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économie et finance - Page 522

  • L’Ukraine sur le chemin du drame yougoslave

    Le peuple ukrainien mérite de régler ses problèmes, lui-même, sans que des acteurs extérieurs viennent ajouter une couche supplémentaire de corruption et de pillage.

    Le Figaro vient de se faire l’écho des déclarations de Petro Porochenko, président de l’Ukraine : il demande la création d’une force de maintien de la paix dans l’est du pays car…. « Poutine veut toute l’Europe ». Par la bouche du président ukrainien, nous apprenons que le but ultime de la Russie est la conquête de l’Europe ! Rien de moins. Et que le scénario est déjà écrit, la mise en bouche serait la Finlande et les pays baltes.

    Heureusement, Super Petro ‘Bros’ Porochenko a vu venir le coup. En revanche, il ne voit pas que le conflit du Donbass est entretenu par des éléments nationalistes qu’il ne contrôle plus.

    Il ne voit pas que son pays connait une vague d’émigration massive des jeunes. Il ne voit pas qu’il a mis son économie à l’arrêt faute d’avoir conquis les marchés européens avant de se séparer du marché russe. Il ne voit pas que les clivages ethniques et religieux deviennent plus importants chaque jour. Il ne voit pas que les régions lassées par la corruption et le pillage orchestré à Kiev par les oligarques veulent de plus en plus leur autonomie. Il ne voit pas que l’Ukraine doit être un pont entre Eurasie et Europe occidentale et non un mur entre ces deux entités.

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  • Rentrée orageuse pour les agriculteurs

    Des manifestations seront organisées début septembre à Paris et Bruxelles pour réclamer des mesures de soutien des prix. En attendant, un nouveau bras de fer est engagé dans la filière porcine. Deux gros industriels refusent de payer le prix fixé par le gouvernement en juin.

    Après les débordements musclés de juillet, les agriculteurs ne désarment pas, les mesures en faveur du relèvement des prix du lait et de la viande ne donnant pas les résultats escomptés. Lundi encore, deux industriels - Cooperl et Bigard/Socopa - n'ont ainsi pas participé au Marché du porc breton, estimant la viande trop chère.

    Alors que le premier ministre Manuel Valls rencontre des agriculteurs dans le Gard ce mardi, les actions ciblées et sporadiques se poursuivent. Vendredi, à Rodez, dans l'Aveyron, une vive altercation a opposé une cinquantaine d'éleveurs à un fournisseur de viande pour la restauration, le magasin Promocash, soupçonné d'importer de la viande. Le même jour dans la Loire ainsi que dans d'autres départements, le géant de la distribution Casino a été la cible d'agriculteurs l'accusant de se fournir en viande et lait étrangers. Et de ne pas appliquer les engagements pris au ministère de l'Agriculture pour améliorer leurs prix de vente.

    La FNSEA prépare une mobilisation plus large pour début septembre, en région pour commencer, avant de s'attaquer à Paris. Ces manifestations doivent culminer le 7 septembre à Bruxelles, où se tiendra une réunion des ministres européens de l'Agriculture. Ils doivent plancher sur les mesures à prendre pour soutenir les prix. Les agriculteurs français ne sont pas les seuls à faire face à une chute des cours de leurs produits.

    Eric de La Chesnais

    source : Le Figaro lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuFAkZZyFZrMhMSuZE.shtml

  • Sanctions contre la Russie et embargo. Qui sont les cocus de l’histoire ?

    Au bistro de la toile

    - Eh ! Victor, t'as pas cherché sur « Le bon coin » ? Parait qu'il y a une annonce : « A vendre deux bateaux de guerre. État neuf. Prix intéressant. Visibles Saint-Nazaire. Faire offre M. François Hollande – Palais de l’Élysée – Paris (France) ».

