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  • Sondage : « Quel est votre souhait le plus cher pour 2016 ? »

    Le Point propose un sondage pour connaitre les priorités des Français au commencement de la nouvelle année. A noter que Hollande est devant Daesh et que le journal ne pose pas la question de l’immigration en dépit des scores des dernières régionales.
    Pour voter : c’est ici.

    http://www.contre-info.com/

  • La tuerie de Charlie Hebdo n’est pas la meilleure date si l’on cherche un repère de la montée du terrorisme

    ntervention de Joseph Thouvenel, au nom de la CFTC dans le cadre de l’après-midi d’échange et de débat sur le « vivre ensemble » organisé le 7 janvier par la Confédération Européenne des Syndicats (CES) et les organisations syndicales françaises.

    "La meilleure définition du vivre ensemble, c’est sans doute l’attention à l’autre, aux autres.

    Le rassemblement d’aujourd’hui, organisé à l’occasion d’un triste anniversaire, un an après les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper-Cacher n’est sans doute pas à la meilleure date si l’on cherche un repère de la montée en puissance du terrorisme haineux sur notre territoire.

    Le bon repère devrait être le mois de mars. Souvenez-vous ! Mars 2012, à Toulouse et Montauban, 3 serviteurs de l’État, 3 soldats Français sont lâchement assassinés, un quatrième blessé est aujourd’hui hémiplégique. Mais surtout, devant l’école juive OZAR HATORAH de Toulouse, un rabbin de 30 ans est exécuté, ses deux fils de 3 et 6 ans abattus dans le caniveau. Une enfant de 8 ans, Myriam, rattrapée dans la cour de l’école, saisie par les cheveux, une arme braquée contre la tempe, le pistolet s’enraye, le tueur en change et fait exploser le crâne de la petite fille. C’est sans doute ce jour là que nous aurions dû nous lever en masse comme cela a été fait à juste titre plus tard après la tuerie de Charlie. En mars 2012, nous avons simplement, collectivement, oublié le vivre ensemble, c'est-à-dire l’attention à l’autre.

    Je n’ignore pas la force du symbole de la liberté de la presse, de la liberté d’expression qu’il est indispensable de défendre. Mais la force symbolique de l’atteinte à l’innocence de l’enfance n’est-elle pas aussi forte ? La force symbolique de la chasse et de l’assassinat de Juifs parce que Juif sur le territoire de la République n’est-elle pas aussi forte ?

    Vivre ensemble, c’est, ce doit être une réalité ordinaire, élémentaire. C’est vivre de façon normale, socialisé avec son environnement. C’est l’intelligence du cœur dont Pascal pensait qu’elle était un complément essentiel à la raison. La raison sans le cœur est bien souvent l’architecture monstrueuse d’une société déshumanisée. Vivre ensemble, c’est être civilisé, c'est-à-dire accepter des règles de vie en commun au détriment de ses pulsions. Cela permet un véritable exercice de la liberté qui ne va pas sans responsabilité. Le vivre ensemble, cela s’apprend, se cultive.

    Tout d’abord au sein de cette société où l’être humain est contraint de partager son existence avec des personnes qu’il n’a pas choisi : LA FAMILLE. La famille, premier lieu du vivre ensemble, de l’éducation élémentaire, de l’éveil de la conscience.

    Il y a ensuite l’école, puis la vie professionnelle qui est également un lieu de vivre ensemble. Lieux dont sont privés plusieurs millions de personnes. Le chômage fait partie des éléments du mal vivre ensemble. La crise que nous subissons a aussi pour cause le manque de projet collectif. Au-delà des mots et des postures, quel projet collectif porte le monde politique ? Quel projet collectif portons-nous ? Celui d’un consumérisme écrasant qui réduit les temps du lien social comme le dimanche ? Qu’offrons-nous comme idéal ? Comme dépassement ? Comme transcendance ? Pas grand-chose ! Alors ne nous étonnons pas que d’autres aillent les chercher ailleurs, jusqu’à succomber aux sirènes maléfiques de quelques marchands d’illusions mortifères.

    On nous parle beaucoup, à juste titre, de liberté et d’égalité, mais que sont-elles sans la fraternité ? La fraternité ne s’impose ni par la loi, ni moins encore par la force. Pourtant, la fraternité est essentielle pour un vivre ensemble harmonieux. Chacune de nos organisations a ses différences et ses spécificités, c’est bien normal. Un monde uniforme serait un monde bien triste. La spécificité de la CFTC, vous le savez, c’est de s’inspirer des valeurs sociales chrétiennes. Cela prend tout son sens quand nous parlons d’un créateur unique que nous appelons le Père de la création. Tous issus du même père, c'est-à-dire tous frères. C’est notre conviction et c’est notre espérance dans la fraternité du vivre ensemble."

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/01/la-tuerie-de-charlie-hebdo-nest-pas-la-meilleure-date-si-lon-cherche-un-rep%C3%A8re-de-la-mont%C3%A9e-du-terro.html

  • Attentat de la Goutte d’Or, l’État s’enferre dans le déni

    8520_Une.jpgAlors que, vendredi matin, l’enquête sur l’attaque du commissariat de la Goutte d’Or à Paris, perpétrée la veille par un individu de type nord-africain, s’orientait de plus en plus vers la piste islamiste, le gouvernement, Christiane Taubira en tête, s’enferrait dans le déni et continuait à évoquer l’hypothèse du « déséquilibré ».
    Au cri d’« Allah akbar »

    Pourtant, rapportaient la veille le procureur de la République François Molins ainsi que plusieurs témoins, c’est bien au cri d’« Allah akbar » que cet homme avait attaqué jeudi matin, avec un hachoir, les policiers en faction devant le commissariat, avant d’être tué par les tirs de riposte de ces derniers. Sur son cadavre, les enquêteurs ont notamment découvert une fausse ceinture d’explosifs et un téléphone portable, mais aussi un drapeau de l’EI, ainsi qu’une lettre en arabe dans laquelle l’agresseur faisait allégeance à Al-Baghdadi, le leader de Daech, et déclarait vouloir « venger les morts de Syrie ».
    En début de soirée, certains médias l’ont identifié comme Sallah Ali, un individu déjà connu des services de police pour une affaire de vol en réunion commis dans le Var en 2013. Ses empreintes digitales seraient en effet les mêmes que celles de cet homme qui à l’époque avait déclaré aux gendarmes chargés de l’enquête s’appeler ainsi et être né en 1995 au Maroc. Cependant, avertissait vendredi matin François Molins, « ce n’est pas du tout certain » que l’identité déclarée par l’assaillant « soit réelle ».

