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Europe et Union européenne - Page 1010

  • L’euro est un système darwinien

    Les défenseurs de l'Union européenne ont tendance à parer l'euro de toutes les vertus. Politiquement, ils le présentent comme un instrument nécessaire à la construction des Etats-Unis d'Europe. Et sur le plan économique, ils l'estiment indispensable pour assurer la fluidité des marchés et des flux financiers. Dans la « boîte à outils » du parfait technocrate européen, l'euro tient lieu en quelque sorte à la fois du tournevis et du dégrippant.

    Pour tous ceux qui sont attachés aux Etats-nations, ou qui n'ont pas renoncé à leur esprit critique, la réalité est beaucoup plus inquiétante. Le ministre finlandais des Affaires européennes, Alexander Stubb, fait partie de ces personnes lucides. Il a déclaré en 2012 que « l'euro est un système darwinien ».

    On ne saurait mieux résumer la situation. L'euro est bel et bien un système darwinien parce qu'il empêche les Etats européens les plus en difficulté économique – dont la France – de restaurer par des dévaluations leur compétitivité face aux Etats européens les plus robustes – dont l'Allemagne. Il ne laisse ainsi aux Etats faibles aucun autre choix que de solliciter l'aide des Etats forts, lesquels, pourtant déjà bénéficiaires du système, en profitent pour exiger des contreparties (privatisations, politique d'austérité, mise sous tutelle...) qui renforcent encore davantage leur domination. L'ancien commissaire européen Mario Monti a qualifié ce phénomène de « créditocratie ».

    Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que l'euro n'a pas produit ces effets par hasard. Dès son origine, il a été délibérément conçu, sous couvert de beaux discours sur la paix et la prospérité en Europe, comme un moyen d'asseoir définitivement la domination des Etats forts sur les Etats faibles. Comme l'explique l'économiste Jacques Sapir, le traité de Maastricht de 1992, qui a décidé sa création, a été le fruit d'un « immense marchandage » dont la France et les Etats d'Europe du sud ont été les dupes. L'Allemagne a réussi à imposer la création d'une monnaie unique calquée sur le mark, donc très forte, lui permettant d'obtenir l'ouverture de leurs marchés aux exportations allemandes sans risque d'une soudaine dévaluation. C'est ce qui explique qu'aujourd'hui son excédent commercial soit essentiellement réalisé sur les pays de la zone euro, et notamment sur la France, l'Espagne et l'Italie. En 1992, l'Allemagne est parvenue à faire croire qu'en contrepartie ses partenaires bénéficieraient de taux d'intérêts avantageux, ce qui s'est vite avéré faux.

    On sait donc aujourd'hui que le traité de Maastricht a été un marché de dupes. Ce triste constat est confirmé par l'économiste et prix Nobel Paul Krugman, qui explique qu'une unification monétaire favorise toujours les Etats déjà dotés des meilleurs atouts : dans le cas de l'euro, elle a permis à l'industrie allemande d'éliminer ses rivales française et italienne qui ne pouvaient plus se défendre par des dévaluations compétitives.

    Il faut tirer les conséquences de ces analyses en revenant partout en Europe aux monnaies nationales, et en transformant éventuellement – comme le préconise Jacques Sapir – l'euro en monnaie commune. Faute de quoi la nation française disparaîtra progressivement de la scène internationale, à l'image de ces espèces dont Darwin explique qu'elles disparurent faute d'avoir su s'adapter à l'évolution du monde.

    http://www.siel-souverainete.fr/actualite/358-leuro-est-un-systeme-darwinien.html

  • 25 millions : le nombre de pauvres en Europe en 2025 si l’austérité se poursuit (Oxfam)

    Quelque 10 millions de personnes supplémentaires risquent de tomber dans la pauvreté en raison des politiques de rigueur, selon l’association Oxfam. La Grèce est particulièrement en danger.

    Oxfam se préoccupe habituellement plus des pays en développement. Cette fois, l’ONG s’inquiète pour l’Europe.

    En 2025, près de 10 millions de personnes en Europe risquent de rejoindre les rangs de la pauvreté, portant à 25 millions le nombre de pauvres au sein de l’UE, selon l’association humanitaire. L’ONG se fonde sur des recherches du groupe de réflexion Institute of fiscal studies (institut des études fiscales) dans 27 pays des 28 pays de l’UE.

    Est considérée en situation de pauvreté toute personne vivant avec moins de 80% du revenu médian (soit 14.811 euros annuels en 2011).

    “Un remède qui cherche à soigner la maladie en tuant le patient”
    L’organisation craint une “décennie perdue” à cause des politiques d’austérité. Évoquant les précédents en Amérique latine, en Asie et en Afrique, dans les années 1980 et 1990 lorsque des pays ont reçu le soutien du Fonds monétaire international, l’ONG fustige les contreparties exigées, autrement dit les plans de rigueur. “Ces politiques ont été des échecs : c’est comme un remède qui cherche à soigner la maladie en tuant le patient. Elles ne peuvent être à nouveau autorisées“, est-il écrit dans le texte accompagnant le rapport.

    Oxfam craint de devoir renvoyer des secours en Grèce

    L’ONG s’inquiète surtout pour les pays les plus touchés par la crise, à commencer par la Grèce. “En 1942 (…) Oxfam a été créé pour pousser le gouvernement britannique à alléger le blocus contre la Grèce occupée par le Nazis“, rappelle l’association. “Soixante-dix ans ans après, et un miracle européen plus tard, devrions-nous une fois de plus envoyer des secours en Grèce ?“, s’attristent les auteurs de ce rapport.

    La Tribune   http://fortune.fdesouche.com

  • Pensée unique, monnaie unique… le début de la fin ?

    Sur le site de l’hebdomadaire Marianne, a été mis en ligne le 10 juillet un excellent article de Eric Conan, « Comment la gauche a livré le peuple au FN », qui n’est pas fait pour remonter le moral du parti de l’étranger socialiste… Et qui éclaire implicitement les raisons de la rage haineuse antinationale d’un «Jean-Luc Mélenchon» rejeté par la France d’en bas puisque son « robespierrisme ne masque pas une apologie de l’immigration non régulée qui rejoint celle du Medef pour presser les salaires à la baisse. »

     M. Conan retrace parfaitement les raisons du basculement des classes populaires qui jusqu’en 1981 votaient majoritairement PS et PC, vers le vote FN et Le Pen.

     Une gauche relève-t-il, qui a «épuisé le registre de l’injure (contre les électeurs frontistes, NDLR), version les salauds de Bernard Tapie (l’heureux bénéficiaire d’un préjudice moral de 45 millions d’euros) ou version les cons de Julien Dray (le collectionneur de montres à 20 000 €). »

     Or, si « ce qui distingue l’élite digne de ce nom de l’oligarchie, c’est son souci du peuple et de ses intérêts », les classes populaires «ont bien compris que les élus n’ont aucune prise sur les délocalisations, les fermetures d’usines et la régression des statuts professionnels. »

     « Ils ont compris aussi que la crise était surtout pour eux, et qu’il y avait des gagnants de la mondialisation sauvage: grands patrons et banquiers ne se jettent pas par la fenêtre comme en 1929; ils se payent en hypersalaires ou en retraites chapeau dignes du Loto, et l’argent public éponge les conséquences de leur cupidité. »

     Et le journaliste de Marianne de noter encore que les ouvriers, employés chômeurs, agriculteurs qui composent encore la moitié du corps électoral et votent massivement FN « voient bien » à « qui reviennent » « les bénéfices de la mondialisation, dont la Commission de Bruxelles s’est faite le chantre », « tandis qu’eux n’ont droit qu’aux discours d’énarques pensionnés à vie dissertant sur le populisme et leur expliquant sans conviction qu’il faut s’ adapter ,bouger et changer de métier plusieurs fois dans sa vie ».

