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économie et finance - Page 827

  • Zemmour : « Montebourg est tout miel avec Renault »

    Chronique d’Eric Zemmour du 18 janvier 2013 : la curieuse mansuétude de Montebourg sur le dossier Renault.


    "La Chronique d'Eric Zemmour" : la curieuse... par rtl-fr

  • Comment les banques continuent à se goinfrer…

    C’est la crise ! Paraît-il… La crise et son cortège de plans sociaux. La crise et ses usines qui ferment. La crise et son chômage de masse. La crise et les impôts des classes moyennes qui augmentent, pour désendetter les Etats. La crise et les dépenses publiques qui baissent, pour éponger les erreurs du passé. La crise, oui, mais visiblement pas pour tout le monde !

    Il est une catégorie d’acteurs économiques qui gagnent quand tout le monde gagne, et qui gagnent encore quand tout le monde perd : les banques. Les plus grands établissements financiers américains – ceux dont il ne fait plus aucun doute qu’ils sont à l’origine de la Grande Crise qui secoue les économies occidentales depuis 2007 – viennent de publier leurs comptes pour l’année 2012. Ils laissent pantois.

    Accrochez-vous : Goldman Sachs, la banque symbole de toutes les dérives du capitalisme financier, celle qui a maquillé les comptes de la Grèce et inventé les produits financiers les plus dingues, a plus que doublé ses résultats : 7,3 milliards de dollars de profits nets ! JP Morgan a fait encore mieux : 21,3 milliards de dollars de bénéfices ! Le Pdg de cette dernière, Jamie Dimon, s’est même octroyé un bonus personnel de 10 millions de dollars. A ce tarif-là, ce n’est plus un cadeau Bonux, c’est le jackpot du loto. Et un gros lot qui, en l’occurrence, tombe chaque année, crise ou pas crise.

    Le plus incroyable, c’est que ces banques sont désormais censées évoluer dans un cadre réglementaire beaucoup plus strict (les fameuses lois Volcker et Dodd-Franck). Des contraintes dont elles n’ont d’ailleurs cessé de se plaindre. Il faut croire, à l’évidence, qu’elles ont l’effet du mercurochrome sur une jambe de bois.

    Dans ce contexte, on attend avec impatience les résultats de nos grands établissements français. Mais au moment où Bercy planche sur les nouvelles règles du jeu bancaire et semble hésiter à encadrer pour de bon leurs agissements, ces résultats himalayens des banques américaines devraient donner à réfléchir. Sans doute fallait-il sauver les banques en 2008. Mais à l’heure où les Etats sont surendettés et où l’on demande aux peuples toujours plus de sacrifices pour nous sortir de ce mauvais pas, le moment n’est-il pas venu d’imposer au monde de la finance des règles drastiques ? Pour éviter que quelques-uns continuent à se goinfrer en toute impunité. Pour éviter surtout que les mêmes causes produisent à l’avenir les mêmes effets dévastateurs.

