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Europe et Union européenne - Page 863

  • CEDH : l'acceptation de la GPA conduit à celle des «usines à bébés» et de la «GPA-GAY»

    Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur du European Centre for Law and Justice, écrit dans Le Figarovox :

    "En juin dernier, la Cour a condamné la France dans les affaires Mennesson et Labassée, puis elle se prononça sur une affaire contre la Belgique en septembre, et condamna l'Italie fin janvier. Enfin, dès le 3 février, la Cour a rendu publique sa décision de juger trois nouvelles affaires de GPA contre la France.

    Avec les arrêts Mennesson et Labassée, la Cour a posé le principe de l'acceptation de la GPA à l'occasion d'affaires mettant en cause des couples hétérosexuels mariés ayant un lien génétique avec l'enfant conçu aux USA. Sur cette base, dans l'arrêt Paradiso et Campanelli, la Cour est allée plus loin en jugeant que l'Italie a violé le droit à la vie familiale d'un couple (dont la femme avait 55 ans) en leur retirant un enfant avec lequel ils n'avaient aucun lien génétique, produit sur commande et payé 49.000€ à une société moscovite spécialisée en GPA. En jugeant ainsi, la Cour a non seulement accepté une nouvelle fois la GPA, mais aussi entériné la production sur commande et la vente d'un enfant. Parce que cette production-vente d'enfant sans lien génétique avec les acquéreurs n'est en définitive qu'une forme particulière de GPA, l'acceptation de la GPA conduit nécessairement à celle de la vente d'enfant.

    Les trois nouvelles affaires concernent un couple vivant à Dubaï et ayant obtenu un enfant en Ukraine et deux hommes ayant chacun conçu des enfants par GPA en Inde avec des mères porteuses qui se présentent aussi comme les véritables mères biologiques. L'un d'eux reconnaît avoir versé 100.000 roupies à la mère (environ 1.300€, trois ans de salaire d'une ouvrière) et 60.000 roupies à l'hôpital. C'est une «GPA low-cost». L'autre requérant est pacsé avec un homme ayant aussi obtenu des jumeaux en Inde. Ce sera la première affaire de «GPA-GAY» traitée par la Cour, mais elle se refusera à tenir compte de cette circonstance au nom du principe de non-discrimination. Ainsi, l'acceptation de la GPA conduit aussi à celle des «usines à bébés» et de la «GPA-GAY».

    Au fil de ces affaires, c'est la même logique qui s'impose: la déshumanisation de la procréation rend possible, pour tous, l'obtention d'un enfant et la constitution de «familles» que la Cour s'empresse de protéger contre les lois qui s'opposent à la marchandisation des personnes. L'intérêt des enfants et la dignité des jeunes femmes «porteuses» sont sacrifiés.

    C'est un engrenage qui étend la libéralisation de la GPA suivant un «rythme imposé par notre Cour» comme l'a reconnu Dean Spielmann, le Président de la Cour, lors de l'audience solennelle du 30 janvier 2015. Il faut savoir que c'est la Cour qui choisit ses affaires parmi les très nombreuses qui lui sont soumises: elle en rejette 95% sans justification ni examen approfondi, elle est aussi maîtresse du calendrier. [...]"

    La sortie de la CEDH devient une question sérieuse et urgente.

    Michel Janva http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Ukraine : non, Poutine ne veut pas reconquérir l’Europe de l’Est

    Pour résoudre le conflit ukrainien et éviter une escalade dangereuse qui pourrait mener à un scénario comparable à l’Ossetie, Hadrien Desuin recommande l’instauration d’une autonomie sous surveillance russe et européenne dans le Donbass.

     

    Des tanks ukrainiens patrouillent dans la région de Donetsk. Crédits photo : ANATOLII STEPANOV/AFP

    Les dernières avancées pro-russes dans l’est de l’Ukraine réactivent les craintes de troisième guerre mondiale chez les plus fébriles des atlantistes, de droite comme de gauche. Comme souvent, les comparaisons faciles avec le spectre de l’Allemagne des années 30 fleurissent. C’est plutôt vers la grande tradition de la politique étrangère russe basée sur la conservation des fondamentaux territoriaux qu’il faudrait se tourner : préserver un glacis protecteur à l’ouest de Moscou et un accès maritime au nord comme au sud. Alimenté par la peur d’un encerclement, Poutine cherche simplement à maintenir un contrôle sur l’Ukraine. Mission périlleuse depuis que la révolution de Maïdan s’est jetée dans les bras américains.

    Le soutien, évident mais limité, accordé aux séparatistes du Donbass (leur indépendance n’a pas été reconnue) prouve que la politique poutinienne est au contraire rationnelle. Elle ne cède pas aux fièvres nationalistes de son opinion publique. Elle s’appuie sur un principe central : l’intérêt de la Russie. Il ne s’agit pas de reconquérir l’Europe de l’est comme les pays polono-baltes le craignent, ou de succomber à une crise d’autisme comme le suggère les américains, mais de conserver son influence sur l’« étranger proche ».

    S’il était seulement guidé par une soif de conquête, Poutine aurait en quelques jours enfoncé l’armée ukrainienne et occupé Kiev sans que personne ne bouge en Europe et aux États-Unis. Les successeurs de Staline le firent à Budapest et à Prague et les alliés se contentèrent de protestations verbales. Une occupation militaire sous la contrainte serait stérile. Dans le Donbass, Poutine se contente donc de défendre l’insurrection pro-russe sous la menace de l’armée ukrainienne. L’objectif est de conserver une tutelle et un levier de négociation au sein même d’une confédération ukrainienne. Et surtout d’empêcher son voisin de rejoindre l’Union européenne et l’Otan, deux lignes rouges pour le Kremlin. Or, détacher l’Ukraine de l’Empire russe est une obsession américaine, théorisée il y a déjà quelques années par le brillant stratège et ancien conseiller à la sécurité de Jimmy Carter d’origine polonaise, Zbigniew Brzrezinski, dans Le grand échiquier. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un Empire. Elle cesse d’être une menace pour l’hégémonie des États-Unis. [....]

