La postmodernité s’offre indéniablement comme une interface ubiquiste de miroirs déformants. Comme dans La Dame de Shanghai, d’Orson Wells, on massacre des glaces, et finalement, pratiquement tout le monde devient cadavre. Ainsi les traditionnalistes catholiques renvoient-ils aux blasphémateurs nihilistes leur fanatisme destructeur, faisant pendant aux fondamentalistes islamistes, qui dénoncent le sacrilège dont est victime le prophète Mohamed, tandis que les médias conformistes visent tout ce qui peut ressembler à une transcendance autre que celle d’un monde aseptisé par le puritanisme liquéfiant du relativisme libéral.
Les plus pitoyables, dans l’affaire, ceux qui auraient probablement le plus besoin de charité chrétienne, sont les autorités ecclésiastiques de l’Eglise de France. Monseigneur XXIII a bien sûr condamné les manifestations de ceux qu’on nomme « ultra-catholiques », pour mieux les désigner comme des enragés. Ultra ? En admettant que Jésus Christ n’ait pas proclamé plutôt porter le glaive que la paix, propos peut-être imprudents qui, nous en conviendrons, demandent une subtilité exégétique que nous ne possédons pas, - mais ces paroles sont bien dans les Evangiles ! : " N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive. Oui, je suis venu séparer l'homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa maison.
Qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ; qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi. Qui ne se charge pas de sa croix et ne me suit pas n'est pas diane de moi. Qui aura assuré sa vie la perdra et qui perdra sa vie à cause de moi l'assurera ". Matthieu 10, 34-39, Traduction œcuménique – et aussi : « ... Or Dieu dit : " Je vomis les tièdes " Apocalypse 3,15-16, il est de l’ordre du monde de toujours que la religion, tout en se modelant, sous sa forme exégétique et dogmatique, à tel temps provisoire, qui ne peut être qu’une déclinaison relative de l’absolu, de l’éternité, reste, demeure et subsiste comme témoignage d’une intégrale antinomie avec la réalité prosaïque, profane et matérialiste. Autrement dit, vouloir concilier, comme l’ambitionne l’Eglise depuis le concile de Trente, et plus abruptement depuis Vatican II, le christianisme avec la modernité, est ipso facto sacrifier le premier à la seconde. « Mon royaume n’est pas de ce monde », disait le Christ, et toutes les traditions sacrées n’en disconviennent pas, car les principes, si l’on veut aborder sérieusement la vérité des religions en elle-même, sans passer par la psychologie, la sociologie ou l’Histoire, ou le pragmatisme, prennent leurs racines dans une réalité supra-humaine. De telle sorte que la position qui consiste à se placer discrètement au centre, comme l’âne de Buridan, mort de faim et de soif entre son picotin d'avoine et son seau d'eau, n’est qu’une façon d’abdiquer l’essentiel, même en priant (ce qui est le minimum syndical). À ce compte, on préfère la réaction de frère Jean des Entommeurs, qui a beau jeu de répliquer au Père Abbé, que les moines ne crachent pas sur le service divin - du vin - (« Et vous-même, Monseigneur »), mis pourtant en péril par l’ennemi.
Cela étant, il faut bien convenir que nos rebelles catholiques n’ont pas la partie facile. Car, outre les couards et papelards désaveux d’une hiérarchie complètement infestée d’esprit protestant, ils ont affaire à l’agressivité de médias et politiques anti-cathos, d’une opinion publique indifférente ou conditionnée ; ce qui, à vrai dire, les rendrait plutôt sympathiques. D’autant plus qu’en face, du côté des sacrilèges, des Rodrigo Garcia, avec son Golgota picnic, du Piss Christ d’Andres Serano, et de Romeo Castellucci, avec Sur le concept du visage du fils de Dieu, d’une certaine manière, on rend hommage à la sacralité du christianisme, comme s’il détenait encore une valeur telle qu’il vaille la peine de lui cracher dessus. Du reste, s’en prendre à eux, c’est aussi donner à des œuvres, manifestement emblématiques de l’expressionnisme chaotique et nihiliste de notre époque, beaucoup d’importance, et une formidable réclame.
Peut-être vaudrait-il mieux saisir la question par un autre bout. Certes, la réaction des catholiques, comme celle par ailleurs de musulmans qui se sentent offensés, est compréhensibles, et il est préférable de croire, que d’être un bobo hédoniste macérant dans son caca pétri dans les certitudes molles de la modernité. Mais il faut le répéter : le fondamentalisme extraverti, déclamatoire et arc-bouté sur des positions chauvines, est un combat défensif perdu d’avance, et, pis, une expression exacerbée de la modernité mondialiste. L’islamisme sous sa variante terroriste, pour peu qu’il ne soit aussi une manipulation de la CIA, est une manifestation de la destruction marchande contemporaine, et, in fine, un essai de s’y adapter son sa forme nihiliste.
L’époque actuelle se caractérise par un repli sur un communautarisme ethnique et religieux. Il est la symétrie du repliement égoïste, égocentrique, individualiste de la société. L’identité ne peut plus que se satisfaire d’un affichage ostentatoire, à défaut d’un fond positif, d’une nature véritablement ancrée dans un signifié historique, ou plutôt métaphysique. C’est parce que les réalités humaines sont détachées de leurs véritables raisons, et de leur légitimité, qu’elles se voient contraintes de brandir un signifiant, un discours, une image dont l’hyperbolique publicité n’est que l’expression d’un désarroi profond et d’une issue pour le moins problématique.
Un front contre la modernité morbide est néanmoins possible, à condition de l’entreprendre par le haut, par le ressourcement dans la Tradition, que toutes les sacralités portent en partage, à condition de se comprendre dans le fond, et non dans la forme. Les hommes de notre âge de fer sont dans une situation désastreuse. Notre siècle est dépressif, angoissé, animé des pires pulsions de mort. Un travail d’espoir est permis, mais en dépassant ce qui peut séparer. Sans verser dans un syncrétisme faux et niais, l’union des forces spirituelles n’a jamais été si urgente, entre chrétiens attachés à la tradition, musulmans, bouddhistes, païens, et même agnostiques animés par une même nausée contre un monde qui n’a d’idole que le fric roi.
Claude Bourrinet http://www.voxnr.com/
culture et histoire - Page 1939
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Grande bouffe sur le Golgotha, ou la foire aux idoles
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Pseudo homoparentalité, acmé de l'antiracisme
Avec le mariage homosexuel que le pouvoir met en place s’impose la question de l’adoption d’enfants, qui va devenir de droit, par ces couples ainsi légalisés. Madame Taubira, ministresse de la Justice, a déclaré (1) : « Il n’y a pas de raison que les enfants des couples hétérosexuels bénéficient d’une sécurité juridique, tandis que les enfants d’homosexuels n’en bénéficient pas. C’est cela que nous corrigeons. ». Or, il y a bien évidemment une raison qui déborde dans l’oxymore énoncé avec tant d’aplomb. On est gêné de la rappeler, en frisant les foudres de la loi Perben II contre les discriminations à l’encontre des homosexuels : deux êtres de même sexe en couple ne peuvent pas être parents ; deux êtres de même sexe ne peuvent pas procréer et donc ne peuvent pas avoir des « enfants » ! Tout au plus, en présence d’un enfant, peuvent-ils se livrer, de façon infantile, à un jeu de rôle du papa et de la maman… Alors ? E.D.
La lignée, base de la société depuis la nuit des temps
J’ai déjà écrit sur ce site (2) que l’adoption ne fut longtemps qu’une institution subsidiaire, reprise du droit romain, qui, pour le Code civil, permettait à des adultes d’âge mûr et en tant que tels réputés ne pas pouvoir avoir d’enfant d’y substituer un autre adulte plus jeune. Tout ceci, sans que l’adopté ne rompe ses liens formels avec sa famille par le sang, cadre social traditionnel s’il en est. Doublement subsidiaire donc, puisque suppléant d’une part l’absence d’enfant de l’adoptant ou des époux adoptants et, d’autre part, sauvegardant les liens du sang de l’adopté.
