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écologie et environnement - Page 168

  • La France a détruit l’équivalent de 7 départements en 30 ans

    La France détruit son territoire à vitesse grand V. C’est ce que l’on apprend à la lecture d’une enquête consacrée à l’évolution des villes depuis 30 ans publiée le 15 avril dernier par l’Insee (1).

    Les chiffres, parfois, sont terribles. Entre 1982 et 2011, la population des villes s’est accrue de 23%, en gagnant près de 9 millions d’habitants supplémentaires. Le problème est que l’espace urbain a, lui, augmenté beaucoup plus rapidement : il a gagné… 42%, en passant de 84000 km² à 119000 km². Dit comme cela, évidemment, cela peut laisser de marbre. Tout change quand on sait que ces 35000 km² perdus correspondent à l’équivalent de… sept départements français. C’est comme si, en l’espace d’une génération, nous avons collectivement bétonné l’équivalent de l’Ariège, de la Haute-Loire, du Jura, des Bouches-du-Rhône, de la Lozère, de la Mayenne et du Lot !

     

    Bienvenue près des rocades et des zones d’activité commerciale

    Les causes de ce phénomène sont connues. Depuis les années 1970, les Français cherchent à fuir les grands ensembles. Un mouvement encouragé par l’Etat, qui a mis en place des aides à la maison individuelle tandis que le déclin de l’agriculture encourage les élus ruraux, pour sauver leur école et leur bureau de poste, à accueillir les populations et les entreprises à la recherche de terrains disponibles.

    Résultat : “L’urbanisme s’effectue pour l’essentiel sous forme d’étalement urbain, avec des lotissements, des rocades, des espaces commerciaux, des zones d’activité économique conçus sans l’intervention d’architecte ni d’urbaniste”, rappelle l’urbaniste David Mangin.

     
    Il ne s’agit donc pas de condamner les Français. Après tout, des enfants heureux au grand air, des parents épanouis dans leur pavillon, des bourgs ruraux qui se repeuplent : tout cela revêt des aspects positif. Il s’agit simplement de prendre conscience que cette addition de bonheurs individuels ne correspond pas forcément à l’intérêt général. Car ce mouvement de société a sa face sombre : destruction d’espaces fragiles, diminution de la biodiversité, imperméabilisation des sols et augmentation du risque d’inondation, dégradation des paysages…
     
    Pour ne rien arranger, ces implantations en périphérie se traduisent inévitablement par une explosion des déplacements en voiture, seul moyen de transport efficace en zone rurale. Avec la pollution, les accidents et les bouchons que cela suppose. Nous ne pourrons pas continuer longtemps ainsi. A ce rythme, en effet, l’ensemble du territoire métropolitain sera constitué par de “l’espace urbain” en moins de 4 siècles. Voulons-nous reproduire, à l’échelle du pays tout entier, l’énorme gâchis de la Côte d’Azur ?

    Une solution au vilain nom de densification

    Bref, il est temps de changer de logiciel. La solution, au demeurant, existe. Elle porte hélas le vilain nom de densification ce qui, dans l’imaginaire collectif, renvoie inévitablement aux cités des années 1960 et 1970, synonymes de mal-vivre et de ghettoïsation. Autrement dit à un contre-modèle absolu. Fort heureusement, on sait aujourd’hui densifier intelligemment. “A Rotterdam, on construit desmaisons individuelles accolées les unes aux autres, avec des toits-terrasses: chacune possède un jardin sur son toit! C’est-à-dire qu’en plein centre d’une grande métropole, on parvient à recréer un mode de vie quasi identique à celui que les gens vont chercher en grande banlieue“, cite par exemple l’urbaniste Alain Cluzet.

    En France aussi, de plus en plus d’élus cherchent à construire autrement, de manière plus dense, en concentrant les logements le long des axes de transports en commun, par exemple, comme à Bordeaux. D’autres s’efforcent de préserver une “ceinture verte” autour de la ville, comme à Rennes.
     

    Bref, une prise de conscience est amorcée. Et de premières réalisations concrètes sont engagées. Compte tenu de l’ampleur du problème, il en faudra bien d’autres…

    Notes :

    (1) Insee, la France et ses territoires. Fiche 2 : La hiérarchie des villes en France métropolitaine sur trenteans : stabilité globale et reclassements

    L’EXPRESS

    http://fortune.fdesouche.com/382241-la-france-a-detruit-lequivalent-de-7-departements-en-30-ans#more-382241

  • Au-delà de la droite et de la gauche : les racines du mouvement écologique

    Le concept d’“écologie” fut utilisé pour la première fois en 1866 par Ernst Haeckel (1834-1919), qui entendait désigner, par ce terme, « toute la science des rapports de l’organisme avec le milieu extérieur environnant ». Ernst Haeckel était naturaliste et philosophe. Le monde universitaire a reconnu toute sa valeur scientifique grâce aux travaux de recherches qu’il avait accomplis dans le domaine de la biologie marine. Haeckel avait décrit plus de 3.500 nouvelles espèces de radiolaires, qui avaient été collationnées lors d’une expédition. Haeckel avait également confectionné quantité de dessins et de tableaux sur le fruit de ses recherches, qui ont tous encore quelque validité scientifique aujourd’hui.

    Haeckel avait étudié la médecine au départ, avait reçu le titre de docteur en médecine après une thèse, présentée en 1861, sur l’anatomie comparée. Mais il estimait que l’exercice de l’art médical n’était pas suffisamment intéressant et s’était alors tourné vers la philosophie et la zoologie. En 1865, il obtint le titre de docteur honoris causa en philosophie et un poste de professeur en zoologie à l’Université d’Iéna, dont il devint ultérieurement le vice-recteur.

    Haeckel avait une capacité de travail époustouflante : son livre Die Welträthsel, paru en 1899, fut l’un des best-sellers de son époque, de même que sa Morphologie générale de 1866, qui était considérée comme un ouvrage fondamental. Quant à sa Natürliche Schöpfungsgeschichte (Histoire naturelle de la création) de 1868, elle connut neuf éditions successives et fut traduite en douze langues. Après sa mort, ses œuvres complètes parurent en six volumes, permettant de jeter un regard synoptique sur ses travaux de vulgarisation scientifique. 

    Celles-ci ont toutes leur importance car c’est par leur truchement que Haeckel répandit en Allemagne les théories de Charles Darwin. Haeckel défendait la théorie de l’évolution, ce qui l’entraîna dans un conflit avec l’église catholique, alors qu’il était issu d’une famille pieuse. En 1904, Haeckel participa au Congrès international des Libres Penseurs à Rome. Devant le monument érigé en l’honneur du philosophe Giordano Bruno, brûlé comme hérétique, Haeckel déposa une couronne de lauriers, ce que l’église catholique considéra, à l’époque, comme une provocation. À la suite de ce geste, Haeckel s’exposa à de solides inimitiés, qui allèrent jusqu’à mettre en doute le sérieux de ses travaux scientifiques. Dans une réplique, intitulée « Sandalion – Eine offene Antwort auf die Fälschungsanklagen der Jesuiten » (Sandalion – Réponse publique aux accusations de falsification des Jésuites), Haeckel réfuta tous les reproches qu’on lui adressait.

