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géopolitique - Page 703

  • Le Hamas et la bande de Gaza : Chronique d'une victoire annoncée

    Un accord prévoyant un cessez-le-feu durable et la levée du blocus sur la bande de Gaza aurait été trouvé. Après 50 jours de conflit meurtrier, Israéliens et Palestiniens ont donc réussi à se mettre d'accord sur une proposition égyptienne.

    Quand, en juin 2014, trois jeunes israéliens furent séquestrés et assassinés en Cisjordanie, Benjamin Netanyahu accusa le Hamas alors que cette organisation le niait et que contrairement au Mossad, elle revendique toujours ses actions. Pire, le crime fut à l'époque revendiqué par d'autres organisations djihadistes (la nébuleuse ISIS). Cette accusation ne survenait pas dans n'importe quel contexte. Elle survenait exactement quelques semaines après que le Hamas ait signé un accord avec le Fatah (la principale organisation du gouvernement palestinien), accord qui donnait naissance à un gouvernement d'unité nationale dans les territoires occupés sous autonomie palestinienne, un accord décrié mais dont on a délibérément omis dans nos médias un article clef qui obligeait le Hamas à ne pas faire usage de la violence.

    Ce qui rendait cet accord plausible et viable, c'est que le Hamas n'y souscrivait pas par conviction mais par nécessité. Au début de la guerre civile syrienne, le Hamas avait rompu son alliance avec les régimes syriens et iraniens et s'était tourné vers un nouveau partenaire, les Frères Musulmans d'Egypte. Peu de temps après, le gouvernement égyptien fut renversé par un coup d'Etat pro-américain ce qui isola encore plus le Hamas tant politiquement que géographiquement dans la bande de Gaza où l'encerclement israélien était toujours qualifié par l'ONU de « punition collective» et de «crime de guerre».

    Il faut le souligner : le Hamas souscrivit l'accord d'unité nationale à partir d'une position de faiblesse. Or, il se retrouve aujourd'hui, après l'offensive meurtrière israélienne, en grand vainqueur. Cet accord fut dénoncé en son temps par tous les autres groupes radicaux de la région, tant palestiniens que régionaux. Analysant cette situation nouvelle, les deux parties en conflit (Israéliens et gouvernement palestinien) auraient dû tout faire pour éviter le sabotage de l'accord par les groupes ultras, sionistes comme islamistes mais Tel Aviv choisit tout le contraire et opta pour l'affrontement direct. 

    Israël aurait pu chercher les coupables de l'assassinat des trois israéliens évitant ainsi la surenchère extrémiste. Ce ne fut pas le cas parce qu'une des parties du gouvernement israélien partageait de manière explicite l'objectif de sabotage de l'accord, à savoir la rupture de l'accord entre le Hamas et le Fatah. Si la dissolution et l'affaiblissement du Fatah était alors l'objectif stratégique de l'offensive israélienne - et c'est bien ce qui semble avoir été le cas - , force est de constater que quelle que soit la destruction matérielle de Gaza, quels que soient le massacre des civils de Gaza, l'assassinat criminel et odieux d'enfants, le pilonnage et la destruction systématique des hôpitaux, cliniques et dispensaires, le non respect du protocole humanitaire de Genève, la destruction d'immeubles, la réquisition des terrains et des propriétés, le couvre-feu systématique, l'interdiction de circuler, le bombardement de toutes les infrastructures électriques (Gaza n'a pas de lumière le soir), Israël a perdu la guerre. Et qu'on ne s'y trompe pas, le repos viril des guerriers de Gaza et les ventres de leurs femmes auront relevés très vite le déficit démographique.

    De manière totalement disproportionnée, l'offensive israélienne se voulut une réponse à l'assassinat des trois jeunes israéliens et au lancement des roquettes sur les colonies juives pourtant totalement illégales de la frontière. Mais n'oublions pas l'exaction israélienne : quelques jours avant, deux jeunes palestiniens avaient été eux-aussi assassinés par des soldats israéliens. D'où est donc venue la provocation ?

