Europe et Union européenne - Page 671
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Détritus laissées par les migrants à Szeged (Hongrie)
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A message for all patriots, from France. FR/EN
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Populisme. À gauche aussi… par Georges FELTIN-TRACOL
Samedi 26 novembre à Strasbourg, vous êtes pris !
Invité par le GUD – Alsace à 17 h 30, Georges Feltin-Tracol tiendra une conférence sur « Abattre l’UE pour sauver l’Europe ». Il dédicacera ensuite ses derniers ouvrages. PAF : 5 euros.
Venez nombreux !
Chers Amis de Radio-Libertés,
Le Système le ressasse jusqu’à la satiété. Cumulant des facettes conservatrices, traditionalistes, réactionnaires, nationalistes, rétrogrades, une vague populiste irrésistible se répand en France, en Allemagne, en Italie, en Suisse, en Grande-Bretagne, en Belgique et même aux États-Unis. Or ce soi-disant mal politique pernicieux, qui n’est pas une idéologie mais plutôt une sensibilité politique, ne se limite pas aux seules « droites radicales ». Il se manifeste aussi à gauche.
En Grèce, avant de se plier avec complaisance au joug germano-bancaire de la sinistre Troïka, Syrizaen symbolisait la version hellénique. En France, Jean-Luc Mélanchon s’affirme en candidat de la « France insoumise » et prend des accents buissoniens au sujet des travailleurs détachés et des migrants. En Allemagne, bien que désavouée, la députée fédérale du parti Die Linke, Sahra Wagenknecht, maintient ses vives critiques de mai 2016 contre la folle politique migratoire de Merkel. En Grande-Bretagne, Jeremy Corbyn vient de remporter une victoire éclatante qui renforce sa légitimité à la tête du Parti travailliste en dépit d’une tentative d’éviction fomentée par des parlementaires déconnectés des milieux syndicaux et populaires. Républicain, pacifiste, végétarien, anti-OTAN, pro-Palestinien et eurosceptique convaincu, Corbyn approuve l’immigration, défend l’unification de l’Irlande et met dans les poubelles de l’histoire l’infâme blairisme social-libéral. Quant à la Belgique, elle pourrait voir en 2018 l’entrée au Parlement du Parti du Travail, l’ultime formation néo-maoïste d’Europe. En Islande, les législatives anticipées du 29 octobre dernier ont vu l’entrée en force des dix députés du Parti pirate. Inventé en 2006 en Suède, le terme recouvre souvent des intérêts politiques variables selon les pays.
Mais c’est en Espagne où le populisme de gauche demeure le plus fécond. Sur cette vieille terre anarchiste, cet « autre populisme » se décline en plusieurs variantes : ethno-communistes chez les Basques proches d’ETA; indépendantiste radicale pour la CUP (Candidature d’unité populaire) catalane; sociale et protestataire avec Podemos. Aux législatives de décembre 2015, la formation de Pablo Iglesias effectua une véritable percée, suite à une campagne résolument tournée contre l’Établissement. Aux législatives suivantes de juin 2016, ce parti perdit plusieurs milliers de voix, car Iglesias s’était associé à La Gauche unie, l’antique coalition écolo-communiste, et renoncé à tous propos trop virulents. Cependant, la crise interne qui secoue les socialistes espagnols entre une direction révoquée, hostile à tout compromis avec la droite, et des barons locaux prêts à des concessions, pourrait relancer Podemos et en faire la future opposition à Mariano Rajoy.
Le populisme de gauche s’est enfin trouvé sa théoricienne, la philosophe belge Chantal Mouffe qui a déjà contribué à la revue Krisis d’Alain de Benoist. Avec son compagnon aujourd’hui décédé, l’Argentin Ernesto Laclau, elle a posé les bases théoriques d’un populisme de gauche. Chantal Mouffe qui se réfère à Carl Schmitt, admet proposer « un populisme de gauche, affirme-t-elle dans Fakir (septembre – octobre 2016), avec un “ nous ” qui inclut les immigrés, mais qui pointe comme adversaires les multinationales, les grandes fortunes, “ ceux d’en bas ” contre “ ceux d’en haut ” ». Sa suggestion est hélas bien trop limitée. Hormis le cas particulier italien, le populisme, comme toutes les manifestations politiques de la Modernité, conserve une malencontreuse et incapacitante hémiplégie.
Bonjour chez vous !
Georges Feltin-Tracol
• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 8, diffusée sur Radio-Libertés, le 10 novembre 2016.
http://www.europemaxima.com/populisme-a-gauche-aussi-par-georges-feltin-tracol/
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Donald Trump, Marine Le Pen et une période d’incertitude
C’est un nouveau monde qui s’ouvre devant nous. Ou du moins, pour ces médias qui n’ont rien vu venir, chaque jour ressemble un peu plus à une exploration de la Terra Incognita que représente maintenant chaque consultation du peuple souverain. Malheureusement pour eux, l’année n’est pas finie et celle qui suit promet, là encore, tant de douloureux rebondissements possibles qu’on sent poindre chez les gentils animateurs du Camp du Bien comme un petit vent de panique.
Bien sûr, ce vent de panique s’explique facilement compte-tenu des bouleversements que le nouveau venu provoque : Trump voulant renoncer à certains traités internationaux, cela explique les réactions outrancières de tant de journalistes et de politiciens qui, pourtant, voudraient bien qu’on renonce à certains traités internationaux. Trump étant isolationniste, tous nos journalistes, régulièrement épris d’anti-américanisme, tremblent de peur à l’idée que l’Amérique s’isole et qu’il n’y aura peut-être plus de bombardements au Moyen-Orient, ou quelque chose comme ça…
Bref, la confusion règne en maître et on comprend sans mal que Trump au lieu de Clinton, ça bouscule non seulement du chaton, mais ça froisse autant la génération 68, qui jacasse chez nous, qu’elle « trigge » la génération Flocon de Neige outre-Atlantique.
