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Europe et Union européenne - Page 567

  • Une puissante leçon sur “la vraie Europe” lancée par des philosophes européens

    "Une Europe en laquelle nous pouvons croire" : la vibrante déclaration de Paris signée par des universitaires, penseurs et intellectuels de réunis à Paris veut rompre avec la double imposture de la "fausse Europe" : le supranationalisme et le multiculturalisme. Les signataires ont pris acte de la faillite idéologique de l'UE actuelle et du risque pour l'Europe, en minant ses nations à laisser s'évanouir sa grande civilisation . Mais plutôt que de se torturer d'angoisses stériles et d'ajouter encore un autre volume à la littérature abondante sur « le déclin de l'Occident », ces penseurs européens ont préféré exprimer positivement et solennellement leur attachement à ce qu'ils dénomment « la vraie Europe », cachée sous les abstractions à la mode et l'idéologie de notre époque. Cette Déclaration de Paris est un appel retentissant pour une compréhension renouvelée et une appréciation du véritable génie de l'Europe. C'est une invitation aux peuples d'Europe à retrouver activement ce qu'il y a de meilleur dans notre héritage commun et à construire ensemble un avenir de paix, d'espoir et de dignité.

    Déclaration de Paris

  • Le phare spirituel de l’Europe

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    Georges Feltin-Tracol

    « Il est des lieux où souffle l’esprit. Il est des lieux qui tirent l’âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour être le siège de l’émotion religieuse. […] Illustres ou inconnus, oubliés ou à naître, de tels lieux nous entraînent, nous font admettre insensiblement un ordre de faits supérieurs à ceux où tourne à l’ordinaire notre vie. Ils nous disposent à connaître un sens de l’existence plus secret que celui qui nous est familier, et, sans rien nous expliquer, ils nous communiquent une interprétation religieuse de notre destinée. Ces influences longuement soutenues produiraient d’elles-mêmes des vies rythmées et vigoureuses, franches et nobles comme des poèmes. Il semble que, chargées d’une mission spéciale, ces terres doivent intervenir, d’une manière irrégulière et selon les circonstances, pour former des êtres supérieurs et favoriser les hautes idées morales. » Ces propos de Maurice Barrès, écrits en 1913 dans La Colline inspirée, concordent parfaitement avec la Sainte-Montagne plus connue sous le nom de Mont Athos.

    Point culminant à 2 033 m de la plus orientale des péninsules grecques de la Chalcidique, le Mont Athos devient dès la fin du VIIe siècle le lieu de retraite des ermites. L’endroit se couvre bientôt de monastères qui dépendent directement du patriarchat œcuménique de Constantinople. Très tôt, le territoire, dédié à la Vierge Marie, applique l’abaton (un terme grec signifiant « lieu pur ou inaccessible ») : l’accès y est interdit à toute personne de sexe féminin ainsi qu’à tout animal femelle, excepté pour des raisons pratiques les poules et les chattes.

    L’actuelle hystérie féministe voit dans cette interdiction « anachronique » le caractère machiste, discriminatoire et sexiste de la Sainte-Montagne. Dès 2002, une socialiste député grec au Parlement européen avait réclamé de l’assemblée une ferme condamnation. Athènes s’y opposa avec vigueur. En effet, la Grèce garantit les spécificités de ce « Tibet chrétien » reconnues par le traité de Lausanne en1923 et par les différents traités européens.

    Héritier de l’Empire byzantin dont il a gardé l’étendard doré à l’aigle impériale bicéphale, le Mont Athos est un État monastique autonome de 2 250 habitants qui se répartissent entre les vingt monastères d’origine grecque, russe, bulgare, roumaine, serbe, géorgienne et arménienne. Organe délibératif, sa Communauté sacrée réunit les représentants de chaque monastère. Quatre moines choisis pour un an forment la Sainte-Épistasie, l’instance exécutive présidée par un Protos.

    Classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1998, le Mont Athos concilie avec une harmonie certaine spiritualité, tradition et écologie. Des éoliennes discrètes et des panneaux solaires fournissent aux monastères leur propre électricité. Tandis que le Mont Saint-Michel croûle sous le tourisme de masse et que le Rocher de Saint-Michel d’Aiguilhe au Puy-en-Velay connaît pour l’instant une fréquentation somme toute supportable, le Mont Athos reste encore ce grand phare spirituel de l’Europe.

    Bonjour chez vous !

    • « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°58, diffusée sur Radio-Libertés, le 22 décembre 2017.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • « S’aimer soi-même signifie aussi aimer notre pays, notre nation, notre famille, notre culture et notre civilisation. »

    6a00d83451619c69e201b7c94031fb970b-200wi.jpgExtrait du message de Noël de Viktor Orban :

    « Le christianisme est une culture et une civilisation. Nous vivons dedans. Il ne s’agit pas de savoir combien de personnes vont à l’église ou combien prient honnêtement. La culture est la réalité de notre vie quotidienne … La culture chrétienne définit notre morale quotidienne ».

    Orbán a visé les ennemis de sa politique, qui prétendent qu’il n’est pas chrétien s’il ne permet pas «à des millions d’extra-européenne à s’installer en Europe» selon le commandement «aime ton prochain comme toi-même» .

