économie et finance - Page 643
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Olivier Delamarche - 14 Juillet 2014 - BFM Business 14 07 2014
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Entretien avec Alain de Benoist sur le Traité transatlantique
«Ce qui est terrible en effet, c’est que les négociateurs de l’Union européenne semblent s’être engagés dans ces discussions sans le moindre souci de faire passer en premier les intérêts des Européens.»
«L’enjeu final est donc bel et bien politique. Par une intégration économique imposée à marche forcée, l’objectif final est de mettre en place une « nouvelle gouvernance » commune aux deux continents.»
La « libéralisation » totale des échanges commerciaux est un vieil objectif des milieux financiers et libéraux. Dès le 22 novembre 1990, un an après la chute du Mur de Berlin, les Etats-Unis et l’Europe avaient adopté une première «Déclaration transatlantique» par laquelle ils s’engageaient à «promouvoir les principes de l’économie de marché, à rejeter le protectionnisme, à renforcer et ouvrir davantage les économies nationales à un système de commerce multilatéral». S’ensuivirent différentes initiatives allant toutes dans le sens d’un partenariat commercial euro-américain. En mai 1998, lors du sommet américano-européen de Londres, un premier Partenariat économique transatlantique fut signé.
Le projet fut réactivé en juin 2005, au sommet américano-européen de Washington, sous la forme d’une déclaration solennelle en faveur d’un «Nouveau partenariat économique transatlantique». Le 30 avril 2007, un Conseil économique transatlantique était mis en place par George W. Bush, président des Etats-Unis, Angela Merkel, alors présidente du Conseil européen, et José Manuel Barroso président de la Commission européenne, sous la direction conjointe de Karel De Gucht, commissaire européen au Commerce, et de l’Américain Michael Froman. Cette nouvelle instance se fixait pour objectif de négocier le marché transatlantique dans tous ses aspects législatifs liés à la production, au commerce et aux investissements. Il fut convenu de se réunir tous les ans.
Le 2 février 2009, le Parlement européen adoptait une résolution sur l’«état des relations transatlantiques» invitant à la création effective d’un grand marché transatlantique calqué sur le modèle libéral et impliquant une liberté de circulation totale des hommes, des capitaux, des services et des marchandises. Le texte précisait que ce partenariat transatlantique se fondait «sur des valeurs centrales partagées, telles que la démocratie, les droits de l’homme et l’Etat de droit», et qu’il devait «demeurer la pierre angulaire de l’action extérieure de l’Union». Le processus pouvait alors s’engager concrètement. Le 13 février 2013, Obama signait avec José Manuel Barroso et Herman Van Rompuy une déclaration adoptant le principe d’un accord de partenariat transatlantique. François Hollande, représentant la France, laissait faire. Le 12 mars, la Commission européenne approuvait le projet de mandat concernant la conclusion d’un tel accord avec les Etats-Unis. Enfin, le 14 juin 2013, les gouvernements des 27 Etats membres de l’Union européenne donnaient officiellement mandat à la Commission européenne pour négocier avec le gouvernement américain la création d’un grand marché commun transatlantique, qui a reçu le nom de Partenariat transatlantique de commerce et d’investissements (Trasantlantic Trade and Investment Partnership, TTIP), l’objectif affiché étant de «lier le niveau de libéralisation des deux parties au plus haut niveau de libéralisation obtenu suite aux accords de libre-échange déjà conclus, tout en cherchant à atteindre de nouveaux accès au marché en éliminant les obstacles qui demeurent». Les négociations officielles se sont ouvertes à Washington le 8 juillet 2013. Elles se poursuivent toujours actuellement, les partenaires espèrent parvenir à un accord d’ici 2015.
Rébellion – Décrit comme le plus important accord commercial bilatéral de l’histoire (800 millions de consommateurs, la moitié du PIB mondial et 40% des échanges mondiaux sont directement concernés), il est pourtant négocié dans le plus grand secret par Washington et Bruxelles. Alors que les peuples sont globalement tenus à l’écart des négociations, il semble que les représentants des multinationales et des grands intérêts financiers soient des membres actifs des réunions de préparation. Pourquoi autant d’opacité autour de ce projet ? Que révèle pour vous ce basculement anti-démocratique du système mondialiste ?