    Haeckel avait également des activités politiques : il était membre de l’Alldeutscher Verband (Association pangermaniste). Pourtant, il m’apparaît difficile aujourd’hui de cataloguer Haeckel quelque part dans le schéma binaire “gauche/droite”, difficulté que corrobore notamment l’histoire de la réception des travaux de Haeckel : certes, les nationaux-socialistes ont tenté de l’annexer mais Lénine aussi lui a rendu un vibrant hommage, car le chef de file des bolcheviques voyait en notre naturaliste un « combattant contre la philosophie idéaliste des professeurs » ; quant au socialiste Robert Niemann, il chantait les louanges de Haeckel en le campant comme un « esprit libre post-bourgeois ». Plus tard, les autorités de la RDA socialo-communiste firent de lui un pionnier de l’idéologie socialiste.

    Haeckel n’était certes pas une personnalité incontestée : il n’y a pas que l’église catholique qui rejetait ses thèses avec véhémence. On l’accusa de “chauvinisme national-allemand”, de même, on lui reprocha aussi d’avoir ouvert la voie à “l’hygiénisme racialiste”.

    Pour être exact, nous devons dire que Haeckel défendait un “monisme biologique”, selon lequel la nature — en dépit de sa pluralité — formait une seule et unique totalité, au sein de laquelle tous — y compris l’homme — étaient animés par une seule et même force vitale. Haeckel fut ainsi l’un des premiers à réclamer des droits pour les animaux : il pensait que les animaux, parce qu’ils étaient des êtres dotés de sensibilité, des êtres sociaux et, dans le cas des mammifères supérieurs, des êtres rationnels, devaient bénéficier d’un statut équivalent à celui de l’homme. Haeckel s’insurgeait, dans le cadre de cette défense du statut de l’animal, contre toute interprétation anthropocentrique de la nature. Pour lui, une telle interprétation relevait « de l’arrogance autoproclamée de l’homme, être vaniteux », qui se voulait égal à Dieu et à l’image de celui-ci. Haeckel défendait la thèse que la nature consistait en une substance infinie, sans commencement ni fin. En posant cette « loi de substantialité », Haeckel affirmait que, de cette façon, l’idée, qui veut qu’il y ait un être divin transcendant la nature, était réfutée. Selon la philosophie moniste de Haeckel, il faudrait remplacer le culte chrétien de Dieu par un culte de la nature. D’après Haeckel, le christianisme « n’avait pas seulement contribué à nous aliéner dangereusement de notre merveilleuse mère la Nature mais nous avait aussi conduit à mépriser, de manière fort déplorable, les autres organismes ». Haeckel voulait aussi, dans cette même logique, que l’individualisme égoïste de l’homme soit éliminé au profit d’un nouveau monisme éthique, afin de bien faire voir à l’homme que ses intérêts personnels étaient indéfectiblement liés aux intérêts de sa communauté.

    Le monisme de Haeckel a eu, plus tard, des répercussions importantes dans la mesure où il inspira directement le Prix Nobel Konrad Lorenz qui, par ses recherches sur le comportement des animaux, tenta de prouver la validité de la grande intuition de Haeckel, soit que les animaux et leur environnement — y compris l’homme et son environnement — constituaient une unité indissoluble. Le philosophe Ludwig Klages, pour sa part, fut l’auteur d’un petit livre intituléMensch und Erde (L’Homme et la Terre), où il défendit la thèse suivante : le progrès, comme projet rationaliste de l’Homme, est arrivé au bout de son rouleau. « Comme un feu dévorant, il ravage la Terre entière, et là où il a brûlé un lieu de fond en comble, plus rien ne pousse ni ne croît, tant qu’il y vit des hommes ». D’après Klages, l’homme détruit « par une rage aveugle sa propre mère la Terre… jusqu’à ce que toute vie et, en bout de compte, lui-même, sont livrés au néant ». Klages était tributaire de la philosophie de Nietzsche et porte paroles du mouvement de jeunesse allemand à ses débuts, quand ces jeunes, dont les options étaient hostiles à la technique et à ses répercussions, voulaient retourner au romantisme allemand, opérer un retour à la nature. Lors d’un rassemblement de cette jeunesse néo-romantique sur la montagne du Hoher Meißner, ces options ont été clairement proclamées (ndt : c’est suite à ce rassemblement que Klages intervint pour exposer ses visions en rédigeant Mensch und Erde).

    Via Max Scheler, qui avait lu Klages, Martin Heidegger, à son tour, reçut l’influence des idées technophobes de Mensch und Erde. Heidegger défendit la thèse que la perte du lien nous unissant à la nature revêtait pour l’homme moderne une perte d’être (Seinsverlust) : « À la place de ce qui, jadis, donnait contenance affirmée au monde et aux choses, nous voyons, toujours plus vite, avec de moins en moins de considération et de scrupules, de manière de plus en plus complète, se répandre sur la terre l’objectivisation de la domination de la technique ». Heidegger, critique, nous enseignait que la technique, développée par ce qu’il est convenu d’appeler “l’Occident”, faisait désormais « apparaître tout étant/Seiende comme un étant/Seiende fabricable dans le processus de la production » et, qui plus est, « distribuait les produits de la production via le marché dans le monde entier ». Toujours aussi critique, Heidegger ne cessait de nous rappeler que le « capitalisme technologique dissolvait l’humain dans l’homme et la choséité dans les choses » au profit « d’une valeur marchande calculée par le marché lui-même », afin de créer « un marché mondial qui englobera toute la Terre ». Après avoir décrit ce processus calamiteux, Heidegger nous exhorta à considérer dorénavant l’homme comme l’administrateur de la Terre et non plus comme son dominateur. L’homme, nous enseigne Heidegger, doit apprendre à abandonner à terme la technologie et la pensée consumériste, pour retrouver sa position modeste dans cette unité totalisante qu’est la Nature.

    Rudolf Steiner, fondateur de l’école anthroposophique, chercha à développer un mode d’économie biologique / dynamique, où l’agriculture serait un jeu de réciprocité entre l’homme, l’animal, la plante et la Terre.

    Dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres, le “mouvement environnementaliste” (Umweltbewegung) recevait le soutien de mouvements politiques très divers ; ces courants politiques et idéologiques si divers avaient chacun une conception différente de la nature, depuis le monisme matérialiste jusqu’à un vitalisme biologique et dynamique. Mais tous avaient le même ennemi : “l’Occident” moderne, technicien, capitaliste. Indépendamment des sentiments et convictions politiques de chacun de ces groupes ou partis ou mouvements, tous les courants du « mouvement environnementaliste » donnaient raison au “national-bolchevique” Ernst Niekisch, quand il écrivait en 1931 : « La technique est viol de la nature ; elle se superpose à la nature. Le progrès technique consiste en ceci : arracher par ruse l’un morceau de sol après l’autre au règne libre de la nature ; ce qui est triomphe pour la technique est profanation pour la nature. Dans la mesure où la technique abat pas à pas les limites que la nature a posées, elle tue la vie ». Même Oswald Spengler et Ernst Jünger, qui célébraient la technique comme partie prenante du nouvel ordre culturel allemand, réclamaient tous deux que la technique soit en permanence remodelée dans une forme « vitaliste ».

