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  • L'assaillant du commissariat parisien vivait dans un foyer de réfugiés en Allemagne

    L'homme tué jeudi après avoir tenté d'attaquer un commissariat parisien vivait «dans un foyer de demandeurs d'asile» dans l'ouest de l'Allemagne, que la police a perquisitionné samedi, ont indiqué les forces de l'ordre allemandes. «Aucun indice de possibles autres attaques» n'a été trouvé lors de cette perquisition dans ce foyer situé à Recklinghausen en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest), précise dans un communiqué la police, ajoutant travailler en étroite coopération avec les autorités françaises.

    En France, le nom de Tarek Belgacem a été avancé vendredi par des sources proches de l'enquête. L'homme a été tué alors qu'il forçait les barrières placées devant un commissariat de police du XVIIIème arrondissement de Paris en brandissant un hachoir de boucher, au cri de «Allah Akbar (Dieu est grand)». Il portait sur lui un texte de revendication indiquant «Je suis Abou Jihad Tounsi, Tarek Belgacem». L'attaque est survenue quelques minutes après un discours du président François Hollande demandant aux services de sécurité de mieux coopérer face au risque «terroriste» à la suite des attentats meurtriers de Paris en janvier et novembre 2015.

    Des Tunisiens se présentant comme des proches de l'auteur de l'attaque de jeudi contre le commissariat parisien ont rejeté samedi auprès de médias tout lien entre cet homme et des groupes extrémistes et aussi exprimé leur colère envers les autorités françaises.

    «Pourquoi ont-ils tué mon fils? Il est allé (au commissariat) pour son passeport. Mon fils n'a rien (fait), c'est moi qui lui ai dit de rentrer. Je lui ai dit je vais être opérée à la main et je veux te voir», a réagi une femme, présentée comme la mère, dans une vidéo diffusée par la radio privée Sabra FM. «Il m'a demandé de lui envoyer des extraits de naissance, il était alors en Allemagne», a-t-elle ajouté, avant de laisser éclater sa colère. «Ils l'ont suspecté parce qu'il avait un sac banane pour mettre son téléphone? C'est pour ça qu'ils ont tué mon fils ! La France a tué mon fils, je veux les droits de mon fils et rien d'autre», a-t-elle clamé, effondrée.

    Le Parisien :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuVkukplpuvChXPPuG.shtml

  • Le patriotisme bling bling contre la Nation

    Quelques jours seulement après les attentats sanglants (et séismiques sur le plan médiatique partout dans le monde), la horde d'intellectuels stipendiés depuis trente ans en Occident (en particulier en France et en Allemagne) a fait fumer la plume pour recadrer le débat sortant des braises toutes chaudes du Bataclan et de ses environs. Sans surprise, Finkielkraut a ouvert le bal avec le cosmopolite fier de lui, Edgar Morin, et tous les autres que nous ne connaissons que trop bien (Jurgen Habermas, Bruno Latour, Marek Halter...) tous certifiés conformes, tous issus du même creuset, partageant tous les mêmes origines et qui se partagent le monde des idées comme les chirurgiens esthétiques les nez et seins à remodeler. L'objectif est multiple : ratisser l'ensemble de la clientèle, en vendant en passant un maximum d'articles, de tribunes, de livres, de conseils d'initiés, pour lui transmettre l'essentiel de la pensée qu'elle doit digérer et adopter afin que le monde poursuive son évolution comme le souhaitent leurs amis et commanditaires.

    L'astuce consiste à proposer à la clientèle trompée par les artifices rhétoriques des discours de nos intellectuels, une même grande vision du monde, une même ligne directrice et le même horizon. C'est un cirque où font mine de se chamailler les professionnels de la doxa sur des points secondaires mais qui défendent tous le même grand projet et désignent chacun leur tour ou en chœur dans les moments de crise le même ennemi. Un Finkielkraut va déguiser cette pensée profonde avec une broderie sur l'identité, sur la France des cafés en noir et blanc.

    Les postures patriotardes et dérisoires de Sarkozy et de Hollande

    À ce propos, l'on peut considérer la nouvelle « France de toujours » de Sarkozy l'Américain qui imprègne son nouveau discours pré-électoral et de l’après-attentat comme un habillage emprunté à la terminologie finkielkrautienne. Du marketing, toujours du marketing pour émouvoir le Français qui persiste à croire à ce qu'il veut croire devant son poste de télévision ou l'écran de son cinéma. Finkie et Sarko jouent la partition "Nostalgie" pour séduire la France fatiguée, émue, anxieuse : Amélie Poulain à portée de main avec les agitateurs républicains ! Après toutes ces émotions, le sang des innocents qui empêche bobonne de dormir et de retrouver sa vie "d'avant", il lui faut sa madeleine de Proust. Mais les belles paroles, les signaux affectifs ne sont que fioritures comme en témoigne toute l'histoire politique française depuis 70 ans, et ce n'est pas rien. L'amour surjoué pour « la France de toujours », ça marche sur le plan électoral ; c'est la seule chose qui compte et qui est comptée. Un Sarko qui rejoue la partition du droitier décomplexé pourfendant l'héritage nauséabond de Mai-68 et la pusillanimité d'un pays qui a badiné avec les valeurs républicaines (sic).

    Dernière épithète qui en dit long sur l'ineptie de son discours, du moins sur son ambivalence et, assurément, sur l'hypocrisie du personnage comme sur celle de tous les politicards éhontés. Un élément de son allocution (tenue à Schiltigheim, près de Strasbourg, le 25 novembre) illustre toute cette mascarade. Un aveu de la malfaisance essentielle du régime républicain. Prônant pour l'instant, par décence, dira-t-on, l'union nationale, Sarko légitime, en creux, la lutte incessante entre les partis et même les mauvais coups, les traquenards partisans, bref la guerre intestine, la guerre intranationale permanente. « Quand la France est attaquée, a-t-il déclaré, quand les Français sont menacés, il ne saurait être question de partis, de camps, d'ambitions personnelles. » Cet imbécile ne peut-il pas comprendre que ce sont ces ambitions personnelles, cet orgueil, cette vénalité, ces partis, cette compétition électorale, ces égoïsmes acceptés comme tels et comme des valeurs républicaines qui constituent la grande source de tous nos maux ? La légitimité d'un État, fruit d'un régime politique spécifique, ne réside-t-elle pas dans sa volonté permanente de protéger ses citoyens et dans l'efficacité de ses actions ? Or, et nous l'avons signifié dans RIVAROL il y a deux semaines, un État qui ne protège pas de l’ennemi extérieur ou intérieur la Nation, est un Etat illégitime, un parasite dont la fonction réelle devient plus évidente aux yeux du peuple enfin meurtri : celle de servir les intérêts de l'Autre, de l'Etranger. Tant que la pente de la décadence reste régulière, tant que le peuple s'engourdit sans trop souffrir, le parasitisme de l'Etat se poursuit et s'accentue tranquillement, mais lorsque le sang se répand et que le choc est violent, le peuple ahuri exige soudainement une sécurité dont il ne jouit plus depuis des lustres.

    Ces attentats atroces sont le révélateur de l'incurie d'un Etat qui n'en est plus un. II reste, en-deçà de ce spectre, une administration, des symboles vides mais l'Etat, lui, est dévitalisé et décérébré. Il est un zombi dirigé par des forces étrangères. Finkielkraut, de son côté, peut bien se rendre intéressant en osant affirmer que nous assistons avec le 13 novembre à un événement qui marque « la fin de la fin de l'Histoire » (on entendit la même chose aux États-Unis après le 11-Septembre), car pour ce qui est de l'Hexagone, rien ne change, rien n'a changé : il s'agit toujours de la même histoire qui l'a menée à sa fin. Le minuscule président Hollande lança à ce propos la même fadaise dans son discours du 27 novembre aux Invalides. Pour lui aussi, le 13 novembre signe la fin de la fin de l'histoire après la fin de la fin de l'histoire du 11-Septembre. Cela signifie-t-il que les Américains sont des précurseurs, des gens qui ont ouvert les yeux avant les Français, 14 ans avant les Français, qui ont compris près de 3 lustres avant les Français que l'histoire avait retrouvé le cours de son histoire en 2001 ?