Mais surtout, stupeur et cassoulet froid, cela remet sur la table l’hypothèse d’une accession de Marine Le Pen au pouvoir ! Eh oui : dans l’esprit simple (simplet ?) de la classe médiatique et politique actuelle, puisque Donald Trump a été taxé de populisme et qu’il en va de même en France avec Marine Le Pen, puisque le Donald est (évidemment) un gros fasciste et qu’on sait que la Marine est (évidemment) une grosse fasciste, ce qui est arrivé à l’un pourrait (évidemment) arriver à l’autre.
Horresco referens, les journaux de gauche tremblent. HuffingtonPost, L’Express, l’Obs, et même le petit dernier avatar payé avec vos sous, FranceTVinfo.
L’analyse des chroniqueurs politiques de nos superbes médias sur-subventionnés est d’ailleurs validée, sans souci, par rien moins que Le Président De La République Fromagère Française puisque, comme le rapporte le Monde, même pour François Hollande, la victoire de Trump « ouvre une période d’incertitude »
Eh oui : initialement, tout le monde a interprété les bredouillis hésitants du petit rondouillard comme un jugement personnel du chef de l’État français à l’égard du nouveau locataire de la Maison Blanche, qui serait, dans cette hypothèse, facteur d’agitation ou d’inquiétude dans le monde et dans son pays. Peut-être. Mais surtout et avant tout, la vraie pensée du politicien est que Donald Trump incarne un vote jusqu’à présent impensable par la classe jacassante qui devient possible, et qui ne se transpose que trop bien en France en laissant entrevoir un vote majoritaire pour Marine Le Pen.
Or, ça, c’est de l’incertitude qui pèse bien plus que tout le reste sur les épaules boudinées du petit François : se représenter, même avec 4% de satisfaits, il peut encore le faire, d’autant qu’il a été hontectomisé très jeune. Cependant, Trump élu, c’est aussi prendre le risque de faire élire Marine Le Pen, au deuxième tour, en face de lui… Et pour Hollande, devoir perdre devant Marine Le Pen, voilà qui serait une humiliation sans borne, d’autant qu’il ne commence que maintenant à intégrer cette possibilité, palpable, dans ses petits calculs politico-politiciens.
Bref, il apparaît à présent que les médias et la classe politique prennent violemment conscience que tout pourrait ne pas se dérouler comme prévu pour eux.
Cependant, comparaison n’est pas raison. Marine Le Pen n’est pas Donald Trump, loin s’en faut.
Oh, certes, l’un et l’autre personnage ont tous les deux une vision bien arrêtée de ce qu’il faudrait faire concernant l’immigration. L’un et l’autre ont expliqué assez clairement ce qu’ils pensent être bon en matière de protectionnisme. Et tous les deux n’ont jamais eu l’occasion d’exercer un mandat présidentiel. Pour Trump, on va donc pouvoir jauger en grandeur réelle de sa détermination et de sa capacité à tenir ses promesses. Pour Le Pen, l’élection n’est pas encore dans la poche.
En effet, si Donald peut se targuer d’avoir bâti un empire, et d’en avoir le cuir tanné, ce n’est pas du tout le cas de Marine qui est bel et bien une politicienne jusqu’au bout des ongles. La carrière politique de l’une aura bien du mal à faire oublier la carrière industrielle et financière de l’autre. Si le second a pu se réclamer du peuple, et savoir de quoi il parlait lorsqu’il évoquait l’entreprise et le capitalisme, le sujet promet d’être ardu pour Marine qui ne connaît ni l’une, ni l’autre.
D’autre part et plus fondamentalement, on comprend lorsqu’on lit le programme de Trump que malgré une tendance étatiste indéniable et largement présente dans ses propositions, il lui apparaît nécessaire de diminuer le poids des impôts, des taxes, et d’une législation galopante (sa proposition de ne créer une nouvelle loi qu’avec l’assurance d’en supprimer deux anciennes est une bonne idée, par exemple). N’imaginez même pas voir un jour ce genre de propositions dans le giron du FN ou de la part de Marine Le Pen : l’étatisme y est puissamment implanté.
Enfin et surtout, la structure du vote français est fondamentalement différente du vote américain ce qui a permis à Trump de se jouer du système qu’il connaît bien. Le vote français, direct et en deux tours, signifie que la candidate du Front National devra rassembler bien au-delà de sa famille pour espérer l’emporter. Concrètement, elle devra viser 18 millions de votants, soit, grosso modo, trois fois son score actuel (modulo une abstention à peu près équivalente aux autres scrutins). Autrement dit, s’il y a un effet Trump en France, Marine Le Pen a peu de chance d’en bénéficier à moins d’une abstention record.
Il semble encore bien trop tôt pour déterminer de quoi l’élection présidentielle française sera faite. D’ici mai 2017, de nombreux paramètres sont encore incertains. Trop nombreux sont les candidats sur les rangs, et certains ne se sont toujours pas déclarés.
En outre, la dynamique des votes peut se modifier grandement en fonction du contexte économique ou international ; en cela, l’élection de Trump apporte, elle aussi, son lot d’incertitudes, comme le dirait Pas De Bol Hollande. La situation internationale peut s’améliorer ou s’embraser, accroissant le risque d’attentats en France, ce qui modifierait certainement l’opinion publique et obligerait les candidats à se positionner plus crûment sur des sujets éminemment glissants, électoralement parlant. La situation économique peut s’améliorer ou (Pas De Bol) continuer à se détériorer, accroissant le mécontentement des Français pour l’équipe en place ou les demi-mesures palotes proposées par nos candidats sépias.
En tout cas, il paraît donc particulièrement hasardeux de faire un rapprochement entre l’élection d’un magnat de l’immobilier au discours populiste plutôt conservateur et une politicienne de carrière au discours carrément socialiste.