    ► Brigitte Sob, zur Zeit n°41/2007.

    (tr. fr. : Robert Steuckers)

    http://www.archiveseroe.eu/

  • Climat : Un marché à 100 milliards de dollars pour la finance

    Financer des transports urbains propres, des centrales photovoltaïques, des fermes éoliennes, des programmes de reforestation, des réseaux d’assainissement… Les enjeux climatiques qui visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre deviennent prioritaires dans les projets de développement économique et social. À neuf mois de la conférence de l’ONU sur le climat, les banques privées et publiques sont conviées à Bercy.

    Ils prennent encore plus d’importance dans la perspective de la conférence climat, la COP21 – 21e conférence des Nations unies sur le changement climatique -, qui se tiendra en décembre, à Paris. Les acteurs publics se mobilisent à l’instar de l’International développement finance club (IDFC) – instance réunissant 22 institutions publiques du Nord et du Sud, nationales et régionales, dont l’Agence française de développement – qui organise ce mardi, au ministère des Finances un forum sur la «Finance climat».

    Sur 370 milliards d’euros de financement en 2013, l’IDFC a engagé 80 milliards sur des projets «verts». «L’objectif est d’adopter un langage commun sur ce qu’est un projet climat, d’adopter les bonnes pratiques et d’associer le secteur privé, banques, assurances ou fonds de pension, explique la directrice générale de l’AFD, Anne Paugam. Nous sommes pionniers dans ce volontarisme, en terme d’objectifs et de méthodes!»

    Depuis 2005, l’AFD a financé 18 milliards d’euros sur des projets ayant un bénéfice sur le climat, dont 2,9 milliards en 2014.
    Verdir l’image

    L’agence a mis en place une grille d’évaluation pour mesurer l’empreinte carbone des projets, une méthode qu’elle veut mettre en avant lors du forum. La difficulté est de mesurer l’impact réel sur le réchauffement de la planète, qu’il ne s’agisse pas seulement un effet d’annonce pour verdir l’image d’une entreprise.

    Un levier de financement qui mobilise le secteur privé est l’émission d’obligations dites «vertes». Le Crédit agricole est l’une des premières banques privées à s’être lancée sur ce créneau, dès 2010.

    «La demande pour ce type de produits s’est beaucoup développée depuis deux ans. Côté émetteurs, cela a commencé avec les banques de développement puis les collectivités publiques et maintenant avec des entreprises privées ; côté investisseurs, les plus intéressés sont les grands investisseurs institutionnels», explique Stanislas Pottier, directeur du développement durable de Crédit agricole SA.

    D’ici à fin 2015, les obligations «vertes» devraient représenter à l’échelle mondiale 100 milliards de dollars. Le groupe Crédit agricole, qui détient 14 % de part de marché, s’est fixé un objectif de 20 milliards d’euros.

    Au-delà des questions d’éthique émerge la notion de risque. Ainsi, Amundi, la société de gestion d’actifs du Crédit agricole, propose des fonds de placement «bas carbone», c’est-à-dire sur des valeurs émettant moins de carbone. «Les investisseurs prennent conscience que cela va devenir de plus en plus risqué d’être exposé au carbone, avec peut-être la fixation d’un prix du carbone ou des réglementations plus strictes», commente Stanislas Potier. C’est l’idée que ces entreprises plus polluantes seront moins performantes.

    Source

    http://fortune.fdesouche.com/383037-climat-un-marche-100-milliards-de-dollars-pour-la-finance#more-383037

  • Chronique de livre: Capitaine Paul Watson "Earthforce, le manuel de l'eco-guerrier"

    Le présent ouvrage est l'édition française de Earthforce, An Earth Warrior's Guide to Strategy, paru en 1993 dans la langue de Shakespeare. Il s'agit d'un ouvrage clef de la bibliographie du Capitaine Paul Watson, activiste écologiste canadien qui serait un des fondateurs de Greenpeace en 1971, mais surtout le fondateur de la Sea Shepherd Conservation Society (SSCS) en 1977 suite à des désaccords avec les dirigeants de Greenpeace. Il a également participé comme personnel soignant à la défense de Wounded Knee, dans le Dakota du sud en 1975 avec l'American Indian Movement, contre les forces etats-uniennes.

    Engagé dès son plus jeune âge, Paul Watson est un homme d'expérience, souvent dépeint comme « le dernier pirate ». Il est une source d'inspiration, comme ce fut le cas pour Alice Ferney qui préface le manuel. C'est tout naturellement à Lamya Essemlali, présidente de la branche française de Sea Shepherd, qu'il est revenu de rédiger l'avant-propos de la présente édition. C'est grâce à elle que la SSCS a connu un fort développement en France sur les dernières années.

    Paul Watson présente tout d'abord ses quatre sources d'inspiration : Sun Tzu, général et stratège chinois du VIe siècle av. JC, Miyamoto Musashi, bushi et philosophe japonais du XVIIe siècle, Marshall McLuhan, théoricien de la communication décédé en 1980, et enfin Paul Watson lui-même. L'édition française débute par une autre source d'inspiration : Napoléon. L'objectif de Paul Watson est d'utiliser le savoir stratégique, tactique, médiatique et opérationnel de ses différentes sources d'inspiration pour les appliquer à l'écologie profonde. Il enrichit son propos de nombreuses citations de personnages plus ou moins célèbres et de nombreuses locutions latines. Le livre se termine d'ailleurs par les trente-six stratégies de Miyamoto Musashi actualisées et appliquées à l'écologie, comme par exemple l'art de l'invisibilité, la stratégie du grand frère ou même la stratégie du charme féminin...

    Trois autres parties d'inégale longueur constituent le manuel, les fondamentaux, le fondement spirituel de l'eco-guerrier et le continuum ; cette dernière partie peut elle-même être divisée entre une introduction plus philosophique et un développement en 13 points centré sur les aspects purement stratégiques. Les réflexions philosophiques ne sont pas dénuées d'intérêt dans ces différentes parties car elles permettent d'en apprendre plus sur ce qui motive Paul Watson et les siens, en particulier dans la partie intitulée « le Continuum ».

    La base même de sa philosophie, et donc de son engagement, est l'opposition entre la pensée biocentrique et la pensée anthropocentrique. Dans la pensée biocentrique, l'homme est une partie du vivant et il ne doit pas agir seulement pour son intérêt propre, mais pour l'ensemble du vivant. Cette pensée s'accompagne d'un respect des ancêtres, et de la conscience que nous ne faisons qu'emprunter notre planète à nos enfants. Nous sommes connectés entre générations mais également avec les êtres non-humains. La Terre y est « sacrée ». Nous pouvons voir ici l'influence chez Watson de la pensée amérindienne, d'autant qu'il fait également référence dans son ouvrage au rôle du chaman.

