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économie et finance - Page 645

  • Piketty : « Le capitalisme se mord la queue »

    Un nouvel économiste crée aujourd’hui la polémique et il n’est pas de droite. Début avril, à la conférence de l’Institute of New Economic Thinking, à Toronto, l’ouvrage de Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, a été mentionné au moins une fois à chacune des séances auxquelles j’ai assisté. Il faut remonter aux années 1970, avec Milton Friedman, pour trouver un économiste ayant suscité un tel débat.

    Comme Friedman, Piketty est un homme de son temps. Si durant les années 1970, les inquiétudes portaient sur l’inflation, aujourd’hui elles sont liées à l’émergence de ploutocrates et à leur impact sur l’économie et la société.

    Piketty est convaincu que le niveau actuel des inégalités de richesse, qui est vouée à augmenter, compromet l’avenir du capitalisme. Et il le démontre. Cette thèse étonnante est très mal accueillie par ceux qui considèrent que le capitalisme et les inégalités sont interdépendants.

    Selon cette idée, soutenue par le centre droit, le capitalisme a besoin des inégalités de richesse pour stimuler la prise de risques et les initiatives.
    C’est pourquoi David Cameron et George Osborne plaident pour une diminution des droits de succession et se flattent du faible niveau d’imposition des plus-values et des sociétés, un système favorable aux entreprises.

    Des « superpatrons », royalement rémunérés

    Piketty déploie deux siècles de données pour prouver qu’ils ont tort. Le capital, dit-il, est aveugle. Quand son rendement – par l’investissement dans des secteurs allant de l’immobilier à la construction automobile – dépasse la croissance réelle des salaires et de la production, comme il l’a toujours fait, à l’exception de quelques périodes comme les années 1910-1950, le stock de capitaux augmente beaucoup plus rapidement que l’ensemble de la production. Et les inégalités de richesse explosent.

    Ce processus est exacerbé par les héritages et, aux États-Unis et au Royaume-Uni, par l’augmentation du nombre de « superpatrons », royalement rémunérés. Les inégalités de richesse en Europe et aux États-Unis ont déjà atteint les niveaux d’avant la Première Guerre mondiale et s’orientent vers ceux de la fin du XIXe siècle, quand la chance de pouvoir compter sur un héritage jouait un rôle crucial dans la vie économique et sociale.

    Les dépenses excessives et les terribles tensions sociales qui ont marqué l’Angleterre édouardienne [1901-1910], la France de la Belle Époque et les États-Unis des magnats de l’industrie semblent à jamais derrière nous, mais Piketty montre que la période comprise entre 1910 et 1950, durant laquelle ces inégalités ont été réduites, était anormale.

    Il a fallu une guerre et une récession pour mettre un coup d’arrêt à la dynamique des inégalités et pour mettre en place des impôts élevés sur les hauts revenus, en particulier ceux du capital, pour préserver la paix sociale. Aujourd’hui, le processus inéluctable de multiplication du capital aveugle au bénéfice de quelques privilégiés est à nouveau à l’œuvre, et qui plus est à une échelle mondiale.

    L’explosion des investissements immobiliers

    Il n’existe pratiquement pas de nouveaux entrepreneurs, hormis une ou deux start-up de la Silicon Valley, qui puissent gagner suffisamment d’argent pour concurrencer les concentrations de richesses incroyablement puissantes qui existent déjà. En ce sens, on peut dire que « le passé dévore l’avenir ».

    Le fait que le duc de Westminster et le comte de Cadogan soient deux des hommes les plus riches de Grande-Bretagne est révélateur. Ce phénomène s’explique par les terrains que leurs familles possèdent depuis des siècles à Mayfair et à Chelsea et par les réticences à éliminer les possibilités d’évasion fiscale qui permettent à ces familles de faire prospérer leur patrimoine.

    Aujourd’hui, on est davantage encouragé à devenir rentier qu’à prendre des risques. Il suffit de voir l’explosion des investissements immobiliers. Nos sociétés et nos riches n’ont pas besoin de soutenir des innovations audacieuses ni même d’investir dans la production.

    D’autres forces se conjuguent contre le capitalisme. Piketty note que les riches savent très bien protéger leurs richesses de l’impôt et que la proportion du fardeau fiscal supporté par les ménages à revenus moyens a progressivement augmenté.

    En Grande-Bretagne, 1 % des ménages les plus riches paient effectivement un tiers de la totalité de l’impôt sur les revenus, mais ce dernier ne représente que 25 % des revenus du Trésor public : 45 % viennent de la TVA, de droits d’accises et de diverses contributions sociales payées par l’ensemble de la population.

    Les sociétés s’efforcent de se protéger

    De ce fait, la charge de dépenses publiques comme l’éducation, la santé et le logement incombe de plus en plus aux contribuables moyens, qui n’ont pas les ressources financières nécessaires pour les payer. Et c’est ainsi que les inégalités de richesse deviennent un facteur de dégradation des services publics et des conditions de travail.

    L’enseignement que l’on peut tirer du passé est que les sociétés s’efforcent de se protéger en fermant leurs frontières ou en menant des révolutions, voire des guerres.

    Les solutions – un taux d’imposition sur les revenus allant jusqu’à 80 %, des droits de succession réels, un impôt sur la propriété adéquat et une taxe mondiale sur les richesses – sont actuellement inconcevables. Mais comme l’écrit Piketty, la tâche des économistes est de les rendre plus concevables. Et c’est ce que fait Le Capital au XXIe siècle.