    « Ils oublient la deuxième partie du commandement ». « S’aimer soi-même signifie aussi protéger tout ce que nous sommes et qui nous sommes. Nous aimer signifie que nous aimons notre pays, notre nation, notre famille, la culture hongroise et la civilisation européenne. »

    « Les bases de la vie européenne sont maintenant attaquées ».« Nous ne voulons pas que nos marchés de Noël soient renommés, et nous ne voulons absolument pas nous retrancher derrière des blocs de béton. Nous ne voulons pas que nos rassemblements de Noël soient entourées de peur et de détresse. Nous ne voulons pas que nos femmes, nos filles soient agressées le soir du Nouvel An « 

    « Ils veulent que nous arrêtions d’être ce que nous sommes. Ils veulent que nous devenions ceux que nous ne voulons pas être. Ils veulent que nous nous mélangions à des gens d’un autre monde ».

    « Les nations libres d’Europe, les gouvernements nationaux élus par des citoyens libres, ont une nouvelle tâche: protéger notre culture chrétienne. »

    « Pas pour les autres, mais pour nous-mêmes; pour nos familles, pour notre nation, pour nos pays et pour la «patrie de notre patrie» – pour la défense de l’Europe ».

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • L’AUTRICHE AVEC LE V4 CONTRE LA RELOCALISATION DES DEMANDEURS D’ASILE

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    Vienne voudra donc désormais, tout comme les capitales du V4, un retour aux fondamentaux de la Communauté européenne et un meilleur respect des souverainetés nationales.

    Sebastian Kurz, le jeune chancelier autrichien, l’a confirmé dans une interview donnée au tabloïd allemand Bild juste avant Noël, et c’est un joli cadeau de Noël pour tous les Européens : l’Autriche s’opposera à la relocalisation obligatoire des immigrants arrivés illégalement en Italie et en Grèce, car on ne peut pas imposer à un pays sa politique d’immigration et il faut aider les vrais réfugiés dans leur pays ou, en tout cas, sur leur continent. La position exprimée par celui qui préside à Vienne une coalition des droites incluant le parti national-conservateur FPÖ correspond exactement à la position défendue depuis plus de deux ans par les pays du groupe de Visegrád.

    Il pourrait, d’ailleurs, difficilement en être autrement au vu du programme de gouvernement signé par le parti de centre droit ÖVP de Sebastian Kurz et le FPÖ de Heinz-Christian Strache. Le FPÖ ayant pris la tête de six ministères, dont ceux de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de la Défense, ce parti qui prônait un rapprochement avec le V4 va forcément peser. Du reste, c’est en faisant de la lutte contre l’immigration et l’islamisation son cheval de bataille que Sebastian Kurz a réussi à damer le pion au FPÖ. Les deux partis sont donc désormais sur la même ligne, et c’est une ligne de droite.

    Pour ce qui est des affaires européennes, Vienne voudra donc désormais, tout comme les capitales du V4, un retour aux fondamentaux de la Communauté européenne et un meilleur respect des souverainetés nationales, avec plus de subsidiarité dans les décisions et une limitation des domaines d’influence des institutions européennes. Dans ce contexte, les propos très politiquement corrects de Sebastian Kurz dans le Bild sur la procédure de sanction lancée par la Commission contre la Pologne, au titre de l’article 7, sont surprenants, car un vote de l’Autriche contre la Pologne irait à l’encontre de ce programme. Mais il faut sans doute mettre ces propos sur le compte de la prudence du jeune chancelier qui commence tout juste à gouverner. Il n’a certainement pas oublié que l’article 7 du traité européen, qui permet potentiellement de suspendre les droits de vote d’un État membre de l’Union européenne, avait été rédigé après les sanctions inefficaces prises contre les Autrichiens en 2000 pour les punir d’avoir porté au pouvoir la même coalition qu’aujourd’hui. Au moment du vote au Conseil européen de février, il est improbable que Vienne accepte que l’on poursuive une procédure de sanction qui pourrait, plus tard, viser aussi l’Autriche. Il en va de même pour la Roumanie, dont le président europhile affirme qu’elle pourrait aussi être sanctionnée au titre de l’article 7, et encore, bien sûr, de la Hongrie contre laquelle le Parlement européen demandait, récemment aussi, une procédure de sanction au titre de l’article 7. À force de vouloir sanctionner tous les gouvernements menant une politique non conforme à l’idéologie dominante libérale-libertaire et immigrationniste, les gauches européennes (au sens large, englobant également les fausses droites dans le style des Républicains français) sont en train de vider l’article 7 de son sens et de diviser gravement l’Europe. La ligne de division est curieusement la même que pour la question de la relocalisation des migrants, et c’est une raison de plus pour que l’Autriche intègre pleinement « le camp du mal ».