    - Tu rigoles, Loulle. Mais on en est presque là... Ces barlus, on les a remboursé aux Russes. 1,2 milliard. Pour les revendre, il faudra les « dérussifier », c’est-à-dire supprimer tous les systèmes de communication, les Russes ne tenant pas que l'on connaisse leurs modes de transmission, il faudra aussi refaire toutes les indications marquées en écriture cyrillique, etc. etc. Ça va coûter encore quelques dizaines de millions. Puis, tant qu'on ne les a pas refourgués, il faut les garder en état, les surveiller, payer les taxes de quais. Toutes ces bricoles coûtent 1 million par jour ! Voilà où mènent l'alignement servile de notre amiral de pédalos sur les diktats étazuniens. Sans compter l'image désastreuse de la France en tant que fournisseur de belles machines à tuer ! Quant aux Etatzuniens, ils rigolent bien : ils éliminent ainsi un concurrent sur le juteux marché mondial des armements, tout en construisant, eux, en Russie, une usine d'assemblage d'hélicoptères militaires ! Qui c'est les cocus de l'histoire ?

     

    - Bof. Pas tellement : François a été invité d'honneur par ce grand démocrate de président égyptien à qui il a fourgué quelques Rafales...

    - Mouais... Seront-ils payés un jour ? Mais ce n'est pas tout Loulle. L'attitude de caniche obéissant de François par rapport à Obama dans l'affaire des Mistral se paie aussi, en retour, de l'embargo russe sur les produits agroalimentaires européens, et en ce qui nous intéresse, français.

    - D'où les manifestations des agriculteurs et des éleveurs qui ne décolèrent pas...

    - Exactement. Le plan d'urgence adopté dans la panique par le gouvernement coûtera autant que le remboursement des Mistral ! Ce qui double déjà la mise. Il faut savoir que les exportations de produits à base de barbaque ont dégringolé de façon abyssale. Pareil pour les produits laitiers notamment les fromages ainsi que les fruits et légumes. Cette dégringolade n'est pas uniquement due à l'arrêt des importations directes russes, mais en limitant les capacités d'exportation d'autres pays européens, l'embargo les pousse à écouler une grande partie de leur production sur le marché européen qui est alors saturé, avec pour conséquence la chute des prix. Et les grandes surfaces qui profitent de cette aubaine pour se gaver en achetant de la barbaque allemande ou polonaise et des fruits et légumes espagnols...

     
     

    - Et voilà les tracteurs dans les rues, et voilà des tonnes de fumiers devant les préfectures et les grandes surfaces, et voilà des « contrôles » FNSEA aux frontières, balançant de la bonne nourriture par terre alors que d'autres crèvent de faim.

    - D'ailleurs, une des premières revendications des agriculteurs et éleveurs en colère, c'est l'arrêt des sanctions contre la Russie qui ont provoqué en retour l'embargo russe sur les produits agroalimentaires en provenance de l'Union européenne. Parce qu'il n'y a pas que nous qui morflons. Un institut autrichien d'études économiques, le WIFO, estime que les sanctions contre la Russie entraîneront des pertes de 106 milliards pour l'économie européenne et la suppression de 2,5 millions d'emplois dans l'U.E. Selon cet institut, « C'est l'Allemagne qui sera la plus touchée par les retombées des sanctions européennes et les contre-sanctions russes. 500.000 personnes licenciées et l'économie allemande perdra 29,9 milliards d'euros. En Pologne et en Italie, 302.000 et 300.000 personnes respectivement seront licenciées. Toutefois, les dommages causés à l'économie ne seront pas les mêmes  : 16,3 milliards d'euros pour la Pologne contre 5,4 milliards pour l'Italie. » On n'est donc pas les plus à plaindre. Et puis, les autorités russes profitent de l'embargo pour développer leurs secteurs laitiers et d'élevage, si bien que ces marchés ne se rouvriront jamais.

    - Tout ça pour obéir aux diktats étazuniens de casser tout rapprochement entre l'Union européenne et la Russie avec le fallacieux prétexte de l'Ukraine...

     Illustration : merci à Chimulus

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/sanctions-contre-la-russie-et-170585

  • Encore un peu de fêta dans la salade grecque !

    L’accord survenu, après bien des atermoiements, le lundi 13 juillet au matin, aura notamment vu les parties en présence accepter qu'il puisse être rediscuté de la question de la dette grecque, de ses échéances et de ses intérêts. Sans qu'on soit bien sûr, tant le discours finit par être flou, de la réalité de ce dont sont convenus, sur ce point précis, le premier ministre grec Alexis Tsipras et ses partenaires - ou plutôt ses créanciers.

