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Europe et Union européenne - Page 1013

  • Un siècle d'immigration galopante : Les "vrais" chiffres de l'invasion

    DANS son dernier livre Les Yeux grands fermés, l'immigration en France (1), Michèle Tribalat, directrice de recherche à l'Institut national d'études démographiques (lned), alerte le public contre le mépris des faits au nom de l'idéologie dont elle a été elle-même victime, cible d'une attaque d'Hervé Le Bras, chercheur également attaché à l'lned. Il accusait Mme Tribalat de conduire à la notion de « Français de souche » et, par conséquent, à la "xénophobie". « La démographie française est en passe de devenir un moyen d'expression du racisme » écrivait-il dans Le Démon des origines. Les mots qui tuent sont lâchés : "racisme", "xénophobie".
    Michèle Tribalat réunit dans ce livre des chiffres et des faits qu'il serait difficile de trouver ailleurs. Sa lecture devrait permettre à un citoyen de bonne foi de prendre ses distances vis-à-vis des inconditionnels d'une immigration réputée indispensable et bénéfique. Mais elle permettra également de faire mieux comprendre les mises en garde exprimées avec persévérance par le mouvement national, Front national en tête, sur les conséquences induites par l'installation de millions d'immigrés sur notre territoire. Et plus particulièrement sur les illusions du bilan positif de leurs apports.
    Michèle Tribalat n'hésite pas à affirmer que « l'immigration est sacralisée au point que le désaccord ne peut exister (...) les politiques eux-mêmes peuvent s'abstenir de révéler ou contrefaire certaines réalités, pratiquer la restriction mentale, plaider pour des politiques auxquelles ils ne croient pas, par crainte d'être suspectés de racisme et donc marginalisés, mais aussi par crainte de la réaction de la société ». On imagine les conséquences de la peur qui frappe les gouvernements, et leur soumission à la pression des associations spécialisées et des campagnes médiatiques qui les incite à dépenser des milliards en politique de la ville, en zones d'éducation prioritaire, par exemple, et à nier des évidences comme l'impact négatif de l'immigration sur les salaires dans certaines activités, sur l'économie, sur les budgets.
    UNE IMMIGRATION DE PEUPLEMENT
    Le titre de son livre est très explicite, l'immigration est abordée en France Les Yeux grands (sic) fermés. Notre pays, contrairement à ceux du Nord, ne connaît qu'approximativement le nombre des étrangers qui entrent ou sortent de France. Pourtant les sources ne manquent pas ; les rapports non plus. Un règlement européen relatif aux statistiques communautaire sur la migration a été adopté le 11 juillet 2007 : la durée de séjour d'un an et plus définit l'immigrant. L'application de gestion des dossiers des ressortissants étrangers en France (AGDREF), fichier le plus fiable selon l'auteur, qui enregistrait la délivrance d'un premier titre de séjour en préfecture, ne connaît plus désormais l'immigrant que lors du renouvellement du titre. L'Insee, pour "estimer", au vrai sens du mot, les soldes migratoires annuels, introduit des « personnes fictives qui équilibrent l'équation comptable permettant de retomber sur la population attendue à partir d'un recensement et de dégager un solde migratoire ». Voilà pour la vérité des chiffres. Les soldes migratoires donnés par l'Insee sont en fait reconduits d'une année sur l'autre, avec une inflexion dans un sens ou dans l'autre. Prudemment, l'Insee utilise désormais le conditionnel... Aussi l'auteur conseille-t-il ironiquement à l'Insee d'inclure « dans ses publications un avertissement au lecteur : le solde migratoire publié n'a aucun caractère informatif. »
    Le nombre d'entrées au titre de travailleurs est dérisoire : en 2007, 7 500 personnes, soit 5 % de l'ensemble des flux. Ce qui ne signifie pas que les autres ne se présenteront pas sur le marché du travail. Ces chiffres confirment qu'il s'agit bien d'une immigration de peuplement. Toujours en 2007, le nombre d'étrangers ayant bénéficié de la protection humanitaire, qui va des réfugiés, statutaires ou non, aux étrangers malades représente 15 % (22 000). Ils étaient 36 000 en 2005.
    Enfin, et pour faire court, la majorité des personnes entrées comme conjoints de Français rejoignent une personne d'origine étrangère (Tunisiens, 63 %, Marocains, 66 %, Algériens, 81 %, comme les Turcs, 80 %). Autrement dit, ces mariages dits mixtes d'après la nationalité des époux sont la porte d'entrée de nouveaux étrangers et de futurs regroupements de « familles de Français ». Facteurs d'intégration, sûrement pas, de ralentissement de l'immigration, encore moins !
    LES ÉTATS-NATIONS ET LES POLITIQUES MIGRATOIRES
    Jusqu'aux années 1970, les étrangers venaient en France pour améliorer leur sort, la principale justification à leur installation était le travail, même si le regroupement familial a toujours existé. Depuis la fin de la guerre, les États ont été soumis à l'impératif des droits de l'homme en matière de politique migratoire. La Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales signée le 4 novembre 1950, ratifiée par la France le 3 mai 1974, interdit depuis 1963 les expulsions collectives ; depuis 1984, elle offre des garanties procédurales à l'expulsion et dispose dans son article 8 que « toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale », c'est-à-dire au regroupement familial. Dès lors, la France ne maîtrisait plus, comme par le passé, l'immigration au gré de ses besoins économiques. Les liens familiaux sont donc devenus le principal vecteur de l'immigration légale.
    En 1974, le président Giscard d'Estaing avait pourtant décidé de suspendre l'immigration. Le Conseil d'État annula l'interdiction portant sur le regroupement familial, ce qui poussa le gouvernement non pas à l'autoriser mais à le réglementer. L'arrêt du 8 décembre 1978 du Conseil d'État institua un « droit à mener une vie familiale normale » qui allait au-delà du simple fait d'être rejoint par un conjoint et des enfants. Il faudra attendre un arrêt du 19 avril 1991 pour que le Conseil d'État intègre explicitement dans sa jurisprudence l'article 8 de la Convention. La Cour européenne de sauvegarde des droits de l'homme n'a pas reconnu de droit au regroupement familial au motif, de bon sens, qu'une vie familiale normale était également possible dans le pays d'origine. Et la Cour de justice européenne, dans les motifs de son rejet du recours du Parlement européen contre la directive 2003/86/ CE réglementant le droit au regroupement familial, a considéré que la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant et la Charte des droits fondamentaux de l'UE « ne créent pas un droit subjectif pour les membres d'une famille à être admis sur le territoire d'un État et ne sauraient être interprétées en ce sens qu'elles priveraient les États d'une certaine marge d'appréciation lorsqu'ils examinent les demandes de regroupement familial ». Mais la gauche française, voulant plus, intégra dans la loi Chevènement du 11 mai 1998 un article 12 bis 70 visant à respecter l'esprit de l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme. L'article attribuait de plein droit un titre de séjour à l'étranger ne pouvant bénéficier d'un regroupement familial, mais « dont les liens personnels et familiaux en France sont tels que le refus d'autoriser son séjour porterait atteinte à son droit au respect de sa vie privée et familiale disproportionnée au regard des motifs du refus ». Cela reste vrai dans la loi française actuelle (article 313-11-7), mais ces liens sont « appréciés notamment au regard de leur intensité, de leur ancienneté et de leur stabilité, des conditions d'existence de l'intéressé, de son insertion dans la société française, ainsi que de la nature de ses liens avec la famille restée dans le pays d'origine ». Conséquence de cette irresponsable générosité : « un nouveau régime migratoire qui se mettait en place, dans lequel les flux familiaux allaient s'auto-engendrer », regrette l'auteur.
    En France, l'étranger de 16 à 65 ans qui dépose un dossier de regroupement familial ou de conjoint de Français verra ses compétences en français et sa connaissance des valeurs républicaines évaluées. En cas d'insuffisance, il bénéficiera de cours gratuits. À l'issue de ces cours, quel que soit le niveau constaté, la délivrance  d'une attestation de suivi de cours lui permettra d'obtenir le visa souhaité. Difficile d'être plus laxiste ! 
    Les droits de l'homme surpassant le droit français, l'État est devenu impuissant à contrôler les flux migratoires. « L'État, régulateur des droits des citoyens, est devenu l'obligé d'étrangers revendiquant eux aussi des droits sur le sol français, indépendamment de la législation sur l'asile (...) Le pouvoir politique français a déjà perdu l'essentiel de la maîtrise de la politique migratoire, à la fois par l'intrusion croissante du contrôle judiciaire, national ou supranational, et par la délégation progressive de ses prérogatives à l'échelon européen. La régulation de l'immigration échappe donc au principe de responsabilité politique qui veut que les citoyens exercent un contrôle des décisions politiques par l'élection et déterminent, par là même, le destin de leur pays ».
