“La paix c’est le désarmement des autres” affirmait Napoléon. Face à l’hégémonie idéologique, politique du parti d’Emmanuel Macron, dans les faits pourtant très minoritaire dans l’opinion, l’opposition nationale, populaire et sociale aura-t-elle les armes nécessaires pour contrer les menaces qui s’accumulent encore contre l’identité et la souveraineté des Français? Dimanche 18 juin, triste anniversaire de la bataille de Waterloo, ce second tour des élections législatives fut aussi une défaite de la démocratie. Signe de la profonde rupture entre le Système, les institutions, la classe politicienne et une frange qui ne cesse de croître de nos compatriotes, l’abstention a battu un nouveau record depuis le début de la cinquième république. Plus de 57% des électeurs inscrits ( 27 125 535 abstentionnistes sur 47 292 967 inscrits) ont fait la grève du vote hier et parmi les votants ont comptabilise près d’1 400 000 bulletins blancs (1 397 496). Une abstention qui touche particulièrement, comme c’est le plus souvent le cas hors période de danger FN, les banlieues et les quartiers majoritairement peuplés de Français issus de l’immigration maghrébine et africaine. Mais aussi cette fois-ci et contrairement au premier tour, principalement les électeurs de LREM, assurés par le tam-tam médiatique de la large victoire du parti macroniste. A contrario l’électorat de droite, du FN et de l’extrême gauche communiste et socialo-trotskyste (PC et FI) s’est un peu remobilisé, soucieux de rééquilibrer autant que faire se peut le plateau de la balance. La République en marche obtient ainsi 308 sièges (la majorité absolue est de 289 députés), les ministres du gouvernement Philippe ont d’ailleurs tous remporté leurs circonscriptions (y compris Richard Ferrand…), leurs alliés du MoDem 42 sièges , LR 113 sièges, le PS 29 sièges, l’UDI 18 sièges, FI 17 sièges, le PC 10 sièges, le FN (et apparentés) 8 sièges, les DVG 11 sièges, les DVD 6 sièges, le PRG 3 sièges, les régionalistes 5 sièges (dont 3 pour les nationalistes de Per A corsa).
Notons aussi et c’est heureux car il avait été courageux de rompre les oukases des progressistes pour saisir la main tendue de Marine, la réélection du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (DLF) dans son pré carré de Yerres (huitième circonscription de l’Essonne), mais aussi du Maire d’Orange (Vaucluse) Jacques Bompard. Il est loisible de regretter à contrario les défaites de Jean-Frédéric Poisson (PCD soutenu par LR) battu dans la dixième circonscription de l’Essonne par Aurore Bergé une proche d’Alain Juppé passée chez LREM. Ou encore celle d’un authentique patriote souverainiste comme Jacques Myard, éliminé lui aussi par une candidate macroniste dans son fief de la cinquième circonscription des Yvelines.
Au nombre des enseignements de ces législatives, force est de constater que l’attelage LR-UDI parvient à limiter très sérieusement la casse (194 députés UMP avaient été élus en 2012), même si beaucoup d’entre eux ces dernières semaines se sont évertués à brouiller les pistes en annonçant qu’ils étaient parfaitement macron-compatibles… au point de voter la confiance au gouvernement ? Une question que ne se posera pas Nathalie Kosciusko-Morizet, symbole de cette (large fraction de la) droite LR furieusement et viscéralement antinationale. Elle a été sèchement éliminée par un candidat de LREM, Gilles Legendre, dans la deuxième circonscription de la capitale, fief de la droite parisienne depuis 50 ans. Les électeurs appartenant à la droite de conviction ne sont pas logiquement mobilisés pour elle, comme ils ont su le faire ailleurs, pour l’envoyer siéger à l’Assemblée. Ce n’est que justice.
Une clarification qui sera aussi nécessaire au PS au sein duquel la ligne de fracture est aussi béante entre pro et anti Macron. Le Parti socialiste qui a vu hier Jean-Christophe Cambadélis annoncer qu’il quittait son poste de Premier secrétaire, chute encore plus lourdement qu’aux législatives de 1993, ou il avait tout de même obtenu 57 députés.
