L’appel au « front républicain » face au risque d’une victoire du Front national (FN) a longtemps été un classique de l’entre-deux tours à gauche mais depuis quelques années, le doute s’est installé quant à l’efficacité sinon la légitimité d’une telle ficelle tactique.
L’idée d’une mobilisation de tous les républicains contre un parti et des candidats qui ne le seraient pas est ancienne.Elle renvoie au contexte des années 30 et au danger fasciste qui pesait alors sur la République. Elle a été utilisée comme arme électorale à partir des années 80 face à la montée en puissance du FN.
Cette fois, l’installation dans le paysage politique local du parti lepéniste comme troisième grande force nationale a transformé cette échappatoire traditionnelle de la gauche en impasse.
L’appel au rassemblement anti-FN est en effet devenu beaucoup moins efficace. La stratégie « morale » de lutte contre le parti lepéniste, lancée avec l’antiracisme militant des années 80, se heurte désormais à la « banalisation » du FN dans le paysage politique. On l’a encore constaté lors des élections législatives et cantonales partielles qui ont eu lieu l’an dernier.
L’évolution concomitante d’une partie de la droite vers des positions proches de celles du FN sur certains sujets, de société notamment, a entamé l’efficacité de la digue mise en place par un l’UMP qui l’avait jusqu’ici conduit à participer, bon an mal an, au « front républicain » avec la gauche. Le choix d’une stratégie du « ni ni » (ni gauche ni FN)sous la houlette de Jean-François Copé en témoigne.
Côté gauche, le front républicain est devenu beaucoup plus difficile à « vendre » à l’électorat et à imposer aux candidats issus de ce camp. Comment en effet demander à des électeurs d’aller voter et à un candidat qui a mené le combat politique pendant des semaines de se désister en favorisant ainsi l’élection d’un adversaire ? Surtout si celui-ci a été désigné comme crypto-lepéniste ! Ni la radicalisation et le brouillage idéologiques, ni l’illisibilité et la crispation des situations électorales ne favorisent le « front républicain ».
Sur l’électorat potentiel du FN, celui-ci finit même par provoquer un effet inverse à celui recherché. En mettant en avant l’opposition au FN comme seul élément commun de leur appartenance au camp des « républicains », les partis de gauche et de droite renvoient à leur isolement les électeurs lepénistes. Ils les dépeignent de facto soit comme des citoyens qui s’excluent du champ démocratique, soit comme incapables de comprendre les enjeux pour lesquels ils se prononcent. Et tout cela uniquement en raison du bulletin qu’ils choisissent de déposer dans l’urne.
Bref, cette posture de défenseurs de la démocratie et des valeurs républicaines qui, par-delà leurs différences partisanes,entendent faire « front »finit par passer pour arrogante et méprisante. Elle mobilise contre ceux qui l’adoptent les électeurs qui se sentent floués, incompris ou rejetés par une telle attitude. Dans ce cas, le FN n’a plus qu’à ramasser la mise en montrant que « l’UMPS » qu’il dénonce constamment est une collusion non seulement en raison de la similitude des projets politiques des deux partis mais encore de leur stratégie électorale.
Le « front républicain » est donc devenu une stratégie incertaine car peu légitime et peu efficace, à la fois peu mobilisatrice pour ceux qui entendent la pratiquer et potentiellement mobilisatrice pour ceux qui en sont la cible. Elle doit donc être abandonnée au profit d’un travail d’argumentation et de conviction politiques. C’est évidemment plus exigeant mais la légèreté stratégique et l’absence de réflexion dans la lutte contre le FN depuis des années à gauche rend un tel effort désormais incontournable.
Laurent Bouvet
Source : Article paru dans Le Figaro du 26 mars 2014
http://www.voxnr.com/cc/d_france/EFAyyZAAFZdmPgMUiu.shtml
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Les illusions perdues du front républicain
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Aujourd’hui, la Hongrie vote
Le paysage politique hongrois est peut-être annonciateur de nouvelles recompositions politiques en Europe.
Demain dimanche, c’est jour d’élections législatives en Hongrie. Ce sont les élections les plus importantes car le président de la République, en Hongrie, n’est élu qu’au suffrage indirect, justement par l’Assemblée nationale.