    La suite sur Le Figaro.vox

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Ukraine-non-Poutine-ne-veut-pas

  • LE PEN: Washington essaie de provoquer une « guerre en Europe »

    La présidente du Front National Marine Le Pen a qualifié Bruxelles de « valet des Américains » concernant sa politique en Ukraine. Elle a accusé Washington d’essayer de déclencher une guerre en Europe et d’étendre l’OTAN vers les frontières russes.

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    « Les capitales européennes n’ont pas la sagesse de refuser de dépendre des positions américaines sur l’Ukraine », a déclaré dimanche la présidente du parti français d’extrême droite. « Concernant l’Ukraine, nous nous comportons comme les valets des Américains », a-t-elle souligné en précisant que « l’objectif des Américains est de déclencher une guerre au sein de l’Europe pour pousser l’OTAN jusqu’à la frontière russe ».

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    Elle a également accusé les responsables européens de fermer les yeux sur le fait que le gouvernement ukrainien « bombarde des populations civiles » en ajoutant que les résidents de la Crimée et de l’est de l’Ukraine pensaient que le pays devait être fédéralisé.

    Marine Le Pen a en outre critiqué l’Union européenne (UE) à plusieurs reprises pour son attitude vis-à-vis de l’Ukraine et son prétendu manque d’indépendance à l’égard de Washington. En septembre, elle avait déclaré au quotidien Le Monde que la poursuite de la crise en Ukraine était « une faute de l’Union Européenne » fustigeant le fait que Bruxelles avait exercé un « chantage sur le pays en lui demandant de choisir entre l’Europe et la Russie ».

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  • L’Italie face aux filières maritimes d’immigration clandestine

    En 2014, par ces filières, plus de 170.000 clandestins sont arrivés sur les côtes italiennes pour venir coloniser l’Europe, en payant entre 1.000 et 5.500 dollars.

    http://fr.novopress.info/

  • Allons voir chez les Grecs… par Georges FELTIN-TRACOL

    Le 25 janvier 2015 restera à coup sûr dans l’histoire contemporaine grecque comme une rupture. Le bipartisme qui, depuis 1974, structurait la vie politique, explose et s’efface à l’avantage de nouvelles forces. Longtemps adversaires avant de former un cartel lié aux intérêts bancaires et financiers, la Nouvelle Démocratie (N.D.) conservatrice et le PASOK (Mouvement socialiste panhellénique) sont vaincus par le parti de gauche radicale Syriza. Si les conservateurs arrivent deuxième avec 27,81 % des suffrages (76 députés), le PASOK s’enfonce à 4,68 % (13 élus).

    De nombreux commentateurs ont rappelé que, sept ans plus tôt, Syriza attirait moins de 4 % des électeurs alors que ce parti atteint désormais 36,34 % et frôle la majorité absolue (151 sièges) à la Vouli (le Parlement unicaméral) avec 149 députés. Si ce triomphe incontestable est dû au ras-le-bol compréhensible du peuple grec écrasé par les mesures démentes de la Troïka (F.M.I – Commission européenne – B.C.E.), Syriza le doit aussi à son jeune tribun, le quadragénaire Alexis Tsipras. Cette victoire fait d’Athènes le centre de toutes les attentions de la part des « gauches de la gauche » européennes (portugaise, allemande, irlandaise…).

    Un réformisme révolutionnaire social-démocrate ?

    Dès l’annonce du résultat, la gauche française d’opposition – cette mouvance qui va de Besancenot aux « frondeurs » du P.S. en passant par des Verts critiques, le P.C.F., Jean-Luc Mélanchon et le Front de gauche – se prit à rêver d’une performance semblable dans l’Hexagone, ignorant que la France n’est pas la Grèce. L’exemple grec encourage dans toute l’Europe une contestation croissante. Le 31 janvier, à Madrid, le jeune mouvement protestataire de gauche radicale Podemos (« Nous pouvons ») réussissait une impressionnante démonstration de force. Serions-nous à la veille d’une révolution « rouge » sur tout le continent ? Relativisons car, plus que vraiment révolutionnaire, « le Syriza de 2009 était une force post-communiste protestataire aux forts accents “ mouvementistes ”, en réalité une confédération très hétéroclite de petites organisations de gauche. Cette confédération était peu cohérente sur le plan programmatique et parfois sectaire sur le plan idéologique. L’attitude protestataire et l’« ultra-anti-néo-libéralisme » rhétorique […] furent les deux fondements d’une radicalité politique anticapitaliste dépourvue de profondeur idéologique et programmatique. […] L’identité actuelle de Syriza est, sur le plan de l’organisation et de la composition de ses membres, caractéristique d’une partie de la nouvelle gauche radicale, alors que ses propositions de politique économique et européenne intègrent des éléments forts de réformisme social-démocrate. […] Syriza représente une sorte de social-démocratie de gauche aux accents populistes et “ mouvementistes ” (1) ».

    Abrupt, ce jugement n’en est pas moins pertinent. Jusqu’en 2014, Syriza n’était qu’une simple Coalition de la gauche mondiale comprenant diverses formations d’extrême gauche dont la Gauche du renouveau écologique et communiste, le Mouvement de la gauche unifiée dans l’action, les Citoyens actifs, la Gauche ouvrière internationaliste qui s’en retira ensuite) souvent rivales, mais néanmoins réconciliées en 2004 grâce au Synaspismos (Coalition de la gauche, des mouvements et de l’écologie) d’où provient Tsipras, et qui exista entre 1993 et 2013.

