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économie et finance - Page 524

  • Après les Mistral, les Rafale ?

    C’est officiel, le gouvernement indien l’a annoncé le 31 juillet : l’Inde abandonne l’appel d’offres remporté par le Rafale en 2012 qui portait sur l’achat de 126 avions du constructeur Dassault, dont 108 auraient été fabriqués en Inde. Il était en fait question de cet abandon depuis le 10 avril dernier, quand New Delhi avait décidé d’acheter 36 Rafale livrés depuis la France. Il semble d’ailleurs que cette acquisition ait aussi servi à négocier la sortie du contrat « MMRCA » sans pénalités pour l’Inde. Si certains, comme « Les Français Libres », un collectif de Français vivant en Russie qui ont lancé un appel publié le 3 août sur le site du Figaro, y voient une marque de défiance envers la France après l’annulation de la vente des navires Mistral à la Russie, côté indien il s’agit surtout d’un problème de coût.
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    En effet, la fabrication de 108 Rafale en Inde, du fait de la nécessité de mettre en place les chaînes de production et le réseau de sous-traitants, devait porter la facture pour l’Inde à 20 milliards de dollars au lieu des 12 prévus initialement, contre « seulement » 4 milliards pour les 36 Rafale « prêts à l’emploi » fabriqués en France. Autre pierre d’achoppement du contrat MMRCA, la société Dassault n’était pas prête à donner toutes les garanties demandées par le gouvernement indien pour un avion dont elle n’allait pas maîtriser elle-même toutes les étapes de fabrication.

    Les discussions traînaient donc, alors que l’Inde a un besoin urgent de ces nouveaux avions. L’armée de l’air indienne en voudrait même 20 de plus, mais, contraintes budgétaires obligent, elle ne les aura pas, ou en tout cas pas pour le moment. Elle compte donc sur les premières livraisons de Rafale d’ici à deux ans pour compléter ses escadrons. Il lui faudrait, d’après ses estimations, au moins 42 escadrons de 18 appareils chacun pour pouvoir faire face à un conflit simultané avec la Chine et le Pakistan, et elle n’en aura plus que 32 à la fin de l’année, avec l’abandon progressif de ses vieux MiG-21 et MiG-27 de fabrication soviétique.

    Or la Chine a, de son côté, beaucoup développé ses capacités de fabrication d’avions de chasse modernes, avec l’aide de la Russie. Une Russie qui est également le premier fournisseur d’armements et d’avions de chasse de l’Inde, avec laquelle elle développe un avion de chasse furtif de 5e génération. L’Inde n’a toutefois pas renoncé à construire elle-même une part importante de sa flotte, et un nouvel appel d’offres pourrait être lancé pour un nouveau contrat MMRCA portant sur 90 avions en remplacement du contrat qui n’a pas abouti avec Dassault, ainsi que l’annonçait le Times of India le 2 août. Tous les constructeurs qui avaient perdu la compétition face à l’avion français pourraient être à nouveau mis en concurrence.
    Outre ses avions de fabrication russe, l’armée de l’air indienne possède actuellement une cinquantaine de Mirage 2 000 français. Des Mirage 2 000 qui ont été particulièrement appréciés pour leurs performances dans le conflit des Kargil avec le Pakistan en 1999. L’Inde développe aussi son propre avion de chasse, le HAL Tejas, dont le premier exemplaire a été livré à son armée de l’air en janvier dernier.

    Olivier Bault

    http://fr.novopress.info/191212/apres-les-mistral-les-rafale/

  • Grèce : le gouvernement émet des tickets d’approvisionnement pour lutter contre la misère

    Le gouvernement a dû émettre des tickets d’approvisionnement alors que l’Eglise et les ONG amplifient leurs efforts.

    «En Grèce, les enfants et les familles connaissent l’horreur de la faim et du dénuement», a alerté cette semaine Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français, en lançant un appel à la générosité. La situation, qui n’a cessé de se dégrader ces derniers mois, devient en effet dramatique.

    Le gouvernement a ainsi décidé de mettre en circulation des cartes alimentaires prépayées, utilisables dans 5000 magasins d’alimentation. Elles sont destinées à près de 150 000 personnes: familles nombreuses, monoparentales, avec enfants handicapés, ou chômeurs de longue durée. Cette mesure a été prise en urgence, car le filet social existant ne suffit plus.

    Le rapport 2014 des œuvres sociales de l’Eglise orthodoxe faisait pourtant déjà état de plus de 500 000 personnes secourues par 280 soupes populaires et plus de 75 000 Grecs aidés dans 150 «magasins sociaux», pour un coût total de 120 millions d’euros. Les mairies sont aussi impliquées, dont celle d’Athènes qui a vu la demande en aliments, médicaments et habits exploser ces dernières semaines.

    Des associations offrent également des douches et des générateurs à ceux qui n’ont plus d’eau ou d’électricité. Avec l’aide de nombreux bénévoles, souvent démunis eux-mêmes. Mais pour eux, aider les autres est le seul antidépresseur qu’il leur reste.

    Les entreprises s’y mettent à leur tour. Venetis, une chaîne boulangère de 80 magasins, distribue ainsi gratuitement plus de 100?000 pains par jour, le tiers de sa production. Car pour Panagiotis Monembasiotis, son directeur général, «avec ce 3e plan de rigueur qui commence, il n’y aura bientôt plus de consommateurs en Grèce, il ne restera que des mendiants».