    Marianne via http://fortune.fdesouche.com

  • La comptabilité n'est pas neutre en économie

    Pour beaucoup de monde, la comptabilité n'est rien d'autre qu'une technique d'enregistrement des mouvements d'argent au sein d'une entreprise, d'une société qui permet de savoir si celles-ci sont bien ou mal gérées. Pourtant, rien n'est plus faux que cette image de neutralité de la comptabilité perçue comme discipline objective se contentant de constater ce qui se passe lorsque l'on sort du simple tableau débit/crédit tel qu'il apparaît sur le relevé de compte en banque d'une famille.
    L'EXTRÊME RIGUEUR DES PREMIERS TEMPS DU CAPITALISME
    Le véritable problème de la comptabilité n'est pas tant d'enregistrer ce qui se passe dans la réalité que de savoir comment prendre en compte cette réalité. Des règles existent, dans les « plans comptables » pour indiquer dans quelle catégorie un actif, une dépense, un achat, un flux financier doit être inscrit : déjà, à ce stade, la représentation de l'activité de l'entreprise, à travers son bilan et ses différents comptes, sera modifiée selon les règles retenues et la manière dont elles seront mises en œuvre, dans la mesure où il y aura inévitablement une part d'interprétation. Au-delà de la rigueur, la comptabilité relève aussi d'un certain art.
    Mais il y a plus : ainsi, comment relever la valeur réelle d'une machine dans un atelier ? Doit-on la comptabiliser à la valeur de la casse, comme cela s'est fait longtemps, ou bien la comptabiliser, comme actuellement, selon le « principe du coût historique », c'est-à-dire selon le prix auquel elle a été achetée ? La réponse à ce seul problème peut modifier bien la situation d'une entreprise et de sa gestion. Dans le premier cas, la valeur des actifs d'une entreprise est nécessairement faible ; dans le second, elle est évidemment bien plus élevée.
    Historiquement, au XIXe siècle, c'est la conception du premier cas qui était retenue. Elle se rapportait à une vision très austère de l'activité et du risque économiques. La faillite était vécue comme une hantise et la prise en compte des actifs se faisait en anticipant une éventuelle faillite en simulant le capital résiduel en cas de liquidation des biens. Dans le même temps, elle s'accordait avec une conception de l'entrepreneur qui investissait directement son capital, disposait d'un maximum d'autofinancement, faisait donc peu appel à l'emprunt et était responsable sur des biens propres. La prise de risque du "capitaliste" n'était pas un vain mot et cette pratique s'inscrivait encore dans la tradition d'honneur et d'effort de la civilisation européenne toujours vivante. Le « principe de prudence » alors appliqué faisait que l'on évitait de prendre en compte des profits à venir, autrement dit des profits potentiels pour ne retenir que les pertes potentielles.
    L'inconvénient d'un tel système était de ne faire apparaître les profits, autrement dit les dividendes pour les actionnaires d'une entreprise, que vers la dernière période de production des investissements : on ne touchait pas de bénéfices rapidement.
    LE SYSTEME DU "COÛT HISTORIQUE"
    Ce système peu attrayant convenait mal lorsque le développement économique nécessita de mobiliser toujours plus de capitaux : il fallait attirer les épargnants et, pour cela, leur assurer des revenus plus rapides. A l'âge de l'entrepreneur pionnier commençait à se substituer celui du financier et du spéculateur, la bourse prenant de plus en plus d'importance dans l'économie. Pour cela, il fut décidé de ne plus envisager une liquidation fictive comme c'était le cas avec ce système comptable mais en considérant que l'entreprise existait durablement, invoquant le « principe de continuité ». La nouvelle conception reposait sur l'idée qu'une machine produit des richesses durant sa vie et qu'il faut prendre en compte cette réalité. Autrement dit, on comptabilisera la valeur d'un actif à son prix d'achat, ce que l'on appelle le « coût historique » diminué chaque année d'un pourcentage correspondant à l'usure de la machine calculée sur sa durée de vie estimée : c'est le principe de l'amortissement, bien connu de nos jours.
    C'est ce système comptable fondé sur le « coût historique » qui a dominé tout le XXe siècle jusqu'aux années 1980. De ce fait, la valeur comptable des entreprises, ainsi fondée sur cette conception anticipatrice mais considérée comme «valeur réelle» au sus de tous, était réévaluée par rapport au modèle précédent mais permettait de distribuer plus rapidement des bénéfices, à savoir des dividendes pour les actionnaires.
    VENDRE LA PEAU DE L'OURS
    Toutefois, ce n'était pas suffisant : pour satisfaire les actionnaires, il fallait accroître l'anticipation des bénéfices. C'est pourquoi nous en sommes aujourd'hui à une troisième prise en compte de la valeur d'un actif, à savoir qu'une machine ne représente plus un coût mais une somme de services actualisés, autrement dit de services futurs, non encore réalisés, ramenés à l'instant présent. L'argument de base invoqué - et tiré des travaux d'économistes tel Walras ou ceux de l'École autrichienne - est le suivant : dans la mesure où un équipement va être utilisé durant plusieurs années, il faut calculer la valeur de cette utilisation en anticipant cette dernière ; c'est le principe connu sous le nom "d'actualisation" : la valeur comptable d'un équipement va donc inclure pour une part des bénéfices non encore réalisés. Jusqu'alors, on ne distribuait des bénéfices que sur des actes commerciaux réalisés ; maintenant, il n'est plus besoin d'attendre que les faits se produisent : il suffit d'anticiper, en considérant comme sûre l'espérance de voir les faits se réaliser. Le principe d'imprudence - et à la limite d'escroquerie - est entré dans l'ordre comptable.
    Autrement dit, on ne prend plus en compte une valeur de réalisation - raisonnablement supposée comme certaine mais simplement  une  espérance de profits. Nous sommes ainsi entrés dans l'ère de la valeur virtuelle et cela d'une manière d'autant plus dangereuse que l'on ne prend plus en compte les risques de perte, inversant ainsi les règles de simple prudence et de bon sens qui prévalaient depuis le XIXe siècle.
    L'effet d'une telle évolution de la comptabilité conduit à favoriser la recherche de profits à court terme et à ouvrir ainsi la porte à tous les dérèglements.
    LES NORMES IFRS
    Cette troisième phase s'est traduite par l'adoption de nouvelles normes comptables appelées IFRS (International Financial Reporting Standards). De quoi s'agit-t-il ? Le système repose sur le principe de la « juste valeur » (Fair Value), autrement dit sur la règle que les actifs d'une société doivent être valorisés à leur valeur de marché. Le but de cette réforme était de faciliter le travail de valorisation des sociétés ; mais cela entraîne une très grande volatilité de la valeur des actifs et la publication de résultats comptables sans rapport réel avec leur activité économique. En outre, cette valorisation s'applique indifféremment à des actifs d'une durée de moyen et de long terme pour lesquels la valorisation instantanée n'a pas de sens. En outre les méthodes de valorisation manquent de clarté et d'harmonisation entre les sociétés.
    Les établissements de crédit comme les entreprises ayant d'importantes participations financières se trouvent particulièrement exposés à ces défauts. Avec un tel principe, c'est une nouvelle philosophie de la compréhension de la situation financière des entreprises qui apparaît. Et c'est surtout la valorisation des actifs selon les techniques boursières qui fait son entrée dans la comptabilité.
    Ces normes IFRS se sont imposées aux Etats européens au début des années 2000, venant des États-Unis, à travers un organisme a priori indépendant, l'IASB (International Accounting Standard Board), auquel l'U.E., bien légèrement, a en quelque sorte donné carte blanche pour leur mise en œuvre. Celui-ci, aidé par les jeunes générations de cadres financiers formés dans les grandes écoles du mondialisme que sont les écoles de commerce et de gestion délivrant les fameux MBA (Master of Business Administration), a conduit à la transformation non négligeable des systèmes comptables en place comme le PCG français (Plan Comptable Général), plaidant pour une harmonisation des règles comptables en Europe et dans le monde occidental. Alors que le PCG régissait le seul droit comptable, les normes IFRS intègrent l'information financière en général, laquelle est essentiellement tournée vers les actionnaires et autres investisseurs.
    Actuellement, les normes IFRS régentent les « comptes consolidés » des entreprises, c'est-à-dire les comptes qui rassemblent tous les comptes et résultats des entreprises, notamment des grands groupes, et qui jouent un rôle majeur dans l'information économique et financière.
    Ce type d'information, concernant les anticipations et les perspectives de production n'est certes pas inutile mais n'a pas sa place dans une discipline qui doit, autant que possible, être un diagnostic de la santé d'une entreprise.
    LES NORMES ET LA CRISE FINANCIÈRE
    Ces normes IFRS ont contribué au développement de la pandémie financière présente et à venir dans la mesure où elles ont faussé les bilans : alors que les actifs des instituts financiers étaient comptabilisés à la valeur boursière, qui avait augmenté vertigineusement au cours des années 1990-2000, les dettes demeuraient évaluées à leur valeur initiale, ce qui a gonflé artificiellement les profits comptabilisés ! Le phénomène a encore été aggravé lorsque l'IASB a décidé de ne plus amortir certains actifs immatériels jugés rétifs à cet exercice, les traitant ainsi comme indestructibles. Une telle situation, jointe à la prestidigitation développée par « l'industrie financière » avec notamment les produits dérives, ne pouvait - et ne peut - qu'engendrer l'euphorie et conduire à l'abandon de toute prudence en matière de distribution de crédit. La politique du « n'importe quoi », pour ne pas dire de la malhonnêteté, sera illustrée par les faits suivants. Selon les normes IFRS, nous l'avons vu, les valeurs des actifs sont comptabilisées à la valeur des "marchés" (en réalité, quelques poignées d'agents financiers agissant derrières leurs écrans d'ordinateurs). En période  de hausse, tout va bien. Mais lorsque la crise arrive, comme en 2008, la logique des normes IFRS voudrait que l'on comptabilise ces mêmes actifs à la valeur des marchés, autrement dit une valeur fortement dévalorisée. Ce qui signifiait une forte dévalorisation de la valeur affichée des entreprises, autrement dit l'aggravation d'une situation déjà catastrophique. Que fut-il alors décidé par les instances financières mondialisées ? Tout simplement de ne pas comptabiliser les pertes au motif que, en période de crise, les marchés ne peuvent plus fonctionner correctement et par conséquent les valeurs relevées ne signifient plus rien !
    Des dirigeants financiers s'inquiètent du maintien de tels principes dangereux, tel le président d'AIG, groupe d'assurance américain qui a demandé leur remise en cause, tel le directeur général de Paribas Baudoin Prot qui s'est inquiété de trouver le moyen d'en limiter les effets « pro cycliques ». Mais il est à penser que les choses en resteront aux vœux pieux et aux vaines critiques. L'IASB n'a préconisé que des modifications ponctuelles qui ne remettent pas l'ensemble en cause alors que les normes IFRS s'appliquent à un nombre croissant d'Etats. Et l'on peut craindre que le "mal" augmente dans la mesure où les normes IFRS demeurent encore imprégnées des normes précédentes. Il existe en effet des projets plus extrêmes t fondés sur la « full fair value » autrement dit le « valeur sincère entière », qui vise à calquer la comptabilité sur les règles de spéculation boursière : le pire est donc à venir.
    L'étendue de l'escroquerie pourrait être élargie en prenant en compte les politiques fiscales qui, pour amoindrir la fiscalité pesant sur les plus puissantes sociétés, a instauré la technique de l'amortissement fiscal accéléré, la « prestidigitatrice en chef » étant probablement Margaret Thatcher qui, dans les années 1980 a autorisé des amortissements fiscaux de 100 %, autrement dit permettant de passer en perte sur une année la totalité d'un actif dont la durée de vie est de plusieurs années.
    UNE URGENTE REMISE EN ORDRE
    La comptabilité n'est pas, à l'évidence, une discipline neutre. Comme toute description, elle relève de concepts, de principes qui ont nécessairement leurs défauts, lesquels peuvent toujours être - et seront toujours - détournés à des fins frauduleuses. Mais ces principes doivent être honnêtes, réalistes. Ils ne peuvent être indépendants de la morale naturelle, c'est-à-dire des principes sains, de bon sens, sans lesquels une société est menacée d'effondrement. Il est clair que les principes fondamentaux appliqués actuellement en comptabilité ne sont pas des principes sains. Dans la perspective du redressement de notre civilisation à laquelle œuvrent tous les hommes de bien, à commencer par les nationalistes, il est vital de dénoncer les pratiques comptables actuelles et de définir des règles comptables saines et sincères. Lorsque l'actuel système aura sombré, provoquant le chaos, il faudra reconstruire l'ordre sur de saines bases.
    André GANDILLON, Président des Amis de RIVAROL
    Rivarol du 1er juillet 2011

