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  • Hannah Arendt : Le concept d’histoire

    Suite d’articles sur La Crise de la culture, d’Hannah Arendt.

    Pour revenir à l’article précédent : la tradition et l’âge moderne.

    Fort logiquement, Hannah Ardent entame ce chapitre avec Hérodote, le « père de l’Histoire », pour qui la fonction de l’histoire est de « sauver les actions humaines de la futilité qui vient de l’oubli ». Il s’agit alors d’échapper à la mortalité, de ne plus « se mouvoir en ligne droite dans un univers ou tout, pour autant qu’il se meut, se meut dans un ordre cyclique ». Le thème des récits historiques devient donc des cas particuliers, des gestes singulières, qui perturbent le cycle : « la substance de l’histoire est constituée par ces interruptions autrement dit par l’extraordinaire ».  Pour les mortels, réussir à imprimer leurs actes, leurs œuvres, dans la trame de l’histoire est alors le moyen de pénétrer la mémoire humaine, Mnémosyne – la mère de toutes les muse -, et donc d’accéder à l’immortalité.

    Ceci ne retire pas nécessairement à l’étude de l’histoire son caractère potentiellement scientifique car le fait pour l’historien d’être certain de ne pas être en interaction avec son objet – contrairement au physicien – peut, d’une certaine manière, conférer à son domaine un caractère plus scientifique.

    L’émergence du christianisme va cependant bouleverser l’approche de l’étude de l’histoire. En effet, si chez les Grecs, « la grandeur était aisément reconnaissable comme ce qui de soi-même aspirait à l’immortalité – c’est-à-dire, négativement parlant, comme mépris héroïque pour tout ce qui vient et passe simplement, pour toute vie individuelle, la sienne propre incluse », une telle approche de la grandeur ne pouvait demeurer intacte dans l’ère chrétienne. Dans le christianisme, « c’est le monde qui doit passer ; les hommes vivront éternellement ».

    Descartes, avec son de omnibus dunitandum est[i], va introduire une nouvelle révolution : la vérité et le savoir ne peuvent se fier aux sens et à l’apparence, encore moins à la « vérité innée » de l’esprit, ni à la « lumière intérieure de la raison ». Contrairement à ce que l’on a tendance à croire trop rapidement, ce subjectivisme n’a pas jailli d’un affaiblissement de la religiosité, mais d’une perte de confiance, hautement justifiée, dans la capacité des sens à approcher la vérité[ii]. Ce doute se traduit, notamment, dans la remise en cause du géocentrisme, que l’observation simple justifiait pourtant amplement. Toutefois, cela ne remet pas fondamentalement en cause l’approche de l’histoire : si l’homme ne peut connaître le monde, il doit au moins savoir ce qu’il a fait lui-même. L’on peut avoir une approche similaire pour les mathématiques (approche issue de la pensée de Vico) : contrairement à la nature (que nous faisons que regarder ou essayer de copier), nous faisons les mathématiques nous-mêmes. Mais c’est aussi, peut-être, là que naît la science moderne : du déplacement de l’observation du quoi à la compréhension du comment[iii], de l’intérêt pour les choses à l’intérêt pour les processus. Cet intérêt pour le comment consiste aussi pour l’homme à désormais « faire la nature », comme dans le cas de la physique nucléaire par laquelle nous pouvons faire dans la nature ce que nous croyions précédemment ne pouvoir faire que dans l’histoire.

    L’industrialisation, en tant que mécanisation des processus, s’intègre ainsi dans cette approche qui fait qu’à présent nous vivons dans un monde davantage façonné par l’Homme que par la nature. Il ne s’agit pas pour autant  de réduire l’Homme à ce qu’il fabrique (la fabrication se distingue de l’action en ce sens qu’elle a un commencement et une fin, tandis que l’action s’inscrit dans une chaîne infinie d’évènements) car dans un monde dans lequel l’Homme a atteint un tel degré de maîtrise de ce qui l’environne, sa propre possibilité d’action devient effrayante.