    En outre, la gouvernance mondiale vise à enserrer l'action des États dans un ensemble de lois, règlements et normes internationaux. Cette gouvernance mondiale postule que les États d'origine, les États d'accueil et les migrants seront les triples bénéficiaires. « Le migrant devient ainsi la fée du logis mondial, susceptible de tout arranger, les comptes sociaux, la production de richesse, de savoir et de bien-être ».
    En 2006, la Banque mondiale évaluait à 160 milliards de $ la part apportée par la main-d'œuvre totale des pays industrialisés due à l'immigration. C'est bien peu, puisque cela correspond à seulement 1,2 % du PIB des États-Unis. L'ouverture à un monde plus grand est à la fois inévitable et désirable, persistent toutefois à penser les partisans d'une immigration planétaire.
    UNE PANACÉE OU UN BOULET ?
    Avec lucidité, Michèle Tribalat conclut : « On nous propose d'échanger un système démocratique cadré par les États-nations et les relations internationales, certes imparfait. contre l'utopie de la gouvernance mondiale émancipée du principe démocratique qui, comme toutes les utopies, fait chanter les lendemains (...) C'est la fin de la démocratie, telle que nous l'avons connue, qui suppose que les élus défendent les intérêts des citoyens (...) Ceux qui appellent au dépassement de l'égoïsme national ne se privent pas, dès qu'ils en ont l'occasion, de faire état des intérêts supposés des pays d'immigration à libéraliser leur politique migratoire (...) les mêmes qui n'hésitent pas à fustiger l'attitude égoïste des patrons jugés trop centrés sur leurs intérêts ne voient aucun inconvénient à les convoquer pour justifier un recours accru à l'immigration clandestine, qui permettrait d'éviter une inflation salariale (joli nom pour désigner la hausse des salaires) et maintenir ainsi des activités ,qui soit disparaîtraient, soit seraient délocalisées. L'argument démographique-vieillissement, langueur démographique dans les pays développés - est lui aussi régulièrement invoqué pour justifier l'intérêt de ces derniers à recourir plus massivement à l'immigration. »
    Mais ces arguments sont-ils pertinents ?
    En 2000 les Nations unies publièrent une étude prétendant définir le nombre de migrants nécessaires au maintien de trois indicateurs : la population, la population d'âge actif (15-64 ans), le ratio rapportant les 15-64 ans aux 65 ans et plus. La migration n'étant censée intervenir que pour éviter une diminution de ces trois indicateurs au cours de la période 1998-2050. Rien que pour le troisième objectif, pour le stabiliser à son niveau de 1995 (4,4), il fallait accepter une immigration annuelle de 1,3 million entre 2010 et 2025, puis de 2,4 millions entre 2025 et 2050, soit prés de 80 millions de migrants, et au total pour les trois indicateurs près de 87 millions de migrants ! Ainsi, les calculs de ces organismes supranationaux donnent aux inconditionnels de l'immigration des arguments pour affirmer que notre salut passe par l'arrivée de migrants toujours plus nombreux.
    Un chiffre intéressant tiré d'une étude réalisée par Mme Tribalat en 2005 : en France métropolitaine en 1998, l'immigration intervenue depuis 1960, toutes origines confondues, comptait déjà pour 18 % de naissance. Si les migrants participent à la croissance démographique, participent-ils à la croissance économique, et quel est leur taux d'emploi ? L'enquête Emploi de l'Insee de 2007 fournit les chiffres suivants : hommes immigrés de 15 à 64 ans, 67,7 % contre 69,1 % les natifs ; femmes immigrées, 46,9 % contre 61 % les natives. Selon les données du recensement de 2006, entre 25 et 54 ans, le taux d'emploi des hommes et des femmes immigrés est respectivement de 75 % et 53 %, contre 88 % pour les natifs, 77 % pour les natives. Si les taux d'emploi des enfants d'immigrés âgés de 15-64 ans ne sont pas connus, l'on sait que le chômage de certaines personnes d'origine étrangère est extrêmement élevé. « Toute perspective visant à faire de l'immigration un contrepoids aux effets du vieillissement devrait donc en tenir compte. Enfin, ces taux d'emploi moyens des immigrés font la balance entre certaines populations immigrées très bien insérées sur le marché du travail, qui ne seront pas à l'origine des flux d'immigration futurs (immigrés du Portugal, par exemple), et d'autres qui le sont beaucoup moins et qui proviennent de régions du monde qui continueront d'apporter des immigrants en France (Maghreb et Afrique noire par exemple) ». Au moins c'est clair.
    Les immigrés contribuent-ils, même marginalement, aux finances publiques ? La réponse de Mme Tribalat est sans ambiguïté : « Ce n'est pas dans l'amplification des flux migratoires qu'il faut chercher l'instrument de lutte contre le vieillissement démographique. (...) C'est plus la qualification que la quantité d'immigrants qui serait susceptible d'alléger les ajustements budgétaires rendus nécessaires par le vieillissement. » Ce ne sont donc pas les regroupements familiaux, qui iront en s'accélérant avec les mariages de Néo-Français avec des étrangères de même origine, qui augmenteront la contribution des étrangers aux finances publiques. L'argument, « ils paient des impôts » ressassé avec insistance par les immigrationnistes pour exiger la régularisation des clandestins n'est pas pertinent.
    Quelles sont les conclusions de Mme Tribalat ? « Le refrain sur la nécessité de l'immigration devrait avoir un peu moins de succès. il devrait devenir un peu plus difficile d'invoquer l'immigration pour payer les retraites de demain tout en s'offusquant de tout effort politique visant à sélectionner l'immigration en fonction de critères utiles à cet effet. (...) Mais, après tout, l'impact économique ne se réduit pas à son effet sur les finances publiques. »
    QUEL APPORT ÉCONOMIQUE ?
    L'immigration de masse ne sauvera donc pas le système des retraites français, surtout si elle est peu qualifiée, ce qui est le cas. Mais alors, pourquoi le gouvernement ne modifie-t-il pas sa politique migratoire? Eric Besson, qu'il est inutile de présenter, se félicitait récemment que la France soit « une terre d'accueil de l'immigration, avec 170 000 entrées légales d'étrangers chaque année. Mais elle doit rester une terre d'intégration ». Si elle « doit rester », c'est donc qu'elle ne l'est plus ! Néanmoins, la politique migratoire ne saurait changer que dans un sens, celui de l'histoire et donc dans le sens d'une plus grande ouverture. C'est ce qu'affirment les ONG spécialisées tels la Cimade protestante ou le Gisti et les partis d'extrême gauche. Mme Tribalat considère à l'inverse qu'il est déraisonnable de vouloir à la fois plus de migrants et une protection sociale accrue tant pour les natifs que les migrants. Elle remarque également que le Gisti se contredit en regrettant que l'ouverture des frontières aux migrants se fasse au profit de l'économie, alors que le libéralisme économique plaide en faveur de la libre circulation vantée pour son effet désinflationniste et de modération salariale. L'extrême gauche luttant alors contre les prolétaires. Est-ce inconscient ? Pas certain ! On comprend mieux pourquoi ces ONG favorables à l'immigration et les partis d'extrême gauche n'ont qu'un ennemi, le mouvement national et identitaire, seul réel défenseur du monde ouvrier, et de l'emploi.
    Quel est l'apport des immigrés à la richesse nationale produite ? Mme Tribalat met les pieds dans le plat : « Si, par exemple, les salaires sont rigides, il se peut que le marché du travail s'ajuste par les quantités et, donc, que le chômage augmente. Le gain net peut alors être "mangé" par les indemnités de chômage et se transformer en perte nette. » Pour le patronat évidemment, si les salaires n'étaient pas "rigides", tout irait mieux !
    En mai 2009, un rapport remis au ministre de l'Immigration par Gilles Saint-Paul critique la nouvelle politique axée sur les besoins économiques car elle aboutit à neutraliser les mécanismes de hausse naturelle des salaires « Ce mécanisme ne fonctionne plus, dès lors qu'une politique migratoire empêche le marché du travail de se tendre en augmentant le nombre de participants, dès que l'indicateur passe au-dessus d'un certain seuil. » Qui dira aux ouvriers et employés français que, sous des prétextes humanistes, des associations, les syndicats, les partis de gauche et d'extrême gauche, tous favorables à l'immigration, leur tirent dans le dos et servent objectivement le patronat et, au mieux, la stagnation des salaires, surtout pour « les segments les plus fragiles de la société » ?
    EN 1999 DÉJÀ, 14 MILLIONS D'ALLOGÈNES