    Courrier International

    http://www.europe-identite.com/index.php/Actualite/A-lire/-Le-capitalisme-se-mord-la-queue.html?mosmsg=Merci+d%60avoir+vot%E9.+Pour+voir+les+r%E9sultats%2C+cliquez+sur+le+bouton+R%E9sultats

  • Le torchon brûle entre la Bulgarie et la Commission sur South Stream

    Ex: http://www.euractiv.fr

    Le ministre bulgare de l'Énergie compte maintenir la construction du gazoduc South Stream, malgré les mises en gare de Bruxelles sur ses incompatibilités avec la législation européenne.

    Le projet South Stream ne sera pas arrêté, a affirmé le ministre bulgare de l'Énergie, Dragomir Sotynev à l'issue d'une entrevue avec le commissaire européen Günther Oettinger. 

    À la suite de la crise ukrainienne, le Parlement a décidé de susprendre l'autorisation du projet de gazoduc paneuropéen. Selon les eurodéputés, l'UE doit s'approvisionner auprès d'autres fournisseurs que la Russie.

    Mais le ministre bulgare, un économiste proche de Sergueï Stanichev, chef du parti socialiste bulgare, a assuré que le chantier allait commencer en juin, comme prévu, repoussant ainsi les demandes du Parlement européen de suspendre la construction.

    Il a par ailleurs accusé l'opposition de centre-droit d'avoir apporté de fausses informations à la Commission européenne sur le projet afin de faire capoter sa mise en oeuvre. 

    Le ministre bulgare a déclaré que la première station terrestre du South Stream serait construite à deux kilomètres de la côte de la mer Noire, et non à vingt kilomètres comme l'a affirmé l'opposition aux services de la Commission. Ce qui fait une « énorme différence », a-t-il indiqué.

    Dragomir Stoynev a expliqué que les directives européennes sur la libéralisation du marché de l'énergie ne sont applicables qu'aux tronçons terrestres et non à ceux situés en mer. Il a certifié que Sofia informera, le cas échéant, la Commission sur les amendements apportés à une loi nationale controversée sur South Stream, avant qu'elle ne soit définitivement adoptée.

    En effet, le 4 avril, le Parlement bulgare a adopté en première lecture des amendements à loi sur la politique énergétique qualifiant South Stream d'un interconnecteur et non de gazoduc. Grâce à cette modification, le projet porté par Gazprom échapperait au champ d'application du troisième paquet énergie.

    Autre problème de taille, plusieurs pays européens - l'Autriche, la Bulgarie, la Croatie, la Grèce, la Hongrie et la Slovénie - avaient conclu des accords bilatéraux avec la Russie dans le cadre de la construction du gazoduc. Mais le 4 décembre dernier, la Commission européenne a affirmé que ces accords enfreignaient la législation européenne et devaient être renégociés dans leur intégralité.

    Gazoduc maritime ou pas ?

    Les explications du ministre Bulgare ne semblent pas avoir apaisé les craintes de la Commission au sujet de l'impact de la loi énergétique en cours de discussion. Selon le texte législatif, le projet South Stream serait « un gazoduc maritime » qui ne serait donc pas couvert par les directives européennes. 

    Mais pour la Commission, la loi européenne s'applique aux infrastructures qui tombent sous la juridiction européenne, a insité Sabine Berger, porte-parole du commissaire à l’énergie. Et les eaux territoriales bulgares en font partie, ainsi que les zones économiques exclusives du pays.

    « La longueur du tronçon terrestre du « gazoduc maritime » n'est pas pertinente dans le cadre de l'évaluation de la Commission de l'amendement proposé [par le Parlement bulgare] au regard de sa compatibilité avec les modalités de la directive sur le gaz », a-t-elle clairement expliqué. L'argument du ministre bulgare sur le lieu de construction par rapport à la côte serait donc irrecevable.

    Selon la porte-parole, la Commission s’inquiète également de l'accord intergouvernemental de la Bulgarie signé avec la Russie dans le cadre du projet. L’exécutif européen le considère non conforme à la législation européenne, comme ce fut le cas pour tous les autres accords intergouvernementaux signés par les autres États membres engagés dans South Stream.

    Les griefs de la Commission

    EurActiv a consulté la lettre envoyée par la Commission aux autorités bulgares, datée du 14 août 2013, qui apporte une analyse détaillée de l'accord conclu entre la Bulgarie et la Russie. Le document de six pages adressé à la vice-ministre de l'Énergie bulgare, Evgenia Haritonova, n'a jamais été rendu public, malgré les pressions exercées par certains députés bulgares.

    Cet accord enfreint non seulement les règles relatives au marché européen de l'énergie qui interdisent aux producteurs d'énergie d'être aussi à la tête d'un réseau de transmission, selon le principe de découplage. Cet élément est un point litigieux récurrent dans les sept accords intergouvermentaux conclus avec la Russie. Outre ces griefs, la lettre isole d’autres infractions :

    • La Bulgarie s'est engagée à assurer un régime fiscal privilégié à Gazprom, ce qui, selon la Commission, n'est pas conforme aux règles sur les aides d'État de l'UE ;
    • L'accord intergouvernemental stipule, selon les cas, que la sous-traitance s’applique aux entreprises grecques et bulgares ou que la préférence est donnée aux entreprises des deux parties signataires (la Bulgarie et la Russie), ce qui enfreint là encore aux règles de concurrence européenne ;
    • L'accord intergouvernemental énonce que les tarifs d'exploitation du gazoduc seront fixés par la société établie, ce qui entre, selon la loi européenne, en contradiction avec l'existence même des organes de surveillance nationaux chargés d’approuver les tarifs de transmission.