    En amont de la transformation hégélienne de la métaphysique en philosophie de l’histoire, Hobbes, Locke et Hume tentèrent de se débarrasser de la métaphysique au bénéficie d’une philosophie de la politique. L’on fait souvent remonter cette appropriation de l’histoire en tant que dialectique philosophique à Hegel, mais ce serait omettre que Kant adhérait également à une philosophie de l’histoire puisqu’il estimait que si on la considérait de son entier et non comme une accumulation d’évènements, tout prenait son sens, comme si existait une « intention de la nature », inconnue des acteurs mais compréhensibles de leurs suivants, comme si, en fait, les hommes étaient guidés par le « fil conducteur de la raison »[iv].

    Prochain article : qu’est-ce que l’autorité ? 


    [i] Tout peut faire l’objet du doute.

    [ii] Pour Hannah Arendt, la sortie de la religion commence au 17e siècle lorsque des théoriciens politiques commencent à établir que les commandements de la loi naturelle suffissent à faire fonctionner le corps politique indépendamment de Dieu (on retrouve ici la pensée de Jean Bodin). Or, ce recours à la loi naturelle (et non plus la loi divine) pour gouverner est issu de l’hétérogénéité religieuse issu de la Réforme. Quelque part, c’est donc l’ « excès » de religiosité des guerres de religions qui a initié la sortie de la religion.

    Dans cette conception, cette sortie (en fait toute relative) de la religion se fait donc bien davantage par la politique que par les sciences.

    [iii] L’on remarquera que l’explosion des nouvelles technologies tant à nous éloigne de la compréhension du comment pour nous ramener à l’observation du quoi ou du pourquoi. Par exemple, en utilisant les données saisies par les utilisateurs dans son moteur de recherche, Google est désormais plus performant que les instituts médicaux pour anticiper les épidémies de grippe (quoi), mais demeure complètement inutile pour les expliquer (comment).

    [iv] Mais cette espèce d’immanence spinozienne de la Raison n’est-elle pas une autre manière de nommer Dieu ? Si, dans la pratique, dès lors qu’une chose est inintelligible à la raison humaine, on la renomme « ruse de la Raison » pour se convaincre que rien n’échappe à la Raison, n’est-ce pas juste une autre manière de dire qu’il y a quelque Chose de supérieur à l’homme qui gouverne l’univers ? Et ce « quelque Chose », Kant l’appelle Raison, certains athées (Comte-Sponville, Onfray) l’appellent cosmos, les Chrétiens Dieu ? Dès lors, l’athéisme rationaliste n’est-il pas en train de se contenter de renommer Dieu (ou de remplacer une religion par une autre ?) ?

    http://loeildebrutus.over-blog.com/2016/10/hannah-arendt-le-concept-d-histoire.html

  • De Hollande à Juppé : un rappel de la nullité française

    Je n’ai aucune envie de dénoncer le futur succès de ce bon Juppé. Il est comme Hollande, mais pire. Le Français dont je me moquais déjà il y a dix ans, asticot, métro, homo, hétéro, techno, socialo, réglo, rococo, catho, se reconnaîtra dans Bordeaux. On aura les impôts et l’OTAN aux commandos.

    Un gentil lecteur du site gauchiste Agoravox résume la situation. Il écrit le 27 octobre, mieux et surtout plus lucidement que les contributeurs moyens de nos sites anti-système :

    « Les sondages montrent l’état de l’opinion française à quelques nuances près qui font les différences d’un institut à l’autre.

    En les pointant du doigt, on se fait plaisir et l’on se rassure en tentant de se persuader que les dés sont pipés par ceux – le NOM, le Bilderberg, l’Oligarchie, etc. – qui ont intérêt à voir la même politique pérennisée par le prochain locataire de l’Elysée.

    Pourquoi ne pas admettre tout simplement la réalité : à savoir que la majorité des Français, tout en râlant et en vilipendant les élus depuis des décennies, se satisfait grosso modo de la gouvernance pratiquée par les partis de gouvernement ? Si tel n’était pas le cas, c’est vers un 2e tour Le Pen-Mélenchon que l’on irait, ce qui ne sera évidemment pas le cas. 