    Ne souhaitant pas connaître les transformations démographiques engendrées par la présence de familles immigrées, souvent plus nombreuses que celles des natifs, les gouvernants français n'ont pas favorisé le développement d'outils statistiques au contraire de l'Allemagne, de l'Autriche, des pays scandinaves, des Pays-Bas. Et la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés) est vigilante quant à la divulgation de données relatives aux origines raciales et ethniques, ce qui la conduit à limiter les études sur les flux migratoires et l'origine de ceux-ci. « Il se trouve donc des statisticiens pour penser que compter peut être dangereux », ironise Michèle Tribalat qui fournit des chiffres relatifs à l'évolution de l'immigration en France métropolitaine.
    En 1999, immigrés, enfants d'immigrés (dont au moins un parent est immigré ou première génération née en France), petits-enfants d'immigrés (dont les deux parents sont nés en France et dont au moins un grand-parent est immigré) sont près de 14 millions, soit 24 % de la population recensée. De 1968 à 2005, la proportion de jeunes d'origine étrangère (au moins un parent immigré) est passée de 11,5 % à 18,1 %. La composition par origine a elle aussi beaucoup changé. En 1968, les jeunes originaires d'Europe du Sud représentaient 6,3 % contre 2,4 % d'origine maghrébine ; en 2005, les proportions sont inversées : 6,9 % sont d'origine maghrébine, 3% d'origine subsaharienne, 1,4 % turque et 2,6 % seulement originaires d'Europe du Sud.
    À la fin des années 1960, les plus fortes concentrations se trouvaient dans le sud et le nord-est de la France. En 2005, les plus fortes concentrations sont en Ile-de-France, Seine-Saint-Denis (57 %), Paris (41 %), Val-de-Marne (40 %), Val-d'Oise (38 %). Les jeunes originaires d'Europe du Sud ne dépassent pas 5 %. Plus d'un jeune sur dix est d'origine maghrébine, un sur cinq en Seine-Saint-Denis, une multiplication par près de trois en un peu moins de quarante ans. Quasi inexistante à la fin des années 1960 - moins de 0,5 % -, les Noirs africains constituent le sixième des 18-25 ans en Seine-Saint-Denis.
    On constate en outre un déplacement de l'immigration vers les départements de l'Ouest. En Maine-et-Loire, en 1968, un jeune sur cent était d'origine étrangère, un sur quatorze en 2005 ; à Angers la proportion est passée de 3 % à 16 %. En Loir-et-Cher, aux mêmes dates, la proportion passe de 4 % à 13 % ; à Blois de 5 % au tiers dont 80 % sont d'origine maghrébine, subsaharienne ou turque. À Blois, toute proportion gardée, il y a autant de Maghrébins qu'à Lyon (13 % environ), autant de Subsahariens qu'à Courbevoie ou dans le 12e arrondissement de Paris (autour de 8 %), presque autant de Turcs qu'à Mantes-la-Jolie (6 % et 6,7 %). Les trois origines réunies placent Blois à hauteur de Marseille et de Villeurbanne !
    Vingt communes dépassent une concentration de 60 % de jeunes d'origine étrangère, toutes en Ile-de-France, sauf Vaulx-en-Velin. À Grigny, en Essonne, 31 % des jeunes sont d'origine subsaharienne, trois fois plus qu'en 1990. Ce pourcentage avoisine ou dépasse 20 % à Evry, Les Mureaux, Stains, etc. En 2005, les jeunes allogènes sont respectivement dans les 10e, 18e, 19e et 20e arrondissements de Paris, 48 %, 55 %, 58 % et 49 %, ce qui les incite à se regrouper, sans contacts avec leurs contemporains "souchiens".
    À la ségrégation ethnique de fait, s'ajoute la ségrégation sociale. « Il n'est pas nécessaire de convoquer des sentiments xénophobes ou la discrimination, même si ceux-ci existent, pour expliquer les effets ségrégatifs, la seule addition de calculs individuels rationnels y contribue fortement », considère Michèle Tribalat. Ce sont par exemple le pourcentage d'élèves d'origine étrangère dans l'école, le collège ou le lycée, la valeur des biens immobiliers ou des loyers en relation directe avec le taux de pauvreté atteint dans un quartier, le taux de criminalité, ou plus simplement le désir partagé par chaque communauté de vivre avec des membres de sa communauté. « La "prime" accordée à la migration familiale, telle qu'elle existe aujourd'hui, favorise les courants migratoires déjà implantés et accumule les populations immigrées, et plus largement d'origine étrangère, dans les mêmes lieux. »
    LA TRAQUE DES PENSÉES DITES RACISTES ET XÉNOPHOBES
    Depuis le vote en juillet 1990 de la loi Gayssot réprimant le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) a été chargée de la rédaction d'un rapport annuel sur le sujet. Conformément à la loi du 5 mars 2007 et au décret du 26 juillet 2007, la compétence de la Commission s'étend à la totalité des droits de l'homme : libertés individuelles, civiles et politiques ; droits économiques, sociaux et culturels ; domaines nouveaux ouverts par les progrès sociaux, scientifiques et techniques, ainsi qu'à l'action et au droit humanitaires. La commission, en plus de la présentation de son rapport, fait réaliser chaque année également un sondage par un institut privé, le CSA.
    Mais c'est quoi être raciste ? Les sondages de 2002, 2003, 2004, une véritable obsession, ont tenté de répondre à cette question, sauf que sondeurs et sondés ne répondent sans doute pas à la même interrogation, ce qui n'empêche pas la commission de tirer des conclusions pour coller une étiquette infamante à un certain pourcentage de la population.
    D'autre part, insinuer que « mieux connaître les apports sociaux, économiques et culturels de l'immigration » ferait reculer le racisme et les discriminations, c'est sous-entendre que ces apports sont forcément positifs et que le seul problème est la méconnaissance de cette vérité incontestable, alors que c'est faux.
    Comment justifier une question sur les races alors que l'on s'échine à nier leur existence et à disqualifier l'usage du terme ? En 2007, à la satisfaction probable des sondeurs, les Français l'ignoraient majoritairement : 60 % déclaraient que toutes les races humaines se valent ; 12 % que certaines races sont supérieures à d'autres (mais on ignore qui a osé formuler une telle affirmation - s'agit-il d'Européens ou non) ; 23 % que les races n'existent pas, apparemment 5 % n'avaient pas d'opinion !
    Ces sondages ne sont que manipulation de l'opinion. « L'acharnement mis à traquer les pensées racistes, xénophobes ou ethnocentristes joue aussi le rôle de caisse de résonance, maintenant le racisme au cœur de l'actualité, ce qui joue en faveur de l'activité des ONG subventionnées qui participent aux travaux de la commission. Après tout, tant que 80 % des personnes vivant en France estiment que le racisme est répandu, une lutte "vigoureuse", comme il est dit dans le sondage, reste un impératif », accuse Mme Tribalat qui souligne la volonté de I'Insee et de la Cnil d'ignorer la réalité en matière d'immigration.
    Ce sont pourtant les 14,5 % de croissance de la population étrangère qui expliquent presque en totalité l'augmentation de la population parisienne entre 1999 et 2006. En Seine-Saint-Denis, la population immigrée s'est accrue de 31 % quand celle des natifs ne progressait que de 1,4 % !
    Si les pages de la conclusion du livre ne constatent que l'aspect négatif de l'immigration sur l'économie et les budgets de la protection sociale en particulier, nous savons que son impact négatif est bien plus vaste, ne serait-ce qu'en matière d'enseignement, de délinquance, de culture et de mœurs, pour ne pas parler du métissage, élevé au titre de grande cause nationale.
    « Elles (les ONG favorables à l'immigration) doivent assumer que leur idéal passe avant le bien-être des Français et plus largement avec celui des habitants de la France. Que la détresse qu'elles veulent secourir nécessite la mise de côté des intérêts de ces derniers, lesquels se trouveraient ainsi dessaisis de leur pouvoir d'influer et de décider de l'avenir de leur pays. Dans une telle utopie, l'État est supposé mettre sur un pied d'égalité ses propres citoyens et les étrangers auxquels il a apporté sa protection d'une part et tout candidat à l'immigration d'autre part. En somme, devenir un gestionnaire parmi d'autres de la planète entière. On ne voit pas bien sur quelle base politique il pourrait s'asseoir et ce qu'il aurait encore à offrir. Une telle vision conduit à une dépolitisation absolue, l'État étant normalement censé gouverner au profit de ses citoyens, ces derniers disposant de la possibilité de congédier les gouvernants pour les remplacer par d'autres mieux à même de défendre leurs intérêts s'ils sont insatisfaits. (...) Le pire serait sans doute une absence de différenciation des partis sur la politique migratoire, laissant dans l'ombre des options partagées par un grand nombre de citoyens, dont le premier démagogue de talent venu pourrait s'emparer », conclut Michèle Tribalat. Or, justement, de l'UMP à l'extrême gauche il n'y a pas de différenciation. Et le démagogue de talent n'existe pas.
    Pierre DERPLAY. Écrits de Paris octobre 2010
    (1) Editions Denoèl, 300 pages, 20 €.