    La porte-parole de la Commission européenne a mis en garde la Bulgarie et a assuré que si les conditions de construction ou d'exploitation du gazoduc n'étaient pas conformes à la législation européenne, alors la Commission se réservait le droit de faire en sorte que la Bulgarie applique la législation européenne.

    Liens externes: 

    Press articles:

    Dnevnik, partenaire d'EurActiv en Bulgarie : "Южен поток" няма да бъде спрян, обяви Стойнев след разговор с Йотингер

    Dnevnik, partenaire d'EurActiv en Bulgarie : Вигенин пред ИТАР-ТАСС: България ще направи всичко, зависещо от нея, за да бъде реализиран "Южен поток"

    Dnevnik, partenaire d'EurActiv en Bulgarie : Според Вигенин евродепутатите са реагирали емоционално с призива да се спре "Южен поток"

    Georgi Gotev | EurActiv.com - traduction de l'anglais

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/05/05/le-torchon-brule-entre-la-bulgarie-et-la-commission-sur-sout-5362460.html

  • Maastricht : l’héritage désastreux de François Mitterrand.

    Un cliché entretenu parla gauche et même au delà est que F. Mitterrand était un fin politique. Il faut reconnaître que pour se faire élire, réélire et durer, il a été un roublard hors pair.

    En revanche sa vision géopolitique sur l’Europe a été catastrophique. Il a pensé, ceci étant lié à une peur sénile de l’Allemagne que la construction européenne et l’euro allaient asphyxier l’identité allemande et sa capacité d’agir selon ses propres intérêts. On a connu en France durant cette période un véritable délire européiste avec des slogans du genre : 

    « L’Europe levier d’Archimède de la France »

    « L’Europe : la France en plus grand ! »

    « L’Europe : un démultiplicateur de puissance »

    Les slogans franco français ridicules font sourire à présent puisqu’ils peuvent s’appliquer maintenant de façon quasi absolue à l’Allemagne. Les industries françaises et italiennes ont été laminées par l’euro.

    L’Allemagne a utilisé la construction européenne et sa monnaie unique l’euro pour dominer et diriger l’Europe. La France quant à elle n’est devenue qu’un membre parmi vingt-huit.

    D’ailleurs, l’Allemagne tout en dominant l’Europe a une stratégie mondiale pour son économie qui fait fi de l’Europe.

    On a aussi beaucoup argumenté sur la paix en Europe qu’aurait créée l’Union européenne. Or l’Union européenne a pratiqué une politique impérialiste en voulant ajouter des pays de l’Est les uns après les autres. Son impérialisme vis à vis de l’Ukraine a même déclenché un début de guerre civile en piétinant les intérêts de la Russie et les désirs des habitants pro-Russes de ce pays.

    On peut aussi constater que les rêveries de certains hommes politiques sur l’Europe continuent. Leurs arguments relèvent de la méthode Coué. Lorsqu’on implore comme des danses pour faire pleuvoir qu’il faut faire baisser l’euro, l’Allemagne torpille immédiatement ce projet comme de toute initiative les dérangeant. Dans le concert des nations de l’Union européenne, Paris supplie, Berlin ordonne.

    Patrice Gros-Suaudeau

  • Escroquerie : La pêche à la carte bancaire

    C’est une nouvelle forme de vol à domicile qui passe directement par votre ordinateur. Ça commence par un mail que vous croyez envoyé par votre banque : « Veuillez entrer votre numéro de compte ou de carte bancaire. » Et hop, vous voilà délestés de 3.000 euros. Vous venez d’être victime de « phishing », hameçonnage en français.

    Les escrocs utilisent aussi le nom des services publics qui vous sont familiers comme EDF ou les allocations familiales… En France, chaque année, on compte 120.000 victimes de cette escroquerie.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Libéralisme, croissance, mariage gay, les trois faces d’une même pièce (mais si, ça existe, une pièce à trois faces…) par FIKMONSKOV

    Je suis toujours effaré de voir mes camarades de lutte contre le mariage gay, la G.P.A. et la « théorie du genre » ne jurer que par le libéralisme. J’ai l’impression de voir des gens qui crient – à raison – au feu tout en déversant de l’essence par camions-citerne entier.

    Le libéralisme est une théorie certes plaisante, voire convaincante, mais elle ne l’est que dans un contexte donné : celui d’une communauté de personnes à faible étendue. Un pays, par exemple, mais idéalement à échelle encore plus réduite, tout simplement parce que cette théorie a été établie à une époque où l’homme vivait dans un monde immense, trop grand pour lui, et où les échanges ne pouvaient donc globalement se faire qu’à des distances réduites. Le pétrole a fait sauter ce mur de la distance; on va plus rapidement aujourd’hui de Paris à Tokyo qu’on allait il y a un siècle de Paris à Marseille.

    Ça change tout : alors que le mécanisme de régulation naturelle sur lequel repose le libéralisme fonctionnait dans un espace uni, où la concurrence pouvait jouer pour maintenir des prix raisonnables, et où les prix ne pouvaient pas monter en laissant les salaires trop à la traîne, ce n’est plus vrai aujourd’hui. Ceux qui achètent ne sont pas ceux qui produisent, et on peut donc payer une misère ceux qui produisent tout en vendant le produit une fortune, parce que les producteurs et les acheteurs n’ont pas le même référentiel. La régulation naturelle ne marche plus.

