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géopolitique - Page 642

  • La guerre secrète de Washington...

    En décembre est arrivé un nouveau volontaire étasunien, David Simpson, qui s'est aussitôt rapproché des instances gouvernementales de la République de Donetsk et de l'agence internationale DONi qui a été autorisée a diffuser en exclusivité les premiers entretiens de cet ex-officier de la CIA venu rejoindre la rébellion du Donbass contre l'agression atlantiste menée en Ukraine par les USA et leurs laquais de l'Union Européenne.

     

    Après les premiers entretiens réalisés par le Directeur de Doni News et qui ont abordé l'aspect géopolitiques de l'ingérence étasunienne en Ukraine, j'ai été invité par Janus Putkonen a réaliser en compagnie de Laurent Brayard une premier "entretien militaire" avec David Simpson. Cet entretien général dont vous trouverez un extrait vidéo ici aborde l'implication concrète et exponentielle des services étasuniens dans la crise ukrainienne en général et la guerre dans le Donbass en particulier..

    Au cours de ce premier entretien, l'ex-officier de la CIA nous a confirmé qu'au delà d'un soutien politique et économique affiché par les occidentaux au nouveau pouvoir de Kiev, les USA avaient mis en place sur le terrain depuis l'affaire du "Maïdan" fin 2013, une intervention concrète de leurs services spéciaux, notamment de la NSA et la CIA... 

    Cette ingérence étasunienne incarnée par les visites de Ashton, Biden ou Brennan dès les premières mois de la crise ukrainienne, montre bien l'intérêt porté par les USA et le système libéral à cette région d'Europe, traditionnel "pivot stratégique" des confrontations historiques entre l'Est et l'Ouest.

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  • Jean-François Colosimo : « L’alliance de la Turquie avec Daech est objective »

    Jean-François Colosimo a accordé un entretien-fleuve à FigaroVox au sujet du rôle géopolitique de la Turquie au Proche-Orient. Il déplore le double-jeu d’Erdoğan et la passivité de l’Europe.

    LE FIGARO. - On a appris les bombardements d’un village chrétien de Sharanish au nord de l’Irak, dans le cadre des opérations anti-PKK. Juste après les attentats d’Istanbul, la Turquie avait lancé une campagne de frappes aériennes contre Da’ech en Irak et en Syrie. Quel est son ennemi prioritaire, Da’ech ou les minorités ?

    Jean-François COLOSIMO. - Une vague de bombes qui revêt valeur d’avertissement pour l’État islamique et de gage pour les États-Unis ne saurait épuiser la question du double jeu d’Ankara dans la nouvelle crise d’Orient. Le fait de se vouloir à la fois le champion de l’Otan et le passeur de Da’ech n’engage pas d’autre ennemi prioritaire que soi-même. La Turquie est en lutte contre la Turquie. Elle combat les spectres des massacres sur lesquels elle s’est édifiée. Que les minorités, chrétiennes ou autres, souffrent au passage, c’est leur sort. Car toute l’histoire moderne du pays se conjugue dans ce mouvement de balancier perpétuel entre adversité du dehors et adversité du dedans. Et au regard duquel les changements de régime ne comptent guère.

    Comment s’est opéré le basculement d’une Turquie laïque vers l’intensification de l’emprise de l’islam sur toute la société ? Quel est le sort des minorités ethniques et religieuses ?

    Afin de comprendre la Turquie d’aujourd’hui, il faut, comme il est d’habitude en Orient, s’établir sur le temps long. Plusieurs illusions de perspective menacent en effet une claire vision : qu’il y aurait une permanence en quelque sorte éternelle de la Turquie, qu’il y aurait lieu d’opposer la Turquie laïciste de Mustafa Kemal et la Turquie islamiste de Recep Erdoğan, que l’avenir de la Turquie serait nécessairement assuré.

    La Turquie contemporaine est incompréhensible sans l’Empire ottoman, lequel est lui-même incompréhensible sans l’Empire byzantin qui l’a précédé : comment passe-t-on, à l’âge moderne, d’une mosaïque multi-ethnique et pluri-religieuse à des ensembles nationaux et étatiques cohérents ? Or, la décomposition de l’Empire ottoman, entamé dans les années 1820 avec l’indépendance de la Grèce, n’en finit pas de finir. Depuis la chute du communisme, de Sarajevo à Bagdad, les récents incendies des Balkans et les présents incendies du Levant attestent de sa reprise, de sa poursuite et de son caractère, pour l’heure, inachevé. [....]

    La suite sur Le Figaro.vox

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Jean-Francois-Colosimo-L-alliance

  • la serbie sous pression permanente de la communaute internationale

    Les Etats-Unis accroissent leur mainmise sur la Serbie, avec l’aval du Premier ministre Vucic.