On retrouve dans cette affaire la volonté des milieux libéraux de tenir le plus possible les peuples dans l’ignorance de ce qui va engager leur avenir. Ni l’opinion publique ni ses représentants n’ont en effet eu accès au mandat de négociation. La classe politique, dans son ensemble, s’est réfugiée dans un silence qui laisse pantois. Les traités confiant à la Commission européenne une compétence exclusive en matière commerciale, le Parlement européen n’a même pas été saisi. Beaucoup n’hésitent pas à parler de «négociations commerciales secrètes» pour qualifier ces tractations qui se déroulent à huis clos. Ce que l’on en sait provient uniquement de «fuites». Les citoyens n’en ont en rien été informés – ce qui n’est pas le cas en revanche des «décideurs» appartenant aux grands groupes privés, aux multinationales et aux divers groupes de pression, qui sont au contraire régulièrement associés aux discussions.
Rébellion – Le contenu du projet de traité semble viser à une libéralisation totale des rapports économiques entre l’Europe et les Etats-Unis. Que recouvrerait exactement le futur accord ?
C’est à la fois simple et immensément ambitieux. Il s’agit de déréglementer complètement les échanges entre les deux plus grands marchés de la planète. Le projet vise pour cela à la «suppression totale des droits de douane sur les produits industriels et agricoles», mais surtout se propose d’«atteindre les niveaux les plus élevés de libéralisation des investissements ».
Pour quel objectif ? L’élimination des barrières commerciales transatlantiques, dit-on, apporterait entre 86 et 119 milliards d’euros par an à l’économie européenne et entre 65 et 90 milliards aux Etats-Unis, ce qui pourrait entraîner d’ici quinze ans une augmentation moyenne des revenus de 545 euros par ménage européen (chiffres fournis par la Commission européenne et par le Center for Economic Policy Research). Selon un rituel bien au point, on assure que l’accord bénéficiera à tout le monde, qu’il aura un effet favorable sur l’emploi, etc. Rapportées à l’horizon 2027, qui est celui que l’on a retenu, de telles promesses sont en réalité dépourvues de sens. En 1988, la Commission européenne avait déjà affirmé que la mise en place du grand marché européen, prévue pour 1992, créerait entre 2 et 5 millions d’emplois en Europe. On les attend toujours.
La suppression des droits de douane sera surtout sensible dans le secteur du textile et dans le secteur agricole : elle devrait entraîner une chute des exportations agricoles françaises, une industrialisation accrue de l’agriculture européenne, et l’arrivée massive en Europe de soja et de blé américain. Globalement, le démantèlement des droits de douane sera en outre préjudiciable à l’Europe, car le taux moyen de droits de douane est de 5,2 % dans l’Union européenne, tandis qu’il n’est que de 3,5 % aux Etats-Unis. S’ils sont supprimés, les Etats-Unis en retireront donc un avantage de 40 % supérieur à celui de l’UE. Cet avantage sera spécialement marqué dans certains secteurs : les droits de douane sur les matériels de transports sont de 7,8 % en Europe, contre 0 % aux Etats-Unis. Leur suppression portera donc directement atteinte à l’industrie automobile européenne. Et la faiblesse du dollar par rapport à l’euro profitera également aux Etats-Unis au détriment des productions européennes, qui seront incitées à délocaliser, ce qui aggravera d’autant le chômage. Cela dit, la disparition des barrières douanières n’aura pas d’effets macro-économiques véritablement décisifs, puisque les Etats-Unis sont déjà les premiers clients de l’Union européenne, et inversement. A l’heure actuelle, quelque 2,7 milliards de dollars de biens et de services sont échangés chaque jour entre les deux continents !
Rébellion – La fin des normes protectrices et les poursuites possibles pour faire «sauter» les dernières barrières au libre-échange mondial ouvrent-elles la voie à une « privatisation » du droit au service des grands groupes ?
C’est en effet le point essentiel. Beaucoup plus importante que la suppression des droits de douane est l’élimination programmée de ce qu’on appelle les «barrières non tarifaires» (BNT), c’est-à-dire l’ensemble des réglementations que les négociateurs jugent nuisibles parce qu’elles constituent autant d’«entraves» à la liberté du commerce. En clair, les normes constitutionnelles, légales et réglementaires qui, dans chaque pays, seraient susceptibles d’entraver une liberté commerciale érigée en liberté fondamentale : normes de production sociales, salariales, environnementales, sanitaires, financières, économiques, politiques, etc. Pour ce faire, les accords en cours de négociation se proposent d’aboutir à une «harmonisation progressive des réglementations et de la reconnaissance mutuelle des règles et normes en vigueur». José Manuel Barroso a lui-même précisé que «80 % des gains économiques attendus de l’accord viendront de la réduction du fardeau réglementaire et de la bureaucratie». L’enjeu normatif est donc énorme.