    La pensée anthropocentrique, à l'inverse, consiste à placer l'homme au centre de nos préoccupations et à faire passer l'humanité avant le reste du vivant. Paul Watson est donc plutôt critique envers le christianisme qui est, selon lui, une religion totalement anthropocentrique, ce qui rejoint d'ailleurs une partie de la pensée dite « néo-païenne » en Europe. Pour Paul Watson, les sociétés anthropocentriques accordent par exemple plus d'importance à la quantité de vie qu'à la qualité de vie, ce qui conduit à des périls mortels. Il défend au préalable l'avortement et considère que « […] vous êtes obligés, au sein du Continuum, d'assumer la responsabilité de la protection, de l'alimentation, du soutien et de l'éducation de l'enfant ». Il critique également le fait que les Etats-nations cherchent à accroître leur population par des politiques natalistes et par l'immigration dans le seul but de produire (industrie, agriculture) et de faire la guerre. On décèle dans l'ensemble une pensée malthusienne, anti-productiviste et anti-technicienne. Vous serez peut-être heurtés par certaines de ces considérations, l'auteur allant jusqu'à critiquer l'agriculture et à considérer qu'il ne faut pas accorder trop d'importance aux différentes créations humaines.

    Quant à l'aspect stratégique, qui est l'essentiel de l'ouvrage, il saura être utile quelque soit la cause qu'on défend. Il définit tout d'abord six stratégies (la stratégie du guérisseur, la stratégie du communicateur, la stratégie de l’artiste, la stratégie de l'agent infiltré, la stratégie de l'instigateur et la stratégie du chaman) qui correspondent surtout à des « profils militants ».

    Il consacre également de nombreuses pages au commandement et aux chefs dans la sous-partie 1, intitulée « Les préparatifs », et il détermine neuf sortes de chef (les chefs humanistes, les chefs dévoués, les chefs courtois, les chefs intelligents, les saints, les chefs de terrain, les chefs de première ligne, les chefs charismatiques et les grands chefs). On comprend assez vite que là aussi, tout est une question de profil et qu'il est assez absurde de déterminer des « chefs de tout » qui deviennent rapidement « les hommes orchestres » dont parlait Dominique Venner. Surtout, il insiste sur l'importance de la METHODE et de la DISCIPLINE [NDR : les mots sont en lettres capitales dans l'ouvrage]. Les 12 autres sous-parties sont également très intéressantes : « La duperie . L'art et l'usage de la duperie stratégique », « L'art de se battre sans se battre » (dont une page est consacrée à « Combattre vos alliés »), ou encore « L'utilisation des agents de renseignements » (agents locaux, agents infiltrés, agents doubles ou convertis, agents pions et agents survivants). On y sent la forte influence de Sun Tzu. Bien sûr, P. Watson explique également l'importance de contrôler son image, de connaître le monde des medias, de travailler sa communication et recommande la lecture de MacLuhan.

    Au final, cet ouvrage me paraît incontournable sur le plan de la réflexion, mais surtout de la stratégie pour quiconque désire agir avec sérieux et crédibilité. C'est une synthèse intéressante de diverses influences sur le sujet. Les principes qui animent P. Watson ne sont pas tellement différents de ceux de la droite radicale des années 70 (selon la terminologie alors en vigueur) : joindre l'action à la pensée, importance de la discipline, de la stratégie, de la tactique, de bien définir ses objectifs et l'importance d'accepter l'idée de la mort. En conséquence, je ne me suis pas senti vraiment en terres inconnues à la lecture de cet ouvrage, qui pourrait aisément être enrichi par une pensée plus « européo-centré » : je pense en particulier à la ruse incarnée par Ulysse dans l'Iliade et l'Odyssée, qui ne diffère pas tellement de la duperie dans la stratégie chinoise, à la pensée de Machiavel ou encore l'importance accordée à la nature dans les mythologies européennes.

    Jean / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • A l’horizon 2030, modes de vie frugaux et incantations pour de nouvelles valeurs

    Une étude prospective conduite par le Commissariat général au développement durable annonce un monde plus empathique et plus soutenable en raison de modes de vie plus sobres et plus collaboratifs, liés à une moindre consommation d’énergie, dans les prochaines décennies.

    Conduit par la Mission de prospective du Commissariat général au développement durable (CGDD) pour le ministère de l’écologie, nourri du travail de chercheurs, sociologues et de prospectivistes, le programme « Penser autrement les modes de vie à horizon 2030 » se veut « innovant et inédit tant dans la méthode prospective employée que dans sa manière d’appréhender les nouvelles manières de penser, de se mouvoir, de s’éduquer, d’habiter, de produire et de consommer ».

    L’étude qui en résulte, publiée en décembre 2014, souligne, dans un premier volet consacré au diagnostic des modes de vie de notre époque, que l’accélération des rythmes entraîne, paradoxalement, un sentiment de « pénurie de temps », voire de « harcèlement » qui peut déclencher l’aspiration à des modes de vie alternatifs – vie en solo, slow food, décroissance – afin de récupérer du temps pour soi.

    Aux États-Unis, les « Unplug challenges » ne connaissent-ils pas une vogue croissante ? L’enjeu est de tester sa capacité à rester 24 heures sans Internet. Pour le sociologue Hartmut Rosa, largement cité, « c’est une erreur culturelle de penser que la vie est bonne si elle va vite, si elle offre plus d’options, de possibilités », puisque « notre vie est réussie dans les moments de résonance ». Ce terme de résonance peut être compris comme « le sentiment que nous agissons dans un contexte qui nous répond, qui s’adresse à nous ».

    Prospérité sans croissance

    Une nouvelle conception de l’économie, mais aussi de la technologie et de l’humain, émerge face aux excès du productivisme : une prospérité sans croissance, selon les termes de l’économiste britannique Tim Jackson, qui vise l’épanouissement personnel plutôt que l’accumulation.

    « L’idée se répand dans le grand public que l’économie productiviste, à la recherche permanente de gains de productivité, génère du chômage de masse, appauvrit des franges croissantes de la population et aggrave la crise écologique », écrivent les co-auteurs de l’étude, parmi lesquels les sociologues Michèle Dobré et Roger Sue. 

    De fait, la décroissance est déjà là, consécutive à la délocalisation des industries, la montée des inégalités, la précarisation des classes populaires et d’une fraction grandissante des classes moyennes inférieures.

    Toutefois, ce processus décroissant n’apparaît pas simplement de nature socio-économique. C’est aussi un phénomène culturel fondé sur un nouveau rapport au temps, à l’utilité, au statut de l’objet, qui sert d’abord à communiquer, signe de relation et d’ouverture. Coopératives de travail, filières locales et équitables, crèches associatives, finance éthique en sont des exemples précurseurs.

    Renversement du paradigme productiviste, « l’économie du vivant » appréhende la société comme un écosystème où tout s’emboîte – humains, sociétés et nature. Cette économie épousera les spécificités des territoires.

