Conférence prononcée par Robert Steuckers à Nancy, à la tribune de “Terre & Peuple” (Lorraine), le 10 mars 2012 [ill. : Kartiny Yuriya-Lazareva]
La notion de patrie charnelle nous vient de l’écrivain et militant politique Marc Augier, dit “Saint-Loup”, dont le monde de l’édition — en particulier les “Presses de la Cité” — a surtout retenu les récits de son aventure militaire sur le Front de l’Est pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais l’œuvre de Saint-Loup ne se résume pas à cette seule aventure militaire, ses récits de fiction, son évocation des Cathares de Montségur ou de la Terre de Feu argentine le hissent au niveau d’un très grand écrivain, ce qu’il serait devenu indubitablement pour la postérité s’il n’avait traîné une réputation de “réprouvé” donc de “pestiféré”. Dans les écrits de ce Français très original, il y a beaucoup plus à glaner que ces seules péripéties militaires dans un conflit mondial du passé qui ne cesse de hanter les esprits, comme le prouve l’existence de belles revues sur papier glacé, comme 39-45 ou Ligne de front, par ex. Il faut se rappeler, entre bien d’autres choses, qu’il a été l’initiateur des auberges de jeunesse sous le Front Populaire, lorsqu’il était un militant socialiste, incarnant un socialisme fort différent de celui des avocats aigris, “maçonneux”, encravatés et radoteurs-rationalistes : le socialisme du camarade Marc Augier (qui n’est pas encore Saint-Loup) est joyeux et juvénile, c’est un socialisme de l’action, du grand “oui” à la Vie. Saint-Loup, que je n’ai rencontré que 2 fois, en 1975, était effectivement un homme affable et doux mais amoureux de l’action, de toute action amenant des résultats durables, hostile aux chichis et aux airs pincés des psycho-rigides qui ont incarné les établissements successifs dont la France a été affligée.
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