Pour libéraliser l’accès aux marchés, l’Union européenne et les Etats-Unis sont censés faire «converger» leurs réglementations dans tous les secteurs. Le problème est que, dans presque tous les cas, les règlements en vigueur aux Etats-Unis sont moins contraignants que ceux qui existent en Europe. Comme les Américains n’envisagent évidemment pas un instant de durcir leur législation et que l’objectif est de s’aligner sur le «plus haut niveau de libéralisation existant», la «convergence» se fera nécessairement par l’alignement des normes européennes sur les leurs. En fait d’«harmonisation», ce sont les Etats-Unis qui vont imposer à l’Europe leurs règles commerciales.
Dans le domaine agricole, l’ouverture du marché européen devrait entraîner l’arrivée massive des produits à bas coûts de l’agrobusiness américain : bœuf aux hormones, carcasses de viande aspergées à l’acide lactique, viandes aux OGM, etc. Jugées depuis longtemps «trop contraignantes» par les Américains, toutes les normes sanitaires européennes pourraient ainsi être condamnées comme «barrières commerciales illégales». En matière environnementale, la réglementation encadrant l’industrie agro-alimentaire serait démantelée. Les groupes pharmaceutiques pourraient bloquer la distribution des génériques. Les services d’urgence pourraient être contraints de se privatiser. Il pourrait en aller de même de l’eau et de l’énergie. Concernant le gaz de schiste, la fracturation hydraulique deviendrait un droit intangible. En outre, comme aux Etats-Unis les «indications géographiques protégées» ne sont pas reconnues, les «appellations d’origine contrôlées» (AOC) françaises seraient directement menacées. En matière sociale, ce sont toutes les protections liées au droit du travail qui pourraient être remises en cause, de même que le statut des services publics et des marchés publics.
Mais il y a pire encore. L’un des dossiers les plus explosifs de la négociation concerne la mise en place d’un mécanisme d’«arbitrage des différends» entre Etats et investisseurs privés. Ce mécanisme dit de «protection des investissements» (Investor State Dispute Settlement, ISDS) doit permettre aux entreprises multinationales et aux sociétés privées de traîner devant un tribunal ad hoc les Etats ou les collectivités territoriales qui feraient évoluer leur législation dans un sens jugé nuisible à leurs intérêts ou de nature à restreindre leurs bénéfices, c’est-à-dire chaque fois que leurs politiques d’investissement seraient mises en causes par les politiques publiques, afin d’obtenir des dommages et intérêts. Le différend serait arbitré de façon discrétionnaire par des juges ou des experts privés, en dehors des juridictions publiques nationales ou régionales. Le montant des dommages et intérêts serait potentiellement illimité (c’est-à-dire qu’il n’y aurait pas de limite aux pénalités qu’un tribunal pourrait infliger à un Etat au bénéfice d’une multinationale), et le jugement rendu ne serait susceptible d’aucun appel. Un mécanisme de ce type a d’ailleurs déjà été intégré à l’accord commercial que l’Europe a récemment négocié avec le Canada (CETA).
Les firmes multinationales se verraient donc conférer un statut juridique égal à celui des Etats ou des nations, tandis que les investisseurs étrangers obtiendraient le pouvoir de contourner la législation et les tribunaux nationaux pour obtenir des compensations payées par les contribuables pour des actions politiques gouvernementales visant à sauvegarder la qualité de l’air, la sécurité alimentaire, les conditions de travail, le niveau des charges sociales et des salaires ou la stabilité du système bancaire. La capacité des Etats à légiférer étant ainsi remise en question, les normes sociales, fiscales, sanitaires et environnementales, ne résulteraient plus de la loi, mais d’un accord entre groupes privés, firmes multinationales et leurs avocats, consacrant la primauté du droit américain. On assisterait ainsi à une privatisation totale de la justice et du droit, tandis que l’Union européenne s’exposerait à un déluge de demandes d’indemnités provenant des 14.400 multinationales qui possèdent aujourd’hui plus de 50 800 filiales en Europe.
Rébellion – L’Union européenne se révèle un acteur de l’arrimage de notre continent aux intérêts des Etats-Unis. Pensez-vous que cette orientation atlantiste cache une course vers le vide d’une institution technocratique qui tente de renforcer son emprise sur les peuples ?