    Le système occidental resserre son étau sur Belgrade depuis quelques mois. Alors que plus de 72 % de la population se prononcent contre une éventuelle adhésion à l’OTAN [Politika, quotidien belgradois de référence, dans une enquête de l’agence « Marketing Plus » publiée le 04/05/2015], les États-Unis viennent de faire avaler au gouvernement de Belgrade une bien amère pilule. Le 16 janvier 2015, la Serbie a signé avec l’OTAN un Plan d’Action Individuel pour le Partenariat (IPAP), soit la dernière étape avant l’adhésion définitive à l’Alliance. Mais l’IPAP contient des clauses qui sonnent comme des rappels bien amers pour qui connaît l’histoire récente de la Serbie. Il stipule l’utilisation « pleine et entière du territoire de la Serbie » pour des manœuvres et prévoit l’installation de bases militaires sur son sol. Rappelons que ces conditions ont été considérées en février 1999 inacceptables par Slobodan Milosevic et ont entraîné la guerre de l’OTAN contre la Serbie. Les bombardements intensifs entre février et juin 1999 se sont soldés par plus de 2 700 morts, en majorité civils — et cela, en contradiction avec les règles de l’OTAN, alliance militaire défensive qui intervenait alors hors de sa zone militaire.

    On comprend mieux aujourd’hui pourquoi, dès le 8 juin 1999, les troupes de l’OTAN intervinrent au Kosovo-Métochie, province méridionale de la Serbie. Depuis cette date, le Kosovo est découpé en cinq zones militaires sous contrôle français, britannique, allemand, italien et américain. Cette présence n’a pas empêché la purification ethnique à l’encontre des Serbes et des Roms : le Kosovo était donc bien un laboratoire à la fois pour le nation-building onusien et pour l’installation de bases militaires américaines. Placées autour de la plus grande base américaine en Europe (le camp Bondsteel), des bases pourront désormais, grâce à l’aval du premier ministre Vučić accordé en juillet 2013 [Note 1], se déployer en Serbie même, renforçant un dispositif balkanique déjà pléthorique (quatre bases en Roumanie, deux en Bulgarie et une en Bosnie-Herzégovine).

    Mais Aleksandar Vučić n’en est pas à un revirement près. Le premier ministre serbe s’est entretenu le 8 février 2015 avec son homologue américain, le vice-président Joe Biden, sur la livraison de gaz azeri par le consortium américain Nabucco [Note 2] en Serbie. L’idée serait d’effectuer un raccordement sur le réseau Nabucco : ainsi, le gaz du Turkménistan et d’Azerbaïdjan, acheminé de Bulgarie à Hongrie, connaîtrait un détour fort lucratif par la Serbie. Les États-Unis feraient ainsi d’une pierre deux coups : ils étendraient leur mainmise économique sur la Serbie et dameraient le pion à la Russie en contrecarrant son projet concurrent de Turkish Stream qui, sans le passage par la Serbie, est irréalisable.[....]

    Alexis Troude

    La suite sur Realpolitik

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?la-serbie-sous-pression-permanente

  • Ni vu ni connu, Hollande veut réintégrer pleinement la France dans l’Otan

    « Le gouvernement, très discrètement, a déposé un projet de loi qui prévoit la réintégration totale de la France dans l’OTAN. Sarkozy avait commencé le travail, Hollande rompt définitivement avec la tradition d’indépendance de la France en matière militaire.

    « Dans toute démocratie digne de ce nom, de tels arbitrages auraient été rendus après un vaste débat dans le pays », lançait à la tribune de l’Assemblée Nationale fin 2008, François Hollande, alors premier secrétaire du parti socialiste, pour défendre une motion de censure portée par le groupe socialiste (voir vidéo ci-après). L’objet de son courroux ? La décision du président Nicolas Sarkozy d’entamer des négociations pour opérer le retour de la France dans la commandement intégré de l’OTAN.

    On pouvait lire sous la plume des auteurs de cette motion qu’ils souhaitaient ainsi « éclairer les Français sur la dangereuse rupture que sont en train d’opérer le président de la République et son gouvernement avec le consensus national qui prévalait sur les principes d’indépendance militaire et stratégique de notre pays. » Mais ça c’était en 2008, avec un François Hollande en animateur de l’opposition. Car comme l’a repéré leCanard enchainé dans son édition publiée cette semaine, la France, sous l’impulsion de l’actuel locataire de l’Elysée, s’apprête à réintéger l’ensemble des instances militaires de l’Alliance. Ce que Sarkozy avait commencé, Hollande est bien parti pour le finir en beauté. Selon le palmipède, le 4 janvier, le Conseil des ministres a ainsi donné en toute discrétion « autorisant l’accession de la France au protocole sur le statut des quartiers généraux militaires internationaux créés en vertu du Traité de l’Atlantique Nord », déposée dans la foulé à la Présidence du Sénat.

    En clair, de revenir pleinement dans le giron de l’OTAN. »

    Source et suite

    http://www.contre-info.com/

  • Libye, le plan de la conquête

    Source : mondialisation.ca (traduction d’un article paru dans Il Manifesto)

    « L’année 2016 s’annonce très compliquée au niveau international, avec des tensions diffuses y compris chez nous. L’Italie est là et fera sa part, avec le professionnalisme de ses femmes et de ses hommes et avec l’engagement des alliés » : ainsi Matteo Renzi a-t-il communiqué aux inscrits du Pd la prochaine guerre à laquelle participera l’Italie, celle contre la Libye, cinq ans après la première.

    « L’année 2016 s’annonce très compliquée au niveau international, avec des tensions diffuses y compris chez nous. L’Italie est là et fera sa part, avec le professionnalisme de ses femmes et de ses hommes et avec l’engagement des alliés » : ainsi Matteo Renzi a-t-il communiqué aux inscrits du Pd la prochaine guerre à laquelle participera l’Italie, celle contre la Libye, cinq ans après la première.