    Et que l’on ne vienne pas me dire que les Français sont formatés par la télévision comme on l’affirme trop souvent – là aussi pour trouver une explication commode – : l’audience cumulée des grands journaux ne dépasse pas le tiers de la population en âge ou en capacité d’aller voter, et on compte dans cette audience une part importante d’abstentionnistes ou de votants alternatifs, quoi qu’on en dise ! »

    Voilà qui est bien envoyé, et j’avais déjà relevé un lecteur courageux du site les-crises-fr, qui soulignait que les Français s’habitueraient aux attentats. Je concluais dans un édito retentissant (il est même sur wikipédia !) que les Français se laissent tuer parce qu’ils sont déjà morts. Pour ceux qui ne comprennent pas je conseillerai le film Zombi, et pour ceux qui carburent encore à l’anti-américanisme, je rappelle qu’on a une grande rébellion Trump aux USA, à laquelle j’ai rendu hommage dans un livre récent (lien) ; et quand nos sites font dix commentaires, Zerohedge en fait mille, Breitbart dix mille ! Cherchez où est la résistance au système, elle n’est pas en France. Ici les peuples sont anesthésiés fait remarquer l’historien US Payne. N’est pas russe ou américain qui veut !

    Le Français nullissime, on retrouve ce trait chez Rabelais, Molière, Taine, Vallès, Céline. Le Français braille puis collabore. C’est sa nature. C’est un péquenot, un démago, le Français, c’est un bobo, c’est un bourgeois catho. Alors qu’on arrête de le plaindre ou de le pousser à la révolte ce bougre.

    Quant à Juppé, il déplaira avant trois ans, et on revotera socialiste, peut-être même pour Valls revenu de vacances.

    Ma conclusion ? Lisez Virgile, Tolkien, redécouvrez le grec.

    Nicolas Bonnal

    http://www.voxnr.com/6360/de-hollande-a-juppe-un-rappel-de-la-nullite-francaise

  • Conférence : Russie d’hier et d’aujourd’hui, perceptions croisées

    A l'occasion de la parution du livre dirigé par Anne Pinot et Christophe Réveillard, l'institut de la démocratie et de la coopération vous invite à la conférence :

    6a00d83451619c69e201b7c8b16fd6970b-320wi.jpgRussie d’Hier et d’Aujourd’hui:

    perceptions croisées 

    mercredi 23 novembre 2016 à 18h30

    au 63bis rue de Varenne, Paris 7e.  

    Intervenants: 

    Christophe Réveillard,historien et politiste, enseignant-chercheur à l’IEP de Paris et à la Sorbonne, 

    Anne Pinot, docteur en Littérature comparée de l’Université Paris- Sorbonne, 

    Xavier Moreau, chef d’entreprise et géopolitologue, 

    Philippe Conrad, agrégé et professeur d’histoire, directeur de la Nouvelle Revue d’Histoire.

    La conférence sera présidée par Natalia Narotchnitskaïa, historienne, présidente de l’IDC, ancienne députée à la Douma. 

    Inscriptions: idc@idc-europe.org / 01 40 62 91 00

    Paula Corbulon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Trump à la Maison-Blanche ! Les lendemains commencent à déchanter…

    … pour quelques aigris, imbéciles & manipulateurs.

    Fatalitas ! Le peuple américain a osé : il n’a pas gobé le prurit médiatique des je suis partout de tous poils perfusés à l’or golfique ! Un ancien monde qui s’effondre ? Probablement ! une fichue gueule de bois, en tout cas, pour une clique prévaricatrice qui, certainement, devra rendre des comptes !

    | Q. Dites donc, avec Trump aux commandes ça ne va plus très fort entre Paris et Washington ?

    Jacques Borde. Oui, si vous parlez des tweets de Araud, notre calamiteux ambassadeur près l’ONU, et des sorties, tout aussi peu heureuses, de Hollande et de Jean-Marc Ayrault, il y a un peu d’eau dans le gaz, entre c’est vrai. Mais, ça ne devrait pas durer, la réalité va rapidement rattraper tout ce petit monde. Mais que le locataire de l’Élysée prenne, malgré tout, son mal en patience : rencontrer Hollande (selon des sources concordantes) ne serait pas une priorité pour Donald J. Trump.

    | Q. C’est à ce point ?

    Jacques Borde. Oui, lisez donc à ce sujet le texte d’Hilda Stefanian, Cf. La mauvaise éducation de Hollande : Une Bonne « Trump » à l’américaine !

    En tout cas, François Hollande – a contrario des Premiers israélien (Binyamin Nétanyahu), britannique (Theresa M. May), sud-coréen (Hwang Kyo-ahn) et japonais (Shinzo Abe) – n’a pas été invité à Washington. Paris paye tout simplement là l’incongruité, pour ne pas dire (appelons un chat un chat) la stupidité, de ses postures anti-Trump !

    | Q. Doit-on parler de désamour entre Américains et Français ?