  • UNION EUROPÉENNE Fatalisme immigrationniste

    Un rapport du Comité économique et social européen vient de le confirmer : en réponse au vieillissement de la population, les élites en sont réduites à promouvoir une immigration accrue.
    C'est un rapport assez hallucinant qui a été adopté par le Comité économique et social européen (CESE) les 15 et 16 septembre 2010 et publié au Journal officiel de l'Union européenne du 15 février 2011, sur le thème du « rôle de l'immigration légale dans un contexte de défi démographique ». Le seul titre du document est édifiant !
    Jargon technocratique
    Cet « avis exploratoire » est révélateur de l'état d'esprit des élites européennes ainsi que de la coupure entre elles et les peuples d'Europe. On peut notamment y lire « qu'il est nécessaire d'adopter une approche holistique pour faire face au défi démographique, en agissant sur de nombreux aspects économiques, sociaux et politiques ». On appréciera l'emploi du terme « holistique », à rattacher au procédé technocratique de tournures jargonneuses qui rend la compréhension par le profane plus complexe. « Approche globale » eût été sans doute plus approprié si ce rapport avait été adressé aux principaux intéressés (les peuples d'Europe.)
    Et de continuer : « L'immigration légale fait partie de la réponse de l'UE à cette situation démographique. [...] En dépit de quelques différences nationales, l'UE et les États membres doivent disposer d'une législation ouverte qui permette une immigration pour raisons de travail au travers de canaux légaux et transparents, tant pour les travailleurs hautement qualifiés que pour les activités moins qualifiées. Compte tenu du défi démographique, le CESE est d'avis qu'il faut modifier les directives en vigueur et élaborer de nouveaux instruments législatifs. » On en revient au raisonnement assez calamiteux et faux selon lequel face au vieillissement de la population européenne, la seule solution serait l'augmentation de l'immigration.
    Approche partielle
    Peu importe, donc, que les immigrés, qui arrivent déjà en nombre sur notre continent, ne constituent pas une « force d'appoint » ayant pour finalité de « rajeunir » la population, mais, au contraire, en forment une nouvelle qui s'y substituera. Les Européens ne sauraient se définir uniquement en termes de retraités ou d'actifs : l'Europe est une civilisation, une mosaïque de cultures, une identité, une spiritualité... Les immigrés y arrivent en masses telles que, loin de s'y intégrer, ils importent avec eux leur modèle de vie et leur culture, bien éloignés du modèle européen. Or, concevoir les Européens en simple force de travail dont on peut palier le vieillissement par une simple substitution d'individus venus d'autres continents, c'est bien là une approche purement matérialiste et économique des choses, une conception abjecte de l'homme réduit au simple état de "ressource humaine".
    Il existe d'autres solutions face au déficit démocratique : politique nataliste, mécanisation de l'industrie, recul équitable de l'âge de la retraite, rationalisation et amélioration des formations professionnelles... À croire que, pour les auteurs de ce rapport, l'immigration en Europe n'est pas source de déracinement, de crise identitaire profonde, d'insécurité, de frictions communautaires... Deux récents sondages, plaçant le candidat d'extrême droite, Marine Le Pen, en tête du premier tour de l'élection présidentielle de 2012, auraient peut-être dû alerter les technocrates européens. Il n'en est rien puisque ce rapport, prenant les devants, évacue la question d'un simple revers : « L'intolérance, le racisme et la xénophobie contre les immigrants et les minorités prennent de l'ampleur en Europe. Il faut que les responsables politiques, les dirigeants sociaux et les médias fassent preuve d'un sens élevé des responsabilités et d'une grande pédagogie politique et sociale pour prévenir ces attitudes. Il faut aussi que les institutions de l'UE agissent de manière décidée et que les organisations de la société civile soient très actives dans la lutte contre ces idéologies et ces comportements. » Tout un programme dont la nature authentiquement orwellienne peut faire frémir ! Non seulement les inquiétudes, bien légitimes, des citoyens européens face à l'immigration sont réduites à de simples manifestations « d'intolérance » et de « racisme », mais ce rapport appelle les politiques et les institutions à un travail de « pédagogie », doux euphémisme signifiant "propagande", quand il ne s'agit pas d'un arsenal législatif répressif et liberticide.
    Populisme
    Un tel rapport ne peut que susciter l'indignation. Pas de surprise ainsi à constater jour après jour ce que Éric Zemmour appelait « la montée tranquille des droites populistes en Europe » dont l'Histoire nous a pourtant si souvent montré qu'elles n'apportaient aucun remède aux maux qu'elles prétendaient combattre. Elles s'incarnent aujourd'hui dans l'imaginaire de nombre de gens, comme le dernier bastion. Un bastion plein de promesses vengeresses des damnés du rêve européen qui aura tout raté. Un gâchis dont l'oligarchie républicaine est pleinement complice... mais dont le contrecoup – insécurité, terrorisme, repli communautaire, destruction du tissu social, islamisation – sera intégralement subi par les jeunes générations d'Européens et par leurs enfants.
    Stéphane Piolenc L’ACTION FRANÇAISE 2000  Du 17 mars au 6 avril 2011

  • Étienne Chouard : “Nous sommes impuissants à régler nos problèmes”

  • Olivier Delamarche : « Il faut que le mouton se tienne tranquille »

    Olivier Delamarche, du groupe Platinium Gestion, le 02 avril 2013 sur BFM Radio, met les points sur les i, dans l’émission “Intégrale Placements“, face à Guillaume Sommerer et Cédric Decoeur.

    « C’est beaucoup plus facile de tondre quelqu’un qui ne bouge pas, que quelqu’un qui est en pleine panique – Restez tranquilles le temps qu’on aiguise les couteaux et qu’on vous tonde – Suicidons-nous très vite, ça règlera les problèmes. »

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  • Chaque jour, on attente à nos libertés.

    Entretien réalisé par José Meidinger.

    Michel Déon a fait découvrir et aimer la Grèce à des générations de philhellènes. Livres à la main, nous avons couru et courons encore ces îles magiques qu’il a arpentées inlassablement avant de se retirer en Irlande, « la Grèce du Nord ».

    À 94 ans, le dernier Hussard, compagnon de Nimier, Blondin et Laurent, n’a rien renié de son « histoire d’amour avec la Grèce » Extraits de l’entretien qu’il nous avait accordé pour Bonjour Athènes.

    Un jour, Michel Déon, vous avez quitté le soleil de Spetsai pour les brumes de l’Irlande, vous avez déserté, oui déserté , la Grèce…

    D’abord, je n’ai pas « déserté » la Grèce, mais après une dizaine d’années sans guère quitter mon île de Spetsai, j’ai dû, pour mon travail et l’éducation de mes enfants, passer un hiver au Portugal, puis des hivers en Irlande.

    Le parfum de ces îles, Spetsai, Patmos, Hydra, leur séduction n’opéraient plus, un peu comme une histoire d’amour qui se terminait ? [...]

    La suite sur Boulevard Voltaire

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  • Même nos enfants...

    Même nos enfants... L'un des derniers rapports de l'Unicef est consacré à la pauvreté infantile qui va crescendo dans les pays occidentaux. Ce rapport est la conséquence d'une étude particulièrement détaillée concernant 27 pays européens auxquels sont ajoutés 6 pays appartenant, eux aussi, au monde occidental (1).

    Afin de définir la notion de pauvreté chez les enfants, quatorze paramètres ont été pris en compte; à titre d'exemple le fait de bénéficier de trois repas par jour (paramètre 1), de recevoir de temps en temps un vêtement neuf (paramètre 11) ou d'avoir un endroit calme avec assez d'espace et de lumière pour faire les devoirs (paramètre 9).

    Est considéré comme en situation de pauvreté un enfant qui voit au moins trois de ces paramètres non satisfaits. Les chiffres utilisés dans cette étude sont ceux de l'année 2009. On appelle «enfant» une personne qui a entre 1 et 16 ans.

    On appelle taux général de privation le pourcentage d'enfants ne satisfaisant pas au moins 2 des quatorze variables. Sont les plus défavorisés la Roumanie (72,6%), la Bulgarie (56,6%) ainsi que la Hongrie (31,9%). A l'autre extrémité du tableau se situent l'Islande (0,9%), la Suède (1,3%), la Norvège (1,9%), la Finlande (2,5%) ainsi que le Danemark (2,5%). On constate, une fois de plus, la réussite sociale des pays du Nord. La France, quant à elle, se situe à la 18 ème place sur 29 soit à la fin du deuxième tiers.

    Bien évidemment, il existe une corrélation entre le revenu des parents et la pauvreté des enfants. C'est ainsi que concernant les enfants âgé de 0 à 17 ans qui sont en situation de pauvreté et dont les parents ont un revenu inférieur à la moyenne, l'Islande est à nouveau la moins concernée (4,7%), suivie de la Finlande (5,3%). Si on prend en compte les 35 pays, sont en queue de peloton à nouveau la Roumanie (25,5%) suivie par les Etats-Unis (23,1%).

    D'après un rapport établi par l'institut des études fiscales (IFES) publié en octobre 2011, on obtient les résultats suivants pour les enfants ne satisfaisant pas à au moins six des quatorze paramètres:

    Encore une fois la Roumanie (46,8%), la Bulgarie (36,3%) sont les plus mal classées. La France n'est que 19 ème sur 27 obtenant 2,5% à égalité avec … Malte. A nouveau le grand Nord est en situation de succès: Islande (0%) Finlande (0%) Suède (0%) Norvège (0,1%) .

    La profondeur des écarts de pauvreté dans 35 pays à savoir la distance entre le revenu médian des ménages situés en dessous du seuil de pauvreté et le seuil lui même s'avère elle aussi intéressante: si la Finlande est la mieux classée (10,9), la France résiste ici bien (15) en se situant à la 7 ème place. Si la Roumanie est à l'avant dernière place (34,7), ce sont les Etats- Unis qui connaissent la situation la plus catastrophique (37,5).

    Comme dans bien des études ayant trait à la sociologie des revenus, le rapport de l'Unicef pointe la nécessité de prendre en considération le revenu médian plutôt que le revenu moyen. L'économiste américain, prix Nobel qu'est Joseph Stiglitz partage aussi cet avis, soulignant par exemple que si le revenu moyen aux Etats-Unis a nettement augmenté ces dernières années, le revenu médian est en chute depuis 2000. Rappelons que le revenu médian est le revenu qui partage les individus en deux parties numériquement égales, la moitié de la population étant au dessus de ce revenu et l'autre moitié au dessous. Le revenu moyen, quant à lui, est obtenu en divisant la somme de tous les revenus par le nombre d'individus considérés: il va de soi que pour une société dans laquelle existe de très hauts revenus pour certaines personnes quand bien même très minoritaires, le revenu moyen pourra être assez élevé même si beaucoup de personnes ont un revenu bas.

    Toujours dans le même ordre d'idée, il faut se méfier des chiffres annoncés bruts. Si pour certains pays le revenu obtenu par l'intermédiaire du salaire est représentatif, tel n'est pas le cas pour d'autres où il existe une correction financière suite à l'octroi de prestations sociales: c'est ainsi qu'il faudrait évoquer ce que les interprètes nomment le revenu disponible. Afin de me faire comprendre, je prendrai le cas du Rmi-Rsa français dont le montant n'est que de l'ordre de 450 euros par mois. Chiffre particulièrement bas dès lors où on ne prend que lui en considération. Or, à cette prestation générale doit être ajouté l'allocation logement qui bien souvent se situe au delà de 200 euros par mois ou par exemple les bons d'achats gratuitement délivrés permettant d'effectuer des achats dans les supermarchés. Il en est de même pour les colis alimentaires, régulièrement délivrés.