    Finkielkraut, nouvel héraut du renouveau historique

    À l'instar de Glucksmann, Finkielkraut est simplement un agitateur néo-conservateur qui utilise des concepts philosophiques pour défendre une politique internationale rigoureusement atlantiste. Son prétendu patriotisme, son identité de Français des cafés enfumés de Gitane Maïs, ne pèsent pas bien lourds devant ses préoccupations internationales et communautaires. Glucksmann, quant à lui, avait défendu et soutenu Nicolas Sarkozy pour que ce dernier agisse en tant que sioniste là où ses maîtres lui ont en effet désigné les bonnes cibles, en Libye en particulier. Glucks n'a jamais été le laudateur d'un Sarko qui prétendait laver les banlieues (si ce n'est de ses membres antisémites) et qui disait souhaiter défendre une France riche de ses identités historiques.

    Glucksmann aura, lui, raté cette grande fête de l’instrumentalisation patriotique consécutive aux attentats du Vendredi 13, et nous en entrevoyons les prémices avec les petits drapeaux tricolores agités et la Marseillaise braillée à tout-va ! Il y a quelque chose d'écœurant et d'inquiétant dans cette propagande. En premier lieu parce qu'elle est orchestrée par des antipatriotes notoires qui espèrent un soutien populaire dans le but de poursuivre tranquillement la participation forcée de notre pays (avec son argent, avec ses hommes, avec son sang) dans des opérations qui le ruinent au profit des parasites, bonimenteurs élus, et surtout de leurs commanditaires qui dirigent réellement la tête de notre pauvre nation par leurs biais. Bref on nous prépare une petite guerre patriotique, non parce que nos élites ont des ambitions françaises mais parce que l’épithète "patriotique" est la plus à même aujourd'hui de séduire la populace. La méthode charliesque ayant fait pschitt une fois l'émotion passée, le thème de la liberté d'expression n'ayant pas mobilisé le bon peuple, "on" se dit peut-être que le patriotisme pourrait mobiliser davantage, notamment de nouveaux soldats excités à l'idée de canarder du barbu dans une zone semi-désertique pour sauver la France comme les petits Etats-Uniens l'étaient au lendemain du 11-Septembre à l'idée de zigouiller de l'Afghan puis de l'Irakien innocent pour défendre l’Amérique.

    La France de plus en plus engagée dans a cause néo-conservatrice

    On ne peut évidemment comparer la situation française à celle qu'ont connue les États-Unis d'Amérique à ce moment-là (il existe une différence d'intensité remarquable) mais il est évident que la France est de plus en plus engagée, à sa mesure, dans la cause néo-conservatrice et le patriotisme bling bling est l'un des tréteaux de son succès ou du moins de son acceptation relative chez nous. Ainsi, l'on comprend que l'assertion de François Hollande sur les deux fins de la fin de l'histoire (les yeux se dessilleraient successivement devant la fin de la fin de l'histoire qui est bel et bien unique ou apparaît enfin comme unique pour les esprits clairvoyants. L'avènement de la fin de la fin, c'était bien le 11-Septembre, concluent-ils ainsi) n'est pas une maladresse mais l'expression d'un alignement complet, politique, intellectuel et moral sur la ligne néocon. C'est la revanche de Finkielkraut ! Non celle de la nation qui ne connaît pas qu'un seul ennemi, mais celle d'un État confédéré si l'on peut encore utiliser cette expression "historique" maurrassienne. Il y a quelques jours était publiée une nième interview de Finki, une interview croisée (avec un second couteau de notre Intelligentsia) comme notre philosophe en fait tous les deux jours dans le média de son choix. Là, dans la revue Challenges, l'auteur de La seule exactitude, homme que l'on pourrait qualifier de juif pessimiste, a croisé le fer avec son ami Alain Minc, écrivain mondialiste sans complexe que l'on pourrait qualifier de juif optimiste. Leur distinction idéologique est simplement, en effet, une affaire de tempérament. Comme Alain Minc, Finkie affirme que « par la multiplication des attentats, l’État islamique veut provoquer des réactions violentes et déclencher une guerre civile en France ». Minc ne croit pas en l'efficacité de cette méthode terroriste, ni à la guerre civile d'une manière générale. Finkielkraut, lui, s'inquiète. « Ce serait tomber dans le piège qu'il (Daech) nous tend que d'incriminer l'ensemble des musulmans de France. Il ne faut pas se lasser de le répéter (car il a peur de la contagion, laisse-t-il penser) : nombre d'entre eux se sentent pris en otages par les terroristes du califat. » Et l'intellectuel tourmenté de désigner le mal : « Mais notre ennemi, ce n'est pas seulement l'Etat islamique, c'est l'islamisme, et l'on ne réglera pas à Raqqa le problème posé par Molenbeek, Roubaix ou les quartiers nord de Marseille. » Ce n'est pas suffisamment clair ?

    Prétendre que les Français elles Juifs sont dans le même bateau !

    La prose de Finkielkraut est plus limpide quand on la met en perspective avec les propos qu'il a tenus le 18 novembre lors d'une conférence au sein de la Synagogue du IXe arrondissement de Paris en compagnie de son copain faussaire, le rabbin cow-boy Gilles Bernheim, devant 500 personnes triées sur le volet et super sécurisées. Pour Alain Finkielkraut, « Juifs et Français » (une distinction opérée par le site sioniste L'Arche qui a fait un petit papier sur ces deux vedettes de la communauté et leur discours à la Victoire) sont désormais dans le même bateau : ils doivent faire face à la renaissance de la judéophobie et à une francophobie de plus en plus agressive à l’intérieur même du pays. Le guetteur inquiet conclut : « Je crains que les Juifs un jour n’aient plus leur place. » C'est du moins ce qu il redoute « si on entrait dans une société post-nationale sous le règne de la diversité et de l’égalité » Il faut toujours écouter Tonton Alain lorsqu’il professe en comité restreint, c’est très instructif.

    La démonisation de la cause palestinienne et la sacralisation de l’entité sioniste

    L'Arche et le Fonds Social Juif Unifié (qui est lié au CRIF d'une manière étroite) sont des structures qui relaient la parole autorisée. Membre néo-conservateur de L'Oratoire (créé après le 11-Septembre, tiens, tiens !) et du B'nai B'rith, ancien président de la commission d'études politiques du CRIF (dont il est une importante figure), Jacques Tamero vient de publier une longue tribune dans le Figaro intitulée Le Djihad, un crime contre l'humanité ? Un papier guerrier qui précise peut-être les propos d'un Finkielkrâut. « Depuis le 11-Septembre 2001 l'islam radical a déclaré la guerre au monde. Depuis Daniel Pearl, combien faudra-t-il d'autres journalistes assassinés, d'autres têtes coupées pour que les juristes qualifient les crimes de cette barbarie ? Combien d'autres mécréants, combien d'autres infidèles, combien de "croisés" et combien de juifs vont être assassinés au nom de l'islam ? Combien d'autres adolescents israéliens vont être assassinés pour que l'on comprenne qu'il s'agit d'une barbarie identique ? Les uns font ça au couteau, les autres à la kalachnikov. Les uns découpent, les autres se font exploser dans des arrêts de bus ou des cafés. Les uns sont plus artisanaux tandis que les autres sont plus modernes. Pourtant les uns envoient sur Facebook les images de leurs performances alors que les autres cherchent à les dissimuler et pourchassent les journalistes qui pourraient en témoigner. Les uns sont les disciples du nouveau Calife de l’État islamique en Irak et au Levant, les autres sont disciples du Hamas. » Ou quand la démonisation absolue de l'islamisme, voire de l'Islam, ne sert que les intérêts de Tel Aviv et vise à délégitimer et à diaboliser la cause palestinienne. Avec Tamero, il faudrait criminaliser les revendications politiques défendues par des acteurs islamistes. Toutes revendications liées d'ailleurs selon lui au Djihad qu'il faut dès maintenant considérer comme « un crime contre l'Humanité ».