    Un « déséquilibré » comme Nzohabonayo ?

    Une agression au cri d’« Akbar », un drapeau de l’EI, une revendication en langue arabe… Des éléments parlants, mais qui n’ont cependant pas empêché le ministre de la Justice Christiane Taubira de déclarer sur Itélé que « ce qui apparaît très clairement de ce qui est connu de cette personne, [c’est qu’elle] n’a aucun lien avec la radicalisation violente » et que « cela peut être des signes de déséquilibre ». Un peu comme Bertrand Nzohabonayo, ce « déséquilibré » converti à l’islam qui, en décembre 2014, était entré dans le commissariat de Joué-lès-Tours, en Indre-et-Loire, et avait blessé à l’arme blanche trois policiers en criant lui aussi « Allah akbar ». Ou encore cet automobiliste, amateur de sites djihadistes, qui, le 1er janvier, a foncé sur des militaires en faction devant la mosquée de Valence…

    Franck Delétraz

    http://fr.novopress.info/196762/attentat-goutte-dor-letat-senferre-deni/

  • Nation corse et République populicide par Georges FELTIN-TRACOL

    Le 13 décembre 2015, le second tour des élections régionales enregistre un regain inattendu de participation électorale, suite à une semaine de propagande médiatique intensive, la perte par le PS de plusieurs grandes régions et l’échec du FN à s’emparer d’un seul exécutif régional. Dans la fièvre de la soirée électorale, rares sont les réactions sur la déflagration politique en Corse. 

    Les élections sur l’Île de Beauté n’étaient pas régionales, mais territoriales puisque les élus siègent à l’Assemblée de Corse qui s’occupe la CTC (Collectivité territoriale de Corse) et dispose de compétences plus étendues que les autres conseils régionaux. L’assemblée de l’île désigne ainsi un Conseil exécutif de neuf membres (dont un président) qui constitue l’embryon d’un gouvernement régional autonome. En outre, dans le cadre de la réforme prévue par la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République), les Corses doivent revoter dans deux ans quand la CTC et les deux départements qui disparaissent, donneront une collectivité insulaire unique. 

    Une nouvelle donne politique 

    Depuis 2010, la présidence du Conseil exécutif revenait au député radical de gauche François Giaccobi et la présidence de l’Assemblée de Corse au communiste Dominique Bucchini. Favorable à une large décentralisation, François Giaccobi cite souvent l’exemple des îles Åland à l’entrée du golfe de Botnie qui forment un État libre de langue suédoise associé à la Finlande. Bien que radical de gauche et donc a prioriréputé centralisateur, François Giaccobi approuve en fait l’évolution institutionnelle vers l’autonomie, d’où en 2015 la concurrence d’une autre liste radicale de gauche, conduite par Jean Zuccarelli, fils et petit-fils des anciens édiles de Bastia, qui s’oppose, lui, à toute « dévolution » véritable. Avec 3,15 %, la liste Zuccarelli fut balayée par les électeurs de la même façon que la liste PS (3,25 %). Longtemps au pouvoir sur l’île, le parti Les Républicains (LR) se retrouve, lui aussi, divisé entre un partisan du processus, José Rossi, et un adversaire, Camille de Rocca Serra. 

    Au soir du 6 décembre, la liste Giaccobi vire en tête avec 18,42 %, talonnée par la liste autonomiste du maire de Bastia, Gilles Simeoni, l’avocat d’Ivan Colonna (17,62 %). Le code électoral autorisant des fusions de listes pour le second tour, Giaccobi s’unit à la liste Front de Gauche de Dominique Bucchini (5,56 %), les deux listes LR, Rossi (13,17 %) et Rocca Serra (12,70 %), s’allient aussi tandis que le FN parvient à se maintenir grâce à ses 10,58 %. Le mouvement national corse s’accorde entre Simeoni  et les indépendantistes menés par Jean-Guy Talamoni (7,73 %). La quadrangulaire donne finalement les nationalistes vainqueurs à 35,34 %, soit 24 sièges, la liste de gauche en obtient 12 (28,49 %), celle desRépublicains 11 (27,07 %) et le FN 4 (9,09 %). 

    La surprise passée, l’installation du nouvel exécutif territorial suscite la colère, le sarcasme et la rancœur des hiérarques parisiens. Élu président de l’Assemblée de Corse pendant que Gilles Simeoni devient, lui, le nouveau président du Conseil exécutif, Jean-Guy Talamoni prononce son discours d’investiture en corse. Puis la nouvelle équipe jure sur un ouvrage indépendantiste du XVIIIe siècle avant que l’Assemblée presque unanime entonne l’hymne national corse. Guillaume Tabard s’emporte dès lors dans Le Figaro : « Avec ce quasi-blasphème républicain [tiens, tiens, il existerait donc encore des motifs de blasphème en France laïque…] du serment prêté, en corse et main levée, sur la Justification de la révolution de Corse de Don Gregorio Salvini, “ bible ” nationaliste d’avant la cession de l’île à la France (1). » Le saltimbanque Christophe Barbier décrit pour sa part le corse comme « un dialecte chaleureux et chantant, peu propice aux envolées oratoires tout en atteignant parfois de touchants accents de gravité. La culture corse est riche et raffinée, mais c’est une culture régionale, appuyée sur une langue qui l’est aussi. Seules la langue et la culture françaises ont accédé à l’universel (2) ». L’excellent linguiste ! Jamais en retard sur le centralisme républicain, le vice-président du FN, Florian Philippot, s’offusque du discours de Talamoni et considère que seul le français est la langue de la République… Mais cet élu régional du Grand Est oublie sûrement que le corse comme d’ailleurs l’alsacien, le thiois, le flamand, le gallo, le breton, le basque, le catalan, le nissard et les diverses variantes occitanes et arpitanes sont des langues de France parfaitement légitimes. Que les défenseurs de la langue française se concertent contre l’insupportable invasion de l’anglais globalisé et l’usage maintenant trop courant de l’arabe dialectal ! 