    A l'aune de ce qui vient d'être exprimé dans les deux paragraphes précédents, on peut affirmer que les très mauvais résultats obtenus par la Roumanie, les Etats-Unis, le Japon et l'Italie, montrent que le problème ne vient pas du revenu immédiat particulièrement faible mais que les Etats de ces pays n'effectuent pas de correction sociale. A titre d'exemple assez révélateur, les Etats-Unis et le Canada ont tous deux la même pauvreté relative (21,5%) mais au final le taux réel après corrections sociales et prestations est de 13,3% au Canada alors qu'il reste de 23,1% aux Usa: clairement exprimé, le Canada vient au secours de ses pauvre là où aux Etats-Unis, l'Etat reste indifférent. Autre comparaison, la France (19,4%) et l'Espagne (17,1%) ont des taux à l'origine à peu près similaires. Pourtant, après correction, c'est à dire en prenant en considération le revenu réellement disponible la France se situe à 8,8% là où l'Espagne stagne à 17,1%. on peut donc faire ici la même remarque que pour le parallèle entre Canada et Usa: la France vient au secours de ses pauvre là où en Espagne l'Etat reste indifférent. A noter que comme l'Espagne, les gouvernements italiens laissent faire (16,2% , 15,9%).

    Autre aspect de la pauvreté infantile, le cas bien spécifique des familles monoparentales, conséquence de la nette augmentation des divorces durant les dernières décennies. Là encore, le grand Nord est en pointe: Norvège (4,1%), Suède (4,3%), Islande (4,4%) et à nouveau une catastrophe pour la Roumanie (95,4) et à un degré moindre la Bulgarie (76%). A noter qu'en France (14 ème place sur 29), le taux de pauvreté des enfants dans le cas bien particulier des familles monoparentales est de 21,5%.

    On ne sera pas surpris non plus que le faible taux d'instruction des parents est corrélé à la pauvreté infantile de leurs enfants. Finlande (2,5%), Islande (3,9%), Norvège (5,9%) constituent réussissent le mieux. La Roumanie (92,4%) ferme la marche, la France étant classée 18 ème sur 29 avec 34%.

    Facteur de pauvreté infantile, le chômage parental touche les enfants. Suède (11,9%), France (45,6%, 17 ème sur 24) et Roumanie (95,2%).

    On sait, en France comme ailleurs, que les familles dites migrantes (au moins un des deux parents né à l'étranger) connaissent davantage la pauvreté. On ne sera pas surpris de voir en tête la Suède (2,7%) et en queue la Grèce (42,2%). La France (20,5%) se situe encore – c'est souvent le cas – à la fin du second tiers (19 ème sur 34).

    Au sujet de la France en particulier, on peut noter que sur 35 pays la France est première en matière de dépense consacrée au familles et aux enfants puisqu'elle y attribue 3,7% de son Pib. A noter que les Usa (1,2%) y consacrent presque quatre fois moins d'argent.

    Conclusion

    Il est sans doute nécessaire de constater dans un premier temps que la pauvreté des enfants est en hausse dans le monde occidental. Le terme d'occident ne fait d'ailleurs pas sens dans le cadre de ce rapport sachant la grande disparité constatée entre les différents pays étudiés. On ne sera pas surpris de vérifier et de constater la valeur du modèle scandinave contrastant avec celui des pays situés plus au sud. Il faut avoir bien présent à l'esprit que même si tous les pays ont la même structure économique, en

    l'occurrence le capitalisme, les résultats obtenus en matière de pauvreté infantile sont totalement différents. C'est l'intervention de l'Etat qui fait la différence...

    Alain Rebours  http://www.voxnr.com

    Notes :

    (1) Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Bulgarie, Canada, Chypre, Danemark, États-Unis, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Japon, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Suisse.

  • Merkel : “La Grèce doit quitter la zone euro maintenant !”

    Dans un article paru dans le quotidien allemand Die Welt datant du 28 mars dernier, la chancelière a fait part de sa lassitude vis à vis de la situation grecque ; exprimant son désir que la Grèce fasse enfin défaut et quitte la zone euro craignant que la situation de ce pays n’occasionne “des dommages plus importants“.

    Elle a par ailleurs comparé la situation de la Grèce actuelle à celle de la fin de la République Démocratique d’Allemagne.

    “Le sauvetage de la Grèce a échoué. La situation actuelle de ce pays ressemble à la fin de la RDA. Athènes doit quitter la zone euro avant que des dommages plus importants ne surviennent !”

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Au sujet des tentatives de coopération entre les mouvements européens

    Au sujet des tentatives de copération entre les mouvements européens « Le dépassement du nationalisme, seuls les nationalistes peuvent le faire. »
    (Maurice Bardèche)

    16-17 décembre 1934 : Montreux (Suisse). Congrès des fascismes européens ; 13 pays représentés ; présence de A. Fonjallaz et G. Oltramare (Suisse), Eion O’Duffy (Irlande), Marcel Bucard (France), Vidkun Quisling (Norvège), Ion Motza (Roumanie), Georges S. Merkouris (Grèce), E.G. Caballero (Espagne), etc. Dans sa motion finale, le Congrès reconnaît à la quasi-unanimité Mussolini comme le « fondateur et chef du fascisme international ».

    1949 : Londres. Création du Front Européen de Libération, sur la base de la « Proclamation de Londres » de l’américain Francis Parker Yockey. Les trois fondateurs sont F.P. Yockey, Guy Chesham et John Anthony Gannon. Le Front sera actif jusqu’en 1954, publiant le bulletin « Frontfighter ».

    Mars 1950 : Rome. Premier congrès de l’opposition nationale européenne (9 pays représentés, avec Per Engdahl pour la Suède et K.H. Priester pour l’Allemagne).

    Mai 1951 : Malmö. Congrès fondateur du Mouvement Social Européen (entre 60 et 100 délégués de 8 pays européens, dont Oswald Mosley, Maurice Bardèche, Per Engdahl, K.H. Priester, G.A. Amaudruz, Jean-Robert Debbault et Ernesto Massi).

    Septembre 1951 : Zurich. La ligne « dure » se sépare du MSE et fonde le NOE (Nouvel Ordre Européen) ; les leaders sont, entre autres, le Français René Binet et le Suisse G.A. Amaudruz.

    1959 : Uppsala (Suède). Colloque international qui se termine par la publication d’une déclaration commune : le « Message d’Uppsala ».

    Mars 1962 : Venise. Convention à l’initiative d’Oswald Mosley. Participation de délégués britanniques (Mosley pour l’Union Movement), allemands (Adolf von Thadden pour le Sozialistiches Reichspartei), français, belges (Jean Thiriart pour le Mouvement d’Action Civique) et italiens (Giovanni Lanfre pour le Movimiento Soziale Italiano). A l’issue de la convention, une Déclaration Européenne est adoptée et la création d’un Parti National Européen est décidée.

    1963 : fondation du mouvement « Jeune Europe » à l’initiative du Belge Jean Thiriart, qui adopte une orientation très anti-capitaliste et anti-américaine (le mouvement édite la revue « La Nation Européenne » de 1965 à 1969). Thiriart sera très actif jusqu’en 1969, établissant des contacts avec des pays communistes ou non-alignés (Baas irakien, résistance palestinienne, Egypte, Roumanie, etc.) et rencontrant des leaders comme Peron, Nasser, Ceausescu et Chou en Lai. Thiriart abandonnera ses efforts en 1969 et le mouvement disparaîtra peu après.

    5-6 avril 1969 : Barcelone. Xe Congrès du NOE avec 60 délégués de 7 pays européens, dont le Suisse G.A. Amaudruz et le général croate V. Ljuburich.

    13 mai 1970 : Paris. Meeting du mouvement français « Ordre Nouveau » à la Salle de la Mutualité, avec de nombreuses figures de l’opposition nationale française, et avec la présence de délégués européens, notamment des Italiens du MSI et le leader suédois Per Engdhal.

    28 mars 1976 : Lyon. Rencontre internationale sous les auspices du NOE.

    8-10 avril 1977 : Barcelone. XIIIe Congrès du NOE.

    1979 : « l’Eurodroite » : liste commune pour les élections européennes (avec Blas Pinar pour l’Espagne, J.L. Tixier-Vignancourt pour la France et Giorgo Almirante pour l’Italie).

    1991 : fondation du Front Européen de Libération (ELF, qui reprend les idées de l’Américain F.P. Yockey) par Marco Battara (Italie), Christian Bouchet (France) et Juan-Antonio Llopart (Espagne). L’ELF adopte une orientation paneuropéenne et « nationale-révolutionnaire » dans la lignée de Yockey, Otto Strasser et Jean Thiriart (décédé en 1992). Un de ses représentants sera le Russe Alexandre Douguine, futur leader « eurasiste ». Dissout en 2002, l’ELF a eu comme successeur le Réseau géopolitique européen.

    Jean-François Dumoulin http://www.voxnr.com

  • Jacques Sapir : « L’Italie se prépare à des semaines très difficiles »

    Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), l’économiste Jacques Sapir est un partisan déclaré d’une « dissolution concertée » de la zone euro.

    Quel est le risque majeur qui pèse sur l’économie italienne ?

    On voit très bien qu’on assiste désormais à une contraction du crédit (un « credit crunch ») qui menace pratiquement un tiers des PME italiennes de cessation d’activité. La Confindustria (NDLR : l’organisation patronale italienne) le dit depuis plusieurs semaines et ce n’est pas une exagération.