    Le plan est en acte : des forces spéciales SAS — rapporte le Daily Mirror — sont déjà en Libye pour préparer l’arrivée d’environ 1000 soldats britanniques. L’opération — « dans un accord États-Unis, Grande-Bretagne, France et Italie » — impliquera 6000 soldats et marine étasuniens et européens avec l’objectif de « bloquer environ 5000 extrémistes islamistes, qui se sont emparés d’une douzaine des plus grands champs pétrolifères et, depuis le repère Isis de Syrte, se préparent à avancer jusqu’à la raffinerie de Marsa el Brega, la plus grande d’Afrique du Nord ».
    La gestion du champ de bataille, sur lequel les forces SAS sont en train d’instruire des « commandants militaires libyens » non mieux identifiés, prévoit l’emploi de « troupes, chars d’assaut, avions et navires de guerre ». Pour bombarder en Libye la Grande-Bretagne envoie des avions supplémentaires à Chypre, où sont déjà basés 10 Tornado et 6 Typhoon pour les attaques en Syrie et Irak, tandis qu’un contre-torpilleur se dirige vers la Libye. Sont aussi déjà en Libye — confirme Difesa Online— certains groupes de Navy Seal étasuniens.

    L’ensemble de l’opération sera formellement « sous conduite italienne ». En ce sens que l’Italie endossera la charge la plus lourde et coûteuse, en mettant à disposition des bases et des forces pour la nouvelle guerre en Libye. Ce qui ne lui donnera pas le commandement effectif de l’opération. Qui sera en réalité exercé par les États-Unis à travers leur propre chaîne de commandement et celle de l’OTAN, toujours sous commandement étasunien.

    Un rôle clé sera tenu par l’U.S. Africa Command, le Commandement Afrique des États-Unis : celui-ci vient à peine d’annoncer, le 8 janvier, le « plan quinquennal » d’une campagne militaire pour « affronter les menaces croissantes provenant du continent africain ».
    Parmi ses principaux objectifs, « concentrer les efforts sur l’État failli de Libye, contenant l’instabilité dans le pays ». Ce fut le Commandement Afrique des États-Unis, en 2011, qui dirigea la première phase de la guerre, ensuite dirigée par l’OTAN toujours sous commandement étasunien, qui avec des forces infiltrées et 10 000 attaques aériennes démolit la Libye en la transformant en un « État failli ».

    À présent le Commandement Afrique est prêt à intervenir de niveau pour « contenir l’instabilité dans le pays », et l’est aussi l’OTAN qui, a déclaré son secrétaire général Stoltenberg, « est prête à intervenir en Libye ». Et de nouveau, l’Italie sera la principale base de lancement de l’opération.
    Deux des commandements subordonnés de l’U.S. Africa Command se trouvent en Italie : à Vicence celui de l’U.S. Army Africa (Armée USA pour l’Afrique), à Naples celui des U.S. Naval Forces Africa (Forces navales USA pour l’Afrique). Ce dernier est aux ordres d’un amiral étasunien, qui est aussi à la tête des Forces navales USA en Europe, du Jfc Naples (Commandement Otan avec quartier général à Lago Patria) et, tous les deux ans, de la Force de riposte OTAN.

    L’amiral est lui-même aux ordres du Commandant suprême allié en Europe, un général étasunien nommé par le Président, qui est en même temps à la tête du Commandement européen des États-Unis.
    C’est dans ce cadre que se déroulera la « conduite italienne » de la nouvelle guerre en Libye, dont le but réel est l’occupation des zones côtières économiquement et stratégiquement les plus importantes. Guerre qui, comme en 2011, sera présentée comme « opération de maintien de la paix et humanitaire ».