     Bref, « un peuple perdu de vue par des partis de gauche prisonniers de leur sociologie de cadres et de fonctionnaires ancrés dans les métropoles bobo bordées d’une ghettoïsation urbaine multiculturelle dont les désagréments ne sont pas plus maîtrisés que ceux de la mondialisation heureuse. »

     Dans la dernière livraison des Quatre vérités hebdo, André Zuliani, responsable RPF de l’Aude, constate tout aussi justement que « Des médias et des économistes chargés de désinformer plutôt que d’informer et de véhiculer la pensée unique travaillent méticuleusement et avec la plus grande servilité à stériliser toute résistance de la part de la population. »

     «La technostructure européenne affirme encore M. Zuliani multiplie les atteintes aux fondements mêmes de notre société, notamment avec le mariage gay, le programme de dépopulation des nationaux d’origine européenne, la paupérisation des familles, ou la remise en question de la propriété… Ceci montre, à l’évidence, que cette technocratie ne reculera devant rien. »

     Faut-il le rappeler et le redire sans cesse, l’Europe de Bruxelles et de la monnaie unique à laquelle le système UMPS a livré notre peuple pieds et poings liés contribue en effet grandement à cette glissade vers l’abîme de notre pays. Ce qui n’exonère non plus en rien la responsabilité des partis dits de gouvernement dans leur conduite calamiteuse des affaires dont ils ne sont pas encore défaussées (complètement) sur « l’Europe »…

     L’acharnement des politiciens européistes à maintenir à flot l’utopie ruineuse que constitue la monnaie unique dans le cadre actuel est la marque de l’incapacité intellectuelle de « nos » « technos » à sortir de leur schéma mortifère et dépassé.

     La réalité, et il faut être pourtant aveugle pour ne pas la voir, est que la zone euro est entrée en récession du fait de la politique économique et monétaire de déflation qui crée du chômage (qui atteint 12% dans la zone euro), imposée par Bruxelles, la BCE et Berlin. Une politique ultralibérale selon laquelle il faut réduire la dépense publique, baisser les salaires et les retraites (et accessoirement allonger l’âge du départ à celle-ci) pour rétablir les comptes publics.

     Nous savons aussi que l’instauration de la monnaie unique est la source de cette crise du fait de l’impossibilité de mener une politique de change cohérente en raison de la très grande hétérogénéité des économies des pays de la zone euro.

     Le 14 juin dernier, Le Monde mettait en ligne un article de l’allemand Hans-Olaf Henkel, « ancien dirigeant d’entreprise. Professeur honoraire à l’université de Mannheim », dans lequel il confessait que «Si l’on veut sauver l’amitié franco-allemande » il s’agit de « (renoncer) maintenant à la monnaie unique », que «le temps est venu de reconnaître que l’euro faillit non seulement à sa vocation économique mais à sa vocation politique.»

     «Le fossé entre les pays de la zone euro et les autres est de plus en plus alarmant. Seuls les Roumains sont encore désireux d’adopter la monnaie unique. L’éventualité d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne n’est sans doute pas étrangère aux décisions prises au sein de la zone euro en vue de centraliser, d’égaliser et d’harmoniser… »

     Au regard de l’histoire, dont les enseignements doivent être toujours étudiés par un homme ou une femme politique digne de ce nom, il apparaît que les tentatives passées d’unions monétaires se sont systématiquement soldées par des échecs quand celles-ci ont tenté de fédérer des pays ayant entre eux de trop grands écarts économiques, sociaux, fiscaux et culturels.

     Ce fut le cas de l’Union monétaire entre l’empire austro-hongrois et l’Allemagne qui perdura dix ans (de 1857 à 1867), de l’Union monétaire latine, qui vit le jour en 1865 entre la France, la Belgique, la Suisse et l’ Italie, et qui fut dissoute en 1925 et même de l‘Union scandinave en 1872 (Danemark, Norvège, Suède) mise sur pied en 1872, certainement la plus cohérente sur le plan économique et culturel, mais qui périclita également…

     Pour parler vrai constate Bruno Gollnisch, l’union monétaire ne peut aboutir que si elle s’appuie sur une union politique préalable : ce fut le cas notamment des Etats-Unis, de l’unité politique allemande et italienne, de la Confédération helvétique…

     Et nous touchons d’ailleurs là à une des raisons essentielles de l’entêtement suicidaire des oligarques euromondialistes à maintenir coûte que coûte l’euroland à flot, lesquels militent activement, plus ou moins en plein jour, en faveur d’une intégration-dissolution des pays européens encore plus poussée.

     La solution finale, le but ultime politico-messianique qui est le leur constate encore le président de l’AEMN, consiste bien en la suppression des Etats-nations au profit d’une entité bruxelloise qui a vocation à s’élargir aux pays non européens périphériques, première étape sur le chemin d’une gouvernance mondiale.

     Nous continuerons de nous y opposer de toutes nos forces au nom de la défense des identités, des libertés et des souverainetés de nos peuples européens.

    http://aemn.eu/fr/2013/07/15/pensee-unique-monnaie-unique-le-debut-de-la-fin/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=pensee-unique-monnaie-unique-le-debut-de-la-fin

  • L'invention de l'Occident et les racines de l'Europe

     

    L'invention de l'Occident (Attali et Salfati)Homère et la Bible seraient donc les deux «mamelles nourricières» de notre civilisation ?

    Cette idée émise par Jacques Attali et Pierre-Henry Salfati relève de toute évidence d'une volonté de «dé-christianiser» l'Histoire de l'Europe. En cela, elle est conforme à l'esprit du temps mais en aucune façon à la démarche d'un véritable historien qui se doit de respecter les faits et de leur conserver leur cohérence, indépendamment de ses croyances personnelles.

    Saisissons cette occasion pour nous interroger sur les racines de notre civilisation européenne ; judéo-grecques ? judéo-chrétiennes ? autres ? Interrogeons-nous aussi sur les racines de l'Europe en devenir...

    Proposons pour commencer cette définition des «racines» : l'ensemble des facteurs culturels, spirituels, matériels, institutionnels... qui concourent à la construction d'une civilisation et la distinguent des autres civilisations.  

    André Larané

    Nos racines sont-elles judéo-grecques ?

    Les concepteurs de l'émission L'invention de l'Occident usent des outils habituels aux négationnistes et autres «complotistes» pour exposer leur thèse :

    -1/ Ils sacrifient la réflexion à l'émotion :

    La télévision leur permet d'instiller leur propos de façon subliminale en agrégeant des phrases de différents érudits sorties de leur contexte, sans laisser aux spectateurs le temps de s'arrêter sur l'une ou l'autre, d'y réfléchir et de revenir en arrière pour la vérifier.

    Ainsi, à la différence de ce qui se passe à la lecture d'un livre, l'émotion et l'immédiateté prennent le pas sur la réflexion et l'intelligence.

    - 2/ Ils exploitent à fond les coïncidences et les similitudes :

    Les réalisateurs observent ainsi que les Hébreux ont eu l'occasion de côtoyer les Grecs au cours de leurs pérégrinations autour de la Méditerranée, qu'Homère et la rédaction de la Bible sont à peu près contemporains, que cette dernière a été traduite en grec, que les Juifs étaient nombreux à Alexandrie, capitale de l'hellénisme, que c'est au pied du mont Sinaï que l'empereur Justinien a établi le monastère Sainte-Catherine etc.