Il y avait bien évidemment beaucoup des gens malheureux de ne pas avoir d’enfant (ils pouvaient toujours en solliciter la garde aux œuvres sociales). Mais il n’y avait pas de droit à l’enfant, quel que puissent être les affres du mal d’enfant des uns ou des autres. (Jusqu’à la constitution du PACS, en 1998, l'Etat ne considérait pas que l’amour comme compétence régalienne). L’impératif de la lignée, qui remontait tout de même à la pré-histoire, était considéré comme l’ordre supérieur nécessaire pour le renouvellement des générations dans toute société, essence des nations (natus, natio, communauté de naissances). Pour désigner le principe de cet ordre universel et intemporel, un mot était d’ailleurs utilisé, avant les théories raciales : c’était celui de race au sens de la lignée (cf. Littré). La lignée est maintenant remise en cause, compte tenu de l’individualisme exacerbé et de son corollaire qui est le rejet des discriminations (lequel a emporté notamment en quelques années, dans son égoïsme humanitaire, l’ancestrale préférence nationale au point d’en faire un délit).
Loi dure, mais ressentie comme évidente, puisque même les enfants abandonnés ou adoptés selon les nouvelles procédures (voir infra) ont une propension, généralement reconnue, à rechercher leur origine biologique. Et il est probable que l’enfant réputé légitime de deux époux homosexuels aspirera plus que quiconque à rechercher l’être de l’autre sexe à qui il doit la vie…
La question du marché de l’enfant
Pour s’en tenir à notre pays, la possibilité d’adopter des enfants, c’est-à-dire des mineurs, ne remonte qu’à 1923, compte tenu du grand nombre d’orphelins de la Grande Guerre. En 1939 un décret-loi, qui sera suivi d’une loi dans le même sens en 1963, a créé la légitimation adoptive, permettant aux couples mariés et sans enfants d’adopter des mineurs (de moins de sept ans alors), avec cette fois rupture de tout lien formel avec leurs géniteurs.
Aujourd’hui, avec l’adoption plénière, ce type d’adoption est devenu la règle (l’âge minimum a été relevé) mais, surtout, la nouvelle institution n’est plus réservée aux personnes sans enfant malgré leur âge mûr. Elle permet l’acquisition de mineurs coupés de toute racine ou origine et mis en concurrence avec des enfants légitimes ou naturels, pour le nom, les titres et l’héritage.
En d’autres termes, l’adoption a tellement évolué que de subsidiarité prudente au sein du système de la lignée elle est devenue un mode d’acquisition de l’enfant perçu comme tout aussi normal, ni plus ni moins, que la procréation. L’un et l’autre, plus que jamais aujourd’hui, présentés comme une simple question de circonstance et de hasard… Sous l’empire des droits de l’homme, nul n’existe plus que comme individu, sans nature collective spécifique, sans racine. L’enfant supposé susceptible d’être acquis est un être indifférencié, pour ainsi dire fongible, c’est-à-dire un objet de consommation interchangeable.
Cette idée individualiste du droit à l’enfant de compagnie donne toute licence au mode d’acquisition de l’enfant, aussi légitime-t-il dans les esprits contemporains un marché des enfants, marché mondialisé. Les grandes catastrophes à travers le monde étant source pernicieuse d’espérance et de projets parentaux sans frontière... L’affaire de l’Arche de Zoé n’est qu’un ratage maladroit, rendu visible par sa grande échelle, révélateur de ce système pervers soutenu, au fil des dernières décennies, par les pouvoirs de droite comme de gauche. Antiracisme oblige !
Eric Delcroix 29/01/2013
Notes :
(1) « Grand Jury » RTL/Le Figaro/LCI, 27 janvier 2013
(2) « Mariage et Homosexualité »http://www.polemia.com – 1/02/2013
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Le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte (2 décembre 1851)
Après une vie en exil (Suisse et Grande-Bretagne principalement) ou en prison (fort de Ham), Louis-Napoléon Bonaparte se trouve libre de circuler en France après la révolution de 1848 qui a renversé la monarchie de Juillet, ce qui lui permet de se lancer à la conquête du pouvoir.
Le 4 juillet 1848, candidat à l’Assemblée nationale constituante (mais sans l’intention d’y siéger), il est élu dans 4 départements (Seine, Yonne, Charente-inférieure et Corse) ainsi que ses cousins Napoléon-Jérôme Bonaparte, Pierre Bonaparte et Lucien Murat. Aux élections législatives de septembre il est à nouveau élu dans ces 4 départements ainsi qu’en Moselle ; il obtient même 300.000 voix venant de départements où il n’était pas candidat.
Après l’adoption de la Constitution de la Seconde République, il se porte candidat à la première élection présidentielle au suffrage universel masculin, en décembre 1848. Une bonne partie des républicains, orléanistes et légitimistes voyant d’un mauvais œil cette candidature, il a été décidé dans la Constitution que l’Assemblée choisira le nouveau président parmi les deux finalistes lors du deuxième tour. Mais contrairement à toute attente, c’est un raz-de-marée qui se produit pour Louis-Napoléon Bonaparte avec 74,2 % des suffrages (près de 5,6 millions de voix), loin devant les républicains Cavaignac (19,8 %), Ledru-Rollin (5 %), Raspail (0,5 %), Lamartine (0,2 %) et le royaliste Changarnier (0,06 %). Ayant obtenu plus de 50 % des voix, il n’y a pas de deuxième tour devant l’Assemblée.
I. Le Palais Bourbon contre l’Élysée
Portrait officiel de
L.-N. Bonaparte président.La Constitution élaborée en 1848 limite fortement les pouvoirs du président de la République. Or, Louis-Napoléon ne dispose de quasiment aucun soutien pour mener sa politique ; et son intronisation en tant que président à l’Assemblée le 20 décembre 1848 se déroule dans une ambiance glaciale. Élu pour quatre ans, il n’est pas immédiatement rééligible et les 750 députés de la Constituante, élus pour trois ans, sont dits « inviolables » (ils ne peuvent pas être arrêtés et l’Assemblée ne peut être dissoute).
Le prince président approche Thiers puis plusieurs personnalités orléanistes ou républicaines pour former le gouvernement mais celles-ci refusent toutes. Finalement, le conservateur Odilon Barrot accepte de diriger un gouvernement de mouvance orléaniste : c’est le début du « ministère de la captivité » pour un Louis-Napoléon éloigné des idées de ses ministres. Il ne peut ainsi rien faire quand le gouvernement décide, en 1850, de restreindre le suffrage universel pour éliminer le « vote de la canaille » (les ouvriers). Peu à peu se constitue au palais Bourbon un petit groupe de fidèles au président : le parti de l’Élysée. Le prince président rencontre pour la première fois en 1849 son demi-frère, Charles de Morny, orléaniste qui deviendra son conseiller puis président du Corps législatif sous le Second Empire (numéro 2 du régime).
Louis-Napoléon Bonaparte prend ses distances avec ses ministres et parcourt la France, proclamant son désaccord avec la politique gouvernementale. Les tensions montent entre le Palais Bourbon et l’Élysée et l’idée d’une évolution politique du régime fait son apparition dans ses discours de septembre 1850 en Normandie. De retour à Paris, une foule de plusieurs milliers de manifestants crie : « A bas les rouges ! A bas les blancs ! Vive Napoléon ! Vive l’Empereur ! ».
En octobre 1850, lors des revues militaires de Saint-Maur et de Satory, le défilé s’accompagne de « Vive Napoléon ! » et même de « Vive l’Empereur ! ». Le général Changarnier du parti de l’Ordre, chef des troupes de la 1ère division, interdit à ses hommes de saluer Louis-Napoléon. Le 2 janvier 1851, Changarnier qui dit en privé vouloir « coffrer » ce « perroquet mélancolique » qu’est le président, déclare à la tribune que le président de l’Assemblée a le droit de requérir la troupe pour arrêter le chef de l’État. Le prince président saisit l’occasion pour destituer Changarnier, ce qui est considéré comme une déclaration de guerre par le Palais Bourbon.
Louis-Napoléon tente, en 1851, d’imposer une révision constitutionnelle pour prolonger son mandat. Certains opposants soutiennent cette révision car c’est à leurs yeux le seul moyen d’empêcher à Louis-Napoléon de se maintenir illégalement au pouvoir : très populaire, le peuple pourrait voter pour lui même s’il n’est pas candidat. Or, on s’attend à un mouvement massif et il serait impensable pour l’Assemblée d’invalider tous les bulletins portant le nom du prince président ! Une campagne de pétition organisée dans le pays recueille 1,5 million de signatures. Le 19 juillet, la révision obtient 446 voix contre 276, une majorité mais pas les trois quart nécessaires (543 voix).