Le Jobbik, parti qui veut dire « les meilleurs » et « à droite », est dirigé par un homme jeune, Gábor Vona, historien de formation. Jobbik se donne une ligne sociale. Son objectif affiché est d’aider les familles nombreuses, et celles qui ont été victimes de l’endettement immobilier, particulièrement de 2002 à 2010, quand la gauche gouvernait. Jobbik avait réuni 17 % des votes en 2010. Entre-temps, le parti s’est « dédiabolisé » : fini les défilés évoquant le style des années trente.
Un sondage donne Jobbik à 21 %, loin derrière le parti de Viktor Orbán, le Fidesz, donné à 47 %, mais non loin de l’opposition « de gauche », en fait l’opposition libérale et bruxello-compatible, donnée à 23 %. Si les intellectuels parisiens parlent beaucoup de Jobbik pour se donner des frissons, ils voient rarement que l’essentiel est ailleurs.
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Vidéo Conférence-débat : LE Front National, parti des ouvriers ?
Ce 25 février 2014, l’Observatoire des radicalités politiques a consacré une conférence-débat à la relation entre vote ouvrier et vote frontiste. Afin de déconstruire quelques représentations en trompe-l’oeil, Jean-Yves Camus et Sylvain Crépon recevaient Florent Gougou et Nonna Mayer. Outre la vidéo de la soirée ci-dessous, vous pouvez trouver un compte-rendu de cette conférencesur les sites de Médiapart et des Inrocks.
Le FN, parti des ouvriers ? Rencontre de l... par fondationjeanjaures -
Après échec cuisant aux municipales, Aurore Bergé, militante UMP pro-mariage gay, cherche place aux européennes
Cette jeune femme de 27 ans s’est fait connaitre à l’UMP en participant à une manifestation de soutien à la loi Taubira sur le mariage homo, et en soutenant le droit du sol. Benoist Apparu, ancien ministre délégué au Logement sous Sarkozy, a dit d’elle qu’elle “tient la route” et a un “fort potentiel”, elle “sort du lot” “même si c’est un peu tôt pour parler de relève”.
Après un cuisant échec aux municipales (17 % derrière le vainqueur) Aurore Bergé voudrait être en 6ème position sur la liste UMP d’Île-de-France pour les européennes (les places précédentes étant déjà prises).
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La franc-maçonnerie s’inquiète de votre vote aux élections européennes
La franc-maçonnerie semble consternée par le résultat des dernières élections et, plus encore, par ce qui s’annonce être le résultat des élections européennes. Ce n’est pas la déroute socialiste qui inquiète les sociétés secrètes. Leurs réseaux s’étendent aussi bien à l’UMP qu’au PS. Non, ce qui angoisse les « grands maîtres », c’est la progression d’un sentiment de profond rejet du système politique actuel. Ce réveil d’un pays réel que les francs-maçons ne maîtrisent pas, voilà ce qui leur fait peur.
Du coup, les différentes obédiences viennent de co-signer un énième communiqué appelant les Français à bien voter ! Surtout pas d’abstention ni de vote « extrémiste ».
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La tyrannie de l’alternance
Passons sur les lieux communs au sujet du « tsunami bleu » révélant la ridicule emphase des gratte-papier du Figaro [1], de la percée évidente du Front National et de son acquisition d’au moins dix municipalités [2] ou encore de la claque prise par Hollande et son gouvernement de bras cassés pour étudier ce que révèlent ces résultats.
Ces municipales ne veulent rien dire sans mention de l’abstention massive, 38,5 % au second tour [3]. Dans cette optique, il paraît risible d’évoquer le mot même de démocratie. Plus encore, ces élections interrogent ce que Christopher Lasch avait bien noté dans La révolte des élites, à savoir l’absence de différences structurelles entre les deux partis majoritaires.
Ralliés tous les deux au capitalisme financier, soumis à la politique étrangère atlantiste depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, aux diverses coteries industrielles ou militaires (groupes de pression agricoles, pharmaceutiques, armement etc.), aux dogmes de l’Union européenne (harmonisation des législations, libertés de circulation des personnes, des marchandises et des capitaux), aux exigences des minorités visibles et invisibles (homosexuels, antiracistes et francs-maçons) et convertis aux vertus de l’immigration de masse, l’UMP et le PS offrent à l’occasion de chaque élection le spectacle de leurs pseudo différences par le biais de la communication de masse et de l’abrutissement généralisé. Même sur les sujets sociétaux, les deux partis tendent à converger. Il aura fallu la Manif pour tous pour que certains cadres de l’UMP s’aperçoivent du potentiel électoral. Le mouvement est d’ailleurs en passe d’être récupéré.