    « Le djihad (tel qu'il est invoqué et pratiqué par certains groupes islamistes) s'inscrit dans cette définition pénale du crime contre l'humanité. Inscrire le djihad dans la catégorie des crimes contre l'humanité constituerait déjà un fort coup de semonce contre tous ceux qui habillent leurs crimes du masque d'une différence culturelle. Aucune religion ne saurait se prétendre telle si elle devait servir d'alibi de la barbarie a estimé le président Obama. Le dire haut et fort, au nom de principes universels, permettrait de foire un tri entre ceux qui partagent cette idée d'un universel commun pour une humanité commune et ceux qui refusent cette idée d'une communauté humaine acceptant des règles obéissant à des lois universelles. » Cette mauvaise foi a toujours été particulièrement nauséabonde. Surtout, cette instrumentalisation des droits de l'homme, de l'universalisme, de l'humanisme. Surtout lorsqu'elle est le fait de fanatiques tribaux prêts à légitimer toutes les violences pour glorifier une entité colonisatrice et criminelle. Le toupet, la malhonnêteté intellectuelle, les pièges dialectiques, la sidération, le chantage à l'humanisme, les mensonges qui font tant de mal sont décidément les stigmates de leur république comme de leur entité.

    François-Xavier Rochette. Rivarol du 3 décembre 2015

  • La guerre civile ethnique est-elle évitable ? Probablement pas – par Guillaume Faye

    FRANCE (NOVOpress avec Guillaume Faye)

    La guerre civile ethnique, comme un serpenteau de vipère qui brise la coquille de son œuf, n’en est qu’à ses très modestes débuts. « Nous sommes en guerre » aiment à rabâcher certains politiciens et journalistes. Ils entendent par là, après les attentats de janvier et de novembre : en guerre contre Daesh et contre une poignée d’islamistes fanatiques. Non, c’est bien plus grave ; il s’agit, sur le territoire français, d’un affrontement ethnique qui commence entre populations extra-européennes sous la bannière de l’islam et la nation française. (1) Les « attentats » et tentatives déjouées ne sont que la partie émergée de l’iceberg. La responsabilité de cette guerre civile ethnique dont les flammèches sont allumées incombera à une classe politique et intello-médiatique et à un appareil d’État qui, de manière criminelle, ont laissé depuis quarante ans se déverser une immigration invasive de peuplement inassimilable. Qui sème le vent récolte la tempête.

    Événements d’Ajaccio : laboratoire du futur

    Événement très symbolique et défi provocateur : quelques jours après la victoire aux élections régionales des nationalistes et indépendantistes en Corse, de jeunes Maghrébins passent pour la première fois à l’action violente. Ils allument des incendies dans une « cité » aux portes d’Ajaccio et y attirent les pompiers dans un guet-apens, les agressent et en blessent gravement plusieurs. Ils les traitent de « sales Corses ! » (Les médias nationaux ont censuré ce dernier point). Le lendemain, des centaines de manifestants corses investissent la cité, criant des slogans comme « Arabi, fora ! » (Arabes, dehors), dévastent un restaurant hallal et commencent à saccager une salle de prière musulmane dont ils brûlent plusieurs Corans, en guise de représailles. Jusqu’à présent, les « autochtones » faisaient le dos rond, se calfeutraient chez eux ou déménageaient. Ce scénario action/réaction, agression/représailles, critère sociologique d’un déclencheur de guerre civile, est le premier du genre en France et il fera date.

    Tout d’abord, c’est la première fois que les « jeunes » des cités de Corse tendent un guet-apens aux pompiers – symboles, comme la police, des autorités françaises détestées – pratique pourtant courante sur le continent où 1 600 pompiers (!) ont été agressés en 2015. C’est aussi la première fois en France qu’on assiste à des représailles des populations de souche exaspérées, tant par le comportement des jeunes musulmans que par le laxisme d’un État qui ne les protège pas.

    Et c’est là le marqueur de toute guerre civile : quand une partie de la population, se sentant abandonnée par l’État, s’y substitue, récuse son monopole de la force publique, se fait justice elle-même et assure sa défense, le désordre de la bellum civile est initialisé. En sociologie politique, le signal très concret du passage de l’émeute classique à la guerre civile est le fait que l’affrontement n’a plus lieu entre une population émeutière A et les forces de l’ordre, mais entre une population A et une population B, « par-dessus » les forces de l’ordre. L’État est désapproprié de sa fonction de pacification.

    Dans l’émission C dans l’Air (France 5), un des intellectuels invités se félicitait naïvement de ce qu’il n’y ait « pas de représailles, pas de ratonnades » après, disait-il « tout ce qui s’est passé ». Il mettait ça sur le compte (« pas d’amalgame ! ») d’une sublime retenue, d’une haute moralité des Français. Eh, bien, ça vient de changer, et cela peut faire tache d’huile.

    L’installation de la guérilla

    Les attentats et attaques militaires coordonnées et planifiées (par Daesh ou d’autres) des djihadistes ne sont donc que la partie émergée de l’iceberg. En réalité, une fraction notable de la jeunesse arabo-africaine qui se place – ethniquement – sous la bannière de l’islam, mène des actions multiformes de guérilla, de harcèlements, qui, bien que souvent liées à une criminalité endémique, vont bien au-delà.

    À Valence, le 1er janvier, un certain Raouf El Ayeb, inconnu de la police, a lancé sa voiture contre des militaires gardant une mosquée – ces dernières étant pourtant peu menacées… Un des soldats a été blessé et l’agresseur touché par les tirs. Fin décembre, au Louvre, un scénario semblable s’était produit, dissimulé par les médias : un automobiliste de même origine a tenté d’écraser les militaires qui gardaient l’entrée de la Cour carrée du Louvre.

    10v500 militaires (!) sont déployés en patrouilles et gardes statiques dans le cadre de l’opération Sentinelle – avec un coût considérable – pour prévenir les attaques de qui l’on sait. Comme l’« état d’urgence », cette mobilisation est inscrite dans la durée. Jamais, dans toute l’histoire moderne de la France, on n’a vu l’armée patrouiller en permanence dans les rues. Si ce n’est pas le signe d’une guerre civile qui commence, on se demande bien ce que c’est. (2) En 2015, on a dénombré 200 agressions contre ces militaires de l’opération Sentinelle dont les auteurs sont tous de même origine. Impulsives ou calculées, ces agressions, dont les auteurs savent qu’elles resteront largement impunies, relèvent d’une volonté d’en découdre, d’amorcer une guérilla endémique.

    Les voitures incendiées font partie de cette pulsion de guérilla urbaine ethnique qui vise à intimider, à apeurer la population de souche. M. Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, s’est félicité que « seulement » 804 incendies d’automobiles aient été à déplorer pendant la nuit de la Saint Sylvestre. Mais c’est uniquement à cause de la présence massive de 110 000 (!) policiers et gendarmes déployés cette nuit-là. En revanche, pour la première fois, des voitures ont été incendiées dans le sanctuaire du XVIe nord de Paris, lieu symbolique où réside une bonne partie de l’oligarchie. Le fait a été soigneusement masqué, les carcasses calcinées promptement enlevées au petit matin, les médias priés de se taire. Les habitants du quartier, parlant sur les réseaux sociaux, ont parfaitement repéré l’origine des incendiaires…

    Et puis il y a aussi l’innombrable et quotidienne litanie des exactions et agressions qui pourrissent la vie des Français, dont les auteurs sont toujours les mêmes. La corrélation entre criminalité crapuleuse et subversion islamique est partout attestée. Récemment, par exemple, à Millau, l’alimentation électrique de l’hôpital a été sabotée ; les auteurs obéissaient à la logique du « micro-terrorisme ». Beaucoup d’exactions, classées dans la rubrique des faits divers, relèvent en réalité de cette guérilla de harcèlement permanente, dont la nature profonde est ethnique. Bien entendu, pour l’idéologie dominante, une telle analyse est scandaleuse et abominable. La vérité est presque toujours scandaleuse.

    Les collabos s’organisent

    L’État français, par la bouche de M. Valls, a décidé de traiter les contre-manifestants corses de « racistes et xénophobes ». Ils se défendent, donc ils sont racistes, ce sont eux les agresseurs. Tous les médias officiels ont suivi. Néanmoins, Natacha Polony remarque : « On explique à l’opinion que le drame, c’est le racisme, l’islamophobie. C’est ça, l’info principale. Il ne faudrait surtout pas affronter le véritable problème, la constitution de ghettos dans lesquels des jeunes abêtis par l’inculture et l’absence de perspective haïssent la société qui les nourrit ». (Le Figaro, 04/01/2016).