II. Le coup d’État se prépare
Louis-Napoléon réfléchit au principe du coup d’État, ses deux échecs précédents le font hésiter. Le 6 juillet, il inaugure une statue de Jeanne Hachette à Beauvais (héroïne locale), expliquant que certains êtres sont destinés à sauver leur pays…
Charles de Morny.Morny pousse son demi-frère à agir vite, pendant les vacances de l’Assemblée (10 août au 4 novembre). Le 20 août, le principe du coup d’État est arrêté, les initiés sont peu nombreux : Morny, Persigny (fidèle bonapartiste, compagnon des deux coups d’État ratés), Fleury, Rouher, Carlier (préfet de police) et le général Saint-Arnaud (après maintes hésitations). Mais la date d’exécution est sans cesse reportée. On décide finalement d’attendre la rentrée parlementaire car les députés pourraient organiser des poches de résistance en province : mieux vaut les cueillir d’un seul coup de filet. Carlier est remplacé par un homme plus sûr : Maupas. Louis-Napoléon lance un ultimatum à l’Assemblée le 12 novembre, demandant à celle-ci de réviser la Constitution. La proposition est une nouvelle fois rejetée.
Le 17 novembre, la tension est à son comble au Palais Bourbon ; le bonapartiste Persigny menace l’Assemblée : « Faites ce que vous voudrez, Messieurs, nous sommes prêts à tout. ». On envisage l’application d’un décret de la Constituante du 11 mai 1848 donnant au président de la Chambre le droit de requérir les troupes en dehors du ministre de la Guerre. Louis-Napoléon prévoit le pire et demande au colonel Espinasse, commandant du 42e de ligne, de se tenir prêt à encercler de Palais Bourbon. Une mise en accusation du prince est soumise au vote et est repoussée par 400 voix contre 338. En mémoire de son illustre oncle, Louis-Napoléon fixe la date du coup d’État le 2 décembre.
Le coup d’État s’organise : Maupas fait relever les adresses de tous les députés de renom sous de vagues prétextes ; on s’assure de la loyauté de la police et de la gendarmerie (hostile au régime) ; les postes-clés de l’armée sont distribués à des fidèles ; on fait imprimer les affiches en plusieurs morceaux sous la surveillance de la police afin que les ouvriers ne puissent pas deviner le contenu exact des déclarations qu’a élaboré le prince président.
« Nul parti n’est assez puissant pour tenir en échec cet homme taciturne, d’apparence apathique, qui est soutenu par une idée fixe et qui en poursuit la réalisation avec une obstination de maniaque. Il laisse les orateurs parler, les journalistes écrire, les députés se quereller, les généraux [qu'il a] destitués l’injurier, les meneurs de groupes parlementaires le vitupérer, il reste seul, muet, impénétrable. Ses adversaires le traitent d’idiot et se rassurent. Enfermé à l’Elysée, tortillant sa longue moustache, fumant ses cigarettes, et marchant, le front baissé, à l’ombre des grands arbres, il écoute toutes ces rumeurs et mûrit ses projets » (Maxime du Camp, Souvenirs d’un demi-siècle).
III. Un coup d’État populaire et antiparlementaire
Charlemagne de Maupas,
préfet de police.Le 30 novembre est donné un bal à l’Élysée pour ne pas éveiller les soupçons. Le lendemain, 1er décembre, Louis-Napoléon réunit Morny, Persigny, Saint-Arnaud, Maupas et Fleury dans son cabinet de l’Elysée. Il distribue plusieurs dizaines de milliers de francs à chacun des conjurés. Il sort et ouvre devant eux un épais dossier où figure la mention « Rubicon ».
Dans la soirée précédant le coup d’État, un nouvel opéra est donné à l’Élysée devant 600 invités. Morny, pour ne rien laisser paraître, se montre à l’Opéra pour la représentation de La Fille de Barbe-Bleue puis se rend au Jockey-Club avant de le quitter à 4 heures du matin. A 5 heures, Maupas reçoit les 40 commissaires de police qu’il doit rallier à la cause présidentielle, et parvient à force de persuasion à les ranger dans le camp des conspirateurs : un seul exprime des réserves. A partir de 6 heures, 78 hauts personnages, dont 16 parlementaires (parmi lesquels figurent Thiers, Changarnier et Cavaignac) sont arrêtés alors qu’ils dormaient tranquillement ; peu après le 42e de ligne investit le Palais Bourbon. A 7 heures, Morny arrive au ministère de l’Intérieur où il déclare à Thorigny stupéfait qu’il le remplace.
Trois affiches différentes sont placardées dans les rues de la capitale : un appel à l’armée où Louis-Napoléon déclare qu’il « compte sur [elle], non pour violer les lois, mais pour faire respecter la première loi du pays, la souveraineté nationale, dont [il est] le légitime représentant », un appel au peuple et un décret annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale, l’abrogation de la loi électorale de 1850 (laquelle écartait pour rappel plusieurs millions d’électeurs du vote) et de nouvelles élections.
L’Appel au peuple (extrait) : « L’Assemblée, qui devait être le plus ferme appui de l’ordre, est devenu un foyer de complots. [...] Au lieu de faire des lois dans l’intérêt général, elle forge des armes pour la guerre civile ; elle attente au pouvoir que je tiens directement du peuple : je l’ai dissoute, et je rends le peuple entier juge entre elle et moi. [...] Si vous voulez continuer cet état de malaise qui nous dégrade et compromet notre avenir, choisissez un autre à ma place, car je ne veux plus d’un pouvoir qui est impuissant à faire le bien, me rend responsable d’actes que je ne puis empêcher, et m’enchaîne au gouvernail quand je vois le vaisseau courir vers l’abîme. Si, au contraire, vous avez encore confiance en moi, donnez-moi les moyens d’accomplir la grande mission que je tiens de vous. Cette mission consiste à fermer l’ère des révolutions en satisfaisant les besoins légitimes du peuple et en le protégeant contre les passions subversives. Elle consiste surtout à créer des institutions qui survivent aux hommes et qui soient enfin des fondations sur lesquelles on puisse asseoir quelque chose de durable. »
Vers 10 heures, Louis-Napoléon quitte l’Élysée entouré de ses fidèles et de Jérôme Bonaparte, plus petit frère de Napoléon (alors âgé de 67 ans), et parcourt Paris à cheval. La capitale est calme, ouvriers et artisans vaquent à leurs occupations. Deux cent députés monarchistes réunis à la mairie du 10e arrondissement tentent de déclarer la destitution du président mais l’armée arrête ces irréductibles qui sont relâchés deux jours plus tard. Certains chefs républicains tels Carnot, Schoelcher, Victor Hugo ou Jules Favre parcourent le faubourg Saint-Antoine pour appeler à l’insurrection mais ils ne drainent que peu de monde. Les 3 et 4 décembre, quelques émeutes éclatent qui font entre 400 et 600 morts dus essentiellement à des bavures (un soldat est ainsi tué le 4 décembre, entraînant la charge de la division Canrobert sur les boulevards Montmartre et Poissonnière). Si le nombre de morts n’est pas négligeable, on est tout de même loin des 5000 morts de juin 1848 quand le gouvernement républicain avait délibérément tiré sur la foule !
L’opposition au coup d’État est plus forte en province, dans les villes républicaines (comme à Digne), et Morny décide d’une répression massive : 26.000 arrestations (9000 d’entre eux sont déportées en Algérie, 5000 mis sous surveillance, 2800 internés et 70 députés républicains ainsi que 5 orléanistes forcés à l’exil). Dès 1852, plus de 4000 condamnés seront graciés.
Affiche pour le plébiscite des 21 et 22 décembre 1851.Louis-Napoléon rétablit le suffrage universel masculin sans restriction et demande la ratification par plébiscite de son coup de force. Les 21 et 22 décembre, plus de 7,4 millions de Français approuvent son action contre seulement 641.000 qui s’y opposent et 1,4 million qui s’abstiennent. Le 31 décembre 1851, Louis-Napoléon se félicite officiellement du résultat : « La France a répondu à l’appel loyal que je lui avais fait. Elle a compris que je n’étais sorti de la légalité que pour rentrer dans le droit. Plus de sept millions de suffrages viennent de m’absoudre en justifiant un acte qui n’avait d’autre but que d’épargner à notre patrie et à l’Europe peut-être des années de troubles et de malheurs. »
L’approbation démocratique du coup d’État dépite complètement les républicains : « Je suis, quant à moi, guéri du suffrage universel et j’emploie mes loisirs à guérir les autres » confie le républicain Prévost-Paradol. Quelques admirateurs expriment leur joie comme le philosophe Auguste Comte : « Le règne des parleurs est fini, celui des faiseurs et des penseurs commence et durera » ou l’écrivain Prosper Mérimée : « Nos rouges ont reçu une raclée solide, et les badauds quelques éclaboussures qui les obligeront à l’avenir à se tenir tranquilles chez eux. »
Dès le premier janvier, Louis-Napoléon quitte l’Élysée pour les Tuileries : la Seconde République a vécu. Le prince gouverne seul ; la devise républicaine est retirée des façades publiques. Il s’attache à étudier les formes du régime qu’il souhaite mettre en place, et semble dans un premier temps hésiter entre l’Empire et une République consulaire. Il fait des tournées dans toute la France pour rencontrer le peuple. Les 20 et 21 novembre 1852, le peuple est consulté sur le rétablissement de l’Empire : c’est un nouveau raz-de-marée en faveur de Louis-Napoléon : plus de 7,8 millions de « Oui » contre seulement quelques 253.000 « Non » et près de deux millions d’abstentionnistes. Le 2 décembre 1852, un an jour pour jour après le coup d’État, l’Empire est officiellement restauré.