    Autant d'assertions vraies mais qui ne démontrent rien.

    - 3/ Ils écartent soigneusement toutes les objections :

    La première d'entre elles, qui me paraît évidente, c'est que les Arabo-musulmans, qui ont subjugué au VIIIe siècle les vieilles terres de culture hellénistique et judaïque, peuvent tout autant que les Européens se réclamer de l'héritage judéo-grec.

    Or, leur civilisation n'a pas connu les mêmes développements que la civilisation occidentale ; ils n'ont trouvé dans cet héritage ni la démocratie, ni la promotion de la femme, ni la laïcité, ni l'État de droit (à la racine du développement économique)...

    Dès lors que l'héritage judéo-grec a pu aboutir à des résultats aussi différents que la civilisation européenne et la civilisation islamique, il faut chercher ailleurs les facteurs qui ont permis à la chrétienté occidentale de se démarquer du reste du monde au cours du deuxième millénaire de notre ère.

    Bien entendu, nous reconnaissons la grandeur et le caractère innovant de la pensée et des institutions grecques. Nous constatons aussi l'immense intérêt intellectuel qu'elles ont suscité chez les élites de l'Occident chrétien (comme de l'Orient sous domination musulmane).

    Mais force est de constater qu'elles n'ont eu aucune incidence sur les pratiques de notre civilisation. À aucun moment, au cours du Moyen Âge et des Temps modernes, dans le domaine civique, nos aïeux n'ont imité en quoi que ce soit les pratiques des Grecs du Ve siècle av. J.-C. On serait bien en peine, par exemple, d'identifier une quelconque filiation entre la démocratie athénienne et notre démocratie représentative. 

    Tout au plus note-t-on une résurgence du droit romain tardif à la Renaissance (avec pour première conséquence une régression du statut de la femme !) et une pâle imitation des institutions romaines sous la Révolution, dont on retrouve la trace dans notre vocabulaire administratif (préfets, consuls, légion...). 

    Nos racines sont-elles judéo-chrétiennes ?

    Si nos racines ne sont pas judéo-grecques, sont-elles pour autant «judéo-chrétiennes» comme on nous le serine par ailleurs? Cela n'est pas plus évident si nous prenons la peine d'y réfléchir.

    En effet, la chrétienté orthodoxe et les chrétientés moyen-orientales ont été au moins autant pénétrées de ces racines judéo-chrétiennes (et grecques) que la chrétienté occidentale.

    Au cours du premier millénaire, grâce à cet héritage antique, elles ont même connu un développement bien plus éclatant que l'Occident, tout comme d'ailleurs l'empire arabo-musulman. Mais le deuxième millénaire leur a été fatal tandis qu'il a permis à l'Occident d'engendrer une civilisation en rupture totale avec le passé.

    Où sont donc nos racines ?

    Dans ces conditions, qu'a retenu l'Occident des enseignements de l'Antiquité, qu'ils fussent hébraïques, grecs ou latins?

    - L'art :

    Pour faire bref, convenons que les artistes occidentaux, dès le haut Moyen Âge, ont puisé leurs sources d'inspiration dans l'Ancien et le Nouveau Testament puis, à partir de la Renaissance, dans la mythologie gréco-latine. Mais leurs techniques et leurs modes d'expression n'appartiennent qu'à eux. Roman, gothique, baroque... Toutes ces formes d'art ne doivent rien aux artistes grecs, encore moins aux Hébreux. Tout au plus y retrouve-t-on une lointaine filiation avec les modèles architecturaux romains (basilique, voûte, colonnades, coupole...).

    - La langue :

    Il en va de même des langues que nous parlons.

    À l'époque carolingienne (VIIIe siècle), les langues pratiquées en Occident n'avaient plus guère de rapport avec le latin de Cicéron, tant dans la grammaire (absence de déclinaisons) que dans le vocabulaire.

    Nous les disons «latines» parce qu'elles fourmillent de racines empruntées au latin mais il s'agit en l'occurrence du latin médiéval, qui est une langue pratiquement réinventée par les clercs, sans filiation directe avec l'Antiquité, un peu comme l'hébreu moderne.

    Les clercs de l'entourage de Charlemagne, en premier lieu Alcuin, ne se sont pas contentés de pratiquer entre eux un latin à leur mesure. Ils ont méthodiquement réintroduit dans les langue usuelles des racines empruntées au latin. Ainsi, le mot d'usage courant «eau», dans lequel il est impossible de reconnaître la racine latine «aqua», a été complété par des qualificatifs savants, comme «aquatique» ou «aqueux».

    De la même façon, à l'époque moderne, les savants ont emprunté au grec des mots pour désigner les nouveautés (psychologie, téléphone...). Cela ne fait pas pour autant de nos langues des filles du grec ancien.

    - La philosophie :

    On peut dire la même chose de la philosophie. Si les clercs médiévaux et les humanistes de la Renaissance ont cultivé une admiration sans bornes pour Aristote puis Platon, on est en peine de trouver dans leurs œuvres une quelconque parenté avec la pensée antique.

    Au contraire, ils n'ont eu de cesse de développer une pensée autonome en essayant, pour les premiers - tel saint Thomas d'Aquin - de concilier la raison et la foi, pour les seconds - tel Érasme - de révéler l'individu à lui-même.

    - Le statut de la femme :

    S'il y a bien un point sur lequel la chrétienté occidentale a innové par rapport à l'Antiquité comme à toutes les autres civilisations du deuxième millénaire de notre ère, c'est le statut de la femme.

    Chez les Grecs de l'époque de Périclès, celle-ci est confinée dans le gynécée, avec les esclaves et les concubines. Son statut n'est pas très différent de ce qu'il est aujourd'hui dans les sociétés islamiques traditionnelles. Chez les Hébreux, son sort n'est guère plus enviable.

    Le changement s'amorce au Moyen Âge, en particulier avec le mariage chrétien qui proscrit la polygamie, les mariages arrangés et la répudiation (y compris en cas d'adultère de la femme !). La femme hérite, même si le droit d'aînesse revient au garçon en priorité sur la fille. Il lui arrive aussi de diriger des États et même des abbayes d'hommes (Fontevraud).

    Au sein de l'Église, principale institution médiévale, la femme n'a toutefois pas accès au sacerdoce et à la prêtrise. C'est la seule concession faite à la tradition antique. 

    Ainsi que nous l'avons rappelé plus haut, la Renaissance, en s'éloignant de la tradition médiévale et en redécouvrant béatement la tradition antique, va entraîner un net recul du statut de la femme. Il va se poursuivre et s'intensifier avec l'avènement de la bourgeoisie d'affaires au XIXe siècle, sans toutefois revenir sur l'essentiel des acquis médiévaux.

    - La démocratie et le travail :

    L'Occident a aussi développé, pas à pas, dans ses monastères puis dans la cité, une pratique démocratique nouvelle («un homme, une voix»), parfaitement étrangère au monde antique, lequel distingue soigneusement les hommes libres des esclaves.

    Dans le droit fil de cette invention, la chrétienté médiévale a honoré le travail, alors qu'il était dans le monde antique, à Athènes comme à Rome, le lot des esclaves et des femmes.

    On peut s'étonner à ce propos du vieux malentendu qui nous fait attribuer à Athènes l'invention de la démocratie. Tout au plus les Grecs ont-ils forgé le mot. Quant à leur pratique, elle n'a guère à voir avec la démocratie représentative moderne qui puise son origine dans la Grande Charte anglaise, ni surtout avec l'État de droit, sans lequel il n'est pas de liberté individuelle.