    Jacques Borde. Non absolument pas. Cela n’a rien à voir avec la France mais tout avec l’administration Hollande et elle seule. Et, bien au contraire, la nouvelle équipe aime notre beau pays. Si, par exemple, vous prenez Mme. Sarah Palin – pressentie pour être titulaire du US Department of Homeland Security1, le 2ème ministère d’État derrière le US Department of State, rien que ça –, elle a comparé Marion Maréchal Le Pen à Jeanne d’Arc.

    Alors désamour ? Ça dépend avec qui. Et, quelque part aussi (et là c’est beaucoup plus grave) contre qui…

    | Q. Que voulez-vous dire ?

    Jacques Borde. Que Trump même pas encore investi, la donne commence à changer de manière très palpable :

    1- les forces américaines auraient, d’ores et déjà, reçu l’ordre de traiter Jabhat an-Nusrah li-Ahl ach-Chām2 et Al-Jayš al-Fateh (Armée de la conquête)3 comme des ennemis.
    2- Donald J. Trump, aurait demandé au Pentagone de lui donner dans les 30 jours un plan d’action contre Al-Dawla al Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH)4. Ce que Obama n’a jamais fait en huit ans, et qui parait pourtant évident.

    Il va donc devenir urgent pour nous Français de revoir nos alliances et priorités au Levant, car fricoter avec An-Nusrah et consorts (ou à considérer, comme disait Fabius, que ce groupe-phare du nazislamisme takfirî « fait du bon travail ») va rapidement devenir une position impossible à tenir géostratégiquement.

    Sauf à en payer le prix tôt ou tard, tant nous risquons, à force d’erreurs et d’entêtements, de ne plus être dans le même camp que des puissances comme Washington et Moscou.

    | Q. Passons aux États-Unis : lendemains qui déchantent seulement ? Quid de la pétition qui circule pour pousser le collège électoral à voter pour Hillary Clinton ?

    Jacques Borde. Oui, ça agite pas mal la blogosphère. Et c’est, effectivement, la dernière menace (sic) qu’on trouvé des esprits factieux pour tenter de peser, non seulement sur l’arrivée de Donald J. Trump à la Maison-Blanche, mais sur la démocratie, telle que définie par la Constitution des États-Unis.

    Cela est-il crédible ? Franchement, je n’y crois pas. Relisez donc le papier d’Eber Addad  et vous comprendrez mieux. Et, puis que nous en sommes à citer Eber Addad, il nous dit encore ceci :

    « Il y a une pétition qui circule pour pousser le collège électoral à voter pour Hillary Clinton à la place de Donald Trump. Ça n’a aucune chance de se faire puisque les grands électeurs sont des Républicains qui ont été élus pour remplir ce rôle. Ça n’est jamais arrivé dans l’Histoire mais le cas est prévu et une fois un « grand électeur », peut-être au lendemain d’une beuverie, a décidé de voter pour le vice-président plutôt que le président, çà n’a pas eu d’incidence et le président est passé. Ça a même un nom « faithless delegate », un « délégué sans foi »… Mais supposons que ça arrive cette fois parce que certains Républicains sont opposés à Trump. Les conséquences serait au mieux une crise constitutionnelle grave mais plus probablement une guerre civile qui mettrait le pays à feu et à sang. Ce serait changer les règles du jeu au milieu de la partie. Alors pour ceux qui en caressent l’espoir, vos rêves pervers se transformeraient en un cauchemar tel que ça n’arrivera pas! ».

    Ce d’autant que les chambres sont restées aux Républicains. Et, mieux encore, « … les sénateurs qui se présentaient en étant proches de Trump ont tous gagné, ceux des Républicains qui s’en sont éloigné ont tous perdu ».

    Rêver oui, comme le boboland planétaire qui fantasme désormais autour d’un inaccessible Californexit, plus proche du Californication5 d’Hollywood, pourquoi pas ? Mais les délires psychotiques de certains virant à l’émeute sociale ou raciale, ça commence à bien faire ! Nos Je Suis Partout perfusés à l’or golfique devraient apprendre à la fermer de temps en temps.

    | Q. Et pour ce qui est de la réalité, alors ?