  • La Chine achète l'Europe archive 2010

    LA CHINE profite de la crise pour accroître son influence sur l'Europe, investissant dans la dette des pays de la zone euro, elle se fait ainsi des alliés à l'intérieur de l'Union européenne (UE). Début novembre, la cavalerie portugaise est au garde-à-vous pour saluer majestueusement Hu Jintao, le chef de l'État et du Parti communiste chinois. Un événement inattendu se produit : un cheval se cabre et désarçonne le cavalier. Préoccupé, le chef de l'État chinois attend la fin de la cérémonie pour s'adresser au garde, l'embrasser et lui demander si tout va bien. Le geste attentionné du président chinois a valeur de symbole : « À travers ce beau moment, le monde découvre la Chine sous une grandeur humaine », mentionne le Quotidien du Peuple, l'organe du PC chinois.
    Grâce à l'endettement de la zone euro, Pékin tente dans son propre intérêt de stabiliser l'économie de ses plus grands partenaires commerciaux. Le géant de l'énergie China Power International voudrait entrer dans le capital d'Energias de Portugal en achetant 2 à 5 % du capital de cet opérateur de gaz et d'électricité lusitanien. Les deux entreprises coopéreront dans des projets d'énergie renouvelable en Europe, en Afrique et au Brésil. Avant son arrivée à Lisbonne, Hu Jintao fut appelé comme un sauveur. Il s'engage à « soutenir l'Union européenne par des mesures concrètes ». Le vice-ministre des Affaires étrangères Fu Ying a indiqué que la Chine développerait l'acquisition des emprunts d'État appartenant aux pays endettés. Pékin tire adroitement profit de la crise de l'euro pour étendre peu à peu, mais sur le long terme, son influence politique et économique. Son offre vise avant tout les membres les plus endettés de la zone-euro, que l'on appelle les États PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne). Avec beaucoup de diplomatie , la République populaire affirme vouloir gagner des alliés au sein de l'UE. Lors de son voyage en Europe en octobre, le Premier ministre Wen Jiabao explique avec condescendance : « La Chine a déjà acheté des emprunts d'État à la Grèce, à l'Espagne et à l'Italie, tandis que d'autres investisseurs sont en train de quitter ces pays ». Au Parlement d'Athènes, Wen Jia-bao promet d'aider la Grèce : « Nous devons proposer d'autres aides et sortir certains pays de leurs difficultés financières ». Étant le plus grand détenteur de devises mondiales, la Chine a amassé 2,5 billions (2 500 mille milliards) de dollars. 70 % de ces capitaux ont été investis. Les Chinois tentent de constituer leur trésor dans des devises autres que le dollar. Yu Yong-ding, ancien conseiller monétaire de la Banque centrale chinoise et président de la Société d'études chinoises sur l'économie mondiale, accrédite cette diversification, même si les autres devises « ne sont pas des produits de substitution idéaux » par rapport aux emprunts d'État américains.
    En juillet, la Chine a acquis pour 400 millions d'euros d'emprunts d'État espagnols. Le Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero remercia son bienfaiteur par une visite diplomatique à Pékin en septembre. « Si la Chine augmente sa part d'emprunts espagnols, dit-il, cela renforcera la confiance des marchés financiers ». Zapatero espère que la Chine achètera encore plus d'emprunts d'État. Les Européens du Sud regardent avec avidité vers Pékin. Les capitalistes de l'État chinois qui soutiennent ce pays par l'achat de titres demeurent invisibles. Dans la capitale, des agents de l'Administration chinoise des changes travaillent et spéculent derrière les murs d'un bloc abritant des bureaux. Les résultats des recherches ne sont jamais publiés directement. Inféodée à la Banque centrale, tout est contrôlé par l'État. L'année dernière, Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque centrale chinoise et responsable de la politique monétaire, attira l'attention en proposant de remplacer le dollar comme monnaie de réserve globale par des droits de tirage spéciaux, un actif de réserve international créé en 1969 par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres. Zhou Xiaochuan suit les consignes du parti et de la Banque centrale qui précise sur son site : « La Chine est un investisseur responsable sur le long terme dans l'investissement des réserves de change qui suit le principe de diversification. L'Europe a été, est et restera l'un des principaux marchés d'investissement pour les réserves de change de la Chine ».
    LA GRÈCE, UN TREMPLIN VERS L'EUROPE DE L'EST
    China Investment Corp. (CIC) est un nouveau fonds souverain chargé de gérer sous la forme de participations (sur des fonds en actions) une partie des capitaux publics de la Chine. Il démarre avec un capital d'environ 200 milliards de dollars provenant du stock de devises. À l'occasion de sa fondation il y a trois ans, CIC suscitait la méfiance des Européens. En 2009, son président Lou Jiwei, ancien vice-ministre des Finances, déclarait avec ironie : « Des fonctionnaires de l'UE me demandaient que les investissements ne franchissent pas 10% de notre capital ». À présent, les temps ont bien changé. Les Chinois se heurtent rarement à un comportement de résistance, comme cela peut être le cas à Hambourg et dans l'ensemble des ports de la Hanse, où ils tentent en vain d'obtenir une participation. L'intérêt est important : La Chine est le premier partenaire commercial de l'Allemagne et de l'UE. Il s'agit d'une exception, car dans le reste de l'Europe, les Chinois sont les bienvenus. La République populaire a pris les Hellènes dans son champ de mire. Elle entend les utiliser comme tête de pont pour son commerce avec l'Europe de l'Est : en novembre 2008, l'entreprise chinoise Cosco (China Océan Shipping Company), un des premiers armateurs mondiaux, a obtenu un bail de location de 30 ans sur le port du Pirée, le plus grand de Grèce et l'un des plus importants de la Méditerranée. Jusqu'en 2015, elle veut augmenter le transbordement des containers à 3,7 millions de pièces contre 800 000 à l'heure actuelle, indique le Premier ministre Wen Jiabao.
    Dans la ville d'Athlone, au centre de l'Irlande, des investisseurs chinois ont l'ambition de construire un gigantesque complexe pour les entreprises pouvant accueillir des conférences et des expositions. Pour Pékin, c'est un lieu d'implantation stratégique : l'Irlande est le seul pays anglophone de la zone euro. En Italie, à l'occasion de la visite de Wen Jiabao, le Premier ministre Silvio Berlusconi a fait embraser de lumière rouge le Colisée servant également de support à des hologrammes chinois. Wen Jiabao promit aux Italiens de doubler ses liens commerciaux d'ici 2015. Politiquement, Pékin attend des Européens une plus grande souplesse : lors d'un sommet avec des représentants européens qui s'est déroulé à Bruxelles en octobre, Wen Jiabao ne toléra pas les exigences de réévaluation de la devise chinoise. Pékin tient artificiellement le taux du change du yuan à un bas niveau, ce qui permet de réduire le prix des exportations. De plus, en juillet dernier, Angela Merkel s'engagea une nouvelle fois à ce que l'UE reconnaisse dans un délai de cinq ans le statut d'« économie de marché » total de la Chine. Cette faveur rendra encore plus difficile toute opposition aux exportations et aux dumping de l'Empire du Milieu.
    L'UE VICTIME DES INVESTISSEMENTS CHINOIS
    La dépendance des États européens à l'égard de la Chine s'accroît. L'UE devient de ce fait plus poreuse aux risques d'ingérence de Pékin, qui débat sur la quantité de capitaux pouvant être investie en Europe. Les trois quarts des placements devraient être effectués en dollars, ce qui concurrencera l'euro. Yi Xianrong avertit : « L'investissement dans le papier est très risqué ». C'est pourquoi ce membre de l'Académie de Pékin pour les sciences sociales atteste que dans le cadre des « affaires politiques, il est judicieux pour la Chine d'acquérir des emprunts d'État européens, mais seulement en petite quantité ». Un investissement minimal, une influence maximale, la Chine a toujours tenu à cette stratégie à l'égard de l'Europe, de plus en plus prise en tenaille entre des injections en dollars et la politique d'investissement de Pékin. Nous assistons à une hégémonie déguisée du dollar instrumentalisée et maîtrisée par la Chine.
    L. B. Rivarol du 23 décembre 2010