    L’Italie se retrouve coincée par l’effet conjugué de l’effondrement de sa compétitivité, la chute de sa demande intérieure et l’absence de ressources pour faire de l’investissement. Avec une contraction du crédit de l’ordre de 4,5 % sur douze mois, cela veut dire que l’augmentation du nombre des mauvais payeurs va se traduire par une explosion des créances douteuses dans les bilans bancaires.

    En quoi la décision du gouvernement Monti de rembourser 40 milliards d’euros d’arriérés de dettes de l’administration peut améliorer la situation ?

    L’administration italienne l’a déjà fait par le passé. Cela a permis d’améliorer fictivement les comptes de l’Italie. Mais ce n’est pas la même chose de rembourser de 5 à 10 milliards d’euros d’arriérés de dettes et 40 milliards. Il va falloir laisser filer le déficit qui sera sans doute à 3,3 % du PIB en 2013. A Bruxelles, on conçoit bien que le pire serait un effondrement de l’économie italienne. Le problème est que lorsque l’Etat devient mauvais payeur, les acteurs économiques le deviennent aussi vis-à-vis de l’Etat. Le problème va se poser maintenant pour le successeur de Mario Monti. L’Italie se prépare à des semaines très difficiles. Elle n’est pas près de sortir de la récession, avec un recul probable du PIB de – 1,5 % à – 2 % pour 2013.

    Quelle a été l’erreur majeure du gouvernement Monti ?

    Le problème est que l’on ne peut pas s’attaquer à la fraude fiscale sans redonner de la liquidité aux entreprises. Il faut redonner aux entreprises ce qui a été prélevé, soit par une politique du crédit très laxiste, soit par un choc de compétitivité. Si on veut lutter contre l’économie souterraine, il faut en même temps redonner de la liquidité aux petites entreprises pour leur permettre de revenir dans la légalité. Or Mario Monti a fermé tous les robinets. Son erreur a été de penser que l’on peut prélever de 40 à 50 milliards d’euros par an sur une économie sans effets pervers au niveau de l’activité économique. Or on ne peut à la fois appuyer sur le frein, utiliser le frein moteur et le frein à main.

    Les Echos   http://fortune.fdesouche.com

  • Les relations germano-espagnoles de 1936 à 1940

    Il est un chapitre peu connu de l'histoire européenne de ce siècle : celui des relations germano-espagnoles de 1930 à 1945. L'histo­rien Matthias Ruiz Holst vient de combler, en quelque sorte, une lacune de l'histoire contemporaine en faisant paraître un ouvra­ge concis, didactique, clair, bien formulé sur cette question cruciale, qui, parallèlement, met en exergue bon nombre de caractéristi­ques des régimes national-socialiste et fran­quiste.

    Franco fait appel aux Allemands

    Johannes-BernhardtLa République espagnole (1931-1939) avait établi des relations commerciales suivies tant avec la République de Weimar qu'avec l'Allemagne de Hitler. Les relations entre les 2 pays étaient donc des plus banales. Tout change dès qu'éclate la guerre civile : les troupes de Franco, principalement mas­sées au Maroc, doivent trouver les moyens de franchir le Détroit de Gibraltar, pour ap­puyer les rebelles anti-républicains de la Pé­ninsule. Ceux-ci, au départ, n'avaient guère enregistré de succès. Un simple coup d'œil sur la carte permettait de voir que les Ré­publicains étaient restés maîtres des villes principales (Madrid, Barcelone, Valence et Bilbao). Franco envoie aussitôt une déléga­tion à Rome pour demander l'appui de Mus­solini, ainsi qu'un capitaine Arranz à Berlin, accompagné d'un intermédiaire allemand, Jo­hannes Bernhardt. La mission des 2 hom­mes consistait essentiellement à demander la livraison d'avions, capables de faire passer les troupes du Maroc en Andalousie. Appa­remment sans consulter personne, ni les ins­tances du parti ni les diplomates profession­nels, Hitler accepte la proposition de Fran­co.
    Pour Holst, cette décision rapide indiquerait que Hitler, en se conciliant Franco, tenait compte d'un projet géo-stratégique à long terme qu'il concoctait depuis longtemps. En effet, en se créant un allié à l'Ouest, il bouleversait tout l'équilibre ouest-européen ; le gouvernement républicain francophile se­rait remplacé par un gouvernement hostile à la France, empêchant du même coup que ne se constitue un bloc franco-hispanique allié à l'Union Soviétique. En brisant la cohésion de l'Ouest latin, Hitler pouvait, pense Holst à la suite de l'historien espagnol Ángel Viñas, réa­liser par les armes et par l'économie son plan de création d'un espace vital dans l'Est européen, sans risquer une guerre sur 2 fronts.
    maps610.jpg
    [La situation du front en juillet 1936 (à g.) et en juillet 1938 (à d.). Après la conquête de la Catalogne, et la chute de Barcelone, Franco tiendra définitivement la victoire. L'Espagne cesse d'être un atout pour la France qui, ipso facto, se retrouve coincée entre une Allemagne puissante et une Espagne affaiblie mais favorable à sa protectrice germanique. L'équilibre européen de Versailles est rompu, d'autant plus que Hitler réalise l'Anschluß et annexe le territoire des Sudètes.]
    odessa10.jpg[Si l'ltalie et l'Allemagne arment Franco, la France du Front Populaire et l'URSS arment les Républicains. Ci-contre un navire russe, dont le port d'attache est Odessa, arrive à Barcelone sous les acclamations d'une foule nombreuse, massée sur les quais. Après la victoire franquiste, Staline changera en quelque sorte son fusil d'épaule et préférera s'allier à Hitler. En août, le pacte germano-soviétique est signé à Moscou entre Molotov et Ribbentrop. Les religionnaires communistes et les occidentalistes connaissent un désarroi majeur. Franco, qui assied son régime sur l'anti-communisme et est débiteur de l'Allemagne, ne sait plus sur quel pied danser. L'arrière-plan de l'alliance entre Hitler et Staline demeure obscur. La plupart des historiens contemporains n’y voient qu'une alliance purement tactique et négligent l'étude des différentes forces divergentes qui animaient encore les sociétés russe et allemande, malgré la dictature. C'est sur base d'une telle analyse que l'on découvrira sans doute, un jour, la clef de l'énigme.]

    Isoler la France

    Grâce à la nouvelle configuration géostraté­gique que l'aventure franquiste permettait d'envisager, l'Allemagne n'était plus coincée entre une France rouge, alliée à une Es­pagne sociale-démocrate, et une URSS qui avançait aussi ses pions en Tchécoslovaquie. En revanche, si Franco réussissait son coup avec l'appui germano-Italien, ce serait la France du Front Populaire qui serait coincée entre une Allemagne industriellement forte et socialement stabilisée et une Espagne al­liée au Reich et économiquement complé­mentaire de la machine industrielle tudes­que. D'autant plus qu'au Nord, Léopold III s'apprêtait à dénoncer les accords militaires franco-belges et à opter pour une neutralité stricte.
    Prudents, Hitler et Mussolini ne reconnais­sent les “nationaux” comme gouvernants de l'Espagne que le 18 novembre 1936. Le pre­mier ambassadeur allemand dans l'Espagne nationale fut le Général von Faupel, préféré d’Hitler et du parti. L'objectif de von Fau­pel, c'était de mettre sur pied un État es­pagnol calqué sur l'appareil “social-révolu­tionnaire” allemand ; von Faupel favorisera ainsi les éléments les plus “gauchistes” de la Phalange, organisation complètement dislo­quée après la mort de son leader José Anto­nio. L'ambassadeur allemand favorisera Manuel Hedilla que Franco fera condamner à mort. Avec la chute du prolétarien social-justicia­liste Hedilla, nous constatons un premier cli­vage, insurmontable, entre Allemands et Es­pagnols : Franco ne veut pas d'une révolution sociale et demande à Hitler que von Faupel soit évincé.

    Créer le chaos en Méditerranée occidentale

    Après l'incident Hedilla-Faupel, la Grande-­Bretagne conservatrice se rapproche de Franco, heureux de pouvoir contre-balancer ainsi l'influence allemande, de plus en plus forte. Franco peut ainsi jouer sur 2 ta­bleaux et marchander les compensations de­mandées par le Reich pour sa contribution militaire à la guerre civile. Après Munich, qui constitue incontestablement un succès de la diplomatie hitlérienne, Franco se rappro­che une nouvelle fois de l'Allemagne, en passe de devenir maîtresse du centre du continent, sans renoncer aux acquis de ses rapprochements avec les démocraties occi­dentales.
    Au début de l'année 1939, les rela­tions germano-espagnoles sont positives, dans un environnement international de plus en plus complexe. La victoire finale des natio­naux ne faisant plus aucun doute, quelques esprits machiavéliens, à Berlin, en viennent à souhaiter un pourrissement de la situation et une prolongation de la guerre civile es­pagnole. En effet, si la guerre durait long­temps, le Reich pouvait gagner du temps : Anglais et Italiens se seraient affrontés en Méditerranée pour le contrôle des Baléares ; Italiens et Français se seraient retrouvés à couteaux tirés pour la Tunisie, etc. Pendant ce temps, les Allemands auraient eu les mains libres pour réaliser l'Anschluß et rè­gler le problème de la Tchécosolovaquie. De plus, les Britanniques, aux prises avec les Italiens, auraient cherché à se ménager les bonnes grâces de Berlin et, du coup, la France, trop faible, n'aurait pas pu s'atta­quer seule à l'Allemagne.