    On m’objectera qu’il y a toujours eu des échanges internationaux, et que ça s’appelait le commerce. Certes, mais la différence est que dans le commerce, les deux parties y gagnent : le vendeur écoule sa marchandise, s’enrichit et fait travailler ces proches; l’acheteur acquiert un produit qu’il ne peut pas fabriquer lui-même. Le régulateur naturel dans ce cas est celui de l’espace-temps, qui fait augmenter la valeur du produit. Si ce produit est trop cher, l’acheteur fera mieux de le produire lui-même, s’il le peut. Et s’il ne peut pas, il n’achètera plus, et le vendeur aura intérêt à baisser le prix, mais pas trop pour que lui et ses proches continuent à y gagner dans l’échange. Aujourd’hui, les échanges internationaux ne sont plus gagnant/gagnant, ils sont perdant/gagnant-puissance-dix/perdant. L’acheteur paie au prix fort ce pour quoi le producteur a été payé au prix faible, et c’est l’intermédiaire qui se remplit les poches.

    Précisons également que ces libéraux ont raison de faire remarquer que la France n’est pas un pays libéral : c’est vrai. Mais ils oublient justement que cette notion de pays, au niveau économique, ne veut plus rien dire. L’économie est mondiale, et à ce niveau-là le libéralisme est bien en place. Les rares instances de régulation mondiales sont bien faibles et complètement dépassées.

    Enfin, ils semblent ne pas voir une dernière chose, qui me semble pourtant fondamentale : dans un monde sans morale, le libéralisme ne peut que mener au libertarisme. Quand plus rien ne vient poser de limites et de cadre, la seule règle qui reste est celle de l’offre et de la demande. L’infidélité existe, pourquoi ne pas en faire un business ? L’homosexualité existe, pourquoi ne pas faire de business autour ? Les couples homosexuels ont aussi envie d’avoir des enfants, pourquoi ne pas leur donner la possibilité d’en avoir contre rémunération ?

    Ce cadre moral est d’autant plus difficile à trouver à l’échelle du monde que les repères peuvent changer selon les civilisations. À une époque où globalement on échangeait entre gens d’une même culture et d’une même religion, les cadres étaient les mêmes pour tout le monde et les dérives soit étaient évitées, soient mourraient vite sous l’opprobre publique. Aujourd’hui, un habitant d’un pays résolument féministe pourra très bien aller vendre des pierres pour lapider les femmes dans un pays où ça se fait encore, en les faisant fabriquer dans un pays où on n’est pas tellement regardant sur ce genre de choses. L’exemple est exagéré, évidemment, mais le mécanisme n’en est pas moins vrai.

    Bref, le libéralisme contient en lui-même ses propres dérives, que ses penseurs n’ont peut-être pas anticipées mais qui n’en restent pas moins inévitables, surtout dans le contexte actuel, qui n’a plus rien à voir avec celui que ces théoriciens avaient sous les yeux.

    ***

    J’évoque également la croissance dans mon titre, pour une raison très simple : elle est un dogme absolu pour ces mêmes camarades de lutte. Pour leur défense, je précise qu’elle l’est pour absolument tout le monde, de François Fillon (j’en parlais ici en octobre 2012 [cf. http://fikmonskov.wordpress.com/2012/10/15/lettre-ouverte-a-monsieur-francois-fillon-candidat-a-la-presidence-de-lump/]) à Arnaud Montebourg (qui a déclaré qu’il sera « un militant de la croissance » pas plus tard que ce matin [cf. http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/04/03/97002-20140403FILWWW00155-montebourg-des-militants-de-la-croissance.php]) en passant par Marine le Pen en 2013 [cf. http://www.marinelepen.fr/2013/04/01-de-croissance-en-2013-reaction-de-marine-le-pen/]. Bref, tout le monde ne parle que de croissance, qui serait absolument la seule solution pour nous sortir de là. Tout le monde sauf Mélenchon [cf. http://www.reporterre.net/spip.php?article2779].

    En clair, aujourd’hui, dans le petit cercle des opposants au gouvernement, si tu n’es pas complètement acquis au libéralisme et que tu ne rêves pas toutes les nuits d’un retour de la croissance, tu as intérêt à continuer à faire rouler la discussion sur le thème « Hollande démission Valls aux chiottes franchement la gauche c’est des salauds ». (Heureusement – ou peut-être pas -, ce n’est pas trop compliqué…)

    ***

    Eh bien j’affirme aujourd’hui que c’est complètement contradictoire de lutter contre le mariage gay, la G.P.A. et le genre tout en ne jurant que par le libéralisme et en invoquant la croissance comme le Peau-Rouge invoque le grand Nanabozo.

    — Nous combattons le mariage gay, la G.P.A. et le genre au nom du réel. Nous croyons que les choses ont une essence, contre laquelle on ne peut pas aller. Un couple homosexuel ne sera jamais le point de départ d’une famille, et n’a donc aucune raison de voir son amour reconnu par la société; une enfant n’est pas un dû mais un don, et un don à la valeur inestimable, on ne peut donc pas le produire sur commande et le vendre; le sexe de la personne le défini bien plus que n’importe quoi d’autre, et les deux sexes sont différents, on ne peut donc faire comme si être un garçon ou une fille ne changeait rien au fond.

    Et dans le même temps, on promeut une vision du monde en refusant de voir ce que son application produit dans le réel. On continue à s’agripper à des théorie formulées à une époque révolue en feignant d’ignorer qu’un changement aussi absolu de contexte ne peut que remettre en cause le réalisme de cette théorie. On refuse de constater que ce qu’on défend et promeut conduit invariablement à ces choses qu’on combat par ailleurs.