    Exemple, la transition énergétique, qui « impliquera davantage la société civile et se fera à partir de micro-réseaux énergétiques décentralisés à l’échelon local. Il ne s’agira plus de distribuer une énergie unique à partir d’un réseau national centralisé, mais de combiner différentes sources d’énergie renouvelable en fonction des particularités locales, de leurs conditions climatiques particulières, des ressources permanentes disponibles (biomasse, biogaz, géothermie) dont elles disposent. L’enjeu est alors de constituer des territoires énergétiques autonomes ».

    Vers une économie de la frugalité

    A l’horizon 2030, l’hypothèse la plus probable est celle d’une « économie de la frugalité » fortement incitative de pratiques décroissantes, selon l’étude du CGDD. Cette économie de la frugalité se caractérisera par « une nécessaire évolution de la logique individualiste et matérialiste actuelle et le passage à des formes de consommation plus collectives. » Sera également plus collective la conception de la mobilité, davantage fondée sur le partage et l’usage que sur la propriété. L’innovation « frugale » se traduira par des pratiques de récupération, de recyclage et de réutilisation des objets. De nouveaux modèles de distribution iront vers les consommateurs, s’adapteront à leur parcours, plutôt que l’inverse. L’alimentation urbaine citadine se développera à travers l’aménagement de ceintures vivrières autour des villes, ou le développement du micro-jardinage.

    Au cœur de cette évolution, le paramètre énergétique sera déterminant. Sous la contrainte de la raréfaction de l’eau et du pétrole bon marché, on assistera à une mutation des pratiques agricoles, qui déterminera une évolution des modes de consommation alimentaires actuels. « L’idée d’auto-suffisance alimentaire a constitué le principe de départ d’actions collaboratives inspirées du mouvement international du « Do It Yourself » : jardins communautaires improvisés, entraide pour l’isolation des maisons, recyclage et réutilisation de l’existant. Progressivement, une agriculture urbaine, sous la forme de fermes et de jardins partagés, a pu se développer, transformant le paysage de l’ancienne cité industrielle », décrit l’étude à propos de la ville de Detroit (Michigan), aux Etats-Unis. « Des potagers se sont installés le long des parkings désertés. Chacun peut y participer aux travaux de culture, sans y être obligé pour consommer. Le matériel nécessaire était fourni par des associations ».

    Habiter, vivre, consommer, vieillir autrement, sont au coeur des enjeux et des débats actuels de société, traduisant les transitions et les difficultés actuelles, mais également les aspirations montantes à vivre « autrement ». « Ainsi, une logique écosystémique prend lentement le pas sur la logique linéaire de nos institutions, bien que les inerties institutionnelles et les avancées citoyennes ne soient pas encore en phase, ce qui donne l’impression d’une société bloquée », écrivent les auteurs. Il semble que nous soyons dans un moment intermédiaire où « l’ancien monde » ne veut pas mourir et où le « nouveau monde » ne parvient pas à naître.

    momentum institut

    http://fortune.fdesouche.com/381389-a-lhorizon-2030-modes-de-vie-frugaux-et-incantations-pour-de-nouvelles-valeurs#more-381389

  • Les frontières de notre planète et la prospérité humaine

    Par et Kate Raworth

     

    Le futur de l’humanité va dépendre de la réussite d’un numéro d’équilibriste. Ce défi va consister à subvenir aux besoins de plus de 10 milliards de personnes tout en préservant les systèmes planétaires dont dépend notre existence. Les dernières découvertes scientifiques nous désignent comme la génération qui est censée trouver cet équilibre. Voilà quelle lourde tâche nous incombe.

    Mettre fin à la pauvreté est devenu un objectif réaliste pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. Nous avons la capacité de faire en sorte que chaque personne sur la planète dispose de suffisamment de nourriture, d’eau, de logement, d’éducation, de services de santé et d’énergie nécessaires pour vivre sa vie dignement et pour la réussir.

    Mais nous ne serons en mesure d’y parvenir qu’à condition de protéger en même temps les systèmes terrestres fondamentaux: le climat, la couche d’ozone, les sols, la biodiversité, l’eau potable, les océans, les forêts et l’air. Et ces systèmes subissent une pression sans précédent.

    Depuis les 10.000 dernières années, le climat de la Terre a été remarquablement stable. Les températures mondiales ont augmenté et diminué d’à peine plus d’un degré Celsius (par rapport à des sautes de plus de huit degrés Celsius au cours du dernier âge glaciaire) et la résilience des écosystèmes répondaient alors aux besoins de l’humanité.
    Cette période connue sous le nom de l’Holocène, a fourni la stabilité qui a permis à la civilisation humaine d’émerger et de prospérer. Il est le seul état de la planète capable, selon les connaissances actuelles, de fournir une vie prospère à dix milliards de personnes.

    Mais les humains sont devenus à présent le plus important facteur de changement de l’écosystème terrestre, marquant ainsi le début d’une nouvelle ère géologique que certains appellent Anthropocène. Les scientifiques ne sont pas d’accord sur la date de début exacte de cette époque, mais elle peut être datée de quelque part autour de 1945, lorsque l’industrie moderne et l’agriculture ont commencé à augmenter fortement.

    Dans l’avenir, les géologues constateront des marqueurs révélateurs comme le carbone radioactif (les débris des explosions nucléaires) et les déchets de plastique éparpillés à la surface de la planète et incrustés dans la roche.

    Plus récemment, l’activité humaine a subi ce que l’on appelle la Grande accélération: l’intensification rapide de la consommation des ressources et la dégradation écologique. Nous risquons de perturber les systèmes terrestres fondamentaux et avec eux la civilisation moderne elle-même.

    La réponse de la planète à nos pressions risque d’être imprévisible. En effet, les surprises ont déjà commencé. Comme nous demandons trop de ressources à notre planète, elle commence à imposer des sanctions sur l’économie mondiale, sous la forme d’événements météorologiques extrêmes, comme la fonte accélérée des calottes glaciaires, une perte rapide de biodiversité et la vaste décoloration des récifs coralliens.

    Nous sommes confrontés au besoin urgent de définir une zone de sécurité, afin d’éviter de faire sortir notre planète de son stade holocène inhabituellement bienveillant. Le cadre théorique sur les limites planétaires, un groupe de scientifiques dont l’un d’entre nous (Johan) a fait une première publication en 2009, sert à cela.

    Il s’appuie sur les meilleures données scientifiques pour identifier les processus planétaires clés qui régissent la capacité de la Terre à entretenir des conditions de vie de type holocène. Pour chacun de ces processus, il propose une frontière (un plafond quantitatif), au-delà duquel nous risquons de provoquer des changements brusques susceptibles de pousser notre planète dans un état encore plus hostile pour l’humanité.

    Ces neuf limites comprennent le changement climatique, l’appauvrissement en ozone, l’acidification des océans, l’interférence dans les cycles mondiaux d’azote et de phosphore, le changement d’affectation des terres, la consommation mondiale d’eau potable, l’intégrité de la biosphère, la pollution de l’air et de nouvelles entités (comme les polluants organiques, les matières radioactives, les nanomatériaux et les micro-plastiques).