Ce qui est terrible en effet, c’est que les négociateurs de l’Union européenne semblent s’être engagés dans ces discussions sans le moindre souci de faire passer en premier les intérêts des Européens. On ne peut s’en étonner, puisque l’idéologie de l’Union est cette même idéologie capitaliste et libérale dont se réclament les Etats-Unis. Dans certains domaines, les Européens vont même plus loin que les Américains. Un exemple : le 1er juillet dernier, un document qui a «fuité» grâce à un groupe bruxellois appelé Corporate Europe Observatory (CEO) a révélé que, dans le cadre des négociations sur l’accord commercial transatlantique, les Européens s’apprêtent à demander eux-mêmes moins de règles pour les banques et les marchés financiers, cet appel à déréglementer la finance, qui résulte du travail de lobbying des banques européennes, remettant directement en cause tout le travail d’encadrement de ce secteur réalisé depuis le début de la crise. L’intégration des services financiers à l’accord transatlantique permettrait ainsi aux banques européennes d’opérer aux Etats-Unis avec leurs propres réglementations.
Rébellion – La perte de souveraineté économique de l’Europe représentée par la mise en place du Traité transatlantique ne va t-elle pas renforcer la perte de souveraineté politique déjà existante avec son intégration dans l’OTAN ?
La réponse est dans la question ! Le Wall Street Journal l’a d’ailleurs reconnu avec ingénuité : tout comme le «Partenariat transpacifique» (Trans-Pacific Partnership, TPP) que les Etats-Unis ont également lancé en 2011 pour contenir la montée en puissance de la Chine, le partenariat transatlantique «est une opportunité de réaffirmer le leadership global de l’Ouest dans un monde multipolaire». Un leadership que les Etats-Unis ne sont pas parvenus à imposer par l’intermédiaire de l’OMC en raison de la résistance des pays pauvres et des pays émergents. Il s’agit donc bien pour eux de tenter de maintenir leur hégémonie mondiale en enlevant aux autres nations la maîtrise de leurs échanges commerciaux au bénéfice de multinationales largement contrôlées par leurs élites financières. La création d’un grand marché transatlantique leur offrirait un partenaire stratégique susceptible de faire tomber les dernières places fortes industrielles européennes. Il permettrait de démanteler l’Union européenne au profit d’une union économique intercontinentale, c’est-à-dire d’arrimer définitivement l’Europe à un grand ensemble «océanique» la coupant de sa partie orientale et de tout lien avec la Russie.
L’enjeu final est donc bel et bien politique. Par une intégration économique imposée à marche forcée, l’objectif final est de mettre en place une «nouvelle gouvernance» commune aux deux continents. A Washington comme à Bruxelles, on ne dissimule pas que le grand marché transatlantique n’est qu’une étape vers la création d’une structure politique mondiale, qui prendrait le nom d’Union transatlantique. De même que l’intégration économique de l’Europe était censée déboucher sur son unification politique, il s’agirait de créer à terme un grand bloc politico-culturel unifié allant de San Francisco jusqu’aux frontières de la zone d’influence russe. Le continent eurasiatique étant ainsi coupé en deux, une véritable Fédération transatlantique pourrait ainsi voir le jour. Les souverainetés nationales ayant déjà été annexées par la Commission de Bruxelles, c’est la souveraineté européenne qui serait alors transférée aux Etats-Unis. Les nations européennes resteraient dirigées par des directives européennes, mais celles-ci seraient dictées par les Américains. Il s’agit, on le voit, d’un projet d’une immense ambition, dont la réalisation marquerait un tournant historique – sur l’opportunité duquel aucun peuple n’a jamais été consulté.
Rébellion – Grand absent de cette négociation, quel est le regard de la Russie sur ce renforcement des liens du bloc atlantiste ? Propose-t-elle une voie alternative ?
La Russie ne peut que s’inquiéter de la mise en place d’un tel accord, qui contribuerait à l’encercler du point de vue économique et politique, et à la couper un peu plus des pays européens. Elle pourrait bien entendu offrir une alternative aux Européens, en leur proposant de s’associer à la construction d’un grand bloc continental, mais elle sait très bien que l’Union européenne ne s’engagera jamais dans cette voie aussi longtemps qu’elle restera aux ordres de Washington. Dans le passé, Poutine semble avoir espéré que les Européens se montreraient plus soucieux de leur indépendance et prendraient conscience de ce qui rend complémentaires les intérêts russes et les intérêts européens. Je pense qu’aujourd’hui, il ne se fait plus d’illusion. C’est la raison pour laquelle il se rapproche toujours plus de la Chine, afin de créer avec elle une puissance commune qui puisse contrebalancer l’offensive américaine et affaiblir un dollar déjà bien mal en point.