    La logique républicaine s’édifie en effet sur la réticence institutionnelle de reconnaître l’autochtonie en France et par un excès complémentaire contraire de favoritisme éhonté à l’égard des parlers issus de l’immigration extra-européenne. Sur ce dernier point, les nationalistes régionaux de Corse, de Flandres, du Pays Basque ou de Bretagne reprennent les vieilles antiennes multiculturalistes de la gauche du Capital. Ainsi, des cadres du Parti nationaliste basque jugèrent-ils qu’ils préféraient des Africains basquophones à des Européens non-euskadiens ! Jean-Guy Talamoni qualifie souvent la Corse de communauté de destin en devenir qui accepterait les quelque 13 % d’étrangers originaires d’Afrique du Nord. Il affirme aussi que « la position généreuse du mouvement nationaliste, puis de l’unanimité de l’Assemblée de Corse sur la crise des réfugiés en est une illustration. Comment un peuple qui a su créer, au cœur du XVIIIe siècle, la première république moderne, qui a instauré à la même époque la laïcité et la tolérance religieuse aurait-il pu tourner le dos au jus gentium (droit des peuples) en refusant le droit d’asile aux persécutés du XXIe siècle (3) ? » Le peuple corse conserve toujours une vitalité, une énergie, une virilité que n’ont plus les zombies bo-bo du continent. Le 25 décembre 2015, en réponse à l’agression de deux pompiers et d’un policier dans un quartier de l’immigration d’Ajaccio, des Corses expriment par des actes fermes et non par une marche blanche stérile, un ras-le-bol légitime contre des allogènes qui, misérable « vivre ensemble républicain » oblige, se croient tous permis. 

    Une République si meurtrière… 

    N’en déplaise à ses contradicteurs parisiens, la nation corse existe bel et bien par des critères géographiques, ethniques, historiques, linguistiques et culturels irréfutables. Or, la République dite française déteste ces spécificités, elle qui s’est sauvée en 1793 – 1794 par le génocide vendéen que Gracchus Babeuf nommait « populicide ». L’actuelle République hexagonale reste intrinsèquement populicide parce qu’elle dénie toute expression identitaire régionale et mésestime toute affirmation nationale et européenne. En parallèle, elle encourage les peuples minoritaires à se conformer à un modèle parisien fatigué et obsolète et enjoint les Français à renoncer à leurs traditions culturelles pour se fondre, eux, dans un pandémonium multiracialiste marchand.

    Moins sanglante que l’effroyable répression de la Vendée militaire par les sbires du général Turreau, la haine républicaine des différences  n’en demeure pas moins brutale et déstabilisatrice. Sans enracinement concret, l’appartenance aux communautés s’annonce problématique. Pour le député-maire Les Républicains d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, « l’identité ne s’attache pas à un territoire, mais à l’adhésion des valeurs (4) ». Et si ces valeurs montrent leur défaillance et/ou leur insuffisance, que reste-t-il ? Peut-être la conversion à l’islam ?

    Il faut en outre dénoncer les propos inacceptables de Malika Sorel-Sutter, une icône d’une soi-disant « droite » toujours aussi stupide, qui affirme que « ce sont bel et bien des Français de souche qui ont trahi la République. Trahir la République française, ce n’était pas trahir n’importe quelle République, car la République française porte en elle la traduction de l’héritage politique et culturel du peuple français (5) ». Elle inverse les responsabilités ! C’est en fait la République qui trahit les Français de souche et ce, depuis bien longtemps. Cette dame oublie peut-être que la République, Troisième du nom, a surtout éradiqué les nombreuses cultures vernaculaires en généralisant deux redoutables instruments d’aliénation psychosociale : la conscription militaire soumise à la férule de sous-officiers obtus et l’école laïque obligatoire régie par la baguette des sinistrement fameux « hussards noirs ». Ces deux terribles encadrements diffusèrent un délétère esprit de revanche germanophobe et contribuèrent à l’éradication poussée des campagnes françaises au cours de l’absurde Première Guerre mondiale. Trahir la République s’impose par conséquent comme une urgente nécessité. 

    Contrairement à ce qu’écrit Christophe Barbier, « si l’on veut sortir de la nation, on est déjà un extrémiste, puisque l’on va au-delà des bornes de la République, pour la diviser et la réduire (6) », la France ne coïncide pas avec la République. La France dépasse très largement les limites rabougries du cadre républicain. Parler de « nation républicaine » revient à employer un oxymore, car l’essence de la République hexagonale est anti-nationale, anti-populaire et anti-identitaire. Malgré quelques défauts notables, la nation corse indique aux peuples enfermés la voie de l’exemplarité. C’est donc aux Français de racines albo-européennes d’aller au-delà de leur piteuse République et de découvrir la réalité toujours chatoyante des communautés, des nations et des peuples.

    Georges Feltin-Tracol

    Notes

    1 : dans Le Figaro, des 19 et 20 décembre 2015. Dans son extraordinaire biographie sur Pascal Paoli,Paoli. Un Corse des Lumières (Fayard, 2005), Michel Vergé-Franceschi rappelle que la France s’empara de la Corse parce que la République thalassocratique de Gênes se montrait incapable d’indemniser Versailles des frais de son intervention militaire sur l’île.

    2 : dans L’Express, du 23 décembre 2015 au 5 janvier 2016. Dans le même numéro se manifestent au moins deux négateurs de l’identité française-européenne. Le premier nie la pertinence de la bataille de Poitiers en 732. Le second décrit le « Grand Remplacement » comme une « thèse complotiste » alors qu’il est vérifiable dans les rues et dans les cours de récréation… Barbier assure doctement qu’« il n’y a pas de prisonniers politiques en France, où l’on est condamné pour ses actes, pas pour ses idées ». Et l’horrible loi Gayssot ? Et les condamnations scandaleuses de Renaud Camus et d’Éric Zemmour ?

    3 : Jean-Guy Talamoni, « Coup de tonnerre sur la Corse », dans Le Monde, du 19 décembre 2015.

    4 : dans Le Figaro, du 22 décembre 2015.

    5 : Malika Sorel-Sutter (entretien avec), « Ce sont bel et bien des Français de souche qui ont trahi la République », mis en ligne sur Boulevard Voltaire, le 24 décembre 2015.

    6 : dans L’Express, art. cit.

    http://www.europemaxima.com/?p=4654

  • Attentat avorté dans le XVIIIe : un an après « Charlie », ils osent encore nous faire le coup du déséquilibré

    Attentat déjoué hier dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Malgré l’évidence, Taubira affirme qu’il n’y a aucun lien avec la radicalisation et que tout fait penser au déséquilibré.