    Jacques Borde. On rentre, peu à peu mais aussi sûrement que 2+2 font 4, dans les usages institutionnels prévus par la Constitution. Déjà, l’opposition démocrate (l’officielle, la vraie, il s’entend) vient de faire savoir, par l’intermédiaire de Nancy Pelosi6 et Bernie Sanders, qu’elle avait la ferme intention de coopérer avec le président élu et son administration.

    Peu à peu, les choses vont rentrer dans l’ordre, n’en déplaise aux agitateurs professionnels (dont la hargne est bien proportionnelle aux largesses de tycoons comme Soros) qui se cramponnent désespérément à ce qui ressemble fort à un délire uchronique masturbatoire et post-soixante-huitard.

    Donc, non, pour conclure sur ce point : ce sont bien une nouvelle administration et une nouvelle doctrine militaires qui vont (ou plutôt, sont déjà en train de l’être) être mise en place outre-Atlantique. Alors, autant que, de ce côté-ci du grand océan, ceux qui conduisent aussi mal nos destinées en prennent acte le plus vite possible.

    | Q. Sinon, comment analyser le fiasco médiatique révélé lors de ces présidentielles US ?

    Jacques Borde. Là, c’est beaucoup simple : nos caniches médiatique (quel que soit le côté de l’Atlantique d’où proviennent leurs cris d’orfraie) sont allés déposer leurs crottes journaleuses là où la laisse de leurs maîtres les conduisait ! Désinformer : il en restera toujours quelque-chose. Sauf que, cette fois-ci, ça a raté. Et pas qu’un peu !

    Et, comme l’a si bien dit, Eber Addad, « Un jour, il faudra bien, s’ils veulent continuer à exister, que les journalistes se rappellent que leur métier est de raconter le monde tel qu’il est, pas comme ils le rêvent, qu’ils doivent décrire les faits et les événements pas ne donner que leur opinion et leur sentiment et qu’avant tout ils se doivent d’être honnêtes et le plus précis possible, ainsi ils pourront mieux informer leurs lecteurs. Cet le plus grand flop médiatique international de toute l’histoire de la presse ».

    Normalement, ce dont nous parle Eber porte un nom qui devrait dire quelque chose à la profession : déontologie ! Mais a-t-il encore un sens pour tous ceux qui noircissent, depuis si longtemps, leurs pages sous influence ?

    Jacques Borde

    Notes

    1 Ou Département de la Sécurité intérieure, créé officiellement le 27 novembre 2002 par le Homeland Security Act (Loi sur la sécurité intérieure, Loi Publique n°107-296) en réponse aux attentats du 11 septembre 2001.
    2 Ou Front pour la victoire du peuple du Levant, ou de manière abrégée Front al-Nosra.
    3 Coalition articulée autour d’an-Nusrah li-Ahl ach-Chām (Front Al-Nosra), le bras armé d’Al-Qaïda en Syrie. Se compose, pour être complet, de : Ahrār ach-Chām (Mouvement islamique des hommes libres du Cham), Jund al-Aqsa (Les soldats de Jérusalem), Liwāʾ al-Haqq, Jayš al-Sunna, Ajnad ach-Chām et de la  Légion de Cham.
    4 Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant.
    5 Assez mauvaise série télévisée, créée par Tom Kapinos.
    6 Chef de file des démocrates à la Chambre des Représentants depuis 2002. Speaker de la Chambre des Représentants du 4 janvier 2007 au 3 janvier 2011,

    http://www.voxnr.com/6161/trump-a-la-maison-blanche-les-lendemains-commencent-a-dechanter-pour-quelques-aigris-imbeciles-manipulateurs

  • Hannah Arendt : La tradition et l’âge moderne

    ob_8501cd_index.jpgCet article initie une série de recensions sur La Crise de la culture d’Hannah Arendt. La lecture de cet ouvrage n’est pas des plus accessibles. La pensée d’Arendt ne fait en effet pas système. Quand on constate comment les systèmes de pensée uniformisée et se voulant une cohérence d’ensemble ont pu dégénérer en totalitarismes de part une lecture réductrice du monde, on ne saurait faire grief à celle qui fut l’une des plus grandes critiques de tous les totalitarismes de ne pas s’être laissée enfermer dans une case philosophique. Si Hannah Arendt entame son ouvrage par une allégorie de la caverne de Platon, ce n’est pas pour rien : rien ne serait plus vain et dangereux que de se laisser cloîtrer au fond d’une caverne avec quelques schémas réducteurs (la lutte des classes, l’inégalité des races, la concurrence « libre et non faussée », l’ « ordre spontané », la main invisible, etc.) en guise de représentations du réel.