    — Nous combattons le mariage gay, la G.P.A. et le genre parce qu’ils forgent – autant qu’ils en découlent – une vision de l’homme libéré de toutes ses limites, celles que nous avons exposées juste ci-dessus : un homme n’est pas et ne sera jamais une femme, un couple homosexuel n’aura jamais d’enfants. Et dans le même temps, nous pleurons parce que le réel nous rappelle soudainement que le monde est limité, que la richesse est limitée, que l’énergie est limitée. Le dogme de la croissance, c’est justement cette idée que rien n’est limité, qu’on pourra chaque année avoir un peu plus que l’année précédente. On aurait même voulu que « la croissance ne diminue pas », c’est-à-dire qu’on croyait à une croissance exponentielle. Or, par définition, une exponentielle tend vers l’infini.

    On voudrait tendre vers l’infini, avoir chaque jour plus que la veille, et dans le même temps on gueule parce que les homosexuels eux aussi voudraient abolir leurs limites, ou parce que Najat et Peillon veulent abolir les limites de nos enfants, limites dont la plus évidente est celle-ci : je suis né garçon, je ne serai jamais fille, et inversement.

    ***

    Je le dis donc clairement, officiellement, solennellement : je suis anti-libéral et décroissant. Et ce n’est pas en dépit de mon engagement pour la famille, engagement parait-il « bourgeois » et « de droite », mais bien en raison de cet engagement. C’est cet engagement qui m’a amené à cette conclusion.

    Je précise que d’autres ont fait le cheminement inverse : partis de la décroissance et de l’anti-libéralisme, donc de « la gauche » et de « la révolution », ils ont fini par combattre contre le mariage gay, la G.P.A. et le genre. C’est le cas par exemple de Patrice de Plunkett [cf. http://plunkett.hautetfort.com/] ou de Vincent Cheynet, rédacteur en chef du journal La Décroissance, qui a publié il y a peu ce bouquin [Décroissance ou décadence, Le pas de côté, 2014, 192 p., 12 €], que je ne saurais trop vous conseiller d’acheter (c’est possible en cliquant ici [cf. http://www.lepasdecote.fr/?p=767])

    Fikmonskov

    • D’abord mis en ligne sur Le blogue de Fikmonskov, le 3 avril 2014.

    http://www.europemaxima.com/?p=3746

  • Le cordon sanitaire du libéralisme par Tomislav SUNIC

    Ceci est une version abrégée du discours donné à Los Angeles le 6 juillet 2013 par le Dr. Sunic devant des membres de l’American Freedom Party. Le docteur Tomislav (ou Tom) Sunic est un ancien professeur de sciences politiques, ainsi qu’un ancien diplomate. Il est également membre du conseil  de l’American Freedom Party. Il est l’auteur de nombreux livres dont Homo americanus. Rejeton de l’ère postmoderne (2007, version française en 2010 aux Éditions Akribeia). La traduction a été réalisée par la Fédération des Québécois de souche. La rédaction d’Europe Maxima rectifie quelques petites erreurs factuelles de l’intervenant qui ne nuisent pas à la globalité du texte de l’ami Sunic.

    ***

    À première vue, il semble que de lancer un parti nationaliste ou même de droite sociale en Europe est relativement facile, du moins plus qu’aux États-Unis où le bipartisme est la règle d’or. Mais il y a souvent des pièges électoraux et juridiques en Europe, sans mentionner le puissant impact de l’idéologie de la rectitude politique qui empêche les partis nationalistes européens d’avancer dans le système politique. Contrairement aux États-Unis, les vingt-huit nations membres de l’Union européenne ont un bon nombre de partis nationalistes, plusieurs d’entre eux ont même des élus au niveau national, local ou européen, mais le nombre de leurs élus est presque négligeable et leurs voix ne se font pas entendre.

    L’avantage du processus électoral européen est le système de représentation proportionnelle, commun à tous les pays membres de l’Union européenne. En pratique, cela signifie que peu importe s’il est gros ou petit, le parti se voit assigner des sièges au parlement, conseil municipal au niveau local en fonction du pourcentage obtenu lors du vote. Donc, si un parti obtient 5 %, 10 % ou 30 % des votes, en théorie il se verra attribuer 5 %, 10 % ou 30 % des sièges d’un parlement national ou d’un conseil municipal.

    Ça semble bien, mais la réalité est différente. Ainsi, le Front national en France a une solide base électorale représentant environ 15 % des citoyens français. Curieusement, il n’a que deux élus à l’Assemblée nationale et deux membres au Parlement européen [N.D.L.R.E.M. : en fait, ils sont trois], un gigantesque organe législatif de style soviétique situé à Strasbourg et qui compte plus de 750 chaises des plus confortables. Les choses vont encore mieux en Autriche pour le F.P.Ö. (Parti de la Liberté), qui a plus de trente députés au Parlement local. Même chose pour le Vlaams Belang en Belgique, qui reçoit l’appui d’environ 10 % et 30 % des électeurs belges et flamands respectivement. Même chose en Grèce avec le parti Aube dorée qui récolte plus de 7 % des voix et qui compte dix-huit élus à l’Assemblée grecque, en plus d’un élu au Parlement européen [N.D.L.R.E.M. : l’intervenant confond Aube dorée qui n’a aucun élu au Parlement européen de la mandature 2009 - 2014 et les deux députés européens du L.A.O.S. (Alerte populaire orthodoxe) qui n’existe presque plus]. Le meilleur résultat va au parti hongrois Jobbik, qui reçoit entre 20 % et 30 % des votes hongrois et qui détient plus de quarante sièges au Parlement hongrois.

