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écologie et environnement - Page 167

  • Du champ à l’assiette : Les nouveaux circuits

    Acheter des aliments frais c’est l’espoir de manger plus sainement, de savoir d’où vient ce que l’on consomme et de le payer au juste prix. Et c’est exactement la promesse de nouveaux points de vente qui se multiplient partout en France : ils s’appellent « La Ruche qui dit Oui » ou « O’Tera ».

     

    Leur principe : supprimer les intermédiaires entre producteur et consommateur. Derrière cette belle affiche, comment fonctionnent ces circuits courts ? Peut-on croire aux arguments de qualité et de juste prix mis en avant ? Comment les grandes surfaces ripostent-elles face à cette nouvelle concurrence ?

    http://fortune.fdesouche.com/

  • L’Écologisme des pauvres : Étude des conflits environnementaux dans le monde

    L’écologie, une préoccupation réservée aux nantis? Bien au contraire, nous explique Joan Martínez Alier, dans son ouvrage L’écologisme des pauvres, un classique de l’écologie politique. Paru en 2002, réédité en 2008 au moment de la crise financière, il est désormais traduit en français. L’auteur bâtit sa démonstration à partir de l’idée d’une écologie populaire, prenant sa source dans les conflits relatifs à la répartition des « biens » (comme le pétrole) et des « maux » environnementaux (comme la pollution).

    Davantage issue des pays du Sud, elle est présentée comme le troisième courant de l’écologie, avec ses caractéristiques propres, distinctes du courant du « culte de la nature sauvage » et de « l’éco-efficacité », prévalant en Amérique du Nord et en Europe.

    Des plantations d’hévéas du Brésil aux plateformes pétrolières du Nigeria, l’auteur observe les luttes liées à l’extraction des ressources du sous-sol, au stockage de déchets dangereux, à la destruction de mangroves, à la gestion de l’eau, à la pollution, à l’aménagement urbain, etc., des phénomènes contre lesquels se soulèvent ceux qui en souffrent le plus : des populations défavorisées.

    Ce « cœur empirique » de l’ouvrage, dense et bien documenté, révèle des mouvements qui, certes hétérogènes, revendiquent cependant une cause commune : celle de la justice environnementale, soit davantage de justice sociale entre hommes, y compris par rapport à l’environnement.
    Retraçant les liens entre luttes contre des inégalités sociales (voire le racisme) et destruction de l’environnement, Joan Martínez Alier se situe dès lors à rebours des théories post-matérialistes, portées par Ronald Inglehart, selon lesquelles les revendications « environnementales » ne peuvent être que l’apanage d’une classe aisée ayant comblé ses besoins matériels.

    Ces différents récits donnent par ailleurs corps aux débats actuels sur les paradigmes de la justice sociale, bousculés par les enjeux environnementaux. Ils signalent à la fois la nécessité de penser la justice au niveau global – si nombre des conflits se déroulent en Amérique du Sud et en Afrique, ils sont liés à la surconsommation des pays du Nord – et de l’articuler avec l’environnement.

    On aurait cependant aimé en savoir davantage sur les limites du modèle proposé : l’élargissement de la justice distributive à l’environnement est-il suffisant pour conjuguer préservation et justice sociale ? L’auteur n’y fait qu’une allusion : cette « éthique naît d’une demande de justice sociale contemporaine entre les êtres humains. Je considère cet aspect à la fois comme un facteur positif et comme une faiblesse ». Ce choix peut néanmoins se comprendre, car le but de la démonstration n’est pas là.

    Joan Martínez Alier, militant de la dette écologique, professeur d’économie et d’histoire de l’économie à l’Université de Barcelone, s’intéresse ici à la relation entre ces conflits sociaux liés à l’environnement et les divers langages de détermination de la valeur.

    Il parvient ainsi à articuler les champs théoriques de l’économie écologique, dont il est une figure, et de l’écologie politique. Le premier s’est constitué autour des frères Eugene et Howard Odum, de Herman Daly et de Robert Costanza à partir des travaux précurseurs de Nicholas Georgescu-Roegen, qui applique la loi de l’entropie à l’économie.

    Ils rejettent l’idée que l’activité économique puisse évoluer en cercle fermé, sans pertes (soit l’idée d’un recyclage total des matières premières), et intègrent les connaissances issues de l’écologie pour fonder leur analyse économique et établir des conditions de « soutenabilité ».

    L’écologie politique émerge quant à elle dans les années 1970 aux États-Unis, à partir de travaux en géographie qui s’attachent à l’étude des droits d’accès aux ressources et des conflits qui y sont liés. Si elle est aujourd’hui un champ beaucoup plus complexe, elle tente toujours d’articuler une analyse des dimensions conflictuelles des savoirs, des représentations et des facteurs biophysiques.