    Manlio Dinucci

    http://fr.novopress.info/197320/libye-le-plan-de-la-conquete/#more-197320

  • Syrie: violents combats entre le régime et l'EI, une centaine de morts

    De violents combats se déroulaient samedi dans le nord et l'est de la Syrie où les forces du régime, soutenues par les frappes russes, affrontent le groupe Etat islamique (EI) qui a tué au moins 75 combattants progouvernementaux.
    Ces soldats syriens et combattants de milices prorégime ont trouvé la mort lors d'une attaque revendiquée par le groupe jihadiste sur plusieurs quartiers de Deir Ezzor (est) et ses environs.
    Dans la province d'Alep (nord), au moins 16 combattants de l'EI ont été tués dans une attaque avortée contre une position du régime près de la ville d'Al-Bab, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
    La télévision d'Etat syrienne a également rapporté que les forces du régime avaient repoussé une offensive dans la région.
    Selon l'OSDH qui dispose d'un large réseau d'informateurs en Syrie, des avions russes effectuaient des frappes dans la région entre l'aéroport militaire de Koueiris, contrôlé par le régime, et Al-Bab, dans le nord-est de la province.
    Au cours des derniers jours, les forces prorégime ont progressé vers Al-Bab, un bastion de l'EI, en reprenant plusieurs villages aux alentours. Elles se trouvent désormais à moins de dix kilomètres de cette ville, une distance qu'elles n'avaient plus atteinte depuis 2012.
    Située à 30 km au sud de la frontière turque, Al-Bab est tombée aux mains des rebelles en juillet 2012 puis de l'EI en novembre 2013.
    Les combattants prorégime tentent notamment de couper l'accès des rebelles à Alep, la deuxième ville de Syrie, qui est divisée entre quartiers ouest contrôlés par le gouvernement et quartiers est sous contrôle rebelle.
    "A travers cette opération, l'armée tente d'élargir sa zone de sécurité autour de la ville" d'Alep, et d'empêcher les rebelles de se réapprovisionner depuis les environs, a expliqué à l'AFP une source de sécurité.
    Selon un commandant des forces progouvernementales, le régime se bat actuellement sur sept fronts différents dans la province d'Alep.
    Le régime espère aussi affaiblir l'EI qui contrôle une partie de la province, voisine de celle de Raqa, dont le chef-lieu est la capitale de facto du groupe jihadiste.
    "Les forces du régime ont un plan précis pour couper le territoire que contrôle l'EI dans la province d'Alep de celui qu'il contrôle à Raqa", a souligné Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.
    Dans la ville de Raqa, "au moins 16 personnes ont été tuées, dont des civils, et 30 ont été blessées dans huit raids qui ont visé des quartiers de la ville et ses alentours", a-t-il ajouté, sans préciser si les frappes ont été menées par l'aviation russe ou la coalition internationale menée par Washington.
    - 'Lourdes pertes' -
    En difficulté l'été dernier, les forces de Bachar al-Assad ont repris l'offensive depuis le début le 30 septembre de l'intervention de la Russie, fidèle allié de Damas, qui a depuis mené des milliers de frappes aériennes.
    Certaines opérations ont rencontré un réel succès, à l'image de la prise de Salma, quartier général des rebelles islamistes et du Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, dans les montagnes de Lattaquié (nord-ouest).
    Mais l'EI reste capable d'infliger des défaites au régime et a revendiqué dans un communiqué une "vaste attaque" menée samedi sur plusieurs fronts dans la ville de Deir Ezzor, affirmant avoir pris le contrôle de la banlieue Al-Baghaliyeh.
    Selon l'OSDH, l'offensive déclenchée par un attentat suicide à la voiture piégée, a tué 75 soldats et combattants de milices progouvernementales.
    L'ONG affirme que l'organisation jihadiste a avancé dans le nord de la capitale divisée de la province pétrolière du même nom et contrôle désormais environ 60% de l'agglomération.
    L'agence officielle syrienne Sana a de son côté évoqué "un massacre" et des "dizaines de civils tués" à Al-Baghaliyeh, une banlieue de Deir Ezzor.
    Le régime contrôle toujours des portions de la capitale provinciale ainsi qu'un aéroport militaire à proximité, malgré les attaques répétées de l'EI.
    Depuis le début en mars 2011 de la guerre civile en Syrie, devenue de plus en plus complexe avec une multiplication des acteurs, 260.000 personnes sont mortes et des millions ont été poussées à la fuite.
    Le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé vendredi la levée des sièges des villes qu'il a qualifiés de "tactique barbare" et de "violation grave du droit international".
    Après des mois d'attente désespérée, les habitants de Madaya, ville assiégée près de Damas, ont reçu cette semaine une aide internationale humanitaire d'urgence.

    afp via nouvel obs :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/dep_mondialisme/EuVFpEyEEAPVrzMgKF.shtml

  • Opération Barkhane : Bernard Lugan répond à Jean-Dominique Merchet

    Le Salon beige avait rapporté les deux points de vue divergentsconcernant l'efficacité  de l'engagement des armées françaises dans l'opération Barkhane.Celui de Jean-Dominique Merchet : l’opération française Barkhane à nouveau contournée. Etcelui de Bernard Lugan :Le dispositif Barkhane rend les espaces nordistes du Mali et du Niger de plus en plus hostiles aux terroristes.

    Fait assez rare dans le monde des médias et le milieu journalistique, Jean-Dominique Merchet offre à Bernard Lugan un espace d'expression sur son blogSecret défense afin qu'il puisse exposer à nouveau son point de vue. C'est une prouesse qui mérite d'être soulignée. Jean-Dominique Merchet fait honneur à son métier de journaliste en donnant la parole à un spécialiste de l'Afrique pourtant banni des médias. Vous pouvez lire son texte sur Secret défense ou ci-dessous :

    "L’africaniste Bernard Lugan, qui connaît bien les problématiques du Sahel et les milieux militaires, nous a répondu. Nous publions son texte, convaincus que nous sommes que sans débats contradictoires, il ne saurait y avoir de réflexions pertinentes. Le voici :

    « Les sanglantes attaques terroristes menées à Bamako le 20 novembre 2015 et à Ouagadougou le 15 janvier 2016, font dire à certains journalistes spécialisés dans les questions militaires que « l’opération Barkhane a été contournée » et que la question à la fois de son coût - 700 millions par an -, et de son terme, doit donc être posée. Jean-Dominique Dominique Merchet écrit même que « Barkhane est victime du syndrome de la ligne Maginot. Ces opérations empêchent l’ennemi de passer là où l’on a décidé qu’il ne passerait pas, mais il n’en a cure et prend un autre chemin ».