    Dans les beaux quartiers, les gens vont discrètement le soir chercher leur pain offert. Ailleurs, on n’a plus cette honte. Fotis Pedikas, peintre au chômage, attend chaque jour la dernière heure pour aller au marché en plein air, quand les prix baissent de moitié. Les plus mauvais jours, il ramasse les fruits jetés, ou récupère autour des poubelles les sacs plastiques avec les restes des repas que d’autres laissent exprès. Et dans un grand éclat de rire, il interpelle le premier ministre Alexis Tsipras, qui a signé le fameux accord avec les créanciers du pays afin de rester dans la zone euro: «Pour que la Grèce continue d’appartenir au Club, faut-il que les Grecs meurent?»

    Merci à Stormisbrewing

    TDG.ch

    http://fortune.fdesouche.com/387827-la-grece-senfonce-dans-la-misere#more-387827

  • Les temps sont proches, la renaissance de la France approche

    Le revirement de l'opinion est perceptible comme il y a quarante ans. La néo-mitterrandie délabrée, confite dans ses dogmes de plus en plus utopistes et funestes, se raidit et sa crispation accentuera sa chute.

     

    Au détour d’un article, j’apprends qu’Élisabeth Lévy a été gentiment écartée de l’émission quotidienne « On refait le monde » du sieur Fogiel sur les ondes RTL. J’aimais bien écouter Élisabeth du temps où cette émission était encore presque supportable.

    Depuis, mon médecin (il se reconnaîtra, c’est un lecteur assidu de Boulevard Voltaire ; bonjour, docteur !) m’a formellement interdit l’écoute de la propagande des « Ruquiel », Fogier », « Poujade » et autres « Apathique ». C’est mauvais pour mon intestin, je passe le conseil à tous nos chers lecteurs.

    Je n’aurai donc pas le plaisir d’écouter ces débats passionnés et passionnants entre des représentants équitablement répartis de tout l’échiquier politique français, du centre gauche à l’extrême gauche en passant par les diverses nuances de la gauche.

    Peut-être même y entendra-t-on, une fois par mois, un juppéiste tout tremblant et éperdu de reconnaissance de pouvoir s’exprimer pendant trois ou quatre minutes.

    Mais, voyez-vous, mes amis, dans tout cela je sens de l’espoir, même au cœur d’un été plutôt inquiétant, voire sinistre.

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  • Aux sources du capitalisme indien

    Aujourd’hui la 10e puissance mondiale en termes de valeur nominale du PIB, l’Inde reste largement absente des travaux comparatifs sur les variétés du capitalisme contemporain. L’historien de l’économie Claude Markovits revient ici sur le rôle du colonialisme, de la diaspora ou encore de la caste sur l’évolution de l’industrie et du capitalisme en Inde.

    Quel a été l’impact de la période coloniale britannique sur le développement de l’industrie et l’expansion du capitalisme après l’indépendance ?

    Claude Markovits: C’est une idée fort répandue en Inde que l’héritage de la période coloniale a pesé lourd sur le développement industriel et l’expansion du capitalisme après l’indépendance. Mais, quand on cherche à définir plus précisément les aspects négatifs de l’héritage colonial, on se heurte à certaines difficultés.

    La vulgate nationaliste indienne associe la période coloniale à un processus de «désindustrialisation », qui renvoie surtout au déclin de certaines productions artisanales, en particulier dans le textile. Cette question a fait l’objet de nombreux débats dans les années 1980, mais la notion de désindustrialisation a été contestée plus récemment par Tirthankar Roy (Roy, Traditional Industry in the Economy of Colonial India, Cambridge UP, 1999), qui a souligné la résilience de certains secteurs artisanaux.

    Par ailleurs une assez puissante industrie moderne s’est développée en Inde à partir du milieu du XIXe siècle, d’abord dans le textile, puis dans d’autres branches (sidérurgie avec les usines Tata inaugurées en 1911, cimenteries, sucreries). Bien que les capitaux britanniques aient joué un rôle dominant dans certains secteurs comme l’industrie du jute, c’est le capital indien qui a été le moteur principal de ce processus de développement industriel colonial, et la période 1860-1947 a vu la naissance d’un certain nombre de grands groupes capitalistes, dont les deux plus connus sont Tata et Birla.

    Capitalisme et domination coloniale

    À l’indépendance donc l’Inde était le seul parmi les pays coloniaux à disposer d’une certaine infrastructure industrielle et d’une classe d’entrepreneurs déjà ancienne.

    Cependant cette avance apparente masquait des déséquilibres profonds, dont le poids allait se faire sentir de façon durable. L’Inde restait un pays agraire, et l’archaïsme des structures agraires mises en place pendant la période coloniale constituait un formidable obstacle au développement d’une économie moderne.

    L’industrie, après des débuts difficiles, s’était largement édifiée à partir de 1918 à l’abri de barrières douanières, et était donc peu compétitive au niveau international. Par ailleurs la plupart des branches avaient une structure fortement oligopolistique, qui faisait obstacle à l’entrée de nouveaux venus.

    Enfin le secteur industriel était largement aux mains de firmes qui opéraient selon une logique plus financière qu’industrielle, et le secteur bancaire, pour sa part, encore dominé par des intérêts étrangers, n’était pas du tout orienté vers le soutien à l’industrie. Donc la nature même du secteur capitaliste privé qui s’était édifié pendant la période coloniale le rendait peu à même d’enclencher un processus de développement rapide.

    D’où la nécessité d’une intervention importante de l’État dans l’économie, à laquelle la plupart des capitalistes eux-mêmes s’étaient ralliés, comme en témoigne le « plan de Bombay » (voir ci-dessous) publié par les plus grands d’entre eux en 1944, qui se prononçait pour un modèle d’économie mixte.

