À ce titre, on peut comprendre l’émoi des indépendantistes locaux, craignant d’être submergés par leurs compatriotes de la métropole. Seulement voilà, et ce, comme toujours, la situation est autrement plus complexe, tel que nous le dit Olivier de Lagarde dans sa revue de presse d’Europe 1, ce matin. Citant un magistrat local, interrogé par Le Figaro, ce talentueux revuiste rappelle : « Les émeutiers comprennent une grande majorité de jeunes dont beaucoup de mineurs. Toute une génération de Kanaks déracinés et déchirés entre le monde coutumier avec lequel ils sont en rupture et le monde moderne auquel ils ne sont pas intégrés. Ce sont des gros consommateurs d’alcool et de cannabis. [...] Le noyau dur est constitué d’une trentaine de multirécidivistes et de deux cents activistes qui ont entrainé dans leur sillage leurs frères et leurs amis. C’est de l’opportunisme et non de l’indépendantisme, avec un niveau de violence jamais vu. »
La colonisation française au banc des accusés ?
Comme quoi, pis que les ravages réels ou supposés de la colonisation française, il y a encore ceux de la colonisation des esprits ; américaine, celle-là, à base de culture de gangs, d’ultra-violence et de drogue.
Mardi, à l’Assemblée nationale, le député communiste André Chassaigne, tentant manifestement de faire entendre la voix de la raison, contribuait en fait à brouiller encore un peu plus les cartes : « Ne vous inscrivez pas dans un processus de colonisation qui consiste à mettre en minorité un peuple sur sa propre terre. » Voilà qui est bigrement intéressant ; et ce, à plus d’un titre.