Si la combine semble avoir plus de mal à passer puisque le Front National a fait un bon résultat, bravant ainsi les amalgames douteux tentant de faire passer Marine Le Pen pour la réincarnation féminine de Benito Mussolini quand ce n’est pas de son pendant germain, il n’en demeure pas moins que la majorité croit encore à l’escroquerie de l’alternance politique. Sur la ligne de départ, lorsque les chevaux de course appartiennent au même propriétaire, il est évident que la victoire est nettement plus simple.
La démocratie de marché et d’opinion produit deux types d’individus : les manipulés bêlant de candeur et professant un humanisme théorique et les désabusés refusant de participer à un système corrompu et malsain. L’enseignement de l’ignorance, selon l’habile expression de Michéa, dans tous les lieux d’ex-savoir n’arrange évidemment pas les choses. Le nivellement par le bas que produit notre organisation politique, reflet du Capital, pour qui le savoir constitue une entrave à son expansion, doit permettre une remise en cause du caractère sacré de notre démocratie. Il n’existe aucun système bon en soi car c’est bien la qualité des hommes qui font la qualité du système et non l’inverse. La cinquième République en est un bon exemple. Une fois De Gaulle éjecté par les manœuvres du trotskiste Cohn-Bendit — le financement des trotskistes par les américains étant connu depuis les révélations sur le syndicat Force ouvrière [4] —, la décadence de notre système a commencé à travers sa corruption généralisée, sa soumission aux intérêts bancaires et l’abaissement progressif des valeurs.
Nous avons quasiment touché le fond. Si certains rêvent d’un dictateur nommé par la République pour rétablir l’ordre à l’instar du système romain, d’une démocratie directe à la suisse ou d’une Europe confédérale sur le modèle impérial allemand, il reste que le rêve révolutionnaire ou le changement par les urnes demeurent des solutions illusoires. Le pouvoir vient du haut malgré les pétitions de principes dégagées par les normes constitutionnelles organisant la pseudo séparation des pouvoirs en France. Si l’action demeure la mise en pratique de la volonté subjective ou morale selon le principe hégélien, elle doit servir à reconquérir dans un esprit maurrasso-proudhonien les espaces locaux, le tissu associatif, les solidarités locales, les communes ou les syndicats d’entreprise. Afin de reprendre la main sur l’espace national, la domination locale constitue un préalable nécessaire. Tout le reste n’est que vaine discussion.
Karl Peyrade
[1]http://www.europe1.fr/Municipales/M...
[2]http://www.lemonde.fr/municipales/a...
[3] http://www.linternaute.com/actualit...
[4] http://www.bakchich.info/internatio...http://www.actionfrancaise.net/craf/?La-tyrannie-de-l-alternance
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François Hollande n'a rien compris
La raclée des élections municipales n'a pas suffi. Le PS a perdu 155 grandes villes mais il n'a toujours rien compris. L'occupant de l'Elysée est forcé d'avaler une terrible défaite mais il n'en tire aucune leçon.
Valls le rouge, l'homme du CRIF
Au soir du second tour, Jean-Marc Ayrault a été sacrifié en gage de prise en compte du mécontentement général. Mais en le remplaçant par Manuel Valls, François Hollande prouve qu'il n'a toujours pas perçu les raisons de la colère des Français. La façon dont Manuel Valls s'est comporté en tant que ministre de l'Intérieur était précisément l'une des raisons de cette colère.
Valls le partisan de la gestation pour autrui (GPA). Valls qui censure les spectacles de Dieudonné mais qui applaudit le spectacle blasphématoire « Golgota Picnic ». Valls le rouge, Valls le sectaire, viscéralement antichrétien et qui considère le « fait religieux » comme un danger en soi.
Incapable de rétablir l'ordre à Marseille mais déterminé à transformer les forces de l'ordre en police politique chargée de réprimer ceux qui défendent la Famille ou ceux qui ont l'humour politiquement incorrect. Valls qui, ridicule, fait de la « quenelle » une affaire d'Etat.
Valls méritait une sanction. Hollande lui offre une promotion.
Le nouveau locataire de Matignon n'aime pas la France mais la République. Ce qui n'est pas la même chose. Il est un héritier des guillotineurs de 1789 et des macabres républicains de la guerre civile espagnole.
