité de la conversion des païens, doublée d'un intérêt sincère à l'égard des Indiens, la réalisation de Joffé sublime le sacrifice. Robert de Niro et Jeremy Irons sont parfaitement convaincants bien que le film eût pu gagner en intensité et en force. Les protagonistes peuvent parfois, en effet, sembler être de simples éléments du décor parmi le décor. Il est vrai que les paysages sont à couper le souffle. A voir !

    Virgile / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/

  • Corse : retour sur quatre jours de tensions à Ajaccio

    Le calme semble être revenu lundi 28 décembre à Ajaccio, après plusieurs jours de fortes tensions, débutées le jeudi 24 décembre après l’agression de pompiers dans le quartier des Jardins de l’Empereur.

    Agression de pompiers, incidents xénophobes : chronologie de quatre jours de friction

    A la veille de Noël, des actes de vandalisme sont enregistrés dans le quartier des Jardins de l’Empereur, à Ajaccio. Selon la préfecture, les forces de l’ordre et les services municipaux enlèvent ce jour-là préventivement 400 palettes de bois, une tonne de pneumatiques et un engin incendiaire.

    Manifestation à Ajaccio, le samedi 26 décembre. YANNICK GRAZIANI / AFP

    Dans la nuit du 24 au 25 décembre, des pompiers, appelés pour un incendie, tombent en fait dans un guet-apens et sont pris à partie par des dizaines de personnes encagoulées. Ils sont visés à deux reprises par des jets de projectiles – pierres, parpaings, barres de fer, battes de baseball, selon le témoignage d’un des pompiers. Les agresseurs parviennent à briser des vitres du camion, dont deux occupants sont légèrement blessés, ainsi qu’un policier venu rétablir l’ordre.

    Vendredi 25, une première manifestation pacifique de soutien aux pompiers et aux policiers rassemble 600 personnes devant la préfecture d’Ajaccio. Mais, en fin de journée, entre 200 et 300 d’entre eux rejoignent le quartier des Jardins de l’Empereur. Scandant pour certains « Arabi fora [les Arabes dehors] ! » ou « On est chez nous ! », les manifestants tentent d’identifier et de retrouver les auteurs de l’agression de la veille. [...]

    La suite sur Le Monde.fr

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Corse-retour-sur-quatre-jours-de

  • Droite radicale et écologie radicale

    R260119018.jpgCes positions ont permis le rapprochement entre ces théoriciens conservateurs, en particulier Goldsmith, et l’école de pensée connue sous le nom de « Nouvelle Droite ». En effet, son principal théoricien, Alain de Benoist, s’est rapproché durant les années 1990 des milieux écologistes. En 1993, il consacre un numéro de sa revue Krisis à cette question tandis qu’un numéro d’Eléments, publie un dossier sur l’écologie. Cette même année voit le XXVIIe colloque annuel du GRECE, la principale structure néo-droitière, consacrée aux « Enjeux de l’écologie ». Par la suite, un livre de Goldsmith, Le défi du XXIe siècle, est même vendu dans les pages centrales de celui-ci. Edward Goldsmith participe en 1994 au XXVIIIe colloque annuel du GRECE (« Gauche-droite : la fin d’un système »). Cette politique eut quelques succès. Antoine Waechter dialogua avec la Nouvelle Droite, un dialogue facilité par le fait que celui-ci refuse de positionner l’écologie sur l’échiquier politique. Dans un entretien accordé à Krisis en 1993, il affirme que« l’écologie politique s’accompagne d’une philosophie de l’action complètement distincte de celle portée par le clivage gauche-droite, qui structure le paysage politique français depuis deux siècles et montre aujourd’hui des signes d’essoufflement évident »
         Malgré un éloignement manifeste de Goldsmith, dû à la réputation de la Nouvelle Droite, Alain de Benoist se retrouve dans le Manifeste du GRECE, publié en 2000 et largement écrit par Alain de Benoist et Charles Champetier. Celui-ci prend en effet position « Pour une écologie intégrale, contre la démonie productiviste », les auteurs se positionnant en faveur d’une écologie radicale qui « doit aussi en appeler au dépassement de l’anthropocentrisme moderne et à la conscience d’une co-appartenance de l’homme et du cosmos ». Car « [...] cette transcendance immanente fait de la nature un partenaire, non un adversaire ou un objet. Elle ne gomme pas la spécificité de l’homme, mais lui dénie la place exclusive qui lui avaient attribuée le christianisme et l’humanisme classique. A l’hubris économique et au prométhéisme, elle oppose le sens de la mesure et la recherche de l’harmonie. » 
         Alain de Benoist se met aussi à s’intéresser à la même époque à d’autres militants écologistes et antimondialistes proches des positions de Goldsmith, comme l’Américain Peter Berg ainsi qu’au « biorégionalisme », un concept qui rejoint le régionalisme enraciné du GRECE. A ce titre, Serge Champeau voit pertinemment dans l’éloge du biorégionalisme et des communautés autosubsistantes la persistance d’un « imaginaire du romantisme réactionnaire du début du XIXe siècle ». Ce qui peut expliquer la convergence idéologique entre la Nouvelle Droite, aux positions antimodernes, et les théoriciens du biorégionalisme. L’évolution d’Alain de Benoist se concrétise en 2006 par un dossier d’Eléments intitulé : « Le salut par la décroissance. Pour empêcher le capitalisme de pourrir la planète ». Les articles de ce dossier sont écrits par Alain de Benoist qui est devenu au cours des années 2000 un ardent défenseur de la théorie de la décroissance, faisant l’éloge d’une certaine frugalité.
    Stéphane François, L’écologie politique : entre conservatisme et modernité