    - L'État de droit :

    Cet État de droit, caractéristique de la chrétienté occidentale, est né aux alentours de l'An Mil, comme le rappelle l'historien et essayiste Claude Fouquet (Nouvelle Histoire de l'Europe, 2013).

    Dans les villages de cette époque, les coutumes ont, au fil des générations, acquis force de loi et il est devenu impossible à quiconque, y compris aux puissants, de les enfreindre. Un guerrier ou un évêque ne pouvait par exemple user de son autorité pour enlever à un paysan la terre qu'il avait reçue de ses aïeux.

    Ainsi s'est forgé le droit, que les Anglais nomment fort justement «common law» (loi commune), pour rappeler qu'il est issu de la coutume. Ce droit est devenu un obstacle rédhibitoire à l'arbitraire et à la tyrannie. Dès l'époque médiévale, les sociétés occidentales apparaissent de ce fait comme peu ou prou «démocratiques» en ce sens qu'une multitude de contre-pouvoirs limitent l'arbitraire du souverain.

    On peut voir l'origine de cette miraculeuse naissance de l'État de droit dans le fait que l'Europe occidentale, de l'Èbre (Espagne) à l'Elbe (Allemagne), a été du Xe siècle à nos jours épargnée par les invasions.

    C'est une particularité qui la distingue de toutes les autres régions du monde, victimes à un moment ou un autre d'envahisseurs venus d'ailleurs, qu'il s'agisse des nomades mongols et turcs en Eurasie ou... des Européens dans le Nouveau Monde. Elle a permis au droit coutumier occidental de se renforcer de génération en génération, sans risque d'être anéanti. 

    L'Europe en construction a-t-elle des racines ?

    De cette rapide recension des fondements de la civilisation occidentale, on voit que ceux-ci ont peu à voir avec l'Antiquité et même avec le christianisme, lequel est une religion à vocation universelle, aussi à son aise en Occident qu'en Afrique tropicale, en Orient ou en Extrême-Orient.

    Si nos sociétés ont des racines, celles-ci sont à chercher dans le bouillon médiéval de l'An Mil, dans lequel se sont agglomérés les apports les plus divers (y compris bien entendu le christianisme, nourri par la Tradition et les théologiens).

    Que dire alors de l'Europe en construction? L'idée européenne a été portée sur les fonts baptismaux, il y a un demi-siècle, par des élites désireuses de renforcer le camp occidental pro-américain face à la menace soviétique.

    Cette motivation ayant disparu avec la fin de la guerre froide, on lui a substitué une autre motivation : réaliser l'économie de marché dont rêvent les théoriciens néolibéraux.

    Ce rêve-là, qui a débouché sur la monnaie unique et la crise actuelle, est en radicale contradiction avec les traditions européennes que nous avons recensées plus haut. Il est en train, méthodiquement, de ruiner la démocratie et l'État de droit.

    Dans l'Europe qui se profile, les assemblées législatives nationales ont désormais pour principale fonction d'enregistrer les directives émises par des Conseils supranationaux sans lien direct avec les citoyens. Les membres de ces conseils sont cooptés ou agréés par les chefs de gouvernement sur des critères généralement inavouables (rarement celui de la compétence). Ils n'ont pas de compte à rendre aux citoyens mais se doivent de satisfaire les influents lobbyistes qui hantent leurs couloirs...

    Le droit est quant à lui chamboulé par des changements incessants, de sorte qu'il perd ce qui fait sa force : la stabilité. C'est une conséquence indirecte du processus européen : d'une part le droit social s'adapte aux normes édictées par les bureaux de Bruxelles ; d'autre part, les parlements nationaux n'ayant plus la maîtrise des grands enjeux politiques et économiques se rabattent sur le reste, droit civil et droit pénal.

    Le travail est en voie de se dissoudre dans une économie financière qui donne la primauté à la spéculation et à la recherche du profit immédiat, fut-ce en ruinant les industries nationales. Il y a deux siècles, le protestant François Guizot, ministre de Louis-Philippe 1er, exhortait ses compatriotes : «Enrichissez-vous par le travail, par l'épargne et la probité». Ces mots sont aujourd'hui devenus inintelligibles à nos élites qui, au lieu de travail, épargne et probité, pensent délocalisation et spéculation.

    Ainsi sommes-nous en train de construire pour le meilleur et pour le pire une Europe en rupture totale avec son passé, une Europe hors-sol et sans racines.

    http://www.herodote.net

  • Immigration : les avortements en fonction du sexe progressent en Grande-Bretagne

    LONDRES (NOVOpress) – L’immigration de masse favorise un ensauvagement des mœurs dans le pays qui doit la subir. Un nouvel exemple d’outre-Manche. Le Daily Telegraph a mené une enquête durant 19 mois sur la pratique des avortements sélectifs dans les communautés immigrées en Grande-Bretagne. Le quotidien anglais a muni d’une caméra cachée quatre femmes enceintes d’origine ethniques différentes et les a envoyées dans neuf cliniques du Royaume-Uni pour demander un avortement, en raison du sexe de l’enfant. Deux médecins ont accepté cette pratique barbare, dont un basé à Manchester, le Docteur Prabha Sivaraman, qui a répondu à sa patiente : « Si vous voulez un avortement, vous voulez un avortement, voilà tout ! ».

    Près de 190 000 avortements sont pratiqués chaque année en Angleterre et au Pays-de-Galle. En 2007, une étude de l’Université d’Oxford révélait que les mères d’origine indienne qui accouchaient en Grande-Bretagne affichaient à partir de leur troisième enfant un ratio garçon fille déséquilibré (113 garçons nés pour 100 filles pour les naissances survenues entre 1990 et 2005, contre 105 garçons pour 100 filles en moyenne). « L’explication la plus plausible, comme en Inde ou en Chine, est que l’identification prénatale du sexe et les avortements sur les fœtus de sexe féminin qui en découlent, sont en augmentation », soulignait le rapport. Avortements en fonction du sexe de l’enfant, conflits, racisme, islamisation, délinquance… L’immigration de masse importe en Europe bien des maux.

    http://fr.novopress.info

  • Norvège : un parti “populiste” probablement au gouvernement

    OSLO (NOVOpress/Bulletin de réinformation) – Les partis de droite ont obtenu une majorité de 93 sièges sur 169 au parlement, dont 29 pour le Parti du Progrès, dit « populiste ». Ce résultat devrait lui donner accès au gouvernement. En effet, le parti conservateur, s’il souhaite gouverner, n’aurait d’autres choix que d’entrer en coalition avec ce parti qui vise à défendre les Norvégiens, notamment contre l’immigration massive.

    Ces résultats vont présenter une énigme de taille aux médias de l’oligarchie. En effet, dans un pays relativement épargné par la crise, qui se porte bien économiquement (N° 2 mondial pour la richesse par habitant) et qui ne fait pas partie de la zone euro, comment expliquer, selon leurs grilles de lecture, l’arrivée au gouvernement d’un parti dit « populiste » ? Tout simplement, il semblerait, par un ras-le-bol grandissant face aux politiques de gauche de leurs gouvernements précédents et à l’immigration massive extra‑européenne qu’elles entraînent. De quoi donner un bon coup de pied dans la fourmilière des réponses toutes faites et de la bien-pensance.

    http://fr.novopress.info/141293/norvege-un-parti-populiste-probablement-au-gouvernement/#more-141293

  • Fonds européens : l’État cède la place aux régions

    Avec la responsabilité des programmes et la concentration thématique demandée par la Commission européenne, les conseils régionaux montent en puissance. Ils auront le pouvoir de «corrections et sanctions financières» jusqu’ici dévolu à l’Etat. Et le devoir de sélectionner et de coproduire avec les autres collectivités les projets territoriaux.

