En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Suite aux déclarations publiques de patrimoine des hommes politiques ukrainiens qui ont déclenché l'ire de la population ukrainienne (et à juste titre), des rumeurs de Maïdan 3.0 commencent à circuler sur internet.
Alors que l'ensemble de la population ukrainienne se paupérise à vitesse grand V depuis deux ans, les artisans du Maidan s'en sont mis plein les poches. Collections de peintures, antiquités, des flottes gigantesques, de nombreux appartements, maisons de luxe, lingots d'or, bijoux, pierres précieuses, reliques de saints, et grosses quantités de cash, font quelque peu désordre chez ceux qui ont réclamé la tête de Yanoukovitch à cause de sa corruption.
Surtout que parmi ces nouveaux hommes politiques, un certains nombre étaient commandants de bataillons spéciaux, et d'autres tout sauf des millionnaires et des hommes d'affaires comme Porochenko. Ce qui amène obligatoirement les Ukrainiens à se demander d'où leur vient leur soudaine richesse, car ce n'est pas avec leur salaire de député qu'ils pourraient se payer ce qu'ils ont mis dans leur déclaration de patrimoine.
Une déclaration qui a été rendue obligatoire par le FMI pour autoriser les prêts consentis à l'Ukraine. Le FMI ne pouvait pourtant pas ignorer que cela risquait de mettre le feu aux poudres en Ukraine après la hausse vertigineuse des tarifs de l'eau, du gaz et de l'électricité de cette année. Ce qui m'amène à penser que le FMI fait tout pour déboulonner Porochenko et son gouvernement en faisant monter la pression dans la population ukrainienne.
Mais pourquoi ? Porochenko n'est-il pas une bonne marionnette ? Et bien pas assez au goût de Washington semble-t-il, ou en tout cas pas assez au goût des néo-conservateurs américains, qui lui préféraient Iatseniouk, et veulent désormais un prétexte pour déclencher une guerre contre la Russie.
Une fois le décor posé on comprend bien que les tentatives de Porochenko de ménager la chèvre et le chou (et surtout de sauver sa tête) ne cadrent pas avec le plan établi. La guerre dans le Donbass s'est enlisée, rien ne s'est déroulé comme prévu, et maintenant l'heure tourne et les néo-conservateurs ont besoin d'une guerre, et vite.
Et pour çà, quoi de mieux que de provoquer un Maïdan 3.0 à la sauce encore plus nazie que le précédent, avec Iatseniouk, Paroubyi et Avakov à sa tête et Savtchenko comme égérie. Savtchenko qui n'a eu de cesse de critiquer et saper la position de Porochenko depuis sa libération.
Et l'hiver promet d'amener son lot de mécontentement en Ukraine, avec un déficit de stocks de gaz, mais aussi de charbon pour passer l'hiver. Après l'annonce des deux milliards de mètres cubes de gaz manquants, l'Ukraine découvre à présent qu'il va aussi lui manquer un tiers de la quantité de charbon dont elle a besoin pour se chauffer. Alors que le pays a besoin de 3,5 millions de tonnes de charbon, il n'y a que deux millions de tonnes en stock. Et plus assez de temps pour rattraper le retard.
Et après les retraités d'Avdeyevka qui avaient manifesté leur mécontentement contre l'Ukraine, c'est désormais Konstantinovka, une autre ville du Donbass occupé par l'armée ukrainienne, qui donne des signes de rébellion. Des drapeaux ukrainiens et européens y ont été arrachés à plusieurs reprises, montrant que parmi la population il y a des gens qui ne veulent plus rester en Ukraine.
Et ce n'est pas le redéploiement de 2 000 mercenaires étrangers et d'une centaine de soldats de Pravyi Sektor dans le district de Stanichno-Lougansky, dans la zone occupée de la région de Lougansk, et de mercenaires géorgiens et polonais près de Gorlovka, qui va améliorer l'humeur de la population locale.
Dans ces conditions, l'appel qui a été lancé sur les réseaux sociaux, d'aller manifester le 4 novembre à midi devant la Rada pour protester contre le vote de l'augmentation du salaire des députés, risque vite de rassembler une énorme foule. Une participation importante à laquelle les autorités de Kiev s'attendent, puisque pas moins de 1 300 policiers et soldats de la Garde Nationale ont été mobilisés pour y faire face.
Si ce nouveau coup d'état réussit, la guerre dans le Donbass reprendra immédiatement à grande échelle, semant de nouveau la mort et la destruction dans la région, jusqu'à l’annihilation totale de l'armée ukrainienne et de l'Ukraine elle-même.