    Israël a perdu la guerre car elle n'a pas osé aller au bout de sa logique. Israël aurait-elle cru qu'en intensifiant les massacres à des niveaux insupportables, elle gagnerait la guerre ? Dans ce cas, les militaires israéliens devraient revoir leur copie car que les cadavres palestiniens se comptent par milliers et les morts israéliens par dizaines, il n'y jamais de vainqueur dans une logique de destruction. Israël est maintenant totalement discrédité. Sa classe politique est divisée. Ses jeunes se tirent une balle dans le pied, feignent la folie ou désertent pour ne pas aller au conflit. Mauvais signes car signe de décadence future d'une jeunesse de moins en moins patriotique, dont les meilleurs éléments patriotiques se font tuer ou sont épuisés. Alors faudra-t-il tous les trois ou cinq ans nettoyer Gaza ? A l'opposé, la figure du Hamas reste et demeure héroïque, les jeunes du Hamas ne craignent pas le combat. Ils chantent en défilant. Ce sont les résistants.

    L'extrême droite dirige en Israël

    L'extrême droite israélienne fut derrière l'offensive estivale d'Israël car c'est elle qui avait cherché à boycotter tout accord avec le médiateur américain John Kerry, un accord qui était encore possible à l'été 2013. L'extrême-droite israélienne est muée par l'idéologie, cette utopie folle du « Grand Israël », de l'« Eretz Israël ». Or, ce rêve délirant implique de jeter à la mer ou d'envoyer en exil cinq millions de Palestiniens qui vivent à Gaza ou en Cisjordanie. Cet été, même les partis modérés israéliens se sont radicalisés face aux accusations internationales mais sans tenir aucune vision, sans défendre aucun plan viable pour l'avenir d'Israël. Que feront-ils en effet des territoires occupés même rasés, même anéantis ?

    Gaza est un camp retranché, un camp d'occupation, un camp de concentration d'une population de 1 800 000 habitants. Dans les derniers combats, 475 000 Palestiniens ont été déplacés selon les chiffres de l'ONU. Ils ont rejoint les plus de un million de réfugiés qui survivent dans la misère des camps de réfugiés. Il est donc difficile de croire que la stratégie de Tel Aviv est d'envoyer en diaspora près de cinq millions de personnes. Tel Aviv aime-t-il à ce point la diaspora ?

    Officiellement, le conflit aurait fait 2 100 morts du côté palestinien et 70 morts du côté israélien, chiffre sans doute minoré mais qui constitue tout de même les plus grandes pertes d'Israël depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006. Lorsque le cessez-le-feu est entré en vigueur, des tirs de joie ont résonné dans toute la ville de Gaza. Un officiel palestinien a confié à l'AFP que l'accord conclu prévoit la levée du blocus. Ce serait alors plus qu'une victoire, ce serait un triomphe. Alors au fait, c'était quoi la stratégie israélienne de l'opération Bordure protectrice puisque le Hamas malgré ses considérables pertes a toujours dominé le terrain ?

    Michel Lhomme

    source : Metamag 

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EupAykFVkkktmVOQEp.shtml

  • Géographie du terrorisme islamique

    Alain Chouet a été jusqu’en 2002 chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE. Il répond à La Nef :

    N"Comme son nom l’indique la violence politique islamiste s’étend dans l’ensemble de l’aire musulmane, y compris ses communautés émigrées dans le reste du monde.
    Elle est le produit paroxystique d’un cocktail explosif de trois éléments disparates :
     une stratégie confuse mais efficace de contrôle des masses par l’Association des Frères Musulmans qui est un mouvement populiste, démagogique et sectaire transnational dont l’objectif est de s’emparer du pouvoir et des rentes qui y sont liées dans le monde musulman ; 
     un soutien financier délibéré ou indirect de cette stratégie par des institutions publiques ou privées des monarchies wahhabites (Arabie Saoudite, Qatar) qui cherchent à asseoir leur légitimité politique dans le champ du religieux ;
    – un regrettable penchant des services et de la diplomatie américaine à soutenir dans le monde entier les régimes et les mouvements politiques les plus réactionnaires et les plus intégristes dans leur politique de « containment » de l’URSS d’abord et de l’Iran ensuite. Il ne faut quand même pas oublier que de 1980 à 1990, ce sont les services américains qui ont directement ou indirectement formé et armé les Taliban et les volontaires arabes d’Afghanistan réunis ensuite dans al-Qaïda.
    Mais, dans tous les cas, ce sont les Jamaa Islamiyyah (les groupes islamiques dont al-Qaïda n’est que l’une des émanations) – branche transgressive et bras armé de l’association des Frères Musulmans – qui sont à la manœuvre. Leur stratégie, conforme aux prescriptions de leurs fondateurs, est de rendre le monde musulman haineux et haïssable à l’égard de l’Occident de façon à pouvoir y prendre le pouvoir sans que personne n’ait envie d’intervenir. [...]