    L’histoire récente de la gauche radicale grecque est très agitée. Dans un espace électoral dominé par le PASOK et où les blessures de la Guerre civile de 1946 – 1949 demeurent vives, elle se déchirait avec violence. Syriza résulte des péripéties internes du communisme hellène. En 1968, lors de l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie, le P.C. grec, alors clandestin et interdit par la junte des colonels, se fracture entre les partisans de l’intervention, futurs membres du Parti communiste de l’Extérieur, pro-soviétique (l’actuel P.C., en grec le K.K.E.) et ses détracteurs. Ces derniers, pro-italiens et eurocommunistes, fondent un Parti communiste de l’Intérieur. Avec le temps, l’écart entre les deux P.C. devient irréversible en dépit d’une brève réunification au début des années 1990. Si le K.K.E. ne cache pas son aversion pour l’O.T.A.N., l’euro et l’Union (pseudo-)européenne et revendique un caractère marxiste-léniniste et néo-stalinien marqué (2), ses concurrents communistes de l’Intérieur adoptent une démarche réformiste et pro-européenne au point de participer de juillet 1989 à avril 1990 à des gouvernements d’union nationale (3).

    Une alliance détonnante

    Dès les résultats connus, Syriza pouvait s’allier au K.K.E. (15 députés, 5,47 %) et bénéficier d’une solide majorité parlementaire. Mais le K.K.E. refuse toute participation, voire tout soutien officiel, au nouveau gouvernement en raison des contentieux passés. Se doutant de la réponse, Alexis Tsipras a finalement monté en un temps record un gouvernement grâce à un accord explosif : Syriza s’entend avec les 13 députés (4,75 %) An.El. (Grecs indépendants) de Panos Kamménos. Créés en février 2012 par une dizaine de parlementaires de la N.D. exclus pour avoir voté contre le gouvernement de Papadimos, les Grecs indépendants sont un mouvement de droite souverainiste, conservatrice et populiste anti-austérité. Les médiats français les comparent volontiers à Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, ce qui est approximatif. Par les thèmes défendus, ils se rapprocheraient plutôt de la « Droite populaire » de Thierry Mariani au sein de l’U.M.P. (4).

    On peut supposer que les négociations avec Alexis Tsipras commencèrent bien avant la dissolution du Parlement. Comme Syriza refusait de s’entendre avec les partis qui ont approuvé les plans d’austérité (la N.D., le PASOK), montrait de la réticence à discuter avec To Potami (« La Rivière ») de l’ancien présentateur télé, Stavros Théodorakis, dont le programme est à la fois anti-corruption, favorable à l’austérité et libéral-libertaire et ne pouvait pas envisager la moindre approche avec Aube dorée, la solution la plus simple passait par un compromis avec les Grecs indépendants. Les négociations ont dû s’accélérer quand Antonis Samaras avança la date du scrutin présidentiel à la fin du mois de décembre 2014. Malgré de fantastiques pressions et des tentatives incroyables de corruption, les élus An.El. ne soutinrent pas le candidat unique présenté par la N.D. et entraînèrent l’arrêt prématuré de la Vouli.

    Si Syriza et An.El. partagent la même hostilité à l’égard de l’organisation de Bruxelles, leurs divergences sont totales sur l’immigration, la séparation de l’État et de l’Église orthodoxe, la réforme de la nationalité et l’établissement du droit du sol, l’homoconjugalité… Les premières décisions du nouveau gouvernement indiquent que la priorité porte sur les questions économiques, sociales et financières. Alexis Tsipras a aussi montré un grand talent de tacticien politique en offrant au président des Grecs indépendants, Panos Kamménos, le ministère de la Défense. An.El dispose au total de deux ministères, de trois secrétaires d’État et de la gestion de la Macédoine et de la Thrace. Athènes maintiendra donc une position intransigeante en refusant toute adhésion macédonienne à l’O.T.A.N. tant que la République de Skopje continuera à se nommer « Macédoine », terme que les Grecs estiment leur appartenir en propre. En Thrace vivent les Pomaques, une minorité de confession musulmane protégée par le traité turco-grec de Lausanne en 1923. Certes, Panos Kamménos a à ses côtés un secrétaire d’État Syriza, le syndicaliste Kostas Issychos, et que son grand partenaire a fait élire sur ses listes trois candidats d’origine musulmane, mais la nomination de Kamménos devrait rassurer une armée grecque guère enthousiaste à l’idée d’être commandée par un admirateur du Che. Alexis Tsipras a-t-il aussi voulu ménager l’« État profond » grec ? Peut-être ? « Au cœur des institutions se cache aussi ce que les Grecs appellent le parakratos : le “ para-État ” ou l’« État souterrain », c’est-à-dire un réseau informel hérité de la guerre froide, composé de hauts fonctionnaires, de policiers, de militaires et de magistrats, prêts à tous les coups tordus pour éviter l’arrivée des “ rouges ” au pouvoir. Un tel réseau, appuyé par les services secrets américains, avait minutieusement préparé le terrain au coup d’État de la junte des colonels en 1967 (5). »