    Reste à espérer une victoire de l’union des droites en Italie aux élections législatives de mars prochain. Le parti de centre droit Forza Italia de Silvio Berlusconi y est, en effet, allié à la Ligue du Nord (qui pèse autant que lui) et au parti nationaliste Fratelli d’Italia. Ces partis prônent, comme le FPÖ, un alignement sur les positions du groupe de Visegrád, aussi bien pour les questions d’immigration que pour la défense des souverainetés nationales. Cette coalition de droite est en tête dans les sondages, mais elle n’est pas sûre d’obtenir la majorité absolue.

    http://www.bvoltaire.fr/lautriche-v4-contre-relocalisation-demandeurs-dasile/

  • Stupéfiant !

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    Heinz-Christian Strache (FPÖ) et Sebastian Kurz (ÖVP), nouveaux vice-chancelier et chancelier autrichiens, et le président Alexander Van der Bellen, lundi 18 décembre à Vienne sous l’imposant portrait de Marie-Thérèse d’Autriche  

    On savait Emmanuel Macron disciple du philosophe Paul Ricœur. On ignorait qu’il était, en même temps, adepte de l’école péripatéticienne.

    Aristote déambulait en dissertant avec ses disciples dans les allées du Lycée  ; notre président déambule dans les couloirs de l’Élysée, entouré de caméras, pour répondre aux questions complaisantes d’un journaliste de la télévision d’État, le tout enregistré le mardi pour être diffusé le dimanche suivant. On n’est jamais trop prudent  ! En marche… vers feu l’ORTF  ? Il ne s’agit que d’une anecdote, mais elle en dit long sur cet art de la communication qui, inauguré sous Giscard, a remplacé la parole régalienne. Certes, il n’y a rien à retenir de ce vrai-faux entretien déambulatoire. Sinon qu’il faudra encore attendre deux ans pour espérer voir la courbe du chômage s’inverser – Hollande, sors de ce corps  ! Qu’il est temps de rattraper notre retard en matière d’énergies renouvelables et qu’on peut compter sur lui pour voir partout surgir de terre des éoliennes défigurant le paysage. Qu’ayant fait le don de sa personne à la France, il fait «  le maximum pour [nous] protéger, pour éviter que les conflits n’adviennent, pour préparer [notre] avenir commun, pour préparer le meilleur futur  ». Ou encore, «  que d’ici mi, fin-février, on aura gagné la guerre en Syrie  » – Bachar el-Assad et Vladimir Poutine ont été soulagés de l’apprendre.

    Le culte du Moi

    Pourquoi cet entretien maintenant  ? Alors que jamais la France n’a été aussi inégalitaire, comme l’a montré une passionnante enquête récemment publiée dans Le Monde, l’exécutif est en hausse dans les sondages, dans une période calme, c’est vrai, de discussion budgétaire, dont les décisions, bientôt définitivement votées, n’ont évidemment pas encore pu faire sentir leurs effets, surtout sur les classes moyennes. Macron joue sur le front international, plus consensuel car plus éloigné des Français, tandis que le Gouvernement fait dans la com’  : envers la «  France périphérique  », en se déplaçant à Cahors, économique et identitaire, en annonçant durcir la lutte contre les faux réfugiés. Peut-être Macron a-t-il jugé nécessaire, à la veille de nouvelles réformes, de focaliser les caméras sur sa personne, dans un exercice sidérant de culte du Moi. Apprentissage, formation professionnelle et assurance chômage, asile et immigration, réforme des institutions, sans oublier les dossiers néo-calédonien et corse, la décision sur Notre-Dame-des-Landes ou la rupture démagogique avec un consensus vieux de quarante-cinq ans sur le 90 km/h sur route  : Macron veut continuer d’aller vite en 2018 et a besoin pour cela de saturer l’espace pour apparaître comme le deus ex machina des maux de la France. Ce que confirme encore cet anniversaire fêté à Chambord, le château construit par François Ier, le «  prince architecte  », après la victoire de Marignan. Ne cessant de singer la fonction royale, dans l’espoir que les Français soient dupes, et déjà maître des horloges, Macron se pense aussi en nouvel architecte de la France. Voire en sauveur de la planète au moment où nous sommes, paraît-il, en train de perdre la lutte contre le réchauffement climatique, comme Superman l’a seriné lors du raout écologique et financier international («  One Planet Summit  » dans le texte) qu’il avait réuni à Paris la semaine dernière.

    Car la France ou les affaires internationales ne sont jamais, pour lui, que l’occasion de parler de lui-même. Le propos le plus révélateur de son entretien sur France 2, d’un point de vue clinique s’entend, a été  : «  [Les Français] ont décidé en mai dernier d’élire un président de trente-neuf ans qui sortait de nulle part. La France a stupéfait [sic] l’Europe et le monde par son choix.  » Macron serait donc, de son propre aveu, une personnalité stupéfiante. Quant à «  sortir de nulle part  », à moins que l’Inspection des finances, la banque Rotschild, le secrétariat général de la Présidence de la République ou le ministère de l’Économie ne soient «  nulle part  », Macron, peut, en effet apparaître comme un homme neuf  ! Au sens non pas romain de l’homo novus, bien qu’il le soit en un certain sens, mais plus prosaïque de celui qui n’aurait aucune responsabilité dans les politiques conduites avant son arrivée. Ce qui est évidemment un mensonge. Deux exemples parmi tant d’autres  : outre le bradage de notre industrie – secrétaire général puis ministre de l’Économie, il a livré la branche énergie d’Alstom aux Américains, avant de livrer, devenu président de la République, sa branche transports aux Allemands –, il était au secrétariat général de la Présidence, chargé, qui plus est, des questions fiscales, quand a été concocté ce «  scandale d’État  » (dixit son successeur Bruno Le Maire à Bercy) qu’est la taxe sur les dividendes des grandes entreprises, mise en oeuvre sous Hollande et déclarée inconstitutionnelle  ; facture pour l’État  : 10 milliards d’euros. Une enquête interne l’a évidemment blanchi.