    Le mouvement allemand PEGIDA qui proteste « contre l’islamisation de l’Occident », uniquement par des manifestations pacifiques, est traité de « xénophobe » par Le Figaro sous la plume de son correspondant à Berlin, Nicolas Barotte (2– 3/01/2015). Le ver est dans le fruit. Les autres, les envahisseurs, les agresseurs, les terroristes musulmans ne sont ni racistes ni xénophobes, bien entendu… La nuit de la Saint-Sylvestre, dans la gare de Cologne, mais ailleurs aussi en Allemagne, des centaines d’individus « de type moyen-oriental et maghrébin » selon les témoins interrogés par la presse allemande citée par Le Figaro (06/01/2016) se sont livrés à des agressions en groupe, de nature à la fois crapuleuse et sexuelle, contre des cibles principalement féminines. Absente, la police n’a arrêté personne.

    Éric Zemmour a été condamné le 17 décembre à 3 000 € d’amende pour « provocation à la haine envers les musulmans » pour avoir déclaré au Corriere della Sera en octobre 2014 : « cette situation de peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile ». L’historien Georges Bensoussan qui a dit à peu près la même chose, affronte de graves ennuis. Les imams des mosquées salafistes qui prêchent le djihad contre les Français, les innombrables blogueurs qui en appellent aux agressions armées en France « au nom de l’islam », qui déversent des tombereaux d’injures contre les juifs et les chrétiens ne sont jamais poursuivis ni jamais traités de « racistes » ou de « xénophobes ». Situation hallucinante. L’État français, avec une subtile lâcheté, choisit le camp de la collaboration. Remarquez, ce n’est pas une nouveauté, mais plutôt une répétition.

    Il est peut-être trop tard

    Les rappeurs à succès, aussi nuls que vindicatifs, qui ne sont jamais poursuivis pour haine raciale (seuls les Français de souche sont supposés atteints du virus raciste) déversent des appels à la guerre civile ethnique qui sont écoutés dans toutes les banlieues en parallèle avec les appels islamiques au meurtre sur Internet.

    • Salif : « Poitiers brûle et cette fois-ci, pas de Charles Martel. On vous élimine puisque c’est trop tard. La France pète, j’espère que t’as capté le concept ».
    • Ministère Amer : « J’aimerais voir brûler Paname au napalm sous les flammes, façon Vietnam… J’ai envie de dégainer sur des faces de craie » (3)
    • Monsieur R : « La France est une garce, n’oublie pas de la baiser jusqu’à l’épuiser, comme une salope il faut la traiter, mec ».
    • Booba : « Quand j’vois la France les jambes écartées, j’l’encule sans huile ».
    Parlant des banlieues qui boivent ces charmants propos, Alain Finkielkraut nous explique : « pour éviter la guerre civile, il revient à l’État de reconquérir ces territoires ». C’est trop tard, mon cher : car même si l’État voulait (et pouvait) les reconquérir, ce ne pourrait être qu’au prix… de la guerre civile elle-même. Assez d’angélisme. Il est trop tard.

    La logique de la soumission

    À Lens et dans le sud-est de la France – mais aussi chez nos voisins belges –, des messes de Noël ont été protégées par ce qu’il fait bien appeler des milices musulmanes. Comme si la police et l’armée française n’étaient pas suffisantes. Ce fait est extrêmement grave et humiliant. Il s’agit, bien entendu d’une ruse islamique (takiya) d’envahisseur : on vous protège à condition que vous vous soumettiez. Robert Ménard, maire de Béziers, a révélé que certains de ces « protecteurs » étaient en fait des islamistes radicaux repérés. C’est le retour de la « dhimmitude » médiévale. Protection moyennant soumission des juifs et chrétiens.
    Ils cherchent à nous inspirer une « reconnaissance vassale » selon l’expression de G–W. Goldnadel. Les médias abrutis s’extasient : qu’ils sont gentils, ces musulmans, de nous protéger contre leurs coreligionnaires extrémistes ! M. Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a félicité les milices musulmanes ! Imaginons des groupes d’autodéfense catholiques : ils seraient promptement matraqués et incarcérés, pire que les « veilleurs » proches de la Manif pour tous…

    Conclusion réaliste

    Mais l’avenir n’est inscrit nulle part. La probabilité d’une guerre civile ethnique en France – et chez nos voisins, je pense notamment à la Belgique – augmente au fil des ans. Si elle a lieu, elle redistribuera les cartes, toutes les cartes. De manière inimaginable. Et la « révolution de l’économie numérique » passera au second plan. On évoque souvent le risque d’une nouvelle crise économique internationale liée à un système financier mondialisé qui dérape de nouveau, notamment par les mécanismes d’endettement privés et souverains. Fort bien. Mais ce ne serait qu’un petit orage face au cyclone – aux répercussions mondiales – qui se prépare si la France et une partie de l’Europe de l’Ouest s’embrasent dans la guerre civile.

    1. Les agresseurs se prétendant évidemment victimes et agressés.
    2. D’ailleurs, il n’y a pas de patrouilles dans les banlieues, en général zones de non-droit, évacuées par l’État…
    3. Autrement dit : « j’aimerais descendre des Blancs à l’arme à feu ». Ces paroles ont été chantées avant les attentats de 2015, où les souhaits du rappeur ont été exaucés.

    http://fr.novopress.info/196797/guerre-civile-ethnique-evitable-probablement-pas-guillaume-faye/#more-196797

  • « Echanges entre militaires » : les révélations de Seymour Hersh sur la Syrie (Deuxième partie).

    Deuxième partie

    Implication de la Chine, alliée de Assad : quel soutien apportera-t-elle en hommes et en fonds ? Quelle sera l’exacte position d’Erdogan ?

    Seymour Hersh, célèbre journaliste américain.

    La campagne de bombardements de Poutine a déclenché une série d’articles antirusses dans la presse américaine. Le 25 octobre, le New York Times a rapporté, citant l’administration Obama, que des sous-marins et des navires espions russes opéraient de manière agressive à proximité des câbles sous-marins qui assurent le transfert de la majorité du trafic Internet mondial – bien que, selon l’article qu’il fallait lire jusqu’au bout, le journaliste reconnaissait qu’il n’y avait « aucune preuve à cette heure » d’une tentative russe d’interférer avec ce trafic. Dix jours plus tôt, le Times publiait un résumé des intrusions de la Russie dans ses anciennes républiques soviétiques satellites, et décrivait le bombardement de la Syrie comme l’incarnation, « dans une certaine mesure, d’un retour aux ambitions militaires de la période soviétique ». Le reportage ne mentionnait pas que c’est à l’invitation de l’administration d’Assad que la Russie intervenait, ni que les Etats-Unis bombardaient eux-mêmes en territoire syrien depuis septembre de l’année précédente, sans l’accord de la Syrie. Un éditorial du mois d’octobre, dans le même journal, signé de Michael Mac Faul, ambassadeur américain en Russie de 2012 à 2014, déclarait que la campagne aérienne russe visait « tout le monde à l’exception de l’EI ». Les histoires antirusses ne se calmèrent pas après le désastre de l’A320 Metrojet abattu, revendiqué par l’EI. Très peu au sein du gouvernement américain et des médias se demandèrent pourquoi l’EI viserait un avion de ligne russe transportant 224 passagers et son équipage, si l’armée de l’air russe n’attaquait que les rebelles syriens « modérés ».

    Et pendant ce temps, les sanctions économiques sont toujours en vigueur, pour ce qu’un grand nombre d’Américains considèrent être les crimes de guerre de Poutine en Ukraine, tout comme le sont les sanctions du Trésor américain contre la Syrie et contre ces Américains qui font des affaires avec la Syrie. Le New York Times, dans un reportage de fin novembre sur les sanctions, a remis au goût du jour une insinuation ancienne et sans fondements, qui affirme que les actions du Trésor « mettent en relief un argument que l’Administration n’a cessé d’avancer à propos de M. Assad alors que le Trésor cherche à faire pression sur la Russie pour qu’elle cesse son soutien : que bien qu’il professe être en guerre contre les terroristes islamistes, il entretient une relation symbiotique avec l’EI qui lui a permis de prospérer alors qu’il se cramponne au pouvoir ».