    Fait encore plus inquiétant, notre plus récente mise à jour de janvier (qui confirme ces neuf limites et améliore encore leur quantification), indique que l’humanité en a déjà transgressé quatre : le changement climatique, l’utilisation de l’azote et du phosphore, la perte de biodiversité et le changement d’affectation des terres.

    Notre défi consiste à ramener les systèmes terrestres dans la zone de sécurité, tout en nous assurant en même temps que chaque personne dispose des ressources nécessaires pour vivre une vie heureuse et épanouissante. Entre ces limites planétaires et sociales se situent les limites de la marge de manœuvre juste et sûre de l’humanité : les limites que nous devons respecter si nous voulons créer un monde écologiquement résilient et sans pauvreté.

    Le respect de ces objectifs va exiger une répartition beaucoup plus équitable des ressources de la planète et une bien plus grande efficacité dans notre manière de les utiliser. Si nous voulons nous assurer que notre planète reste celle sur laquelle toute l’humanité peut prospérer, nous devons poursuivre un nouveau paradigme de prospérité.

    Project Syndicate

    http://fortune.fdesouche.com/382221-les-frontieres-de-notre-planete-et-la-prosperite-humaine#more-382221

  • Concours Lépine : L’écologie récompensée

    A quelques heures de la fermeture de la Foire de Paris, porte de Versailles, le lauréat du Concours Lépine a été dévoilé samedi 9 mai dans la soirée. Trois artisans alsaciens ont été décorés pour leur invention. Dans un camion, 42 tonnes de machines capables de transformer des déchets agricoles en granulés pour les chaudières à bois.

     

    Ces inventeurs alsaciens repartent avec le prix du président de la République, la plus prestigieuse récompense du concours.

    Au concours Lépine chaque année, les récompenses pleuvent. Sur 600 inventions en lice cette année, une sur trois est repartie avec une récompense.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • LE DÉCLIN DU COURAGE

    Le 8 juin 1978, Alexandre Soljenitsyne, expulsé 4 années plus tôt de l’Union Soviétique, suite à la publication de son livre  » l’Archipel du goulag  » où il dénonce les abus du système concentrationnaire soviétique, va prononcer un discours resté mémorable dans les murs de la prestigieuse université américain d’Harvard, haut lieu de la formation des élites du monde entier. Ce discours aux accents prophétiques n’a rien perdu de son actualité. Jugez-en plutôt à la lecture de ces extraits !

    Le déclin du courage

    Le déclin du courage est peut-être le trait le plus saillant de l’Ouest aujourd’hui pour un observateur extérieur. Le monde occidental a perdu son courage civique, à la fois dans son ensemble et singulièrement, dans chaque pays, dans chaque gouvernement, dans chaque pays, et bien sûr, aux Nations Unies. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société toute entière. Bien sûr, il y a encore beaucoup de courage individuel, mais ce ne sont pas ces gens là qui donnent sa direction à la vie de la société. Les fonctionnaires politiques et intellectuels manifestent ce déclin, cette faiblesse, cette irrésolution dans leurs actes, leurs discours et plus encore, dans les considérations théoriques qu’ils fournissent complaisamment pour prouver que cette manière d’agir, qui fonde la politique d’un Etat sur la lâcheté et la servilité, est pragmatique, rationnelle et justifiée, à quelque hauteur intellectuelle et même morale qu’on se place….

    Le bonheur triste

    Quand les Etats occidentaux modernes se sont formés, fut posé comme principe que les gouvernements avaient pour vocation de servir l’homme, et que la vie de l’homme était orientée vers la liberté et la recherche du bonheur (en témoigne la déclaration américaine d’Indépendance.)Aujourd’hui, enfin, les décennies passées de progrès social et technique ont permis la réalisation de ces aspirations : un Etat assurant le bien-être général. Chaque citoyen s’est vu accorder la liberté tant désirée, et des biens matériels en quantité et en qualité propres à lui procurer, en théorie, un bonheur complet, mais un bonheur au sens appauvri du mot, tel qu’il a cours depuis ces mêmes décennies.

    Au cours de cette évolution, cependant, un détail psychologique a été négligé : le désir permanent de posséder toujours plus et d’avoir une vie meilleure, et la lutte en ce sens, ont imprimé sur de nombreux visages à l’Ouest les marques de l’inquiétude et même de la dépression, bien qu’il soit courant de cacher soigneusement de tels sentiments. Cette compétition active et intense finit par dominer toute pensée humaine et n’ouvre pas le moins du monde la voie à la liberté du développement spirituel.

    L’indépendance de l’individu à l’égard de nombreuses formes de pression étatique a été garantie ; la majorité des gens ont bénéficié du bien-être, à un niveau que leurs pères et leurs grands-pères n’auraient même pas imaginé ; il est devenu possible d’élever les jeunes gens selon ces idéaux, de les préparer et de les appeler à l’épanouissement physique, au bonheur, au loisir, à la possession de biens matériels, l’argent, les loisirs, vers une liberté quasi illimitée dans le choix des plaisirs. Pourquoi devrions-nous renoncer à tout cela ? Au nom de quoi devrait-on risquer sa précieuse existence pour défendre le bien commun, et tout spécialement dans le cas douteux où la sécurité de la nation aurait à être défendue dans un pays lointain ?

    Même la biologie nous enseigne qu’un haut degré de confort n’est pas bon pour l’organisme. Aujourd’hui, le confort de la vie de la société occidentale commence à ôter son masque pernicieux….

    De la difficulté de faire du bien

    Aujourd’hui la société occidentale nous révèle qu’il règne une inégalité entre la liberté d’accomplir de bonnes actions et la liberté d’en accomplir de mauvaises. Un homme d’Etat qui veut accomplir quelque chose d’éminemment constructif pour son pays doit agir avec beaucoup de précautions, avec timidité pourrait-on dire. Des milliers de critiques hâtives et irresponsables le heurtent de plein fouet à chaque instant. Il se trouve constamment exposé aux traits du Parlement, de la presse. Il doit justifier pas à pas ses décisions, comme étant bien fondées et absolument sans défauts. Et un homme exceptionnel, de grande valeur, qui aurait en tête des projets inhabituels et inattendus, n’a aucune chance de s’imposer : d’emblée on lui tendra mille pièges. De ce fait, la médiocrité triomphe sous le masque des limitations démocratiques…

    Du mauvais usage de la liberté

    D’un autre côté, une liberté destructrice et irresponsable s’est vue accorder un espace sans limite. Il s’avère que la société n’a plus que des défenses infimes à opposer à l’abîme de la décadence humaine, par exemple en ce qui concerne le mauvais usage de la liberté en matière de violence morale faites aux enfants, par des films tout pleins de pornographie, de crime, d’horreur. On considère que tout cela fait partie de la liberté, et peut être contrebalancé, en théorie, par le droit qu’ont ces mêmes enfants de ne pas regarder et de refuser ces spectacles. L’organisation légaliste de la vie a prouvé ainsi son incapacité à se défendre contre la corrosion du mal. (…)

    L’évolution s’est faite progressivement, mais il semble qu’elle ait eu pour point de départ la bienveillante conception humaniste selon laquelle l’homme, maître du monde, ne porte en lui aucun germe de mal, et tout ce que notre existence offre de vicié est simplement le fruit de systèmes sociaux erronés qu’il importe d’amender. Et pourtant, il est bien étrange de voir que le crime n’a pas disparu à l’Ouest, alors même que les meilleures conditions de vie sociale semblent avoir été atteintes. Le crime est même bien plus présent que dans la société soviétique, misérable et sans loi. (…)

    L’Occident : un modèle… ? De quoi ?