Bibliographie :
DARGENT, Raphaël. Napoléon III. L’Empereur du peuple. Grancher, 2009.
DUFRESNE, Claude. Morny. Perrin, 1983.
HOUTE, Arnaud-Dominique. Louis-Napoléon Bonaparte. Le coup d’État du 2 décembre 1851. Larousse, 2011. -
Espérer, c’est démentir l’avenir
« Espérer, c’est démentir l’avenir » (Emil Michel Cioran.) (1) : Pas si sur...
Je ne sais le pourquoi de mes plus de trente ans d’engagement politique. On peut d’ailleurs se questionner en se demandant si ce que l’on pense ne nie pas ce que l’on ressent. Je crois que si d’aventure j’avais mis en jachère l’intellect au profit de mon instinct, j’eus alors abandonné le marais politicien au profit d’un hédonisme bien conforme à l’époque.
Le comportement des Français continue toujours de me surprendre, et ce plus de trente ans après. Ainsi par exemple, le fait que Dupont continue de se positionner par rapport au référentiel gauche/droite alors que simultanément, il affirme bien souvent que les équipes ministérielles changent mais que la politique suivie reste la même. Pourquoi donc ne tire t-il pas la conclusion qui, pourtant, s’impose, en s’en allant arpenter d’autres segments politiques ?
Je sais par l’intermédiaire de mes lectures en psychologie sociale (2) que le peuple éprouve de grandes difficultés à assimiler une nouvelle idée. Je sais aussi, en raison des mêmes lectures, qu’une fois l’idée admise, il devient alors extrêmement difficile de la faire sortir, même si nécessité s’impose. D’où peut être le pourquoi des engagements, ne serait-ce que verbaux, aussi bien à droite qu’à gauche.
Pourtant, des signes il y en a ; ainsi l’augmentation du Smic limitée à 0.5%. Ainsi les coupes budgétaires à hauteur de plusieurs dizaines de milliards. Ainsi, toujours la guerre, cette fois ci au Mali, qui va s’additionner avec celles de l’Afghanistan ou de l’Irak. On pourrait aussi évoquer, formule oxymorique, le mariage homosexuel, ou le droit de vote à accorder aux étrangers : dans les deux cas, malgré les rodomontades du gouvernement dit de gauche, on perçoit très bien qu’il n’est pas à la fête et que rien n’est joué. Bien évidemment, on peut être de gauche, telle qu’elle était en 1981. Non seulement les discours étaient martiaux, mais de plus on peut considérer qu’à l’époque, les actes suivirent les paroles. C’est la raison pour laquelle à mes yeux, un individu qui était de gauche à cette époque, et qui l’est encore aujourd’hui, ne peut plus désormais apporter son soutien à l’actuel gouvernement. Peu m’importe de savoir à qui bénéficiera son suffrage, mais cela ne pourra l’être qu’à une structure située à la gauche du parti socialiste et non pour le Ps lui même.
René Rémond (3), quant à lui, avait distingué la droite par l’intermédiaire de trois courants qu’il qualifia de légimiste, bonapartiste et orléaniste. La terminologie adoptée ne m’a jamais séduit sachant que dans deux cas, il existe un sous-entendu dynastique qui ne fait pas sens. Il eut été peut être plus pertinent d’évoquer les droites libérale, bonapartiste et réactionnaire. Toujours soucieux des faits, conséquence de mes premières études qui furent scientifiques, je constate qu’aujourd’hui deux de ces trois droites sont presque mortes : ainsi, la Réaction (ou contre-révolution) , malgré des militants zélés ne touchent plus le peuple. Quant au bonapartisme originel dans le cadre de la Vème république, c’est à dire le gaullisme, il n’est pas impossible qu’il ne soit mort avec le Général, Georges Pompidou ayant durant son quinquennat, marqué une involution qui ouvrit le pouvoir à Valéry Giscard d’Estaing. Assez paradoxalement, le bonapartisme était aussi présent à gauche (4), les spécialistes de ce sujet, évoquant que l’une des trois gauches pouvait être qualifiée de nationale et républicaine (5). Là encore, l’influence de cette gauche au sein du parti socialiste est devenue dérisoire avec le temps.
Dans de telles conditions, il n’est pas difficile de constater que les partis de gouvernement que sont le parti socialiste ainsi que l’Ump sont issus de la même matrice libérale, ce qui explique à ceux qui en sont quelquefois surpris, que nécessairement la même politique soit menée. Quant au centre, sachant qu’il aime à claironner via ses chefs de file qu’il se situe entre les deux grands partis, il n’est pas bien difficile de comprendre que, localisé entre deux structures très proches, il ne peut constituer une alternative puisque confondu par définition avec ses deux dernières.
Pourtant, il ne faudrait pas pour autant penser que la messe est dite ; à titre d’exemple, on peut presque considérer que François Hollande n’a pas connu ce que l’on a coutume d’appeler l’état de grâce. Et, de plus, il semblerait que les problèmes soient davantage devant que derrière ; à titre d’exemple, la réforme des retraites pourtant votée assez récemment par le gouvernement Fillon va devoir être actualisée : que vont alors penser les Français de l’obligation de cotiser plus longtemps avec probablement un départ à la retraite différé, le tout pour une pension assez modique ? On a beaucoup glosé au sujet des deux crises, économique et financière, qui ont marqué le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Pourtant, on sait aujourd’hui, chiffre à l’appui, qu’elles n’ont frappé que le premier et le dernier décile. Qu’adviendrait-il si d’aventure, les Français dans leur majorité venaient, en l’espace de quelques mois, voir diminuer leur pouvoir d’achat de 10 à 20 %, alors même que les fins de mois aujourd’hui sont déjà assez pénibles pour beaucoup ? Il va de soi que je sais pertinemment que les sévices économiques imposés aussi bien aux Grecs qu’aux Portugais n’ont pas entrainé de réactions violentes. C’est oublier, Valéry Giscard d’Estaing vient de le rappeler, que les Français constituent un peuple difficile à gouverner probablement parce qu’imprévisible. C’est oublier aussi qu’une bille lancée sur une table semble avoir toujours le même mouvement, ce jusqu’au moment où elle atteint l’extrémité. Ce n’est donc pas, au motif que les peuples occidentaux n’ont, pour l’instant, pas mené la vie dure à leurs gouvernements, qu’il en sera toujours ainsi.
« C'est quand on n'a plus d'espoir qu'il ne faut désespérer de rien. » (6)Alain Rebours http://www.voxnr.com
notes :
(1) Syllogismes de l’amertune - Cioran – Folio – 1987.
(2) Conscience de soi et régulations individuelles et sociales - Laurent Auzoult Chagnault - Dunod – 2012.
(3) La Droite en France de 1815 à nos jours. Continuité et diversité d'une tradition politique – René Rémond – Aubier – 1954 – (Nombreuses rééditions et actualisations). Il est utile de lire aussi, sur le même sujet: Histoire des droites en France (direction), Jean-François Sirinelli, nouvelle édition, Éditions Gallimard, coll. « Tel » (ISSN 0339-8560) nº 342-344, Paris, 2006 (1re éd. 1993), 3 vol.
(4) Bien des compagnons très proches du général de Gaulle sont issus de la gauche : Malraux, d'Astier de La Vigerie, ...
(5) Michel Debré n’hésita pas à déclarer que Jean-Pierre Chevènement était son petit fils Spirituel.