    Ça devient lassant, à force, d’être pris pour des idiots.
    Hier, au jour et pratiquement à l’heure de l’attentat contre Charlie Hebdo, un homme se jette sur des policiers en faction devant le commissariat de la Goutte d’Or, armé d’un hachoir et criant « Allah Akbar ». Le fonctionnaire dégaine et tire, tuant l’assaillant. Plus tard dans la journée, le parquet annonce qu’un « téléphone portable et un papier sur lequel figurent un drapeau de Daesh et une revendication manuscrite non équivoque en langue arabe » ont été retrouvés sur l’homme neutralisé par les policiers. Le document fait en effet état d’une vengeance pour les morts en Syrie et le terroriste prête allégeance à Al-Baghdadi, le leader de l’État islamique. L’homme portait sur lui une ceinture d’explosif factice.
    Une enquête en flagrance est ouverte pour « tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste », sous l’autorité de la section anti-terroriste du parquet de Paris. Elle révèle rapidement que l’homme, un marocain d’une vingtaine d’années connu de la police pour vol, disposait d’un téléphone portable avec une carte SIM allemande. Arrêté il y a deux ans pour vol, il avait fourni une fausse identité.

    Ce qui apparaît très clairement de ce qui est connu de cette personne (c’est qu’elle) n’a aucun lien avec la radicalisation violente, aucun […] Une ceinture d’explosif factice, ces cris, cette allégeance dans la poche, ce sont des signes qui peuvent le raccorder à un réseau, mais en même temps cela peut être des signes de déséquilibre. L’enquête fera la clarté de tout cela.

    affirme pourtant Taubira. Et c’est là qu’on en a assez d’être pris pour des idiots. Qu’il faille être un peu « déséquilibré » pour se jeter sur des policiers arma d’un hachoir et d’une ceinture d’explosifs factice, certes. Il faut l’être aussi pour pénétrer dans une salle de spectacle et tuer une centaine de personnes à la Kalachnikov et au couteau.
    Mais d’affirmer tout de go qu’un type qui cherche à mourir en tentant de tuer des policiers à l’arme blanche en hurlant « Allah Akbar » n’a aucun lien avec la radicalisation islamique, même le pire des bobos islamophiles n’y croit plus.
    Pitié, Mme Taubira, à défaut de démissionner, taisez-vous.

    C.D.

     

    http://fr.novopress.info/

  • IIe Congrès du PDF - Intervention de Roger Holeindre


    IIe Congrès du PDF - Intervention de Roger... par Agence2Presse

    http://www.oragesdacier.info/

  • Agressions sexuelles à Salzburg (Autriche) comme à Cologne : des agressions planifiées ?

    Selon le Spiegel. Voici une carte des agressions sexuelles (pointez votre souris sur la carte...)

     A chaque fois, des dizaines de jeunes femmes sont venues demander de l'aide aux policiers après avoir été agressées d'abord verbalement, puis physiquement et sexuellement par des groupes de jeunes hommes d'Afrique du Nord et/ou des pays arabes qui, profitant de la foule, se sont mis à s'adonner à des attouchements sur les femmes. 

    Il y a une étonnante similitude entre ces faits :

    Capture d’écran 2016-01-08 à 07.29.34

    Et si qui s'était déroulé place Tahrir en Egypte, lors du fameux printemps arabe en 2012 :

    Capture d’écran 2016-01-08 à 07.30.43

    Michel Janva

  • Robert Steuckers : « La décision dans l’oeuvre de Carl Schmitt »

    Carl Schmitt est considéré comme le théoricien par excellence de la décision.

    L’objet de cet exposé est:

    – de définir ce concept de décision, tel qu’il a été formulé par Carl Schmitt ;

    – de reconstituer la démarche qui a conduit Carl Schmitt à élaborer ce concept ;

    – de replacer cette démarche dans le contexte général de son époque.

    Sa théorie de la décision apparaît dans son ouvrage de 1922, Politische Theologie. Ce livre part du prin­cipe que toute idée poli­tique, toute théorie politique, dérive de concepts théologiques qui se sont laïcisés au cours de la période de sécularisation qui a suivi la Renaissance, la Réforme, la Contre-Réforme, les guerres de reli­gion.

    «Auctoritas non veritas facit legem»

    A partir de Hobbes, auteur du Leviathan au 17ième siècle, on neu­tralise les concepts théologiques et/ou religieux parce qu’ils condui­sent à des guerres civiles, qui plongent les royaumes dans un “état de nature” (une loi de la jungle) caractérisée par la guerre de tous contre tous, où l’homme est un loup pour l’homme. Hobbes ap­pelle “Léviathan” l’Etat où l’autorité souveraine édicte des lois pour pro­téger le peuple contre le chaos de la guerre civile. Par consé­quent, la source des lois est une autorité, incarnée dans une per­sonne physique, exactement selon l’adage «auctoritas non veritas facit le­gem» (c’est l’autorité et non la vérité qui fait la loi). Ce qui revient à dire qu’il n’y a pas un principe, une norme, qui précède la déci­sion émanant de l’autorité. Telle est la démarche de Hobbes et de la philosophie politique du 17ième siècle. Carl Schmitt, jeune, s’est enthousiasmé pour cette vision des choses.Dans une telle perspective, en cas de normalité, l’autorité peut ne pas jouer, mais en cas d’exception, elle doit décider d’agir, de sévir ou de légiférer. L’exception appelle la décision, au nom du principe «auctoritas non veritas facit legem». Schmitt écrit à ce sujet: «Dans l’exception, la puissance de la vie réelle perce la croûte d’une mé­canique figée dans la répétition». Schmitt vise dans cette phrase si­gnificative, enthou­siaste autant que pertinente, les normes, les mé­caniques, les rigidités, les procédures routinières, que le républica­nisme bourgeois (celui de la IIIième République que dénonçait Sorel et celui de la République de Weimar que dénonçaient les te­nants de la “Révolution Conservatrice”) ou le ronron wilhelminien de 1890 à 1914, avaient généralisées.

    Restaurer la dimension personnelle du pouvoir

    L’idéologie républicaine ou bourgeoise a voulu dépersonnaliser les mécanismes de la politique. La norme a avancé, au détriment de l’incarnation du pouvoir. Schmitt veut donc restaurer la dimension personnelle du pouvoir, car seule cette dimension personnelle est susceptible de faire face rapidement à l’exception (Ausnahme, Ausnahmenzustand, Ernstfall, Grenzfall). Pourquoi? Parce que la décision est toujours plus rapide que la lente mécanique des procé­dures. Schmitt s’affirme ainsi un «monarchiste catholique», dont le discours est marqué par le vitalisme, le personnalisme et la théolo­gie. Il n’est pas un fasciste car, pour lui, l’Etat ne reste qu’un moyen et n’est pas une fin (il finira d’ailleurs par ne plus croire à l’Etat et par dire que celui-ci n’est plus en tous les cas le véhicule du poli­tique). Il n’est pas un nationaliste non plus car le concept de nation, à ses yeux et à cette époque, est trop proche de la notion de volonté générale chez Rousseau.