    Terrorisme islamique, Irak, Syrie, Libye, Égypte… : comment analysez-vous la politique française ?

    En tant qu’ancien fonctionnaire d’autorité soumis au devoir de réserve, je m’interdis de porter publiquement des jugements sur la politique française. Mais, comme tout citoyen, j’observe ce qui se passe en Libye, en Syrie, en Égypte, au Yémen et ailleurs. Je constate que nous combattons au Sahel ceux que nous soutenons en Syrie et que nous avons ouvert les portes du pouvoir à des forces politiques encore plus violentes que les dictateurs qu’elles ont remplacé et qui ne nous témoignent aucune sympathie, bien au contraire. Tout cela me paraît manquer de cohérence et de lisibilité. [...]"

    Michel Janva

     
  • Éric Zemmour : "Le triomphe des mauvais élèves de l'Histoire européenne"

  • Les dérives du traitement de l’émotion populaire par la Loi

    Le non lieu prononcé fin mai 2014 dans l’affaire du naufrage du Bugaled Breizh, exacerbe les tensions.  Après dix années de procédure, les circonstances de la disparition des cinq membres d’équipage du chalutier breton restent une énigme. Mais ce qui provoque l’étonnement, c’est le combat  porté par  l’association «SOS Bugaled Breizh » créée par Jacques Losay en novembre 2013. En effet au-delà du soutien aux proches des marins disparus, l’objectif est « de promouvoir la réforme de nos Constitutions en vue d’assurer une meilleure protection des citoyens dans les procès impliquant des agents des forces armées ou de l’Administration… » . Et cette demande a trouvé un écho auprès de la sénatrice Leila Aichi  qui précise qu’une réflexion sur la levée « du secret défense » doit être engagée. Pour elle, « la transparence doit aujourd’hui prévaloir sur la raison d’Etat » avec par exemple la mise en place d’une responsabilité sans faute de l’Etat.
    Comment peut-on passer d’un accident de pêche, aussi terrible soit il, à une demande de réforme de nos constitutions et institutions ? Ce n’est pas la première fois que cela se produit. Cette affaire illustre parfaitement une tendance apparue depuis une vingtaine d’années qui veut qu’à chaque drame médiatisé, une réponse législative est proposée suivant le modèle : « un drame, une Loi ». Après le Bugaled Breizh, nous verrons que trois autres exemples permettent de mieux comprendre ce type de mécanique.  

     