    La recette autrichienne

    Alors, stupéfiant, Macron  ? En tout cas moins modeste qu’un jeune chancelier autrichien, le plus jeune dirigeant du monde, pour le coup – il a trente et un ans – qui, sans penser avoir stupéfié le monde, lui, réussit en quelques semaines ce que Merkel, avec toute son expérience, ne réussit plus en Allemagne  : former une coalition. Il est vrai que c’est avec les populistes du FPÖ, qui ont obtenu pour la première fois trois ministères régaliens – Intérieur, Défense et Affaires étrangères –, alors que l’Autriche présidera le Conseil de l’Union européenne au second semestre 2018. Paris, avec sa morgue habituelle – Macron avait déjà donné des leçons à la Pologne –, compte sur le respect des sacro-saintes «  valeurs européennes  » par l’Autriche. Loiseau, la ministre de l’Europe, y sera même «  très attentive  ».

    Occasion de nous interroger sur les grandes manœuvres qui agitent la “droite” française au lendemain de la victoire de Wauquiez, que Macron a particulièrement ciblé, lors de son soliloque déambulatoire, car il sait que la vraie menace pourrait venir du retour d’une droite de conviction, dont Wauquiez semble, à tort ou à raison, l’incarnation. Seul un avenir, qu’on peut supposer proche, car Wauquiez aura bientôt à prendre des décisions tranchantes en matière de positionnement idéologique, nous dira si le costume n’est pas trop grand pour cet ancien bébé Barrot, que sa large victoire à la tête de son parti avec un taux de participation honorable devrait inciter à jouer la carte d’une droite qui n’a plus peur de son ombre et ne cherche plus, inlassablement, son droit moral à l’existence dans le jugement léonin d’une gauche dont l’empire idéologique commence, seulement, à s’effriter après avoir failli sur les plans où elle était la plus attendue, économique et social. Mais renverser plusieurs décennies de honte de soi ne sera pas aisé. Si nous assistons, comme le montre le succès d’un récent dictionnaire, à un retour du conservatisme, le caractère ambigu d’un tel phénomène n’est pas sans interroger. La victoire de Macron au printemps dernier en est le signe  : s’il s’est fait élire au nom d’un progressisme assurément ringard, c’est qu’il a su instrumentaliser le besoin de dégagisme en assimilant le personnel politique sortant, dont il fait pourtant partie, à un passé politicien lui-même identifié au conservatisme, au profit d’une société civile qui n’est qu’un slogan. Lorsque la bulle Macron éclatera, seule une droite inflexible sur la question migratoire, tournée vers la question sociale, intransigeante sur le respect de l’identité nationale et de notre souveraineté et ouvertement décomplexée en termes d’alliances pourra susciter quelque espoir. Ce fut en tout cas la recette autrichienne.   

  • Angela Merkel cherche une alliance contre-nature

    merkel-und-schulz-300x194.jpgAprès deux mois de réunions, tergiversations, de manœuvres en tous genres, Angela Merkel n’a pas réussi à trouver un terrain d’entente pour former un gouvernement. Après un constat d’échec dû à une incompatibilité totale entre les écolos et les libéraux du FDP, elle déclara que de nouvelles élections seraient envisageables [1].

    Une parole imprudente

    À peine ces mots prononcés, elle commença à faire ses comptes en matière de répartition des votes. Dans cette approche, nos politiciens sont bien meilleurs que lorsqu’ils doivent apporter des solutions au quotidien sur les problèmes de société. Et bien vite elle s’est rendue compte qu’elle devait faire « arrière-toute » comme disent les marins. La conclusion était qu’une nouvelle consultation ne pouvait que bénéficier aux « populistes ». Car, comme disait François Mitterrand, fin connaisseur de l’âme humaine, « les vieux pêchés ont de longues ombres » et le dernier gouvernement de coalition formé entre le CDU de Merkel et le SPD de Schulz est loin d’avoir suscité l’enthousiasme populaire…

    Un échec électoral cuisant

    De ce point de vue, les dernières élections ont été une véritable « Bérézina » pour Angela Merkel, dont le parti perdait un quart de ses électeurs – du jamais vu depuis la création de la République Fédérale. Quant au SPD, il faut remonter à 1933 pour trouver un score aussi faible. Chacun des deux pensait que ces mauvais résultats étaient imputables à l’autre, rendant ainsi hautement improbable une nouvelle coalition qui les auraient réunis. Manque de pot, elle s’est mise dans une sorte de « corner ». Soit elle prend le risque de connaître une défaite encore plus cuisante en cas de nouvelles élections, soit elle va chercher une entente avec Schulz qui lui éviterait cette infamie. De son côté, l’intéressé sait que Merkel est dans un état de grande faiblesse et qu’elle ne peut rien lui refuser, y compris un projet de gouvernement très « ancré à gauche » du moins vu par les Allemands, mais en tout cas nettement divergent par rapport à la ligne traditionnelle du CDU.

    Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse

    Après tout, Angela Merkel peut se dire que l’essentiel est de sauver les apparences et d’habiller tout ça du respect « des valeurs de la République » en disant que c’est la seule façon de couper la route au populismeCe sont les gens comme elle qui accentuent jusqu’au point de rupture les tensions entre les gouvernants et les gouvernés. Qu’est-ce que cette attitude qui consiste, après avoir ramassé une claque électorale, à chercher à s’allier avec quelqu’un dont les idées sont opposées aux siennes, uniquement parce qu’on pense que les gens ne vont pas « bien » voter si on les reconvoque ? Et après, on nous parle de « démocratie », d’Europe (pour le bien de laquelle on serait conduit à agir ainsi) !

    Le précédent français des Régionales

    Ce n’est pas la première fois qu’on réunit des adversaires pour barrer la route au populisme, qui n’est (on veut nous le faire oublier) que l’expression du choix d’un peuple encore réputé – mais pour combien de temps ? – souverain. Souvenez-vous en 2015, lors des élections régionales, les socialistes (ou prétendus tels) préférant se faire « hara-kiri » plutôt que de laisser le Front National remporter certaines régions… Où est la « démocratie » dans cette attitude ? L’alpha et l’oméga d’une politique peuvent-ils être réduits à empêcher par tous moyens la montée inexorable de la volonté populaire ?

    Les masques tombent

    Une nouvelle réalité commence à apparaître. Le soi-disant combat droite/gauche n’est, dans les faits, qu’un combat factice de gens appartenant à la même idéologie euro-mondialiste. Ce ne sont que des postures destinées à masquer les objectifs réels et tromper les peuples. La seule cause pour laquelle « ces gens-là » agissent est celle d’un pseudo-libéralisme paré de toutes les vertus, alors que cette doctrine vise essentiellement à faire disparaître les États-nation. Les peuples sont en train de s’en apercevoir, mais… auront-ils le temps de réagir avant qu’il ne soit trop tard ?

    Il est permis de l’espérer car certains signes témoignent de ce réveil.

    Le BREXIT, puis l’avènement de Donald Trump aux États-Unis, les élections en Autriche, aux Pays-Bas, dans les pays de l’Europe de l’Est, sont autant de faits qui le démontrent. L’attitude de la Chine (qui commence à contester la suprématie du dollar et du système des banques centrales indépendantes) va dans le même sens. Les fameux traités de libre-échange, donnant un pouvoir exorbitant aux entreprises multinationales n’ont plus « le vent en poupe ».

    Incontestablement, le monde est en train de changer et les peuples entendent bien conserver – voire reconquérir – leur souveraineté.

    Jean Goychman 01/12/2017

    [1] http://reinformation.tv/allemagne-merkel-schulz-grande-coalition-vote-populaire-mille-77610-2/

    https://www.minurne.org/?p=13227

  • CATALOGNE : RETOUR VERS LE FUTUR !

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    Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat

    Ca y est, c’est fait. Attendue, espérée, la clarification de la situation politique par les urnes en Catalogne a tourné au cauchemar au soir du jeudi 21 décembre 2017. La vox populi a offert à la Catalogne et à l’Espagne la pire des situations ! Si les partis hostiles à l’indépendance sont majoritaires en voix, près de 52 %, ils sont minoritaires en sièges au Parlement local de Barcelone. Une solution, provisoire, schizophrénique !

    Examinons de plus près les résultats des uns et des autres. Les séparatistes, qui retrouvent quasiment leur dernier score avec 47,6 % des 82 % de votants, obtiennent 70 des 135 sièges du Parlement régional, soit deux de plus que la majorité absolue, mais deux de moins qu’en 2015. Ils posent un défi majeur à l’Espagne et affrontent, une fois de plus, Mr Mariano Rajoy, chef du gouvernement central de Madrid et administrateur, provisoire, de la Généralité. Au sein de cette coalition indépendantiste, les électeurs ont placé en tête avec 34 députés, la liste « Ensemble pour la Catalogne », celle justement de Carles Puigdement, le Président destitué qui vient d’être réélu député. « L’Etat espagnol a été vaincu. Rajoy et ses alliés ont perdu le plébiscite qu’ils cherchaient », a-t-il déclaré depuis Bruxelles où il est exilé.

    Une opposition majoritaire en voix, minoritaire en sièges

    Le camp unioniste est dispersé. Le Parti populaire du Premier ministre espagnol subit une « raclée » majeure en ne retrouvant que trois fauteuils de parlementaires sur les huit sortants. PODEM, « Catalogne en commun », le parti de la maire de Barcelone, la gauchiste Ada Colau, qui est favorable à un référendum d’autodétermination mais hostile à l’indépendance, a obtenu huit sièges. En revanche, le jeune parti CIUDADANOS emmené par la brune Ines Arrimadas , caracole en tête des opposants à la sécession avec 25 % des voix et 37 députés. Mais, même en ajoutant les sièges de tous ces mouvements, ils n’en cumulent que 57. C’est la quadrature du cercle….