(6) Sénèque - Médéa -
Les maîtres de la Contre-Révolution - LÉON DE MONTESQUIOU
Nous avons jusqu'ici présenté les principaux maîtres de la Contre-Révolution, du moins les plus connus, mais il est, dans l'entourage de Maurras notamment, toute une foule d'auteurs, historiens, philosophes, romanciers qui ont encore affiné la pensée des maîtres et que nous lisons toujours avec plaisir et intérêt. À commencer par Léon de Montesquiou...
Léon Odon Marie Anatole, comte de Montesquiou-Fézensac, fils d'un officier de Marine et de la princesse Bibesco, naquit à Brüs-sous-Forges, en Seine-et-Oise, le 14 juillet 1873. Le petit-fils de Louise Françoise Le Tellier, comtesse de Montesquiou, gouvernante du roi de Rome (Napoléon II), fut élevé dans le château familial de Courtanvaux, dans la Sarthe, jusqu'à dix ans, puis il étudia au lycée Stanislas à Paris avant d'obtenir son doctorat en droit en 1899, avec une thèse titrée Étude sur la suppression du duel.
Sous-lieutenant de réserve en 1900, l'arrière-petit cousin du chevalier d'Artagnan avait participé le 20 juin 1899, à la salle des Agriculteurs, à la première réunion publique organisée par le comité d'Action française. Il adhéra aussi à la Ligue de la Patrie française, qui venait de se créer dans le sillage de Maurice Barrés, mais il s'en détourna dès qu'il vit qu'elle versait dans l'électoralisme.
Il collabora dès cette date à la Revue d'Action Française (dite Revue grise) et répondit à l’Enquête sur la Monarchie, menée par Charles Maurras. En décembre 1902, il devint président du conseil d'administration de l'Action française, puis, en janvier 1905, secrétaire-général de la Ligue d'Action française. À partir de février 1906, il eut en charge la chaire Auguste Comte de l'Institut d'Action française. Auteur d'ouvrages politiques théoriques sur Le Salut public (1901) et la Raison d'État (1902), puis sur Le Contrat social de J.-J. Rousseau ou les fondements philosophiques de la démocratie (1912), il réagit d'abord d'instinct puis de raison contre cette dangereuse flambée destructrice trempée des dogmes révolutionnaires qu'il appelait le dreyfusisme.
En ces années-là, l'Action française, en plein essor, entama une vive campagne contre l'arrêt 445 de la Cour de cassation du 12 juillet 1906 annulant la condamnation du capitaine Dreyfus. Le 16 mai 1907, Montesquiou fut suspendu pour un an de ses activités d'officier de réserve pour cause de militantisme, mais cela ne l'assagit pas : il organisa, avec le commandant Louis Cugnet, le 18 mai, une réunion contre l'arrêt de la cour de cassation qui réunit plus de 5 000 personnes salle Wagram. La République gouvernait mal mais se défendait bien : le 3 septembre 1907, elle le révoquait de son grade et de son emploi par décision ministérielle...
Ce qui ne l'empêcha point en 1914 de servir la France qu'il ne confondait point avec la République. À la suite d'une intervention de Charles Maurras auprès de Raymond Poincaré, il fut réintégré le 17 septembre 1914 dans l'armée d'activé. Promu lieutenant et affecté au 2e régiment de la Légion étrangère, il combattit dans l'est de la France puis en Champagne. À ce moment-là l'influence de l'Action française avec son sens de l'ordre l'avait remis sur le chemin de la foi de son enfance. Quelques jours avant de mourir, il se confessa et communia. Il fut tué le 25 septembre 1915 à Souain, en Champagne, en quittant une tranchée pour monter à l'assaut. Deux mois plus tard, il reçut la croix de guerre et fut cité à l'ordre de l'Armée.
Montesquiou fut en 1902 l'un des plus prompts, avec Henri Vaugeois et Maurice Pujo, à reconnaître comme Maurras le leur enseignait, que seule la monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée pouvait refaire la France qui se défaisait horriblement avec la République. Il s'adonna à cette tâche, notamment dans Les origines et la doctrine de l'Action française avec une rigueur extrême et une honnêteté remarquable : il ajoutait à la fin de ses chapitres une note où il indiquait sa pensée antérieure, ses erreurs et ce qu'il avait acquis depuis.
Son œuvre est relativement importante. Remarquons Le système politique d'Auguste Comte (1), recueil de conférences prononcées à l'Institut d'Action française. Il y rappelle que Maurras, tout en déployant sa propre pensée, ne négligeait nullement les autres « grands ancêtres » (comme Joseph de Maistre ou Louis de Bonald) ou contemporains (Taine, Renan, Comte) auxquels il renvoyait souvent sans négliger d'approuver et de critiquer, si nécessaire, leur pensée. Ainsi amena-t-il ses lecteurs à fréquenter Comte ; Montesquiou fut le plus enthousiaste pour des raisons qui tenaient à sa critique de l'individualisme révolutionnaire et à son approche organiciste du fait social et à ce que Comte établissait encore la « nécessité de la patrie pour le bien de l'Humanité ». Il aimait aussi chez Auguste Comte la noblesse et la bonté (méconnues) de son âme, son désintéressement, son culte émouvant de Clotilde de Vaux...
CATHOLIQUES ET POSITIVISTES
Montesquiou s'attachait ensuite à traiter des rapports entre catholiques et positivistes. Il renouait en cela avec le souhait ultime et profond de Comte ; réconcilier les "conservateurs", au premier rang desquels il plaçait les catholiques, avec la doctrine positiviste toute pénétrée d'une sincère admiration pour la grande synthèse catholique et l'éminence de son magistère spirituel (auquel Comte, tout de même, voulait que lui fût progressivement substituée cette « religion de l'humanité » dont Montesquiou établit sans conteste qu'elle n'a pas le caractère ridicule qu'on lui prête). Montesquiou parvint à convaincre Paul RM, l'exécuteur testamentaire de Comte qui écrivit dans L'Action Française (revue du 1er janvier 1907) : « Depuis la mort d'Auguste Comte on avait toujours présenté son œuvre comme devant remplacer le passé au lieu de le développer. L'Action Française s'est donné pour tâche de dissiper une semblable erreur. C'est M. de Montesquiou qui vient, par la publication que nous annonçons, défaire cesser un si déplorable malentendu [...] Pour y parvenir il a cru que le mieux était de nous montrer tout simplement quels sont les véritables services qu 'a rendus à l'évolution humaine l'incomparable penseur dont il a exposé la doctrine avec tant de clarté et une si parfaite loyauté. »
COMTE ET L'ACTION FRANÇAISE
Charles Maurras aura le denier mot dans ce débat en 1912. Lui qui fut toute sa vie reconnaissant à Auguste Comte de l'avoir "sauvé" à l'âge de quinze ans alors qu'il avait été fasciné par Lamennais (2)… était accusé par de gens de mauvaise foi voulant la peau de l'Action française de n'avoir pas su dépasser l'horizon du positivisme et d'être ainsi fermé à toute référence surnaturelle. Le maître de l'Action française qui n'avait jamais adhéré à la religion positiviste de l'Humanité, ni à la théorie des trois états, leur répondit que le positivisme était pour lui une doctrine de constatation et non d'explication. Les lois de la nature existent, l'expérience les dégage après que l'observation a recensé les faits. Comte et les positivistes recherchent et déterminent « les rapports, les relations fixes, les constantes entre les phénomènes de la nature (3) ». Comment pourrait-il ne pas y avoir rencontre entre eux et les catholiques, lesquels arrivent aux mêmes constatations en donnant à ces lois, à ces permanences leur fondement divin, leur explication métaphysique ? Maurras était si convaincu des insuffisances du positivisme qu'il affirmait dans le Dilemme de Marc Sangnier : « Un croyant doit considérer l'oubli des lois naturelles comme une négligence impie. Il les respecte d'autant plus qu'il les nomme l'ouvrage d'une Providence et d'une bonté éternelle. » Il reprochait alors à Auguste Comte de « se cantonner dans l'ordre du monde tel qu'il apparaît. Sa philosophie exclut la recherche de l'origine et de la fin de l'homme ; elle s'interdit même de demander si les phénomènes de la vie intérieure ou extérieure reposent sur un fond de réalité permanente et substantielle. Il n'y a rien de plus séparé ni de plus distant de la synthèse catholique où tout est suspendu non seulement dans l'ordre mystique mais dans l'ordre rationnel à l'être de Dieu. Par sa négligence méthodique des causes, le positivisme est aux antipodes du catholicisme. On l'a dit à l'AF. aussi souvent qu'il l'a fallu » C'était clair : les catholiques étaient avertis et ne pouvaient se laisser contaminer...