    Brève histoire du « droitisme » grec

    Ce parakratos joue-t-il en outre sur les différentes factions nationalistes grecques ? Possible. Aux dernières législatives concourraient  plusieurs formations patriotiques et nationales, y compris au sein de la Nouvelle Démocratie avec Adonis Georgiadis. Le nationalisme grec n’a jamais disparu depuis le retour de la « démocratie » en 1974. Pensons par exemple dans les années 1980 à l’Union politique nationale (E.P.En) qui eut un député européen siégeant au groupe des « Droites européennes » de Jean-Marie Le Pen. Dans la décennie 1990 se manifesta le Printemps Politique, lancé en juin 1993 par Antonis Samaras, démissionnaire de son poste de ministre des Affaires étrangères et de la N.D., parce qu’il prônait une ligne anti-macédonienne. Ce nouveau parti obtint 4,9 % aux législatives de 1993, soit une dizaine de sièges. Aux élections européennes de 1994, il parvint à envoyer deux élus à Strasbourg – Bruxelles avec 8,7 %. Puis vint le temps du déclin et un effondrement rapide si bien que Samaras réintégra bientôt le giron de la N.D.

    La place fut vite reprise par le parti La.O.S. (Alerte populaire orthodoxe) dont le sigle signifie aussi « Peuple » en grec. Fondé en 2000 par un journaliste, Georgios Karatzaféris, exclu de la N.D. Le succès commence en 2007 où il recueille 3,8 % et 10 sièges. En octobre 2009, le La.O.S. accroît son audience  en réalisant 5,63 %, soit 15 députés. Les journalistes et politiciens français comparent La.O.S. au F.N. Or jamais les députés européens du La.O.S. n’ont siégé avec les élus frontistes. Au Parlement européen, La.O.S. participait au groupe Europe des libertés et de la démocratie aux côtés de Philippe de Villiers. La.O.S. serait en fait l’équivalent du villiérisme. Les succès électoraux s’enchaînant tournèrent-ils la tête de Georgios Karatzaféris au point de commettre une erreur politique irréparable ? En novembre 2011, La.O.S. entre dans une coalition gouvernementale PASOK – N.D. conduite par Luka Papadimos. Hostile à un nouveau plan d’austérité,  La.O.S. s’en retire cependant quelques mois plus tard. Mais le mal était fait. Cette brève participation ministérielle provoqua un recul électoral important dès 2012, concrétisé en 2015 (1,03 %).

    La désaffection des électeurs pour La.O.S. favorisa en réaction la percée d’Aube dorée au discours nationaliste radicale. En décembre 1980 paraissait une modeste revue intitulé Aube dorée. Sa rédaction comprenait de jeunes nationaux-socialistes, d’anciens militants du Parti du 4-Août et Nikolaos Michaloliakos, alors responsable de la jeunesse de l’E.P.En. Un an plus tard, la revue constituait un mouvement politique, la Ligue populaire. Nikolaos Michaloliakos se démarqua en 1985 de cette ligue et fonda un Mouvement national populaire – Aube dorée. Comme pour tout parti groupusculaire, les tiraillements internes furent fréquents. En 2005, Aube dorée renonçait à la politique, privilégiait le culturel et adhérait à l’Alliance patriotique qui périclita. Deux ans plus tard, Aube dorée redevint un parti, relança sa revue éponyme et se présenta aux scrutins. En 2010, Nikolaos Michaloliakos recueille 5,3 % et devient conseiller municipal d’opposition. Aube dorée entra ensuite au Parlement en 2012. Outre une vision ouvertement panhellénique favorable à la « Grande Idée » (6), au soutien des Grecs de l’Épire du Nord en Albanie et de Chypre et à un ultra-nationalisme résumé par le slogan « Pour une Grèce qui appartiendra aux Grecs », Aube dorée a su couvrir les quartiers pauvres d’un solide maillage social et convivial. Les parlementaires versent une part de leur indemnité aux œuvres sociales du mouvement qui finance de cette façon distributions de vêtements et soupes populaires. Mieux encore, sur un simple appel téléphonique, les robustes gaillards de son service d’ordre accompagnent les personnes âgées qui retirent en toute quiétude leur pension à la banque, ou nettoient les zones de non-droit des trafiquants de drogue et autres immigrés clandestins qui nuisent à la tranquillité publique.

    Cette proximité auprès de la population a effrayé la caste politicienne, d’autant qu’Aube dorée franchissait les 10 % selon certaines intentions de vote. Il importait par conséquent de briser nette cette ascension électorale. En septembre 2013, la police grecque arrêta Nikolaos Michaloliakos et quatre autres députés au mépris de leur immunité parlementaire sans que cela ne suscite une quelconque indignation internationale. C’est donc derrière les barreaux que les dirigeants d’Aube dorée ont fait campagne dans des conditions guère favorables. Son maintien en tant que troisième force politique nationale est déjà en soi une belle victoire qui repose sur la fidélité d’électeurs acquis grâce à l’action sociale et caritative. Attaquée et diffamée, Aube dorée résiste ! C’est un bel exemple de courage politique européen (7).

    Par ailleurs, il serait faux de croire que Syriza incarne toute la gauche radicale. Outre le K.K.E. se présentait aux élections Ant.Ar.Sy.A ou Front de la Gauche anticapitaliste qui est passé en moins de deux ans d’environ 21 000 voix à plus de 39 000 (0,64 %). Cette coalition rassemble en mars 2009 huit formations de sensibilité trotskiste, altermondialiste et éco-socialiste (dont le Parti socialiste des travailleurs). Ce front n’est pas le seul à contester l’hégémonie de Syriza puisque s’activent hors de sa prédominance le Parti communiste marxiste-léniniste de Grèce, le Parti révolutionnaire des travailleurs, le l’Organisation communiste internationaliste de Grèce ou la Libération démocratique du peuple grec.

    Genèse d’un axe Athènes – Moscou ou Acropole – Wall Street ?