    Il n’empêche que cette absence de système de pensée peut laisser libre court à de multiples formes d’analyses et d’interprétations de l’auteur. Là est la difficulté de lecture mais là est aussi le premier intérêt de l’ouvrage : le lecteur qui saura surmonter la densité de pensée d’Arendt y trouvera une source probablement inépuisable de réflexions.

    Le second intérêt de l’ouvrage réside dans son extraordinaire actualité. Dès les années 1960, Hannah Ardent pressent que la modernité est en train de se faire dépasser en engendrant un monstre qui la dévorera. Le mot n’est pas prononcé mais l’idée est là : le postmodernisme ravagera la modernité et initiera une terrible régression de l’Homme. Le chapitre consacré à la crise de l’éducation (que nous verrons plus tard) en est criant de vérité.

    Je livre donc ici mes analyses personnelles de cette lecture, sachant que, comme précisé dans cette introduction, la pensée d’Hannah Arendt est d’une telle complexité que d’autres lecteurs y trouveront certainement d’autres angles d’approches. Pour davantage de clarté, les réflexions personnelles qui vont au-delà de l’ouvrage lui-même sont placées en notes de fin.

    Hannah Arendt fait remonter notre tradition de la pensée politique à la caverne de Platon, qui décrit le domaine des affaires humaines, fait de déceptions et de confusion et duquel ceux qui aspirent à l’ « être vrai » doivent s’extraire pour découvrir « le ciel clair des idées éternelles ». Cette tradition fut une première fois rompue par Marx lorsqu’il se détourna de la politique puis y revint afin d’imposer ses normes aux affaires humaines[i]. En liant fondamentalement la politique et le travail, Marx va encore plus loin en prenant l’exact contre-pied de la citoyenneté antique puisque « non seulement à Athènes, mais pendant toute l’antiquité et jusqu’à l’âge moderne, ceux qui travaillaient n’étaient pas des citoyens et ceux qui étaient des citoyens étaient avant tout ceux qui ne travaillaient pas ou qui possédaient plus que leur force de travail ».

    Dans le même ordre d’idée, Aristote définissait ainsi le loisir, non seulement comme l’émancipation du travail courant, mais aussi comme l’affranchissement de l’activité politique et des affaires de l’Etat (et donc le chemin de sortie de la caverne). Or, Marx, avec sa société sans classes et sans Etat, s’inscrit d’une part dans cette optique mais, paradoxalement, en prend également le chemin inverse en clamant avec Engels que « le travail crée l’homme »[ii]. Si, parallèlement, « la violence est la sage-femme de toute vieille société grosse d’une nouvelle » (Karl Marx et Friedrich Engels, Le Capital), c’est donc bien que la violence est la maïeutique de l’histoire, elle-même se voyant sous le prisme de l’organisation du travail. Ainsi, pour Marx, ce qui différence l’homme de l’animal, ce n’est pas la Raison mais le travail.

    D’une manière similaire, si Aristote fondait la distinction civilisé/barbare par l’usage de la parole, Marx prend l’exact opposé en glorifiant la violence par rapport à la parole[iii]. In fine, la philosophie marxiste a bien pour objectif une rupture totale et radicale avec toute la tradition philosophique héritée de la Grèce antique.

    C’est pourquoi, Hannah Arendt le place avec Kierkegaard et Nietzsche, dans des registres certes différents, dans la triangle philosophique qui a initié la révolte contre la tradition : « Kierkegaard veut promouvoir les hommes concrets, ceux qui souffrent ; Marx confirme que l’humanité de l’homme consiste en sa force productive et active qu’il appelle, dans son aspect le plus élémentaire, force de travail ; et Nietzsche insiste sur la productivité de la vie, sur la volonté de l’homme,  la volonté-pour-la-puissance ».