    La polémique sur le naufrage du chalutier Bugaled Breizh
    Dès le 16 janvier 2004, lendemain du naufrage du Bugaled Breizh, la Préfecture maritime de l’atlantique indique qu’un exercice sous marin de l’Otan est en cours, mais qu’il a débuté le matin même, donc un jour après la perte du chalutier. De plus aucun des sous marins en plongée et participant n’était à moins de 60 kms du lieu du drame, ce que confirmeront les cartes fournies par les différentes autorités maritimes sollicitées. Le « Bureau Enquêtes après Accident de Mer » (organisme public) ouvre une enquête dès le 17 janvier et une inspection sous marine de l’épave est diligentée le 18 janvier. La thèse d’une collision avec le porte-containeurs Seattle Trader est alors présentée comme la plus probable par les juges d’instruction  nommés et le secrétaire d’Etat aux transports et à la mer, M Dominique Bussereau. Tout semble donc avoir été mis en œuvre très rapidement afin de comprendre les circonstances du naufrage. Six mois plus tard la piste duporte-containeurs, à laquelle les familles n’ont pas vraiment cru, se révèle fausse. Dès lors, l’affaire va prendre une tournure désastreuse. Des journalistes révèlentque le jour du naufrage et dans sa zone se déroulait, comme chaque semaine, un  «Thursday War », exercice britannique de sous marins. Les autorités françaises sont accusées par les familles d’avoir tu cette information capitale et de refuser de communiquer les journaux de bords des sous marins, alors même qu’elles se sont engagées à collaborer. Dans le milieu des marins, dès le départ,  la thèse d’un accrochage avec un sous marin apparait comme la plus vraisemblable. Entre 1987 et 1991, le ministère de la défense a répertorié quatre accrochages entre chalutiers et sous marins français, onze depuis 1971. Pourtant le BEA mer conclut en novembre 2006 à un accident de pêche dû à « une croche molle ». L’exaspération et les soupçons grandissent chez les familles des marins, tandis que l’Ifremer réfute cette théorie en décembre 2007 et que les juges concluent, contre l’avis du Parquet,  que la croche avec un sous marin est « l’hypothèse la plus sérieuse en l’état du dossier ».  Les médias se sont emparés de l’affaire et pointent, y compris dans un livre (« Le Bugaled Breizh : secrets d’états autour d’un naufrage », de Laurent Richard et Sébastien Turay), les incohérences du dossier, laissant planer la théorie du complot. Certains, comme le journaliste Daniel Schneidermann fustige la manière dont JT et télévisions ont soutenu « les délires de persécution des familles ». Pourtant  l’émoi des familles, relayé par l’écrivain Yann Queffelec, gagne progressivement la classe politique alertée sur ce combat pour la vérité du faible contre le fort. En cause, la « Grande Muette » et le ministère des Armées qui s’abriteraient derrière la séparation des pouvoirs et le « secret défense » y compris étranger pour justifier leurs réserves quant au dossier. La résistance s’organise avec des projections régulières,  notamment au Sénat, du film « The Silent Killer » réalisé par Jacques Losay, le beau père du fils de l’un des marins naufragés, Georges Lemetayer. Le Ministre des Armées, M Le Drian est plusieurs fois interpellépar des députés et sénateurs. Il faudra attendre août 2013 pour qu’une clarificationsoit faite par son ministère révélant que les journaux de bords des sous marins nucléaires français ont été donnés aux juges d’instruction dès novembre 2005. Les avocats des familles qui les réclamaient depuis plusieurs années ne le savaient pas et la seconde équipe de juges d’instruction ignorait leur présence dans le volumineux dossier.  Incompréhension mutuelle qu’une simple communication aurait pu éviter ? Mais il est trop tard pour gommer l’impression de mépris  produit par le mutisme des autorités, d’autant plus que la procureure, Brigitte Lamy, relayant les conclusions de deux nouvelles expertises écarte l’hypothèse d’une croche avec un sous marin, a fortiori avec le sous marin britannique suspecté, le Turbulent. Les familles sont dès lors persuadées que la révélation de la vérité est entravée par «  le secret défense » et le souci diplomatique d’épargner notre allié.  Face aux menaces de clôture de l’instruction qui ressurgissent, Jacques Losay crée en juin 2013 le site officiel du Bugaled Breizh, puis en novembre 2013  l’association « SOS Bugaled Breizh ». Au-delà du soutien aux proches des marins disparus, l’objectif est « de promouvoir la réforme de nos Constitutions en vue d’assurer une meilleure protection des citoyens dans les procès impliquant des agents des forces armées ou de l’Administration… » . Et la demande, relayée par la sénatrice Leila Aichi, d’une réflexion sur la levée « du secret défense » et la mise en place d’une responsabilité sans faute de l’Etat a officiellement été exprimée lorsque M Le Drian a reçu les familles en mars 2014. La députée Annick Le Loch à l’initiative de cette rencontre, retient la clarté de  l’action du Ministre et sa volonté que la lumière soit faite.