Pour nous aussi, c'est clair : avec Montesquiou, nous reconnaissons que la démarche positiviste est un bon moyen d'observer objectivement les faits bruts, sans faire intervenir des considérations religieuses ou morales dans ce domaine où elles ne sont pas requises, mais cette démarche présente ses limites et a surtout le tort de s'interdire de remonter aux causes : dans ce domaine, surnaturel, c'est la religion catholique qui répond. Avec Maurras nous reconnaissons que le positivisme peut mettre les Français d'accord sur le fait que le catholicisme est le bien, et cela en a conduit plus d'un à découvrir qu'il est aussi le vrai, à commencer par Léon de Montesquiou lui-même, juste avant d'offrir sa vie pour la France en 1915.
CONTRE ROUSSEAU
Terminons par ces lignes, plus actuelles que jamais en ces jours où la famille est attaquée de toutes parts, de Montesquiou concluant une étude sur le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau :
« Or en passionnant les individus sur la métaphysique du Contrat social, elle (la République) fait nécessairement des anarchistes. Certes, cette métaphysique est d'une pauvreté intellectuelle dont on a pu se rendre compte. Elle est bâtie sur une suite de sophismes qui, offerts à la raison, ne peuvent que la dégoûter, mais qui flattent des passions qu 'il est toujours facile d'exciter dans le cœur humain : passions égoïstes de l'envie, de l'orgueil, de l'insoumission. Il est facile de se faire écouter d'un individu quand on lui prêche qu'il est son seul maître, qu'il n'a pas de supérieur. Mais si cet individu à qui on a prêché une telle philosophie s'aperçoit ensuite qu 'elle ne répond à rien de l'état social dans lequel il vit, à qui la faute si cet individu se révolte et devient anarchiste, préférant la ruine de la société à ce qu'il appelle une injustice et une atteinte à ses droits ? La faute en est à ses éducateurs sans nul doute. C'est pourquoi logiquement et en toute justice, nous devons faire remonter jusqu'à la République, la République qui apothéose un Rousseau, la responsabilité de tous les attentats perpétrés contre la société (4) ».
Michel FROMENTOUX. Rivarol du 25 janvier 2013
1 - Léon de Montesquiou : Le système politique d'Auguste Comte, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1910.
2 - Charles Maurras : Votre bel Aujourd'hui. Ed Fayard, 1953.
3 - Charles Maurras : La démocratie religieuse. Nouvelles Editions latines ,1978.
4 - Léon de Montesquiou, Le Contrat social de J.-J. Rousseau, Paris, Institut d'Action française, 1912. -
Génération décervelée : Vrais et faux problèmes
Chers lecteurs, voici donc une nouvelle année scolaire qui commence, nos enfants prennent le chemin de l'école, qui dans un établissement public, qui dans une école catholique sous contrat, qui - moyennant souvent bien des sacrifices - dans une école libre, vraiment libre. Les parents le savent bien : rien n'est parfait dans ce bas monde et une école choisie avec soin peut décevoir, celle où l'on met ses enfants, résignés, faute de pouvoir faire autrement, peut se révéler être celle dont ils avaient précisément besoin. Mais avec raison, le choix de la liberté apparaît de plus en plus souvent indispensable pour que les enfants du XXIe siècle aient réellement à l'école la possibilité de développer leur intelligence, d'apprendre à penser et à raisonner. C'est une véritable guerre culturelle que nous menons, une guerre contre l'ignorance, contre la laideur, contre la domination des passions sur la raison. Voilà pourquoi en cette rentrée 2010, cette rubrique continue. Au risque de me répéter, parfois.
On se perd parfois dans des discussions qu'on devrait pouvoir rayer d'un trait de plume. Tous les ans ce sont les mêmes sujets qui retiennent l'attention médiatique : les aspects matériels de la rentrée (du coût des fournitures scolaires au poids du cartable), les premières grèves à prévoir, les larmes charmantes des tout-petits qui, souvent très tôt, prennent le chemin de l'école (sans être assurés d'en sortir en sachant lire et compter d'ici à 15 ans)... On parle aussi de la dernière réforme en cours (un mot de cela un peu plus tard) ou du nombre d'enfants inscrits à l'école, au collège, au lycée, des classes qui ferment en zone rurale, bien plus rarement du casse-tête de l'enseignement dans des classes où les nationalités se multiplient et les connaissances se divisent. On évoque les parcours d'excellence (oui, il en demeure) et les écoles du tout-venant. Mais, globalement, l'affirmation d'une méfiance à l'égard de l'institution n'a pas droit de cité au journal de 20 heures. Et le sentiment qui semble prédominer est celui du fatalisme.
Une vraie presse libre, une télévision qui informe, des journalistes curieux raconteraient une autre histoire celle des moyennes et grandes sections de maternelle où des gamins « apprennent » à écrire des mots qu'ils ne savent ni lire ni comprendre, des CP où des méthodes de lecture présentées comme « syllabiques » plongent les élèves dans l'apprentissage purement visuel d'une activité qui concerne d'abord l'analyse pas à pas et l'oreille, des parcours fourre-tout où les jeunes sont coulés dans un moule sans que l'on se préoccupe de leurs talents, des programmes imposés par un Etat Big Brother qui ose décréter par le menu ce que les jeunes doivent savoir et, surtout, penser et aimer.
Quels beaux sujets, pourtant, pour des journalistes qui se voient bien en garants de l'indépendance et de la liberté !
Ce manque de vérité criant est sans doute la première raison pour laquelle je reprends, comme chaque année depuis 2002, cette rubrique. Elle est peut-être un peu essoufflée. Je m'y répète assurément. Mais voyez-vous, devant l'avortement des esprits, auquel bien des facteurs concourent mais où les choix pédagogiques jouent un rôle de premier plan, mon indignation demeure entière. Des enfants vont souffrir, demain, la semaine prochaine, parce que des maîtresses croyant bien faire - vont les déstabiliser, parfois les désespérer en les empêchant d'apprendre selon leur nature et en leur demandant des efforts surhumains.
Je le dis et je le redis encore : on ne peut plus, dans la grande et scandaleuse affaire de l'échec scolaire, faire comme si les choses allaient somme toute de mieux en mieux parce que les gouvernements successifs s'attellent aux problèmes ; on ne peut plus faire comme si les causes du mal restaient mystérieuses, comme s'il n'y avait aucune solution. Chers lecteurs de Présent, vous avez des enfants, des petits-enfants, des proches qui viennent d'envoyer leurs petits à l'école pour la première fuis. Parlez-leur de cette rubrique, parlez-leur de ce journal qui ne parle pas comme les autres journaux, aidez-nous à exister, à survivre, et à dire ce que nous avons sur le cœur et ce que nous savons, parce que ce faisant vous leur rendrez service.
Le problème de l'apprentissage de la lecture est et reste crucial. Dans l'ensemble - il y la d'heureuses exceptions, souvent dans le hors-contrat, mais aussi dans les écoles publiques ou privées sous contrat - nos enfants sont confrontés à des méthodes qui les privent de la capacité d'apprendre d'abord les éléments des lettres, puis les lettres et leurs sons, et ensuite les sons codifiés par les assemblages de lettres, les syllabes, et enfin les mots, toujours en verbalisant. Elisabeth Nuyts (L'école des illusionnistes) a montré qu'apprendre à lire de manière globale et très tôt silencieuse produit - entre autres deux effets nocifs qui devraient faire proscrire cela comme un poison : cet apprentissage crée des dyslexies chez les enfants qui n'apprennent pas principalement de manière visuelle, et pire, chez tous, il favorise la lecture non verbale, la « pensée » sans mots, l'écriture et le parler mécanisés. Quand rien ne vient compenser cela, quand en outre les enfants sont parqués dès leur plus jeune âge devant la télévision ou leur écran d'ordinateur, leurs capacités visuelles (s'ils en ont) sont développées à outrance au détriment de la pensée consciente. Chez les auditifs, dont Elisabeth Nuyts a constaté qu'ils doivent dire les choses pour les voir ou à tout le moins pour les retenir, les dégâts peuvent être encore plus désastreux comme en témoigne le nombre de jeunes avec un vocabulaire désespérément pauvre, et une pensée, forcément, à l'avenant.