    En étudiant les conflits « écologico-distributifs » passés et actuels, J. Martínez Alier décrit les différentes conceptions de l’environnement, les divers langages de valorisation qui s’affrontent, ceux qui dominent en particulier: l’idée d’environnement comme nature sauvage à sanctuariser et la valorisation monétaire via des calculs coûts/avantages.

    Or l’économiste met l’accent sur une « incommensurabilité » des valeurs: l’existence de différents systèmes de valeurs qui ne peuvent être exprimés dans les mêmes unités, le prix n’étant qu’un élément propre à la sphère marchande.

    La valeur que l’on donne à une forêt, par exemple, peut venir de l’attachement de ses habitants, de sa dimension esthétique, de la qualité de son écosystème ou de la valeur économique de son bois coupé. L’auteur détaille alors une méthode d’évaluation multicritères basée sur des indicateurs socioculturels et biophysiques[1].

    Ces liens tissés entre, d’une part, luttes locales et enjeux globaux et, d’autre part, enjeux de soutenabilité et incommensurabilité des valeurs font le grand intérêt de ce livre accessible. On pourra regretter que l’auteur n’explicite pas davantage le processus de formation des valeurs, qui apparaissent parfois comme des états de fait.

    Cette critique s’inspire directement de l’approche des sociologues pragmatiques, à l’image de Laura Centemeri, pour lesquels donner la place centrale à la valeur, plutôt qu’au processus de sa qualification, conduit à la considérer comme « une occurrence d’un monde mental ou subjectif séparé de l’expérience[2] », une donnée sans émotions.

    Revenir sur ces processus permettrait pourtant de mieux comprendre la notion d’incommensurabilité – comment traduire dans une même matrice des valeurs issues du vécu personnel ? –, de saisir la façon dont un système d’évaluation devient dominant et légitime – comment le réductionnisme économique est-il devenu une forme d’exercice du pouvoir ? –, mais aussi d’approfondir la discussion sur « ce à quoi nous tenons »[3].

    De tels détours rendraient davantage possible la définition des moyens et stratégies de cette « résistance » à laquelle J. Martínez Alier nous invite.

    Notes :

    [1] Par exemple, le taux de retour énergétique permet d’évaluer la quantité d’énergie consommée pour produire de l’énergie. Aux États-Unis, il fallait environ 1 baril de pétrole investi pour en produire 100 en 1930, en 2005, il fallait investir 1 baril pour en produire 12 (AIE, 2010).

    [2] Michel Renault, « Dire ce qui compte : une conception pragmatique de la formation des valeurs », actes du 1er colloque « Penser l’écologique politique », 13 et 14 janvier 2014, Institut Mines-Telecom, pp. 188-190 [en ligne].

    [3] Émilie Hache, Ce à quoi nous tenons. Propositions pour une écologie pragmatique, La Découverte, 2011.

    Revue Projet

    http://fortune.fdesouche.com/392067-lecologisme-des-pauvres-etude-des-conflits-environnementaux-dans-le-monde#more-392067

  • ZAD de Notre-Dame-des-Landes : Zone à dévaliser

    Le chauffeur d'un poids-lourd chargé de huit tonnes d'alcool et trois tonnes de nourriture s'est égaré dans la nuit de jeudi à vendredi dans la ZAD (Zone à défendre) de Notre-Dame des Landes, mal orienté par un homme à qui il aurait demandé son chemin.

    "Des occupants de Notre-Dame-des-Landes auraient alors bloqué son véhicule sur la D281, un axe interdit à la circulation et l'auraient contraint à rester dans sa cabine sous la menace de barres de fer et d'armes blanches. "Il y a eu des menaces mais aucune violence n'a été commise", précise le directeur commerciale de la société. Le chauffeur a pu quitter la zone à défendre en abandonnant son poids-lourd sur place. Le chargement, 8 tonnes d'alcool et 3 tonnes de produits alimentaires, a été vidé."[...]

    Le porte-parole des Zadistes donne son propre aperçu des choses à la presse :

    "Un militant chargé des relations avec la presse explique que le camion s'est encastré dans une chicane positionnée sur la route et que "le chauffeur est resté tranquillement dans sa cabine" pendant trois heures en attendant que l'on vienne le chercher en voiture."[...]

    Le lendemain, une véritable armée escorte le chauffeur dans la ZAD pour qu'il puisse récupérer son camion, vide.