    Cet avis rappelle la controverse Lyautey-Pétain quand, durant la guerre du Rif, le second, qui ne connaissait le Maroc que par les cartes, reprochait au premier sa manœuvre d’étouffement d’Abd el-Krim parce qu’elle ne donnait évidemment pas les résultats immédiatement visibles qu’aurait pu produire un frontal assaut de tranchée... Oublions donc les visions métropolitaines et même à certains égards « betteravières », pour ne prendre en compte que les réalités des grands espaces de l’ouest africain. Or, ces derniers ne peuvent s’analyser en chambre: 

    1) Les connaisseurs de la région savent que sans quadrillage de l’immense zone saharo-sahélo-guinéenne, il est impossible d’éradiquer le jihadisme. Or :

    - Nos moyens drastiquement réduits par le couple Sarkozy-Morin nous l’interdisent.

    - De plus, et même à supposer que nous puissions couvrir toute cette région, nous ne contrôlerions pas pour autant l’Algérie, la Libye et le Nigeria d’où pourraient être lancées des actions terroristes.

    - Plus encore, nous n’aborderions toujours que le volet militaire alors que le fond du problème devient de plus en plus celui de la wahhabisation des populations de la bande sahélo-guinéenne qui fournit un terreau fertile aux jihadistes.

    2) Dans ces conditions, à moins d’abandonner l’ouest africain pour consacrer tous nos moyens à une illusoire « ligne Maginot » métropolitaine de type « Sentinelle », que pouvons-nous faire d’autre que de perturber les mouvements terroristes, limiter leur liberté d’action, empêcher leur coagulation et couper leurs liaisons avec leurs bases de Libye ? Ce que fait excellemment Barkhane

    Lire la suite "Opération Barkhane : Bernard Lugan répond à Jean-Dominique Merchet"

    Philippe Carhon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Journal de la guerre infernale : la Turquie triomphante

    De toute évidence Hollande est désorienté. Il vient de se rendre à Moscou pour y quémander l'aide et la compréhension du président Poutine mais avec guère plus de panache que la chancelière Merkel dans son exercice de lèche-babouches du sultan Erdogan en son palais de Yildiz le 18 octobre dernier. Depuis, les commissaires politiques bruxellois épaulés des chefs d'État et de gouvernement des Vingt-huit ont fait encore plus fort et sont venus à Bruxelles offrir la tête décrépite de l'Europe sur un plateau d'argent... d'une valeur de trois milliards, à un Davutoglu aussi sardonique qu'hilare(1)

    À Bruxelles les 28 procèdent à un exercice approfondi de lèche-babouches

    Un sommet en grande pompe qui avait pour but de fêter le sinistre couple Erdogan-Davutoglu, lequel couple venait tout juste, avec un cynisme sans pareil, en violation de toutes les lois de la civilité et de la guerre, d'abattre un appareil de la Fédération de Russie. L'Europe, ou ce qui prétend la représenter, a donc avalisé un authentique acte d'agression sournoise et s'est couchée dans l'espoir imbécile que le Turc noir tarira le flot de migrants dont il nous inonde(2). Autre forme d'une guerre non déclarée, mais bien réelle, que l'islamisme turc - celui des Frères musulmans protégés de la Maison-Blanche(3) - a lancé à l'assaut de nos démocraties moribondes.

    L’affaire gravissime Soukhoï-24

    Pendant ce temps le général Viktor Bondarev, chef d'état-major de l'armée de l'Air russe, vient de rendre public à Moscou, au cours d'une conférence de presse, des éléments qui ne laissent plus subsister aucune doute : l'aviation turque avait été informée du plan de vol du bombardier russe à géométrie variable, Soukhoï-24, le 24 novembre [voltairenet.org29nov.15]. Ceci en vertu des accords de coordination militaire passés avec l'état-major américain, et avait ainsi, de toute évidence, reçu des instructions lui permettant de se prépositionner pour abattre l'aéronef(4). Sachant que le Premier ministre turc revendique et se vante haut et fort d'avoir personnellement donné l'ordre de tir contre un appareil qui aurait, au mieux, traversé pendant dix-sept secondes l'espace aérien de la sérénissime République khazar [www.wsws.org27nov15]. Au pays des anciens ottomans le temps devient très élastique, reste qu'Ankara ne serait certainement pas aussi arrogante si elle ne s'adossait à une Union européenne confite en abjection.

    Des mots qui n'ont rien d'excessifs si l'on garde à l'esprit que l'enjeu de tout ce désordre est la guerre universelle. Ce pourquoi tant de monde, et des plus huppés, s'est précipité à la conférence du Bourget, la Cop 21, non pour y parler de réchauffement climatique mais pour s'informer des risques d'embrasement général au Proche-Orient. Ajoutons - pour faire preuve d'un surcroît de mauvais esprit - qu'il devient in fine loisible d'imaginer, voire de supposer, que les coordonnées de vol des Russes aient été sciemment transmises à Incirlik(5) via Ankara afin que les Turcs envoient un « signal fort » au Kremlin, ceci, pourquoi pas, sur incitation directe du Pentagone. Donc un acte pesé et prémédité à charge des fauteurs de guerre d'ici et de là-bas.

    C'est dire qu'à ce stade de tension et d'actions offensives, la guerre non déclarée entre l'Est et l'Ouest fait déjà rage... tout en demeurant toutefois hors du champ des écrans radars auxquels les opinions publics ont accès via les médias dits professionnels. Signalons qu'Erdogan et son Premier ministre Davutoglu, le 30 novembre, avec le toupet d'enfer qui les caractérise, ont catégoriquement refusé de présenter quelque excuse que ce soit à la Russie, mentant, truquant, falsifiant de façon éhontée, niant toute responsabilité dans l'incident à l'instar de l'emblématique loup de la fable. En faisant passer les Russes du statut d'agressés à celui d'agresseurs, le binôme turc, quoique tout à fait expert en inversion accusatoire, prend néanmoins les peuples européens pour plus demeurés qu'ils ne sont. Ils ne devraient en fin de compte pas l'emporter au paradis.