    Alors que plus personne ne semblait attendre quoi que ce soit, et que la presse, dans sa grande universalité, s’inquiétait généralement de « l'impuissance de l’Europe », ce 13 janvier, le président du Conseil européen Donald Tusk annonçait avec un certain soulagement : « A l'unanimité, le sommet le la zone euro a trouvé un accord. Tout est prêt pour un programme du Mécanisme européen de stabilité destiné à la Grèce avec des réformes sérieuses et un soutien financier. »

    Laconique, ce texte n'en dit pas moins tout ce qui est nécessaire pour savoir où en est la Grèce face à ses partenaires européens et créanciers internationaux. On sait que, avant de parvenir à cet accord, les présidents de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, de la Banque Centrale européenne Mario Draghi, de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, et la directrice générale du FMI Christine Lagarde, ont étudié de près les propositions grecques, rassemblées dans un document de treize pages intitulé Actions prioritaires et engagements.

    Le FMI face à Bruxelles

    La question de la dette grecque a, selon les échos qu'on a pu en avoir et les déclarations qui ont été faites, été particulièrement débattue, du fait notamment d'un désaccord entre les Américains et Bruxelles - ou, pour être plus précis, entre le FMI et la zone euro.

    Deux femmes ont particulièrement été à la manœuvre dans cette dispute : Christine Lagarde et Angela Merkel. La première, pour le FMI, et donc pour les Américains qui craignaient de voir Alexis Tsipras céder aux sirènes sonnantes et trébuchantes du président russe Vladimir Poutine, assurait qu'« une restructuration de la dette est selon nous nécessaire dans le cas de la Grèce afin qu'elle ait une dette viable ». La viabilité étant, de fait, le seul moyen d'espérer récupérer tout ou partie de son argent, mais surtout d'éviter le Grexit qui, outre qu'il annihilerait tout espoir de retour pécuniaire, risquait de précipiter la Grèce dans la sphère d'influence de la Russie.

    La difficulté était de parvenir à convaincre Bruxelles, et surtout Berlin, dont le discours de fermeté et de vertu fait, depuis des années, et malgré des entorses répétées, la loi économique dans la zone euro. Angela Merkel affirmait haut et fort qu'il était donc « hors de question » d'envisager une décote classique dans le dossier grec.

    La rectitude économique allemande

    Il est vrai que la situation n'est pas si facile pour la chancelière allemande. Une nette majorité des députés de son parti la CDU se trouvait d'accord avec le vice-chancelier Sigmar Gabriel, par ailleurs président fédéral du SPD, pour refuser tout nouveau plan de sauvetage de la Grèce. Une position stricte qui a manifestement le soutien de l'opinion publique allemande. Ce qui fait que l'accord désormais obtenu, s'il renforce la position européenne d'Angela Merkel, risque à rebours de l'affaiblir chez elle.

    Pour faire court, Alexis Tsipras vient donc de sauver son pays du défaut de paiement par une restructuration - ou un reprofilage comme dit François Hollande - de sa dette, sous la condition d'en accepter une nouvelle. 84 milliards sur trois ans.

    Si l'opération n'est pas très saine pour Athènes, il n'est pas sûr qu'elle soit bien meilleure pour l'Europe. l'euro n'en finit plus déjouer au yo-yo, avec, tout de même, une nette tendance baissière.

     

    Hugues Dalric monde & vie  23 juillet 2015 

  • Mario Draghi, pyromane chez Goldman Sachs et pompier à la BCE

    Avant de donner des leçons de vertu aux Grecs, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, fut le vice-président pour l'Europe de la banque Goldman Sachs... à l'époque où celle-ci aida la Grèce à truquer ses comptes.

    Le banquier de l'Europe, Mario Draghi, qui se trouve au cœur des négociations sur l'avenir de la Grèce, est-il le mieux placé pour exhorter les Grecs à pratiquer une politique d'austérité ? Il fut, de 2002 à 2005, vice-président pour l'Europe de la puissante banque d'affaires américaine Goldman Sachs, qui aida à la même époque le gouvernement grec du socialiste Costas Simitis à dissimuler le déficit et la dette de son pays pour pouvoir remplir les critères de Maastricht, condition de son entrée dans l'euro. Par la suite, Draghi a prétendu ne s'être occupé, à cette époque, que du secteur privé et avoir tout ignoré des activités de sa banque en Grèce un alibi d'autant plus difficile à croire qu'il était alors chargé des pays souverains.