    "Ce vendredi matin, le routier est retourné sur place pour récupérer son véhicule avec l'appui de 150 gendarmes. Des occupants ont remis les batteries du véhicule démontées aux autorités. Mais la marchandise n'a pas pu être récupérée. "Personne ne s'est opposé à sa restitution", précise un porte-parole des ZADistes. Les militaires ont sécurisé la zone et le chauffeur a pu grimper dans la cabine, démarrer le véhicule et le faire rouler jusqu'en-dehors de la ZAD. L'intervention s'est déroulée sans heurt. Avec 150 militaires sur place, "le rapport de force était favorable" précise la gendarmerie."

    Ouest-France précise : "Selon nos informations, les Zadistes seraient actuellement en train de restituer les cartons de marchandises."

    Comme ils sont honnêtes...

    ZAD : Zone à dévaliser. Zone de non-droit aussi, où l'on ne peut entrer sans risque, où il faut se faire accompagner par la gendarmerie. On imagine sans peine le ton des organes de presse si c'étaient des gens de la Manif-pour-tous qui détenaient la ZAD de ND-des-Landes.

    Marie Bethanie

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Quelle philosophie politique de l'écologie?

    Les bons scores des Verts français à la suite des dernières campagnes électorales dans l'Hexagone, la per­sistance des Grünen  ouest-allemands et les sondages favorables aux listes écologistes en Belgique pour les prochaines élections (12% à Bruxelles!) obligent tous les militants politiques, de quelque horizon qu'ils soient, à développer un discours écologique cohérent. En effet, pour la décennie qui vient, pour les premières décennies du XXIième siècle, se dessine une nouvelle bipolarité entre, d'une part, les nationaux-identitaires, animés par une forte conscience historique, et, d'autre part, les Verts, soucieux de préserver le plus harmonieusement possible le cadre de vie de nos peuples. Cette bipolarisation est appelée à refouler graduellement dans la marginalité les anciennes polarisations entre partisans du laissez-faire libéral et par­tisans de l'Etat-Providence. C'est en tout cas ce qu'observe un professeur américain, Peter Drucker (1), dont la voix exprime des positions quasi officielles. Toutes les formes de libéralisme, malgré le sursaut tapageur des années Reagan, sont appelées à disparaître en ne laissant que les traces de leurs ravages mo­raux et sociaux; en effet, les impératifs de l'heure sont des impératifs globaux de préservation: préserver une conscience historique et préserver un cadre de vie concret contre les fantasmes de la «table rase» et contre le messianisme qui promet, avec un sourire vulgairement commercial, des lendemains qui chantent. Ces impératifs exigent des mobilisations collectives; dès lors, beaucoup de réflexes ne seront plus de mise, notamment l'engouement dissolvant pour l'individualisme méthodologique, propre du libéralisme, avec sa sainte horreur des obligations collectives structurantes qui, elles, parient sur le très long terme et ne veulent pas se laisser distraire par les séductions de l'instant (le «présentisme» des sociologues).

    Le libéralisme politique et économique a engendré la mentalité marchande. C'est un fait. Même si d'aucuns, dans des clubs agités par une hayekite aigüe, croient pouvoir prouver que les choses auraient pu tourner autrement. On connaît le bon mot: avec des "si", on met Paris en bouteille. L'histoire est là qui montre l'involution lente mais sûre du libéralisme théorique d'Adam Smith à la déliquescence sociale to­tale que l'on observe chez les hooligans de Manchester ou de Liverpool, chez les consommateurs de crack du Bronx ou dans la déchéance ensoleillée et sidaïque de San Francisco. Le fantasme libéral de la perfecti­bilité infinie (2), qu'on lira à l'état pur chez un Condorcet, a induit les peuples à foncer bille en tête vers les promesses les plus fumeuses, dans une quête forcenée de plaisirs éphémères, de petits paradis d'inaction et de démobilisation. La jouissance hédoniste de l'instant est ainsi devenue le telos (le but) des masses, tandis que les gagneurs, plus puritains, tablaient sur la rentabilité immédiate de leurs investis­se­ments. Jouissance et rentabilité immédiates impliquent deux victimes: l'histoire (le temps), qui est ou­bliée et refoulée, et l'environnement (l'espace), qui est négligé et saccagé, alors que ce sont deux catégories incontournables dans toute société solidement assise, deux catégories qui résistent pied à pied aux fan­tasmes du «tout est possible - tout est permis» et qu'il sera toujours impossible de faire disparaître tota­lement.