    Il est universellement admis que l’Ouest montre la voie au monde entier vers le développement économique réussi, même si dans les dernières années il a pu être sérieusement entamé par une inflation chaotique. Et pourtant, beaucoup d’hommes à l’Ouest ne sont pas satisfaits de la société dans laquelle ils vivent. Ils la méprisent, ou l’accusent de plus être au niveau de maturité requis par l’humanité. Et beaucoup sont amenés à glisser vers le socialisme, ce qui est une tentation fausse et dangereuse. J’espère que personne ici présent ne me suspectera de vouloir exprimer une critique du système occidental dans l’idée de suggérer le socialisme comme alternative. Non, pour avoir connu un pays où le socialisme a été mis en oeuvre, je ne prononcerai pas en faveur d’une telle alternative. (…)

    Mais si l’on me demandait si, en retour, je pourrais proposer l’Ouest, en son état actuel, comme modèle pour mon pays, il me faudrait en toute honnêteté répondre par la négative. Non, je ne prendrais pas votre société comme modèle pour la transformation de la mienne. On ne peut nier que les personnalités s’affaiblissent à l’Ouest, tandis qu’à l’Est elles ne cessent de devenir plus fermes et plus fortes. Bien sûr, une société ne peut rester dans des abîmes d’anarchie, comme c’est le cas dans mon pays. Mais il est tout aussi avilissant pour elle de rester dans un état affadi et sans âme de légalisme, comme c’est le cas de la vôtre. Après avoir souffert pendant des décennies de violence et d’oppression, l’âme humaine aspire à des choses plus élevées, plus brûlantes, plus pures que celles offertes aujourd’hui par les habitudes d’une société massifiée, forgées par l’invasion révoltante de publicités commerciales, par l’abrutissement télévisuel, et par une musique intolérable.

    Tout cela est sensible pour de nombreux observateurs partout sur la planète. Le mode de vie occidental apparaît de moins en moins comme le modèle directeur. Il est des symptômes révélateurs par lesquels l’histoire lance des avertissements à une société menacée ou en péril. De tels avertissements sont, en l’occurrence, le déclin des arts, ou le manque de grands hommes d’Etat. Et il arrive parfois que les signes soient particulièrement concrets et explicites. Le centre de votre démocratie et de votre culture est-il privé de courant pendant quelques heures, et voilà que soudainement des foules de citoyens Américains se livrent au pillage et au grabuge. C’est que le vernis doit être bien fin, et le système social bien instable et mal en point.

    La vraie cause du déclin de l’Occident :

    Mais le combat pour notre planète, physique et spirituel, un combat aux proportions cosmiques, n’est pas pour un futur lointain ; il a déjà commencé. Les forces du Mal ont commencé leur offensive décisive. Vous sentez déjà la pression qu’elles exercent, et pourtant, vos écrans et vos écrits sont pleins de sourires sur commande et de verres levés. Pourquoi toute cette joie ?

    Comment l’Ouest a-t-il pu décliner, de son pas triomphal à sa débilité présente ? A-t-il connu dans son évolution des points de non-retour qui lui furent fatals, a-t-il perdu son chemin ? Il ne semble pas que cela soit le cas. L’Ouest a continué à avancer d’un pas ferme en adéquation avec ses intentions proclamées pour la société, main dans la main avec un progrès technologique étourdissant. Et tout soudain il s’est trouvé dans son état présent de faiblesse. Cela signifie que l’erreur doit être à la racine, à la fondation de la pensée moderne. Je parle de la vision du monde qui a prévalu en Occident à l’époque moderne. Je parle de la vision du monde qui a prévalu en Occident, née à la Renaissance, et dont les développements politiques se sont manifestés à partir des Lumières. Elle est devenue la base da la doctrine sociale et politique et pourrait être appelée l’humanisme rationaliste, ou l’autonomie humaniste : l’autonomie proclamée et pratiquée de l’homme à l’encontre de toute force supérieure à lui. On peut parler aussi d’anthropocentrisme : l’homme est vu au centre de tout.

    Historiquement, il est probable que l’inflexion qui s’est produite à la Renaissance était inévitable. Le Moyen Age en était venu naturellement à l’épuisement, en raison d’une répression intolérable de la nature charnelle de l’homme en faveur de sa nature spirituelle. Mais en s’écartant de l’esprit, l’homme s’empara de tout ce qui est matériel, avec excès et sans mesure. La pensée humaniste, qui s’est proclamée notre guide, n’admettait pas l’existence d’un mal intrinsèque en l’homme, et ne voyait pas de tâche plus noble que d’atteindre le bonheur sur terre. Voilà qui engagea la civilisation occidentale moderne naissante sur la pente dangereuse de l’adoration de l’homme et de ses besoins matériels. Tout ce qui se trouvait au-delà du bien-être physique et de l’accumulation de biens matériels, tous les autres besoins humains, caractéristiques d’une nature subtile et élevée, furent rejetés hors du champ d’intérêt de l’Etat et du système social, comme si la vie n’avait pas un sens plus élevé. De la sorte, des failles furent laissées ouvertes pour que s’y engouffre le mal, et son haleine putride souffle librement aujourd’hui. Plus de liberté en soi ne résout pas le moins du monde l’intégralité des problèmes humains, et même en ajoute un certain nombre de nouveaux.

    Perte de la valeur fondamentale originelle

    Et pourtant, dans les jeunes démocraties, comme la démocratie américaine naissante, tous les droits de l’homme individuels reposaient sur la croyance que l’homme est une créature de Dieu. C’est-à-dire que la liberté était accordée à l’individu de manière conditionnelle, soumise constamment à sa responsabilité religieuse. Tel fut l’héritage du siècle passé.

    Toutes les limitations de cette sorte s’émoussèrent en Occident, une émancipation complète survint, malgré l’héritage moral de siècles chrétiens, avec leurs prodiges de miséricorde et de sacrifice. Les Etats devinrent sans cesses plus matérialistes. L’Occident a défendu avec succès, et même surabondamment, les droits de l’homme, mais l’homme a vu complètement s’étioler la conscience de sa responsabilité devant Dieu et la société. Durant ces dernières décennies, cet égoïsme juridique de la philosophie occidentale a été définitivement réalisé, et le monde se retrouve dans une cruelle crise spirituelle et dans une impasse politique. Et tous les succès techniques, y compris la conquête de l’espace, du Progrès tant célébré n’ont pas réussi à racheter la misère morale dans laquelle est tombé le XXème siècle, que personne n’aurait pu encore soupçonner au XIXème siècle.