    L'Europe paillasson

    Tout cela serait sans doute consternant, et peut-être risible, si ce Monsieur Erdogan n'était venu pavoiser à Bruxelles où des dirigeants paillassons ne a plus quoi inventer pour lui complaire... par exemple en l'assurant de leur soutien, militaire et autre. Il est vrai que l'Union européenne est elle aussi en guerre - non officiellement déclarée - avec la Fédération de Russie, à la fois sur le front ukrainien (un instant oublié mais où les feux de la guerre se rallument actuellement) et sur le front des sanctions économiques, financières et politiques. À telle enseigne que pour le Danemark l'urgence n'est pas le contre-terrorisme en général, ni la chasse aux pirates en Mer Rouge devant les côtes somaliennes, mais de contrer « la menace russe ». Pour ce faire, d'après le quotidien Jyllands-Posten, Copenhague va déployer son navire l’amiral Absalon au large des côtes turques comme « résultat direct d’un regain d'activité de la Russie en Syrie ». L'on reste abasourdi par l'expression ahurissante d'une telle schizophrénie politique ! Par suite, il faut comprendre que pour le gouvernement danois, la menace ne provient pas de ceux qui sèment la terreur de Bagdad à Bamako via paris - même si les exécutants ne sont pas, et de loin, les commanditaires - mais de ceux qui les (combattent avec quelque efficacité let succès depuis le 30 septembre [sputniknews.com30nov15] !

    On croit rêver, ou plutôt cauchemarder. D'autant que les Européens de souche semblent - pour l'instant - tolérer sans réagir cette inversion du pôle géopolitique et moral. Certes les Danois excipent pu fait qu'ils doivent faire montre de "solidarité" à l'égard d'Ankara exposée « aux violations par la Russie de son espace aérien et au déploiement de ses systèmes de missiles en Syrie ». Remarquons en passant - et cela, ni le tribunal de histoire ni celui des hommes ne devront l’oublier - que le déploiement de systèmes sol-air hypersoniques [Mach 6,2] russes S-400 Triumph en Syrie a suivi la destruction du Su-24 et non l’inverse. Ankara appelle donc au secours pour se prémunir contre les conséquences de ses crimes de guerre.

    Et l’Union européenne, plus abrutie et veule que jamais, donne à la Turquie quitus de ses fautes et plus encore, s'engage aux côtés des islamo-kémalistes turcs qui n'ont d'autre ambition - à peine voilée - que de reprendre la conquête de l'Europe abandonnée le 12 septembre 1683 avec l'échec du siège de Vienne ! Autant dire hier. Projet pourtant en cours d'exécution avec l'envoi de vagues successives de colonisation. Cela au méchant prétexte de sauver ceux qui fuient des guerres allumées et entretenues par cet Otan dont se prévaut Erdogan afin de pousser en première ligne les forces résiduelles de l'Union, cette entité faillie. Toujours selon le support danois Jyllands-Posten, d'autres pays de l'Otan pourraient d'ailleurs répondre également et positivement aux demandes d'aide militaire de la Turquie : l'annonce devait en être faite lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'Otan à Bruxelles, les 1er et 2 décembre 2015.

    Verticalité de la montée en puissance des menaces

    En dernière heure, Ankara aurait discrètement commencé à bloquer les Détroits pour interdire à la Flotte russe de la Mer Noire de gagner les eaux de la Méditerranée orientale [dnipress.com30nov15]. Cela signifie l'arrêt, ou le ralentissement, des approvisionnements des forces russes combattant en Syrie. Bien entendu Ankara ne manquera pas d'exciper de la Convention de Montreux (1936) sur le franchissement des détroits - notamment en temps de guerre - et d'en faire une interprétation allant dans le sens de ses sordides intérêts : le président Poutine n'a-t-il pas déclaré juste avant de s'envoler pour Paris (où il est arrivé avec deux heures de retard ce qui lui a permis de ne pas serrer la pogne de Hollande et de ne pas figurer sur la photo souvenir) le 30 novembre que « le Su24 n'avait été détruit en vol que pour empêcher la Russie de détruire les convois de camions citernes grâce auxquels Daech exporte le pétrole brut dont il tire son trésor de guerre ». Une accusation grave, surtout quand l'on sait que le propre fils d'Erdogan, Bilal, serait impliqué au premier chef dans ce trafic du Sang de la Terreur.

    Au demeurant la fermeture des Détroits, si elle intervenait ouvertement, ne pourrait avoir d'autre issue que militaire. « Selon le système AIS6 de suivi des mouvements de navires, le lundi 30 novembre seuls les vaisseaux turcs se déplaçaient dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles où le trafic est interrompu et où nombre de navires sont massés des deux côtés du détroit. En outre, en Mer Noire, aucun bâtiment russe en provenance de Sébastopol et de Novorossiysk en direction du Bosphore n'est actuellement en mouvement » [marinetraffic.com30nov15].