Christelle Néant
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-ukraine-au-bord-de-l-abime-186130
par Louis-Joseph Delanglade
Le 13 octobre, en visite officielle à Ottawa, M. Valls dit du Ceta que « c’est un bon accord ». Quelques jours plus tard, il déplore l’opposition wallonne audit accord. Levée jeudi 27, cette opposition a, semble-t-il, permis quelques rectifications de taille : les juges de tout tribunal arbitral seraient nommés par les Etats ; le droit des Etats à réglementer au nom de l’intérêt général serait reconnu ; les entreprises états-uniennes se verraient interdire de pénétrer le marché européen via leurs filiales canadiennes ; une clause dite « de sauvegarde agricole » serait prévue et le maintien des législations européennes interdisant certains produits contestés (comme les o.g.m.) entériné. Le traité, ainsi amendé, pourrait voir le jour dans quelques années…
En attendant, on doit donc comprendre que le traité, dans sa version primitive, rejetée par la Wallonie mais validée par la France, autorisait : la possibilité pour une entreprise multinationale de porter plainte contre un État adoptant une politique publique contraire à ses intérêts ; l’impossibilité pour un Etat de continuer à réglementer au nom de l’intérêt général ; la possibilité pour une entreprise états-unienne d’inonder les marchés européens via sa filiale canadienne ; l’absence de toute clause de sauvegarde pour l’agriculture européenne ; la possibilité de contourner les législations européennes interdisant certains produits contestés (comme les o.g.m.).
Affaiblissement (explicitement irréversible) de l’Etat, donc de tous ceux qu’il a pour mission de protéger, face aux multinationales, voilà le « bon traité » de M. Valls : son appréciation se passe de tout commentaire. On pourra objecter que la France a bien demandé l’arrêt des négociations sur le Tafta avec les Etats-Unis. Mais, à en juger par les concessions envisagées dans le Ceta initial, faut-il que celles faites à l’idéologie marchande nord-américaine aient paru excessives et malvenues dans un contexte européen qui voit le réveil « réactionnaire » de peuples floués par de prétendues « élites » !
« En Occident, le libéralisme est un dogme absolu » constate M. Servan (Boulevard Voltaire, 28 octobre). De fait, Ceta ou Tafta, l’objectif stratégique primordial est le même dans la guerre que livrent les partisans de la mondialisation libre-échangiste contre les barrières que constituent encore les mille et une différences qui font qu’un Français, un Chinois et un Zimbabwéen sont ce qu’ils sont, différences à travers lesquelles se manifeste leur humanité commune. On prône la liberté de circulation des biens, des services et des personnes, liberté dont tout un chacun a dans l’idée qu’il pourrait en profiter un jour ou l’autre. Mais, derrière, se cache l’autre liberté de circulation, celle des capitaux, celle de la « fortune anonyme et vagabonde », garante de toutes les délocalisations fiscales et de la fin de la souveraineté monétaire des Etats.
« On va au bout du bout de la mondialisation. On détruit les ultimes frontières, celles qui sont dans les lois, les règles, les modes de vie. Celles qui sont dans les têtes », s'indigne Éric Zemmour (R.T.L., 25 octobre). Et il a raison.
Avec 755 violations du cessez-le-feu durant les dernières 24 heures, et 722 le jour d'avant, l'armée ukrainienne continue sur sa lancée sanglante de la semaine dernière. Depuis plusieurs jours, les soldats ukrainiens n'attendent même plus la nuit tombée pour commettre leurs crimes, et bombardent désormais jour et nuit.
Ces bombardements à l'artillerie lourde (26 obus de 122 mm et 31 obus de 152 mm), aux mortiers de gros calibre (207 obus de 82 mm et 196 obus de 120 mm), et avec des chars d'assaut (25 tirs) ont encore fait un blessé parmi les civils hier en pleine journée, dans le district de Petrovskyi.
Et la situation ne promet pas de s'arranger avec l'arrivée de nouveaux armements près de la ligne de front. Ainsi près de Gorlovka, les services de renseignement de la République Populaire de Donetsk ont détecté l'arrivée et le déchargement d'un train transportant des pièces d'artillerie automotrices de 122 mm et 152 mm et 20 chars d'assaut.
Du côté de la République Populaire de Lougansk, un autre train d'armement a été détecté, avec là aussi une quarantaine de chars d'assaut et de pièces d'artillerie automotrices, et neuf chars d'assaut sont arrivés dans la zone de responsabilité de la 93e brigade des Forces Armées Ukrainiennes (FAU).