    Ce résultat navrant du libéralisme pratique, de cette vision du monde mécanique (qui a le simplisme ex­trême des mécaniques) et de ces suppléments d'âme moralisants (participant d'une morale auto-justifica­trice, d'une morale-masque qui cache l'envie intempérante de tout avoir et tout maîtriser), nous force à adopter

    1) une philosophie qui tienne compte du long terme, tout en préservant

    a) les ressources de la mémoire historique, laquelle est un réceptacle de réponses acquises et con­crètes aux défis du monde, et

    b) les potentialités de l'environnement, portion d'espace à maintenir en bon état de fonctionne­ment pour les générations futures;

    2) une pratique politique qui exclut les discours moralisants et manipulateurs, discours gratuits et a for­tiori désincarnés, blabla phatique qui distrait et endort les énergies vitales.

    Enfin, l'état du monde actuel et la bipolarisation en train de s'installer nous obligent à déployer une stra­tégie précise qui empêchera 1) les rescapés du bourgeoisisme libéral d'investir le camp des «identitaires historicisés» et 2) les rescapés de l'égalitarisme caricatural des vieilles gauches, vectrices de ressentiments, d'investir le camp des «identitaires éco-conscients». Cette stratégie peut paraître présomptueuse: com­ment, concrètement, réaliser un double travail de ce type et, surtout, comment affermir une stratégie en apparence aussi détachée des combats quotidiens, aussi régalienne parce que non partisane et non mani­chéenne, aussi réconciliatrice de contraires apparemment irréconciliables? Les traditions gramsciennes et la métapolitique nous ont enseigné une chose: ne pas craindre les théories (surtout celles qui visent la coin­cidentia oppositorum), être attentif aux mouvements d'idées, même les plus anodins, être patient et garder à l'esprit qu'une idée nouvelle peut mettre dix, vingt, trente ans ou plus pour trouver une traduction dans la vie quotidienne. Organiser une phalange inflexible d'individus hyper-conscients, c'est la seule recette pour pouvoir offrir à son peuple, pour le long terme, un corpus cohérent qui servira de base à un droit nouveau et une constitution nouvelle, débarrassée des scories d'un passé récent (250 ans), où se sont mul­tipliés fantasmes et anomalies.

    Une société de pensée a pour mission d'explorer minutieusement bibliothèques et corpus doctrinaux, œuvres des philosophes et des sociologues, enquêtes des historiens, pour forger, en bout de course, une idéologie cohérente, souple, prête à être comprise par de larges strates de la population et à s'inscrire dans la pratique politique quotidienne. Les idéologies qui nous ont dominés et nous dominent encore dérivent toutes d'une matrice idéologique mécaniciste, idéaliste, moralisante. Le libéralisme dérive des philoso­phies mécanicistes du XVIIIième siècle et de l'idéalisme moralisant et hédoniste des utilitaristes anglais. Ce bricolage idéologique libéral ne laissait aucune place à l'exploration féconde du passé: dans sa métho­dologie, aucune place n'était laissée au comparatisme historicisant, soit à la volonté de se référer à la geste passée de son peuple pour apprendre à faire face aux défis du présent, à la mémoire en tant que ciment des communautés (où, dans une synergie holiste, éléments économiques, psychologiques et historiques s'imbriquent étroitement), si bien qu'un Jacques Bude (3) a pu démontrer que le libéralisme était un obscu­rantisme, hostile à toute investigation sociologique, à toute investigation des agrégats sociaux (considérés comme des préjugés sans valeur).

    Par ailleurs, la philosophie linéaire de l'histoire que s'est annexée le libéralisme dans sa volonté de parfaire infiniment l'homme et la société, a conduit à une exploitation illimitée et irréfléchie des ressources de la planète. Pratique qui nous a conduit au seuil des catastrophes que l'on énumerera facilement: pollution de la Sibérie et de la Mer du Nord, désertification croissante des régions méditerranéennes, ravage de la forêt amazonienne, développement anarchique des grandes villes, non recyclage des déchets industriels, etc.

    Le marxisme a été un socialisme non enraciné, fondé sur les méthodes de calcul d'une école libérale, l'école anglaise des Malthus et Ricardo. Il n'a pas davantage que le libéralisme exploré les réflexes hérités des peuples ni mis des limites à l'exploitation quantitative des ressources du globe. En bout de course, c'est la faillite des pratiques mécanicistes de gauche et de droite que l'on constate aujourd'hui, avec, pour plus bel exemple, les catastrophes écologiques des pays naguère soumis à la rude férule du «socialisme réel». A ce mécanicisme global, qui n'est plus philosophiquement défendable depuis près d'un siècle, se substituera progressivement un organicisme global. Les pratiques politico-juridiques, l'idéologie domi­nante des établissements, notamment en France et en Belgique, sont demeurées ancrées solidement dans le terreau mécaniciste. L'alternative suggérée par le mouvement flamand, appuyée par les sociologues de la Politieke Akademie créée par Victor Leemans à Louvain dans les années 30 (4), a été soit éradiquée par l'épuration de 1944-51 soit récupérée et anémiée par la démocratie-chrétienne soit refoulée par une in­quisition têtue qui ne désarme toujours pas. Or cette alternative, et toute autre alternative viable, doit se déployer au départ d'une conscience solidissime de ses assises. Ces assises, quelles sont-elles? Question qu'il est légitime de poser si l'on veut prendre conscience de la généalogie de nos positions actuelles, tout comme les néo-libéraux avaient exhumé Adam Smith, Mandeville, Condorcet, Paine, Constant, etc. (5), au moment où ils se plaçaient sous les feux de la rampe, avec la complaisance béotienne de la médiacratie de droite. L'archéologie de notre pensée, qui conjugue conscience historique et conscience écologique, a ses propres chantiers:

    1) Les textes de la fin du XVIIIième siècle, où on lit pour la première fois des réticences à l'endroit de la mécanicisation/détemporalisation du monde, portée par des Etats absolutistes/modernistes, conçus comme des machines entretenues par des horlogers (6). L'idéologie révolutionnaire reprendra à son compte le mé­canicisme philosophico-politique des absolutismes. L'hystérie des massacres révolutionnaires, perçue comme résultat négatif du mécanicisme idéologique, induit les philosophes à re-temporaliser et re-vitaliser leur vision du politique et de l'Etat. Dans sa Critique de la faculté de juger (1790), Kant, auparavant expo­sant des Lumières, opère une volte-face radicale: les communautés politiques ne sont pas des systèmes d'engrenages plus ou moins complexes, mais des Naturprodukte (des produits de nature) animés et mus par une force intérieure, difficilement cernable par la raison. Le poète Schiller prendra le relais du Philosophe de Königsberg, popularisant cette nouvelle attention pour les faits de monde organiques. Dans ce Kant tardif, l'organicisme que nous défendons prend son envol. Intellectuellement, certains libéraux, cosmopolites et universalistes qui battent l'estrade du petit monde parisien depuis quelques années, se re­vendiquent d'un Kant d'avant 1790; le philosophe de Königsberg s'était pourtant bien rendu compte de l'impasse du mécanicisme désincarné... Remarquons, par ailleurs, qu'un Konrad Lorenz a puisé énormé­ment de ses intuitions dans l'œuvre de Kant; or, ne l'oublions pas, il pourfend simultanément deux maux de notre temps, a) l'égalitarisme, stérilisateur des virtualités innombrables et «différenciantes» des hommes, et b) le quantitativisme, destructeur de l'écosystème. Notre axe philosophique part de la volte-face de Kant pour aboutir aux critiques organicistes très actuelles et pionnières de Konrad Lorenz et, de­puis son décès, de l'épistémologie biologique de ses successeurs (Rupert Riedl, Franz Wuketits). De cette façon, nous formulons une double réponse aux défis de notre fin de siècle: 1) la nécessité de replonger dans l'histoire concrète et charnelle de nos peuples, pour ré-orienter les masses distraites par l'hédonisme et le narcissisme de la société de consommation, et 2) la nécessité de prendre les mesures qui s'imposent pour sauvegarder l'environnement, soit la Terre, la Matrice tellurique des romantiques et des écolos...

    2) La révolution épistémologique du romantisme constitue, pour nous, la carrière immense et féconde, où nous puisons les innombrables facettes de nos démarches, tant dans la perspective identitaire/nationale que dans la perspective éco-consciente. C'est un ancien professeur à la faculté des Lettres de Strasbourg, Georges Gusdorf (7), qui, dans son œuvre colossale, a dévoilé au public francophone les virtualités mul­tiples du romantisme scientifique. Pour lui, le romantisme, dans sa version allemande, est mobilisateur des énergies populaires, tandis que le romantisme français est démobilisateur, individuo-subjectif et nar­cissique, comme l'avaient remarqué Maurras, Lasserre et Carl Schmitt. En Allemagne, le romantisme dé­gage une vision de l'homme, où celui-ci est nécessairement incarné dans un peuple et dans une terre, vi­sion qu'il baptise, à la suite de Carus (8), anthropocosmomorphisme. Gusdorf souligne l'importance capi­tale du Totalorganizismus de Steffens, Carus, Ritter et Oken. L'homme y est imbriqué dans le cosmos et il s'agit de restaurer sa sensibilité cosmique, oblitérée par l'intellectualisme stérile du XVIIIième. Nos corps sont des membres de la Terre. Ils sont indissociables de celle-ci. Or, comme il y a priorité ontolo­gique du tout sur les parties, la Terre, en tant que socle et matrice, doit recevoir notre respect. Philosophie et biosophie (le mot est du philosophe suisse Troxler) se confondent. Le retour de la pensée à cet anthro­pocosmomorphisme, à ce nouveau plongeon dans un essentiel concret et tellurique, doit s'accompagner d'une révolution métapolitique et d'une offensive politique qui épurera le droit et les pratiques juridiques, politiques et administratives de toutes les scories stérilisantes qu'ont laissées derrière elles les idéologies schématiques du mécanicisme du XVIIIième.