Insensible à la France de Clovis et de Saint-Louis, Manuel Valls se dit par contre « lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël ». C'est le CRIF qui doit applaudir le choix de François Holande...
Un gouvernement sous emprise maçonnique
Quant au remaniement gouvernemental, c'est plutôt un lifting raté. Bien sûr, Civitas se réjouit du départ du laïciste obsessionnel Vincent Peillon et du fait que Najat Vallaud-Belkacem ne sera plus porte-parole du gouvernement. Mais c'est avant tout la théorie du genre qui doit être expulsée de l'éducation nationale et l'expérimentation des ABCD de l'Egalité qui doit cesser immédiatement si ce gouvernement veut donner un signe positif aux parents.
Le maintien de Christiane Taubira à la Justice est insensé. Et, de façon générale, ce gouvernement est celui de la franc-maçonnerie. Le Grand Orient de France est comblé par la désignation de François Rebsamen au poste de Ministre de l'Emploi. Les initiés sont très majoritaires. Le fossé entre pays réel et pays légal est encore accentué.
Il faudra leur infliger une nouvelle bérézina
Le message des élections municipales n'a pas été entendu. Et mercredi soir, place Vendôme à Paris, la dictature socialiste a une fois de plus fait usage de la violence contre les Français. L'objectif à court terme des forces de résistance est donc clair : contraindre Manuel Valls à quitter Matignon au plus tard au lendemain des élections européennes qui doivent être la prochaine bérézina d'un système pourri jusqu'à la moelle.
Alain Escada, président de Civitas
Les rendez-vous de Civitas :
11 avril: Nancy-Houdemont, Hôtel Arcole, Zac des Egrez, 20 heures: Conférence sur la théorie du Genre par Alain Escada
1er mai: Bruxelles, Eglise St Joseph, Place Frère Orban, 19heures 20: Conférence sur le théorie du Genre par Alain Escada
11 mai: Paris, Défilé en l'honneur de Ste Jeanne d'Arc avec dédicace à St Louis, 14h30, place St Augustin - 16h-16h30, arrivée place des PyramidesLien permanent Catégories : actualité, élections, France et politique française, lobby 0 commentaire -
Indésirable Harlem Désir
Aujourd’hui, dans les couloirs de la rue de Solférino, au siège du Parti socialiste, ce qu’on entend, de tous côtés, c’est : « Désir dégage »…
On connaissait « Désirs d’avenir », l’association de soutien à Ségolène Royal dans sa campagne présidentielle de 2007 ; aujourd’hui, dans les couloirs de la rue de Solférino, au siège du Parti socialiste, ce qu’on entend, de tous côtés, c’est : « Désir dégage »…
Henri Emmanuelli est monté au créneau en déclarant au site Médiapart qu’il fallait non seulement « un congrès extraordinaire » ou tout au moins « une démission » de son actuel premier secrétaire, le PS étant un « parc à moutons [plongé] dans un coma profond ». Ambiance.
Jusqu’alors, le parti à la rose au poing n’avait fait porter la seule responsabilité de la déroute électorale des élections municipales qu’à la nullité de Jean-Marc Ayrault et à l’indécision chronique du « Moi Président ».
Le premier a donc été remercié par le second, vite fait bien fait, et remplacé par son ministre de l’Intérieur qui a gardé la plupart de ses ministres… Faute de meilleurs disponibles ? On le craint…
Du coup, l’avenir électoral des socialistes est sombre et les élections européennes en mai prochain redoutées ! « Désir n’a plus aucune légitimité. Avec lui, on va au crash aux européennes. » De qui émane ce jugement fort peu amène ? De Mehdi Ouraoui, son ex-directeur de cabinet. « On change le gouvernement et on ne changerait pas au PS ? », s’alarme de son côté le député Pouria Amirshahi. « Certes, Harlem Désir a été élu par les militants socialistes, mais il y a une forme de responsabilité électorale qui doit être prise en compte aujourd’hui. Il y a besoin d’un électrochoc », surenchérit l’ex-ministre des Transport Frédéric Cuvillier.