À quoi s'ajoutent bien d'autres méthodes et aberrations pédagogiques. Elles vont dans la même direction, comme j'ai essayé de le montrer ici depuis des années, mais elles savent si bien se masquer derrière une accumulation de « connaissances » exigées par des programmes qui ne sont pas aussi pauvres qu'on voudrait le croire. Ces « savoirs » et ces « compétences » accumulés ne donnent souvent pas aux jeunes les moyens de comprendre ce qu'ils font. Ou ils déforment carrément leur pensée, leur sens du sujet et de l'objet, du temps qui passe et de leur pouvoir d'agir sur le monde.
Dans les semaines à venir, je vous parlerai sans doute de la réforme du lycée, mais non sans avoir interrogé des responsables d'écoles sur sa réalité, puisqu'à l'heure qu'il est, rien n'est prêt, pas même les manuels scolaires. Et que dans une bonne part des établissements, les possibilités accrues de choisir des options ne correspondent à rien, faute de professeurs pour les enseigner. Et que la « science économique » obligatoirement dispensée aux élèves de seconde - qui essuient les plâtres de cette énième réforme ne compensera pas leurs dyslexies, dyspraxies et autres dyscalculies acquises dans le primaire. Non, elle ne mettra même pas les jeunes de 15 ans en mesure de comprendre la crise que nous traversons, ne parlons même pas d'y apporter des remèdes !
Je vous parlerai de l'apprentissage des langues, mis au service de tout autre chose que... l'apprentissage des langues.
Je vous parlerai de méthodes de lecture qui ont bonne presse, mais qui méritent sans doute un œil un peu critique.
Je continuerai de décrire le désastre en rappelant qu'il n'est ni inéluctable, ni irréversible et que chacun, à sa place, a les moyens d'aider un jeune à ne pas y être englouti.
Mais surtout, aujourd'hui, je formule le vœu qu'en cette nouvelle année scolaire, des parents aient assez le sens de leurs droits d'éducateurs pour mettre leur nez dans les livres qui seront donnés à leurs enfants. Qu'ils n'aient pas peur de passer pour d'éternels grincheux en se manifestant, en réclamant mieux, en réaffirmant qu'ils sont les premiers responsables de l'éducation et de l'instruction de leurs enfants. Qu'ils s'informent, et qu'ils ne se laissent pas endormir par le système. On a les libertés que l'on mérite, et pour lesquelles on se bat.
JEANNE SMITS PRESENT du 3 septembre 2010 -
LGBT, fausse culture et capitalisme financier – par Jacques-Yves Rossignol
J’ai mis longtemps à identifier clairement quelque chose qui me tracassait et qui « ne collait pas » tout à fait dans cette opposition apparemment frontale et clairement délimitée entre les partisans et les opposants à la légalisation de l’union homosexuelle.
I. Je vais droit au but : c’est l’autosatisfaction béate de nombreux « catholiques sociologiques » (1) qui semblaient absolument persuadés de dominer moralement tous ces pêcheurs invertis qui sonnait très faux et qui me posait question.En effet, qu’a été Vatican II si ce n’est l’introduction dans l’Église d’un humanisme relativiste, d’un moralisme invertébré ? Et comment cet humanisme si malléable permettait-il tout soudainement aux cathos bobos d’avoir des certitudes sur un sujet qui relève de la théologie morale la plus pointue, discipline à laquelle ils n’ont guère le temps de se frotter entre leurs séances de psychanalyse et leur agapes charismatiques ? Pour aller encore un peu plus loin, j’avais parfois au fil des commentaires ou des « interviews », l’impression de voir des pharisiens frétillants d’aise d’avoir, enfin, trouvé des prostituées à flétrir. Ce n’est pas si simple mais je garde cette idée en réserve.II. Ces invertis, transgenres et autres (on ne sait jamais trop avec eux !) qui sont-ils donc ?J’esquisse une classification. D’abord les métiers traditionnellement efféminés. Rien de nouveau sous le soleil sauf qu’avec l’importance prise par l’esthétique, la mode ils sont plus nombreux, un peu plus exubérants et démonstratifs. Ce qui est nouveau par contre et beaucoup plus inquiétant à priori, ce sont les meneurs prosélytes, liés directement ou indirectement aux sphères mondialistes : politiciens, « décideurs », gens de médias. C’est « l’internationale rose ».Mais, surtout, et cela on ne l’a pas assez vu, tout en bas de l’échelle sociale, une foultitude de jeunes garçons et filles dont l’identité, certes « invertie », apparaît fragile et précaire et semble avoir été comme fabriquée, comme construite directement sur commande pour et par cette société capitaliste mondialisée. J’irais jusqu’à dire : semble avoir été construite et fabriquée à l’insu de leur volonté.III. La généralisation assez stupéfiante de ces identités incertaines, dans l’ordre sexuel mais aussi indissociablement dans l’ordre du fonctionnement affectif et cognitif, n’est pas de l’ordre de la génération spontanée. On n’a pas assez remarqué que la caractéristique essentielle de la plupart de ces LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) n’est pas l’identité sexuelle déviante, mais bien la volubilité mentale, l’irrationalité dans l’ordre social et politique (qui n’est pas incompatible avec un sens pratique très développé), parfois le cynisme facile, l’irresponsabilité revendiquée.IV. On peut dire sans crainte d’être démenti qu’au cours du XXe siècle la recherche exacerbée et démentielle du profit capitaliste ne s’est pas arrêtée au seuil des atteintes à l’intégrité de la conscience humaine.Pour assurer la poursuite de ce processus de production de profits réservés à ce qu’on a nommé l’hyper-classe, il n’y avait qu’un moyen : « domestiquer » les consommateurs solvables (seuls les consommateurs solvables intéressent les financiers) et s’assurer de leur docilité à consommer à outrance des productions superflues, voire aliénantes et infantilisantes.On a reconnu ici l’immense domaine que l’on désigne classiquement sous le nom d’industrie culturelle : grosso modo on peut dire que c’est, aux antipodes de la culture qui suppose discernement et assimilation lente, une culture désamorcée, affadie et neutralisée qui n’est plus ni la culture supérieure, altière et éloquente, ni la culture populaire, vivante et drôle. Presque toute la production « médiatique » rentre dans cette catégorie, ainsi que l’art dit contemporain. Le concept d’industrie culturelle est beaucoup plus précis cependant que celui de « médias » : il évoque bien la quasi impossibilité d’échapper à cette immense emprise et surtout la mécanisation de l’esprit corrélative de cette domestication.V. Il n’est pas difficile alors de saisir que c’est bel et bien l’industrie culturelle qui a induit, qui a « téléguidé » si l’on veut, la « production » (il est difficile de parler autrement) de ces nouvelles identités : gays, bis, trans et ainsi de suite.Les nouvelles identités sont comme « sculptées » à distance par les industries du cinéma, du disque, des magazines. Industries extrêmement lucratives en elles-mêmes, mais surtout industries de « fabrication » d’individus maintenus au niveau des problèmes interindividuels et du sensualisme, consommateurs non critiques, apathiques, amorphes de tout ce que proposera le marché.VI. On sait évidemment que dans les établissements financiers les fonds des différents dépositaires sont mêlés et qu’ils sont investis dans les domaines qui apparaissent alors les plus rentables et qui peuvent être les plus divers. C’est l’une des différences essentielles entre le capitalisme industriel et le capitalisme financier ; entre l’argent investi dans une production repérable et identifiable et l’argent investi de manière obscure dans les productions les plus rentables quelles qu’elles soient. Il existe quelques exceptions et certaines charges assurent par exemple que les fonds placés ne seront investis dans le domaine de la recherche pharmaceutique que dans le capital des laboratoires utilisant et développant des méthodes substitutives à l’expérimentation animale. C’est très bien ainsi, mais de telles possibilités d’affecter des fonds d’une manière éthique sont rarissimes, infimes.On n’exagère donc pas si l’on pose qu’au sein du capitalisme financier, les fonds de tout investisseur peuvent servir à tout, et à n’importe quoi.VII. On voit maintenant le paradoxe qu’il fallait parvenir à pointer : une « bourgeoisie catholique moderniste » pleinement intégrée au capitalisme et pleinement autosatisfaite, imperturbablement souriante, se rengorge de sa haute moralité, plastronne, pontifie et finalement désigne du doigt une population de pêcheurs qui n’a pu être formée comme telle que par le truchement d’une industrie culturelle devenue indispensable au fonctionnement du capitalisme, et aux bénéfices de laquelle la dite bourgeoisie émarge d’une manière à la fois inévitable et insaisissable !Industrie culturelle lointaine et anonyme