    Si Schmitt critique les démocraties de son temps, c’est parce qu’elles :

    – 1) placent la norme avant la vie ;

    – 2) imposent des procédures lentes ;

    – 3) retardent la résolution des problèmes par la discussion (reproche essentiellement adressé au parlementarisme) ;

    – 4) tentent d’évacuer toute dimension personnelle du pouvoir, donc tout recours au concret, à la vie, etc. qui puisse tempérer et adapter la norme.

    Mais la démocratie recourt parfois aux fortes personnalités: qu’on se souvienne de Clémenceau, applaudi par l’Action Française et la Chambre bleu-horizon en France, de Churchill en Angleterre, du pouvoir direc­torial dans le New Deal et du césarisme reproché à Roosevelt. Si Schmitt, plus tard, a envisagé le recours à la dictature, de forme ponctuelle (selon le modèle romain de Cincinnatus) ou de forme commissariale, c’est pour imaginer un dictateur qui suspend le droit (mais ne le supprime pas), parce qu’il veut incarner tempo­rairement le droit, tant que le droit est ébranlé par une catastrophe ou une guerre civile, pour assu­rer un retour aussi rapide que pos­sible de ce droit. Le dictateur ou le collège des commissaires se pla­cent momentanément —le temps que dure la situation d’exception— au-dessus du droit car l’existence du droit implique l’existence de l’Etat, qui garantit le fonctionnement du droit. La dictature selon Schmitt, comme la dictature selon les fas­cistes, est un scandale pour les libéraux parce que le décideur (en l’occurrence le dictateur) est indépendant vis-à-vis de la norme, de l’idéologie dominante, dont on ne pour­rait jamais s’écarter, disent-ils. Schmitt rétorque que le libéralisme-normativisme est néanmoins coercitif, voire plus coer­citif que la coercition exercée par une personne mortelle, car il ne tolère justement aucune forme d’indépendance personnalisée à l’égard de la norme, du discours conventionnel, de l’idéologie éta­blie, etc., qui seraient des principes immortels, impas­sables, appelés à régner en dépit des vicissitudes du réel.

    La décision du juge

    Pour justifier son personnalisme, Schmitt raisonne au départ d’un exemple très concret dans la pratique juridique quotidienne: la dé­cision du juge. Le juge, avant de prononcer son verdict est face à une dualité, avec, d’une part, le droit (en tant que texte ou tradi­tion) et, d’autre part, la réalité vitale, existentielle, soit le contexte. Le juge est le pont entre la norme (idéelle) et le cas concret. Dans un petit livre, Gesetz und Urteil (= La loi et le jugement), Carl Schmitt dit que l’activité du juge, c’est, essentiellement, de rendre le droit, la norme, réel(le), de l’incarner dans les faits. La pratique quotidienne des palais de justice, pratique inévitable, incontour­nable, contredit l’idéal libéral-normativiste qui rêve que le droit, la norme, s’incarneront tous seuls, sans intermédiaire de chair et de sang. En imaginant, dans l’absolu, que l’on puisse faire l’économie de la personne du juge, on introduit une fiction dans le fonctionnement de la justice, fiction qui croit que sans la subjectivité inévitable du juge, on obtiendra un meilleur droit, plus juste, plus objectif, plus sûr. Mais c’est là une impossibilité pratique. Ce raisonnement, Carl Schmitt le transpose dans la sphère du politique, opérant par là, il faut l’avouer, un raccourci assez audacieux.

    La réalisation, la concrétisation, l’incarnation du droit n’est pas au­tomatique; elle passe par un Vermittler (un intermédiaire, un in­tercesseur) de chair et de sang, consciemment ou inconsciemment animé par des valeurs ou des sentiments. La légalité passe donc par un charisme inhérent à la fonction de juge. Le juge pose sa décision seul mais il faut qu’elle soit acceptable par ses collègues, ses pairs. Parce qu’il y a iné­vitablement une césure entre la norme et le cas concret, il faut l’intercession d’une personne qui soit une autorité. La loi/la norme ne peut pas s’incarner toute seule.

    Quis judicabit ?

    Cette impossibilité constitue une difficulté dans le contexte de l’Etat libéral, de l’Etat de droit : ce type d’Etat veut garantir un droit sûr et objectif, abolir la domination de l’homme par l’homme (dans le sens où le juge domine le “jugé”). Le droit se révèle dans la loi qui, elle, se révèle, dans la personne du juge, dit Carl Schmitt pour contredire l’idéalisme pur et désincarné des libéraux. La question qu’adresse Carl Schmitt aux libéraux est alors la suivante, et elle est très simple: Quis judicabit ? Qui juge ? Qui décide ? Réponse : une personne, une autorité. Cette question et cette réponse, très simples, consti­tuent le démenti le plus flagrant à cette indécrottable espoir libé­ralo-progressisto-normativiste de voir advenir un droit, une norme, une loi, une constitution, dans le réel, par la seule force de sa qua­lité juridique, philosophique, idéelle, etc. Carl Schmitt reconstitue la dimension personnelle du droit (puis de la politique) sur base de sa réflexion sur la décision du juge.

    Dès lors, la raison qui advient et s’accomplit d’elle même et par la seule vertu de son excellence dans le monde imparfait de la chair et des faits n’est plus, dans la pensée juridique et politique de Carl Schmitt, le moteur de l’histoire. Ce moteur n’est plus une abstraction mais une personnalité de chair, de sang et de volonté.

    La légalité: une «cage d’acier»

    Contemporain de Carl Schmitt, Max Weber, qui est un libéral scep­tique, ne croit plus en la bonne fin du mythe rationaliste. Le sys­tème rationaliste est devenu un système fermé, qu’il appelait une «cage d’acier». En 1922, Rudolf Kayser écrit un livre intitulé Zeit ohne Mythos(Une époque sans mythe). Il n’y a plus de mythe, écrit-il, et l’arcanum de la modernité, c’est désormais la légalité. La légalité, sèche et froide, indifférente aux valeurs, remplace le mythe. Carl Schmitt, qui a lu et Weber et Kayser, opère un rappro­chement entre la «cage d’acier» et la «légalité» d’où, en vertu de ce rapprochement, la décision est morale aux yeux de Schmitt, puisqu’elle permet d’échapper à la «cage d’acier» de la «légalité».