Bien sûr, si les médias, dans leur immense clairvoyance, tiennent les mêmes discours, observent le même comportement général vis-à-vis de Marine Le Pen et de ses électeurs que ce que furent ses discours et ses comportements pour les électeurs du Brexit ou ceux de Trump, si la déferlante d’imbécilité et de remarques contre-productives est la même, alors oui, le résultat final pourrait être surprenant. Les pleurs et les grincements de dents auront ensuite beaucoup de ressemblance avec ce qu’on peut voir aux États-Unis ces derniers jours.
Ainsi, si nos médias se contentent de jeter l’anathème sur Marine Le Pen et ses électeurs, pourtant de plus en plus nombreux, en insultant copieusement ceux qui votent pour elle, ils ont toutes les chances de ne surtout pas aborder les problèmes de fond, bref, de refaire exactement les mêmes erreurs que celles qui furent faites en Grande-Bretagne puis aux États-Unis.
J’écrivais dans un précédent billet que les leçons pour les médias ne seront pas tirées, les comportements ne seront pas adaptés et que la grille de lecture restera la même. Et partant, la trajectoire étant la même, obtenir un résultat totalement différent de ce à quoi tout le monde s’attend ne semble plus improbable. Ici, on pourrait gloser à bon compte sur Juppé, LE candidat « proposition des médias » par excellence : jolie surprise et beau pied-de-nez s’il ne passait pas le second tour de la primaire, n’est-ce pas ?
Autrement dit, si rien ne change, au contraire de ce que prétend François Hollande, une surprise (de tout ordre) n’est pas incertaine, elle est plutôt garantie sur facture.
http://www.voxnr.com/5979/donald-trump-marine-le-pen-et-une-periode-dincertitude
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Coup de tonnerre dans le ciel européen: le tournant pro-russe?
La Bulgarie entre en territoire inconnu lundi après la démission de son premier ministre, l'europhile Boïko Borissov, et l'élection dimanche d'un président novice, au discours conciliant vis-à-vis de la Russie.
Le premier ministre conservateur bulgare Boïko Borissov, admirateur déclaré de la chancelière allemande Angela Merkel, a remis sa démission ce lundi au Parlement, deux ans avant la fin de son mandat et au lendemain de l'élection présidentielle. Le vainqueur du scrutin de dimanche, Roumen Radev, 53 ans, n'entrera lui en fonction que le 22 janvier. Mais son programme s'annonce déjà chargé, et des élections législatives semblent inévitables.
La confortable victoire de Radev - ancien chef de l'armée de l'air soutenu par les socialistes (PSB, ex-communiste) - par près de 60% des suffrages, a sonné comme un désaveu cinglant pour le premier ministre au pouvoir depuis fin 2014, qui soutenait pour sa part la candidature de la présidente du Parlement, Tsetska Tsatcheva. Roumen Radev a notamment bénéficié du mécontentement suscité par le gouvernement de centre-droit dont les efforts en matière de lutte anti-corruption et de réorganisation du secteur public auront été jugés trop lents. Cette victoire traduit également un «contexte international qui encourage la volonté de changement», selon Parvan Simeonov, directeur de l'institut Gallup, qui cite «l'écroulement des autorités traditionnelles en Europe occidentale» et l'élection de Donald Trump, aux États-Unis.
Les premiers pas de Roumen Radev sont attendus sur la scène européenne après la volonté de dialogue avec la Russie manifestée durant sa campagne. Son message anti-immigration et favorable à l'abandon des sanctions européennes contre Moscou a rencontré un écho inattendu parmi les Bulgares à l'heure où l'Union européenne doit composer avec le Brexit et la montée des partis nationalistes. Dès dimanche soir, Roumen Radev a confirmé son engagement à «travailler en vue d'une levée des sanctions» contre la Russie. «L'appartenance de la Bulgarie à l'UE et à l'Otan n'a pas d'alternative, ça ne signifie pas que nous devons nous déclarer ennemis de la Russie», avait-il affirmé durant la campagne.
Dans le système parlementaire bulgare, c'est bien le gouvernement qui définit la politique générale, sur le plan intérieur comme en matière de relations internationales. Le président est quant à lui chef des armées et représente le pays à l'étranger. Cette répartition des compétences fait douter le politologue Antoniy Todorov d'un quelconque tournant prorusse de la Bulgarie, membre de l'Union européenne et de l'Otan: «Il n'y aura pas de revirement en matière de politique étrangère» car «le président n'a pas de tels pouvoirs». Pour Evgueni Daynov, analyste et directeur du Centre de pratiques sociales, «les déclarations du général Radev ont été surinterprétées», et le nouveau président a «un raisonnement européen et pro-atlantique», affirme-t-il.
Sans être antieuropéen, le parti socialiste bulgare, qui a porté la candidature de Roumen Radev, est une formation russophile. Mais il n'est pas donné favori pour les législatives anticipées. Ces élections devraient être organisées à partir de mars 2017. Le parti Gerb de Boïko Borissov est crédité des meilleures chances de victoire.
La victoire annoncée d’Igor Dodon, candidat ouvertement prorusse à l’élection présidentielle moldave, a bien eu lieu. Dimanche soir 13 novembre, les premiers résultats donnaient au dirigeant du Parti des socialistes moldaves un score de 56,5 %, contre 43,5 % à sa rivale pro-européenne, Maia Sandu. Celle-ci a pu espérer un miracle avec une participation en forte hausse chez les jeunes, mais elle n’améliore que peu son résultat de 38 % obtenu lors du premier tour le 30 octobre. M. Dodon, lui, avait rassemblé 47 % des suffrages.