    Effets et développements historiques de l’humanisme

    L’humanisme dans ses développements devenant toujours plus matérialiste, il permit avec une incroyable efficacité à ses concepts d’être utilisés d’abord par le socialisme, puis par le communisme, de telle sorte que Karl Marx pût dire, en 1844, que  » le communisme est un humanisme naturalisé.  » Il s’est avéré que ce jugement était loin d’être faux. On voit les mêmes pierres aux fondations d’un humanisme altéré et de tout type de socialisme : un matérialisme sans frein, une libération à l’égard de la religion et de la responsabilité religieuse, une concentration des esprits sur les structures sociales avec une approche prétendument scientifique. Ce n’est pas un hasard si toutes les promesses rhétoriques du communisme sont centrées sur l’Homme, avec un grand H, et son bonheur terrestre. A première vue, il s’agit d’un rapprochement honteux : comment, il y aurait des points communs entre la pensée de l’Ouest et de l’Est aujourd’hui ? Là est la logique du développement matérialiste. (…)

    L’illusion de l’humanisme

    Il est une catastrophe qui pour beaucoup est déjà présente pour nous. Je veux parler du désastre d’une conscience humaniste parfaitement autonome et irréligieuse.

    Elle a fait de l’homme la mesure de toutes choses sur terre, l’homme imparfait, qui n’est jamais dénué d’orgueil, d’égoïsme, d’envie, de vanité, et tant d’autres défauts. Nous payons aujourd’hui les erreurs qui n’étaient pas apparues comme telles au début de notre voyage. Sur la route qui nous a amenés de la Renaissance à nos jours, notre expérience s’est enrichie, mais nous avons perdu l’idée d’une entité supérieure qui autrefois réfrénait nos passions et notre irresponsabilité.

    Nous avions placé trop d’espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu’on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. A l’Est, c’est la foire du Parti qui la foule aux pieds, à l’Ouest la foire du Commerce : ce qui est effrayant, ce n’est même pas le fait du monde éclaté, c’est que les principaux morceaux en soient atteints d’une maladie analogue. Si l’homme, comme le déclare l’humanisme, n’était né que pour le bonheur, il ne serait pas né non plus pour la mort. Mais corporellement voué à la mort, sa tâche sur cette terre n’en devient que plus spirituelle : non pas un gorgement de quotidienneté, non pas la recherche des meilleurs moyens d’acquisition, puis de joyeuse dépense des biens matériels, mais l’accomplissement d’un dur et permanent devoir, en sorte que tout le chemin de notre vie devienne l’expérience d’une élévation avant tout spirituelle : quitter cette vie en créatures plus hautes que nous n’y étions entrés.

    Ultimatum pour un changement profond

    Il est impératif que nous revoyions à la hausse l’échelle de nos valeurs humaines. Sa pauvreté actuelle est effarante. Il n’est pas possible que l’aune qui sert à mesurer de l’efficacité d’un président se limite à la question de combien d’argent l’on peut gagner, ou de la pertinence de la construction d’un gazoduc. Ce n’est que par un mouvement volontaire de modération de nos passions, sereine et acceptée par nous, que l’humanité peut s’élever au-dessus du courant de matérialisme qui emprisonne le monde.

    Quand bien même nous serait épargné d’être détruits par la guerre, notre vie doit changer si elle ne veut pas périr par sa propre faute. Nous ne pouvons nous dispenser de rappeler ce qu’est fondamentalement la vie, la société. Est-ce vrai que l’homme est au-dessus de tout ? N’y a-t-il aucun esprit supérieur au-dessus de lui ? Les activités humaines et sociales peuvent-elles légitimement être réglées par la seule expansion matérielle ? A-t-on le droit de promouvoir cette expansion au détriment de l’intégrité de notre vie spirituelle ?

    Si le monde ne touche pas à sa fin, il a atteint une étape décisive dans son histoire, semblable en importance au tournant qui a conduit du Moyen-âge à la Renaissance. Cela va requérir de nous un embrasement spirituel. Il nous faudra nous hisser à une nouvelle hauteur de vue, à une nouvelle conception de la vie, où notre nature physique ne sera pas maudite, comme elle a pu l’être au Moyen-âge, mais, ce qui est bien plus important, où notre être spirituel ne sera pas non plus piétiné, comme il le fut à l’ère moderne.

    Notre ascension nous mène à une nouvelle étape anthropologique. Nous n’avons pas d’autre choix que de monter … toujours plus haut. »

    http://www.actionroyaliste.com/

  • La Monarchie, une nécessité écologique.

    Je suis en train de préparer mon intervention au colloque « Dessine-moi un roi », organisé par l'Action Française samedi prochain, intervention qui portera sur ce que pourrait faire la Monarchie en matière d'écologie : sujet passionnant qui permettra, je l'espère, de démontrer aussi qu'elle est le régime le plus à même de comprendre le « souci environnemental » et d'y répondre, concrètement.

    Car aujourd'hui, il y a une urgence écologique : le dérèglement climatique inquiète ; l'artificialisation des terres progresse quand la déforestation et l'asséchement inconsidéré des zones humides se poursuivent et, parfois, s'accélèrent, y compris dans notre pays ; la biodiversité, végétale comme animale, s'effondre malgré les efforts de nombre d'associations de protection de la nature ; les pollutions se multiplient et le nombre de décès annuels liés à celles-ci semblent augmenter, jusqu'à atteindre, en France, 40.000, soit une centaine de personnes chaque jour ; etc. La liste est longue des atteintes à l'environnement, à notre environnement, et elle n'a pas fini de s'allonger, malgré les annonces multiples et variées de « développement durable » faites par le gouvernement ou les municipalités qui se réfugient derrière cette formule magique mais peu crédible au regard des réalités environnementales...

    Alors, désormais, la présence d'écologistes (ou prétendus tels...) au gouvernement ne suffira pas pour inverser une tendance lourde (et néfaste) qui entraîne notre pays vers un dramatique stress environnemental par le simple fait de la poursuite de cette société de consommation trop énergivore et trop pollueuse. Un gouvernement écologiste lui-même serait insuffisant, prisonnier des contingences électorales et des féodalités économiques et financières qui auraient tôt fait de rappeler leur existence et leurs exigences, pas forcément appropriées à l'exercice d'une politique environnementale crédible et durable...

    En fait, au-delà d'un gouvernement forcément de passage si l'on suit la logique électorale de nos démocraties contemporaines, c'est, véritablement, un État écologique qu'il faut promouvoir et installer dans la durée : n'est-ce pas justement la Monarchie qui peut le mieux répondre à cette exigence de la durée, « renouvelée » par le mode de succession du père au fils, mode le plus naturel et le plus humain qui soit ?

    http://nouvelle-chouannerie.com/