Rébellion – Lors des débats à l’Assemblée nationale, l’UMP comme le PS ont rejeté l’appel à la suspension des discussions déposé par le Front de gauche. Cet alignement de la «gauche» comme de la «droite» est-il une nouvelle preuve de leur adhésion commune à logique libérale ?
Est-il encore besoin de « preuves » ? Le parti socialiste, qui depuis 1983 n’a plus de socialiste que le nom, ressemble aujourd’hui de plus en plus à l’ancienne SFIO. Il a hérité d’un atlantisme qui ne s’est pas démenti depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce qui explique que François Hollande se soit bien gardé de revenir sur la réintégration de la France dans l’appareil intégré de l’OTAN. Toute sa politique montre par ailleurs qu’il s’est officiellement soumis à la finance de marché. N’oublions pas non plus que nombre de membres de la Nouvelle Classe, qu’il s’agisse de leaders d’opinion ou de dirigeants des grands «partis de gouvernement», à commencer par François Hollande (promotion 1996), font partie des «Young Leaders» de la French-American Foundation, organisation créée en 1976 pour «renforcer les liens entre la France et les Etats-Unis», notamment par la recherche de «solutions partagées» (c’est aussi le cas de personnalités aussi différentes que Arnaud Montebourg, Aquilino Morelle, Marisol Touraine, Najat Vallaud-Belkacem, Matthieu Pigasse, Laurent Joffrin, David Kessler, Jean-Marie Colombani, Jérôme Clément, Yves de Kerdrel, Pierre Moscovici, Valérie Pécresse, Christine Ockrent, Alain Minc, Anne Lauvergeon, Alain Juppé, etc.). Comment s’étonner alors de la déclaration de Nicole Bricq, ancien ministre du Commerce extérieur, présentant le projet de Traité transatlantique comme une «chance pour la France», à laquelle on «ne peut qu’être favorable» ?
Rébellion – De José Bové à Marine Le Pen, en passant par Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Luc Mélanchon, des voix se font pourtant entendre contre le projet de traité. Des initiatives de terrain sont lancées par de nombreuses associations ou individus autonomes pour sensibiliser sur cette question. Pensez-vous qu’une opposition populaire puisse faire reculer le système sur cette question ? Assistons-nous à la naissance d’un mouvement transversal comme lors du référendum sur la Constitution européenne de 2005 ?
La comparaison que vous faites trouve d’emblée ses limites puisque, contrairement à ce qui s’était passé lors du référendum de 2005, le peuple n’est pas convié à donner son opinion à propos du projet de Traité transatlantique. Les protestations très justifiées qui se font entendre ici ou là n’ont donc pas la moindre chance d’empêcher les négociations de se poursuivre. On constate tout simplement que le pouvoir est ailleurs ! Ce qui est vrai, en revanche, c’est que les adversaires du traité se recrutent dans des familles politiques d’origines très différentes. En ce sens, il n’est pas exagéré de parler de «mouvement transversal». C’est une preuve de plus du caractère obsolète des anciens clivages et de la mise en place de clivages nouveaux. Mais cela, on le savait déjà depuis longtemps.
Rébellion – Plus largement, que vous inspirent les contestations sociales et les sursauts «populistes» récents en Europe. Croyez-vous à la naissance d’une alternative au système ?
Il y aurait beaucoup à dire sur les phénomènes que l’on désigne habituellement sous l’étiquette de «populisme». Chacun sait que la poussée des mouvements populistes (qu’on aurait tort de réduire à un modèle standard, car ils peuvent être très différents les uns des autres) traduit une crise profonde de la représentation, en même temps qu’elle illustre l’épuisement du clivage droite-gauche. Mais il faut aussi préciser que le populisme n’est pas une idéologie, mais un style qui, en tant que tel, peut se combiner avec des idéologies elles aussi très variées. Il est encore trop tôt pour dire s’il peut en sortir une véritable alternative – et non pas seulement une alternance. Disons que ces phénomènes sont à surveiller de près, sans a priori idéologiques et sans idées préconçues.
Rébellion, 2/07/2014
Source : Rébellion.hautefort.com
http://www.polemia.com/entretien-avec-alain-de-benoist-sur-le-traite-transatlantique/
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Naissance d’un géant économique mondial
La France et l'Union européenne feraient bien de se garder de leurs "amis" américains. La machine est en marche et nul ne pourra l'arrêter.