  • Mali : Tant que l'argent afflue, l'Ouest ne semble pas troublé par l'idéologie des monarchies du Golfe

    La France espère que les monarchies arabes du Golfe vont apporter leur aide à la campagne contre les rebelles djihadistes au Mali, a déclaré hier son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. En visite aux Emirats Arabes Unis, M. Fabius a présenté brièvement les différentes aides possibles : en fournissant du matériel ou du financement - une requête ironique étant donné que l'on pense que les donateurs privés de ces pays sont les principaux soutiens d'al-Qaïda en Irak et en Syrie. P.C.

     

    L'Ouest a dépeint les dirigeants du Golfe comme des alliés
 naturels pour encourager les révolutions démocratiques

    Les Etats-Unis et les pays occidentaux se sont tournés depuis longtemps vers les monarchies du Golfe pour financer leurs actions dans le monde musulman et au-delà. Quelques fois, le financement a été direct, comme l'aide financière et matérielle que le Qatar a apportée aux rebelles libyens en 2011. D'autres fois, cela a été des subventions indirectes à des groupes, comme les moudjahidin afghans qui combattaient les Soviétiques, et avec lesquels l'Ouest ne voulait pas trop être associé publiquement. M. Fabius a dit que les donateurs se réuniraient vers la fin janvier à Addis-Abeba, pour financer une campagne africaine contre al-Qaïda. Il a déclaré : « Tout le monde doit s'engager à combattre le terrorisme. Nous sommes assez confiants que les Emirats iront aussi dans cette direction ».

Les relations entre les Etats-Unis et leurs alliés européens, d'une part, et les monarchies absolues du Golfe, de l'autre, ont été très contradictoires depuis que le Printemps Arabe a commencé, il y a deux ans. L'Ouest a décrit les rois et les émirs du Golfe, qui dirigent quelques-uns des Etats les moins démocratiques du monde, comme des alliés naturels pour promouvoir et financer les révolutions démocratiques en Libye et en Syrie.

Une contradiction supplémentaire est que l'Arabie Saoudite et ses dirigeants sunnites ont encouragé les salafistes dans tout le monde musulman - des militants fondamentalistes défendant une interprétation littérale du Coran - en payant pour leurs écoles et leurs mosquées. Tandis que la plupart des salafistes sont non-violents, leur idéologie est similaire à celle d'al-Qaïda.

La Libye de Mouammar Kadhafi était un donateur et un investisseur important en Afrique sub-saharienne et il est peu probable que les Arabes du Golfe soient prêts à dépenser autant d'argent. Même les rebelles syriens disent que les fonds qu'ils reçoivent arrivent épisodiquement et qu'ils sont inadéquats, conduisant au pillage généralisé par les chefs rebelles. Tandis que la France justifie son intervention au Mali en affirmant que celle-ci fait partie de la « guerre contre la terreur », son action pourrait provoquer plus de troubles dans cette région. Chose intéressante, un groupe rebelle au Nord, le MNLA séparatiste qui veut une patrie pour les Touaregs au Nord du Mali, aurait soutenu l'intervention française.
 

     

    Patrick Cockburn

    The Independent,
    16 janvier 2013
    Titre original : As long as the cash rolls in, the West appears untroubled by Gulf monarchies' ideology

     

    Traduction : JFG-QuestionsCritiques
    Correspondance Polémia – 21/01/2013

  • L’Islande: Future puissance énergétique et modèle révolutionnaire ?

    L’Islande de la révolution future
     
    Mais l’Islande, ce n‘est pas seulement cela, c’est une révolution constituante. Après son refus de payer sa dette, l’Islande vient de publier son taux de croissance pour 2012 et il est le triple de la croissance de l’Union Européenne ! A côté de cela, dans les news économiques, on apprend que Benoît XVI soutient Monti : sans doute la doctrine sociale de l’Eglise ! Benoit XVI n’a surtout pas imaginé que l’Islande puisse devenir un modèle ! L’Islande avait déjà terminé l’année 2011 avec une croissance économique de 2,1% et, selon les prévisions de la Commission européenne, elle va faire le triple du taux de croissance attendu pour l’UE en 2012 alors que la croissance globale de l’Union est prévue à 0,5% en 2012 contre 1,5% en Islande. Pour 2013, la croissance devrait atteindre 2,7%, principalement à cause de la création d’emplois.
     
    Qu’a donc fait l’Islande ? 
    Une thérapie de choc : elle a nationalisé les banques privées! Il faut le répéter à l’envie : l’Islande a été le seul pays européen qui a rejeté, par un référendum citoyen, le sauvetage des banques privées et du coup, accepté consciemment de laisser s’effondrer certaines d’entre elles. Elle a ensuite jugé les nombreux banquiers pour leurs crimes financiers. Pendant ce temps, en France, on dort dans les voitures sur le parking du parvis du Château de Vincennes ou on installe des tentes derrière les murs du périphérique parisien (voir sous les bretelles de la porte d’Orléans) et dans un pays comme l’Espagne, le ministre de l’économie qui fut un grand responsable chez Lehmann Brothers, avait maquillé les soldes bancaires et gonflé les résultats pour faire croire à une solvabilité du système financier ! En 2008, Glitnir, Landsbankinn et Kaupthing furent les banques islandaises nationalisées pour éviter leur faillite. Elles furent placées sous contrôle démocratique. En juin dernier, l’une d’elle, Landsbankinn, a même annoncé son intention de rembourser les intérêts aux détenteurs d’hypothèques pour éviter aux citoyens de payer leurs pertes. 
     
    Nous avions sur Metamag présenté la vidéo de la révolte islandaise. La révolte pacifique avait débuté en 2008, sans que celle-ci soit décrite dans les pages des grands médias européens. Aujourd’hui dans les publications des experts économistes qui pullulent dans les bacs des libraires, la révolution islandaise n’est mentionnée que dans des notes en bas de page, en précisant que ce pays serait un dangereux exemple à suivre !
     
    un soutien populaire aux 2 reférendums
     
    À la fin de 2008, l’ensemble des dettes de l’Islande égalait neuf fois son PIB. Sa monnaie s’était effondrée et sa Bourse avait suspendu ses activités, après une chute de 76% ! Le pays a donc fait faillite et a ensuite reçu un prêt de 2 100 millions de dollars du FMI et 2 500 millions de dollars provenant des pays nordiques et de la Russie. Le FMI, comme d’habitude, avait exigé, en échange des mesures « d’ajustement » c’est-à-dire des coupures dans les dépenses sociales sauf que cette fois-ci, le plan d’austérité du FMI a provoqué la colère de la population, la chute du gouvernement et la convocation d’élections anticipées, au début de 2009.
    Johanna Siguroardottir 1er ministre islandais et l’ancien Premier ministre Geir Haarde
    La gauche a remporté alors la majorité absolue et a provoqué l’effondrement du Parti de l’Indépendance, un parti conservateur, qui était traditionnellement la force dominante du pays. Le Parti de l’Indépendance n’a pu conserver que 23,7% des voix. Johanna Siguroardottir a été choisie pour diriger le gouvernement réunissant des sociaux-démocrates, et des écologistes de gauche. En 2010, le gouvernement a mis sur pied une assemblée constituante de 25 membres, des « citoyens ordinaires » pour réformer la Constitution. Cette même année, le gouvernement avait soumis sa population à un référendum sur le paiement ou non de la dette contractée par les banques : 90% des gens ont refusé de payer. Le FMI a alors gelé les prêts en espérant que l’Islande finisse par payer ses dettes illégitimes.