Une page s’est tournée hier avec les défaites des ex ministres socialistes du quinquennat Hollande que furent (la calamiteuse) Najat Vallaud-Belkacem, (la très médiocre) Myriam El Khomri (candidate pro Macron, battue à Paris par Pierre-Yves Bournazel un LR lui aussi pro Macron! ), la très décriée Marisol Touraine ou encore Jean-Lacques Urvoas. Manuel Valls pourrait lui sauver sa tête. Il était donné hier soir gagnant d’une très courte tête (50, 3%) dans sa circonscription d’Evry et de Corbeil face à la candidate de FI Farida Amrani. Mais celle-ci a déposé un recours, dénonce des irrégularités sur fond d’abstention massive (60%) et de tensions communautaires agitées par les uns et les autres ces dernières semaines, la personnalité de l’ex Premier ministre s’avérant décidément très clivante…
Le Front National pour sa part ne pourra donc avoir de groupe à l’assemblée nationale (il faut au moins quinze députés) , alors même qu’il a obtenu deux fois plus de voix que la France Insoumise (1 590 858 voix ce 18 juin contre 883 786 pour la FI). L’opposition nationale rate cet objectif souvent de peu car de nombreux candidats frontistes ont perdu sur le fil, ce fut notamment le cas de nos amis Hervé de Lépinau dans la circonscription de Carpentras où se ne représentait pas Marion Maréchal, de Valérie Laupies à Arles ou de Stéphane Ravier à Marseille…
Marine Le Pen, elle, a été largement élue à Hénin-Beaumont, dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais (58,6% des voix). Elle rejoindra l’Assemblée en compagnie du vice-président du Front National Louis Aliot, élu dans les Pyrénées-Orientales; Bruno Bilde ( 12ème circonscription du Pas-de-Calais); Sébastien Chenu (19ème circonscription du Nord); l’apparenté FN Gilbert Collard qui a été réélu dans le Gard face à la très suffisante macroniste et ancienne torera Marie Sara qui entendait lutter contre les forces obscurantistes (Bruno Gollnisch avait prédit sur twitter qu’elle n’aurait pas “les oreilles et la queue de Gilbert Collard”!); José Evrard (troisième circonscription du Pas-de-Calais) ; l’apparentée FN Emmanuelle Ménard, épouse du maire de Béziers, directrice de Boulevard Voltaire ( 6e circonscription de l’Hérault); Ludovic Pajot, peut-être le benjamin de l’Assemblée (10e circonscription du Pas-de-Calais).
Huit députés ce n’est bien évidemment pas un nombre qui correspond au poids réel de nos idées, de notre Mouvement. Bruno Gollnisch soulignait sur Europe 1 au soir du 11 juin, comme l’a redit hier Marine, que l‘absence de proportionnelle est un véritable déni démocratique qui contribue à éloigner les Français des bureaux de vote. “S’il y avait la proportionnelle, il y aurait 130 députés FN. L’Assemblée nationale dont on va accoucher, qu’on appelle la représentation nationale, ne représentera vraisemblablement pas l’opinion publique française. C’est très grave” affirmait le député européen FN. “Ce serait plus naturel, poursuivait-il, que les élections législatives aient lieu, comme aux Etats-Unis, en même temps que l’élection présidentielle. Cela éviterait que les gens soient lassés de se déplacer quatre fois en l’espace de quatre mois”.
Alors oui, il est clair que le FN a évité symboliquement la Bérézina en quadruplant son nombre de députés sortants. Mais ce résultat n’est pas pour autant satisfaisant. Dans un entretien accordé au Figaro, le 14 mai dernier, le Secrétaire général du FN, Nicolas Bay, relevait que “Le 7 mai, Marine Le Pen a franchi la barre de 50% des voix dans 45 circonscriptions, dans lesquelles nous espérons l’emporter. Dans près de 70 autres, nous avons obtenu entre 45% et 50%. Là aussi, les perspectives de victoire existent (…). Ces scores laissent entrevoir une entrée massive des députés patriotes en juin.” Or, au premier tour des législatives, le FN a perdu 60% des électeurs qui ont voté Marine le 23 avril. Cette perte au feu a des raisons endogènes et exogènes que nous devrons examiner pour en tirer tous les enseignements et toutes les conséquences.
https://gollnisch.com/2017/06/19/deni-democratique/