    Goldman Sachs avait conseillé à l'Etat grec, pour maquiller ses comptes, d'une part, d'anticiper des recettes futures (taxes d'aéroport, redevances d'autoroute...) et, d'autre part, de recourir à un produit financier complexe, appelé « swap de devises », grâce auquel la banque put prêter à la Grèce tout en présentant ce prêt, dans les comptes de l'Etat, comme une simple opération de trésorerie.

    Ces montages permirent à la Grèce de réduire fictivement son taux d'endettement, et à Goldman Sachs d'empocher quelques centaines de millions d'euros au passage. Ils n'auraient évidemment pas pu être réalisés sans le concours du gouvernement grec, et de la banque centrale de ce pays. Elle était gouvernée, à cette époque, par un certain Lucas Papadémos, que son implication active dans cette combine n'empêcha pas, par la suite, de devenir premier ministre de la Grèce, chargé par la « troïka » ( BCE, Commission européenne et FMI) d'appliquer une politique de rigueur.

    Mais les manœuvres de Goldman Sachs se sont poursuivies bien après le départ de Mario Draghi de cette banque.

    Jouer contre la Grèce tout en la conseillant

    À la fin de l'année 2009, confronté à une situation difficile, notamment en raison de l'augmentation des taux d'intérêts sur la dette grecque, le gouvernement grec décide d'emprunter et, à cette fin, s'adresse aux banques d'affaires, parmi lesquelles figure une fois encore en bonne place Goldman Sachs. Les banques s'emploient à rassurer les acteurs du marché et 8 milliards d'euros d'emprunts grecs sont émis, à un taux très élevé, donc très attirant.

    Dans le cadre de cette nouvelle opération Goldman Sachs conseille alors à ses clients (fonds d'investissements - « hedge funds » fonds de pension, banques...), d'acquérir des « Crédit default swaps » (CDS). Ces produits financiers dangereux, dont l'application massive au crédit immobilier avait contribué à provoquer en 2008 la crise des subprimes aux Etats-Uni sont une sorte d'assurance sur le risque que l’Etat grec ne fasse défaut et ne rembourse pas si dettes , mais ce sont aussi des instruments ( spéculation, dont la valeur augmente avec l'importance présumée du risque. En l'occurrence Goldman Sachs a été accusée d'avoir spéculé contre la Grèce au moment même où elle vende - très cher - ses conseils à son gouvernement Elle est également suspectée - on ne prête qu'aux riches.. - d'avoir laissé se répandre dans presse une rumeur selon laquelle la Chine aura refusé d'acheter 25 milliards de dette grecque car elle jugeait l'opération trop risquée. Cet fausse information provoqua en 2010 un nouveau bond des taux d'intérêts sur la dette du pays et une augmentation de la valeur des CDS conséquences évidemment rentables pour le banquier...

    Certes, « la Firme » et ses hommes ne sont pas les seuls acteurs de la crise grecque, dans laquelle les instances européennes et plus encore les gouvernements successifs grecs portent aussi une lourde responsabilité. Mais il est tout de même insolite - c'est un euphémisme - d'avoir choisi, pour éteindre l'incendie, un capitaine de pompiers qui fut un des chefs des pyromanes. Et quand Mario Draghi sermonne les Grecs en leur reprochant leur peu d'empressement à se serrer la ceinture, l'on est fondé à lui dire  « Pas vous ! Pas ça ! »

     

    Hervé Bizien monde & vie  23 juillet 2015

  • Nos ennemis les publicitaires!

    Parmi la longue liste des malfaisants, responsables de l’état d’esprit métissé régissant notre société, figurent les publicitaires. On y trouve de tout: trotskistes reconvertis, branchés cocaïnomanes, “speedés” maniant le franglais “marketingisé”, graphistes laborieux et honnêtes; ce sont les bataillons, très souvent conscients, de créatifs qui engorgent nos murs, nos écrans et nos journaux de photos, slogans et spots destinés à nous familiariser avec l’évidence : le monde multiculturel existe et consommé!

    Frédéric Beigbeder, publiciste parisien, sortait un ouvrage qui allait le propulser au firmament de l’audimat . Il y raconte l’histoire d’Octave, rédacteur publicitaire riche et branché qui “décide aujourd’hui de ce que vous allez vouloir demain”. L’éditeur situe le bouquin entre la fiction et le pamphlet; il le qualifie de dénonciation du mercantilisme culturel.