    À l’exception des bons résultats de Jobbik en Hongrie et d’Aube dorée en Grèce, ainsi qu’une popularité locale, tous les partis nationalistes d’Europe attirent constamment de l’attention négative et sont toujours menacés d’interdiction. De plus, les chances pour la formation d’un gouvernement nationaliste en Europe sont pour le moment quasiment nulles.

    Le cordon sanitaire imposé aux partis nationalistes

    La représentation proportionnelle a ses inconvénients. Il est souvent inévitable, pendant les élections parlementaires ou présidentielles, que deux tours soient requis pour pouvoir déclarer un vainqueur. Presque aucun des partis, peu importe son idéologie, ne peut obtenir une majorité absolue, ce qui signifie 51 % des voix au premier tour. C’est certainement vrai pour les petits partis nationalistes qui sont peu populaires dans les sondages et qui sont plutôt contents s’ils peuvent obtenir le fameux 5 % de vote qui leur permet d’entrer au Parlement. À l’opposé, d’insignifiants partis à la gauche de l’échiquier politique, qui n’auraient aucune possibilité électorale si laissés à eux-mêmes, sont souvent à la remorque des partis de gauche libérale lors des élections. S’ils réussissent à se faire élire, ils font une entente avec leur maître électoral. Donc, un petit parti de gauche, même s’il n’a qu’un pour cent des intentions de vote, peut s’assurer d’un siège ministériel avec le nouveau gouvernement de coalition s’il est libéral ou social-démocrate. On se renvoie l’ascenseur. Les gouvernements de coalition sont communs en Europe et, règle générale, sont un étrange mélange de partis conservateurs ou socialistes, où tout le monde tente de s’assurer d’une belle visibilité au sein du système.

    Cette façon de se mettre à la remorque d’un gros parti est totalement interdite aux petits partis de droite européens. Les partis conservateurs ne forment jamais de coalition avec les partis nationalistes. En terme d’idéologies, tout comme avec les républicains et les démocrates, les partis conservateurs européens deviennent de plus en plus des copies conformes de leur supposés adversaires idéologiques qu’ils s’appellent « sociaux-démocrates », « libéraux » ou « chrétiens démocrates ». Situation semblable aux « républicrates » américains.

    Ce processus de « neutralisation » de la politique qui est présentement en cours en Europe fut prédit par le théoricien Carl Schmitt il y a près d’un siècle. Ce processus vise particulièrement à réduire la visibilité des partis nationalistes d’Europe, même lorsqu’ils réussissent à s’introduire au Parlement. C’est ce qu’on appelle le « cordon sanitaire », une pratique introduite par les grands partis il y a de cela bien longtemps. La seule exception récente à cette règle fut le gouvernement de coalition formé par les conservateurs chrétiens du Parti populaire en Autriche qui, en 2000, même s’il n’avait pas atteint une majorité absolue, avait décidé de former une coalition avec le parti nationaliste de Jörg Haider, chef du Parti de la Liberté. Il y eut immédiatement un cri de protestation émanant du reste de l’Europe. Israël exigea le boycott de l’Autriche et menaça de retirer son ambassadeur. L’Autriche dût subir un embargo commercial durant quelques années.

    L’interdiction de former une coalition avec les partis nationalistes est une loi non-écrite qui date de 1945. Par exemple, le parti nationaliste flamand de droite Vlaams Belang a un électorat très important. Mais, étant catalogué comme « parti raciste », les autres partis conservateurs belges et flamands sont morts de peur à l’idée de former une coalition avec celui-ci. Donc, pour gagner en respectabilité et pour obtenir une pointe de la tarte budgétaire, il y a dix ans, le Vlaams Belang changea sa plate-forme, son langage et même son nom. C’est une erreur majeure que plusieurs partis, organisations, activistes et intellectuels nationalistes européens et américains font lorsqu’ils croient que s’ils modèrent leur discours, écrivent quelques avertissements antifascistes ou disent quelque chose de gentil sur Israël, ils s’éviteront les quolibets de « fascistes », « racistes » et « antisémites ». Cette technique ne les a pas aidés jusqu’à présent.

    La démocratie libérale : un mélange de fraude et de corruption

    Le problème avec le système de représentation proportionnelle est qu’il engendre d’innombrables sectes politiques et crée un climat de clientélisme, de corruption, de népotisme et de copinage. Il y a une telle myriade de petits partis en Europe que les citoyens sont dissuadés d’aller aux urnes, car ils ne savent plus qui choisir. Pourquoi voteraient-ils pour un petit parti nationaliste qui va perdre de toute façon ? C’est le fondement de la démocratie parlementaire si encensée. Ce « meilleur des mondes possibles », cette soi-disant « démocratie parlementaire », permet à des douzaines de partis politiques de se battre dans l’arène. Mais c’est le système le plus approprié pour briser la volonté du peuple et un sens de cohésion ethnique.

    Au cours de la dernière décennie, plusieurs partis nationalistes (principalement les partis les plus gros et les plus « modérés » comme le Vlaams Belang en Belgique, le Parti de la Liberté en Autriche et le Front national en France) ont changé leur discours, sont devenus plus dociles, plus philosémites et ont souvent abandonné leur plate-forme initiale pour obtenir leur part du gâteau.