    ***

    Les quatre piliers fondamentaux de la politique d’Obama en Syrie restent intacts à cette heure : l’insistance sur le fait qu’Assad doit partir ; qu’aucune coalition avec la Russie n’est possible contre l’EI ; que la Turquie est un allié fiable dans la guerre contre le terrorisme ; et qu’il y a vraiment des forces d’opposition modérées significatives que les Etats-Unis doivent soutenir. Les attaques de Paris le 13 novembre ont fait 130 morts mais n’ont pas changé la ligne de conduite officielle de la Maison Blanche, bien que de nombreux leaders européens, y compris François Hollande, aient soutenu l’idée d’une plus grande coopération avec la Russie, et se soient mis d’accord pour mieux coordonner leurs actions avec son armée de l’air ; il y a eu aussi des discussions sur les modalités du retrait d’Assad : elles pourraient être plus flexibles. Le 24 novembre, Hollande s’est envolé pour Washington afin d’y discuter de la façon dont la France et les USA pouvaient collaborer plus étroitement dans leur combat contre l’EI. Lors d’une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche, Obama a déclaré que Hollande et lui-même s’étaient mis d’accord sur le fait que les frappes russes contre l’opposition modérée ne faisaient que renforcer le régime d’Assad, dont la brutalité était à l’origine de la montée de l’EI. Hollande n’est pas allé aussi loin, mais il a déclaré que le processus diplomatique issu à Vienne conduirait « au départ d’Assad… un gouvernement d’unité est nécessaire ». La conférence de presse négligea l’impasse entre les deux hommes concernant Erdogan. Obama défendit le droit de la Turquie à défendre ses frontières, tandis que Hollande déclara que c’était « une question d’urgence » pour la Turquie de prendre des mesures contre les terroristes. Le conseiller du JCS m’a dit que l’un des principaux buts de Hollande lors de son voyage à Washington était de persuader Obama de rejoindre l’UE dans une déclaration de guerre commune contre l’EI. Obama a répondu non. Les Européens ne se sont pas regroupés au sein de l’OTAN, dont la Turquie fait partie, pour une telle déclaration. « C’est la Turquie le problème », m’a confié le conseiller du JCS.

    Assad, naturellement, n’accepte pas qu’un groupe de dirigeants étrangers veuillent décider de son avenir. Imad Moustapha, actuel ambassadeur de Syrie en Chine, était le doyen de la faculté des sciences de l’Université de Damas, et un proche collaborateur d’Assad, lorsqu’il fut nommé en 2004 ambassadeur de Syrie à Washington, poste qu’il occupa pendant 7 ans. Moustapha est connu pour être resté proche d’Assad, et il est digne de confiance pour refléter ses pensées. Il m’a raconté que pour Assad, renoncer au pouvoir signifierait capituler au profit des « groupes terroristes armés », et que des ministres dans un gouvernement d’Unité nationale – tel que celui proposé par les Européens – seraient considérés [par le peuple syrien] comme les otages des puissances étrangères qui les auraient nommés. Ces forces pourraient rappeler au nouveau président « qu’il est facilement remplaçable, comme son prédécesseur… Assad a une dette envers son peuple : il ne peut quitter son poste parce que les ennemis historiques de la Syrie exigent son départ ».

    ***

    Moustapha a aussi impliqué la Chine, un allié d’Assad, qui a promis plus de 30 milliards de dollars pour la reconstruction de la Syrie après la guerre. La Chine aussi s’inquiète de l’EI. Il m’a expliqué que « La Chine apprécie la situation selon trois points de vue » : le droit international et la légitimité, le positionnement global de sa stratégie, et les activités des djihadistes Ouighours de la province extrême-orientale du Xinjiang. Le Xinjiang est frontalier avec 8 nations – la Mongolie, la Russie, le Kazakhstan, le Kyrgyzstan, le Tajikistan, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde – et, selon le point de vue chinois, ils servent de porte d’entrée au terrorisme en provenance du monde entier et au sein même du pays. De nombreux combattants ouighours actuellement en Syrie sont connus pour être des membres du Mouvement islamique de l’est du Turkestan – une organisation séparatiste souvent violente qui cherche à établir un Etat islamique ouighour dans le Xinjiang. « Le fait qu’ils aient été aidés par les services secrets turcs pour se rendre en Syrie depuis la Chine en passant par la Turquie a été à la source de tensions énormes entre services secrets chinois et turcs » selon Moustapha. « La Chine est inquiète du soutien de la Turquie envers les combattants ouighours en Syrie, qui pourrait très bien s’étendre au Xinjkiang. Nous fournissons déjà des informations concernant ces terroristes et les routes qu’ils empruntent pour rejoindre la Syrie aux services secrets chinois. »

    Les inquiétudes de Moustapha ont été répercutées par un analyste des questions de politique étrangère à Washington, qui a suivi de près le transit des djihadistes à travers la Turquie vers la Syrie. L’analyste, dont les points de vue sont recherchés de nombreux hauts fonctionnaires du gouvernement, m’a confié qu’ « Erdogan a transporté des Ouighours vers la Syrie par des moyens de transport spéciaux tandis que son gouvernement s’agitait en faveur de leur combat en Chine. Les terroristes musulmans ouighours et birmans qui s’échappent par la Thaïlande se procurent d’une manière ou d’une autre des passeports turcs puis sont acheminés vers la Turquie d’où ils transitent vers la Syrie ». Il a ajouté qu’il existait ce qui ressemble à une autre « ratline » [NdT : route secrète] qui acheminait des Ouighours – les estimations vont de quelques centaines à quelques milliers – depuis la Chine via le Kazakhstan pour un éventuel transit par la Turquie vers le territoire de l’EI en Syrie. Il m’a confié que « Le Renseignement américain n’est pas bien informé sur ces activités parce que les infiltrés qui ne sont pas satisfaits de la politique [américaine] ne communiquent pas là-dessus avec eux ». Il a ajouté qu’ « il n’était pas certain que les officiels responsables de la politique syrienne au Département d’Etat et à la Maison Blanche obtenaient ces informations ». Le journal IHS-Jane’s Defence Weekly a estimé en octobre qu’au moins 5000 futurs combattants ouighours étaient arrivés en Turquie depuis 2013, dont peut-être 2000 avaient fait mouvement vers la Syrie. Moustapha a déclaré qu’il détenait des informations selon lesquelles « au moins 860 combattants ouighours se trouveraient en Syrie ».

    Les inquiétudes croissantes de la Chine sur la question des Ouighours et ses liens avec la Syrie et l’EI sont un sujet d’étude constant de Christina Lin, une universitaire qui s’est intéressée aux questions chinoises il y a 10 ans alors qu’elle était en poste au Pentagone sous la direction de Donald Rumsfeld : « J’ai grandi à Taïwan, et je suis venue au Pentagone comme experte de la Chine. J’avais l’habitude de démoniser les Chinois en les traitant d’idéologues, et ils sont loin d’être parfaits. Mais au fil des années, alors que je les vois s’ouvrir et évoluer, j’ai commencé à changer de perspective. Je vois désormais la Chine comme un partenaire potentiel pour différents enjeux globaux, particulièrement au Moyen-Orient. Il y a beaucoup d’endroits – la Syrie en est un – où les Etats-Unis et la Chine doivent coopérer en matière de sécurité régionale et de contre-terrorisme. Il y a quelques semaines, la Chine et l’Inde, deux ennemis issus de la Guerre froide qui se haïssent plus que la Chine et les Etats-Unis eux-mêmes, ont mené une série d’exercices conjoints de contre-terrorisme. Et aujourd’hui la Chine et la Russie souhaitent tous les deux coopérer en matière de terrorisme avec les Etats-Unis ». La Chine voit les choses de la façon suivante selon Lin : les militants ouighours qui se sont rendus en Syrie sont entraînés par l’EI aux techniques de survie qui leur permettront de retourner en Chine lors de voyages secrets, afin de perpétrer des actes terroristes là-bas. Lin a écrit dans un article paru en septembre : « Si Assad échoue, les combattants djihadistes de la Tchétchènie russe, du Xinjiang chinois et du Cachemire indien tourneront leurs yeux vers leurs fronts respectifs pour continuer le djihad, soutenus par une nouvelle base opérationnelle en Syrie, bien financée et au cœur du Moyen-Orient. »