    Ce pavé, bien conventionnel, jeté dans la mare putride de la publicité parisienne mérite une attention soutenue; les sujets de réflexion y sont nombreux et les analyses au vitriol souvent pertinentes.

    Un but

    En introduction, l’auteur cite notamment Aldous Huxley (Le Meilleur des mondes): “Il n’y a aucune raison pour que les totalitarismes nouveaux ressemblent aux anciens. Le gouvernement au moyen de triques et de pelotons d’exécution, d’emprisonnement et de déportations en masse, est non seulement inhumain (cela, personne ne s’en soucie fort de nos jours); il est -on peut le démontrer- inefficace: et, dans une ère technologique avancée, l’inefficacité est le péché contre le Saint-Esprit. Un Etat totalitaire vraiment “efficient” serait celui dans lequel le tout-puissant comité exécutif des chefs politiques et leur armée de directeurs auraient la haute main sur une population d’esclaves qu’il serait inutile de contraindre, parce qu’ils auraient l’amour de leur servitude. La leur faire aimer – telle est la tâche assignée dans les Etats totalitaires d’aujourd’hui aux ministères de la propagande, aux rédacteurs en chef de journaux et aux maîtres d’école.” La deuxième citation est plus courte et est extraite de la chanson “Foule sentimentale” d’Alain Souchon : “On nous inflige des désirs qui nous affligent”.

    Ces deux phrases peuvent être considérées comme les lignes de force de la trame du livre de Beigbeder. Bien que le bouquin soit inégal, il est très représentatif d’une caste peu connue mais omnipuissante car, selon l’expression usuelle, elle continue à rendre les riches plus riches et donc…les pauvres plus pauvres.

    Morceaux choisis: “dans la profession de publicitaires, personne ne souhaite votre bonheur car les gens heureux ne consomment pas”; ou encore, “pour réduire l’humanité en esclavage, la publicité a choisi le profil bas, la souplesse, la persuasion. Nous vivons dans le premier système de domination de l’homme par l’homme contre lequel même la liberté est impuissante. Au contraire, il mise tout sur la liberté, c’est là sa plus grande trouvaille. Toute critique lui donne le beau rôle, tout pamphlet renforce l’illusion de sa tolérance doucereuse. (…). Le système a atteint son but: même la désobéissance est devenue une forme d’obéissance.”

    Une méthode

    Le système étant ce qu’il est, les publicitaires s’y adaptent très aisément et contribuent à le faire croître et embellir. Au nom de la sacro-sainte croissance (cette immense accumulation de marchandises, selon Karl Marx), il faut développer le “village global” et cela, à tout prix. Pas de limites; les publicitaires méprisent le public et veulent le maintenir dans l’acte d’achat stupide et conditionné. “Dans leur esprit, ils s’adressent à la “mongolienne” de moins de cinquante ans”. Autres passages révélateurs: “Idéalement, en démocratie, on devrait avoir envie d’utiliser le formidable pouvoir de la communication pour faire bouger les mentalités au lieu de les écrabouiller. Cela n’arrive jamais car les personnes qui disposent de ce pouvoir préfèrent ne prendre aucun risque. Les annonceurs veulent du prémâché, du prétesté, ils ne veulent pas faire fonctionner votre cerveau. Un jour, ils vous tatoueront un code-barre sur le poignet. Ils savent que votre seul pouvoir réside dans votre Carte bleue. Ils ont besoin de vous empêcher de choisir. Il faut qu’ils transforment vos actes gratuits en actes d’achat”.

    Pour être certain de maîtriser les comportements du consommateur, les spécialistes du Marketing influent sur les produits, sur la nature pour modifier nos goûts et les rendre dépendant de l’offre du marché. Exemples donnés: autrefois, il existait soixante variétés de pommes, il n’en subsiste que trois; un poulet met normalement trois mois à être adulte mais aujourd’hui, il ne s’écoule que 42 jours entre le l’œuf et le poulet vendu en hypermarché et élevé dans des conditions atroces (25 bêtes par mètre carré, nourries aux antibiotiques et anxiolytiques); Coca-Cola (1,49 milliards d’Euros de budget publicitaire) a remplacé la cocaïne du breuvage par de l’acide phosphorique et de l’acide citrique pour donner l’illusion de la désaltération et créer une accoutumance artificielle, etc., etc. Manipulations génétiques, affaiblissement immunitaire volontaire, rachat de brevets écologiques ou économiques, mensonges avérés constituent le lot commun de sociétés plus puissantes que les Etats (à titre d’exemple, la fortune personnelle de Bill Gates (Microsoft) équivaut au PIB du Portugal et le chiffre d’affaires de General Motors (168 milliards de dollars) équivaut au PIB du Danemark).