    L’année 2014 marquera le début de la nouvelle programmation des fonds européens pour sept ans, jusqu’en 2020. Depuis 2012, institutions européennes et nationales travaillent à la mise en route de cette mécanique de haute précision (lire le calendrier) fondée sur le contrat de partenariat passé entre le gouvernement et l’Union européenne. Fixer les orientations stratégiques de la mise en œuvre des fonds européens par la France, les mettre en conformité avec les ambitions de la Stratégie Europe 2020 pour « une croissance intelligente, durable et inclusive »…

    Après 17 séminaires thématiques et territoriaux, suivis par 600 organismes différents, Tours accueillait, le 9 juillet 2013, le séminaire de restitution de la concertation nationale. Ses conclusions vont nourrir le texte final de l’accord de partenariat qui sera soumis fin octobre à la Commission européenne.

    …La période 2014-2020 sera marquée par la montée en puissance des régions et, dans une moindre mesure, des départements. Le projet de loi de modernisation de l’action publique territoriale, en cours de discussion, prévoit de leur confier, à leur demande, la gestion des programmes européens en qualité d’autorité de gestion.

    Concentration thématique

    Ainsi que le soulignait Thierry Repentin, ministre délégué aux Affaires européennes, la concertation a fait émerger trois thèmes majeurs :

    1. le développement de la compétitivité de l’économie et la création d’emplois,
    2. la transition énergétique et écologique
    3. et l’égalité des territoires — de tous les territoires : urbains ou ruraux, périurbains ou de centre-ville, métropolitains ou ultra-périphériques. La concertation a clairement fait ressortir la nécessité de la mobilisation et de la solidarité des collectivités. « La dimension territoriale est et doit être partie intégrante de la cohésion territoriale », insiste le ministre.

    La concentration thématique demandée par la nouvelle stratégie, vue comme une avancée par tous les acteurs, risque en effet de faire passer les territoires au second plan. Compétitivité des PME, recherche et innovation, efficacité énergétique et énergies renouvelables doivent représenter au moins 80 % des investissements. Les projets d’infrastructures ou d’équipements ne pourront donc pratiquement plus être éligibles aux fonds européens. Le seront, en revanche, les projets stratégiques à l’échelle d’un territoire.

    Montée en puissance des régions et départements

    La période 2014-2020 sera marquée par la montée en puissance des régions et, dans une moindre mesure, des départements. Le projet de loi de modernisation de l’action publique territoriale, en cours de discussion, prévoit de leur confier, à leur demande, la gestion des programmes européens en qualité d’autorité de gestion.

    Confiantes, plusieurs régions font valoir qu’étant déjà autorité de gestion par délégation, elles savent dans quoi elles s’engagent et que leur proximité avec les territoires leur permettra d’être plus réactives. Un constat partagé en 2010 par un rapport sur « Le risque de dégagement d’office des fonds structurels européens », qui notait « une meilleure efficacité des conseils régionaux que de l’Etat à efficience égale dans le rythme de programmation des fonds structurels ».

    Eviter le dégagement d’office

    Devenir autorité de gestion de plein titre est cependant une charge lourde, techniquement et financièrement. Le 9 juillet, Johannes Hahn, commissaire européen à la politique régionale, invite les régions à ne pas négliger le fait que ce transfert « sera un exercice très exigeant ».

    La loi prévoit ainsi que « corrections et sanctions financières, mises à la charge de l’Etat » lorsqu’il est autorité de gestion, seront désormais assumées par les régions. La charge peut être lourde. Et particulièrement en temps de crise lorsque la mise en œuvre des projets est ralentie.

    Au 31 décembre 2012, il restait environ 1,5 milliard d’euros à dépenser au niveau national au titre du FEDER pour échapper au dégagement d’office. La région Alsace, la seule à avoir expérimenté, depuis 2003, la gestion des fonds européens, a ainsi mieux structuré ses interventions et rendu obligatoire un échéancier prévisionnel pour l’ensemble des porteurs de projets pour ne plus risquer de dégagement d’office.

    Les régions devront aussi désormais informer, instruire les dossiers, assurer suivi, animation, contrôle, remontée des factures.

    La qualité de l’instruction apparaît décisive pour programmer des projets cohérents et pertinents. Or, les services européens actuels des régions seront insuffisants. D’où la nécessité de transférer le personnel des secrétariats généraux à l’action régionale (SGAR) des préfectures.

    « Pas assez de personnel »

    « Il y a une bagarre avec les préfets et les Sgar pour savoir combien de personnes nous seront transférées. Ma plus grande inquiétude est qu’il n’y ait pas assez de personnel transféré pour faire le travail », a alerté René Souchon, président de la région Auvergne, le 9 juillet.

    Certaines régions envisagent de créer une structure qui pourrait être un GIE regroupant fonctionnaires de l’Etat et des régions, partageant et transférant leurs savoir-faire. Structure qui pourrait être temporaire ou pérenne. Mais le projet semble complexe et difficile à finaliser.

    Avant d’en arriver à l’exercice effectif du transfert, il reste à boucler l’accord de partenariat et l’élaboration, menée en parallèle, des programmes opérationnels (PO), qui présentent les axes prioritaires de chaque région. Nouveauté pour cette nouvelle génération : un programme pourra être plurifonds, afin d’assurer une meilleure transversalité.

    Emmanuel Berthier, délégué interministériel à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR), en clôture du séminaire, a précisé le calendrier. Après encore une ultime réunion de concertation le 10 octobre, l’accord de partenariat sera finalisé et transmis à la Commission à la fin du même mois. Durant l’été, un autre dialogue démarre, entre l’accord de partenariat et les autorités de gestion afin que des PO plus avancés soient élaborés en cohérence. Les PO devront être finalisés en janvier, « pour un démarrage de la programmation courant 2014 ».

    Chiffres Clés :

    • 14,5 milliards d’euros, c’est Le montant de l’enveloppe affectée à la France pour la période 2014-2020, stable par rapport à la période 2007-2013. Sur un budget total de 325 milliards d’euros (354,5 Md€ pour 2007-2013).

    LE COURRIER des maires

    http://fortune.fdesouche.com

  • Jamais le dimanche

    130909Reprenant cette chronique je ne la consacrerai aujourd'hui qu'à un pays dont les gros moyens de désinformation ont gommé l'évocation dans leur présentation de l'actualité. Durant ces quelques jours d'une volontaire déconnexion de toute électronique, je n'ai lu que Le Figaro et le Canard enchaîné en édition papier. Je n'ai même consulté ni les sites d'information ni les journaux de cette Grèce où je retournai après plusieurs années, pays que j'aime beaucoup, et dont j'essaye habituellement de comprendre les évolutions.

    Mon observation n'est donc nullement liée aux événements du jour. À peine rentré à Paris je prenais en revanche connaissance d'une chronique fort lucide, équilibrée et révélatrice  (1)⇓ sur une question qui peut paraître secondaire. Il s'agit de la controverse, qui continue, sur la liberté d'ouvrir les magasins le dimanche. Cette pratique existait déjà depuis longtemps comme c'est actuellement encore le cas en France, dans toutes les zones qualifiées de touristiques, — le reste étant soumis dans l'Hexagone à l'arbitraire administratif.