    ***

    Le général Dempsey et ses collègues du JCS ont gardé leur désapprobation en dehors des circuits bureaucratiques, et ont survécu à leur poste. Ce ne fut pas le cas du général Michael Flynn. Patrick Lang, un colonel de l’US Army à la retraite qui a servi presque 10 ans en tant qu’officier en chef du Renseignement civil au Moyen-Orient pour le compte de la DIA, a dit : « Flynn a subi les foudres de la Maison Blanche en insistant sur la nécessité de dire la vérité sur la Syrie. Il a pensé que la vérité était la meilleure chose et ils l’ont débarqué. Il ne voulait pas se taire. Flynn m’a dit que ses problèmes allaient bien au-delà de la Syrie. “Je secouais le cocotier à la DIA – et pas seulement en déplaçant les transats sur le pont du Titanic. Je prônais une réforme radicale. Je sentais que le commandement civil ne voulait pas en entendre parler. J’en ai souffert, mais je m’en suis accommodé” ». Dans un entretien récent accordé au Spiegel, Flynn a été direct à propos de l’arrivée de la Russie dans le conflit syrien : « Nous devons travailler de façon constructive avec la Russie. Que nous le voulions ou non, la Russie a pris la décision d’être présente et d’intervenir militairement. Ils sont bien là, et cela a complètement changé la donne. Et vous ne pouvez pas dire que la Russie est mal intentionnée, qu’ils doivent retourner chez eux ; cela ne se passera pas comme ça. Revenez sur terreez ! »

    Très peu au Congrès US partagent cette opinion. L’une des personalités qui fait exception se nomme Tulsi Gabbard, une démocrate de Hawaï, membre du « House Armed Services Committee » [Commission parlementaire des services armés] qui a effectué deux campagnes au Moyen-Orient en tant que major de la Garde nationale. Dans un entretien sur CNN en octobre elle a déclaré : « Les USA et la CIA devraient stopper cette guerre illégale et contre-productive qui vise à renverser le gouvernement syrien, et ils devraient rester concentrés sur le combat contre […] les groupes rebelles extrémistes. »

    « Mais est-ce que cela ne vous préoccupe pas que le régime d’Assad ait été brutal, tuant au moins 200.000 et peut-être 300.000 membres de son propre peuple ? » lui demanda le journaliste.

    Elle a répondu : « Les choses qu’on raconte sur Assad en ce moment sont les mêmes que ce qui a été dit de Kadhafi, les mêmes que ce qu’on a dit de Saddam Hussein, et viennent des mêmes personnes qui défendaient l’idée de […] renverser ces régimes […] si cela arrive en Syrie […] nous finirons dans une situation de souffrances bien plus grandes, de persécutions des minorités religieuses et chrétiennes bien plus atroces en Syrie, et notre ennemi en sortira largement renforcé. »

    « Donc ce que vous dites, c’est que l’implication militaire dans les airs de l’armée russe et au sol de l’armée iranienne – qu’en fait ils nous font une faveur ? »

    « Ils travaillent à défaire notre ennemi commun », a répondu Gabbard.

    Plus tard, Gabbard m’a confié que beaucoup de ses collègues au Congrès, tant Républicains que Démocrates, l’ont remerciée en privé de s’être exprimée publiquement. « Beaucoup de gens dans la population, et même au Congrès, ont besoin d’avoir des explications claires. Mais c’est difficile lorsqu’il y a autant de mensonges sur ce qui se passe. La vérité n’a pas éclaté. » C’est très inhabituel pour un politicien de mettre ainsi en cause la politique étrangère de son propre parti, enregistrée en direct. Pour quelqu’un « de l’intérieur », qui a accès aux renseignements les plus secrets, parler ouvertement et de façon critique peut interrompre brutalement votre carrière. Toute information dissidente peut se transmettre au travers d’une relation de confiance entre un journaliste et ceux qui le vivent de l’intérieur, mais cela se fait presque obligatoirement « sans signature ». Cependant, oui, la dissidence existe. Le commandant du JSOC n’a pas pu cacher sa satisfaction lorsque je lui ai demandé son point de vue sur notre politique en Syrie : « La solution en Syrie est sous notre nez. Notre menace principale est l’EI, et nous tous – les Etats-Unis, la Russie et la Chine – devons travailler ensemble. Bachar restera dans ses fonctions et, une fois le pays stabilisé, il y aura des élections. Il n’y a pas d’autre option. »

    Le fonctionnement du système indirect de communication avec Assad s’est interrompu avec la retraite de Dempsey en septembre dernier. Son remplaçant à la tête de l’état-major interarmes, le général Joseph Dunford, a prêté serment devant la Commission sénatoriale des forces armées en juillet dernier, deux mois avant de prendre ses fonctions. « Si vous voulez parler d’une nation qui pourrait constituer une menace existentielle pour les Etats-Unis, je désignerais la Russie. Si vous observez son comportement, il est rien moins qu’alarmant. » En octobre, en tant que chef du JCS, Dunford a condamné les efforts russes pour bombarder [les djihadistes]. Il a déclaré à cette même commission que la Russie « ne combat pas l’EI », que l’Amérique doit « travailler avec ses partenaires turcs pour sécuriser la frontière nord de la Syrie » et que « nous devons faire tout ce que nous pouvons pour aider les forces d’opposition syriennes viables – c’est-à-dire les « modérés » – à combattre les extrémistes ».

    Obama dispose maintenant d’un Pentagone beaucoup plus conciliant. Il n’y aura plus de contestation indirecte de la part du commandement militaire contre sa politique de dédain envers Assad et de soutien à Erdogan.Dempsey et ses associés sont déconcertés par l’entêtement d’Obama à défendre Erdogan, compte tenu du lourd dossier que la communauté américaine du Renseignement a accumulé contre lui – et des preuves qu’Obama, en privé, en accepte les conclusions. « Nous savons ce que vous faites avec les radicaux en Syrie », a déclaré le président au chef du Renseignement d’Erdogan lors d’une réunion tendue à la Maison Blanche (comme je l’ai rapporté dans le LRB [London Review of Books] le 17 avril 2014).

    Le JCS et la DIA ont constamment alerté Washington sur la menace que constituent les djihadistes en Syrie, et de leur soutien par la Turquie. Le message n’a jamais été entendu. Pourquoi ?

    Voir la première partie :
    « Echanges entre militaires : les révélations de Seymour Hersh sur la Syrie (Première partie).

    Seymour Hersh
    21/12/2015

    Titre original : Military to Military
    http://readersupportednews.org/opinion2/277-75/34216-focus-military-to-military

    Sources : London Review of Books, 12/2015 et Les-Crises.fr

    Traduction : BR pour le site Les-Crises.fr
    http://www.les-crises.fr/echanges-entre-militaires-par-seymour-hersh/

    Notes du traducteur :

    (1) Rappelons, comme l’ont indiqué les Américains, que al-Nosra est un pseudonyme pour Al-Qaïda en Syrie.
    (2) Rappelons que Robert Baer, ancien chef de région de la CIA pour le Moyen-Orient, a déclaré en 2014 : « Les Etats-Unis ont été incapables d’identifier le moindre groupe syrien dit “modéré” lorsque la guerre civile a débuté. »

    http://www.polemia.com/echanges-entre-militaires-les-revelations-de-seymour-hersh-sur-la-syrie-deuxieme-partie/

  • Angleterre : complaisance envers les islamistes, répression contre les patriotes

    Michel Janva

  • Vote FN chez les militaires et les policiers ? Le principe de réalité

    Selon une enquête, 51,5 % des militaires et policiers avaient prévu de voter FN aux régionales. Ils n’étaient que 30 % à voter FN en 2012.
    Le 7 août 2014, un article du Figaro.fr titrait « Les gendarmes mobiles sensibles au vote FN ». Cette affirmation s’appuyait sur une étude de l’IFOP faite dans certains bureaux de vote situés près des casernes de gendarmes mobile, notamment ceux de Satory à Versailles, pour la présidentielle de 2012.
    Par exemple, lorsqu’à Dijon on votait à 13,4 % pour le FN, le bureau où se situait la caserne des gendarmes mobiles enregistrait un score de 30,8 %. À Hyères, le score du FN était de 42 % dans le bureau « pandorisé » alors que Marine Le Pen obtenait moins de 22 % dans l’ensemble de la ville.
    Interrogé en août 2014 sur ce phénomène – sinon « sociétal », mais quasi mystérieux pour ceux qui dissèquent le vote FN comme d’autres lisaient dans les entrailles de poulet -, Jean-Jacques Urvoas, le député socialiste spécialiste des questions de sécurité de son parti, tenait à relativiser les choses : « Cette étude ne m’alarme donc pas plus. Si le pourcentage réalisé par Marine Le Pen chez les gendarmes mobiles atteint le même niveau en France, là je serai inquiet. »

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  • Il y a 240 ans, Turgot présentait son programme de réformes

    Le 5 janvier 1776, Turgot présentait son programme de réformes

        « Il n’y avait que deux personnes pouvant empêcher la Révolution : Turgot, mais il était déjà mort, et moi, mais je n’étais pas encore né ». Cette boutade d’Edgar Faure, qui signa La disgrâce de Turgot(1961), excellent ouvrage écrit par François Furet, soulève une question historique fondamentale : si Turgot avait pu mener ses projets jusqu’à leur terme, aurait-on évité la Révolution de 1789 ?