Signe de la polarisation extrême du scrutin, les deux candidats ont dénoncé, en début de soirée, des fraudes, et le manque de bulletins disponibles pour les nombreux électeurs de la diaspora, réputés plus favorables à l’intégration européenne du pays et donc à Mme Sandu.
Ancien ministre de l’économie et du commerce qui a commencé sa carrière en soutenant le rapprochement de la Moldavie avec l’Union européenne, M. Dodon, 41 ans, entend convoquer « rapidement » un référendum consultatif sur « l’orientation géopolitique » de la Moldavie, qui pourrait menacer l’accord d’association signé entre Bruxelles et Chisinau à la fin de 2013. Cet homme à poigne, président de la fédération nationale d’échecs, voit en Vladimir Poutine un modèle, veut « ramener l’ordre » dans son pays et y défendre les « valeurs traditionnelles », expliquait-il au Monde avant le premier tour, depuis son quartier général de campagne tapissé de clichés le montrant en compagnie du président russe ou du patriarche orthodoxe de Moscou.
« C’est dans l’intérêt de la Moldavie d’avoir des relations proches avec la Russie, mais surtout avec son marché », expliquait-il, alors que le Kremlin a largement fermé la porte aux importations moldaves depuis la signature de l’accord. Moscou est aussi le principal soutien de la République de Transnistrie, amputée au territoire moldave depuis 1991.
Hormis cette menace de référendum, les pouvoirs du président sont limités. Mais le nouvel élu bénéficiera d’une légitimité populaire immense, cette élection étant la première au suffrage universel depuis vingt ans. « Face à une classe politique à bout de souffle, Dodon dispose de des leviers pour faire dérailler le processus d’intégration européenne », estime le politologue Dionis Cenusa. Reste toutefois une incertitude : la volonté russe de s’impliquer en Moldavie. « Moscou veut évidemment conserver de l’influence en Moldavie, estime un diplomate occidental, mais le pays n’a toujours été qu’une pièce rapportée dans l’empire, pour laquelle les Russes ne veulent pas trop investir. Ils en ont déjà assez de devoir financer la Transnistrie. »
Devant l’importance de l’enjeu, plusieurs candidats proeuropéens s’étaient retirés de la course avant même le premier tour, laissant le champ libre à Maia Sandu, figure de la contestation antigouvernementale de 2015 et ancienne ministre de l’éducation formée à Harvard et passée par la Banque mondiale. Sa probité unanimement reconnue – une incongruité dans le paysage politique moldave – n’a pas suffi à combler le déficit de notoriété dont elle souffrait. Mais surtout, le soutien très mou dont elle a bénéficié de la part du gouvernement proeuropéen a soulevé des doutes quant à la réalité de ce ralliement. Pour nombre d’observateurs, l’élite proeuropéenne au pouvoir s’accommoderait mieux d’un président certes prorusse, mais avant tout populiste et en bons termes avec l’oligarchie, que de cette candidate résolument opposée aux pratiques opaques de la classe dirigeante.
Quoi qu’il en soit, la victoire de M. Dodon, en même temps que celle d’un autre candidat prorusse en Bulgarie, sonne comme un coup de tonnerre dans le ciel européen et constitue, s’il en fallait, un nouvel avertissement pour Bruxelles. La désillusion est d’autant plus forte qu’au fil des ans, l’ancienne république soviétique de Moldavie s’était imposée comme le « meilleur élève » du partenariat oriental, et un modèle régional. Le pays a aussi largement bénéficié des fonds européens, Bruxelles lui octroyant plus de 800 millions d’euros pour la seule période 2010-2015. Cela n’a pas empêché le soutien de l’opinion à l’Union européenne, supérieur à 70 % il y a quelques années, de devenir minoritaire.
Les ingrédients de la méfiance moldave sont en partie les mêmes que pour le reste du continent. Après un voyage de Mme Sandu à Berlin, la presse tabloïde avait par exemple assuré que la candidate avait accepté la demande insistante de la chancelière allemande, Angela Merkel, d’accueillir 30 000 réfugiés syriens. A cela s’ajoutent la présence d’une importante minorité russophone (plus de 20 %) et la diffusion importante des télévisions russes, populaires au-delà de cette seule minorité.
Mais l’explication principale du désamour est ailleurs. Elle tient à la faillite des partis politiques proeuropéens, au pouvoir depuis 2009. L’épisode le plus saillant de cette faillite fut la découverte, à la fin de 2014, de la disparition des caisses de trois banques du pays de 1 milliard d’euros, soit 15 % du PIB, qui vont durablement plomber le budget national. Le « casse du siècle » a profondément choqué un pays où 40 % de la population vit avec moins de 5 dollars par jour.
Plus généralement, le champ politique « pro-européen » a été monopolisé par des oligarques corrompus qui ont profité de leur accès au pouvoir pour faire main basse sur de larges pans de l’économie nationale et prendre le contrôle des institutions de l’Etat, en premier lieu la justice. L’un d’eux, Vladimir Plahotniuc, dont le Parti démocrate dirige les différentes coalitions gouvernementales depuis 2009, a focalisé l’essentiel des attaques durant la campagne présidentielle, jusqu’à son vrai-faux ralliement à MmeSandu.
« Ce sont ces gens qui ont décrédibilisé l’idée européenne, tempête un diplomate occidental. L’Europe est devenue ici synonyme de cette prédation organisée. Et les Européens eux-mêmes ont une part de responsabilité, pour les avoir laissé faire leurs affaires au nom de la sacro-sainte stabilité, et parce qu’ils brandissaient un drapeau européen. »
Alexei Tulbure, ancien représentant de la Moldavie à l’Organisation des Nations unies et au Conseil de l’Europe, qui fut un temps dans le parti de M. Plahotniuc, partage cette vision, et évoque même « l’épouvantail » de la menace russe : « Cette opposition géopolitique a été gonflée pour éviter que les sujets délicats soient abordés. Plahotniuc et ses gens vont continuer à jouer de cette menace en tentant de se présenter en uniques recours face aux prorusses. »
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Les 9 terroristes de Paris étaient arrivés en tant que "réfugiés"
Tous les neuf auteurs de l’attaque de Paris, il y a un an, étaient arrivés camouflés en tant que réfugiés en Europe. Ce n’est pas un hasard : d’après les services secrets, des combattants de l’État islamique préparent spécifiquement des candidats aux procédures d’asile. (Der Spiegel)
Alors, les migrants sont toujours « welcome » ?