    Contrairement à certains raccourcis, Nietzsche n’était pas nihiliste, mais, au contraire, essayait de surmonter le nihilisme. De son côté, Kierkegaard cherchait à affirmer la dignité de la foi contre la raison et le raisonnement moderne. Il avait compris que l’incompatibilité des sciences modernes et des croyances traditionnelles ne résultait pas de quelconques avancées scientifiques – toutes peuvent être assimilées dans un système religieux – mais de l’esprit de doute et de défiance qu’induisent les sciences modernes en refusant la confiance aveugle dans ce qui est présenté par les religions comme vrai à la fois aux sens et à la raison de l’Homme.

    Cette rupture avec la tradition se répercute fort logiquement sur les valeurs, qui, selon Arendt, sont « des articles de société qui n’ont aucune signification en eux-mêmes mais qui, comme d’autres articles, n’existent que dans la relativité en perpétuel changement des relations et du commerce sociaux ». Or, ces valeurs sans cesse changeantes embarrassent  les « philosophies des valeurs » puisqu’elles sont alors privées de repères. Marx cru trouver la solution en fixant le temps de travail comme valeur-repère pour toutes les autres. La rupture du marxisme avec la tradition ne s’arrête cependant pas là. En effet, pour combler l’abîme que Descartes avait mis entre l’homme, res cogitans, et le monde, res extensa (et du coup, entre la connaissance et la réalité, la pensée et l’être), Hegel pensa trouver la solution, qui fit sa thèse fondamentale, par le mouvement : le mouvement dialectique de la pensée étant, dans cette thèse, identique au mouvement dialectique de la matière. Cependant, Marx n’évacue pas la tradition par ce matérialisme mais par son refus de l’idée selon laquelle l’homme est un animal doué de raison. Pour Marx, l’homme est un être essentiellement doué de la faculté d’action, et cette action est le travail.

    En sus de la conception marxiste (et probablement dans son prolongement), la modernité a modifié profondément la conception même de ce qu’est la théorie. De système de vérités raisonnablement réunies, non faites en tant que telles mais données à la raison et aux sens, la théorie devint une hypothèse de travail scientifique changeante au gré des avancées de la science, sa validité résidant non dans ce qu’elle révèle mais dans ce qu’elle fonctionne[iv].

    Ainsi, Hannah Arendt émet ce diagnostic cruel de l’approche moderne rompant avec la tradition : « les hommes ont décidé ne jamais quitter ce qui pour Platon était la « caverne » des affaires humaines quotidiennes, et de ne jamais s’aventurer d’eux-mêmes dans un monde et une vie que, peut-être, la fonctionnalisation intégrale de la société moderne a privé de l’une de ses caractéristiques les plus élémentaires : saisir d’émerveillement en face de ce qui est tel qu’il est ».

    Prochain billet : Le concept d'histoire.


    [i] Le matérialisme « total » de Marx rend en effet caduque toute approche via l’allégorie de la caverne.

    [ii] On remarquera que de ce fait, glorifier la « valeur travail » est une approche très marxiste. Ce n’est pas la seule convergence entre le marxisme et le libéralisme postmoderne (les deux sont, par exemple, totalement matérialistes). Quelque part, le marxisme n’est en fait qu’un libéralisme postmoderne d’Etat (celui-ci prenant la place des multinationales, et réciproquement). D’où l’aisance, qui peut sembler extraordinaire à première vue, avec laquelle certains idéologues passent sans coup férir d’un marxisme de jeunesse à un libéralisme pur et dur une fois aux affaires.

    [iii] De fait, l’eschatologie marxiste est un complet paradoxe puisqu’elle consiste à sortir l’homme de l’humanité (plus de travail), de l’histoire (plus de violence) et de la raison (plus de pensée philosophique, plus de parole).

    [iv] Cette approche de la théorie scientifique ne pose pas problème en elle-même. Ce qui pose problème, c’est l’extension indéfinie de la science à toute la société au point d’en devenir totale. C’est alors que le scientisme intégral (qui n’a plus rien de scientifique) s’impose et devient totalitaire. Ceci est particulièrement évident dans le domaine de l’économie : d’une approche essentiellement sociale au départ, sous la férule des économistes dits orthodoxes (en pratique les néoclassiques et les néolibéraux), l’économie a acquis la prétention à la science exacte, notamment lorsqu’elle prétend décrire et anticiper les comportements des agents. C’est cette logique qui aboutit à une constitutionnalisation de l’économie (comme au travers des traités européens ou des différents traités internationaux – ou projets de traités (TTIP) – dits de « libre-échange ») et à un gouvernement (pardon une gouvernance …) par les règles qui n’est rien d’autre qu’une tyrannie qui avance masquée.