    Fracturée, la Catalogne sera difficilement gouvernable

    Sur le papier, il y a une majorité. Conduite par qui ? Le leader sortant, Puigdemont, est toujours poursuivi pour «  rébellion, sédition et malversation de fonds publics » pour avoir organisé un référendum illégal. Son Vice-président issu de la gauche radicale, qui vient d’être comme lui réélu, est toujours sous les verrous. Il avait mené campagne depuis sa cellule grâce aux….tweets ! Au moment où ces lignes sont écrites, Rajoy et Puigdement, séparément bien sûr, vont s’exprimer. L’enjeu est énorme, et aucun des deux ne veut et ne peut perdre la face. Il n’y a plus, désormais, d’alternative : il faut, une fois pour toutes, trancher dans le vif. La seule solution réside désormais, selon nous, dans l’organisation légale d’un référendum constitutionnel sur, effectivement, oui ou non, la séparation de la Catalogne d’avec l’Espagne. Ceux qui ont joué avec le feu, qui bénéficient, encore, d’un injuste découpage électoral favorisant la province contre Barcelone, la ruralité contre les villes catalanes à l’exception de Gérone, fief de Puigdemont, en seront pour leurs frais : il n’y a pas, « aujourd’hui et maintenant », de majorité pour l’indépendance.

    Les indépendantistes Corses comme ceux du FLNKS auraient tort de se réjouir prématurément

    On sait que le dimanche 3 décembre, les électeurs corses ont voté majoritairement pour la liste coagulant autonomistes et indépendantistes, enfin ceux qui se sont déplacés, car un inscrit sur deux n’a pas voté ! Alors, Messieurs Siméoni et Talamoni, les deux Présidents sortants de l’exécutif et du « législatif » corses, peuvent bien pérorer, se réjouir, se congratuler, se féliciter de leur performance, « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». La seule satisfaction que l’on puisse ressentir à l’issue de ce scrutin marqué par un recul considérable du Front National qui, avec 3 % des suffrages, n’obtient aucun siège, - alors que sa Présidente avait été en tête lors de l’élection présidentielle du printemps dernier-, c’est que les institutions politico-administratives de la collectivité territoriale corse sont simplifiées. En effet, départements et région fusionnant, leurs compétences s’additionnent.

    En Nouvelle-Calédonie, le Premier ministre Edouard Philippe a fait la « tournée des popotes ». En 2018 , l’île et ses dépendances se prononceront sur leur maintien ou non au sein de la République française. Si la question était clairement posée, il ne fait aucun doute que les électeurs, toutes ethnies confondues, voteraient contre l’indépendance. Mais la question posée n’est pas encore rédigée et tout dépendra des options présentées au peuple géographiquement mêlé, des Canaques, des « caldoches », des Wallisiens et autres indonésiens. Dans les deux cas touchant la plus proche comme la plus éloignée de nos îles, l’intégrité de notre territoire est menacée. Nous ne ne pourrons pas plaire à tout le monde. Quand je dis « nous », ce sont les patriotes, ce sont les Français attaché à l’unité de leur pays, qu’il soit continental ou… « exotique ». Mais les réalités historiques comme géographiques nous commandent d’être pragmatiques.

    On ne gouverne pas des îles comme la Seine-et-Marne ou le Loir-et-Cher ! Il y a dans ces zones aux caractères culturels bien trempés, parfois, opposés, des spécifiés dont il faut, nécessairement, tenir compte. Justement, l’autonomie, l’autogouvernement pour les questions qui ne relèvent pas du domaine régalien, offrent des solutions susceptibles de contenter tout le monde : ceux qui veulent que l’unité nationale soit respectée et, « en même temps » comme dirait Emmanuel Macron, ceux qui veulent «  de l’air » pour régler localement leurs affaires administratives, économiques et politiques. De plus, rien n’empêcherait, sous réserve de modification institutionnelle, que ces possessions insulaires puissent directement coopérer avec leurs voisins dans un dialogue régional fructueux : Cagliari n’est pas loin d’Ajaccio, Nouméa n’est pas très éloignée de Port Vila ! C’est tout le mal que l’on peut souhaiter à ces deux perles du collier français !

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • LA POLOGNE BANNIE

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    À l’encontre de la Pologne, la Commission européenne a déclenché l’article 7 du traité de l’Union européenne qui, s’il était voté, pourrait déboucher sur une suspension des droits de vote au sein du Conseil de l’Union, l’instance regroupant les vingt-huit.

    Notons que cette procédure avait été inventée en 2000 à la suite des tensions entre l’Union européenne et l’Autriche lorsque l’extrême droite était au pouvoir à Vienne. Cette remarque n’est pas sans intérêt car, maintenant, le gouvernement polonais est contrôlé par le PiS « ultra-conservateur ». Il s’agit donc, dans le cas polonais, de mettre au pas un pouvoir nationaliste, voire « populiste ».