    L'Espagne : un allié de l'Axe très affaibli

    Quand, le 1er avril 1939, la guerre civile es­pagnole prend fin avec la victoire des fran­quistes, l'Espagne est exsangue, son potentiel industriel est réduit à rien et, à cause d'une destruction systématique des moyens de transport, le ravitaillement de la population connaît une situation catastrophique. Alle­mands et Italiens s'aperçoivent qu'ils se sont donné un allié dans le sud-ouest européen mais que cet allié est si affaibli qu'ils se­ront obligés de subvenir partiellement à ses besoins, s'ils veulent faire valoir à leur pro­fit les atouts géostratégiques de sa configu­ration péninsulaire.
    En cas de conflit entre l'Axe Rome-Berlin et l'Entente Paris-Londres, l'Espagne représente un ensemble de bases potentielles, importantes pour la mai­maîtrise de la Méditerranée occidentale et de l'Atlantique. Le souci de Berlin, dans les 6 premiers mois de 1939, c'est de renforcer le potentiel militaire espagnol, sans que la Wehrmacht n'ait à en souffrir et sans que Franco ne doive s'adresser aux puissances de l'Entente. Résultat : l'Espagne conserve un statut de stricte neutralité, qu'elle envisage de garder pendant 5 années, tout en si­gnant des accords avec le Reich.

    Pour l'Italie : un accès à l'Atlantique ; pour l'Espagne : une nouvelle « dimension impériale »

    Afin de ne pas laisser à l'Axe l'exclusivité d'un partnership privilégié avec l'Espagne, l'Angleterre et la France assouplissent leurs positions et nomment Peterson et le Maré­chal Pétain, personnalités non contestées par les Espagnols, aux postes d'ambassadeurs à Madrid. Les Espagnols germanophiles et fas­cisants, dont le Ministre de l'Intérieur Serrano Súñer, prônent une intensification des contacts avec Rome et Berlin, afin de faire pression sur la France pour qu'elle cède en Afrique du Nord les territoires convoités par l'Espagne. Avec les Baléares comme bases, une alliance hispano-italo-allemande pourrait couper la France de l'Algérie, affirmait, menaçant, un ambassadeur espagnol en Tur­quie.
    Conscients de la menace, les Anglais, par l'intermédiaire de Lloyd George, arguent que l'Espagne, de par sa position géogra­phique, ne peut entièrement se désolidariser de la thalassocratie britannique, surtout quand son ravitaillement demeure précaire. Súñer, lui, ne désarme pas et suggère à Mussolini une « réorganisation de l'espace ouest-méditerranéen » : le Maroc tomberait entièrement sous la coupe des Espagnols, tandis que l'Algérie et la Tunisie entreraient dans la sphère d'influence italienne ; ainsi, Espagnols et Italiens contrôleraient conjoin­tement le Détroit de Gibraltar et l'accès à l'Atlantique. L'intérêt italien, dans ses pro­jets et spéculations, c'était précisèment d'acquérir cet accès à l'Atlantique ; l'Espa­gne, quant à elle, souhaitait sortir de 3 siècles d'isolement et retrouver une “dimen­sion impériale”.

    Franco désapprouve le pacte germano-soviétique mais refuse une alliance ouest-européenne anti-allemande 

    Après le coup de Prague, perpétré par Hit­ler, et l'invasion de l'Albanie par Mussolini, la situation en Europe devient terriblement instable, ce qui inquiète Franco, soucieux de ne se voir entraîner dans un conflit, alors que son pays panse encore les plaies affreu­ses de la guerre civile. Franco estime que l'Europe a besoin d'un minimum de 5 an­nées de paix et joint sa voix à celles de Léopold III, du Pape et de Mussolini qui de­mandent aux belligérants anglais, français, allemands et polonais la localisation du con­flit quand éclate la guerre, le 1er septembre 1939.

    Les relations germano-espagnoles vont se rafraîchir considérablement à cause du Pacte germano-soviétique. L'anti-communis­me était devenu l'idéologie stabilisatrice du nouveau régime espagnol, arrivé au pouvoir avec l'aide allemande. Comment dès lors faire accepter, par l'opinion publique, l'al­liance entre Hitler et Staline ? Franco, par l'intermédiaire de son ambassadeur Magaz, laisse entendre sa réprobation et son inquié­tude de voir l'URSS s'étendre à l'ouest au détriment de la Pologne catholique.

    La pres­se espagnole commente les dangers de l'ac­croissement du bolchévisme et adopte une attitude résolument pro-finlandaise quand Staline attaque la petite puissance nordique le 30 novembre 1939. Le tandem germano-­russe, aux possibles effrayants pour toute conscience occidentaliste et catholique, va servir d'épouvantail utile à la France et à l'Angleterre, qui suggèrent à Franco une “al­liance ouest-européenne”, suffisamment soli­de pour faire face à la “barbarie germanique et slave”. Français et Anglais s'apprêtaient à “blanchir” totalement Franco aux yeux de leurs opinions publiques respectives, de fa­çon, spéculaient-ils, à ce que l'Espagne puis­se opérer un retour brillant sur la scène in­ternationale. Franco, conscient du caractère intéressé de ces avances, restera toutefois sceptique et ne s'engagera pas.

    Fin 1939, les relations germano-espagnoles sont donc au plus bas ; la France et l'An­gleterre tentent de reprendre pied en Es­pagne et Franco joue sur tous les tableaux pour améliorer le sort de son malheureux pays, tout en marquant sa réticence à l'é­gard du jeu de Ribbentrop et Molotov.

    Revendications espagnoles en Afrique du Nord

    À partir des premiers mois de 1940, l'Es­pagne tentera un rapprochement progressif avec l'Allemagne, Franco étant soulagé de voir que la coopération germano-soviétique s'était bornée à la Pologne, réglant du même coup la question du Corridor de Dantzig, et ne s'était pas étendue à la Finlande. L'I­talie agissait de même, resserrant encore davantage les liens qui l’unissaient à l'Alle­magne. Franco s'aperçoit que l'alliance ger­mano-russe n'a d'autre but que de permettre à la puissance allemande de se tourner vers l'Ouest et de ne pas ouvrir un front orien­tal. Cette volonté apparente d'en découdre avec la France incite les Espagnols et les Italiens à réitérer leurs revendications sur le Maroc, la Corse, la Tunisie et l'Algérie.
    Du côté allemand, les avances espagnoles sont ignorées : Goering refuse de livrer un matériel précieux dont a besoin l'Allemagne, pas encore prête militairement à affronter Anglais et Français. Les Allemands avaient mal pris les réticences de Franco à l'égard du Pacte Ribbentrop-Molotov. L'Espagne, par le truchement d'un mémorandum secret transmis à l'Ambassadeur allemand en poste à Madrid, essaie la surenchère en laissant sous-entendre que si l'Italie entrait en guer­re aux côtés du Reich, les Alliés ne man­queraient pas d'occuper Tanger, d'élargir la zone entourant Gibraltar et de s'emparer des Baléares. L'Espagne serait ainsi bon gré mal gré jetée dans le camp de l'Axe. Donc, pour empêcher Français et Anglais de se rendre maîtres de la Méditerranée occiden­tale, les Allemands doivent livrer du maté­riel de guerre à l'Espagne et réviser leurs positions.

    De la neutralité à la « non-belligérance » ; occupation de Tanger

    L'occupation du Danemark et la campagne de Norvège, en avril 1940, met un terme aux démarches espagnoles ; puis, avec la campagne de France, les Allemands attei­gnent les Pyrénées, créant un fait nouveau : une liaison terrestre directe entre l'Espagne et l'Allemagne. Mais Goering ne change pas d'avis : la position “trop neutre” (überneutral) de l'Espagne ne permet pas d'envisager la livraison d'un matériel dont les armées alle­mandes, spécialement la Luftwaffe, ont un besoin pressant. Qui plus est, l'intention des Allemands, après l'effondrement de la Fran­ce, était de pactiser avec les Anglais, donc de mettre la question de Gibraltar au frigo.
    Les Espagnols, eux, cherchent surtout à combler le vide laissé par la France en Afrique du Nord mais l'état de leur armée et la vétusté de leurs matériels ne permet pas un coup de main définitif. Pour faire fléchir les Allemands, les Espagnols abandon­nent leur statut de neutralité pour adopter celui, hybride, de “non-belligérance” ; aussi­tôt, des unités espagnoles occupent la zone internationale de Tanger, au moment où les troupes allemandes pénètrent dans Paris. Hitler se félicite de cette initiative espa­gnole et incite Vigón et Franco à s'emparer de Gibraltar de la même façon, modifiant de la sorte sa volonté préalable de ménager les Anglais.