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  • Exclusif : l’OTAN va attaquer la Russie avec 12 avions

    Vous, je ne sais pas, mais moi, je suis quelque peu désappointé par la lecture des prises de positions sur l’Ukraine vues sur Twitter, Facebook et autres commentaires parus sur d’honorables sites d’information – sans même parler de sites plus folkloriques, et je ne parle pas là du Gorafi. Si vous le voulez bien, résumons les événements de ces derniers mois, vus par nos experts en relations internationale en herbe (attention, parodie. Mais pas trop quand même).

    Tout commence par Euromaïdan : une poignée de fascistes soutenus par BHL et John McCain renverse le gouvernement ukrainien. Oui, ce sont des oligarques corrompus mais les autres aussi sont des oligarques corrompus, en plus, ils sont nazis. L’accord d’association proposé par l’Europe (tiens, c’est marrant, je pensais qu’au niveau défense, elle n’était nulle part) est en fait un accord d’association à l’OTAN. Que personne à l’OTAN ou à l’UE n’ait eu envie jusque là d’intégrer l’Ukraine dans leurs organisations respectives n’a rien à voir là-dedans. D’ailleurs, les habitants de Kiev, à part quelques naïfs, n’ont rien à voir là-dedans.

    La Crimée : elle n’est ukrainienne que depuis 1954, donc la Russie peut la reprendre. Les accords de 1993 garantissant l’intégrité territoriale de l’Ukraine ayant été signés alors que B. Eltsine était sous l’influence manifeste de l’alcool, ils ne comptent pas. Notez que le référendum-express (monté en une semaine) a validé l’adhésion des Criméens à la Russie (même si les chiffres pourraient avoir été bidouillés). Notez aussi tout de même que l’Allemagne ne veut pas reprendre Kaliningrad, russe depuis 1945 et que nous ne voulons pas prendre le Val d’Aoste.

    Les suites de la Crimée : 400 mercenaires américains (notez que dans les photos censées les représenter, on n’a vu que des photos d’indépendantistes) envoyés par John McCain vont reprendre à eux seuls la Crimée, Lougansk et Donetsk.

    L’est de l’Ukraine, justement, parlons-en : le fait qu’Igor Strelkov, « ministre de la défense » soit Russe et ancien colonel du KGB n’a rien à voir avec la politique de Moscou qui cherche seulement la paix. Comme celui qui veut la paix prépare la guerre, Moscou reconnaît que l’armement des indépendantistes provient en fait d’anciens entrepôts de l’armée soviétique. Le fait que Moscou ait légalement la responsabilité de les garder n’a rien à voir là-dedans.

    Les élections du 25 mai : consacrent l’arrivée au pouvoir des nazis à coups de fraudes – en fait, tout le gouvernement ukrainien est nazi, ce qui est logique dès lors que (et pour le coup, c’est vrai) Pravyi Sektor et ses 10.000 membres (sur les 45,6 millions d’Ukrainiens) le sont. L’OSCE ne trouve rien à redire à ces élections mais on s’en fiche, parce que l’OSCE est vendue à Washington. Certes, c’est l’une des seules institutions européennes considérée comme de confiance par Moscou mais on vous dit qu’on s’en fiche. Le fait que les indépendantistes de l’est de l’Ukraine appellent à ne pas voter est bien la preuve que ces élections sont frauduleuses.

    La destruction en vol du MH17 : même si personne n’en sait encore rien, c’est forcément la faute aux Américains (ils avaient un croiseur dans la zone) ou aux Ukrainiens. D’ailleurs, c’est un Su-25 qui l’a abattu, son pilote l’a reconnu sur l’équivalent allemand du Gorafi. Ne rigolez pas : on ne compte plus les sites ayant repris cette infaux.

    L’armée ukrainienne lance une contre-offensive sur l’est : forcément, elle tue des femmes et des bébés (règle numéro 15 de la propagande : il faut toujours tuer des bébés) parce qu’il y a les 400 mercenaires américains qui ont réussi en quelques mois à armer/entraîner/réorganiser l’armée ukrainienne (si, si : on vous dit qu’ils sont efficaces !). Le fait que Kiev veuille juste reprendre son territoire est une intolérable provocation. Moscou a donc le droit d’envoyer des forces dans l’est après avoir pacifiquement massé 40.000 hommes à la frontière. Ah, c’est vrai : les photos satellite montrant des prises de position sont issues d’une firme indépendante (Digitalglobe) mais comme elle vend ses images à Washington (et aussi, les pt’its loups, à Moscou), ça ne compte pas donc il n’y a pas de forces russes dans l’est de l’Ukraine.