Des pièces d'armement qui vont permettre à l'armée ukrainienne de continuer ses tirs délibérés contre des cibles civiles. Des crimes de guerre, que la Russie n'entend pas laisser passer sans rien dire ni faire. Après avoir lancé des poursuites pénales contre une première liste de six commandants de l'armée ukrainienne il y a moins d'une semaine, la Russie vient de compléter la liste des accusés avec quatre nouveaux noms.
Ainsi, sont venus s'ajouter cette semaine, le commandant de la 72e brigade motorisée des FAU, le colonel Andrei Sokolov, le commandant de la 93e brigade motorisée, le colonel Vladislav Klochkov, le commandant de la 30e brigade motorisée, Vitaly Yakoubov et le commandant du 1er bataillon de la 14e brigade motorisée, Mikhail Prokopiv.
Ces unités sont connues pour bombarder régulièrement et délibérément des cibles civiles dans les Républiques Populaires de Donetsk et Lougansk.
Et si la justice russe fait son devoir, la justice ukrainienne devrait prendre exemple sur le pays voisin. Car après la publication des déclarations de revenus des hommes politiques ukrainiens, certaines pièces déclarées ont laissé Kirill Koulikov plus que perplexe. L'ancien directeur du bureau ukrainien d'Interpol, a ainsi remarqué dans plusieurs déclarations de députés qui sont aussi d'anciens chefs de bataillons spéciaux des biens matériels hors de prix, qu'il soupçonne avoir été purement et simplement volés dans de riches maisons de la région de Donetsk pendant la soit-disant opération anti-terroriste.
Mr Koulikov a alors publiquement exhorté Mr Matios, le procureur militaire ukrainien, à enquêter sur ces vols potentiels. Des vols qui n'ont rien de nouveau, les bataillons ultra-nationalistes et nazis présents dans le Donbass ont été dénoncés à de multiples reprises pour les pillages systématiques qu'ils pratiquent dans la zone occupée par l'armée ukrainienne. Voitures, téléviseurs, bijoux, mais aussi douches, baignoires, et bien d'autres choses incroyables ont été volées depuis deux ans et demi par ces bataillons spéciaux, sans parler de l'extorsion de fonds pure et simple souvent pratiquée sur les points de passage de la ligne de front contrôlés par ces bataillons.
Et ces bataillons spéciaux ne se limitent pas aux vols et aux extorsions de fonds. Ainsi, après avoir violemment battu des enfants russophones à Kharkov, les soldats de Secteur Droit ont frappé trois civils à Tryokhizbenka, lors d'une manifestation de la population contre la présence de leur bataillon dans cette localité, et la façon dont ils traitent les habitants.
À Avdeyevka, même les pensionnaires de la maison de retraite n'aiment pas les soldats de l'armée ukrainienne, ni l'hymne national ukrainien, et l'ont fait savoir publiquement après la visite d'une violoniste allemande qui a joué l'hymne devant des enfants, qui n'en connaissaient même pas les paroles. Les braves retraités se sont même fendus d'un commentaire courageux sur le fait que « L'Ukraine fait partie de la Russie » (sic).
Et cette exaspération semble gagner de plus en plus l'ensemble de la population ukrainienne. En effet la députée de la Douma russe et ancienne procureure de Crimée, Natalya Poklonskaya, a déclaré récemment qu'elle recevait des courriers d'habitants ukrainiens demandant de les sauver de leurs pseudo dirigeants.
L'hiver promet d'être dur pour l'Ukraine, et la population risque bien de se retourner contre Porochenko et sa clique. Les soubresauts à venir décideront du sort du pays, et de celui de la guerre par procuration qui se joue dans le Donbass, entre les États-Unis et la Russie.
Christelle Néant
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-hiver-est-arrive-et-il-risque-d-186084
« Il faut les bloquer au départ [de l’Afrique]. Si nous ne bloquons ce flux avant 2017, l’Italie ne pourra pas tenir une année de plus. » C’est ce qu’a expliqué dans une interview télévisée le 25 octobre le premier ministre italien Matteo Renzi, qui a également lancé un ultimatum à l’UE, menaçant de bloquer l’adoption du prochain budget européen si les pays du Groupe de Visegrád persistent dans leur refus d’accueillir les clandestins.