    En France, la politique de refuser de former une coalition avec le Front national a mené à une exclusion quasi-totale de ses représentants de l’Assemblée nationale. Juste avant les élections de mai 2012, Marine Le Pen, chef du Front national, était en troisième place dans les sondages, mais restait derrière les deux autres gros compétiteurs, le candidat socialiste François Hollande et le président « conservateur » Nicolas Sarkozy. Au second tour des présidentielles, où Hollande affrontait Sarkozy, plusieurs conservateurs, des électeurs de la haute bourgeoisie déconnectée votèrent pour Hollande, lui assurant un mandat présidentiel clair. Plusieurs électeurs du Front national ne se rendirent pas aux urnes au second tour, car il n’y avait plus de candidat nationaliste dans l’arène.

    C’est la même chose pour le B.N.P. britannique. Le B.N.P. a été exclu de toutes les ententes de coalition. Lorsque deux candidats du B.N.P. furent élus au Parlement européen lors de l’élection de 2009, le gouvernement britannique annonça qu’il leur couperait les fonds.

    Les problèmes ne s’arrêtent pas là. Il y a trois sous-ensembles de partis nationalistes. Ils ne se distinguent pas beaucoup au niveau de leur idéologie, mais plutôt au niveau des tactiques et méthodes et de l’égo. On peut observer ce phénomène en Italie en 2001, avec l’opportuniste Gianfranco Fini, le futur ministre des Affaires étrangères du gouvernement conservateur de Silvio Berlusconi. Jusqu’au milieu des années 90, Fini était un membre important du M.S.I., parti fasciste italien. Néanmoins, dix ans plus tard, dans sa nouvelle carrière politiquement correcte et après être devenu un homme du système, il n’hésita pas à se coiffer de la symbolique kippa lors de son rituel d’initiation à Yad Vashem.

    Gardons en tête que les partis nationalistes, même lorsqu’ils sont représentés dans les institutions européennes, n’ont pas le même programme. Certains sont plus enclins au compromis, d’autres non. En fait, très souvent ils sont à couteaux tirés, comme c’est le cas entre les nationalistes d’Europe de l’Est. Le récent conflit tragique entre les nationalistes serbes et croates parle de lui-même.

    En général, les partis nationalistes en Europe peuvent être divisés en trois groupes ou catégories, chacun étant plus ou moins lié avec les autres groupes, mais plus souvent qu’autrement en guerre d’égos avec d’autres personnalités des autres sous-groupes. Nous avons ainsi :

    — Les « modérés » : l’Alliance européenne pour la liberté (le F.P.O. en Autriche, le F.N. en France et le Vlaams Belang en Belgique);

    — Les moins « modérés » : l’Alliance européenne des mouvements nationaux (le Jobbik, le B.N.P.);

    — Les plutôt « radical » : le Front national européen (Parti national-démocrate d’Allemagne, Aube dorée grecque, la Nouvelle Droite roumaine et Renaissance national de la Pologne). De ce bloc nationaliste « radical », le seul parti à avoir obtenu des sièges au Parlement national est Aube dorée, ce qui cause de nombreux maux de tête aux scribes et politiciens du système en Europe et en Amérique.

    Les nationalistes américains ont un avantage considérable sur les nationalistes européens : ils ne sont pas divisés par des querelles de clochers, par des guerres antérieures et de la victimisation conflictuelle. De plus, les Blancs américains constituent encore un arsenal potentiel d’électeurs de deux cents millions, qu’ils se considèrent être des Blancs « implicites » ou « explicites ». Avec la chute prochaine du système, plusieurs devront assurément devenir des Blancs très explicites s’ils veulent rester ce qu’ils sont d’un point de vue culturel et identitaire.

    Tomislav Sunic

    • D’abord mis en ligne sur le site Fédération des Québécois de souche, le 20 février 2014.

    http://www.europemaxima.com/?p=3654

  • Députés et sénateurs : des pensions à plus d'un milliard !

    Juste avant le week-end du 1er mai, la Cour des comptes a publié ses rapports sur les comptes des deux assemblées concernant l'année passée. C'est une grande première. Deux conventions ont été signées le 23 juillet 2013 avec l'Assemblée nationale et le Sénat pour la certification des comptes annuels afin de "mieux répondre à l'exigence de clarté et de sincérité des comptes, dans le respect d'autonomie des assemblées". 

    Le résultat relève d'une transparence toute relative. Pas question pour les magistrats de la rue Cambon, séparation des pouvoirs oblige, de commenter le train de vie de nos élus, les petits secrets de la Questure ou même l'utilisation de la fameuse réserve parlementaire. Non, les deux documents ressemblent à des rapports de commissaires aux comptes sans aucune fioriture. 

    Pourtant, outre la valeur du patrimoine immobilier ou l'inflation des collaborateurs des députés (le nombre de contrats est passé de 2 055 en janvier à 2 246 en décembre), ils contiennent quelques perles instructives sur le régime de retraite des parlementaires. 

    Très chères retraites 

    À l'Assemblée nationale, les salaires des députés se sont élevés à environ 50 millions d'euros pour l'année. Les pensions de retraite versées ont atteint, elles, 65,7 millions d'euros. Comment un régime par répartition peut-il verser des retraites supérieures au revenu global perçu par les actifs ? C'est très simple. Pour 7,5 millions de cotisations, les contributions et subventions versées par l'Assemblée ont atteint plus de 58 millions : près de huit fois plus ! Et les engagements de retraites futures sur les droits déjà acquis représentent près d'un milliard et demi d'euros. 

