« Beaucoup de visions du monde peuvent exister à l’état de philosophies purement abstraites, à commencer par l’individualisme. Je ne pense pas que cela puisse être le cas d’une pensée centrée autour de la protection des biens communs. Celle-ci s’appuie toujours sur une certaine sensibilité, sur une certaine expérience du monde. »
Guillaume Travers, auteur et formateur à l’Institut Iliade, est à l’initiative de Champs communs, un laboratoire d’idées qui s’est fixé pour objectifs la reterritorialisation du monde et le retour de biens communs enracinés. Il a répondu aux questions de la rédaction du site de l’Institut Iliade.
« Champs communs », « bien commun », « patrimoine commun », ce sont des notions en vogue… Comment aller au-delà des mots et des déclarations d’intentions, à l’heure où ne semblent plus exister que la consommation et l’hédonisme d’individus isolés ?
Les « communs » sont, à mes yeux, le concept central pour penser une alternative à la modernité et à ses écueils. Deux éléments sont essentiels. Premièrement, la modernité a pensé le monde social selon une dichotomie entre une « sphère privée » et une « sphère publique » : d’un côté l’individu, de l’autre l’État, qu’il soit national ou mondial. On a fait de l’homme un pur individu, et on a réduit ses attaches collectives à des appartenances trop distantes, trop abstraites.