Source cliquez ici
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Galileo, les limites de « leur » Europe
C’est aujourd’hui qu’Emmanuel Macron annonce sa déclaration de candidature à la présidentielle. Fini la visite au Puy-du-Fou, c’est sous le signe des banlieues, du multiculturalisme, de la France plurielle que l’ex ministre de l’Economie et protégé de Jacques Attali se lance dans la course. Aujourd’hui à Bobigny (Seine-Saint-Denis), il sera demain dans le 13e arrondissement de Marseille, dont le maire n’est autre que notre camarade Stéphane Ravier. M. Macron a placé résolument son combat sous le signe de la lutte contre le populisme, le FN, et en cela il ne diffère guère de ses concurrents Mais aussi peut être avec moins d’ambiguïté, plus de franchise que d’autres, en faveur de l’ouverture libérale et d’une adhésion renouvelée à l’Europe libre-échangiste bruxelloise.Une Europe dont il est encore question dans l’actualité pour se féliciter d’une de ses réussites (la réalité est en fait bien plus contrastée) avec le lacement ces prochaines heures par la fusée Ariane de quatre nouveaux satellites du programme de la constellation Galileo. Saluons de nouveau ici le niveau d’excellence de nos ingénieurs et techniciens, de notre bade de Kourou et de l’agence spatiale européenne, capables de réaliser ce type de mission toujours très délicates. Et félicitons nous de cette réponse du vieux continent, bénéficiant des dernières avancées technologiques, au système de localisation yankee, qui devrait être encore plus précis et performant que le GPS américain
L’enjeu n’est pas mince. Outre les nombreux pays a travers le monde intéressés par une coopération au sein de ce projet, la Commission européenne rappelait dans un communiqué en janvier 2011 que «le marché mondial des applications de navigation par satellite devrait atteindre une valeur de 240 milliards d’euros d’ici 2020 et connaît un rythme de croissance de 30 % depuis quelques années. Selon les estimations, 6 à 7 % du PIB des pays développés (800 milliards d’euros en Europe) dépendent actuellement de la navigation par satellite.»
Bruno Gollnisch l’a dit, il estime que « la recherche est un des rares domaines légitimes de coopération au niveau de l’Union européenne», citant à l’appui de son propos le financement de certaines infrastructures de transports mais aussi des programmes comme Airbus, Ariane, Erasmus, ITER, le Cern ou encore Galileo . Rappelons tout de même, et les députés frontistes s’en sont souvent émus, que ce programme Galileo, lancé et financé par la Commission européenne en 1999, devait être mis en service il y a déjà neuf ans et a empilé les retards.
Dans un rapport remis au Premier ministre en début d’année, la Cour des comptes relevait le coût, sur la période 1994-2020, des programmes Galileo et EGNOS (European Geostationary Navigation Overlay Service, soit Service Européen de Navigation par Recouvrement Géostationnaire). En l’espèce «plus de 13 milliards d’euros» (trois fois plus que la somme initiale annoncée de 4,6 milliards d’euros), dont «2,45 milliards» pour notre pays. Dans le détail plus de 10,2 milliards d’euros ont été dépensées pour le seul programme Galileo dont la moitié avait été utilisée à fin 2013.
La Cour des comptes pointe ce qui relève des impondérables difficiles à budgéter («les déboires techniques») , mais aussi «une conduite de projet peu performante», citant la facture du déploiement EGNOS, (700 millions d’euros, «soit deux fois plus cher que prévu»).
Les Sages, qui face à la concurrence d’uns service gratuit comme le GPS appelaient «à réviser à la baisse les perspectives de recettes commerciales susceptibles d’être procurées directement par Galileo», dont les applications seront déclinées sous forme d’un service ouvert et gratuit ou d’un service commercial et payant, insistaient cependant sur la nécessaire promotion commerciale de Galileo et Egnos. Ils déploraient que la France, qui a joué un rôle de tout premier plan dans leur élaboration, ne s’investisse que trop timidement. Or, « le succès de la nouvelle infrastructure européenne requiert une promotion efficace de ses utilisations potentielles, en s’appuyant particulièrement sur les avantages de Galileo soit son service commercial (payant), par rapport au GPS».
«(L’influence de la France) s’est, ces dernières années, érodée dans les instances de pilotage de la maîtrise d’ouvrage des deux programmes», la Cour pointant «la faible visibilité politique d’EGNOS et de Galileo», l’avenir incertain des deux programmes. «Tout comme sur le plan industriel, le risque existe que la France ne tire pas suffisamment parti de Galileo et d’EGNOS, après en avoir été pourtant le premier et le plus tenace promoteur».
Bruno Gollnisch le répète, les grandes réussites dites européennes ne doivent rien à l’Europe bruxelloise. Elles sont d’abord à mettre « au crédit de l’excellence de nos scientifiques, ingénieurs, chercheurs Français et Européens, le fruit d’une coopération concrète menée hors du cadre de l’Union européenne »… C’est cette Europe des nations performante là, cette Europe de la libre coopération qui a les faveurs du FN. Une Europe de libre coopération des nations libres qui auraient été certainement plus à même d’éviter les écueils qui ont frappé le projet Galileo, «les tergiversations et les imbroglios politico-administratifs». En 2005, les élus frontistes au parlement européen relevaient qu’au moins cinq ans avaient été perdus du fait de la méthode choisie : partenariat public-privé, coopération internationale au delà de l’Union européenne, participation impérative de tous les Etats-membres, rôle imposé de la Commission européenne…
Enfin, rappelons aussi une crainte exprimée par Bruno Gollnisch, au sujet de la faille que laisse apparaître Galileo quant à l’autonomie politique, du fait de sa vocation purement civile qui laisse l’Europe dans la dépendance du système militaire américain pour les applications de défense.