    Last but not least, le bruit court que le président Poutine aurait pris le 28 novembre une ordonnance relative à la 58e armée affectée à la zone du Nord-Caucase [globalsecurity.org]. Ordonnance qui dispose du déploiement à la frontière turco-arménienne, et de la mise en ordre de bataille, de 7 000 militaires dotés de moyens de guerre électronique, de combat anti-aérien de dernière génération, de lance-roquettes multiples, de lutte contre les formations blindées, d'artillerie lourde [eutimes.net28nov15]. Dispositif qui couvre la majeure partie du territoire turc (85 %) et s'inscrit dans le cadre d'accords de défense balistique (l'équivalent du bouclier anti-missiles déployé en Europe orientale et en Mer Baltique par les États-Unis) russo-arméniens en cours de ratification par les deux parties.

    C'est dire que le monde retient son souffle en espérant que les choses en resteront là. Hélas rien n'est jamais aussi sûr en ce bas monde que le pire. Pour cela nous pouvons compter sur la folie et la lâcheté du monde occidental rassemblé frileusement au Bourget autour de ces deux grandes figures et chantres de la paix mondiale que sont le nobélisé Obama et le franchouillard Hollande... avant que ceux-ci n'aillent bâfrer de concert place des Vosges, l'une des trois places royales de la capitale hexagonale.

    Léon Camus. Rivarol du 3 décembre 2015

    1) « Hollande n'a pas fait le poids devant Poutine » [businessbourse.com27nov15]. « Au cours d'un sommet avec l'Union européenne, la Turquie a scellé un pacte pour contenir l'afflux de migrants et a obtenu le versement de 3 milliards d'euros. À Bruxelles, ce 29 novembre, par un dimanche pluvieux, la Turquie a eu son heure de gloire : les 28 chefs d’État européens se sont réunis pour un sommet en son honneur. Du jamais vu. C'est donc avec un sourire béat que le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, est arrivé dans la capitale bruxelloise, persuadé que « ce jour historique marque un nouveau départ dans le processus d'adhésion du pays à l'Union européenne » [lepoint.fr30nov15].

    2) Grosso modo cette distinction entre Turcs blancs et noirs remonte à l'ancienne organisation tribale hunnique. Les "blancs" étant la classe dirigeante (huns blancs "akhunlar" ou moutons blancs « aq qoyunlu »), les "noirs" étant le reste du peuple, le vulgum pecus, (huns noirs "ka-rahunlar" ou moutons nois, « qara qoyunlu »). De nos jours Turcs blancs désigne, mezzo voce, l'élite cosmopolite juive et donmeh dont les enfants poursuivent leurs études en Californie. On lira avec intérêt un article relatif à la « grande bourgeoisie cosmopolite turque » in <http:llcdlm.revues.org/5741>

    3) « Des preuves convaincantes et presque écrasantes existent que non seulement Barack Hussein Obama, Valérie Jarrett et Hillary Clinton ont été à l'origine des Printemps arabes en soutien aux Frères musulmans, mais qu'ils ont aussi créé, financé et protègent pratiquement l'État islamique. Jarrett Bowman, née à Chiraz, en Iran, de parents afro-américains, est une militante islamo-marxiste réputée jouer un rôle déterminant à la Maison-Blanche » [israel-flash.com2mars15].

    4) Dans le cadre d'un mémorandum relatif à la Syrie, signé par Moscou et Washington le 26 octobre, les Russes ont informé leurs homologues américains, 12 heures avant, de la mission des deux bombardiers Su-24. Précisant l'heure du décollage (9h40), l'altitude : 5 600 à 6 000 m et les objectifs dans les environs de Chefir, Mortlou et Zahia au nord de la Syrie, à la frontière de la région turque de Hatay. De 9h51 jusqu'à 10h11 les bombardiers Su-24 sont restés dans une zone d'attente à une altitude située entre 5 650 m et 5 800 m au sud de la ville syrienne d'Idlib. À 10h11, les deux bombardiers russes ont reçu les coordonnées GPS des cibles et effectuent un premier passage à la verticale de l'objectif à 10h16 en larguant leurs premières bombes. Après avoir effectué la manœuvre pour revenir sur sa cible, l'un des bombardiers est frappé à 10h24 par un missile air-air tiré depuis un F-16 turc [voltaire-net.org29nov15].

    5)Base aérienne stratégique turque de l'Otan (proche de la ville d'Adana) à partir de laquelle les forces américaines conduisent leurs opérations contre l'État islamique. En contradiction avec le Traité international de non-prolifération, la base d'Incirlik abriterait un nombre indéterminé de têtes et de vecteurs nucléaires.

    On peut observer en temps réel l'évolution du trafic maritime à travers les Dardanelles et le Bosphore sur <http://wwwmarinetraffic.com/en/ais/home/centerx:26/centery:40/zoom:9>.

  • Examen de conscience au Levant?

    Peroncel-Hugoz ne craint pas d'employer un ton particulièrement mordant pour dire aux sunnites syriens ce qu'il estime être leurs quatre vérités…

    A en croire l'ancien ministre gaulliste et académicien (de France et du Maroc), Maurice Druon, proche du roi Hassan II (1961-1999), ce monarque regrettait que les musulmans ne pratiquent guère l' « examen de conscience », c'est-à-dire un bilan régulier de leurs actions, en regardant en face, sans biaiser, leurs réussites et, surtout leurs échecs, voire leurs fautes.

