Le président américain Donald Trump a aussi annoncé lundi une décision « très bientôt », et d’ores et déjà le destroyer lance-missile USS Donald Cook a quitté l’île de Chypre et son port de Larnaca pour se positionner en Méditerranée pour frapper la Syrie, tandis que le porte-avion USS Harry S. Truman a été envoyé en « mission » «au Moyen Orient et en Europe», le 11 avril. Donald Trump, pas à une outrance prés, qualifie le président syrien d’« animal ».
La Russie prête à protéger la paix mais sans faiblesse
Ces dernières semaines, Moscou avait déjà mis en garde à plusieurs reprises contre la préparation d’attaques sous faux drapeau dans la Ghouta. Le 17 mars, le général et porte-parole de l’état-major russe, Sergueï Roudsksoï, avait ainsi rapporté que la Russie disposait «d’informations fiables selon lesquelles des instructeurs américains [avaient] formé plusieurs groupes de combattants dans les environs de la ville d’Al-Tanf, pour lancer des provocations impliquant des armes chimiques dans le sud de la Syrie».
l’ambassadeur russe à l’Onu, M. Vassili Nebenzia, a mis à jour, hier, à l’ONU, de l’hypocrisie du camp occidental dans son rejet d’une enquête préalable pour connaître les raisons réelles de l’intoxication au gaz qui a eu lieu à Douma prés de Damas, qui pourrait, comme pour l’affaire Skripal à Londres, avoir été fomentée par des agents spéciaux britanniques ou Américains comme cela semble avoir été le cas précédemment:
«Vous dites que nous sommes bons au jeu. Je n’en suis pas sûr. En revanche, je sais que vous êtes bons dans les menaces. Les menaces que vous énoncez maintenant à l’égard de la Syrie doivent fortement nous préoccuper, parce que nous pouvons nous retrouver au seuil d’événements extrêmement tristes et graves. Je vous demanderai une fois de plus de renoncer aux projets que vous fomentez visiblement à l’égard de la Syrie», a dit le diplomate.
«Le fait que vous n’ayez pas adopté la résolution témoigne, à notre grand regret, que nos partenaires et collègues américains n’ont besoin d’aucune enquête. Nous regrettons que cette résolution (proposée par la Russie, ndlr) n’ait pas été adoptée. Mais j’espère que la mission de l’OIAC se rendra bientôt en Syrie et s’occupera de ce dont elle doit s’occuper en vertu de son mandat, à savoir l’établissement des faits qui ont eu lieu à Douma», a poursuivi M.Nebenzia.
L’initiative russe prévoyant l’envoi de spécialistes de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) dans la ville syrienne de Douma, qui avait prétendument subi une attaque chimique samedi dernier, n’a pas obtenu le nombre minimal requis de voix. Deux membres permanents du Conseil, la Russie et la Chine, ont soutenu la proposition, ainsi que trois autres pays: la Bolivie, l’Éthiopie et le Kazakhstan. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France (membres permanents), tout comme la Pologne, ont voté contre le document. Six pays ont préféré s’abstenir.
Aujourd’hui , face à l’intensification des manœuvres guerrières occidentales, l’ambassadeur de Russie au Liban, Alexandre Zassipkine, a prévenu: «La Russie va exécuter la déclaration de son Président, relative à toute agression américaine contre la Syrie, en abattant des missiles américains et en attaquant les sites de lancement», a déclaré le diplomate à la chaîne al-Manar. Ce qui signifierait, non seulement la neutralisation des missiles mais aussi des frappes en retour contre les sites d’attaques américains.
De son côté, la Syrie, elle-même partisane d’une enquête sur le terrain se montre quelque peu blasée:
«Les allégations d’utilisation de produits chimiques sont un vieux refrain que ne croient que certains pays qui commercent avec le sang des civils et soutiennent le terrorisme en Syrie. Chaque fois que l’Armée arabe syrienne avance dans sa lutte contre le terrorisme, des allégations d’utilisation d’armes chimiques sont utilisées comme une excuse pour prolonger la vie des terroristes à Douma», a déclaré le ministère syrien des Affaires étrangères à l’agence Sana .
Au moment où s’est produite la prétendue attaque chimique dans la Ghouta orientale le 7 avril, plus de 90% de ce territoire avait été repris par l’armée syrienne. Une petite partie encerclée et sans possibilité de secours extérieurs était encore détenue par le groupe islamique soutenu par les Occidentaux, Jaïch al-Islam [ex Front al-nosra]. Celui-ci s’était déjà opposé à une évacuation humanitaire, en pilonnant le 6 avril dernier les couloirs humanitaires. Il est fort probable que les roulements de tambours, les tartarinades de Donald Trump et les déplacements de canons et autres portes-avions sont destinés à protéger et laisser le temps de souffler aux supplétifs islamiques des alliés occidentaux, sans préjuger cependant des suites que tout cela pourrait entrainer. Ces combattants formés et expérimentés sont destinés à servir encore et il ne faudrait pas décourager les bonnes volontés pour d’autres conflits. Car sans conflits comment le complexe militaro-industriel de très loin le plus puissant de la planète, celui des USA, pourrait-il prospérer ? Dans ce cadre une extension du conflit n’est pas à prendre à la légère.
Bachar-el-Assad a gagné la guerre!
Il ne faudrait pas se faire une fausse idée d’une Syrie à feu et à sang au vu des images plus ou moins vraies qui sont présentées sur les télévisions dans les petites poches de guerre qui subsistent encore sur son territoire. En réalité au bout de six ans de conflit, la Syrie avec à sa tête Bachar-el-Assad, a gagné la guerre et la grande majorité de son territoire est actuellement en paix et de nombreux Syriens qui étaient partis ont réintégré leurs foyers. Non, Bachar-el-Assad ne sera pas chassé du pouvoir, du moins pas par les armes!
Même si la Russie, la Syrie et dans une certaine mesure l’Iran, s’efforcent à la modestie dans leur incontestable victoire afin de ne pas exciter les rancunes et les envies, c’est tout-de-même une excellente nouvelle que les États-unis et leurs alliés ont énormément de mal à digérer; malgré leurs énormes stocks de « missiles nouveaux, beaux et intelligents »(dixit Trump), il faudra bien qu’ils finissent par l’admettre.
Tentative d’intimidation seulement ?
Il est possible que le retrait amorcé du Royaume-uni ne soit que le prétexte concerté pour renoncer à l’attaque, du fait que la Russie loin de se désolidariser de la Syrie a au contraire manifesté qu’elle ne cèderait rien et même qu’elle était prête à la riposte. Et qu’en plus elle a eu l’appui à l’ONU de la Chine, deuxième ou troisième grande puissance montante avec ses milliards d’habitants. La Chine, plus l’Iran, plus la Russie et beaucoup d’autres, cela risque de faire beaucoup de monde à affronter, sans compter les risques d’une extermination nucléaire jamais à exclure totalement dans la fièvre d’une lutte à mort… Car en effet, Teresa May semblait très déterminée jusque-là à emboiter le pas des deux va-t-en guerre de France et des USA, l’affaire Skripal ressemblant fort à des prémices. Son brusque rétro-pédalage ne semble donc être qu’une manoeuvre de plus, mais pour ouvrir une fenêtre à un renoncement à la guerre. Les manœuvres guerrières feront-elles flop en Méditerranée ? nous le saurons très vite.
Emilie Defresne
http://www.medias-presse.info/troisieme-guerre-mondiale-trump-et-macron-semblent-prets/90020/