    L’aspect “consommateur global” est peu évoqué dans le livre, ce qui démontre que malgré les nombreuses dénonciations, le politiquement correct ne touche pas au sacro-saint tabou du racisme. Les publicitaires constituent évidemment la voix des firmes multinationales dont l’objectif est de créer le consommateur unique et donc de niveler les identités afin de pouvoir “penser globalement et vendre localement”.

    Un bénéfice

    Le dernier aspect de la démonstration est la réponse à la question “à qui profite le crime”. Autrement dit, qui se cache derrière ces gigantesques multinationales si souvent dénoncées. Beigbeder, avec son vocabulaire habituel, et un épisode particulier décrit dans son ouvrage donne la réponse: “pour le publicitaire, vous n’êtes que du bétail à gaver, tout ce qui l’intéresse c’est votre fric dans la poche de ses actionnaires (les fonds de pension américains, c’est-à-dire une bande de retraités liftés en train de crever au bord des piscines de Miami). Et que tourne le Meilleur des Mondes Matérialistes”.

    Les plus gros fonds d’investissement sont anglo-saxons et japonais (que l’on se souvienne du fonds de pension des pêcheurs japonais, créancier de la SABENA et qui ne suivait pas le plan Lippens-Davignon). Deux chiffres se doivent d’être cités: chaque jour 1000 milliards de dollars sont échangés sur les marchés internationaux et les trois plus gros fonds d’investissement sont américains et irriguent la planète de leurs 1000 milliards de dollars, soit 65% du PIB français.

    Ces sommes phénoménales sont versées par vous et moi: vos cotisations, primes, épargnes sont collectées par les banques, assurances, sociétés de placement…. Tout cet argent se retrouve, de par le jeu des reprises, fusions et absorptions, aux mains de quelques puissantes institutions qui gèrent cet argent au mieux de…leur intérêt (rendement maximal, maximum de sécurité, maximum de disponibilité). Ces sociétés disposent de fonds d’investissement représentant les intérêts de riches groupes d’actionnaires, dont les pensionnés américains constituent le meilleur exemple. La puissance de ces groupes est immense car les entreprises du monde entier et les Etats industriels, dont les budgets sont perpétuellement déficitaires, ont besoin de capitaux…et font des courbettes devant de si puissants investisseurs potentiels.

    Prenons quelques grands groupes français et examinons la partie des actions détenues par ces fonds d’investissement anglo-saxons: AXA (29%), CARREFOUR (20%), DANONE (-dénoncé sous le nom de MADONE par Beigbeder-) (35%), DEXIA (21%), PEUGEOT (25%), TF1 (12%), TOTALFINAELF (31%), VIVENDI UNIVERSAL (28%),…

    Ces mêmes groupes sont créanciers des Etats et financent la dette publique (pour la France, à concurrence de 20%); ils pèsent donc directement sur notre vie politique et sociale.

    Nous sommes bien loin de nos ennemis les publicitaires, pensez-vous? Pas du tout! Disposant de moyens phénoménaux, encouragés par un libéralisme économique débridé, débarrassé de tout contrôle étatique (puisque disposant d’une mainmise financière totale sur les Etats), spéculant à souhait sur l’économie mondiale et donc sur les économies nationales, le capitalisme anonyme et vagabond a deux objectifs vis-à-vis du consommateur final: d’une part, rentabiliser ses investissements en accroissant le chiffre d’affaires de ses sociétés et donc faire acheter tous les produits possibles et, d’autre part, chloroformer le peuple par un bourrage de crâne politiquement correct.

    P. Marly pour l’Association culturelle Zenit (source)

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • La Grèce, et après ? Michel Drac et Pierre Stadere sur Méridien Zéro (27 février 2015)