    Dans quelle mesure les institutions, réseaux et structures du capitalisme indien ont-ils été forgés par le contact prolongé avec le modèle britannique ?

    Claude Markovits : La réponse à cette question ne peut être que nuancée. L’Inde pré-coloniale avait une forte tradition marchande, et se caractérisait par l’existence pluriséculaire de puissants réseaux commerciaux et financiers dont les ramifications s’étendaient d’ailleurs bien au-delà du sous-continent, allant des côtes de l’Afrique orientale jusqu’au détroit de Malacca, sans parler d’une pénétration jusqu’au fin fond de l’Asie Centrale.

    Ces réseaux utilisaient un instrument de crédit, le hundi, sorte de lettre de change, qui permettait la circulation de fonds sur de très grandes distances, et ils étaient au fait des techniques financières les plus avancées comme la comptabilité en partie double. Cependant on remarquait dans cet univers l’absence d’une lex mercatoria comparable à celle qui s’était développée en Europe.

    Dans la mesure où les transactions ponctuelles (« spot transactions ») prédominaient, une législation réglementant les contrats ne paraissait pas nécessaire, et les disputes se réglaient en général dans le cadre de guildes fortement auto-régulées.

    Dans ce domaine, la principale innovation coloniale fut l’introduction graduelle du droit commercial britannique, en particulier les lois sur les sociétés par actions (« joint-stock companies »). Cependant elle eut des aspects pervers, car le capitalisme indien resta familial, et l’existence d’une entité juridique appelée la « Hindu joint family », qui bénéficiait d’une forte protection légale permettait en fait aux capitalistes, qui étaient en grande majorité Hindous, de s’émanciper largement des stipulations du droit commercial en matière de transmission d’héritage, de faillite, etc.

    Donc on vit se mettre en place un système hybride dans lequel des firmes familiales purent profiter des innovations institutionnelles introduites par les Britanniques, sans avoir à se soumettre aux obligations de transparence induites par la législation sur les sociétés.

    Par ailleurs la sphère financière fut réglementée dans le but de limiter l’importance des instruments financiers comme les hundi et de favoriser le développement d’un système bancaire moderne. Ce ne fut qu’un demi-succès, et le système financier « informel », connu maintenant en général sous le terme de hawala, demeure important en Inde, en particulier pour le financement des petites et moyennes entreprises, et pour le transfert des fonds des émigrés de l’étranger vers l’Inde.

    Cependant, certaines institutions introduites par les Britanniques ont eu une influence durable sur la structure du capitalisme indien. Je pense en particulier à la « managing agency », un système de gestion qui permettait à quelques individus de gérer de nombreuses sociétés sans posséder nécessairement la majorité du capital, par le biais d’un contrat de gestion qui leur donnait de facto le contrôle de l’entreprise en les dispensant de demander l’avis des actionnaires.

    Créé au départ en raison du déséquilibre entre le petit nombre de managers britanniques compétents présents en Inde, et le grand nombre de sociétés à gérer, ce système fit l’objet d’une appropriation par les capitalistes indiens, qui l’utilisèrent en particulier pour la gestion des usines textiles à Bombay. Il donna lieu à de nombreux abus, les managers recevant en général une rémunération fixe, indépendante de la performance, ce qui favorisait des formes d’ « asset-stripping », mais il ne fut aboli qu’en 1970.

    Combiné avec la « joint Hindu family », il favorisa une concentration du capital entre les mains d’opérateurs qui n’étaient pas nécessairement les plus compétents, et pour qui la prospérité des actionnaires était souvent le dernier des soucis. Donc, plutôt que de l’influence d’un « modèle » britannique importé de la métropole, il faudrait parler d’une hybridation entre des formes de capitalisme indigène et des institutions de type britannique adaptées au climat indien des affaires.

    Peut-on parler d’un « capitalisme nehruvien » et quelles en seraient les caractéristiques ?

    L’expression paraît presque un oxymore, dans la mesure où l’on associe plutôt généralement la figure de Jawaharlal Nehru, premier ministre de l’Inde de 1947 à sa mort en 1964, au développement du « socialisme à l’indienne », qui devint à partir de 1955 la doctrine officielle du Parti du Congrès.

    Cependant elle n’est pas dépourvue de pertinence, et un auteur comme Charles Bettelheim, dans l’Inde indépendante (Paris, Armand Colin, 1962) n’est pas loin de la reprendre à son compte. Bettelheim insistait en effet sur le fait que, malgré l’adhésion formelle du Congrès à une forme de socialisme, l’Inde était clairement un pays capitaliste.

    Le capitalisme indien dans l’Inde indépendante

    Le capitalisme de l’ère Nehru présentait cependant certaines spécificités par rapport d’une part au capitalisme de l’ère coloniale qui le précédait et d’autre part par rapport aux formes de capitalisme plus libéral qui se développèrent en Inde à partir du début des années 1980.

    C’était un capitalisme dans lequel l’État jouait un rôle important, mais en conjonction étroite avec un secteur privé resté puissant. Les origines de ce système original remontent à 1938 quand le parti du Congrès a créé un National Planning Committee dans le but de coordonner les politiques économiques des différents gouvernements provinciaux qu’il contrôlait depuis les élections de 1937 (tenues dans le cadre d’une nouvelle constitution coloniale introduite en 1935), et de jeter les bases d’une planification de l’économie d’une future Inde indépendante.