    L'auteur conclut son article par d'intelligentes propositions complémentaires. Elles s'adressent au gouvernement de son pays dont il entend dépasser le vulgaire argument mimétique "ça marche comme ça dans les autres pays européens". Ce pays précis pourrait selon lui en tirer un avantage particulier.

    Mais il analyse surtout l'absurdité pathétique du "front du dimanche" agglomérant "l'extrême gauche, la 'droite populiste', une partie du clergé, les bureaucraties syndicales, etc." Les salariés et les commerçants qui ouvrent le dimanche sont-ils "des imbéciles ? des antéchrists ? des valets du capitalisme et de la mondialisation néolibérale ?" etc. Son argument central consiste à souligner que cette ouverture fonctionnera comme une liberté, non comme une contrainte.

    Tout cela me confirme dans la certitude que la Grèce représente, en bien comme en mal, un champ expérimental dont on a tort d'évacuer les enseignements, et plus encore à les réduire à des clichés démagogiques. Ce vieux pays constitue l'un des laboratoires caractéristiques de la modernisation économique et sociale de l'Europe. Or, les effets de la crise tendent maintenant, depuis les résultats connus du 2e trimestre, à s'y ralentir, son secteur privé se redresse, malgré les difficultés d'y réformer le secteur public.

    Mais aussi, on se souviendra que, si dramatiques que puissent se révéler, — ne les nions pas, — en termes de difficultés sociales, dans certains quartiers d'Athènes, les conséquences de la politique imposée par les bailleurs de fonds, on doit les comparer à d'autres exemples.

    Premier cas. On va bientôt commémorer, de façon prévisible le coup d'État de septembre 1973 au Chili. Après un ou deux ans d'une dictature classiquement conservatrice, cruellement anticommuniste et d'économie dirigiste le général Pinochet changea de politique. Il fit appel aux disciples de Milton Friedman et de l'école de Chicago. Le résultat reste brillant, on peut le considérer comme exemplaire pour l'Amérique latine. Les traces qui demeurent quarante années après la mort du marxiste Allende méritent d'être méditées en termes positifs : or, qui oserait dire que le sort du Chili ne fut pas plus dur, pendant quelques années, que celui de la Grèce dans le cadre de l'Europe actuelle ?

    Deuxième référence : la Pologne. Elle constitue aujourd'hui l'un des réussites de l'Europe, une nation en plein essor. Or on doit se souvenir que, dans le début des années 1990, elle fut soumise à ce qu'on appela une "thérapie de choc", le plan du ministre des Finances, Leszek Balcerowicz, dans le cadre du gouvernement Mazowiecki formé le 12 septembre 1989. Tout ce que fit cette équipe non-communiste au pouvoir en Europe de l'est, la première depuis 1944, dut alors subir, comme par hasard, la critique acharnée de ces mêmes bons esprits qui, aujourd'hui, vitupèrent avec tant de véhémence contre ce qu'ils appellent la "mondialisation néolibérale". On nous annonçait autour de 1993 que le chômage allait connaître une courbe exponentielle, sans espoir, génératrice d'une explosion sociale. La Pologne tint bon et, dès 1997, le taux de demandeurs d'emploi passait sous la barre des 10 %. Aujourd'hui, sans esquiver les vicissitudes du monde, ce pays se porte très bien.

    Cas plus spectaculaire encore, quoique dans un plus petit pays : celui de l'Estonie de 1992 à 1994 sous la conduite de Mart Laar  (2)⇓. Un succès.

    La  Grèce depuis 2009 connaît, au bout du compte, un débat du même ordre. Certes en France, on s'est employé à le caricaturer. On a diabolisé la question fiscale. C'est bien connu : les hommes de l'État ne sont pas coupables de leurs déficits, seuls les contribuables et les mauvais citoyens, qui ne payent jamais autant d'impôts que ne voudraient les socialistes. On a prétendu limiter le dossier à son aspect monétaire en relation avec l'appartenance du pays à la Zone euro et le cadre dans lequel son plan d'assainissement lui est, plus ou moins, imposé de l'extérieur, alors qu'il est régulièrement voté par une majorité parlementaire.

    En réalité il s'agit d'une sortie de l'étatisme et d'une évolution nécessaire vers l'économie de marché. Et, douloureusement, elle avance.

    En fait il me semble que l'Europe du sud peut sortir de la crise, conséquence du socialisme, si ses gouvernants cherchent à le faire et si l'opinion publique accepte de voir les choses en face.

    Toute évocation d'une ressemblance avec la France de Monsieur Normal serait fortuite, grotesque et déplacée.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. sur le site d'un chroniqueur de droite
    2. cf "Objectif liberté" du 7 septembre
  • Le XXIe siècle, siècle du déclin européen ?