    Dans les contextes successifs de la longue vie de Carl Schmitt (1888-1985), le décideur a pris trois vi­sages:

    1) L’accélarateur (der Beschleuniger) ;

    2) Le mainteneur (der Aufhalter, der Katechon) ;

    3) Le normalisateur (der Normalisierer).

    Le normalisateur, figure négative chez Carl Schmitt, est celui qui défend la normalité (que l’on peut mettre en parallèle avec la lé­galité des années 20), normalité qui prend la place de Dieu dans l’imaginaire de nos contemporains. En 1970, Carl Schmitt déclare dans un interview qui restera longtemps impublié: «Le monde en­tier semble devenir un artifice, que l’homme s’est fabriqué pour lui-même. Nous ne vivons plus à l’Age du fer, ni bien sûr à l’Age d’or ou d’argent, mais à l’Age du plastique, de la matière artifi­cielle».

    1. La phase de l’accélérateur (Beschleuniger) :

    La tâche politique de l’accélérateur est d’accroître les potentialités techniques de l’Etat ou de la nation dans les domaines des arme­ments, des communications, de l’information, des mass-media, parce tout accroissement en ces domaines accroît la puissance de l’Etat ou du «grand espace» (Großraum), dominé par une puissance hégémonique. C’est précisément en réfléchissant à l’extension spa­tiale qu’exige l’accélération continue des dynamiques à l’œuvre dans la société allemande des premières décennies de ce siècle que Carl Schmitt a progressivement abandonné la pensée étatique, la pensée en termes d’Etat, pour accéder à une pensée en termes de grands espaces. L’Etat national, de type européen, dont la po­pula­tion oscille entre 3 et 80 millions d’habitants, lui est vite apparu in­suffisant pour faire face à des co­losses démographiques et spatiaux comme les Etats-Unis ou l’URSS. La dimension étatique, réduite, spatialement circonscrite, était condamnée à la domination des plus grands, des plus vastes, donc à perdre toute forme de souveraineté et à sortir de ce fait de la sphère du politique.

    Les motivations de l’accélérateur sont d’ordres économique et tech­nologique. Elles sont futuristes dans leur projectualité. L’ingénieur joue un rôle primordial dans cette vision, et nous retrouvons là les accents d’une certaine composante de la “révolution conservatrice” de l’époque de la République de Weimar, bien mise en exergue par l’historien des idées Jeffrey Herf (nous avons consulté l’édition italienne de son livre, Il mo­dernismo reazionario. Tecnologia, cultura e politica nella Germania di Weimar e del Terzo Reich, Il Mulino, Bologne, 1988). Herf, observateur critique de cette “révolution conservatrice” weimarienne, évoque un “modernisme réactionnaire”, fourre-tout conceptuel complexe, dans lequel on retrouve pêle-mêle, la vi­sion spenglerienne de l’histoire, le réalisme magique d’Ernst Jünger, la sociologie de Werner Sombart et l’“idéologie des ingénieurs” qui nous intéresse tout particulièrement ici.

    Ex cursus : l’idéalisme techniciste allemand

    Cette idéologie moderniste, techniciste, que l’on comparera sans doute utilement aux futurismes italien, russe et portugais, prend son élan, nous explique Herf, au départ des visions technocratiques de Walter Rathenau, de certains éléments de l’école du Bauhaus, dans les idées plus anciennes d’Ulrich Wendt, au­teur en 1906 de Die Technik als Kulturmacht (La technique comme puissance cultu­relle). Pour Wendt, la technique n’est pas une manifestation de matérialisme comme le croient les marxistes, mais, au con­traire, une manifestation de spiritualité audacieuse qui diffusait l’Esprit (celui de la tradition idéaliste alle­mande) au sein du peuple. Max Eyth, en 1904, avait déclaré dans Lebendige Kräfte (Forces vi­vantes) que la technique était avant toute chose une force culturelle qui asservissait la matière plutôt qu’elle ne la servait.

    Eduard Mayer, en 1906, dans Technik und Kultur, voit dans la technique une expression de la personnalité de l’ingénieur ou de l’inventeur et non le résultat d’intérêts commerciaux. La technique est dès lors un «instinct de transformation», propre à l’essence de l’homme, une «impulsion créatrice» visant la maîtrise du chaos naturel. En 1912, Julius Schenk, professeur à la Technische Hochschule de Munich, opère une distinction entre l’«économie commerciale», orientée vers le profit, et l’«économie productive», orientée vers l’ingénierie et le travail créateur, indépendamment de toute logique du profit. Il re­valorise la «valeur culturelle de la construction». Ces écrits d’avant 1914 seront exploités, amplifiés et complétés par Manfred Schröter dans les années 30, qui sanctionne ainsi, par ses livres et ses essais, un futurisme allemand, plus discret que son homologue italien, mais plus étayé sur le plan philosophique. Ses col­lègues et disciples Friedrich Dessauer, Carl Weihe, Eberhard Zschimmer, Viktor Engelhardt, Heinrich Hardenstett, Marvin Holzer, poursuivront ses travaux ou l’inspireront. Ce futurisme des ingénieurs, poly­techni­ciens et philosophes de la technique est à rapprocher de la sociolo­gie moderniste et “révolutionnaire-conservatrice” de Hans Freyer, correspondant occasionnel de Carl Schmitt.

    Cet ex-cursus bref et fort incomplet dans le “futurisme” allemand nous permet de comprendre l’option schmittienne en faveur de l’«accélérateur» dans le contexte de l’époque. L’«accélérateur» est donc ce technicien qui crée pour le plaisir de créer et non pour amasser de l’argent, qui accumule de la puissance pour le seul profit du politique et non d’intérêts privés. De Rathenau à Albert Speer, en passant par les in­génieurs de l’industrie aéronautique al­lemande et le centre de recherches de Peenemünde où œuvrait Werner von Braun, les «accélérateurs» allemands, qu’ils soient dé­mocrates, libéraux, socialistes ou na­tionaux-socialistes, ont visé une extension de leur puissance, considérée par leurs philosophes comme «idéaliste», à l’ensemble du continent européen. A leur yeux, comme la technique était une puissance gratuite, produit d’un génie naturel et spontané, appelé à se manifester sans entraves, les maîtres poli­tiques de la technique devaient dominer le monde contre les maîtres de l’argent ou les figures des anciens régimes pré-techniques. La technique était une émanation du peuple, au même titre que la poésie. Ce rêve techno-futuriste s’effondre bien entendu en 1945, quand le grand espace européen virtuel, rêvé en France par Drieu, croule en même temps que l’Allemagne hitlé­rienne. Comme tous ses compatriotes, Carl Schmitt tombe de haut. Le fait cruel de la défaite militaire le contraint à modifier son op­tique.