    Au sein de ce comité, des dirigeants nationalistes, en particulier Nehru, se retrouvaient avec des représentants des principaux groupes capitalistes indiens. Le comité suspendit ses travaux à la fin de 1939 quand les gouvernements congressistes provinciaux démissionnèrent, mais les principaux capitalistes publièrent en 1944 une esquisse de plan, connu sous le nom de « Bombay Plan », qui servit en fait de projet (« blueprint ») pour l’élaboration du premier plan quinquennal indien (1951-55).

    Ce plan, aux objectifs de croissance relativement modestes, prévoyait une étroite collaboration entre secteur public et secteur privé, en particulier dans le secteur industriel. Il optait pour une forme de « planification indicative » à la française plutôt qu’une « planification impérative » à la soviétique. Il définissait quelques objectifs généraux en termes de croissance (qui ne furent d’ailleurs pas atteints), mais ne cherchait pas à orienter plus décisivement l’action des agents économiques.

    Une étape décisive dans l’histoire de la planification indienne fut l’adoption du second plan (1956-60), dont l’inspirateur fut le Professeur P. C. Mahalanobis, directeur de l’Indian Statistical Institute. Cependant, comme Bettelheim le montre dans son livre, la première version (« draft ») de Mahalanobis, qui donnait la priorité, sur le modèle des plans soviétiques, à l’industrie lourde, fut en partie modifié pour inclure des allocations plus importantes aux industries de biens de consommation et au secteur des transports.

    Ses objectifs étaient nettement plus ambitieux que ceux du premier plan, et, bien qu’ils n’aient pu être entièrement réalisés, la croissance économique de l’Inde s’accéléra nettement au cours de cette période. Les réalisations les plus importantes et les plus spectaculaires concernaient le secteur public avec l’édification, en coopération avec différents pays étrangers, dont l’Union Soviétique, de complexes sidérurgiques et de grands barrages et centrales hydroélectriques.

    Cependant le secteur privé connut aussi une expansion non négligeable, bénéficiant en particulier de mesures douanières qui, en 1957, aboutirent à restreindre considérablement l’importation de biens de consommation. Un certain nombre d’importateurs se convertirent alors en industriels.

    Par ailleurs, même dans le secteur de l’industrie lourde, les Tatas furent en mesure d’accroître la production de leurs installations de Jamshedpur. On se dirigeait donc vers une sorte de division du travail entre secteur privé et secteur public qui était avantageuse pour le premier.

    L’État prenait en effet largement à sa charge l’investissement dans les industries de base, dont la rentabilité à court terme était faible ou nulle, et fournissait au secteur privé travaillant surtout dans l’industrie des biens de consommation les « inputs » de base à des prix avantageux, permettant à ce dernier de dégager des marges confortables.

    Ce système connut cependant une crise en 1962 quand l’éclatement du conflit frontalier avec la Chine obligea à réviser les objectifs du troisième plan (1961-65) pour tenir compte des impératifs de la défense.

    Le système se perpétua largement, après la mort de Nehru, jusqu’à la fin du règne d’Indira Gandhi (1966-1977), mais avec un « gauchissement », dont témoigna en 1969 la nationalisation des banques et des assurances, qui renforça considérablement le poids de l’État dans l’économie aux dépens de celui du secteur privé.

    En même temps ce dernier était soumis à une réglementation plus stricte : ce fut ce qu’on appelle le « licence permit raj », qui ne fut véritablement démantelé qu’à partir de 1991. Cependant ce système représentait un développement largement postérieur à l’ère Nehru, et le « capitalisme nehruvien » ne doit pas être, comme c’est parfois le cas, confondu avec ces développements ultérieurs de la période Indira Gandhi.

    Comment s’organisent les réseaux marchands indiens transnationaux ? Ont-ils été affectés par les transformations de l’économie après l’indépendance ?

    Claude Markovits : L’Inde a été depuis la période médiévale le berceau de réseaux marchands opérant bien au-delà du sous-continent. Formés essentiellement d’originaires d’Inde de l’Ouest, avant tout Gujarati mais aussi Sindhi, mais comprenant aussi des Tamouls ainsi que des Punjabi et des Marwari du Rajasthan, ces réseaux ont connu une importante expansion pendant la période coloniale, surtout en direction de l’Afrique orientale et de l’Asie du sud-est (Birmanie).

    Ils reposaient sur la circulation d’individus, en grande majorité des hommes, entre des localités situées en Inde, où se trouvaient les sièges des firmes, et des localités à l’étranger, où elles avaient des filiales. Ces firmes avaient en général une structure familiale, mais, si elles atteignaient une certaine dimension, étaient obligées de recruter des employés en dehors du cercle de la famille.

    Le recrutement se faisait cependant en général localement, souvent dans le cadre d’une caste ou d’une communauté particulière. Ce n’est que rarement que les propriétaires des firmes s’installaient pour de bon à l’étranger, surtout quand des mesures de restriction de l’immigration rendaient plus difficile une circulation régulière entre l’Inde et l’étranger.

    Un capitalisme encastré dans des réseaux familiaux et communautaires

    Ces réseaux, souvent peu visibles, car leurs membres adoptaient généralement un profil bas, jouaient un certain rôle dans les échanges extérieurs de l’Inde avec l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie orientale et l’Asie du sud-est, bien que leur part soit difficile à quantifier avec précision.

    Mais ils avaient souvent aussi une position forte, voire quasi-dominante, dans la vie économique interne de certains territoires coloniaux de l’empire britannique (Ouganda, Kenya, Birmanie). Enfin certains s’étaient taillé une place dans des circuits internationaux sans liens directs avec l’Inde.