    3) Dans le sillage de la révolution conservatrice, le frère d'Ernst Jünger, Friedrich Georg Jünger (1898-1977), publie Die Perfektion der Technik  (1939-1946), une sévère critique des mécanicismes de la philo­sophie occidentale depuis Descartes. En 1970, il fonde avec Max Himmelheber la revue Scheidewege qui paraîtra jusqu'en 1982. Cette œuvre constitue, elle aussi, un arsenal considérable pour critiquer le fan­tasme occidental du progrès infini et linéaire et dénoncer ses retombées concrètes, de plus en plus percep­tibles en cette fin de siècle.

    4) Enfin, dans les philosophies post-modernes, critiques à l'égard des «grands récits» de la modernité idéo­logique, le fantasme d'un monde meilleur au bout de l'histoire ou d'une perfectibilité infinie est définiti­vement rayé de l'ordre du jour (9).

    Dans la sphère métapolitique, qui n'est pas «sur orbite» mais constitue l'anti-chambre de la politique, la tâche qui attend cette phalange inflexible des militants hyper-conscients, dont je viens de parler, est d'explorer systématiquement les quatre corpus énumérés ci-dessus, afin de glâner des arguments contre toutes les positions passéistes qui risqueraient de s'infiltrer dans les deux nouveaux camps politiques en formation. Traquer les reliquats de libéralisme et les schématisations d'un intégrisme religieux stupide­ment agressif  —qui relève davantage de la psychiatrie que de la politique—  traquer les idéologèmes dé­sincarnants qui affaiblissent en ultime instance le mouvement écologique, traquer l'infiltration des réflexes dérivés de la vulgate jusqu'ici dominante: voilà les tâches à parfaire, voilà des tâches qui exigent une atten­tion et une mobilisation constantes. Mais elles ne pourront être parfaites, que si l'on a réellement intério­risé une autre vision du monde, si l'on est intellectuellement armé pour être les premiers de demain.

    Robert Steuckers, Bruxelles, 15 août 1990.  

    http://vouloir.hautetfort.com/archive/2015/10/01/quelle-philosophie-politique-de-l-ecologie-5693189.html#more

  • ANGOISSE DES ECOLO-GUIGNOLOS : VERS L’ECHEC DE LA COP21 ? (par l’Imprécateur)

    À Biot, Cannes, Mandelieu, « on n’a jamais vu ça » et aussitôt le slogan est lancé « c’est un effet du réchauffement climatique. » Le manque de mémoire des gens peu surprendre, celui des pseudo-scientifiques qui s’autoproclament climatologues encore plus. Des inondations comme celle de ce 3 octobre 2015, il s’en est déjà produit des dizaines qui furent parfois plus fortes encore, en l’absence d’urbanisation excessive et irréfléchie, un mal dénoncé lui aussi, sans fonte des glaciers et de la banquise, sans usines chimiques et moteurs diésels, sans centrales nucléaires. Pour le vérifier, il suffit de consulter les archives des municipalités et des paroisses, comme l’a fait Emmanuel Leroy-Ladurie (Histoire du climat depuis l’an mil). Si les élus locaux et nationaux connaissaient l’histoire du climat, ils diraient, peut-être, moins de bêtises aux journalistes pour justifier leur incompétence et leurs erreurs.

    Biot est un vieux village d’origine romaine situé entre Nice et Cannes, à hauteur d’Antibes, construit autrefois sur une butte, aujourd’hui répandu dans la vallée inondable.

    La Brague passe à son pied et les romains avaient construit un aqueduc surélevé pour alimenter Antibes en eau potable depuis Biot, sans qu’elle puisse être polluée en cas de crue.

    Pourquoi avoir construit le village en hauteur plutôt que dans la vallée ? Le motif souvent invoqué, la sécurité militaire, n’est qu’une explication partielle, valable pour ce village fortifié, et aussi pour Antibes (l’Antipolis des Grecs) perchée sur son rocher, notamment pendant la période d’occupation coloniale musulmane du VIIIème au XIVème siècle inclus, qui a laissé la région tellement ravagée qu’Henri II de Provence dut la repeupler et la re-cultiver après le départ des Musulmans. Ils avaient fait de Biot une base de leur piraterie esclavagiste en Méditerranée, exportant les indigènes de la région vers des cieux plus orientaux. Le climat avait été chaud jusqu’ici, ils a commencé à se refroidir au XIVème siècle, le froid venant a peut-être autant fait pour pousser les mahométans à regagner l’Afrique du Nord que la décision du pouvoir royal de les chasser de leur colonie provençale.