Mais le vrai problème, c’est que l’Italie, qui compte déjà cinq millions d’étrangers non naturalisés sur son territoire, soit près de 9 % de la population, ne renvoie pas les personnes arrivées illégalement. Comme en France, même déboutés du droit d’asile, les immigrés clandestins restent ou poursuivent leur route vers le nord de l’Europe. Dans un article publié le 27 octobre, le quotidien La Stampa estimait le nombre de ces déboutés séjournant actuellement en Italie à 50 000 environ. Leur rapatriement coûterait trop cher ou il est empêché par l’absence d’accords avec les pays d’origine. En 2015, sur 34 107 décisions d’expulsion, seules 3 688 ont débouché sur un rapatriement !
Cette situation incite bien entendu les candidats à l’émigration vers l’Europe à prendre tous les risques pour atteindre l’Italie plutôt que l’Espagne et explique le nombre élevé de morts en Méditerranée. Un nombre qui n’a fait que s’amplifier après l’intensification en 2015 des opérations de sauvetage en mer au large des côtes libyennes avec l’opération EUNAVFOR Med. « La décision établissant une opération navale de l’UE afin de casser le modèle d’activité des réseaux de passeurs et trafiquants en Méditerranée vient d’être prise », annonçait pompeusement en mai 2015 Federica Mogherini, haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. En fait de casser le modèle d’activité des passeurs, celui-ci se porte à merveille, et les arrivées en Italie ont augmenté en 2016, dépassant déjà 160 000, parallèlement au nombre de corps repêchés, avec plus de 3 000 depuis janvier.
Mais Rome et Bruxelles s’entêtent dans cette voie irresponsable et criminelle. Les pays pointés du doigt par Renzi savent bien que s’ils commencent à accepter des quotas de « migrants », cela ne s’arrêtera jamais, et le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a très justement répondu à Matteo Renzi que « si l’Italie respectait mieux les normes et règles communes, la pression migratoire à l’entrée de l’UE serait bien moins forte ».
Olivier Bault
Article paru dans le quotidien Présent
Sommes-nous en train d’assister à une contestation généralisée des systèmes politiques, que ce soit aux Etats-Unis, ou en Europe ? La montée de forces appelées « populistes » par les tenants de ces systèmes est souvent présentée comme la « preuve » de la généralisation de ce problème, donnant alors naissance au discours sur la « menace populiste ». Ce discours peut-être agrémenté de réflexions sur le « nationalisme », comme le fit à plusieurs reprises François Hollande.
La figure de cette menace change de pays en pays, Trump aux Etats-Unis, Viktor Orban en Hongrie, Norbert Hoffert en Autriche (qui pourrait bien être élu à l’élection présidentielle qui se tiendra dans quelques semaines à la suite de l’annulation du scrutin de ce printemps pour cause de fraude), mais aussi Beppe Grillo (le Mouvement 5 étoiles) en Italie Marine Le Pen en France, et divers mouvements aux Pays-Bas, au Danemark, en Finlande et en Suède. En apparence, la présence d’une « vague » populiste semble avérée. Mais, si ce n’était qu’une apparence ? Et surtout, si le discours sur le « populisme » n’avait pour but que de cacher les déficiences très réelles des systèmes dits « démocratiques » ?
Trump, Sanders, et la contestation populaire aux Etats-Unis
La candidature de Donald Trump à l’élection présidentielle a servi de catalyseur à ce discours sur le « populisme ». Car, Donald Trump ne peut être assimilé à un nouvel avatar de la longue tradition de candidats se plaçant hors du système aux Etats-Unis, et ce même si on peut trouver des précédents, qu’il s’agisse de Ross Perrot ou de George Wallace, sans même évoquer la figure de Huey P. Long dans les années 1920. Le discours de Donald Trump inquiète ; mais, celui de son adversaire, Mme Hillary Clinton apparaît comme tout aussi inquiétant. Au-delà, on a tendance à oublier que Trump n’est que le représentant sur le versant Républicain d’un mouvement bien plus général, et qui s’est incarné par la candidature de Bernie Sanders sur le versant démocrate. Cela montre que la révolte contre le système politique est bien plus vaste aux Etats Unis que le seul mouvement populaire qui existe derrière Donald Trump. Ce mouvement a pour origine l’énorme désillusion produite par la double présidence de Barack Obama, qui n’aura tenue pratiquement aucune des promesses, qu’elles soient explicites ou informulées, qui avaient été faites lors de la première élection d’Obama. Jamais les inégalités de salaires et de revenu n’ont été aussi importantes aux Etats-Unis.