    Ainsi des commerçants sindhi d’Hyderabad (Sind) vendaient-ils des tissus japonais en Afrique occidentale britannique dans les années 1930. Leurs liens avec les capitalistes installés en Inde étaient variables : certains commerçants gujarati d’Ouganda approvisionnaient les usines textiles de Bombay en coton ougandais, et des commerçants tamouls en Asie du Sud-Est achetaient des produits textiles auprès des producteurs artisanaux d’Inde du Sud.

    Mais, plus généralement, les réseaux transnationaux d’origine indienne étaient relativement indépendants du grand capitalisme indien travaillant avant tout pour le marché domestique. La plupart opéraient dans le cadre impérial britannique et jouaient sur le fait que les Indiens, après 1858, étaient en droit sujets britanniques, même si dans les faits ils se heurtaient, dans de nombreux territoires de l’empire, à des discriminations.

    L’indépendance de l’Inde créa pour ces réseaux, formés en partie de musulmans, de sérieux problèmes. Certains de ces musulmans de l’extérieur optèrent pour la nationalité pakistanaise, et ceux, musulmans comme Hindous, qui choisirent la nationalité indienne, ne bénéficièrent guère de ce choix, car l’Inde, sous l’impulsion de Nehru, leur fit savoir très rapidement qu’elle n’entendait pas leur accorder une protection particulière.

    Ainsi quand la junte militaire birmane prit en 1962 des mesures de nationalisation qui aboutirent à un départ massif de commerçants indiens, New Delhi ne prit aucune mesure pour les aider.

    Avec la vague des indépendances africaines le gouvernement indien conseilla à ses ressortissants en Afrique d’adopter la nationalité du pays de résidence, un choix qui n’était pas toujours possible, comme en témoigne l’expulsion des « Asians » d’Ouganda par Idi Amin Dada en 1972.

    L’Inde de Nehru, concentrée sur un développement économique largement auto-centré, ne considérait pas sa diaspora comme une chance, mais plutôt comme un fardeau. C’est seulement avec la libéralisation d’après 1991 que l’Inde a tenté de renouer avec sa diaspora dans l’espoir de renforcer ses liens avec l’économie mondiale.

    Quel rôle joue la caste dans le fonctionnement du capitalisme indien ?

    Claude Markovits : C’est là une question délicate et controversée. Une vue répandue du système des castes est qu’il fixe de façon rigide la structure professionnelle. D’après cette théorie, les capitalistes devraient tous appartenir à la caste des bania ou plutôt à différentes sous-castes de cette caste. Dans les faits, outre la présence importante de non-Hindous dans les rangs des capitalistes (Parsis, Jains, musulmans, voire chrétiens), l’adéquation est loin d’être parfaite.

    Ainsi trouve-t-on d’assez nombreux brahmanes dans les rangs des entrepreneurs, surtout dans le secteur des hautes technologies, et a-t-on assisté récemment à l’apparition de quelques capitalistes issus de rangs des Dalits (ex-intouchables). Cependant, globalement, le monde du grand capital indien reste dominé par des groupes familiaux le plus souvent issus du milieu des castes marchandes hindoues (et jaïnes).

    Ils sont le plus souvent originaires de quelques régions du sous-continent, avant tout du Gujarat (Gujaratis hindous, jaïns et musulmans) et du Rajasthan (Marwaris hindous et jaïns). Cette prédominance globale des castes marchandes a des racines dans la période pré-coloniale, mais paradoxalement elle a eu tendance à se renforcer pendant la période coloniale.

    Les causes en sont complexes. Il y a des raisons avant tout politiques, le fait que les groupes qui combinaient commerce et métier des armes, comme les caravaniers Banjara ou les « ascètes » Gosain ont été victimes de la volonté de l’État colonial d’établir son monopole sur l’usage de la violence armée. Au contraire les castes marchandes non armées (et en particulier les Jaïns, dont la religion est non-violente) se sont vu privilégiées par le nouveau pouvoir, qui leur a confié en particulier l’approvisionnement de ses propres armées.

    D’autre part la mise en place d’institutions financières modernes essentiellement contrôlées par des Britanniques (banques d’État ou privées) s’est souvent accompagnée d’une politique restrictive en matière d’avances aux capitalistes indigènes, jugés constituer un trop gros risque.

    Ainsi, pour financer leurs entreprises, les capitalistes indiens ont-ils dû avoir souvent recours à leur réseau de parenté, mais aussi, dans la mesure où ce dernier était insuffisamment efficace, à leur réseau de caste. La caste en est venue parfois à constituer un véritable « resource group », jouant un rôle de substitut à des institutions financières inexistantes ou trop faibles. Le rôle de la caste a pu cependant varier suivant les lieux et les circonstances.

    Un anthropologue américain, David Rudner, à partir d’une étude portant sur des banquiers tamouls appartenant à la sous-caste des Nattukottai Chettiars (Rudner, Caste and Capitalism in Colonial India, University of California Press, 1994) a conclu à l’existence d’un véritable « capitalisme de caste » chez ces banquiers, opérant surtout en Birmanie, qui utilisaient leurs temples de caste comme des « clearing houses » pour des transactions considérables qui concernaient exclusivement des membres de la caste.

    Cependant ce modèle était loin d’être universel, et mes propres travaux sur des réseaux marchands du Sind (Markovits, The Global World of Indian Merchants, Cambridge UP, 2000) voient la localité plutôt que la caste comme le principe de base d’organisation des réseaux.