    Si les Romains ont construit en hauteur et pas dans les vallées comme ils l’ont souvent fait ailleurs, c’est surtout que les débordements de la Brague à Biot, du Paillon à Nice, du Var  à Cagnes-sur-mer, de l’Ouvèze à Vaisons-la-Romaine étaient déjà connus pour se produire en septembre-octobre avec régularité et violence, l’histoire en témoigne : le pont sur l’Ouvèze de Vaisons existe depuis le premier siècle, soit 2 000 ans, son tablier est à 17 mètres au-dessus de l’Ouvèze. En 1616, l’eau est montée par-dessus le parapet qu’elle a emporté ainsi que plusieurs maisons, mais il n’y a eu aucune victime parce que les gens savaient quoi faire : monter dans les collines voisines. En 1992, la crue arrive le 22 septembre, et une fois encore le pont résiste, sauf le parapet qui est à nouveau emporté. Ils sont bêtes ces Romains ? Ils auraient dû faire des parapets plus solides ? Au contraire, car si le parapet résistait, la pression latérale exercée par l’eau serait trop forte pour le pont et c’est lui qui serait emporté, mieux vaut perdre le parapet, qui ne coûte pas cher, que le pont. La preuve : le pont routier gallo-romain vieux de 2 000 ans est toujours là.

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  • L’Allemagne en question

    La révélation, en septembre 2015, de l’installation par le groupe Volkswagen (Audi, Porsche, Skoda, VW, etc.) d’un logiciel permettant de manipuler les tests antipollution sur ses moteurs diesel aux États-Unis, confirmée par l’annonce par Volkswagen que le moteur incriminé équipe 11 millions de véhicules dans le monde et par la déclaration du ministre des Transports allemand Alexander Dobrindt admettant que la manipulation des tests antipollution avait également eu lieu en Europe, constitue un scandale sans précédent.

    Cette affaire concernant le premier constructeur automobile mondial porte atteinte à la fois à l’image de « sérieux » de l’industrie automobile allemande, et à la crédibilité d’une Allemagne qui feint de se présenter comme un champion de l’écologie et une puissance respectable.

     

    Crédibilité affectée

    Les conséquences de sa propre fraude sur le groupe allemand sont déjà importantes. Sa crédibilité et son capital confiance sont affectés. Dès l’annonce du scandale, le titre a perdu près du tiers de son cours à la Bourse de Francfort en trois jours, soit une perte de plus de 22 milliards d’euros. Le déficit de confiance est considérables auprès des actionnaires et, surtout, des clients qui ont découvert avec stupeur que la réputation de fiabilité et de compétence des firmes allemandes était largement surfaite. À terme, les sanctions que ne devraient pas manquer de prendre les États-Unis pourraient coûter près de 10 milliards d’euros sans compter les rappels des véhicules aux États-Unis mais aussi en Europe et dans certains pays asiatiques.

    En outre, le scandale a éclaté à un moment de crise économique généralisée. Ainsi, le ralentissement de l’économie de la Chine aura aussi des conséquences sur les résultats du groupe allemand pour qui la Chine est un marché essentiel. Plus largement, c’est le prétendu « modèle » allemand qui est mis à l’épreuve par une affaire qui révèle crûment les contradictions et l’hypocrisie d’un système que certains se sont trop empressés de célébrer à qui mieux mieux.

    L’impossible double jeu allemand

    Voici donc une Allemagne qui prétend se faire le champion de l’écologie quand il s’agit, par exemple, de saboter, avec ses supplétifs « verts », le nucléaire français, mais qui n’a aucun scrupule à entretenir des centrales à charbon - source d’énergie émettant le plus de gaz à effet de serre – et fraude sans vergogne sur les tests anti-pollution de ses automobiles. [....]

    Dr. Charles Saint Prot

    La suite sur Alayammagazine.com

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?L-Allemagne-en-question

  • De l’espace pour le fleuve

    Conséquence des changements climatiques et de l’activité humaine, la fréquence des inondations ne cesse d’augmenter en Europe. En l’absence d’une stratégie commune, les États choisissent des solutions diverses face à cette menace.

    Les Pays-Bas, territoire à hauts risques, ont opté pour la renaturation, méthode prônée depuis des décennies par les écologistes. Au lieu de renchérir dans l’artificialisation en relevant les digues, le pays tente de revenir à l’état initial des cours d’eau.