    Les premières annonces économiques du nouveau gouvernement grec témoignent d’une volonté certaine d’affronter l’aberrante politique d’austérité altanto-mondialiste. S’agit-il des gesticulations ou d’une vraie détermination ? Yanis Varoufakis, le nouveau ministre des Finances, a la double grecque et australienne. Parfait anglophone, il a travaillé pour des entreprises d’économie virtuelle et conseillé un temps le socialiste Georges Papandréou. Prévoyant la large victoire de Syriza, le Financial Times faisait preuve d’une stupéfiante neutralité et reconnaissait à demi-mot l’inanité de la cure d’austérité. Par ailleurs, Tsipras vient d’engager le financier français de gauche, Matthieu Pigasse de la banque Lazard pour qu’il restructure la dette grecque. Le gouvernement grec se ménage plusieurs solutions. Va-t-il finalement obtempérer aux injonctions de Bruxelles et de la B.C.E. ? Un assouplissement de sa position économique serait-il compensé par un durcissement diplomatique envers l’atlantisme ?

    De manière inattendue, des sévères frictions sont apparues entre Athènes et Bruxelles au sujet de sanctions renforcées contre la Russie. Quelques heures après sa nomination, Alexis Tsipras désapprouvait le communiqué anti-russe de l’U.E. et recevait pour l’occasion l’approbation du K.K.E. et d’Aube dorée… La vraie surprise vient en fait des Grecs indépendants dont le député européen siège dans le groupe C.R.E. (Conservateurs et réformateurs européens) animé par les tories britanniques, les nationaux-conservateurs polonais de Droit et Justice, des eurosceptiques tchèques, des Vrais Finlandais, l’A.f.D. allemande ou les nationaux-centristes flamands de la N.V.A. La charte constitutive de ce groupe affirme clairement l’engagement du Vieux Continent à ce leurre mortifère qu’est l’O.T.A.N. Comme la quasi-totalité des États européens (hormis la Russie, le Bélarus et, à la rigueur, le Liechtenstein), la Grèce est en fait un pays à souveraineté très limitée. Cette souveraineté restreinte est ancienne et perdure depuis la naissance de la Grèce moderne placée dans la zone d’influence anglo-saxonne (d’abord de la perfide Albion, puis de l’Oncle Sam).

    En 1916 – 1917, la Grèce connut son « Schisme national ». En 1915, le Premier ministre Vénizélos, favorable à l’Entente, démissionne, car le roi Constantin Ier défend une stricte neutralité. En 1916, appuyé par Paris et Londres, Vénizélos établit à Salonique un gouvernement rebelle qui dépose en 1917 le roi : la Grèce entre en guerre contre les Empires centraux. En 1947, Londres et Washington aident massivement l’année royale grecque contre l’Armée démocratique de la Grèce du communiste Markos. Le 21 avril 1967, le putsch des colonels est en partie fomenté par la C.I.A. Mais, en novembre 1973, le général Dimitris Ioanidis renversa la junte de Georges Papadopoulos et tenta l’Enossis, l’union de la Grèce à Chypre, ce qui déclencha l’intervention militaire turque et la chute du régime militaire. Pour Georges Prévélakis, « en 1973, Papadopoulos aurait été renversé par Ioannidis manipulé par la C.I.A. à cause de son refus d’accorder aux Américains l’utilisation de l’espace aérien grec pour soutenir Israël (pendant la guerre du Kippour). Beaucoup d’officiers qui soutenaient Georges Papadopoulos étaient très influencés par le colonel Kadhafi (8) ». Mais  ce qui est possible à Bruxelles ne l’est pas sous le ciel athénien…

    L’arrivée de Nikos Kotzias à la tête du ministère des Affaires étrangères n’a guère ravi tant à l’intérieur de Syriza que dans les ambassades occidentales. Ancien du K.K.E. rallié à Syriza, cet universitaire francophone est aussi russophile. Il y a deux ans, il invita à son université Alexandre Douguine. « En septembre 2013, un autre membre de Syriza, Dimitris Konstantakopoulos, a quémandé auprès de Douguine le soutien du pouvoir russe à son parti (9). » Isabelle Lasserre rapporte aussi qu’« il suffirait donc que la Grèce abatte son veto pour faire imploser la politique européenne de sanctions envers la Russie. Le ministre grec des Affaires étrangères a brandi la menace jeudi : “ Quiconque pense qu’en raison de sa dette, la Grèce va renoncer à sa souveraineté et à une participation active dans le processus européen de décision politique commet une erreur ” (10) ».

    Comment le gouvernement grec peut-il peser sur les pourparlers face à un gouvernement allemand plus que jamais atlantiste, arrogant et psychorigide ? Angela Merkel, cette grosse calamité politique, a, dernièrement, critiqué avec une rare violence les manifestants de P.E.G.I.D.A. hostiles à l’islamisation de notre Europe. De nombreux Teutons bien lobotomisés par sept décennies de rééducation psychologique made in U.S.A., contre-manifestèrent en faveur d’une mirifique ouverture à l’Autre. Que ces petits-bourgeois d’outre-Rhin, décérébrés, mettent leurs intentions en conformité avec leurs actes, cessent leur pingrerie et ouvrent largement leur portefeuille aux Grecs. L’euro faible, le rachat par les banques centrales nationales des dettes nationales et le nouveau contexte politique grec font que les Allemands paieront sinon, plutôt que la sortie de la Grèce de la Zone euro et/ou de la pseudo-U.E., il devient envisageable que Berlin abandonne une fois pour toutes l’actuelle armature européenne et s’aventure à reconstituer un Zollverein américano-germanique mitteleuropéen, un club Mickey pour retraités nantis.