    une économie redressée
    En septembre 2010, l’ancien Premier ministre Geir Haarde a été mis en procès pour négligence dans la gestion de la crise. En avril 2011, les citoyens ont de nouveau dit non à un nouveau référendum sur le paiement de la dette. Après cela, au mois de décembre, la banque Landsbankinn a décidé de réduire une partie de la dette, 350 milliards de couronnes, soit environ 33% de la dette totale. Il y a quelques jours, les responsable de la Fiscalité en Islande ont inculpé deux cadres supérieurs de banque qui ont commis des fraudes au moyen de prêts non autorisés pendant les opérations qui ont conduit le système financier à s’effondrer en 2008 : l’ancien PDG responsable de la faillite d’une grande banque et son responsable financier. Ils auraient abusé de leur position pour fournir environ 102 millions d’euros sans autorisation, sans garanties de la part des bénéficiaires et sans avoir consulté le département de gestion des risques. Les agences de notation Moody, Standard & Poor et Fitch font pression pour punir l’endettement de l’Islande mais sans grand succès et toujours en essayant d’ignorer la reprise économique du pays.
     
    Pourquoi rappeler tout cela en début d’année ? 
     
    Pour préciser par écrit et pour demain le prix du reniement. En se soumettant à la logique néolibérale de dérégulation et de privatisation, en déclarant son impuissance à conduire une politique de gauche et en accordant dans le débat public une place centrale à la rigueur, à l’austérité, la gauche française se suicide théoriquement et démobilise les classes populaires. François Hollande, au Val de Reuil, en Normandie, a rappelé que l’Etat ne reprendrait pas PétroPlus, qu’il était hors de question pour l’Etat d’envisager une quelconque nationalisation, y compris bancaire. C’est céder aux financiers, c’est ne pas imaginer d’autre existence sociale et économique au delà du libéralisme mais c’est surtout ne pas comprendre que l’heure n’est pas la même qu’en 2002, par exemple, sous Lionel Jospin.
     
    La crise du système financier a changé la donne. Pour la première fois, le système s’engage à faire ce qu’il n’avait jamais fait auparavant dans l’histoire du libéralisme et du capitalisme : exploiter l’Etat national lui-même, le dépouiller. Les banques et la bourse ne font, en fait, actuellement – c’est une lapalissade ! – des affaires qu’avec les Etats. Les capitalistes volent leur argent, le gardent dans les banques, se déclarent en faillite et demandent à être renfloués, c’est là la fantastique affaire d‘un vrai détournement oligarchique de la richesse populaire. Nos dirigeants européens le savent bien. Ils baissent la tête et acceptent d’aider les banques pour que le système ne s’effondre pas. Le régime est en quelque sorte devenu mafieux et le capitalisme financier escroque les Etats.
    Vous appréciez les paysages islandais mais l’Islande bouillonne aussi d’une énergie propre, venue directement du centre de la terre. Cette énergie géothermique, l’Islande l’exporte et elle souhaite désormais aller plus loin en envisageant d’exporter son électricité grâce à un ambitieux projet de pipelines vers l’Europe du Nord qui pourrait alimenter en électricité un million de foyers aux Pays-Bas et en Ecosse.
    Exploitation de la géothermie
    Cette énergie géothermique permet de produire de l’électricité et de se chauffer grâce à la chaleur prélevée directement dans le sous-sol. A Hveragerði, par exemple, on fait pousser différents fruits et légumes dans des serres tropicales grâce à l’énergie géothermique. 75% des tomates cultivées dans ces serres sont d’ailleurs directement consommées par les Islandais et le pays envisage même d’en exporter d’ici 5 ans. Plus d’énergie disponible que de besoins et donc un produit et un savoir faire à vendre au monde entier.
    Sites géothermiques en Islande
    L’Islande a du coup décidé de former à cette science des étudiants étrangers qu’elle va chercher jusqu’en Afrique. Un jeune kényan étudie ainsi la géothermie en Islande et se servira de ses connaissances une fois de retour au pays. Grâce à ses volcans, l’Islande produit aujourd’hui 5 fois plus d’électricité que ce dont le pays a besoin.
    Source: Michel Lhomme Metamag

  • L'implosion de l'Union européenne est programmée

    « Si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou. » Cette sentence biblique a inspiré le tableau de Bruegel l’Ancien, où l’on voit une procession d’aveugles liés les uns aux autres s’entraîner mutuellement vers le précipice. La parabole de Bruegel vaut pour le destin de l’Union Européenne, qui n’a jamais paru aussi précaire.
    Notre inconscient collectif nous le murmure : l’UE, dans son organisation actuelle, est condamnée. Certains experts le savent et le disent, à l’instar de Joseph Stiglitz, de Jacques Sapir, de Christian Saint-Etienne, de Jean-Luc Gréau, d’Alain Cotta, de feu Maurice Allais, Nobel d’économie symptomatiquement dédaigné par notre intelligentsia pour crime de lèse-béatitude envers l’euro. Notre élite politique aussi le sait, mais elle le tait soigneusement. Il faut la comprendre, faire pièce à la vérité signifierait sa chute
    L’euro, ce moteur de croissance zéro
    L’euro, ce moteur de croissance zéro, ne sera bientôt plus qu’une poudre de comète, abîmée dans le vaste charnier d’une oligarchie supranationale qui s’est trop tôt rêvée toute-puissante. Se corrompre dans de telles illusions d’omnipotence et d’expansion indéfinie, c’est la justice que l’histoire réserve à tous les projets impériaux, même les plus technocratiques et les moins séduisants. L’extraordinaire revitalisation des mouvements populistes européens, que la doxa nous affirmait enterrés dans les sables de la Fin de l’histoire, souligne assez la marche à la mort de l’illusion euratlantique.
    La fable « crisiste » n’empêchera pas les grands mensonges de tomber
    Certes, la crise de 2008 a été un effet d’aubaine pour une partie de la classe politique qui s’est ingéniée à masquer sous les traits de la conjoncture ce qui relève en réalité de failles structurelles, systémiques, propres à l’architecture de l’Union. Il faut bien être naïf pour avaler la fable crisiste qu’on tente de nous vendre : avons-nous attendu 2008 pour subir la stagflation, les délocalisations, la désindustrialisation massive, le chômage de masse, une politique d’élargissement aberrante, une immigration massive qui a explosé à la fin du siècle dernier, c’est-à-dire au moment même où la lutte contre l’immigration devenait l’omega du discours gouvernemental, plongeant le débat médiatique dans une schizophrénie ravageuse, où le durcissement des paroles va de pair avec l’impuissance des actes ? 2008 n’aura fait que révéler ces lignes de failles, dont aucune n’a été colmatée. La machine s'épuisera dans des annonces de réforme impossibles à mener et pour cause, l’ordre même de l’Union l’interdit. L’épreuve d’enfumage aura duré deux décennies. Une durée de vie remarquable pour une malversation aussi patente. L’Union semble désormais aussi fragile qu’un enfant atteint de progéria. Voici venu le temps où vont tomber les grands mensonges.
    Trou noir des dettes souveraines et faillite civilisationnelle
    Le trou noir des dettes souveraines travaille à leur perte fatale les économies européennes. Deux événements survenus dernièrement soulignent l’effet d’accélération : d’abord la rétrogradation de la note des Etats-Unis par Standard & Poor’s, qui signifie que le séisme financier mondial n’a pas encore épuisé ses capacités de réplique, puis l’annonce, tout aussi inédite, par le gouvernement français de sa volonté de suspendre les accords de Schengen pour tenter de juguler, vainement, l’afflux de dizaines de milliers de jeunes Tunisiens. L’édifice craque de partout. La pitoyable querelle avec l’Italie dit la faillite civilisationnelle dans laquelle nous sommes engagés. Sur le plan économique, maintenant que les pions sont tombés (Grèce, Irlande, Portugal), le cercle du désastre s’élargit et ce sont les pièces de choix qui vont être mises en jeu. L’Espagne sera la prochaine à offrir sa tête au billot du Fonds de solidarité. Gageons que le couple franco-allemand, roi et reine de ce sombre échiquier, feront tout pour proroger la demande de soutien des ibériques, qui entraînerait inéluctablement l’effondrement de l’union monétaire.
    Euro et Schengen : vers la fin de l’utopie sans frontiériste
    Formidable entropie qui engloutira tout de l’utopie sans-frontiériste : l’euro et Schengen imploseront simultanément. L’effet de sidération qu’engendrera cette implosion dans les opinions publiques se traduira par une série de révolutions politiques internes. Un basculement que tous les sondages annoncent et dont 2012 va dramatiquement préciser les contours.
    La coque du vaisseau amiral est trouée
    On aimerait ne pas avoir à se réjouir de telles perspectives. Et pourtant, nombre de politiques avisés, défaits par le référendum de Maastricht, nous avaient mis en garde : cette autodestruction était inscrite dans le programme génétique même de l’UE et de l’idéologie supranationale. Nous serions nous bornés à une Europe des Douze, fondée sur des coopérations bilatérales, seule solution pour aboutir à terme à un ensemble politique et économique stable et cohérent, que nous n’aurions pas eu à redouter un naufrage aussi radical. Persistance des Cassandres. Inutile désormais de chercher à sauver un vaisseau-amiral dont la coque est trouée. La situation ne nous laisse d’autre choix que de nous préparer à abandonner l’embarcation. L’épreuve sera douloureuse à court terme mais salvatrice à moyen terme. La plaie a de toute façon suffisamment suppuré. Il est temps de parapher l’acte de décès et d’achever cette chimère malade ou c’est elle qui nous achèvera.
    Georges-Henri Bricet des Vallons Correspondance Polémia
    Chercheur en science politique 6/05/2011