    Le prétexte invoqué par la Commission est que le gouvernement polonais risque de violer l’État de droit en Pologne et de ne pas respecter les « valeurs de l’Europe ».

    On est en droit de se demander, d’ailleurs, qui définit les valeurs de l’Europe.
    Il est reproché à la Pologne, par des réformes votées, de soumettre la Justice au pouvoir politique. La Pologne a, en fait, adopté au début de décembre la refonte du Conseil national de la magistrature, chargé de la nomination et de la déontologie des juges, et de la Cour suprême. Il a aussi abaissé l’âge de la retraite des juges, ce qui en a poussé beaucoup dehors. La Pologne défend sa liberté de réformer une magistrature décrite comme une « caste » corrompue.

    Il est assez piquant de voir la France pousser à cette condamnation alors que l’indépendance de la justice, en France, est plus que douteuse. D’une part, le parquet relève de la Chancellerie, d’autre part nombre de juges sont affiliés à des syndicats souvent gauchistes, comme le Syndicat de la magistrature. D’ailleurs, l’expérience récente montre que souvent l’« extrême droite » est victime d’un harcèlement judiciaire qui, à l’évidence, n’est pas innocent.

    Quand à l’État de droit, il est en France bien écorné : notre pays est la cible constante d’attentats terroristes, on dénombre des dizaines de zones de non-droit où l’ordre public n’est pas respecté, et la France est incapable d’expulser les clandestins qui sont des centaines de milliers. On a rétabli le délit d’opinion, voire le blasphème, et des groupes de pression constitués par les communautés et les minorités interdisent de dire quoi que ce soit.

    L’autre reproche fait à la Pologne est la prise en main des médias par l’État, ce qui, venant de la France, est au moins amusant tellement il est évident que l’ensemble des médias est entre les mains d’intellectuels de gauche et que les journaux sont subventionnés par l’État.

    En fait on s’en prend à la Pologne car, à l’instar de nombre de pays de l’Est – Hongrie, Slovaquie, République tchèque, Autriche -, elle résiste à l’invasion et aux attaques contre ses valeurs et son mode de vie, ce qui ne peut pas plaire aux universalistes européens.

    http://bvoltaire.com/la-pologne-bannie/

  • Mathieu Bock-Côté: « Finkielkraut, voilà l'ennemi !»

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    1841033494.jpgTRIBUNE - Ayant déclaré dimanche [10.12] que « les non-souchiens brillaient par leur absence » lors de l'hommage rendu à Johnny, Alain Finkielkraut a déclenché la polémique. Pour Mathieu Bock-Côté [Figarovox, 14.12], l'indignation médiatique est avant tout un prétexte pour faire du philosophe un paria. Ce qu'il nous paraît dénoncer ici avec force, c'est en quelque sorte le totalitarisme qui s'est emparé de nos sociétés modernes ou postmodernes et qui prétend imposer silence à l'intelligence et au courage. A noter que Maurras avait imaginé l'avènement d'un tel « âge de fer » tyrannique, ou âge barbare, dans son Avenir de l'intelligence.  LFAR 

    La simple présence d'Alain Finkielkraut dans l'espace public semble aujourd'hui faire scandale. À gauche de la gauche, on a cessé d'écouter ses arguments mais on scrute sans cesse ses propos à la recherche de ce que le système médiatique nomme un dérapage, ou du moins, pour trouver quelques propos controversés qui justifieront sa mise au pilori pour quelques jours. L'objectif, c'est de faire du philosophe un paria, de le discréditer moralement, de le transformer en infréquentable, qui ne sera plus convoqué dans le débat public qu'à la manière d'un repoussoir, sans cesse obligé de se justifier d'exister.

    Celui qui s'est imposé au fil des décennies à travers une critique subtile et mélancolique de la modernité et de sa tentation démiurgique est transformé en commentateur ronchon contre lequel on justifiera toutes les moqueries. On ne prend pas la peine de le lire et on attend simplement le moment où on pourra le lyncher pour de bon. Pour les patrouilleurs zélés du politiquement correct, qui distribuent sans cesse les contraventions idéologiques, Alain Finkielkraut n'est plus le bienvenu dans le débat public.

    C'est à la lumière de cette aversion de plus en plus revendiquée pour Alain Finkielkraut qu'on peut comprendre la tempête médiatique qui le frappe ces jours-ci. On le sait, dans le cadre de son émission hebdomadaire sur RCJ, où il répond aux questions d'Elisabeth Lévy, le philosophe est revenu sur l'hommage national rendu à Johnny Hallyday en cherchant à décrypter une passion qui lui était étrangère. Finkielkraut a aussi noté, comme d'autres, que la communion populaire autour de Johnny Hallyday révélait aussi les failles de la communauté nationale. En gros, Johnny Hallyday était plébiscité par la France périphérique, qu'il aura longtemps fait rêver d'Amérique et d'aventure, mais ignoré par la France issue de la diversité, ou si on préfère le dire moins pudiquement, par celle issue de l'immigration. Il a pour ce faire employé ironiquement le terme « sous-chien » inventé par Houria Bouteldja pour qualifier « les Français de souche » et donc celui de « non souchien » pour ceux qui ne le sont pas. Cette ironie n'a pas été comprise, elle était peut-être malheureuse, plus largement on peut partager ou non son analyse, la trouver pertinente ou insuffisante: telle n'est pas la question.