    2. La phase du Katechon

    Carl Schmitt après 1945 n’est plus fasciné par la dynamique indus­trielle-technique. Il se rend compte qu’elle conduit à une horreur qui est la «dé-localisation totale», le «déracinement planétaire». Le juriste Carl Schmitt se souvient alors des leçons de Savigny et de Bachofen, pour qui il n’y avait pas de droit sans ancrage dans un sol. L’horreur moderne, dans cette perspective généalogique du droit, c’est l’abolition de tous les loci, les lieux, les enracinements, les imbrications (die Ortungen). Ces dé-localisa­tions, ces Ent-Ortungen, sont dues aux accélarations favorisées par les régimes du 20ième siècle, quelle que soit par ailleurs l’idéologie dont ils se ré­clamaient. Au lendemain de la dernière guerre, Carl Schmitt estime donc qu’il est nécessaire d’opérer un retour aux «ordres élémen­taires de nos existences ter­restres». Après le pathos de l’accélération, partagé avec les futuristes italiens, Carl Schmitt déve­loppe, par réaction, un pathos du tellurique.

    Dans un tel contexte, de retour au tellurique, la figure du décideur n’est plus l’accélérateur mais le kate­chon, le “mainteneur” qui «va contenir les accélérateurs volontaires ou involontaires qui sont en marche vers une fonctionalisation sans répit». Le katechon est le dernier pilier d’une société en perdition ; il arrête le chaos, en maintient les vecteurs la tête sous l’eau. Mais cette figure du katechon n’est pourtant pas entièrement nouvelle chez Schmitt : on en perçoit les prémices dans sa valorisation du rôle du Reichspräsident dans la Constitution de Weimar, Reichspräsident qui est le «gardien de la Constitution» (Hüter der Verfassung), ou même celle du Führer Hitler qui, après avoir ordonné la «nuit des longs cou­teaux» pour éliminer l’aile révolutionnaire et effervescente de son mouvement, apparaît, aux yeux de Schmitt et de bon nombre de conservateurs allemands, comme le «protecteur du droit» contre les forces du chaos révolutionnaire (der Führer schützt das Recht). En effet, selon la logique de Hobbes, que Schmitt a très souvent faite sienne, Röhm et les SA veulent concrétiser par une «seconde révolution» un ab­solu idéologique, quasi religieux, qui conduira à la guerre civile, horreur absolue. Hitler, dans cette lo­gique, agit en “mainteneur”, en “protecteur du droit”, dans le sens où le droit cesse d’exister dans ce nou­vel état de nature qu’est la guerre civile.

    Terre, droit et lieu – Tellus, ius et locus

    Mais par son retour au tellurique, au lendemain de la défaite du Reich hitlérien, Schmitt retourne au conser­vatisme implicite qu’il avait tiré de la philosophie de Hobbes ; il abandonne l’idée de «mobilisation totale» qu’il avait un moment partagée avec Ernst Jünger. En 1947, il écrit dans son Glossarium, recueil de ses ré­flexions philosophiques et de ses fragments épars: «La totalité de la mobilisation consiste en ceci : le moteur immobile de la philosophie aristotélicienne est lui aussi entré en mouvement et s’est mobilisé. A ce moment-là, l’ancienne distinction entre la contemplation (immobile) et l’activité (mobile) cesse d’être perti­nente ; l’observateur aussi se met à bouger […]. Alors nous devenons tous des observateurs activistes et des activistes observants. […] C’est alors que devient pertinente la maxime: celui qui n’est pas en route, n’apprend, n’expérimente rien».

    Cette frénésie, cette mobilité incessante, que les peintres futuristes avaient si bien su croquer sur leurs toiles exaltant la dynamique et la cinétique, nuit à la Terre et au Droit, dit le Carl Schmitt d’après-guerre, car le Droit est lié à la Terre (Das Recht ist erdhaft und auf die Erde bezogen). Le Droit n’existe que parce qu’il y a la Terre. Il n’y a pas de droit sans espace habitable. La Mer, elle, ne connaît pas cette unité de l’espace et du droit, d’ordre et de lieu (Ordnung und Ortung). Elle échappe à toute tentative de codifica­tion. Elle est a-so­ciale ou, plus exactement, “an-œkuménique”, pour reprendre le lan­gage des géopolito­logues, notamment celui de Friedrich Ratzel.

    Mer, flux et logbooks

    La logique de la Mer, constate Carl Schmitt, qui est une logique an­glo-saxonne, transforme tout en flux délocalisés : les flux d’argent, de marchandises ou de désirs (véhiculés par l’audio-visuel). Ces flux, dé­plore toujours Carl Schmitt, recouvrent les «machines impé­riales». Il n’y a plus de “Terre”: nous naviguons et nos livres, ceux que nous écrivons, ne sont plus que des “livres de bord” (Logbooks, Logbücher). Le jeune philosophe allemand Friedrich Balke a eu l’heureuse idée de comparer les réflexions de Carl Schmitt à celles de Gilles Deleuze et Félix Guattari, consignées notamment dans leurs deux volumes fondateurs : L’Anti-Oedipe et Mille Plateaux. Balke constate d’évidents parallèles entre les réflexions de l’un et des autres : Deleuze et Guattari, en évoquant ces flux modernes, surtout ceux d’après 1945 et de l’américanisation des mœurs, parlent d’une «effusion d’anti-production dans la production», c’est-à-dire de stabilité coagulante dans les flux multiples voire désordonnés qui agitent le monde. Pour notre Carl Schmitt d’après 1945, l’«anti-pro­duction», c’est-à-dire le principe de stabilité et d’ordre, c’est le «concept du politique».

    Mais, dans l’effervescence des flux de l’industrialisme ou de la «production» deleuzo-guattarienne, l’Etat a cédé le pas à la société; nous vivons sous une imbrication délétère de l’Etat et de l’économie et nous n’inscrivons plus de “télos” à l’horizon. Il est donc difficile, dans un tel contexte, de manier le «concept du politique», de l’incarner de façon durable dans le réel. Difficulté qui rend impos­sible un retour à l’Etat pur, au politique pur, du moins tel qu’on le concevait à l’ère étatique, ère qui s’est étendue de Hobbes à l’effondrement du III°Reich, voire à l’échec du gaullisme.