  • Reportage : Convention thématique sur la protection animale (11/10/16)

  • Le Monde continue sa traque de Breizh-info et fait censurer un manuel scolaire

    Le journal Le Monde est engagé dans une véritable traque à l’égard de Breizh-info. Après avoir fait échouer le partenariat que le site breton de réinformation avait conclu avec le club de rugby de Vannes, le « quotidien de référence » a obtenu qu’un manuel scolaire, qui avait eu le tort de mentionner Breizh-info comme source d’un simple entretien, soit censuré ! Comble de l’affaire : c’est un élu communiste d’Hénin-Beaumont, par ailleurs professeur d’histoire-géo, qui est parvenu à mobiliser Le Monde contre Breizh-info !

    Le-Monde-Breizh-info-300x333.jpgDans Le Monde de ce soir, daté du 20 novembre, on lit en effet(ci-contre) que « dans une double page “débat“, intitulée “Sommes-nous trop nombreux sur la planète ?“, qui figure dans le manuel d’histoire-géographie des éditions Nathan pour les classes de 5e, le premier document proposé aux élèves reprend des extraits d’une interview d’un essayiste américain aux thèses malthusiennes, Alan Weisman, publiée… sur le site Breizh-info.com ». Oui, et ?

    Eh bien « ce site de “réinformation“ est le vaisseau sur Internet de l’extrême droite identitaire bretonne. Dirigé par Yann Vallerie, ancien chef de file du mouvement identitaire Jeune Bretagne, qui appartenait au Bloc identitaire, Breizh-info.com relaye régulièrement des articles anxiogènes qui mêlent délinquance, immigration et islam. Un Fdesouche régional, en quelque sorte ».

    Or explique l’élu communiste,

    « un élève curieux à qui viendrait l’idée d’aller sur Internet découvrir le site Breizh-info tomberait donc, entre deux publicités pour le dernier ouvrage d’Eric Zemmour ou celui de Philippe de Villiers, sur une interview de Ludovine de La Rochère, présidente de La Manif pour tous, l’annonce d’une conférence de Renaud Camus sur le “grand remplacement” […] ou encore celle de l’arrivée de 150 migrants de Calais à Fougères ».

    Et il pourrait donc y trouver le contrepoint de ce tout ce que lui a raconté son prof communiste ?

    « Chez Nathan, on reconnaît une erreur », se félicite Le Monde, en délateur satisfait de voir que son opération de basse police a portée : « Les manuels numériques des élèves sont en cours de correction et leurs utilisateurs pourront les mettre à jour. Un erratum sur Internet, avec mention de la source erronée, et un texte explicatif à l’usage des enseignants, pour qu’ils prennent “toutes les précautions nécessaires pour utiliser ce document“, viennent compléter le mea culpa. »

    Ah ! Si tous les élèves pouvaient ne consulter que L’Humanité, pour savoir ce qu’il faut penser du pacte germano-soviétique, ou Le Monde, pour apprendre à quel point la chute de Saigon fut belle…

    http://fr.novopress.info/201856/le-monde-continue-sa-traque-de-breizh-info-et-fait-censurer-un-manuel-scolaire/

  • L'ancien maire PS d'Hénin-Beaumont en garde à vue

    Peu après sa victoire aux municipales, Steeve Briois, le maire FN, avait déposé deux plaintes auprès du parquet de Béthune. La première plainte concernait des marchés sur, notamment, la sécurité des bâtiments communaux. La seconde visait un marché de prestations de communication et un autre de câblage informatique.

    L'ancien maire PS Eugène Binaisse a donc été placé en garde à vue, tout comme Christian Huyghe, ancien responsable des marchés publics en mairie, le fils de Christian Huyghe ainsi que Philippe Thibaut, ancien DGS de la mairie. 

    Bruno Bilde, adjoint de Steeve Briois et conseiller de Marine Le Pen, précise :

    "Mais ce n'est pas terminé. Il y a d'autres affaires encore plus graves qui pourraient éclater". 

    Michel Janva