       «  Premier théoricien du capitalisme libéral », selon son biographe Jean-Pierre Poirier, Anne-Robert-Jacques Turgot est au pouvoir depuis le 24 août 1774, nommé ce jour là contrôleur général des finances, après à peine plus d’un mois passé au ministère de la Marine. Son intelligence et son didactisme ont fasciné Louis XVI qui, depuis lors, lui laisse une large liberté de manœuvre, faisant de lui, sinon un Premier ministre de fait car la politique générale relève de Maurepas, du moins le plus important des ministres, ayant en charge à peu près toute l’administration intérieure du royaume.

         Son projet de politique économique, il l’a mûri depuis longtemps, notamment lorsque, pendant treize ans, intendant à Limoges, il a pu concrètement observer l’inadéquation des règlements et des interventions administratives. On le sait proche des physiocrates mais il se distingue d’eux sur plusieurs questions importantes, notamment sur la définition de la valeur, préfigurant les travaux d’Adam Smith, de David Ricardo, de Karl Marx, de Léon Walras, etc.

        Sa doctrine économique et financière se traduit en trois points : rétablir et conserver l’équilibre budgétaire, réduire le rôle de l’État dans la vie économique, instituer une économie de marché. Il poursuit de surcroît un objectif général que les historiens ont trop souvent gommé : le progrès social, notamment pour les travailleurs les plus modestes, n’hésitant pas à rappeler régulièrement au roi qu’il ne doit pas enrichir ceux qui l’aiment – ou le flattent – aux dépens de la subsistance du peuple. Car si Turgot est un homme timide, c’est aussi, et surtout, un homme courageux.

        Sur le premier aspect de son projet, tous ses prédécesseurs se sont cassé le nez depuis le règne de Louis XIV, caractérisé par une incroyable irresponsabilité financière. La raison en revient largement à une politique consistant à jouer presque exclusivement sur le volet fiscal, sans pour autant établir une juste assiette de l’impôt. Mais, pour la première fois dans l’histoire de la monarchie française, un ministre renonce à pallier le déficit chronique par de simples expédients ou artifices. Après avoir, dès son arrivée au contrôle général, réduit les dépenses en s’attaquant aux croupes (parts d’associations aux bénéfices des fermes sans contrepartie de service) et aux pensions (expressions de la générosité royale avec l’argent du peuple), Turgot voit nécessairement plus loin et entend réformer la fiscalité de façon durable, selon trois axes : la suppression des impôts en nature, dont la corvée, injuste et peu rentable, la diminution des impôts indirects, qui freinent la consommation, et l’imposition des profits des grands propriétaires oisifs afin d’alléger la charge des entrepreneurs. Cette conception d’une fiscalité dynamique va demeurer d’actualité jusqu’ à nos jours.

       Réduire le rôle de l’État dans la vie économique s’impose tout simplement parce que, dans ce domaine, l’intervention du pouvoir n’a rien de légitime. À la différence des physiocrates, Turgot rejette aussi bien l’idée d’ordre naturel voulu par Dieu que le despotisme légal. Son libéralisme est rationaliste et se situe hors du champ religieux : que Dieu irait-il faire à s’occuper du commerce des marchandises ? À ses yeux, le moteur de la société réside dans l’intérêt individuel qui, éduqué et contrôlé, accomplit l’intérêt général. « Les hommes, écrit-il, n’ont point besoin de tuteur ». Il relève que lorsque l’autorité publique se mêle d’économie, elle agit presque toujours à contre temps ou à contresens, soit en vue de préserver les intérêts d’une certaine clientèle qui, justement, parce qu’elle sollicite l’État, démontre sa faillite, soit pour répondre à la pression populaire en faveur d’une consommation immédiate qui s’exerce au détriment de l’investissement à long terme et donc du progrès économique et social.

        Enfin, l’économie de marché, seule apte à assurer l’enrichissement de la nation, doit être généralisée, par quatre catégories de mesures :

       - l’encouragement à la création d’entreprises, par l’abolition des monopoles et des privilèges exclusifs, comme par une fiscalité orientée à cet effet ;

       - le soutien à l’investissement productif par une série de dispositifs financiers tels que l’exonération d’impôts sur les capitaux investis dans les entreprises, l’abaissement des taux d’intérêt, l’accroissement raisonné de la masse monétaire et le développement du crédit d’État, ce dernier axe n’étant peut-être pas sans contradiction avec le principe énoncé plus haut ;

       - la libération du travail par la suppression des corporations, des jurandes et des maîtrises : ainsi les salaires s’établiront-ils à un meilleur niveau dans le cadre d’une libre discussion entre employeurs et employés ; mais aussi par l’élimination d’autres contraintes comme la corvée, la gabelle, les droits sur les vins…

        - la libération du commerce intérieur comme extérieur, en établissant la liberté de circulation des denrées, en laissant s’exercer librement la concurrence entre producteurs et marchands, enfin en privatisant les entreprises publiques comme la Compagnie des Indes.

       Toute la question consiste alors à savoir si Turgot disposera des moyens et, surtout, du temps, nécessaires à mettre sa politique en œuvre comme à en mesurer les bienfaits.

        Lancées dès septembre 1774, ses trois principales tentatives de réforme débouchent sur des échecs, cependant relatifs car susceptibles de relances.

        L’édit instaurant la liberté de commerce des grains, c’est-à-dire du blé dans un pays où 80% de la population se nourrit principalement de pain et redoute par dessus tout les flambées des prix de celui-ci, mal présenté, mal compris, débouche sur l’inverse de ce qu’il visait : la spéculation, la disette et la révolte, connue sous le nom de « guerre des farines ».

       La réforme de la ferme générale, que Turgot espère, à terme, supprimer et remplacer par des régies d’État, moins coûteuses et plus efficaces, tourne court.

       Enfin, l’uniformisation des poids et mesures : particularismes, méfiances et conservatismes en ont finalement raison.

       Pourtant le ministre ne se décourage pas : il a réussi à enfoncer des coins dans le vieux système, réduire les dépenses de la maison du roi, mis en place quelques réformes secondaires qui lui semblent former le levain des grandes réformes futures. Aussi bien, après une phase de ralentissement, prépare-t-il les édits propres à engager la deuxième, et décisive, étape de sa politique. 

       Le 5 janvier 1776, il présente donc, en Conseil du roi, six textes d’importance inégale mais poursuivant tous le même but : faire entrer dans les pratiques du royaume une logique économique que son auteur juge absolue. Trois d’entre eux visent à couronner la politique engagée depuis 1774 : la suppression de la police des grains et, consécutivement, l’abolition des offices de perception des taxes correspondantes ; la suppression des corvées et la privatisation de la construction des routes ; enfin la suppression des jurandes et des maitrises afin de garantir une authentique liberté du travail.