    Une solution qui permet de ménager à leur lit un espace suffisant pour parer aux conséquences des précipitations massives, et ainsi protéger les zones environnantes.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Energie éolienne, à la poursuite du massacre

    3 octobre 2015 par Pierrot

    Le dernier reportage d’Armel Joubert des Ouches pour Reinformation.tv sur le scandale de l’éolien nous entraîne en Bretagne nord.

    http://www.contre-info.com/

  • Fraude à la pollution : Quelles conséquences pour Volkswagen ? (Màj)

    02/10/2015

    Un peu moins d’un million de véhicules circulent en France avec un logiciel truqué, masquant les produits toxiques lors des contrôles antipollution. Il s’agit de Skoda, d’Audi et de Volkswagen. Le groupe allemand commence à organiser le rappel de ces voitures. Les Français vont prochainement recevoir un courrier leur demandant de ramener leur véhicule au garage.

    23/09/2015

    Comme British Petroleum en 2010 et sa marée, le constructeur automobile allemand risque de payer une facture très salée pour avoir violé les lois antipollution américaines.

    Le constructeur allemand Volkswagen (VW) fait face à de sérieuses accusations de tricherie aux États-Unis. Ses voitures diesel VW et Audi produites entre 2009 et 2015 étaient équipées d’un système permettant de dissimuler le niveau réel des gaz polluants qu’elles émettent, afin de contourner les lois antipollution.

    En bien des aspects, un fiasco comparable à celui de British Petroleum, explique Reuters. En avril 2010, l’explosion sur la plateforme pétrolière Deepwater Horizons avait provoqué une énorme fuite de pétrole dans le golfe du Mexique.

    Une facture qui risque d’augmenter

    Cette catastrophe environnementale avait coûté cher à BP. Les coûts initiaux évalués par les spécialistes étaient de moins de 3,5 milliards de dollars. L’amende définitive, en vertu du Clean Air Act, s’est finalement élevé à 5,5 milliards de dollars. Mais BP a également dû contrôler la marée noire, indemniser les États touchés, nettoyer… A l’arrivée, la facture était salée: environ 55 milliards, selon Reuters.

    Volkswagen risque la même escalade financière. Théoriquement, le constructeur s’expose à une amende maximale de 18 milliards de dollars (16 milliards d’euros). Le calcul est vite fait: 482.000 véhicules non conformes ont été vendus, chacun risquant une amende de 37.500 dollars.

    Ce serait l’amende la plus forte jamais administrée par l’agence américaine de protection de l’environnement, précise Les Échos. Mais ce n’est pas tout. Le constructeur devra également rappeler les véhicules vendus depuis 2009 à ses propres frais et risque d’éventuelles poursuites en recours collectif. Sans compter les conséquences boursières: l‘action Volkswagen a chuté de 35% en deux jours.

    Une atteinte environnementale dissimulée

    Le journaliste économique Ambrose Evans-Pritchard du Telegraph, lui, considère le scandale de Volkswagen pire que celui de BP. Alors que BP et ses sous-traitants ont fait preuve de négligence, VW a «délibérement cherché à induire en erreur ses régulateurs en dissimulant habilement ses logiciels».

    De plus, même si aucun décès ne peut être directement lié au fait que Volkswagen a trafiqué ses véhicules, les dispositifs installés dans certains véhicules leur ont permis d’émettre des niveaux d’oxyde d’azote jusqu’à 40 fois supérieurs aux niveaux autorisés.

    Une image de marque sérieusement entachée

    L’objectif de VW était de devenir le producteur de voiture «le plus vert» d’ici à 2018. Ces accusations portent un sérieux coup à son image de marque. Le Telegraph va même plus loin: selon, lui c’est l’ensemble de l’industrie allemande qui en prend un coup:

    «L’Allemagne est le leader mondial dans le diesel propre. Ses entreprises automobiles ont parié lourdement sur cette technologie, dans l’espoir de se faire une place stratégique aux États-Unis où de nouvelles règles entrent en vigueur.»

    Alors que le président de BP s’était confondu en excuses, le patron de VW, Martin Winterkorn, s’est lui aussi «profondément [excusé] auprès de [ses] clients, des autorités et de l’opinion publique dans son ensemble pour cette faute». Insuffisant a priori pour sauver sa tête. On annonce déjà son remplacement à venir, ce vendredi 25 septembre, par le PDG de Porsche, Matthias Müeller.

    Slate

    http://fortune.fdesouche.com/391151-fraude-a-la-pollution-quelles-consequences-pour-volkswagen#more-391151