  • Rébellion #56 - Edito: Réflexion en écho à celle d'un philosophe transalpin

    Vers la communauté humaine. Réflexion en écho à celle d'un philosophe transalpin.

    "L'être humain est la véritable communauté [Gemeinwesen] de l'homme."Karl Marx.

    La récente parution en français du livre de Costanzo Preve, "Eloge du communautarisme" (1) publié en Italie en 2007, vient opportunément rappeler ce qu'il en est de l'enjeu majeur de la période contemporaine, celui de la sortie possible du capitalisme, devenu "CapitalismeAbsolu" adossé à l'idéologie ultra-libérale et dont la pérennisation mettrait à mal - à plus ou moins long terme - la richesse des potentialités de l'espèce humaine dans un monde totalement manipulé. On ne s'étonnera pas du fait que l'éloge entrepris par le philosophe italien converge avec l'orientation communautaire que nous défendons depuis tant d'années et qu'il nous donne ici l'occasion d'y revenir. Cet effort théorique d'éclaircissement en vue d'une orientation critique dans la lutte contre le Capitalisme Absolu devrait devenir le trésor commun de tous ceux voulant se mettre en marche vers la réalisation d'une authentique communauté humaine. Notons quelques axes de pensée importants à cet égard.

    I) Le capitalisme se trouve dans l'incapacité de réaliser une communauté quelconque. Sur ce point, l'auteur est en désaccord avec Jacques Camatte de la revue Invariance paraissant en France depuis la fin des années soixante. Ce dernier a estimé que le capital a pu s'ériger en communauté despotique, l'Unique autoréférentiel, par un processus d'anthropomorphose ("anthropomorphose du capital"). Il est en quelque sorte la Substance devenu Sujet du Hegel de la Phénoménologie de l'Esprit, le mouvement de la valeur s'engendrant d'elle-même, subsumant le mouvement social, dans une mystification bien réelle et agissante. Les individus ne sont plus alors que des particules attirés dans le champ social du capital. Nous serons d'accord sur le fait qu'il n'y a là qu'une parodie d'un processus d'universalisation humaine. Le problème est en effet central : comment concilier communauté particulière et universalité? Dans son universalisation de la forme-marchandise, le capitalisme produit à l'heure actuelle des pseudo-communautés, y compris totalement virtuelles par le biais de la médiasphère. La perte, l'aliénation de l'individualité humaine sont compensées en apparence par la formation et la quête d'identités phantasmées (omnipotence imaginaire des individus, leur impuissance concrète). Se trouve ainsi éradiquée toute initiative efficace de reprendre son existence en mains (par la force du lien social). Si l'on entend par communauté, la possibilité d'expression/manifestation/ /objectivation de l'homme en tant qu'être générique (produisant des formes diverses sociales du travail et des formes communautaires d'existence sociale multiples) alors, effectivement, la "communauté du capital" ne saurait faire sens, ne serait qu'une parodie de communauté puisque la source et les résultats de l'activité humaine lui échappent, se retournent contre elle sous la forme de "la communauté réelle de l'argent" (Marx). Marx peut employer ici cette expression car l'argent est l'existence réifiée de toutes les qualités humaines. Ce qui est commun dans leur abstraction quantitative et de ce fait manipulable. Le lien social est en-dehors d'elles, dans un objet ou ce qui lui sert de signe monétaire. Retenons donc que le capital ne saurait faire communauté.

    II) L'éloge du communautarisme ne peut faire l'impasse d'une critique de certaines interprétations de celui-ci.

    a) D'abord, est-il un substitut pertinent au terme de communisme, et que nous devrions utiliser? Oui et non, pensons-nous. Oui, parce qu'il permet de prendre ses distances à l'égard de certaines expériences historiques qui n'ont pas échoué, comme le remarque Preve, mais n'ont que trop bien réussi! C'est-à-dire, qui ont mené à bien la vision néopositiviste et scientiste qu'était devenu le marxisme de la fin du 19° siècle et dont avait hérité, en particulier, le marxisme soviétique dans sa forme historique récemment disparue. Cela permet à un marxisme vivant (ou théorie marxienne?) de s'appliquer à lui-même sa charge critique (ce qui est, pour le moins, ce que l'on doit attendre d'une pensée dialectique). Non, dans une certaine mesure à notre avis, car il ne signifie pas autre chose que ce que Marx a toujours pensé sous le terme de communisme comme étant l'équivalent de la réalisation de la communauté humaine. Le vieil Engels, lui-même, rappelant que les deux compères avaient depuis leur jeunesse utilisé le terme allemand ancestral de "Gemeinwesen" pour signifier ce qui appartient en propre à l'essence des hommes. Puisque nous rejetons intégralement la dynamique du capital sous toutes ses formes, nous pouvons alors nous qualifier de communistes ou communautaristes, indifféremment. Le terme de communaliste serait également adéquat dans cette optique.