    Nous ne sommes pas dans une controverse honnête et loyale, dans une correction bienveillante mais dans une volonté délibérée de nuire. Les ennemis de Finkielkraut n'allaient pas se priver de fabriquer un scandale artificiel de part en part pour lui faire un mauvais procès en racisme. On l'a d'un coup décrété double maléfique des Indigènes de la République. Les enquêteurs de la police de la pensée et les milliers de délateurs qui les alimentent et les applaudissent sur les réseaux sociaux étaient extatiques: enfin, ils tenaient leur homme. Enfin, ils avaient devant eux le dérapage de trop. Enfin, Finkielkraut venait de tomber dans un piège dont il ne sortirait pas.

    Il ne vaut même pas la peine de revenir sur le fond du propos tellement il suffit d'un minimum de jugement et de bonne foi pour savoir qu'il n'a jamais tenu le moindre propos raciste dans son commentaire de l'hommage à Johnny Hallyday et qu'il s'est contenté de reprendre de manière moqueuse et au deuxième degré le vocabulaire de ceux qui le conspuent. Que ce qu'il a dit ne diffère en rien du jugement, sur le sujet, d'un Laurent Joffrin ou de Dominique Bussereau.

    Cela dit, la tempête Finkielkraut du moment est intéressante pour ce qu'elle révèle du dérèglement de la vie publique, et cela, pas seulement en France mais à la grandeur du monde occidental. D'abord, on y voit l'importance du buzz comme phénomène médiatique. Une petite phrase arrachée à son contexte et mise en circulation sur internet peut déclencher une marée d'indignation, chacun s'ajoutant alors à la meute en expansion des indignés, qui veulent à tout prix envoyer un signal ostentatoire de conformité idéologique au politiquement correct.

    Une société allergique au pluralisme politique et idéologique

    On s'indigne, on hurle, on exige une punition exemplaire contre celui qui vient de transgresser le dogme diversitaire et la vision irénique du vivre-ensemble. On assiste même au retour de la gauche pétitionnaire à grande échelle. C'est ainsi qu'on a vu une pétition circuler sur internet pour que Finkielkraut soit viré de l'Académique française. Ceux qui la signent ont alors le sentiment gratifiant d'avoir eux-aussi pu cracher sur le philosophe jugé galeux. Les médias sociaux ont redonné vie à la foule lyncheuse. Disons-le autrement : elles transforment en action vertueuse la lapidation virtuelle. Il s'agit d'écraser symboliquement le dissident, de provoquer sa mort sociale.

    On y revient, la tentation lyncheuse qui s'exprime sur les médias sociaux correspond à une réhabilitation de l'ostracisme dans une société de plus en plus allergique au pluralisme politique et idéologique. Il faut être progressiste ou se taire. Il faut chanter les louanges du multiculturalisme et ne jamais noter les lézardes sociales qu'il engendre ou se fermer la gueule. Il faut tweeter dans le sens de l'histoire ou se tenir éloigné de son clavier. Et si on pense autrement, si on critique, si on se moque, si on ironise, même, on sera accusé d'être un provocateur, un polémiste, même, et d'avoir bien cherché sa mauvaise réputation. On se fera coller une sale étiquette qu'il faudra porter à la manière d'un symbole d'infamie.

    Il y a là une forme d'intolérance primitive qui se maquille en tolérance supérieure. On ne se surprendra pas, alors, que les réflexes d'autocensure se développent autant chez tant d'intellectuels qui redoutent d'avoir à subir à leur tour une pluie de crachats, pour peu que quelques esprits mal tournés ne comprennent pas ce qu'ils ont voulu dire et lancent contre eux une campagne de diffamation.

    L'ensauvagement de la vie publique qui se révèle à travers l'effrayante muflerie des réseaux sociaux témoigne purement et simplement d'une régression de la vie démocratique. Et c'est en bonne partie parce qu'il ose braver cet environnement toxique qu'Alain Finkielkraut est admirable. Nous sommes devant un philosophe de grande valeur, nous le savons. Mais il arrive souvent que les meilleurs philosophes n'aient pas un caractère à la hauteur de leur intelligence. Ce n'est pas le cas d'Alain Finkielkraut, qui fait preuve d'un courage civique exemplaire et qui ose aller dans l'espace public pour penser notre temps tout en sachant qu'il n'en sortira pas indemne. Il croit à la discussion, à l'affrontement des idées, et il a toujours le souci, comme on le constate chaque samedi à Répliques, de donner la parole au camp adverse. Ceux qui lui répondent par des injures et qui en appellent à son exécution publique ne nous disent finalement qu'une chose : ils ne sont pas à la hauteur du défi qu'il leur lance.  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2017/12/21/mathieu-bock-cote-finkielkraut-voila-l-ennemi-6010472.html