Le tandem ( U.S.A et sa succursale U.E ) ont beaucoup de soucis à se faire dans l’avenir. Le sommet qui a eu lieu à Forteleza au Brésil le 15 et 16 Juillet dernier s’annonce comme un coup de semonce aux agissements scandaleux des américains qui piétinent depuis des décennies les règles fondamentales des droits des peuples semant la guerre et organisant, ici et là, des coups d’état dans le but bien évident de leurs propres intérêts.
Jusqu’ici tout allait bien car les rapports de force pouvaient se comparer à un combat de boxe entre un Super lourd et un poids mouche. Ce qui impliquait forcément une certaine cécité, on pourrait même ajouter une condamnable complicité, de la part des autres nations qui assistaient en simple spectatrices devant les méfaits qui se déroulaient devant elles. On se souvient encore des armes ( virtuelles ) de destruction massive de Bush junior qui ont conduit l’Irak dans le chaos et à l’assassinat de son président Saddam Hussein. Il serait trop long d’évoquer les nombreuses incursions en Lybie, Afghanistan, Egypte, Amérique latine, Moyen Orient, Asie et même en Europe.
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480 000€ pour une "première dame" qui n'en était pas une
En 2013, Valérie Trierweiler disposait de 5 collaborateurs, pour une rémunération de 369 900€ bruts annuels. Chaque collaborateur touchait donc un peu plus de 6000€ par mois.
4 officiers du groupement de sécurité de la présidence de la République (GSPR) étaient prioritairement affectés à sa sécurité. Ses déplacements ont coûté en 2013 85 000 €.
Valérie Trierweiler disposait au rez-de-chaussée de l'Hôtel d'Evreux de 6 bureaux et du salon des Fougères.
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480 000€ pour une "première dame" qui n'en était pas une
En 2013, Valérie Trierweiler disposait de 5 collaborateurs, pour une rémunération de 369 900€ bruts annuels. Chaque collaborateur touchait donc un peu plus de 6000€ par mois.
4 officiers du groupement de sécurité de la présidence de la République (GSPR) étaient prioritairement affectés à sa sécurité. Ses déplacements ont coûté en 2013 85 000 €.
Valérie Trierweiler disposait au rez-de-chaussée de l'Hôtel d'Evreux de 6 bureaux et du salon des Fougères.
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La France en faillite
Lu sur Le Contrarien :
"Quoi que l’on pense de Charles Gave, qui pour certains est un vilain « ultralibéral », il n’en demeure pas moins que ses analyses économiques se révèlent très souvent justes et qu’il a su à travers son succès dans les affaires prouver sa pertinence et sur la durée, ce qui est beaucoup plus rare.
Son avis n’est donc pas, loin de là, à prendre à la légère. Or que nous dit Charles Gave de GK Research dans sa dernière note confidentielle du 11 juillet 2014 ?
« En 43 ans de carrière, c’est la première fois que je recommande une position de vente sur la dette française qui ne soit pas une position de couverture. Aujourd’hui, je pense que le moment est venu de vendre à découvert la France.
Soyons clair : si j’ai raison, cela signifie aussi que vous ne devriez en aucun cas détenir d’actions bancaires ou financières de la Zone euro, ni aucune obligation des pays périphériques de la Zone euro et très peu d’obligations d’entreprises européennes. Les seules obligations en euro à détenir sont les bunds allemands. Bref, pour l’anniversaire de la prise de la Bastille, j’émets donc un conseil très baissier. »
La France a déjà fait faillite !
Je crois que tout le monde doit bien comprendre cette idée-là. Le problème n’est plus de savoir si la France va faire ou pas faillite. Le problème n’est pas non plus de savoir quand. Non mes chers amis, la France a déjà fait faillite, comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne ou l’Italie.
Pourquoi ? Pour une raison très simple. Les conséquences de la faillite ou les conséquences pour éviter la faillite sont les mêmes ! Explications :
Si notre pays faisait faillite officiellement demain, que se passerait-il dans les faits ? Tous ceux qui détiennent des obligations de l’État français seraient ruinés ou presque. Plus personne ne voudrait prêter à la France. Du coup, nous devrions effectuer des coupes budgétaires sans précédent et ne payer que ce que nous pouvons payer… en clair, plus de Sécu, plus d’assistanat, plus de RSA, plus beaucoup de retraite et des salaires en forte baisse pour nos amis fonctionnaires et de façon générale pour tous ceux qui dépendent de l’argent public. Ce serait évidemment une catastrophe économique qui rapidement dégénérerait en un chaos social. D’où l’idée de « tout » faire pour éviter la faillite y compris de l’austérité…
Mais personne ne remarque-t-il donc que pour éviter la faillite il faut faire de l’austérité et que cette fameuse austérité n’est ni plus ni moins sensiblement la même chose que les conséquences éventuelles d’une faillite ? [...] Vous devez comprendre que la seule différence réside dans la rapidité des événements. En cas de faillite de la France, les conséquences sont brutales, multiples et immédiates. Hier tout marchait, demain tout est à l’arrêt. [...]"