    Georges Feltin-Tracol

    Notes

    1 : Gerassimos Moschonas, « Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, reste le leader d’un parti démagogique », dans Le Monde, le 30 janvier 2015.

    2 : Seul le Parti communiste de Bohème – Moravie (P.C.B.M.) en République tchèque conserve un positionnement politique identique.

    3 : Le nouveau vice-premier ministre, Yannis Dragasakis, participa ainsi au gouvernement d’union nationale du gouverneur de la Banque de Grèce, Xénophon Zolotas (novembre 1989 – avril 1990).

    4 : Une fois encore, il importe de consulter régulièrement l’excellent blogue de Lionel Baland qui traite souvent de la situation politique grecque.

    5 : Thierry Vincent, « Un espoir tempéré, la crainte des coups tordus », dans Le Monde diplomatique, février 2015.

    6 : Sur la « Grande Idée » et la Mégali Hellade (Grande Grèce), cf. Georges Prévélakis, Géopolitique de la Grèce, Complexe, coll. « Géopolitique des États dans le monde », Bruxelles, 1997, p. 50.

    7 : D’autres mouvements nationalistes se présentaient tels un Front solidaire orthodoxe radical, un Mouvement national de résistance, voire un Mouvement blanc grec pour une idéologie actuelle à l’éloquente dénomination.

    8 : Georges Prévélakis, op. cit., p. 127.

    9 : Isabelle Lasserre, « La Grèce veut se rapprocher de la Russie pour mieux peser sur l’Europe », dans Le Figaro, le 30 janvier 2015.

    10 : Idem.

    http://www.europemaxima.com/?p=4181

  • La non-livraison du Mistral coûtera au minimum 60 millions par an à la France

    C’est ce que rapporte Jean-Dominique Merchet sur son blogue. Le note ne comprend pas d’éventuelles indemnités de retard que la Fédération de Russie pourrait réclamer.

    Lu sur Secret Défense : Selon nos informations, la non-livraison des deux BPC Mistral commandés par la Russie, le Vladivostok et le Sébastopol, coûterait 5 millions d’euros par mois, uniquement en frais de gardiennage et de maintenance des deux bateaux qui devraient rester en France. Une somme considérable, soit près de 60 millions par an à la charge de DCNS ou de l’Etat. 

    A cette somme pourrait s’ajouter des pénalités de retard et des dommages et intérêts que la Russie serait en droit de réclamer à la partie française. Cette affaire se jouera à partir du 16 mai, lorsque le délai de « force majeure » mis en avant par Paris le 24 novembre arrivera à expiration. Il peut être prolongé mais le Kremlin peut également décider de poursuivre la France devant une cour arbitrale en Suisse, comme le prévoit le contrat. Ce n’est qu’à partir du 16 mai que le contrat peut être résilié par l’une des parties. 

     

    En cas de non-livraison, la France devra de toute manière rembourser les 890 millions d’euros déjà payés par la Russie. Les pénalités de retard, qui augmentent chaque semaine, sont toutefois limités à 5% du montant total du contrat, soit environ 55 millions. C’est absorbable. Il en va tout autrement d’éventuels dommages et intérêts que réclameraient Moscou. Personne n’a aujourd’hui la moindre idée de leur montant, les proches du dossier évoquant une somme «entre 500 millions et 5 milliards»… La partie russe pourrait demander, par exemple, le remboursement des frais liés au déploiment de marins russes à Saint-Nazaire ou les investissements de la Flotte russe pour accueillir les deux bateaux.

    http://www.contre-info.com/exclusif-la-non-livraison-du-mistral-coutera-au-minimum-60-millions-par-an-a-la-france#more-36779

  • Grèce : délégation française à la manifestation annuelle de l’Aube dorée

    Nous évoquons régulièrement le mouvement nationaliste grec « Aube dorée », véritablement anti-Système (et victime d’une répression ahurissante).

    Lors de sa marche annuelle à Athènes il y a quelques jours, des étrangers s’étaient déplacés, dont des militants du mouvement « Renouveau français » : on peut lire leur compte rendu en cliquant ici.

    http://www.contre-info.com/

  • Grèce : Washington ne permettra pas qu’un gouvernement indépendant se lève en Europe

    Comme le démontre l’entretien (cliquez ici), la BBC s’est excitée sur lui. Le pire est à venir. De plus, si le nouveau gouvernement grec est capable de rester ferme et d’empêcher la poursuite du pillage horrible du peuple hellène, l’assassinat de ceux qui, parmi eux, assurent la direction n’est pas impossible. Washington ne permettra pas qu’un gouvernement indépendant se lève en Europe. Si un gouvernement grec réussit à se dresser pour le peuple et, en fait, à le représenter, l’idée pourrait s’étendre à l’Italie, l’Espagne, le Portugal et l’Irlande et ensuite en Europe de l’Est. Le contrôle qu’exerce Washington sur l’Europe se disloquerait. 

    BBC, le média presstitué [néologisme de PCR, NdT], a remplacé ce qui devait être une entrevue par une incrimination. Elle puait l’hostilité envers le ministre, indiquant la furie que les institutions financières étrangères et leurs vassaux gouvernementaux ressentent envers le nouveau gouvernement grec. Comme je l’ai écrit l’autre jour, s’il y a une chose que les élites occidentales détestent plus que tout, c’est d’avoir des responsabilité à rendre pour eux-mêmes. Vous pouvez être certain que des médias presstitués comme la BBC serviront d’hommes de main à l’élite contre le nouveau gouvernement grec, tout comme ils le font contre le gouvernement russe, le gouvernement chinois, le gouvernement iranien, tout comme ils l’avaient fait contre les Serbes, les Irakiens, les Libyens et le gouvernement syrien et les talibans.