    Tribune de Michel Geoffroy.
    La XXIe conférence des ambassadeurs, réunie cet été, avait pour thème « La France puissance d’influence » : un choix bien symbolique qui renvoie à l’ambition de l’Union européenne de jouer les « soft power », posture dont on voit une nouvelle fois les piètres résultats dans la crise syrienne. MG.
    Une manipulation sémantique
    Le fait d’accoler les termes puissance et influence constitue une manipulation sémantique, comme le concept de « soft power ».
    Les puissants sont influents en raison même de leur puissance et de leur capacité de nuisance. Les Etats-Unis et Israël sont donc des nations influentes par exemple.
    Par contre, l’inverse se vérifie beaucoup plus rarement : l’influence ne peut produire les mêmes effets que la puissance, en particulier lorsque des enjeux vitaux se trouvent en jeu.
    Car il en va de l’influence diplomatique comme des arts martiaux : il s’agit d’un succédané à l’emploi de la force, donc une technique à l’usage des faibles. Il n’y a qu’au cinéma que les arts martiaux triomphent des hommes d’armes : dans la vraie vie c’est un peu différent.
    On veut donc nous faire croire que notre influence se maintiendrait quand notre puissance et celle de l’Europe diminuent. C’est une tromperie.
    Le déclin européen
    Car le XXIe siècle se caractérise, au contraire par la marginalisation rapide et profonde de la présence, de la culture, de la puissance et de l’influence européennes dans le monde : un déclin plus profond, en tout cas, que lorsque Oswald Spengler publia en 1918 son célèbre ouvrage Le Déclin de l’Occident. Car même après les hécatombes de la Grande Guerre et de la révolution communiste, l’Europe possédait encore de nombreux atouts. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
    Beaucoup de nos concitoyens n’ont cependant pas conscience d’avoir changé d’époque. On leur a, certes, beaucoup parlé de la mondialisation, mais sans en dévoiler la véritable nature.
    La mondialisation ne se réduit pas à l’ouverture des marchés ni à Internet, en effet. Elle se traduit avant tout par une profonde modification des rapports de forces entre les continents et les civilisations, comme l’avait analysé, parmi d’autres, Samuel Huntington, dans son livre Le Choc des civilisations : une modification qui s’effectue à nos dépens.
    Mais l’oligarchie européenne et française n’a eu de cesse de masquer cette dure réalité, afin de cacher sa propre responsabilité dans le déclin européen. Il est temps d’ouvrir les yeux.
    Marginalisation démographique d’abord
    Le XXIe siècle se caractérise d’abord par la réduction de la part relative des Européens – c’est-à-dire des Blancs caucasiens, comme disent les Américains – à l’échelle de la population mondiale et cela sur tous les continents, y compris l’Europe où se produit leur « grand remplacement » programmé du fait de l’immigration. La natalité et la fertilité des Européens ne cessent de chuter, au contraire des autres ethnies, y compris aux Etats-Unis.
    Or, jusqu’au début du XXe siècle l’Europe restait une zone de forte croissance démographique, dans un monde en général moins peuplé (sauf en Chine et en Inde). L’exemple de l’Afrique est édifiant sur ce plan : hier vaste continent peu peuplé, aujourd’hui bombe démographique.
    Ce déclin démographique signifie qu’à l’aune des Nations unies, la voix des Occidentaux se fait déjà et se fera de moins en moins entendre. En outre, le rayonnement d’une culture ne se dissocie pas de la fertilité de la population qui la porte. Comment les Européens peuvent-ils croire au maintien de leur « influence » et de leurs « valeurs » alors que leur régression démographique –tant absolue que relative – est rapide ?
    Marginalisation économique ensuite
    La croissance économique – c’est-à-dire l’augmentation des dépenses et des richesses globales – n’est plus l’apanage des Européens. La France s’enorgueillit d’un « rebond surprise de la croissance » au second trimestre (Le Monde du 15 août 2013) à… 0,5%. On a les succès que l’on peut !
    Mais l’ascenseur social se bloque et les classes moyennes s’appauvrissent, inversant un mouvement bicentenaire, partout en Europe. Sans parler des taux de chômage structurels élevés que connaissent désormais les Européens et qui n’ont rien à envier à ceux de la Grande Dépression des années 1930, même si les systèmes de « traitement social » les masquent en partie.
    Mais pendant ce temps les usines tournent en Chine, en Asie du Sud-Est ou en Inde et encore en Amérique du Nord. On en vient à envier les taux de croissance de l’Afrique !
    L’Europe n’est plus dans la course
    Comme le soulignait le prix Nobel d’économie Edmund Phelps, ce déclin n’a rien d’accidentel car il recouvre un phénomène culturel plus profond : « L’histoire de l’innovation s’est arrêtée à la fin des années 1960 » en Europe (Le Monde du 29 août 2013), phénomène masqué par la bulle Internet et le développement exponentiel des télécommunications (dont les produits ne sont pas construits en Europe au demeurant).
    E. Phelps relève que ces innovations ne concernent en réalité qu’un petit nombre d’industries. Car les grandes entreprises européennes ont axé leur développement sur l’ingénierie financière et la rentabilité à court terme et non pas sur l’innovation. La faible innovation provoque en outre une baisse de la productivité du travail. Il suffit d’ailleurs de voyager en Asie ou en Inde pour se rendre compte qu’il y règne une tout autre ambiance, un tout autre esprit et une tout autre activité que dans la vieille Europe, même si le niveau de vie y est différent.
    Les Européens avaient jusqu’au début du XXe siècle le monopole de l’innovation et de la technique : ils l’ont perdu au profit de la côte Est des Etats-Unis, de l’Asie et de l’Inde, qui se trouvent aujourd’hui dans la même situation que le Japon au XIXe siècle. Après la phase d’appropriation – et de copie – des techniques utilisées par les « diables étrangers » viendra celle de leur développement propre et rapide.
    Comme hier la marine russe de 1905 se croyait à l’abri dans ses vieux cuirassés poussifs, les Européens vont tranquillement au devant d’un futur Tsushima technologique.
    Marginalisation militaire et stratégique aussi
    On aborde rarement ce sujet car il est au surplus masqué par l’activisme médiatisé des Occidentaux qui adorent aller bombarder de loin et de haut (on est « chef de guerre » courageux, que diable !), à des fins « humanitaires », des pays souverains mais démunis des moyens de riposte, sous l’œil attendri des caméras.
    Mais le recours aux armes hightech et aux drones ne modifient pas durablement les données de la géopolitique et de la puissance, d’autant que le reste du monde s’en dote à son tour rapidement, comme le montrent la prolifération nucléaire ou celle des forces navales.
    Plutôt que d’interroger les candidats à l’élection présidentielle française sur le nombre de nos sous-marins, il serait plus judicieux de leur demander de citer les armements dont dispose le reste de la planète, y compris sur le pourtour de la Méditerranée ! Mais les autruches préfèrent regarder ailleurs…
    Les mains molles
    Car plus que les armements, c’est la volonté et la détermination de les utiliser qui compte finalement. Or l’Union européenne ne sait pas se décider sur des enjeux vitaux. Elle reste à la remorque de tous les événements car elle cumule tous les inconvénients : une multiplicité d’Etats et un « machin » bureaucratique central qui détruit toute souveraineté sans la remplacer par quelque chose de solide.
    En outre, qui, en Europe, voudrait mourir pour la Commission européenne ? ou pour le droit à l‘avortement et le mariage des homosexuels ?
    Il n’y a pas plus de martyrs européens qu’il n’y a de guerriers européens, à quelques rares exceptions près : seulement des professionnels en uniforme qui considèrent maintenant le combat comme une sorte d’accident du travail qu’il conviendrait que le commandement empêche (cf. la plainte déposée par les familles des victimes françaises de l’embuscade d’Uzbin en Afghanistan contre… la hiérarchie militaire).
    Car les jeunes Européens ont désappris le sens du sacrifice et le métier des armes. On confie la défense désormais à des armées mercenaires car composées d’une part croissante issue des « minorités ». Les Européens n’osent même plus dire qu’ils font la guerre.
    Rongée par l’individualisme, l’hédonisme, la repentance et la loi de Mammon, la génération européenne Peace and Love actuellement au pouvoir n’a en réalité plus rien à défendre sinon sa médiocre existence.
    Il n’est que d’entendre les lamentations des bisounours européens devant la façon dont évolue la crise en Egypte pour se rendre compte de leur impuissance ridicule. Mon dieu, les militaires égyptiens ont violenté les islamistes en les expulsant de la Mosquée ! Mon dieu, le sang a coulé ! Peut-être, mais les islamistes paraissent mis hors d’état de nuire alors qu’ils prolifèrent en Europe.
    Machiavel n’est plus italien mais égyptien, manifestement…
    Marginalisation morale enfin
    Les Européens ne savent pas non plus qu’ils se sont isolés du reste de la planète en se cramponnant à ce qu’ils nomment leurs « valeurs », un sport dans lequel l’oligarchie française excelle.
    Les Européens présentent ces valeurs comme universelles mais de moins en moins de terriens les partagent ! D’ailleurs les Européens se révèlent déjà incapables de les faire respecter dans leurs propres banlieues et ils voudraient les imposer à toute la terre !
    Car c’était une chose de prétendre incarner des « valeurs » et des « immortels principes » quand on possédait, seul, des canons et des machines à vapeur, c’est-à-dire quand l’idéologie s’accordait avec le nombre et la puissance. Mais lorsqu’on devient minoritaire, curieusement, le caractère « universel » desdites valeurs n’apparaît plus. Comme c’est bizarre…
    Des valeurs méprisées
    En fait, les valeurs que les Européens présentent toujours comme « universelles », pour se rassurer, sont incomprises par la majorité des terriens.
    Par exemple, notre laxisme pénal étonne parce que la plupart des pays autres qu’européens punissent sévèrement les voleurs, les criminels et les délinquants, ce qui en général les dissuade de recommencer, n’en déplaise à Mme Taubira. Ils ne comprennent pas notre attitude bienveillante vis-à-vis de la drogue et des drogués. Pas plus qu’ils ne comprennent que nous gardions si mal nos frontières et notre nationalité : partout ailleurs qu’en Europe la police des frontières et les douaniers font leur travail scrupuleusement, même et surtout dans les pays touristiques. Ni que nous dégradions nos écoles et nos universités, alors qu’ailleurs on les respecte et que l’on conçoit l’accès au savoir comme un privilège.
    Ils ne comprennent pas non plus notre lubie du mariage homosexuel, comme le montre le fait que la France ait dû renoncer à engager la révision des conventions matrimoniales la liant avec des Etats qui ne reconnaissent pas l’homosexualité comme un droit. Bref, ce mariage ne sera pas « pour tous », ce qui en dit long sur la réalité de la « puissance d’influence » dont se targue tant notre oligarchie ! Que dire aussi de la façon dont les pays musulmans et africains perçoivent notre féminisme obsessionnel…
    Incomprises, ces valeurs apparaissent d’autant plus insupportables quand les Européens les invoquent pour s’ingérer dans la politique des Etats voire les agresser militairement. Et les militaires occidentaux de s’étonner de ne pas être accueillis en libérateurs dans ces pays !
    Ces valeurs ne provoquent plus l’envie comme au XIXe siècle, mais au contraire le mépris : le mépris que l’on a pour la jobardise des Européens si généreux vis-à-vis de tous les étrangers, le mépris pour une Europe d’autant plus portée sur la « moraline » qu’elle est impuissante, le mépris que le tribunal de l’histoire a toujours eu pour les peuples décadents.
    Europe, réveille-toi !
    On pourrait multiplier les exemples de la dégringolade de l’Europe, mais rien n’y ferait.
    Une conclusion s’impose : s’ils veulent continuer d’exister dans l’histoire, les Européens doivent percevoir le XXIe siècle comme un défi à relever et non pas comme la morne fatalité d’un déclin repeint aux couleurs du triomphe des « valeurs universelles ». Les bisounours officiels se trompent et nous trompent : le XXIe siècle sera dur et non pas « soft » pour l’Europe.
    Beaucoup d’Européens ressentent les choses comme cela et enragent de voir dans quelle impasse l’oligarchie, l’œil dans le rétroviseur, les conduit.
    Il est temps qu’ils se mobilisent pour réveiller la belle en dormition, avant qu’il ne soit trop tard.
    Michel Geoffroy, 4/09/2013
    http://www.polemia.com/le-xxie-siecle-siecle-du-declin-europeen/