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La Bulgarie et la Moldavie élisent des présidents pro-russes
Comme l'explique Yves Daoudal, il s'agit de deux sérieux revers pour l'Union européenne dont les responsables ne tirent aucune leçon du vent de révolte qui souffle à l'Est et des répercussions catastrophiques que peuvent avoir les tensions et sanctions envers la Russie :
"Hier, il y avait l’élection présidentielle en Moldavie. C’est le socialiste Igor Dodon qui a été élu, contre la candidate européiste Maïa Sandu, diplômée de Harvard et ancienne employée de la Banque mondiale. Igor Dodon a fait campagne en prônant la dénonciation de l’accord d’association avec l’UE, et l’adhésion du pays à l’Union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan. (Mais on a vu en Ukraine comment on pouvait arranger cela…)
D’autre part, en Bulgarie, c’est aussi un socialiste qui a été élu président, Roumen Radev, ancien chef de l'armée de l'air, clairement pro-russe, très hostile aux sanctions contre la Russie, affirmant haut et fort que la Crimée est historiquement russe, mais sans intention de quitter l’UE (tant que ça rapporte, sans doute…).
Dans les deux pays, où les gouvernements sont européistes, ces élections vont conduire à des élections législatives anticipées. Le Premier ministre bulgare a immédiatement démissionné."
Extrait de l'analyse du Monde :
"Le revers est évident pour l’Union européenne (UE) dans un contexte de tensions entre Bruxelles et Moscou. Les deux candidats – Igor Dodon en Moldavie, Roumen Radev en Bulgarie – ont par exemple une ligne similaire sur l’annexion de la Crimée, qu’ils considèrent comme « de facto russe ». Le général Radev s’est prononcé pour la levée des sanctions de l’UE contre la Russie. Il faut toutefois relativiser le virage que constitueraient les deux résultats de dimanche. D’abord, parce que dans ces deux pays, les présidents ont des pouvoirs très limités. Mais aussi parce que ni M. Dodon ni M. Radev n’ont fait campagne sur un rejet radical de l’Europe (...)
En Moldavie, les pro-Européens au pouvoir depuis 2009 ont largement déçu leurs partisans. Ils ont mis le pays en coupe réglée, faisant main basse sur de larges pans de l’économie nationale et des institutions, en premier lieu la justice. Le vote prorusse y apparaît clairement comme un vote de rejet d’une élite pro-européenne perçue comme corrompue (...)
Plus largement, les deux candidats bénéficient de la sévère panne d’attractivité dont souffre l’Europe, déjà ancienne et illustrée encore récemment par le Brexit. Pendant ce temps, dans l’ouest comme dans l’est de l’Europe, la Russie apparaît de plus en plus comme un pôle de puissance alternatif, et son président, Vladimir Poutine, comme un modèle de dirigeant charismatique (...)"
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L’élection de Donald Trump : un succès et un défi, par Bruno Mégret
La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine constitue, chacun en convient, un événement historique de grande ampleur. L’Etablissement, qui dirigeait les Etats-Unis et qui, depuis Washington, régentait le monde, a été vaincu. Malgré le soutien quasi unanime des médias, des sondeurs, du showbiz et des responsables du Système, le peuple américain, celui des classes moyennes, celui de la majorité silencieuse, celui qui subit depuis des décennies les méfaits de la mondialisation économique et migratoire, s’est rebellé et a refusé de voter comme on lui enjoignait de le faire.
Trump est vulgaire, grossier, incompétent, irresponsable, agressif, leur disait-on. Peu importe, il était celui qui défiait le Système par son style, ses propos et ses projets et c’est pour cela qu’il a été élu.
L’Etablissement a été vaincu
Il s’agit donc d’un échec retentissant pour tous les tenants du politiquement correct en Amérique comme en Europe. Ceux-ci ne pourront plus nier la réalité des problèmes liés à la mondialisation ; ils ne pourront plus ignorer l’ampleur du refus qu’elle suscite au sein des peuples. Pis : ils vont être confrontés régulièrement à un discours non correct qu’ils ont jusqu’à présent cherché et largement réussi à occulter et à diaboliser. Comment, en effet, pourront-ils continuer cette entreprise de dissimulation et de discrédit si ce discours est maintenant tenu par « l’homme le plus puissant de la planète » ?
A cet égard, il est intéressant d’observer que Donald Trump a obtenu cette victoire contre la pensée unique depuis l’intérieur du Système. C’est bien en tant que candidat du très institutionnel Parti républicain qu’il a été élu, et c’est bien à la très officielle Maison-Blanche qu’il va s’installer. Je ne peux pas m’empêcher, dès lors, de songer à Gorbatchev qui, lui aussi, depuis le cœur du régime, a commencé à contester la pensée officielle du système soviétique avec les conséquences que l’on connaît. Certes, la comparaison a ses limites, mais, si Trump reste lui-même dans ses fonctions de président des Etats-Unis, c’est tout le système idéologique de la pensée unique qui pourrait être profondément ébranlé en Amérique mais aussi en Europe.
Ce succès de Donald Trump est donc incontestablement une défaite considérable de la pensée unique. Constitue-t-il pour autant une victoire pour le réenracinement identitaire et le renouveau civilisationnel ? Il est trop tôt pour le dire, car en l’état c’est plutôt un défi qui est maintenant lancé à Trump et aux Américains.