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Défendre des valeurs ou remettre en cause le désordre politique
Lu dans L'Action Française 2000 :
"Le grand mouvement social de 2013 a fait naître beaucoup d'espoirs. Beaucoup d'espoirs car il s'agit du premier mouvement de masse de droite depuis la défense de l'école libre en 1984 ; beaucoup d'espoirs car ce mouvement s'est inscrit dans la durée ; beaucoup d'espoirs, surtout, car il a vu l'émergence d'une génération de militants, inexpérimentés, certes, mais qui ne demandent qu'à apprendre.
D'aucuns ont cru voir dans cette émergence d'un militantisme de droite un renouveau du catholicisme politique. Il convient de distinguer deux démarches bien différentes : d'un côté, celle tendant à créer un véritable groupe de pression de défense de la famille, toujours plus professionnel, sur un modèle américain ; de l'autre, l'activisme militant visant à développer l'esprit de dissidence et de contestation globale du régime. La première est menée avec efficacité, en effet, par des catholiques pratiquants. Par son aspect universel, inhérent à sa finalité, cette lutte n'est pas politique, au sens où elle ne prétend pas proposer un système alternatif. Il ne s'agit d'ailleurs pas de lui en faire grief puisque tel n'a jamais été son objectif. Pour ces catholiques, la défense du bien commun s'accommode des formes actuelles du pouvoir. Depuis la funeste politique du Ralliement, le catholicisme romain français a, en effet, quitté la sphère du politique pour se réfugier dans celle, ô combien plus simple, de la morale. Cette évolution n'est peut-être que la traduction d'un autre aggiornamento, où la foi elle-même ne serait plus que spiritualité consensuelle et morale sociale.
Les nouveaux apôtres de la dissidence tentent, au contraire, de cultiver l'idée qu'une alternative à l'oligarchie mondialiste en place est possible et nécessaire. En cela, ils mènent bien une lutte politique. Il faut comprendre alors que leur foi n'est pas le moteur de leur engagement dans la sphère publique, mais plutôt une armature, simultanément soutien et fardeau.
Y a-t-il alors un véritable réveil ? Le catholicisme français fut souvent en proie aux luttes politiques : défense des États pontificaux, estocades de Guillaume de Nogaret, critiques des idéologies néfastes au XIXe siècle ; mais il s'est depuis lors départi de cette fonction pour se ranger dans l'analyse morale. N'est-ce pas d'ailleurs une des leçons à retirer des propos du pape François, quand il est obligé de rappeler que l'Église est bien une institution universelle plutôt qu'une belle ONG ? Et que toute prétention au beau et au sublime n'est pas incompatible avec la foi ? Privé de capacité à se sublimer, ramené sans cesse à la grisaille bourgeoise, y compris par l'Église elle-même, comment le catholique français pourrait-il développer une conscience politique qui lui est intrinsèquement étrangère ? Le développement d'un projet politique implique nécessairement une part de rêve et une recherche du beau qui sont à l'exact opposé du catholicisme occidental, étriqué dans son moralisme et sa pauvreté geignarde. Tout engagement demande un dessein, toute passion politique un destin, bien étrangers à la nature même de l'Église occidentale telle qu'elle s'est développée depuis le XIXe siècle.
Il ne s'agit pas alors de demander à l'Église de sombrer dans une utopie bien éloignée des problématiques réelles de ses fidèles, mais davantage de recentrer son discours pour redécouvrir la clef d'une saine politique. L'engagement des jeunes catholiques est admirable puisqu'il s'accomplit dans une atmosphère peu propice à l'action concrète : charge alors à l'Église institutionnelle de quitter le champ du moralisme pour donner la substance dont ces jeunes coeurs ont besoin – quoique Shakespeare nous dise que le jeune sang n'a que faire des vieux décrets. Nous comprenons donc que les catholiques sont à l'orée d'un choix : prendre le parti d'un repli communautaire, essentiellement non politique, de défense des valeurs pour préserver un monde qui leur conviendrait – mission noble, mais tendant à oublier l'universalisme catholique ; ou alors sortir de cette logique pour remettre en cause fondamentalement l'ordre politique contemporain et faire leur la refondation d'un monde. De leur réponse dépendra sans doute la nature du réveil catholique et certainement sa valeur pour l'Histoire."
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La tête de liste UMP aux Européennes Alain Lamassoure refuse les contrôles aux frontières nationales.
Lu dans L'Express : Résultat, même Henri Guaino refuse de voter Lamassoure aux européennes ! Tête de liste UMP pour l' Ile-de-France, quand même !... Lire la suite »