    Au-delà de ces études portant sur l’histoire du capitalisme indien, la question qui se pose est celle de savoir si dans la phase néo-libérale actuelle, le rôle de la caste va en diminuant, comme il serait logique qu’il le fasse. Il y a des indications qui vont dans ce sens, comme l’origine assez variée des entrepreneurs du secteur des hautes technologies, mais il est trop tôt pour affirmer qu’il s’agit d’une tendance lourde et irréversible.

    Notes:

    Claude Markovits est Directeur de Recherche Émérite au CNRS, rattaché au Centre d’Études de l’Inde et de l’Asie du Sud (École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et articles sur l’histoire économique de l’Inde coloniale. Parmi ses publications : Indian Business and Nationalist Politics 1931-39 : The indigenous capitalist class and the rise of the Congress Party (Cambridge University Press, 1985), The Global World of Indian Merchants c. 1750-1947 : Traders of Sind from Bukhara to Panama (Cambridge University Press, 2 000), Merchants, Traders, Entrepreneurs : Indian Business in the Colonial Era (Palgrave Macmillan, 2008).” The Colonised as Global Traders : Indian Trading Networks in the Global Economy”, in C. Dejung, N.P. Petersson (eds), The Foundations of Worldwide Economic Integration : Power, Institutions and Global markets, 1850-1930 (Cambridge University Press, 2013).

    La Vie des Idées

    http://www.fdesouche.com/608453-aux-sources-du-capitalisme-indien#more-351469

  • L’économie totalitaire : l’exemple de l’immigration

    Exemple parfait du comportement économique à court terme de la société marchande, l’appel à l’immigration étrangère massive restera sans doute, dans les annales de l’histoire européenne, comme une erreur de première grandeur. 
         A l’origine, au début des années cinquante, il s’agissait tout simplement de combler un déficit passager de main-d’œuvre. Puis, au fil des années, l’habitude a été prise d’utiliser des travailleurs immigrés, recrutés toujours plus loin. Avec l’apport de leurs anciennes colonies, la France et l’Angleterre se sont classées en tête des pays « importateurs ». 
         Envisagée au début comme apport provisoire pour construire de nouvelles structures industrielles, cette immigration massive a modifié, par un effet de retour imprévu, ces structures elles-mêmes. Certaines considérations, non quantifiables, n’ont jamais été prises en compte : le déracinement socioculturel de la main-d’œuvre, l’incompatibilité du chômage et de l’immigration ont ainsi été négligés. Le système libéral et marchand n’a même pas prévu, dans ce cas précis, les inconvénients strictement économiques et le coût social exorbitant de cette immigration. Raisonnant à court terme, l’esprit marchand ne s’est pas rendu compte que cette main-d’œuvre importée nuisait à la rentabilité économique elle-même, ce qu’admettent aujourd’hui les spécialistes de l’emploi. Ils ont, en effet, établi qu’à moyen terme l’immigration coûtait bien plus qu’elle ne rapportait à la collectivité : il faut distinguer ici entre les différents « coûts » de cette immigration.Le coût brut englobe diverses charges, frais de formation, rapatriement des salaires, frais d’installation et dépenses sociales entraînées par la présence même d’une forte population immigrée. Le coût d’opportunité prend en compte les gains empêchés par l’immigration : investissements de modernisation, accroissement de la productivité, économies de dépenses sociales, etc. En définitive, on ne peut trouver à l’actif du bilan de l’immigration que les profits immédiatement réalisés par certaines entreprises. 
    Esclave des temps modernes 
    Le patronat libéral et des pouvoirs publics irresponsables ont encouragé cette importation de main-d’œuvre peu coûteuse et non syndicalisée, donc facilement exploitable : c’était une assez belle opération financière à court terme. En fait, en prenant en charge les frais de formation, d’installation et de Sécurité sociale des travailleurs migrants et de leurs familles, la collectivité offrait une subvention déguisée aux entreprises les plus archaïques ; les « canards boiteux » de l’économie préféreraient « consommer » de la main-d’œuvre plutôt que d’investir dans les équipements nécessaires. Les tâches les plus rebutantes, celles qui étaient destinées à disparaître mais que la présence de cette main-d’œuvre – véritable masse d’esclaves des temps modernes – dissuadait justement de faire disparaître, les travaux les plus pénibles leur ont été réservés. 
    (...) 
    Cela ne signifie absolument pas que, comme le veut un mythe répandu dans les milieux populaires, « les immigrés prennent la place des nationaux ». La situation est plus complexe : l’immigration est bien un des facteurs du chômage actuel. Mais seulement dans la mesure où elle a provoqué une hypertrophie du secteur tertiaire : les immigrés monopolisant les emplois secondaires, les nationaux se sont portés vers ceux du tertiaire et les travaux qualifiés. Insuffisamment formés à ces tâches, refusant les emplois industriels, ils sont devenus chômeurs assistés, de plus en plus difficiles à satisfaire. L’origine du chômage est à rechercher du côté de cette « rigidité des demandeurs d’emploi », qui coexiste avec une forte offre d’emploi non satisfaite. Il faut également expliquer l’improductivité du secteur tertiaire par la pléthore des « faux emplois » qui y ont été créés vers les emplois industriels, qui auraient été alors « enrichis » sur le plan des tâches et mieux payés. 