    b) Ensuite, le communautariste pense de façon rigoureuse le rapport individu/communauté. Les deux sont complémentaires. En fait, seule la véritable communauté donne tout son poids à l'individualité. Elle en est même la condition sine qua non. L'universalisme de Costanzo Preve n'est pas à la remorque du globalisme marchand. Celui-ci ne fait que briser les derniers vestiges de ce qui restait des communautés traditionnelles déjà fort mises à mal par le monde moderne. Ce qu'il y a d'universel en l'homme, c'est en premier lieu une aspiration utopique ancienne et enracinée de l'espèce humaine et que l'auteur revendique explicitement. Elle est un rêve (pas un délire) d'une hominisation/humanisation en quête d'harmonie. Elle a, par ailleurs, sa forme concrète dans une pratique et une aspiration à la démocratie réelle inhérentes à la nature humaine dans la mesure où l'être humain possède le logos (raison et parole) qui ne le fige pas dans une universalité muette de type instinctuel.

    c) La praxis libérée de l'aliénation capitaliste ne saurait déboucher sur la création de formes de communauté figée sur une identité plus ou moins supposée et fixée de toute éternité. Pour être simple et à titre d'exemples, ce n'est pas parce que le capitalisme dans son appétit insatiable de consommation de capital variable prône à cet effet, le "multiculturalisme" et l'antiracisme de salon, qu'il est nécessaire de lui opposer un racisme plus ou moins assumé. Les deux participent de la construction du monde tel qu'il est. Dans un monde uniformisé, il est bon de protéger son individualité mais celle-ci ne s'exprimera guère qu'au sein de limites très étroites débouchant parfois sur des bizarreries et lubies diverses. De même, un "communisme de caserne" reste fondamentalement irrationnel quant aux perspectives d'épanouissement humain. Ces quelques illustrations témoignent d'oppositions mécaniques entre individu/communauté, identité/altérité, pérennité/processus, substance/devenir, égalité/différence, qu'il faut au contraire dialectiser.

    III) Qu'est-ce qui garantit la véracité d'une telle orientation communautariste sachant que le relativisme, le scepticisme et le nihilisme minent les fondements de la pensée occidentale au moins depuis l'accession du capitalisme à sa domination? Costenzo Preve a le mérite de reconduire la question de la pertinence des idées au socle de la pratique sociale : "la notion abstraite de 'vérité' ne naît pas en tant qu'approximation scientifique procédant d'une compréhension toujours meilleure d'un monde extérieur donné comme préexistant, mais plutôt comme réduplication de la communauté sociale matérielle dans une communauté idéale de faits et de valeurs partagées." (2). Ainsi est dépassée l'aporie de l'opposition matière/esprit et de son complément gnoséologique (3) de la théorie du reflet idéel de la matière extérieure à la conscience ayant fait couler beaucoup d'encre. La conscience est celle de l'être social vivant et de son déchirement dans l'aliénation du processus social jusqu'à son stade contemporain de la manipulation universelle. C'est l'occasion pour l'auteur de réévaluer à cette aune l'histoire de la philosophie occidentale en mettant l'accent sur les moments de prise de conscience des ruptures au sein de la vie communautaire et des moyens de les penser et d'y remédier, notamment chez les trois grandes figures que sont Aristote, Hegel et Marx. Ce sont des philosophes ayant mis l'accent sur les nécessaires médiations productrices de lien social s'opposant au mouvement d'autonomisation/ domination de la valeur. Le triomphe de l'Economie au détriment de la vie communautaire n'est pas une loi naturelle dont la justification par le règne universel des droits de l'Homme serait l'expression idéelle et incontestable. "La tradition philosophique occidentale, comme d'autres, naît en tant que réflexion sur la nature de la vérité sociale, une fois que cette vérité est mise en péril par l'avènement d'un non-sens qui est toujours et en toute chose un non-sens communautaire." (4). Le philosophe turinois se fait ici l'écho, nous semble-t-il, du philosophe napolitain du début du 18° siècle, G. Vico qui écrivait : "Le criterium du vrai, et la règle pour le reconnaître, c'est de l'avoir fait."De l'Antique sagesse de l'Italie. Chap I. Seul, le recours à l'essence de la vie communautaire dans ses possibilités, donne sens aux propositions les plus fondamentales. Il y a toujours au sein de la réalité quelque chose qui existe "en puissance" comme l'avait théorisé Aristote et que la désaliénation sociale traduirait "en acte".

    IV) Ces possibilités authentiquement humaines et potentiellement explosives pour le règne du Capital existent bel et bien et sont ce contre quoi celui-ci s'acharne pour en faire disparaître jusqu'au souvenir et/ou les pervertir (aliénation/réification des passions humaines en particulier). "Le Capital doit travailler sur les deux plans de la rationalité et de la socialité humaine de l'homme, qui sont inextirpables, mais aussi manipulables." (5). Rationalité instrumentalisable, purement technicienne et gestionnaire contre rationalité philosophique. Communautés de substitution (pseudo identités sectorielles) contre "souveraineté communautaire" incompatible avec le monothéisme de marché. Costanzo Preve défend alors une "redéfinition universaliste et progressive du communautarisme" (Chap. VI. p 209 à 240). "L'universalisme philosophique représente tout simplement pour moi l'extension physiologique et géo-philosophique de l'idée de vérité communautaire à celle d'une unique communauté mondiale. La 'vérité' du moment communautaire consiste en ce que l'individu a besoin d'une médiation concrète qui soit en état de relier son irréductible singularité à l'universalité abstraite de l'humanité pensée de façon planétaire." (6). Aux antipodes de l'idée de téléologie objective dirigeant l'ensemble du processus historique de l'humanité de façon nécessaire, il faut plutôt penser que la caractéristique de l'homme comme être social, générique, produit le mouvement plus ou moins irrégulier et non linéaire sur le chemin conduisant à l'unité au sein de l'espèce humaine. Ce que l'on peut appeler un processus d'universalisation. L'homme entre de plus en plus en relation par ses multiples productions/extériorisations objectives avec l'ensemble des autres hommes. En ce sens sa socialité s'élargit. Mais le Capital dresse des barrières aliénantes en travers de celle-ci. Il s'enferme dans un cycle de reproduction extensive et intensive de la domination de l'Economie sur l'activité sociale. Sa globalisation est donc destructrice du lien communautaire et de toute médiation donnant sens au rapport individu/communauté. Inversement, c'est grâce à diverses médiations culturelles, politiques, etc. que l'individu peut prendre part à la dimension universelle de l'espèce humaine. Le cosmopolitisme ultra-libéral ne met en relation que des individus mûs par le cycle production/consommation de marchandises et de sa représentation spectaculaire. Ce n'est que dans la lutte contre l'universalisation du règne despotique de la valeur et de la marchandise que les hommes constitués en groupes, communautés agissants, retrouveront le chemin de leur hominisation/humanisation enracinée et du libre développement de l'individualité.

    Rébellion  http://cerclenonconforme.hautetfort.com

    NOTES :

    1) Ed. Krisis. Traduit et présenté par Yves Branca. Préface de Michel Maffesoli. Sept.2012. 267p. 23 euros.

    2) Ibidem. p. 95.

    3) Gnoséologie : théorie de la connaissance.

    4) Ibidem. p.97.

    5) Ibidem. p.215.

    6) Ibidem. p.240.

  • De Dieu à la guerre par la Banque : le cas américain

    Le 24 décembre dernier, l’institut de sondages Gallup divulguait sur son site Internet les résultats d’une enquête téléphonique effectuée au cours de l’année 2012 et portant sur l’appartenance confessionnelle et la pratique religieuse chez les adultes américains [1]. L’étude révélait notamment que 77 % des sondés se déclaraient chrétiens, protestants pour les deux tiers d’entre eux.