    Dé-territorialisations et re-territorialisations

    Deleuze et Guattari constatent, eux aussi, que tout retour durable du politique, toute restauration impa­vide de l’Etat, à la manière du Léviathan de Hobbes ou de l’Etat autarcique fermé de Fichte, est désormais impossible, quand tout est «mer», «flux» ou «production». Et si Schmitt dit que nous naviguons, que nous consi­gnons nos impressions dans des Logbooks, il pourrait s’abandonner au pessimisme du réaction­naire vaincu. Deleuze et Guattari accep­tent le principe de la navigation, mais l’interprètent sans pessi­misme ni optimisme, comme un éventail de jeux complexes de dé-territorialisations (Ent-Ortungen) et de re-territorialisations (Rück-Ortungen). Ce que le praticien de la politique traduira sans doute par le mot d’ordre suivant: «Il faut re-territorialiser partout où il est possible de re-territorialiser». Mot d’ordre que je serais person­nellement tenté de suivre… Mais, en dépit de la tristesse ressentie par Schmitt, l’Etat n’est plus la seule forme de re-territorialisation possible. Il y a mille et une possibilités de micro-re-territorialisa­tions, mille et une possibilités d’injecter de l’anti-production dans le flux ininterrompu et ininterrompable de la «production». Gianfranco Miglio, disciple et ami de Schmitt, éminence grise de la Lega Nord d’Umberto Bossi en Lombardie, parle d’espaces potentiels de territorialisation plus réduits, comme la région (ou la commu­nauté autonome des constitutionalistes espagnols), où une concen­tration localisée et circonscrite de politisation, peut tenir partiellement en échec des flux trop audacieux, ou guerroyer, à la mode du par­tisan, contre cette domination tyrannique de la «production». Pour étendre leur espace politique, les ré­gions (ou communautés autonomes) peuvent s’unir en confédérations plus ou moins lâches de régions (ou de communautés autonomes), comme dans les initia­tives Alpe-Adria, regroupant plusieurs subdivi­sions étatiques dans les régions alpines et adriatiques, au-delà des Etats résiduaires qui ne sont plus que des relais pour les «flux» et n’incarnent de ce fait plus le politique, au sens où l’entendait Schmitt.

    L’illusion du «prêt-à-territorialiser»

    Mais les Ersätze de l’Etat, quels qu’ils soient, recèlent un danger, qu’ont clairement perçu Deleuze et Guattari: les sociétés modernes économi­sées, nous avertissent-ils, offrent à la consommation de leurs ci­toyens tous les types de territorialités résiduelles ou artificielles, imaginaires ou symboliques, ou elles les restaurent, afin de coder et d’oblitérer à nouveau les personnes détournées provisoirement des “quantités abs­traites”. Le système de la production aurait donc trouvé la parade en re-territorialisant sur mesure, et provisoire­ment, ceux dont la production, toujours provisoirement, n’aurait plus besoin. Il y a donc en per­manence le danger d’un «prêt-à-territorialiser» illusoire, dérivatif. Si cette éventualité apparaît nettement chez Deleuze-Guattari, si elle est explicitée avec un vocabulaire inhabituel et parfois surprenant, qui éveille toutefois tou­jours notre attention, elle était déjà consciente et présente chez Schmitt: celui-ci, en effet, avait perçu cette déviance potentielle, évidente dans un phénomène comme le New Age par exemple. Dans son livre Politische Romantik (1919), il écrivait: «Aucune époque ne peut vivre sans forme, même si elle semble complètement marquée par l’économie. Et si elle ne parvient pas à trouver sa propre forme, elle recourt à mille expédients issus des formes véritables nées en d’autres temps ou chez d’autres peuples, mais pour rejeter immé­diatement ces expédients comme inauthentiques». Bref, des re-territorialisations à la carte, à jeter après, comme des kleenex… Par facilité, Schmitt veux, personnelle­ment, la restauration de la “forme catholique”, en bon héritier et disciple du contre-révolutionnaire espa­gnol Donoso Cortés.

    3. La phase du normalisateur

    La fluidité de la société industrielle actuelle, dont se plaignait Schmitt, est devenue une normalité, qui en­tend conserver ce jeu de dé-normalisation et de re-normalisation en dehors du principe po­litique et de toute dynamique de territorialisation. Le normalisa­teur, troisième figure du décideur chez Schmitt, est celui qui doit empêcher la crise qui conduirait à un retour du politique, à une re-territorialisation de trop longue durée ou définitive. Le normalisa­teur est donc celui qui prévoit et prévient la crise. Vision qui cor­respond peu ou prou à celle du sociologue Niklas Luhmann qui ex­plique qu’est souverain, aujourd’hui, celui qui est en mesure, non plus de décréter l’état d’exception, mais, au contraire, d’empêcher que ne survienne l’état d’exception! Le normalisateur gèle les pro­cessus politiques (d’«anti-production») pour laisser libre cours aux processus économiques (de «production»); il censure les discours qui pourraient conduire à une revalorisation du politique, à la res­tauration des «machines impériales». Une telle œuvre de rigidifica­tion et de censure est le propre de la political correctness, qui structure le «Nouvel Ordre Mondial» (NOM). Nous vivons au sein d’un tel ordre, où s’instaure une quantité d’inversions sémantiques : le NOM est statique, comme l’Etat de Hobbes avait voulu être sta­tique contre le déchaînement des pas­sions dans la guerre civile; mais le retour du politique, espéré par Schmitt, bouleverse des flux divers et multiples, dont la quantité est telle qu’elle ne permet aucune intervention globale ou, pire, absorbe toute intervention et la neutralise. Paradoxalement le partisan de l’Etat, ou de toute autre instance de re-territorialisation, donc d’une forme ou d’une autre de stabilisation, est au­jourd’hui un “ébranleur” de flux, un déstabilisa­teur malgré lui, un déstabilisateur inconscient, surveillé et neutralisé par le normalisateur. Un cercle vicieux à briser ? Sommes-nous là pour ça ?

    Robert Steuckers

    Source : Centro Studi La Runa

    http://la-dissidence.org/2016/01/05/robert-steuckers-la-decision-dans-loeuvre-de-carl-schmitt/