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14 Juillet, pauvre armée française
Par le passé, les chefs d’état invitaient leurs homologues étrangers à assister aux défilés militaires pour les impressionner, leur faire montre de leurs forces et leur faire craindre leur puissance et leur possible courroux. C’était aussi un moment fort de communion entre la France et ses armées, entre le peuple et ses soldats.
Malheureusement, notre puissance est aujourd’hui réduite comme peau de chagrin, loin des prétention guerrières de nos chefs politiques toujours prompts à servir fidèlement les exigences de l’oncle Sam, en Irak, en Afghanistan, en Lybie ou en Syrie…
Comment faire croire encore au monde à notre capacité d’engagement quand nos forces de projection tiennent toutes entières sur un stade de football et que notre complexe militaro-industriel est quasi détruit ? Les budgets militaires sont depuis longtemps des variables d’ajustement budgétaires, les uniformes viennent de Chine, nos avions ne se vendent pas, nos navires sont à quai en attendant l’autorisation d’être livrés.
Comment faire croire à nos partenaires notre possibilité d’avoir une libre politique étrangère puisque depuis la réintégration de l’OTAN voulue par Nicolas Sarkozy, la France a abandonné sa souveraineté militaire, les choix du pays sont plus contraints encore et les ordres viennent de Washington via le commandement intégré à Bruxelles.
La souveraineté nationale et les démonstrations militaires sont d’un autre temps me direz-vous…
Gérard Hardy
La suite sur Boulevard Voltaire
http://www.actionfrancaise.net/craf/?14-Juillet-pauvre-armee-francaise
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14 Juillet, pauvre armée française
Par le passé, les chefs d’état invitaient leurs homologues étrangers à assister aux défilés militaires pour les impressionner, leur faire montre de leurs forces et leur faire craindre leur puissance et leur possible courroux. C’était aussi un moment fort de communion entre la France et ses armées, entre le peuple et ses soldats.
Malheureusement, notre puissance est aujourd’hui réduite comme peau de chagrin, loin des prétention guerrières de nos chefs politiques toujours prompts à servir fidèlement les exigences de l’oncle Sam, en Irak, en Afghanistan, en Lybie ou en Syrie…
Comment faire croire encore au monde à notre capacité d’engagement quand nos forces de projection tiennent toutes entières sur un stade de football et que notre complexe militaro-industriel est quasi détruit ? Les budgets militaires sont depuis longtemps des variables d’ajustement budgétaires, les uniformes viennent de Chine, nos avions ne se vendent pas, nos navires sont à quai en attendant l’autorisation d’être livrés.
Comment faire croire à nos partenaires notre possibilité d’avoir une libre politique étrangère puisque depuis la réintégration de l’OTAN voulue par Nicolas Sarkozy, la France a abandonné sa souveraineté militaire, les choix du pays sont plus contraints encore et les ordres viennent de Washington via le commandement intégré à Bruxelles.
La souveraineté nationale et les démonstrations militaires sont d’un autre temps me direz-vous…
Gérard Hardy
La suite sur Boulevard Voltaire
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La "France" et l'UE contre l'instrument contraignant envers les multinationales
Voilà une nouvelle trahison qui augure bien du TTIP/TAFTA. Un communiqué d'ATTAC, repris par notre confrère "les crises", révèle que la "France", l'UE, l'Allemagne et les Etats-Unis se sont opposés, en vain, au développement d'un outil juridique visant à contrôler les multinationales.
"C’est par 20 votes pour, 14 contre et 13 abstentions que la résolution en faveur d’un futur instrument légalement contraignant envers les multinationales a été adoptée au Conseil des droits de l’Homme (CDH) de l’ONU. Cette résolution, dont le principe avait été soutenu par 85 États de la planète en septembre dernier, ouvre une opportunité historique pour combler un manque flagrant : il n’existe pas, au niveau international, d’instrument juridiquement contraignant, pourvu de mécanisme de sanction, pour réguler et contrôler les impacts des multinationales sur les droits humains et assurer l’accès à la justice pour les victimes de leurs activités.