    Au Sénat, les éléments fournis sont moins explicites. Il y avait en 2013 348 sénateurs en activité pour 641 en retraite. Comme la pension moyenne est de 4 342 euros par mois selon les derniers chiffres officiels, datant de février 2014, le régime a besoin d'un sérieux coup de pouce, fourni en partie par les produits des placements financiers réalisés par l'institution. 

    On imagine un tel système appliqué à l'ensemble de la population, où les retraités bénéficieraient de pensions d'un montant huit fois supérieur aux cotisations. Députés et sénateurs ont certes rapproché leur régime de retraite de celui de la fonction publique en 2010, ils conservent néanmoins de nombreux avantages, justifiés selon la majorité d'entre eux par la rupture de leur activité professionnelle. Il s'agit, en l'espèce, d'une rupture avantageuse !

    Source

    http://www.oragesdacier.info/2014/05/deputes-et-senateurs-des-pensions-plus.html

  • Europe : L’austérité aurait détruit 10 millions d’emplois

    L’Institut des Syndicats Européens (ETUI) a publié une étude sur l’emploi en Europe. Les mesures d’austérité y sont décriées: près de 10 millions d’emplois à temps plein auraient été détruits. Le taux d’emploi serait passé de 65,8% en 2008 à 64,1% en 2013. Mais dans son livre publié fin avril, Herman Van Rompuy, le Président du Conseil européen, y défend les mesures, prises pour sauver l’emploi.

    A l’approche des élections européennes, l’étude de l’Institut des Syndicats Européens (ETUI) n’est pas anodine. Teintée d’une note négative, celle-ci estime que l’Europe est à mi-chemin vers une décennie perdue et appelle au changement. Les résultats de l’étude indiquent que le taux de chômage européen, très élevé, met à mal la stratégie « Europe 2020″, lancée en 2010, et qui avait comme objectif de renouer avec une croissance durable et intelligente.

    Dans son infographie vidéo, L’ETUI affirme que « les mesures d’austérité n’ont pas permis d’obtenir les résultats escomptés. Elles ont au contraire prolongé la récession au lieu de booster la croissance économique. (…) Avec la crise, les mesures politiques n’ont pas réussi à empêcher les destructions d’emploi. Plus de 9,9 millions d’emplois ont été détruits. »

     

    Le chômage des jeunes aurait augmenté partout en Europe (Italie : +16,9% ; Espagne : + 32,2% ; Grèce : + 38,4%), à l’exception de l’Allemagne (-3,2%). Plus de 13 millions de personnes seraient susceptibles de tomber dans la pauvreté. L’Institut remarque que si les chômeurs sont le groupe présentant le plus haut risque, les travailleurs y sont de plus en plus exposés.

    L’Union européenne est sortie renforcée

    A la fin du mois d’avril, Herman Van Rompuy a publié un livre où il relate ses expériences en tant que Président du Conseil européen. Un poste qu’il quittera à la fin de l’année, après deux mandats. Son analyse est toute autre.

    Herman Van Rompuy explique: « Bien sûr l’Union Européenne est renforcée, on a renforcé toutes les institutions et c’est un paradoxe, le conseil européen qui est considéré comme une institution intergouvernementale a renforcé le rôle de la Commission européenne et aussi de la Banque centrale européenne. Nous ne parlons que de la surveillance unique de toutes les banques dans l’eurozone. Bien sûr, de temps à autre, la prise de décision a été lente pour une raison bien simple : on était à 18 dans la zone euro, on était à 28 dans l’Union Européenne pour tomber d’accord. On a fait un budget européen avec 28 pays représentant plus de 100 partis politiques à travers toute l’Europe donc il faut bien réaliser le degré de difficulté« .

    « On a évité la faillite »

    Et il pointe les États en crise: « Il y a encore une autre chose : la Grèce, l’Irlande et le Portugal ont attendu jusqu’à la dernière minute avant qu’on puisse agir. On a tendance à oublier ça. Et surtout, ce qu’on oublie, c’est que les grands problèmes ne se sont pas posés aujourd’hui, les problèmes se sont posés avant la crise financière.

    Il y avait un haut niveau de chômage structurel en Europe bien avant la crise financière, il y avait un manque de contrôle des différentes politiques économiques. Si on avait agi à temps, l’austérité n’était plus autant nécessaire qu’aujourd’hui ou que les dernières années. Donc des erreurs graves ont été commises de négligence, de manque de politiques courageuses au début de l’histoire de l’euro« .

    « Il ne faut pas confondre croissance et austérité »

    Le président du Conseil estime qu’il ne faut pas opposer croissance et austérité. « Non, parce qu’à un moment donné il n’y avait pas d’autre issue et en Belgique on le sait aussi. J’ai commencé ma carrière politique dans les années 80, on avait un déficit de 15%. Avec un déficit de 15% du PIB, il faut agir parce qu’on met en péril l’avenir des générations futures et certains pays n’avaient plus accès aux marchés internationaux, si on n’avait pas aidé ces pays, ils auraient fait faillite, si on n’avait pas réussi à sauvegarder la stabilité de l’eurozone, aujourd’hui on ne parlerait plus de récession, on parlerait de dépression. Cela, on l’a évité« .

    Herman Van Rompuy défend les politiques menées dans les pays en crise, malgré les taux de chômage élevés en Espagne, en Grèce, au Portugal… « Tout ce qu’on a fait, on ne l’a pas fait pour notre plaisir, tout ce qu’on a fait a un but éminemment social, c’est pour sauvegarder la prospérité future et l’emploi »

    RTBF

    http://fortune.fdesouche.com/338557-europe-lausterite-aurait-detruit-10-millions-demplois#more-338557