    Guillaume Faye, Eléments n°28-29, mars 1979

    http://www.oragesdacier.info/

  • Dettes et grande dépression : Les Baby Boomers et la destruction économique des jeunes générations

  • La propagande de L’UE pour lutter contre l’opposition grandissante au TAFTA

    « Je n’ai toujours aucune idée de ce qu’est le TTIP après avoir regardé cette vidéo… Pure propagande » : tel est l’un des commentaires figurant sous les vidéos postées sur YouTube par la Commission européenne pour défendre le traité transatlantique (TAFTA, ou TTIP), qui rencontre une hostilité croissante partout en Europe. Pour chaque vidéo de la Commission européenne qui vante les mérites d’un accord négocié dans le plus grand secret, des dizaines d’internautes mettent en gardent contre les conséquences terribles du traité transatlantique. Si l’adoption finale des traités de libre-échange ne fait guère de doute, la Commission européenne aura sans doute bien du mal à rencontrer l’assentiment des peuples. Aussi un phénomène émerge-t-il : les mondialistes se lancent désormais dans la propagande pour promouvoir leur idéologie de plus en plus massivement rejetée par les peuples.

    La Commission européenne tente de lutter contre l’opposition grandissante au traité transatlantique

    Au début de l’année 2013, le président américain Barack Obama appelait à un accord commercial entre les Etats-Unis et l’Union européenne : dès cet instant, Bruxelles voyait fleurir des tags « NO TAFTA, NO TTIP » dans ses rues. Plus de deux ans après, les graffitis sont toujours là, et l’opposition ne cesse de croître.

    C’est la raison pour laquelle les bureaucrates bruxellois ont décidé de prendre les armes de leurs adversaires pour tenter de convaincre les peuples des bienfaits de ce traité transatlantique, dont les bénéfices sont tels que les négociations sont entourées d’un secret absolu.

    « Nous savons très peu parler aux gens ordinaires », a commenté un officiel de l’Union européenne engagé dans l’équipe de communication pro-TAFTA de la Commission. L’aveu mérite d’être relevé mais pendant ce temps d’autres, qui savent parler aux « gens ordinaires », ont activement milité contre le traité transatlantique et recueilli les fruits de leur militantisme. 39 % des Allemands et 50 % des Français seulement sont favorables à cet accord, selon une récente étude de l’organisme de sondage américain Pew Research.

    La propagande de la Commission européenne pour convaincre les opposants au TAFTA – TTIP

    Alors l’Union européenne redouble d’efforts et utilise des prospectus, des fiches d’informations, des brochures et des vidéos pour « casser le mythe », sans convaincre grand monde pour l’instant.

    Les critiques se focalisent sur l’appauvrissement de l’Europe, ou l’ouverture des règlementations en matière de sécurité ou d’environnement. Un groupe d’activistes européens intitulé « STOP TTIP », soutenu par l’extrême-gauche et les écologistes, a finalement été rejoint par un grand nombre d’Européens qui s’inquiètent des impacts d’un tel accord sur les emplois, la sécurité alimentaire ou le pouvoir des multinationales… La grogne s’amplifie.

    Alors les officiels de Bruxelles parcourent l’Europe, rencontrent des étudiants pour leur dire tout le bien qu’il faut penser de cet accord. Ils reçoivent peu de soutien des gouvernements européens alors même que la Commission européenne attend d’eux, des parlements et des autorités des différents pays concernés qu’ils tentent de convaincre leurs citoyens.

    Il sans doute trop tard pour s’opposer à cette nouvelle étape de l’intégration mondialiste : les moyens de l’Union européenne sont trop puissants et la propagande pourrait s’intensifier… Jusqu’à convaincre ? Est-ce encore nécessaire ? Nos démocraties avancées peuvent maintenant de passer de l’avis des peuples. Les Grecs nous n’ont récemment rappelé et les Français se souviennent avoir rejeté la Constitution européenne. Seul compte le discours médiatique qui reconstruit le réel et norme le politiquement correct.

    En attendant, il faut noter qu’une propagande aussi manifeste pour l’idéologie mondialiste est un phénomène nouveau, qui pourrait rapidement devenir envahissant…

    Béatrice Romée pour Reinformation.tv

    http://www.contre-info.com/la-propagande-de-lue-pour-lutter-contre-lopposition-grandissante-au-tafta#more-38919

  • Accord entre la France et la Russie sur ce que va payer le contribuable

    Un accord final a été trouvé entre Paris et Moscou sur la somme que la France doit verser à la Russie en dédommagement de la non-livraison des navires Mistral.

    La somme que devra rembourser Paris à Moscou a été fixée à 1,16 milliard d’euros.

    La France et la Russie avaient conclu en juin 2011 un contrat évalué à près de1,2 milliard d’euros.

    Michel Janva

  • Cannes applique le 100% français dans ses cantines scolaires sans augmentation de prix

    Article intéressant trouvé sur francetvinfo.fr : lors de la campagne municipale de 2014, qui coïncidait avec la renégociation du contrat pour la restauration scolaire, David Lisnard s’était engagé à réformer le mode de fonctionnement des cantines. « Nous avons lancé un appel d’offres comprenant des critères précis, explique Dominique Aude Lasset, directrice générale adjointe en charge de l’éducation et de la famille à la mairie de Cannes, interrogée par francetv info. Le cahier des charges précisait que nous voulions une garantie de qualité et d’approvisionnement court. » Des conditions que les mairies ont le droit d’imposer à leurs prestataires.

    Plus de 50% des légumes produits en région Paca

    Si la législation européenne interdit d’imposer une origine géographique dans les appels d’offres des marchés publics, les communes peuvent légalement demander aux entreprises de restauration de favoriser les circuits courts, c’est-à-dire n’ayant requis qu’un seul intermédiaire. La société peut ensuite proposer dans le contrat de ne fournir que des produits venant de la région.