Les multinationales bénéficient ainsi d’une asymétrie dans le droit international puisqu’elles disposent aujourd’hui de toute une batterie d’instruments normatifs (accords de libre-échange, traités bilatéraux sur les investissements, mécanismes d’arbitrages internationaux, etc.) qui protègent leurs droits et leurs intérêts, renforçant d’autant leur pouvoir économique et politique. Toutes les tentatives passées pour sérieusement contrôler leurs activités et leurs impacts sur les droits humains ont échoué, notamment suite à leur fort lobbying, et seuls existent aujourd’hui des codes volontaires et des principes directeurs juridiquement non-contraignants et absolument inefficaces.
Pourtant, de Bhopal au Rana Plaza en passant par le cas de Chevron en Équateur ou de Marikana en Afrique du Sud, nous ne manquons pas de cas d’études et de documentation, y compris au sein des instances internationales, pour justifier la double nécessité de destituer l’architecture d’impunité dans laquelle évoluent les multinationales, et d’introduire des dispositions contraignantes garantissant que les droits économiques, sociaux, politiques et environnementaux des populations ne puissent être violés par les multinationales, et rester impunis.
Des centaines d’organisations et de mouvements sociaux du monde entier soutiennent la proposition initiée par l’Équateur et l’Afrique du Sud et se sont mobilisés cette semaine à Genève, et ailleurs, pour faire pression sur les États membres du CDH et sensibiliser l’opinion publique internationale. En votant en bloc contre le projet de résolution, les pays européens et de l’OCDE (hormis le Chili qui s’est abstenu) ont fait passer les intérêts des multinationales au-dessus de la protection des droits humains."
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La "France" et l'UE contre l'instrument contraignant envers les multinationales
Voilà une nouvelle trahison qui augure bien du TTIP/TAFTA. Un communiqué d'ATTAC, repris par notre confrère "les crises", révèle que la "France", l'UE, l'Allemagne et les Etats-Unis se sont opposés, en vain, au développement d'un outil juridique visant à contrôler les multinationales.
"C’est par 20 votes pour, 14 contre et 13 abstentions que la résolution en faveur d’un futur instrument légalement contraignant envers les multinationales a été adoptée au Conseil des droits de l’Homme (CDH) de l’ONU. Cette résolution, dont le principe avait été soutenu par 85 États de la planète en septembre dernier, ouvre une opportunité historique pour combler un manque flagrant : il n’existe pas, au niveau international, d’instrument juridiquement contraignant, pourvu de mécanisme de sanction, pour réguler et contrôler les impacts des multinationales sur les droits humains et assurer l’accès à la justice pour les victimes de leurs activités.
Les multinationales bénéficient ainsi d’une asymétrie dans le droit international puisqu’elles disposent aujourd’hui de toute une batterie d’instruments normatifs (accords de libre-échange, traités bilatéraux sur les investissements, mécanismes d’arbitrages internationaux, etc.) qui protègent leurs droits et leurs intérêts, renforçant d’autant leur pouvoir économique et politique. Toutes les tentatives passées pour sérieusement contrôler leurs activités et leurs impacts sur les droits humains ont échoué, notamment suite à leur fort lobbying, et seuls existent aujourd’hui des codes volontaires et des principes directeurs juridiquement non-contraignants et absolument inefficaces.
Pourtant, de Bhopal au Rana Plaza en passant par le cas de Chevron en Équateur ou de Marikana en Afrique du Sud, nous ne manquons pas de cas d’études et de documentation, y compris au sein des instances internationales, pour justifier la double nécessité de destituer l’architecture d’impunité dans laquelle évoluent les multinationales, et d’introduire des dispositions contraignantes garantissant que les droits économiques, sociaux, politiques et environnementaux des populations ne puissent être violés par les multinationales, et rester impunis.
Des centaines d’organisations et de mouvements sociaux du monde entier soutiennent la proposition initiée par l’Équateur et l’Afrique du Sud et se sont mobilisés cette semaine à Genève, et ailleurs, pour faire pression sur les États membres du CDH et sensibiliser l’opinion publique internationale. En votant en bloc contre le projet de résolution, les pays européens et de l’OCDE (hormis le Chili qui s’est abstenu) ont fait passer les intérêts des multinationales au-dessus de la protection des droits humains."