        En dépit des freins multiples, Turgot parvient à faire avancer ses plans. Bientôt la monarchie française sera totalement réorganisée sur le plan économique et financier. C’est alors que le roi en son conseil décide, contre l’avis de Turgot qui s’y oppose pour des raisons principalement financières, de s’engager dans la guerre d’indépendance américaine. Le 12 mai 1776, le contrôleur général des finances est renvoyé et remplacé par Necker : les réformes sont abandonnées, la Révolution se prépare…

    Daniel de Montplaisir

    http://www.vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/1722-il-y-a-240-ans-turgot-presentait-son-programme-de-reformes

     

  • 2015 : année du drame identitaire et de l’autisme gouvernemental

    Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

    Les mots-clé de 2015 en France, c’est « Charlie », « Bataclan », « Front National » et « Corse ». Le mot-clé de 2015 en Europe, c’est la crise migratoire. Tous ces mots illustrent à eux seuls l’effondrement du système politique en place depuis 1945, et depuis 1990 pour ce qui concerne l’Europe centrale et orientale. A l’affrontement entre un bloc atlantiste et un bloc soviétique a suivi la domination sans partage du mondialisme né de la victoire finale du premier camp sur le second. Ce mondialisme d’essence totalitaire, reposant sur un certain nombre de mythes et de (non-)valeurs, et notamment sur le caractère positif des phénomènes migratoires contemporains, a engendré en conséquence des réactions identitaires, certaines légitimes et d’autres qui le sont moins.

    Les dirigeants d’Europe occidentale l’ont tous à un moment ou à un autre reconnu. Le modèle multiculturaliste (« multikulti ») a échoué sur toute la ligne. Il ne pouvait en être autrement. Promu uniquement par une classe politique sans cervelle, ou corrompue moralement, il n’a jamais reçu l’assentiment des peuples, bien au contraire. Cette idéologie de l’hyper-classe est même totalement déconnectée du réel.

    Jusqu’à présent, le système en place taisait ses méfaits ou les présentait même contre tout bon sens comme des vertus. Malgré les émeutes de 2005 en France et celles de 2010 au Royaume-Uni, et malgré les évènements tragiques de l’année 2015, il maintient ses postulats de principe. Il ne veut pas reconnaître son impact en matière de criminalité, préférant cacher le nom des coupables alors qu’il n’a pas d’état d’âme à afficher le visage des victimes. Tout l’appareil étatique et tous les media, dont la veulerie quotidienne montre qu’ils sont à sa botte, ce qui est indigne dans une prétendue démocratie, assènent les « vérités » d’une caste protégée dans ses tours d’ivoire ou du moins qui se croit protégée. Quant aux victimes de cette barbarie d’importation, qu’on ose nous présenter comme endogène, elles ne comptent pas, une fois qu’a eu lieu l’instrumentalisation de leur mort par un pouvoir en berne dans les sondages mais sans scrupule.

    Il suffit de songer à la façon dont les migrations clandestines massives que l’Europe subit, et de manière démultipliée en 2015, sont traitées par le pouvoir politico-médiatique. Au lieu de se prémunir contre des flux migratoires non désirées, de mettre en place des dispositifs dissuasifs, nos gouvernants ne font rien. Ils déplorent parfois le phénomène, tout en prônant un fatalisme démoralisateur, mais préfèrent culpabiliser les Européens, leur faisant porter le poids d’une responsabilité qui n’est pas la leur. Angela Merkel (CDU) a même tenu un discours suicidaire en évoquant un devoir moral justifiant d’accueillir concrètement n’importe qui sur le sol allemand pour peu qu’il se présente comme un « réfugié ». Alors qu’une extrême minorité parmi les personnes concernées, et notamment les chrétiens de Syrie et d’Irak, pourrait concrètement être considérée comme menacée au point de devoir tout abandonner, et ce sont ceux d’ailleurs qui n’ont reçu aucune aide, les autres profitent du laxisme de nos dirigeants pour s’engouffrer dans la brêche. Leur motif est purement économique et d’ailleurs l’appel du patronat allemand en leur faveur ne doit pas tromper.

    En outre, au nom de quoi il serait le devoir de l’Europe de payer le prix des égarements coupables du Moyen-Orient. Pourquoi les richissimes pétro-monarchies du Golfe Persique ont-elles le droit de les refuser, et d’ailleurs ceux-ci ne cherchent même pas à se présenter à leur porte, mais que les Européens n’auraient pas le droit en revanche de leur indiquer la leur ? Mais ce droit, on leur refuse, on nous le refuse. Nous devons subir et avec le sourire ce que nous sommes en droit et que nous devrions même être en devoir de refuser. Et pour nous contraindre à accepter cette injustice, des images extraites de la propagande turque sont exploitées pour nous culpabiliser davantage. Voilà Hollande et Merkel contraints par leur lâcheté de « négocier » en position de soumission avec le tyranneau d’Ankara pour que celui-ci veuille bien garder sur son territoire plusieurs millions de migrants. Pourtant ce n’est pas Poutine, qu’on sanctionne économiquement, qui encourage bien au contraire les fous d’Allah de l’Etat Islamique, mais bien Erdogan. Mais c’est avec ce dernier qu’on pactise à coups de milliards d’euros pourtant durement gagnés par les travailleurs européens. Et on ose même relancer le processus d’adhésion de ce pays asiatique et musulman à une construction européenne en panne.

    Les conséquences de cette folie collective qui atteint nos dirigeants ne se sont pas faits attendre. Elles se sont manifestées en premier lieu dans les urnes. Le Front National a été le premier bénéficiaire de cette crise identitaire. A tort ou à raison, il est présenté par les partis du système en place comme son adversaire principal, voire même unique, et donc comme sa seule alternative sérieuse. Avec près de 28% des voix aux élections régionales de décembre 2015, le FN a fait retentir un véritable coup de tonnerre dans un ciel calme. Au premier tour il était même en mesure sur le papier d’emporter plusieurs régions.

    A coups d’amalgames fallacieux, de manipulations médiatiques attisant des peurs irrationnelles et d’un matraquage quotidien pendant une semaine, le pouvoir en place a empêché le FN de gagner la moindre région. Alors que la menace qu’il représente est fictive, et qu’il est bien loin lui-même de remettre en cause tous les paradigmes qui ont amené la France et l’Europe à la situation actuelle que nous connaissons, et notamment ces principes universalistes qu’on ose mensongèrement présenter comme « républicains », nous avons eu droit à « Hitler ad portas ». Si le programme du FN sur l’Europe est mauvais et repose sur une mythologie souverainiste, ce n’est pas sur ça que la critique a porté. Le FN a été présenté comme le « parti de la remigration », ce qu’il n’est plus depuis les années 1990, à supposer qu’il l’ait jamais été, et c’est aussi l’une des raisons de son succès. On lui prête donc un crypto-programme qui n’est pas le sien mais qui correspond  en revanche à celui de ses partisans.

    Les évènements récents de Corse illustrent également ce décalage entre la théorie multiculturaliste et la réalité identitaire. Alors que les régionalistes corses ont connu un beau succès électoral, des citoyens de Corse ont décidé de mettre fin à la zone de non-droit d’Ajaccio, suite à l’agression dont des pompiers furent victimes par des bandes organisées « issues de la diversité ». Ce sont bien sûr eux qui sont mis en accusation par les pouvoirs publics, alors que les coupables de la lâche attaque initiale courent toujours. Et les figures régionalistes corses font profil bas, admettant les poncifs universalistes d’un régime qu’ils prétendent combattre. Difficile en effet d’émanciper la Corse de la tutelle « jacobine » en reprenant tous les dogmes de cette dernière. Encore une fois, les « élites » politiques donnent tort au peuple dont ils président aux destinées alors que c’est lui qui, en démocratie, est normalement le seul souverain.

    Elites mondialisées contre peuples identitaires. Voilà la vraie opposition en Europe. Et à un moment donné, le peuple finit toujours par se faire entendre et à se doter des chefs que le système en place lui refuse. Si les réactions identitaires actuelles sont légitimes mais débouchent sur des impasses politiques, électorales ou non d’ailleurs, cela ne durera qu’un temps.

    Les leçons tragiques de 2015 n’ont pas été retenues ni même apprises par les dirigeants de la France et de l’Union Européenne. En conséquence elles sont amenées à se répéter en s’aggravant et ce seront là encore les Européens qui en seront les premières victimes. Mais nous ne pouvons pas attendre de salut de la part de ceux-là même qui nous ont mis dans cette situation. Les maux du système en place disparaîtront avec ceux qui l’ont installé.

    Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2016/01/08/2015-annee-du-drame-identitaire-et-de-l-autisme-gouvernemental.html