    Compass, l’entreprise aujourd’hui en charge de la restauration scolaire à Cannes, s’est ainsi engagée dans son contrat à fournir des viandes 100% labellisées : les volailles possèdent toutes le label rouge, le bœuf provient uniquement de vaches charolaises… Toute la viande consommée dans les cantines cannoises est garantie d’origine française.

    Selon l’engagement pris par la commune, plus de 50% des fruits et des légumes proviennent en outre de filières courtes et sont cultivés dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. « Les salades et les fraises sont même produites dans la vallée voisine de la Siagne, par des agriculteurs cannois », se vante Dominique Aude Lasset.

    Le prix des repas n’a pas augmenté

     

    De nombreuses mairies refusent pour l’instant de faire ce choix, estimant que le « 100% français » leur reviendrait trop cher. Cannes a pourtant réussi à modifier ses menus sans augmenter le budget alloué chaque année aux cantines, d’un montant de deux millions d’euros. « Nous avons fourni un cahier des charges précis, et le montant dont nous disposions : il revenait aux entreprises de restauration d’y répondre en terme de prix et de qualité », explique Dominique Aude Lasset.

    Les prix des repas restent en outre dans la moyenne nationale : les parents cannois payent 2,80 euros par jour, contre 2,90 euros dans le reste de l’Hexagone en 2014, selon les statistiques de l’Union nationale des associations familiales (Unaf). Au total, un repas coûte 5,97 euros à la municipalité, pour les écoles maternelles, et 6,18 euros pour l’élémentaire.

    Ce faible coût est rendu possible grâce aux filières courtes, selon David Lisnard. « Les circuits courts limitent les frais de transport et de conservation. Les produits de saison reviennent aussi moins cher que ceux qu’il faut importer, souligne le maire de Cannes. Sans compter que les produits industriels coûtent cher, notamment à cause des emballages.« 

    Un élément « essentiel » pour répondre à la crise des éleveurs

    Ces contrats seraient toutefois plus faciles à négocier pour les grandes municipalités comme Cannes, qui sert 3 900 à 4 000 repas par jour dans ses cantines scolaires. L’Association des maires de France estime ainsi, dans un communiqué adressé au président de la République mardi 21 juillet, que les plus petites communes ne disposent pas des moyens leur permettant de favoriser l’approvisionnement en France.

    « Ça peut être plus difficile, mais ce n’est pas infaisable, argumente David Lisnard. Les petites communes peuvent gérer elles-mêmes leurs achats en faisant des cantines en régie, ou avoir recours à des groupements de commande entre plusieurs municipalités. »

    S’il admet ne pas avoir pensé aux intérêts des agriculteurs français lorsqu’il a pris cet engagement, le maire de Cannes affirme que l’approvisionnement local est « essentiel » pour répondre à la crise des éleveurs. « Cette solution ne doit toutefois pas occulter la nécessité pour le gouvernement de revoir les charges et les coûts de production de l’agriculture », conclut-il.

    http://www.contre-info.com/cannes-applique-le-100-francais-dans-ses-cantines-scolaires-sans-augmentation-de-prix#more-38908

  • La Grèce s’enfonce dans la misère

    Le gouvernement a dû émettre des tickets d’approvisionnement alors que l’Eglise et les ONG amplifient leurs efforts.

    « En Grèce, les enfants et les familles connaissent l’horreur de la faim et du dénuement », a alerté cette semaine Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français, en lançant un appel à la générosité. La situation, qui n’a cessé de se dégrader ces derniers mois, devient en effet dramatique.

    Le gouvernement a ainsi décidé de mettre en circulation des cartes alimentaires prépayées, utilisables dans 5 000 magasins d’alimentation. Elles sont destinées à près de 150 000 personnes : familles nombreuses, monoparentales, avec enfants handicapés, ou chômeurs de longue durée. Cette mesure a été prise en urgence, car le filet social existant ne suffit plus.

    Le rapport 2014 des œuvres sociales de l’Eglise orthodoxe faisait pourtant déjà état de plus de 500 000 personnes secourues par 280 soupes populaires et plus de 75 000 Grecs aidés dans 150 « magasins sociaux », pour un coût total de 120 millions d’euros. Les mairies sont aussi impliquées, dont celle d’Athènes qui a vu la demande en aliments, médicaments et habits exploser ces dernières semaines.

    Des associations offrent également des douches et des générateurs à ceux qui n’ont plus d’eau ou d’électricité. Avec l’aide de nombreux bénévoles, souvent démunis eux-mêmes. Mais pour eux, aider les autres est le seul antidépresseur qu’il leur reste.

    Les entreprises s’y mettent à leur tour. Venetis, une chaîne boulangère de 80 magasins, distribue ainsi gratuitement plus de 100 000 pains par jour, le tiers de sa production. Car pour Panagiotis Monembasiotis, son directeur général, « avec ce 3e plan de rigueur qui commence, il n’y aura bientôt plus de consommateurs en Grèce, il ne restera que des mendiants ».

    Dans les beaux quartiers, les gens vont discrètement le soir chercher leur pain offert. Ailleurs, on n’a plus cette honte. Fotis Pedikas, peintre au chômage, attend chaque jour la dernière heure pour aller au marché en plein air, quand les prix baissent de moitié.

    Les plus mauvais jours, il ramasse les fruits jetés, ou récupère autour des poubelles les sacs plastiques avec les restes des repas que d’autres laissent exprès. Et dans un grand éclat de rire, il interpelle le premier ministre Alexis Tsipras, qui a signé le fameux accord avec les créanciers du pays afin de rester dans la zone euro : « Pour que la Grèce continue d’appartenir au Club, faut-il que les Grecs meurent ? »

    E&R

    http://gaelle.hautetfort.com/