    Au cours des semaines précédentes, parmi les faits divers qui émaillaient l’actualité, la presse occidentale revint sur le récit de l’affaire Al-Masri (du nom d’un ressortissant allemand d’origine libanaise arrêté, détenu arbitrairement et torturé dans des prisons secrètes de la CIA en Macédoine et en Afghanistan [2]) et, dans un registre plus léger, sur les excuses prononcées par le chanteur pop sud-coréen Psy afin de clore une polémique déclenchée par les paroles d’une chanson vieille de neuf ans, dans laquelle l’interprète de Gangnam Style critiquait de façon incisive la présence militaire américaine en Corée [3].

    Deux faits divers sans lien autre que les bases de l’armée ou les services secrets américains, disséminées aux quatre coins de la planète, comme autant de relais affichés ou masqués de l’impérialisme et de la violence guerrière anglo-saxonne, de la Corée à la Colombie et des Balkans à l’Australie en passant par le Golfe Persique, pour illustrer de manière explicite ce chiffre rappelé par le Stockholm International Peace Research Institute [4] : en 2011, l’Oncle Sam était à l’origine de 41 % des dépenses militaires dans le monde. Surgit alors une contradiction évidente : comment une nation dont 77 % des citoyens revendiquent leur foi en Christ peut-elle occuper le premier rang mondial des dépenses en matière d’armements ?

    Des observateurs sincères mais peu avisés invoqueront aussitôt un messianisme évangélique et une mission civilisatrice dont se croirait investie l’élite néoconservatrice américaine tout comme d’ailleurs sa base électorale (la moral majority). Cette explication, qui satisfait évidemment les éléments les plus laïcards du camp antimondialiste, peut recouvrir quelques parcelles de vérité mais est néanmoins insuffisante à une compréhension du problème dans son ensemble. Les néoconservateurs, dont l’influence est aujourd’hui contrebalancée par celle des conservateurs réalistes à la Brzezinski et des mondialistes à la Soros [5], affichent certes leur bigoterie comme un gage de crédibilité et de respectabilité face à leurs électeurs, mais il est aisé de vérifier que les plus éminents d’entre eux n’ont retrouvé le chemin de l’église que tardivement, une fois écoulée leur jeunesse estudiantine, gauchiste et libertaire.

    L’une des explications, moins divulguée mais plus convaincante, à la contradiction énoncée plus haut réside dans la corruption de l’élite WASP par le pouvoir bancaire associé au complexe militaro-industriel. Traditionnellement associée au monde protestant, la banque sous sa forme actuelle n’est toutefois qu’une lointaine et bâtarde descendante de l’esprit austère et entrepreneurial de la Réforme européenne. À l’aube du XVIIIème siècle, la création de la Governor and Company of the Bank of England [6] (la future banque centrale de l’Empire britannique) marque à la fois la suprématie de la thalassocratie britannique sur sa rivale hollandaise (la Compagnie des Indes orientales étant désormais portée à bout de bras par la banque de la couronne) et le début de l’endettement de l’État par le recours à des créanciers privés (le Tonnage Act, adopté à la même époque et destiné à financer les guerres opposant l’Angleterre à ses rivaux, permettait aux particuliers de s’enrichir sur intérêts par l’achat de bons du Trésor [7]).

    La création de la Réserve fédérale américaine sous le mandat du président Wilson en 1913 constitue de ce point de vue un prolongement de cette mutation du système capitaliste et bancaire, l’essor industriel et le développement des techniques de communication permettant à une Amérique affranchie des menaces sécessionnistes de prendre définitivement le pas, après la Première Guerre mondiale, sur des puissances européennes déjà déclinantes. Le rôle d’une élite économique issue de l’émigration juive aux États-Unis, alliée de circonstance des représentants WASP du pouvoir bancaire, dans la prise du pouvoir par la banque peut être rapproché de celui joué par Edward Bernays dans le développement de la propagande moderne ainsi que dans son application à la manipulation de l’opinion des masses en vue d’une acceptation d’interventions armées extérieures.

    Si la lecture de la Bible dans certaines églises protestantes (notamment américaines) s’avère particulièrement centrée sur l’Ancien Testament (l’Exode, l’esclavage à Babylone et en Égypte, la fuite des Hébreux peuvent parfois faire l’objet d’études bibliques approfondies mais partiales et favoriser chez certains fidèles une identification, même inconsciente, au peuple juif et donc par là même une sympathie presque instinctive pour le projet sioniste, y compris dans ses déclinaisons les moins pacifiques), il est donc nécessaire de ne pas perdre de vue que la violence guerrière américaine est liée à un protestantisme dévoyé, éloigné de l’esprit de la Réforme dont le modèle capitaliste rhénan constitue un descendant bien plus légitime.

    Par Jean C. http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • L’opération au Mali, coup dur pour le budget en période de rigueur

    L’intervention militaire française au Mali pèsera lourdement sur le budget des opérations extérieures des armées (Opex) et révèle déjà des insuffisances en matière de transports, un domaine pour lequel la France est contrainte de faire appel à ses alliés.

    François Hollande recevant à l’Elysée des représentants d’associations maliennes en France, le 13 janvier 2013

    Combien ça coûte ? “Je ne peux pas l’évaluer encore. Tout cela sera public, évidemment” : une semaine après le début des opérations, Jean-Yves Le Drian, doit déjà répondre aux interrogations sur leur coût financier. D’autant que le ministre de la Défense a prévenu que l’engagement “sera long“.

    Concrètement, les crédits dédiés aux Opérations extérieures (Opex) pour 2013 s’élèvent à 630 millions d’euros. En baisse d’environ 90 millions par rapport à 2012, en raison du retrait français d’Afghanistan. Mais les économies escomptées du retrait afghan devraient être effacées par l’opération au Mali.

    C’est une opération qui durera au minimum une bonne partie de 2013, sinon toute l’année 2013. Ca ne tiendra pas dans le budget“, estime Axel Poniatowski, ancien président UMP de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale.

    En 2011, année des opérations en Libye, le coût des Opex avait atteint 1,2 milliard d’euros. Il s’agissait alors d’une opération aéronavale très différente de l’intervention au Mali, avec une campagne aérienne de huit mois et le déploiement du porte-avions Charles de Gaulle en Méditerranée.

    Ca n’aura pas d’incidence sur le budget de la défense“, souligne pour sa part Jean-Louis Carrère, le président PS de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat.

    Quand le budget Opex est dépassé, le gouvernement abonde habituellement les crédits, pour ne pas plomber le budget défense.

    Le coût des opérations au Mali dépendra en premier lieu de leur durée. Mais les premiers jours du conflit ont confirmé certaines insuffisances des armées, notamment en moyens de transport et de ravitaillement.

    Paris a dû demander l’aide de ses partenaires pour acheminer du matériel. La Grande-Bretagne, le Danemark, la Belgique ou le Canada, ont accepté de fournir des avions de transport et les Etats-Unis devraient également participer.

    Autres conséquences financières, les opérations extérieures précipitent l’usure du matériel, en particulier dans des zones éprouvantes comme le Sahel.

    Les Transall utilisés pour acheminer les troupes sont à bout de souffle et les deux drones Harfang de l’armée de l’air en bout de course après trois ans de service et 5.000 heures de vol en Afghanistan.

    Les militaires disent que les équipements français qui sont déployés permettent à peu près d’assurer une opération comme celle-ci, mais qu’on est vraiment très limite“, souligne Axel Poniatowski.

    Autant d’inquiétudes qui viendront alimenter le débat sur le nouveau Livre blanc de la défense, qui devra s’attacher à faire coller les nouvelles priorités stratégiques aux capacités budgétaires de la France.

    L’opération au Mali peut également servir de vitrine de la haute technologie française, notamment des avions Rafale, engagés dès les premiers jours. L’Inde, qui selon des sources proches des discussions pourrait en commander jusqu’à 189 à Dassault Aviation, avait annoncé son choix après que l’avion de combat français ait fait ses preuves lors de la guerre en Libye.

    Libération via http://fortune.fdesouche.com