Un grand défi à relever
Le nouveau président va-t-il, en effet, transformer ses projets en réalité ? Sur ce plan rien n’est dit, car l’Etablissement d’outre-Atlantique demeure très puissant. N’oublions pas que le président américain dispose d’un pouvoir limité. Il est institutionnellement contraint par la Cour suprême ainsi que par le Congrès. Or si les Républicains disposent d’une majorité dans les deux chambres, beaucoup de « congressmen » sont loin d’être sur la même ligne que Trump. Ajoutons que les grandes administrations fédérales, tout comme le complexe militaro-industriel, représentent aussi des puissances autonomes et qu’elles ont toujours pesé pour empêcher les présidents successifs de s’écarter par trop de la ligne qui est la leur, notamment en politique étrangère. Enfin, il existe les contraintes de la réalité liées, par exemple, à l’endettement considérable des Américains vis-à-vis de la Chine.
Aujourd’hui nous n’en sommes certes pas à craindre une normalisation du nouveau président mais la question de savoir s’il va pouvoir transformer ses paroles en actes est néanmoins déterminante pour l’avenir :
– Parviendra-t-il à inverser les flux migratoires dans son pays et à montrer ainsi qu’il n’y a pas de fatalité à la submersion du monde occidental par les immigrés ?
– Pourra-t-il mettre un terme au système actuel de libre-échange sauvage à l’échelle de la planète et jeter les bases d’un nouvel ordre économique mondial fondé sur la régulation ?
– Réussira-t-il à changer le caractère hégémonique et interventionniste de la diplomatie américaine au profit d’une politique nouvelle qui prenne en compte la dimension multipolaire du monde d’aujourd’hui et qui réponde au choc des civilisations par une alliance privilégiée avec l’Europe et la Russie ?
Il est clair que ce ne sera pas facile pour Donald Trump et qu’il devra affronter de nombreux obstacles, peut-être même au péril de sa vie. Sa présidence s’annonce donc comme un grand défi à relever.
Un choc idéologique qui va frapper l’Europe
Mais, qu’ils le veuillent ou non, le défi est aussi lancé aux dirigeants européens.Car la nouvelle politique voulue par le prochain président américain pourrait bien conduire les responsables politiques du continent à de sérieux déboires s’ils refusent de s’adapter à la nouvelle donne ainsi créée.
S’agissant par exemple de l’Otan, le nouveau pouvoir de Washington demandera sans doute aux pays du Vieux Continent de payer pour le maintien de l’engagement militaire américain. Deux options s’ouvriront alors à eux : ou ils continuent de s’en remettre aux Etats-Unis pour assurer leur protection mais en payant désormais cette soumission au prix fort ; ou ils décident de prendre leur indépendance en consacrant cet argent à augmenter leurs budgets de défense et en créant une alliance militaire européenne autonome capable de rendre sa puissance à notre continent.
De même, sur le plan économique, que feront nos dirigeants si l’administration Trump instaure un protectionnisme aux frontières des Etats-Unis ? Resteront-ils les bons élèves naïfs et trompés du libéralisme intégral, en tolérant que nos marchandises soient taxées à l’exportation, tout en acceptant que les produits étrangers importés chez nous ne le soient pas ? Ou créeront-ils un système d’écluses douanières aux frontières de l’Union européenne pour permettre à l’Europe de se réindustrialiser elle aussi ?
On a coutume de dire que les événements qui se produisent aux Etats-Unis surviennent en France et en Europe quelques années plus tard. Gageons que le choc idéologique de la victoire de Donald Trump va venir frapper notre pays dans un avenir proche. Tout dépendra alors de la manière dont les responsables de la classe politique vont faire face à cette situation nouvelle.
La victoire du 8 novembre est un succès, mais elle conduit à un formidable défi.Un défi pour Trump et son administration, un défi aussi pour les dirigeants européens.
Bruno Mégret
Texte repris de Polémia
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L’Ukraine poursuit sa fuite en avant suicidaire dans le Donbass alors que la situation internationale se retourne contre elle
Avec 5118 bombardements effectués contre la République Populaire de Donetsk (RPD) la semaine passée, un blocage complet de la mise en œuvre des accords de Minsk et une tendance toujours à la hausse de ses bombardements, l'Ukraine semble donc bien avoir décider de jeter la résolution pacifique du conflit à la poubelle.
Dans ce contexte, les entraînements d'avions de combats ukrainiens près de la ligne de front du côté de la République Populaire de Lougansk (RPL), en violation totale des accords de Minsk, et l'accumulation de nouvelles armes lourdes sur l'ensemble du front, font craindre le pire.
Les rares baisses du nombre de bombardements sont suivies immédiatement après d'une hausse vertigineuse (l'avant-dernière a été marquée par une hausse de 200 % des bombardements le jour d'après, faisant craindre de nouveaux chiffres en hausse pour demain) :
Et alors que ces bombardements avaient fait deux morts et sept blessés la semaine passée en République Populaire de Donetsk, et un mort et un blessé en République Populaire de Lougansk, deux soldats de la RPD sont morts ces dernières 24 heures, alourdissant le bilan humain. Il faut aussi y ajouter ce jeune Ukrainien de 16 ans, qui est mort, tué par l'armée ukrainienne alors qu'il essayait d'entrer en République Populaire de Donetsk hors des points de passage autorisés.
Des crimes qui se rajoutent à la liste interminable des crimes de l'armée ukrainienne, pour lesquels quatre nouveaux commandants d'unités des Forces Armées Ukrainiennes (FAU) sont désormais poursuivis par le comité d'enquête russe sur les crimes de guerre de l'armée ukrainienne dans le Donbass, portant actuellement à 14 le nombre de commandants poursuivis, auxquels il faut rajouter plusieurs officiels ukrainiens comme le ministre de la Défense actuel et son prédécesseur.