    Source  

    http://www.oragesdacier.info/

  • Ukraine : la Russie doit intervenir

    On a oublié, à la suite des attentats islamiques en France de janvier, la tragédie qui se déroule dans l’est et le sud de l’Ukraine : les forces armées et les milices du gouvernement de Kiev alimentent une guerre civile épouvantable pour les populations, en majorité russophones. Il est maintenant démontré qu’elles sont armées et financées par Washington, qui entretient sur place des conseillers. Beaucoup plus que les forces des dissidents russophones par Moscou. Avec la complicité des Européens, qui n’ont rien compris au film. Certes, M. Hollande et Mme Merkel, pour reprendre la main diplomatiquement, essaient de négocier avec le gouvernement de Kiev et avec Vladimir Poutine, paraissant refuser la stratégie belliciste de John Kerry (Secrétaire d’ État américain) qui, lui, donne des armes à Kiev. Mais c’est insuffisant. C’est pourquoi, cet article plaide en faveur d’une reprise en mains du problème par le Kremlin.
    Les exactions de Kiev 
    Dans la région de Donetsk (où existe une république autoproclamée) on a dénombré en janvier 295 victimes civiles des bombardements ukrainiens, sans compter, en plein hiver dans ce pays au climat difficile, les innombrables destructions de maisons, d’infrastructures, avec des cohortes de réfugiés et de blessés non soignés, les pensions qui ne sont plus payées, la misère qui s’installe. Depuis le début de la guerre civile, près de 4.000 morts ont été dénombrés, la majorité chez les populations russophones. Un épisode assez sinistre s’est produit, qui n’est pas à l’honneur du gouvernement de Kiev ni de l’Union européenne : dans l’hôpital de Kalinina, pour l’instant épargné par les bombardements ukrainiens, des patients diabétiques sont en manque de dialyse par insuline. Ils risquent une mort prochaine, parce que le ministère de la Santé de Kiev ne fournit plus les doses. L’hôpital a demandé l’aide de l’Union européenne, de la Commission de Bruxelles. Il a essuyé un refus. Parce qu’on n’aide pas le camp désigné comme ”ennemi”. Cette position est tout simplement criminelle. Honte aux autorités européennes.
    Depuis plusieurs mois, la ”communauté internationale” ferme les yeux sur les exactions et les bombardements des populations russophones par l’armée ukrainienne. C’est pourtant une réalité que même les reporters occidentaux ont du mal à cacher, mais que les médias minimisent. Ce sont les Russes qui massacrent et qui détruisent ? Non, ce sont les troupes et les milices de Kiev, armées, soutenues, payées par l’Otan et approuvées par l’Union européenne (au nom de la ”démocratie”, bien entendu) qui commettent des exactions qui relèvent du Tribunal pénal international. Mais personne n’en parle ! Personne n’ose saisir ce tribunal contre le gouvernement de Kiev qui procède à des bombardements d’artillerie contre des zones urbaines habitées sans aucun intérêt militaire. Deux poids, deux mesures, quand on pense aux réactions face à Bachar el-Assad… 
    La situation est dans l’impasse