    A l'heure où vont sans doute enfin débuter au Machrek (Levant ou Proche-Orient, si vous préférez) de nouvelles négociations en vue de rétablir la paix en Syrie, ce n'est certainement pas en se contentant de répéter, comme des perroquets, « TSB ! », « TSB ! » (« Tout sauf Bachar ! ») que l'on arrivera à amorcer une solution. Revenez de vos illusions M. Fabius ! Sinon vous allez encore manger un de vos chapeaux ! 

    S'est-on seulement demandé sérieusement pourquoi les noçaïris ou ansariehs de lointaine obédience chiite  (appelés aussi alaouites depuis le Mandat français sur Damas [1920-1943] mais sans aucun rapport direct avec la dynastie alaouite du Maroc), s'accrochaient tant à la direction de l’État syrien, en la personne de Bachar El Assad ? En un mot, comme en cent parce que cette minorité (environ 10 % des 20 millions de Syriens) redoute d'être marginalisée, persécutée ou éliminée si les sunnites majoritaires (environ 70% de la population) reviennent au pouvoir suprême, comme ce fut le cas jusqu'en 1970, avant le coup d’État d'Hafez El Assad, père de Bachar. 

    Et cette crainte des noçairis ou alaouites n'est pas un vain fantasme : durant des siècles et des siècles, cette minorité fut maltraitée, rançonnée, traquée, à l'occasion massacrée, parfois même réduite en esclavage par les maîtres sunnites, au nom de l'orthodoxie religieuse. Les mandataires français soufflèrent à ces minoritaires de s'engager en masse dans la nouvelle armée syrienne pour échapper à la mainmise sunnite. Un orientaliste européen avisé, Raymond O'Zoux, prédit même, en 1931, que « ce petit peuple, souple et intelligent, sera bientôt un des premiers au Levant ». En attendant, ledit « petit peuple » investit à tel point l'armée qu'en 1970, elle prit par la force la tête de l’État, en la personne du général Hafez El Assad. 

    Une fois au pouvoir, les alaouites appelèrent en renfort auprès d'eux d'autres minoritaires ayant eu, eux aussi, à pâtir de la majorité sunnite : chrétiens d'Orient, ismaëliens (chiites septimains fidèles de l’agha-khan), druzes (issus lointainement de l'Islam chiite égyptien) auxquels s'agrégèrent ceux des sunnites qui renoncèrent à leur suprématie exclusive et acceptèrent de coopérer avec le nouveau régime. Cet ensemble humain représentant grosso modo un bon tiers des Syriens explique la résistance acharnée depuis 2011 autour d'Assad II, contre des insurgés sunnites armés : à en croire les services secrets occidentaux ces insurgés se répartiraient début 2016 en pas moins de … 163 groupes ou bandes distincts, le principal étant bien sûr Daech !… 

    Un examen de conscience survenant enfin, si Dieu veut, chez les sunnites les plus raisonnables*, permettrait peut-être à la communauté syrienne majoritaire de reconnaître enfin les fautes de ses aïeux et de souscrire à un nouveau système politique qui éliminerait, chez les minorités, autant que faire se peut, la peur de la vengeance ; cette peur qui explique le refus des alaouites (et des chrétiens, et des ismaëliens, etc.) de voir partir Assad fils, dictateur certes, comme son père, mais garantissant la survie des ses soutiens (et longtemps une relative prospérité dans ce magnifique pays qu'est Cham, la Syrie). 

    Quelle solution alors ? Eh bien, peut-être, tout simplement celle qui permet au voisin, le Liban aux dix-sept croyances, de subsister vaille que vaille malgré la guerre de 1975-1990. La peur des chrétiens (qui représentent 30 % environ de la population libanaise)  a été sinon complètement abolie, du moins maintenue à un niveau supportable pour la société : la Constitution du pays garantit donc que le chef de l’État soit toujours un chrétien (de la variété maronite, c'est-à-dire catholique orientale, majoritaire dans la Chrétienté libanaise). Un chrétien qui néanmoins n'a pas le vrai pouvoir, lequel appartient aux sunnites (gouvernement) et aux chiites (assemblée). Un minoritaire alaouite pourrait sans doute jouer ce rôle en Syrie.  •

    * Et il s'en trouve parmi cette élite islamo-syrienne, presque unique dans le monde arabophone, par ses qualités intellectuelles. A côté, la minorité alaouite n'est pas en reste : qu'on se souvienne seulement que le patriarche de la poésie arabe, Adonis (né en 1930, de son vrai nom Ali-Ahmed Saïd-Esber), appartient à cette communauté hétérodoxe dont il ne s'est jamais séparé, même s'il vit maintenant en France après avoir vécu au Liban. Ancien élève du Lycée français de Tartous, Adonis est aussi un des phares de la Francophonie littéraire universelle. 

    Lire :

    « Les Arabes ou le baptême des larmes » par M. Hayek, Gallimard, Paris.

    « Guerres secrètes au Liban » par A. Laurent et A. Basbous, Gallimard.

    « Les États du Levant sous Mandat français » (1931), par R. O'Zoux, Larose, Paris. Réédité à notre époque au Liban avec des présentations inédites de Fouad-Ephrem Boustany et de Moussa Prince. 

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 08.01.2016

    http://lafautearousseau.hautetfort.com