    Le dilemme : parier sur l'Espagne ou ménager la France de Vichy

    Mais satisfaire les ambitions espagnoles comportait des risques énormes, notamment celui de devoir venir en aide à l'Espagne mal armée en cas de riposte anglaise. Si l'Espagne souhaite occuper Gibraltar, elle doit le faire seule, sans appui allemand. D'autant plus que l'Allemagne renonce à oc­cuper totalement la France, afin d'empêcher que la flotte française ne passe aux Anglais et qu'un gouvernement français ne s'installe en Algérie pour poursuivre la guerre. Hitler choisit donc la conciliation avec la France, ce qui déçoit et contrarie Ciano, même si celui-ci perçoit chez le dictateur allemand une certaine duplicité : vouloir ménager pro­visoirement la France pour pouvoir pactiser avec l'Angleterre et, éventuellement, s'en­tendre avec elle sur le dos de la France.
    Pour l'Espagne, l'armistice signé par Pétain constitue un obstacle à ses visées nord-afri­caines. En effet, si la France avait continué la guerre et déménagé son Parlement en Al­gérie, l'Espagne aurait constitué une zone de transit pour les armées germaniques et Tan­ger une excellente tête de pont pour l'Axe, cette fois augmenté de l'Espagne. Dans les milieux germanophiles espagnols, on parlait déjà de soulever les tribus marocaines hosti­les à la France, de réveiller les souvenirs de la Guerre du Rif, afin de faciliter la main­mise hispano-germanique sur le Maroc et préparer l'invasion et le dépeçage de l'Algé­rie. Ces projets n'ont jamais vu le jour, par­ce que l'Allemagne n'était pas en mesure de livrer du matériel à l'Espagne, ne le souhai­tait pas vraiment et espérait un armistice avec l'Angleterre qui, elle aussi, avait des intérêts en Méditerranée qu'il ne fallait pas contrarier.

    En juillet 1940 : liquider l'Angleterre ou ouvrir la guerre à l'Est ?

    Au début du mois de juillet 1990, Hitler es­pérait encore que l'Angleterre allait accep­ter ses propositions de paix. Mais, 2 se­maines plus tard, il dut se rendre à l'évi­dence : Londres était décidée à continuer la guerre et pariait sans nul doute sur un ren­versement de l'alliance germano-russe et/ou sur une entrée en guerre des États-Unis. Hitler, dit Holst, voulait alors mettre son projet de guerre à l'Est immédiatement à exécution et s'emparer des matières premiè­res russes. Une rapide victoire à l'Est au­rait, pensait Hitler, contraint les Anglais à accepter les propositions allemandes, avant que les États-Unis ne soient prêts à entrer en guerre. 
    Avec Jodl, Hitler se décide finalement à poursuivre la guerre contre l'Angleterre en attaquant directement les Îles Britanniques, d'abord par une offensive aérienne, prépara­trice d'un débarquement. Parallèlement à cette attaque directe, l'Axe devait déployer une stratégie “périphérique”, consistant à ex­clure les Anglais de la Méditerranée, en bloquant Suez et Gibraltar et en coupant la route du Moyen-Orient. Cette perspective impliquait la constitution d'un “bloc conti­nental”, dont l'objectif serait de ramener la thalassocratie britannique à la raison et d'empêcher toute velléité américaine d'inter­vention dans les affaires du Vieux Monde.
    Le 27 septembre, Allemands, Italiens et Ja­ponais signent un Pacte Tripartite allant dans ce sens, Pacte auquel est également conviée l'Union Soviétique. La stratégie alle­mande s'était donc radicalement transformée au cours de l'été 1940 : en juillet, on envisa­geait un coup contre la Russie et en sep­tembre, on réitérait le projet d'alliance con­tinentale dirigée contre les puissances mari­times. L'Allemagne oscillait entre 2 solu­tions : 1) abattre l'URSS pour s'emparer de ses matières premières et ne plus dépendre des livraisons russes et 2) forger un bloc continental, impliquant la libération de la Méditerranée de la présence anglaise et verrouillant l'Europe et l'Afrique du Nord à l'encontre de tout interventionnisme améri­cain.
    Création d'un “bloc continental” et éviction des Anglais
    En septembre, c'est indubitablement la se­conde solution qui prime et, automatique­ment, l'Espagne acquiert, dans ce jeu, une place prépondérante. Le “bloc continental” doit présenter aux thalassocraties anglaise et américaine une façade s'étendant du Cap Nord au Maroc. Des agents de l'Abwehr de Canaris se rendent en Espagne, accompagnés de militaires détachés auprès de Vigón, chef de l'État-major espagnol. Objectif : étudier les possibilités de s'emparer de Gibraltar et préparer l'entrée de l'Espagne dans la guerre et ce, dans les conditions optimales.
    Mais la situation de l'Espagne est tellement précaire que l'Allemagne ne peut prendre en mains ni la machine militaire espagnole ni le ravitail­lement de la population. De plus, un aligne­ment de l'Espagne sur l'Axe impliquerait im­médiatement une attaque anglaise contre les Canaries, les Baléares, le Portugal ou le Maroc espagnol, à laquelle l'Espagne n'était en mesure de faire face. L'Allemagne ne pouvait pas prendre le risque d'épauler son allié ouest-méditerranéen dans de telles conditions.

    Hitler et Franco à Hendaye

    D'autres considérations bloquent le projet d'alliance germano-espagnol : l'attitude fon­cièrement anti-française des Espagnols risque de faire basculer les Français d'Afrique du Nord dans le camp anglo-gaulliste et de ré­duire à néant la collaboration avec Vichy. Pour les Allemands, incapables de contrôler seuls le territoire métropolitain français sans l'aide du gouvernement de Vichy, il était important que les colonies d'Afrique du Nord restent fidèles au Maréchal Pétain. Le 4 oc­tobre, Hitler fait part à Mussolini de ses in­tentions de ménager à la fois Espagnols et Français et demande au Duce de l'aider à calmer et limiter les revendications espagno­les.
    C'est avec ce plan de conciliation en tête qu’Hitler se rend à Hendaye pour y rencontrer Franco. Hitler voulait que Franco se rende compte que la France n'était pas encore totalement hors jeu et que, pour l'instant, vu la faiblesse relative de l'Alle­magne, qui ne pouvait se permettre de con­trôler à la fois le territoire métropolitain français et les colonies d'Afrique du Nord après conquête militaire, il était impossible de promettre officiellement à l'Espagne, elle aussi trop faible, d'élargir sa souveraineté à l'Oranie algérienne et au Maroc. Franco de­vait comprendre qu'il fallait éviter à tout prix que la France de Vichy ne tombe entiè­rement dans le camp anglo-gaulliste.
    À Hendaye, Franco demandera avec insistan­ce la garantie allemande pour ses projets d'expansion en Afrique du Nord. Hitler ne pouvant lui concéder une telle garantie, Franco refusa l'entrée en guerre de l'Espa­gne. Le mois suivant, en novembre, Hitler était davantage prêt à céder aux Espagnols, car les revers italiens en Grèce faisaient craindre une intervention plus musclée des Britanniques en Méditerranée, ce qui ren­dait nécessaire le verrouillage de Gibraltar, action ne pouvant se concrétiser qu'avec la complicité espagnole. Le 7 décembre, finale­ment, après avoir dressé le bilan de ses maigres forces et malgré les garanties alle­mandes, Franco refusera définitivement l'en­trée en guerre de son pays aux côtés de l'Axe.
    Le livre de M. R. Holst nous retra­ce en détail les péripéties des relations ger­mano-espagnoles de 1936 à décembre 1940. La suite des événements ne concerne pas son mémoire. Pour la connaître en détail, le lecteur se référera à un autre travail, tout aussi méticuleux : celui de Klaus-Jörg Ruhl (Spanien im Zweiten Weltkrieg : Franco, die Falange und das “Dritte Reich”, Hoffman & Campe, Hamburg, 1975). Ruhl retrace toutes les tentatives de faire basculer l'Espagne dans le camp de l'Axe, au besoin par un putsch contre Franco de Muñoz Grandes, commandeur de la Division Azul combattant sur le Front de Leningrad. Un chapitre est également consacré à la chute de Serrano Súñer le Ministre de Franco le plus favora­ble à l'Axe.

    Échec du bloc continental

    Les projets de collaboration suggérés par les nationaux espagnols en 1940, avec le plan audacieux d'une réorganisation du bassin oc­cidental de la Méditerranée, aurait sans doute permis de contrer te débarquement al­lié de novembre 1942 en Afrique du Nord, si Espagnols, Italiens, Marocains et français de Vichy étaient parvenus à s'accorder et à s'organiser militairement de façon satisfai­sante, sans aucune aide du Reich qui, de toute façon, n'aurait pu participer à la dé­fense du front atlantique ibéro-marocain de manière satisfaisante. Reste le facteur rus­se : la réalisation du bloc continental, envisa­gé de juillet à novembre 1940 par Berlin, n'aurait pu se concrétiser qu'avec la compli­cité soviétique, l’ouverture d'un second front exigeant trop d'efforts de la part de l'Alle­magne.
    Les méfiances réciproques entre na­tionalismes européens (celles qui troublaient les relations entre Français et Espagnols, la méfiance de Franco à l'égard de la compli­cité Hitler/Staline, l'hostilité de Ciano à l'encontre de la France, la phobie anti-russe de Hitler) n'ont permis que des actions par­tielles, concoctées et menées à la hâte, sans que ne soient réellement pris en compte les intérêts globaux du continent. Hitler ne vo­yait d'avenir qu'à l'Est, quand l'Ukraine se­rait sous domination allemande et négligeait la Méditerranée, façade défensive contre les thalassocraties, et l'Afrique du Nord, glacis indispensable pour l'Europe unifiée. C'est le reproche que lui adressait Mussolini peu avant sa mort tragique, lors d'une con­versation privée avec Victor Barthélémy, adjoint de Doriot...
    ♦ Matthias Ruiz HOLST,Neutralität oder Kriegsbeteiligung ? Die deutsch-spanischen Verhandlungen im Jahre 1940, Centaurus ­Verlagsgesellschaft, Ptaffenweiler, 1986, 231 p.
    ► article publié sous le pseudonyme de "Luc Nannens", in Vouloir n°43/44, 1987.