  • Athènes, le berceau de l'Europe est un chaudron de sorcières (arch 2012)

    À Athènes, la crise économique s'accompagne d'une augmentation de la criminalité et de nombreux problèmes liés à l'immigration incontrôlée. Sur ce terreau se développe un part i d’inspiration national-socialiste, Chrysi Avgi (l'Aube dorée).
    La crise a frappé de plein fouet le centre d'Athènes. Aucune autre capitale européenne n'a subi une altération aussi importante. Défiguré, le cœur de la cité antique est devenu le théâtre de scènes de violences liées à la drogue, à la prostitution et à l'immigration illégale. Les endroits les plus chics et les plus prisés par les touristes avant la crise, sont désormais occupés par des clochards étendus sur les conduites d'aération et par des magasins proposant des baskets à cinq euros fabriquées en Chine. Dans la rue Patission, à côté du musée national d'archéologie et de ses quinze colonnes de marbre, des prostituées de plus en plus jeunes arpentent la rue Aristote. Le spectacle de la rue Panepistimiou, où des adolescents drogués se piquent au grand jour, n'est pas moins apocalyptique. La nuit tombée, les immigrés afghans et africains pressent le pas. Des groupes armés de matraques et de couteaux rôdent sur leurs motos pour s'en prendre aux étrangers. Ces exactions se répandent jusqu'aux avenues les plus prestigieuses, dont la place Omonia, où résidait Maria Callas.
    Dans les années 1980, les habitants du centre de la capitale avaient déménagé vers la périphérie, où les espaces étaient plus grands et moins chers. Le prix des loyers s'est écroulé et les immigrés s'y sont installés. Malgré les razzias de la police et les contrôles fiscaux, il n'est pas rare que 25 personnes, souvent en situation irrégulière, soient confinées dans un appartement de 50 m². En 2011, Pénélope Agathou, fondatrice de l'association Epoizo, qui défend « les principes d'une meilleure qualité de vie », et donatrice régulière de l'Unicef, peu suspecte de racisme, déclarait que les Africains « représentent une menace pour la santé publique ».
    « Athènes compte 3 millions d'habitants et plus de 100 000 immigrés illégaux. Le centre de la capitale est devenu un haut lieu de la criminalité », constate de son côté Giorgos Kaminis, élu maire (indépendant) d'Athènes en décembre 2010, avec le soutien de la Gauche démocrate. Ses propositions pour endiguer les problèmes liés à la crise ne diffèrent guère de celles de la droite dure : il prône une politique de « rapatriement » pour venir à bout de la misère et veut mettre au point, avec l'aide de l'Union européenne, un plan de retour des réfugiés dans leur pays d'origine. Selon lui, « chaque jour, 300 personnes franchissent la frontière nord de la Grèce », et ce phénomène s'est accentué depuis septembre 2009, la Turquie n'exigeant plus de visa pour les ressortissants africains. En mai 2011, au lendemain de ratonnades provoquées par des meurtres, Kaminis avait évoqué, à la télévision grecque, un risque de guerre civile : « Le danger existe que, dans peu de temps, Athènes ressemble à Beyrouth dans les années soixante-dix », avait-il dit.
    Un sentiment d'abandon
    Cette immigration massive et incontrôlée s'accompagne d'une augmentation de la criminalité et suscite un fort sentiment d'insécurité, qu'éprouvent 90.% des propriétaires de magasins ou de cafés du centre-ville d'Athènes, selon une étude de l'Université du Péloponnèse. La moitié d'entre eux indique avoir déjà été attaquée et volée, certains hôtels ayant même fermé.
    Se sentant abandonnés par l'État, la ville et la police, des habitants de la capitale ont saccagé les cabines téléphoniques pour empêcher tout rassemblement d'immigrés. Par ailleurs, d'octobre 2011 à janvier 2012, 61 agressions racistes ont été enregistrées dans le centre d'Athènes. Dans ce contexte tendu, de nombreux immigrés estiment aujourd'hui que leur situation à Athènes est devenue invivable et aspirent à rejoindre la France et l'Allemagne. Certains aussi se sont adressés au gouvernement pour protester contre l'impunité de ces actions et accusent les policiers de sympathiser avec le parti Chrysi Avgi (« l'Aube dorée »), qui a organisé une force d'intervention pour soutenir les commerçants qui se sentent menacés par les étrangers.
    Chrysi Avgi revendique plus de 10 000 membres et milite pour « la domination de la race blanche et de la nation grecque ». Inspiré de l'idéologie national-socialiste, le parti s'est implanté dans le quartier Aghios Panteleimonas, surnommé « zone nationale libérée ». Les balcons y sont ornés de drapeaux grecs et des affiches aux couleurs nationales sont collées sur les murs, où est aussi peint le slogan : « La Grèce au Grecs ». À proximité de la place d'Omania, des hommes au crâne rasé montent la garde devant la permanence du chef de Chrysi Avgi, Nikos Michaloliakos. À l'intérieur du local sont proposés des livres sur les mensonges du communisme, le judaïsme, le complot maçonnique et la culture aryenne, ainsi que des polos de marque « Pitbull Germany », frappés du logo de l'Aube doré qui évoque la croix gammée. Le parti tentera d'entrer au parlement lors des élections législatives anticipées qui se dérouleront le 22 avril une semaine après la Pâques orthodoxe. D'après les sondages, Chrysi Avgi atteindrait 4 % des intentions de vote.
    Laurent Glauzy monde & vie 14 avril 2012