mais d’une efficacité plombante qui n’existe, qui ne peux exister que par l’intermédiaire de mécanismes bancaires anonymes et glacés.Ces cathos bobos qui ont de si jolies familles, de si beaux enfants, qui sont tellement à la mode et tellement branchés (y compris en théologie et mystique de pacotille) et qui paradent de leur normalité face à ces horribles dépravés, s’ils vivent aussi aisément, s’ils « bénéficient » de si bons « placements », c’est, inévitablement, pro parte, parce qu’il y a commercialisation industrielle de musiques et autres produits infra-culturels aliénants. Manifester contre les jeunes « dégénérés » « accros » à cette musique et à cette infra-culture, sur la commercialisation desquelles ils émargent discrètement, ne semble pas leur poser de problèmes de conscience.Je suis sincèrement confus de venir gâcher ainsi les fêtes de famille de l’autosatisfaction niaise. Mais on se souvient peut être que la famille n’est malgré tout qu’une société imparfaite.Et que le plus haut degré d’exercice de la charité est la charité politique.VIII. L’humanisme confusionniste qui a pris la place de la morale constituée permet, entre autres, de dissimuler sous un nuage de baratins creux à prétention morale l’actualisation et l’effectivité de pêchés d’ordre économique et usuraire, sans doute trop longtemps confinés dans la sphère judéo-protestante au goût de nos chers modernistes, et qui ont l’immense avantage de se commettre de manière anonyme. Je veux parler bien sûr de la participation aux mécanismes d’usure spécifiques au capitalisme libéral financier qui s’exercent par l’intermédiaire de structures ad hoc que les juristes voués à cette cause ont permis de diversifier à l’envi mais qui ont pour caractéristique commune de permettre de se livrer à des formes élaborées et très complexes d’usure injuste d’une manière on ne peut plus discrète et distanciée.Mais, au-delà, on ne semble pas avoir remarqué que ces pêchés dans l’ordre usuraire apparaissent sous une toute autre perspective lorsqu’on ose les mettre en relation avec cette sombre nécessité du capitalisme mondialisme pourrissant : l’abrutissement, l’avilissement et le détraquement des individus par l’industrie culturelle.J’évoquais plus haut les jeunes « invertis », ni méchants, ni prosélytes, plutôt emportés par un procès de déclension mondialiste qui les dépasse totalement. Que celui qui est convaincu de ne participer pas aux circuits financiers de l’industrie culturelle aliénante et décivilisatrice leur jette la première pierre !Jacques-Yves Rossignol http://www.francepresseinfos.comNote(1) Je rappelle que les sociologues ont dénommé ainsi dans les années 1960 les pratiquants occasionnels pour lesquels la religion est devenue une sorte de rituel mondain.
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[Vidéo] Mariage gay = néo-esclavagisme !
Ce n’est pas nous mais un député communiste martiniquais qui l’affirme !
Une intervention remarquable à la fois argumentée et pleine de dignité.
Ou quand l’outre-mer sauve l’honneur de la France.
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Pierre Vial : Notre Honneur s'appelle Fidélité
Discours prononcé lors d’un meeting à Genève, le 20 janvier 2013Je salue l’initiative qui a conduit à la réunion d’aujourd’hui et je suis convaincu qu’elle constitue une étape importante vers la réalisation de ce front de combat identitaire européen que nous souhaitons tous.Je m’exprime ici au nom de TERRE ET PEUPLE, pour la France, et au nom de mes camarades de TIERRA Y PUEBLO, pour l’Espagne, et de TERRA E POVE pour le Portugal, qui sont en parfaite communion de pensée avec nous et m’ont demandé de vous transmettre leur salut.Avec mon vieux camarade Pierre Krebs nous avons œuvré depuis longtemps à la réalisation d’un front de combat identitaire européen, de Lisbonne et Madrid à Rome, Belgrade et Moscou. Nos efforts sont récompensés aujourd’hui. Pour nous identifier, nous utilisons volontiers le terme de « völkisch », ce qui est une façon de dire que nous nous battons pour que les Européens redécouvrent que leur destin passe par l’appartenance à une communauté du peuple.Communauté du peuple qui a une base bio-culturelle, ce qui veut dire que, pour nous, l’identité implique l’appartenance à une race et à une culture, implantées sur un territoire où se trouvent leurs racines. Le droit à l’identité et à l’enracinement vaut évidemment pour tous les peuples et c’est dans cet esprit que nous combattons le mondialisme.Nous voulons être clairs au sujet de nos convictions : c’est pourquoi nous disons, sans hésitation ni ambiguïté, que nous sommes racialistes. Être racialistes, c’est considérer l’appartenance raciale comme un facteur décisif – mais non le seul – dans l’histoire des peuples. C’est pourquoi nous attachons une telle importance à l’ethno-politique qui, en liaison avec la géopolitique, est un facteur de compréhension et d’explication concernant les relations entre les peuples au cours de l’histoire, aujourd’hui comme hier et comme demain. Pour prendre un exemple dans l’actualité, on ne peut rien comprendre à ce qui se passe au Mali si on ne connaît pas les communautés raciales qui habitent ce pays et sont opposées depuis toujours par des antagonismes sanglants, comme l’a démontré dans ses ouvrages mon collègue et ami Bernard Lugan.Aujourd’hui, si nous voulons réveiller les peuples européens anesthésiés par le pouvoir cosmopolite, sur le plan politique, économique, culturel, il faut parler clairement. Bien sûr, cela implique des risques mais nous sommes des combattants et il n’y a pas de combat sans risque.Notre mission est de réveiller la conscience raciale des peuples blancs, qui sont menacés de mort par les envahisseurs venus d’autres continents et qui haïssent les Blancs. Ceux-ci sont désarmés moralement, intellectuellement, psychologiquement par le conditionnement mental qui leur est infligé depuis 1945 et qui veut leur faire admettre qu’ils sont coupables et doivent donc expier le fait d’être ce qu’ils sont, c'est-à-dire supérieurs. Sont responsables de cet asservissement les monothéismes, les religions du Livre, les fils d’Abraham comme se définissent aussi bien les musulmans et les chrétiens que les juifs – ainsi que les versions laïcisées des monothéismes que sont le marxisme et le capitalisme. C’est pourquoi c’est en retrouvant la fidélité à leur âme la plus profonde, à leur plus longue mémoire, à l’héritage des ancêtres, donc à leur identité païenne que les peuples européens pourront se libérer, se remettre debout.Notre mission est donc claire: pour organiser la résistance et la reconquête identitaires, il faut éveiller les consciences de nos frères et sœurs de sang. Nous sommes, nous devons être des éveilleurs. Avec une devise dont nous sommes fiers et qui est notre boussole: Notre Honneur s’appelle Fidélité.Paru sur SynthèseNationale (Posté par Jean-Pierre Pagès-Schweitzer)
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Hollande veut supprimer le mot « race » de la Constitution avant l’été
Parmi les promesses de campagne du candidat François Hollande figurait la suppression du mot « race » de la Constitution : aujourd’hui, le président François Hollande souhaite mettre en œuvre sa promesse de campagne. La réforme constitutionnelle envisagée par l’Élysée devrait ainsi avoir lieu avant l’été : la suppression du mot « race » deviendrait alors effective. Ce serait ainsi l’article 1er de la Constitution qui serait modifié, lequel stipule pour l’instant que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée« .
Candidat, François Hollande avait en effet déclaré en mars 2012 : « Il n’y a pas de place dans la République pour la race. Et c’est pourquoi je demanderai au lendemain de la présidentielle au Parlement de supprimer le mot « race »de notre Constitution« .
Sous couvert des meilleurs sentiments, l’idéologie s’affronte au réel et et veut lui imposer ses vues. Car la question n’est pas de savoir si la république admet les races : mais d’interroger d’abord leur existence. Bref, voir la réalité telle qu’elle est et non telle que l’on voudrait qu’elle soit. François Hollande croit pouvoir supprimer une réalité en supprimant le mot qui la désigne. Enfantillage.
En tout, cas, il est étonnant que les chantres de la diversité veuillent à ce point chercher l’uniformisation et la standardisation du modèle humain. « Il n’y a point d’homme dans le monde. J’ai vu, dans ma vie, des Français, des Italiens, des Russes, etc. ; je sais même, grâce à Montesquieu, qu’on peut être Persan : mais quant à l’homme, je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie ; s’il existe, c’est bien à mon insu« , déclarait pourtant Joseph de Maistre. Car l’humanité n’est pas un concept, et pas davantage une abstraction, mais une réalité qui s’incarne.