    La Russie devrait se demander maintenant si elle doit taper du poing sur la table ou laisser passer l’orage. La diplomatie discrète de M. Lavrov n’a pas été entendue. L’hypothèse d’une intervention militaire russe dans l’est et le sud-est de l’Ukraine, immédiate et déterminée, a été écartée par le Kremlin, afin de ne pas envenimer les choses. Et de ne pas tomber dans la provocation américaine Il faudrait peut-être reconsidérer cette position. On accuse M. Poutine de brutalité et de cynisme ? Il a été jusqu’à maintenant très patient et très modéré ; la récupération de la Crimée par la Russie (référendum massif) a été parfaitement démocratique et légitime puisque c’est un territoire russe. Le processus s’est déroulé dans la paix civile : y a-t-il une guerre en Crimée ? Non. Le Kremlin veut éviter le retour de la guerre froide. Mais Washington a décidé que la guerre froide devait recommencer, ce qui est fait. Il faut en prendre acte et choisir son camp.
    Le gouvernement russe a été très patient vis à vis de l’”Occident” dirigé malheureusement par Washington, surtout la France qui, avec Chirac, Sarkozy et Hollande (pas Mitterrand) est revenue dans le giron de l’Otan et n’a plus de politique étrangère indépendante. La russophobie est largement relayée par les médias, disons à 80%. On diabolise notre ami principal, la Russie. Avec les sanctions économiques stupides (et souvent illégales au regard du droit international, concernant notamment les avoirs personnels des dirigeants) qui nuisent grandement à la France et à l’Allemagne, qui poussent la Russie dans les bras de la Chine en plombant l’économie russe, la situation est totalement bloquée. 
    Aucune négociation n’est plus possible. Les cessez-le–feu ont été violés les uns après les autres. Les grands pays de l’UE sont trop dépendants de Washington pour être crédibles dans un déblocage de la situation. Et surtout, ils sont, de manière complètement ridicule, influencés par les gouvernements de la Pologne et des Pays Baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) qui développent une obsession antirusse haineuse et délirante en se prétendant menacés.
    L’Ukraine a tout perdu
    De toutes façons, il ne faut pas rêver : jamais, après ce qui s’est passé, après plusieurs mois de guerre civile et d’hostilité brutale du gouvernement de Kiev, les populations de l’est et du sud de l’Ukraine, en majorité russophones, n’accepteront désormais l’autorité de Kiev, voire même de rester ”ukrainiennes”. Elles ont trop souffert. Même l’hypothèse de ”provinces autonomes” dans un cadre ukrainien fédéral est compromise. C’est trop tard. Les russophones qui, avant le conflit, acceptaient de se dire ”Ukrainiens” ne l’accepteront jamais plus. L’amputation de l’Ukraine de sa partie russophone (en réalité ”russe”, pour dire les choses clairement) semble inévitable. Si l’on organisait un référendum dans ces régions, il y a fort à parier que l’opinion, traumatisée, choisirait soit une république indépendante liée à la Russie, soit même l’union pure et simple avec la Russie. Mais de toutes façons, le gouvernement de Kiev, qui a versé dans une russophobie aussi stupide que suicidaire, sur injonction de Washington et des milieux atlantistes européens, ne récupérera jamais les provinces russophones.
    Ce qui est dramatique pour l’Ukraine, c’est que son intérêt était de s’allier pacifiquement avec la Russie pour un développement conjoint entre peuples proches ; et qu’elle a choisi la pire voie possible, en obéissant à des maîtres qui se moquent d’elle et qui ne veulent qu’une seule chose : provoquer la Russie, la sanctionner, l’empêcher de redevenir une grande puissance et de s’allier à l’Europe. En faisant entrer l’Ukraine dans l’OTAN (obsession de Washington) en créant un casus belli avec la Russie. La pauvre Ukraine a été sacrifiée et elle est aujourd’hui dirigée par un gouvernement et une idéologie complètement contraires à ses intérêts. Ce qui est lamentable dans toute cette histoire, c’est que, finalement des Européens s’affrontent entre eux, alors que l’ennemi, le véritable ennemi est ailleurs.
    Pour une intervention militaire russe d’interposition
    La Russie n’a plus rien à perdre à une intervention directe et ouverte – y compris militaire, je le dis tranquillement – pour défendre les populations civiles russophones. En effet, les sanctions économiques ne pourront pas s’aggraver significativement. Et l’OTAN n’a absolument pas les moyens militaires d’intervenir. D’autre part, la politique poutinienne de restauration de l’armée russe avec un budget sérieux met Moscou à l’abri de toute réaction occidentale armée. 
    Une intervention de l’armée russe, comme force d’interposition dans l’Est et le Sud de l’Ukraine (Marioupol), pour dissuader l’armée et les milices de Kiev de continuer leurs destructions semble indispensable, puisqu’aucune force d’interposition de l’ONU (par ailleurs en général inefficace) ne sera jamais déployée. La Russie doit mettre l’Occident devant le fait accompli. 
    Dès lors que la Russie aura déployé une force d’interposition militaire pour protéger les populations russophones de l’armée et des milices de Kiev, ces dernières reculeront et cesseront leurs exactions et leurs rêves de ”reconquête”. Il y a peu de chances que la guerre reprenne et que les politiciens de Kiev choisissent d’affronter l’armée russe. Dans le même temps, Moscou doit organiser dans la foulée un plan immédiat d’aide et de sauvetage (humanitaire, sanitaire) aux populations civiles scandaleusement délaissées par la ”communauté internationale”. Dans un troisième temps, après ce coup de force nécessaire, le Kremlin doit exiger une conférence internationale sur le sort des provinces Est et Sud de l’Ukraine, suivie d’un référendum sous contrôle international (ONU et OSCE). Ce référendum porterait sur trois options : maintien dans une Ukraine fédéralisée, constitution d’une république indépendante, adhésion à la Fédération de Russie. Seuls les peuples peuvent décider de leur sort, pas les politiciens. Surtout quand ils prennent leurs ordres de l’autre côté de l’Atlantique.
    Comme le disait le général de Gaulle, il y a des moments dans l’histoire où il ne faut plus tergiverser, négocier, calculer, mais où il faut décider. Les conséquences de l’indécision sont toujours pires que celles de la décision. Le Kremlin doit maintenant décider d’intervenir : dans le poker géopolitique, M. Poutine a un meilleur jeu que les autres. À lui d’abattre ses cartes.

    sourcegfaye.com :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EukFyEEpuZWffszlXA.shtml

  • Grèce : l’épreuve de force

    Entre Athènes et Berlin appuyé par Francfort, l’épreuve de force est politique. Mais il ne s’agit pas d’un conflit entre deux légitimités comme divers eurocrates voudraient le faire croire. Ce ne sont pas des institutions démocratiques européennes, fortes de leur représentativité semi-continentale, qui tentent de faire valoir leur bon droit face aux institutions démocratiques d’un petit pays.

    La Grèce n’est pas une très grande puissance mais nous sommes en train de découvrir qu’elle a plus de force que ne le laissaient penser son Produit intérieur brut et l’étendue de son territoire. Dans l’Union européenne, elle peut bloquer toutes les décisions qui sont prises à l’unanimité comme elle vient de le rappeler à propos des nouvelles sanctions qui pourraient être prises à l’égard de la Fédération de Russie. Surtout, la Grèce dispose d’un gouvernement légitime qui repose sur une majorité parlementaire issue d’une libre décision du peuple souverain. En face, il y a des pouvoirs et des puissances qui ne peuvent pas invoquer la légitimité démocratique, pour des raisons cent fois exposées mais dont l’Eurogroupe et la Banque centrale européenne ne veulent pas tenir compte. Le Parlement européen ressemble à une assemblée démocratique, la Commission ressemble à un gouvernement, le Conseil des ministres et le Conseil européen réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement ressemblent à des pouvoirs exécutifs mais il n’en est rien :

    Le Parlement européen n’est pas un pouvoir législatif […]

    La suite sur le blogue de Bertrand Renouvin

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Grece-l-epreuve-de-force