En parallèle, en République Populaire de Donetsk, Alexander Zakharchenko, a donné les noms de trois des organisateurs de l'assassinat du commandant Motorola, parmi lesquels les chefs du SBU des régions de Donetsk et Lougansk. Une annonce faite quelques jours avant l'arrestation par les services de sécurité de la RPD de six membres du groupe Misanthropic Division à Donetsk. Ce groupe, ouvertement nazi, avait revendiqué l'assassinat de Motorola.
Des crimes contre la population de la RPD auxquels il faut ajouter ceux commis dans la partie du Donbass occupée par l'armée ukrainienne. Ainsi, les résidents de Shirokino se plaignent du maraudage et des vols commis par les soldats de la 36e brigade de marine des FAU dans leurs maisons. Dans la localité d'Orlovskoye, les soldats de la 56e brigade mécanisée ont tué un civil.
Et le commandant de la 92e brigade mécanisée n'a pas réussi à cacher au public le fait qu'un de ses soldats avait violé une mineure dans la localité de Novotroitsk, ce qui a obligé les autorités à lancer des poursuites pénales contre ce soldat (sans cela cette affaire aurait purement et simplement été étouffée comme les nombreuses autres qui ont eu lieu régulièrement dans le Donbass occupé depuis le début du conflit).
À cause de tous les crimes, tortures, viols, vols, arrestations arbitraires et intimidations diverses opérées par les soldats de l'armée ukrainienne venue prétendument libérer le Donbass, il n'y a rien d'étonnant à ce que la population soit de plus en plus remontée contre cette même armée. Un ressentiment qui va jusqu'à la haine, et donne à certains le courage de défier de plus en plus ouvertement les autorités de Kiev.
Ainsi, les résidents de la région de Kherson, près de la frontière avec la Crimée, ont exprimé leurs remerciements à la Russie et à Vladimir Poutine, malgré les menaces reçues par les nationalistes et le SBU, pour le gaz fourni à une localité privée de chauffage et à qui Kiev avait interdit de demander du gaz à la Russie. Refusant de laisser la population mourir de froid cet hiver, la Russie a promis de faire passer du gaz via la péninsule de Crimée jusqu'en mars. C'est déjà la deuxième fois que la Russie vient à la rescousse de cette localité ukrainienne, dont le problème d'approvisionnement en gaz n'a pas été réglé par les autorités ukrainiennes, qui sont prêtes à laisser leur population mourir de froid juste pour rester dans leur posture anti-Russe.
Une posture qui va devenir de plus en plus compliquée à tenir, alors qu'après l'élection de Trump, c'est la Moldavie et la Bulgarie qui viennent d'élire des présidents pro-Russes, qui se sont tous les deux positionnés pour la reconnaissance de la réintégration de la Crimée au sein de la fédération de Russie, et pour la levée des sanctions en ce qui concerne le président bulgare.
Une situation qui n'arrange pas du tout l'Ukraine empêtrée dans une situation interne de plus en plus difficile, et des manifestations à répétition. Ainsi, demain, une manifestation des déposants floués par des banques insolvables est prévue à Kiev. Les autorités ont décidé de fermer une des artères principales et la police et la garde nationale ont été mises en état d'alerte dès aujourd'hui pour assurer la sécurité dans le centre de la capitale. Et le 17 novembre ce sont les syndicats qui comptent défiler avec 50 000 personnes vers la Verkhovna Rada pour demander des hausses de salaire et la baisse des charges communales.
Alors que la hausse des tarifs de chauffage risque de provoquer encore plus de manifestations, les autorités de Kiev ont mis sur pied un comité spécial chargé de gérer ce risque de nouveau Maïdan. Ainsi en cas de manifestations importantes il est prévu d'empêcher les transports de manifestants d'entrer à Kiev, d'empêcher toute installation de tentes dans la ville, et de faire appel si nécessaire à des unités de volontaires (en clair des unités du même genre que les bataillons nazis présents dans le Donbass) pour maintenir l'ordre.
Une situation qui amène de plus en plus de personnes à se dire que l'Ukraine risque bien de sombrer totalement à l'instar de Saakashvili, l'ex-gouverneur d'Odessa, qui a déclaré que le pays était désormais le plus pauvre d'Europe et que s'il continuait sur sa lancée, le pays disparaîtrait bientôt.
Quant au Donbass, de plus en plus de voix se font entendre pour une intégration de ce dernier à la fédération de Russie, comme l'a fait la Crimée il y a deux ans. Ainsi, il y eu cette discussion que Sergeï Chargounov a eu avec le chef de la RPD, Alexander Zakharchenko, durant laquelle ce dernier a exprimé l'attachement du peuple du Donbass à la Russie et son souhait de rentrer à la maison :
« Nous, Russes, nous battons ici pour la troisième année. Ce sont des Russes qui vivent ici et nous voulons retourner à la mère patrie, nous voulons retourner en Russie. »
Suite à cette discussion, Sergueï Chargounov, qui est écrivain et député de la Douma russe, a décidé de proposer une loi permettant aux résident des deux républiques populaire du Donbass de pouvoir recevoir des passeports russes. Si cette loi était votée, cela changerait radicalement la situation des habitants de la RPD et de la RPL, et permettrait de mettre fin au blocus administratif imposé au Donbass par Kiev. Mais ce serait aussi signer la fin de l'Ukraine telle qu'elle existe actuellement, en menant de fait petit à petit à la scission inévitable du pays.
Une scission dont les autorités de Kiev porteront la responsabilité, pour avoir mis en place un blocus de la région, ainsi que pour avoir refusé de négocier et de mettre en œuvre une solution pacifique au conflit dans le Donbass. Décidée manifestement à résoudre ce conflit par la violence, l'Ukraine vient de signer sa mort en tant qu'état.
Christelle Néant
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