La manière dont la direction du parti Démocrate a écarté la candidature Sanders, manière qui fut à tout le moins non-démocratique et fort peu transparente, a laissé des traces durables. Même si Hillary Clinton devait l’emporter au mois de novembre, il est illusoire de croire que Trump et son mouvement disparaitrait de la scène politique. De nombreux électeurs démocrates n’arrivent d’ailleurs pas à se décider à voter pour Hillary Clinton justement en raison de ce que la convention Démocrate a révélé comme pratiques oligarchiques.
La contestation populaire en Europe
Mais, la situation au Etats-Unis ne peut être décalquée sur les pays européens. Le « populisme » en Europe centrale, en Hongrie, mais aussi en Autriche et désormais en Croatie, trouve une bonne part de ses racines dans la revendication de la souveraineté de ces pays. On a tendance à oublier un peu vite que les pays d’Europe centrale et orientale n’ont retrouvé leur pleine souveraineté que depuis 1990. La Croatie est de création nouvelle, et quant à l’Autriche, son histoire au XXè siècle a été dramatique. On mesure immédiatement les différences entre la situation de ces pays, les représentations collectives qui y dominent, et ce que l’on peut connaître aux Etats-Unis. La réaction des opinions publiques centrales européennes à ce qu’elles perçoivent comme des intrusions des autorités de l’Union européennes et plus spécifiquement de l’Allemagne et dans une moindre mesure) de la France, explique assez largement la force des mouvements de contestation, voire des partis au pouvoir, qui sont aujourd’hui regroupés dans la catégorie de « populistes ».
Si l’on regarde maintenant l’Europe occidentale, on voit qu’en Italie la réaction contre la corruption et l’inefficacité de la classe politique est le terreau principal du Mouvement 5 étoiles, qu’en France c’est une réaction contre les dénis répétés de démocratie (depuis le référendum de 2005), une crise de l’Etat et une crise dramatique de légitimité d’un pouvoir aux abois qui explique la montée des forces dites « populistes ». En Allemagne, enfin, la percée de l’Alliance pour l’Allemagnes (AFD) lors des dernières élections locales est largement la traduction de la mauvaise gestion de la question des réfugiés par Mme Merkel.
Non seulement les différentes forces de contestation, en Europe centrale comme en Europe occidentale, n’ont donc que peu de choses à voir avec la situation aux Etats-Unis, mais encore ces forces sont assez largement différentes quant à leurs racines, en Europe elle-même. Nous revenons alors à notre question initiale : la vague « populiste » ne serait-elle qu’un mythe, un mythe créé tant par des journalistes peu scrupuleux que par des dirigeants confrontés au risque de perdre le pouvoir ? Plus généralement, peut-on dire que le « populisme » n’existe pas ?
La divergence des conditions de base de ces différents mouvements, les différences aussi dans leurs idéologies, empêche en effet radicalement toute généralisation. On est plus probablement en présence de mouvements survenant simultanément mais pour des raisons qui sont largement spécifiques dans chacun de ces pays. Pourtant, il y a un grain de vérité dans le discours sur la « vague populiste », mais ce grain de vérité porte en lui une critique radicale du système politique existant.
Populistes ou révolutionnaires ?
S’il y a bien quelque chose de commun dans ces différents mouvements, c’est probablement la volonté des différents peuples de retrouver ce qui fait l’essence de la souveraineté populaire, c’est à dire la capacité de décider par soi-même, mais aussi la possibilité de dégager des responsabilités précises pour les divers politiques mises en œuvre et aujourd’hui tellement contestées. Ces différents mouvements ont donc en commun un déni de démocratie, qu’il s’agisse de la domination de « Wall street » sur « main street » comme l’on dit aux Etats-Unis, du poids politique indue de l’Union européenne, ou encore de la manière dont les élites politiques traitent les votes populaires quand ils ne vont pas dans leur sens, comme on l’a vu en France après le référendum sur le projet de Constitution européenne de 2005, ou comme on le voit dans les tentatives désespérées pour imposer le traité CETA sans débat.
Ces mouvements ont donc en commun une aspiration très profonde à la démocratie, et la compréhension – en particulier en Europe – qu’il ne peut y avoir de démocratie sans souveraineté. C’est pourquoi la revendication de la souveraineté est en train d’occuper une telle place dans les débats politiques européens. Nous vivons en effet un « moment souverainiste ».
Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que l’on observe ce type de mouvements en Europe. Le rejet des élites était important en 1789. Les mois qui viennent trancheront la question de savoir si ces mouvements continueront d’être appelés « populistes » ou si ils deviendront de fait, de par leurs victoires, des mouvements « révolutionnaires » capables de réformer en profondeur les systèmes politiques aujourd’hui à bout de souffle.
Source : Boulevard Voltaire – « Migrants : on les balade, et nous avec ! «
L’évacuation de la jungle de Calais est en passe de s’achever, mais déjà des migrants rappliquent en nombre d’Allemagne et de Belgique. Ils y voient, comme Hollande, « un trou de souris » pour tenter le passage vers l’Angleterre. Une fenêtre temporelle, un créneau à saisir : pendant qu’on remplit les cars et qu’on passe la pelleteuse sur les gourbis des malheureux, il y a, croient-ils, moins de vigilance à l’entrée du tunnel. Erreur, bien sûr. Et ceux-là, qui nous arrivent de l’Est, vont rester, c’est certain. Et recréer une poche de misère comme il s’en recrée dans le nord de Paris à chaque évacuation des campements de fortune.
28 évacuations depuis le début de l’année ! La dernière date de septembre. Le ministre Emmanuelle Cosse se félicitait alors, assurant que l’évacuation du camp de Stalingrad avait permis « la mise à l’abri de 2.083 migrants ». Pour combien de temps ? Une nuit, deux peut-être ?
Car ceux qu’on évacuait en septembre, on les avait déjà jetés sur d’autres trottoirs trois semaines auparavant. Ainsi, le 11 août, j’écrivais déjà dans ces pages : « À Paris, on balade les migrants tout le long du métro aérien. Pas dessus, par-dessous : La Chapelle, Stalingrad, Jaurès, Colonel-Fabien, La Villette […], et puis la ronde reprend : La Villette, Colonel-Fabien, Jaurès, Stalingrad, La Chapelle… La dernière évacuation date du 26 juillet. C’était la vingt-sixième en un an ! »
Une évacuation par mois, puis une par quinzaine, puis une par semaine… On chasse les malheureux, les familles, les gosses en haillons.
On amène dix cars de CRS et les balayeuses de la mairie de Paris, on passe un coup de jet, on détruit les hardes des miséreux et, quelquefois, leurs papiers avec, et puis… et puis quoi ?
Depuis mardi qu’a commencé, en Technicolor et en mondovision, l’éradication de la jungle calaisienne, 1.000 personnes sont venues gonfler le camp de Stalingrad, qui en comptait déjà 2.000. Ça grouille de paumés autour des écluses du canal Saint-Martin. Des gens qu’on a volontairement laissés quitter Calais pour la capitale avant de faire défiler les bus devant les caméras. C’est parce que l’ouverture du « centre humanitaire de La Chapelle » est imminente, disent fièrement les autorités. Un centre qui offrira… 400 places !
Pudiquement, on évoque « une situation compliquée dans le nord de la capitale ». Compliquée ? Inextricable serait plus juste. Car, bien sûr, on parque les pauvres chez les pauvres. Entre « sans-dents », ils devraient pouvoir se comprendre. Et puis, n’est-ce pas, ce sont déjà de jolis quartiers très cosmopolites. Alors, quelques centaines d’Érythréens ou d’Afghans de plus ou de moins, qu’est-ce que ça change pour tous ces abonnés aux minima sociaux ? Quand il y a de la misère pour dix, il y en a pour douze. Ou quinze.
Circuler dans Paris devient un déchirement, à maints égards. Parce que ce n’est pas supportable de croiser tous ces enfants sans enfance, ces familles qui mendient leur pitance à chaque coin de rue, ces estropiés allongés dans les couloirs du métro, les bidonvilles au kilomètre, la crasse, la saleté, la puanteur, les malheureux effondrés sur leur baluchon en travers des trottoirs, dont on ne sait s’ils sont morts ou vifs, et qu’on enjambe en priant Dieu qu’ils ne lèvent pas les yeux vers nous. On a ses pauvres, ceux qu’on finit par connaître, à qui l’on donne une pièce et un sourire, mais ils se multiplient comme les feuilles mortes en automne.
Alors on n’a plus qu’une envie : fuir ! Fuir la ville et ses abcès, fuir la misère qui explose, surtout fuir l’hypocrisie des politiques, à commencer par madame Hidalgo, notre maire qui préfère s’occuper des camps de nudistes plutôt que des camps de migrants.
Marie Delarue
http://fr.novopress.info/201385/migrants-on-les-balade-et-nous-avec/