    Dernier coup en date : V. Poutine évoque dans une interview télévisée un statut étatique pour l’est de l’Ukraine. Dépeçage vous dites ? Allons donc, le porte-parole du Kremlin vous dit qu’en fait non, il s’agit juste d’une logique fédérale pour la région. Le fait qu’il y ait une différence entre une logique « fédérale » et « étatique » n’a rien à voir là dedans.

    L’OTAN veut la guerre ! C’est pourtant évident : en renforçant la mission Air Baltic – de 4 à 12 avions, vous vous rendez compte ! – elle veut manifestement la guerre. D’ailleurs, il n’y a pas que les avions : des chars ont défilé à Varsovie le 15 août. Le fait que ce soit le jour de l’armée (commémoration de la victoire de Pilsudski sur l’Armée Rouge – coïncidence ? Je ne crois pas) n’a rien à voir là-dedans. D’ailleurs, les Américains mènent aussi des exercices avec la Bulgarie. Le fait qu’il n’y en ait pas plus que les années précédentes n’a rien à voir là-dedans. Et puis, prenez la mesure de la menace, l’OTAN a des chasseurs de mines qui font des exercices en Baltique !

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    Mon avis sur ces injures au plus élémentaire esprit critique : évidemment qu’il y a des pertes civiles dans l’est de l’Ukraine ; évidemment que Pravyi Sektor est fasciste ; évidemment que le passé de nombre de responsables politiques ukrainiens est marqué d’affaires de corruption, de clientélisme et j’en passe ; évidemment que la suppression du Russe dans l’est est une erreur fondamentale ; évidemment que l’Ukraine cherche à intégrer l’OTAN et l’UE ; et évidemment que certains, surtout depuis le début de l’année, le verraient d’un bon oeil. Ce que j’ai écrit plus haut n’implique pas que je pense exactement le contraire – ça vous étonne, hein ?

    C’est là le piège contemporain : il faut tout penser en noir ou en blanc et si vous n’êtes pas dans un camp, vous êtes forcément dans l’autre. Seulement voilà : dans un conflit, tout le monde a ses intérêts et tout le monde (oui, oui, la Russie aussi) manoeuvre afin de les promouvoir. On ajoutera que certains, vu notre contexte de crise, ont tout à coup une fascination manifeste pour le modèle russe de gouvernement (cette saloperie de démocratie occidentale est tellement corrompue, vous comprenez…) et mélangent un peu trop rapidement politique intérieure et extérieure.

    Voilà, nous sommes en 2014. Jamais autant de sources n’ont été disponibles (y compris en droit international : celui qui dit qu’un pays n’est pas l’autre, même s’il est indépendant depuis un poil plus que 20 ans) ; jamais autant d’ouvrages n’ont été publiés ; jamais l’enseignement des élémentaires de l’étude des confits et des relations internationales n’a été autant disponible à qui cherche un peu. La théorie, c’est que l’esprit humain devrait bénéficier de ces « jamais autant ». La pratique, c’est qu’il semble que pour nombre d’esprits, la complexité, la nuance ou la mise en perspective, ce soit un peu trop d’efforts.

    Alors voilà, je vais vous faire une révélation : non, les intérêts de la Russie, comme ceux des Etats-Unis, ne sont pas toujours ceux de la France. Et je ne peux que vous inviter à lire ceci, qui vaut d’ailleurs aussi pour les Etats-Unis.

    Ça dépote, hein, les relations internationales ?

    DSI

    http://fortune.fdesouche.com/353629-exclusif-lotan-va-attaquer-la-russie-avec-12-avions

  • Le roi Abdallah d’Arabie: « les djihadistes dans un mois en Europe, un mois plus tard en Amérique ! »

    Le roi d’Arabie saoudite Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, recevant vendredi les nouveaux ambassadeurs accrédités en Arabie saoudite, dont celui des États-Unis, a déclaré:

    «Vous voyez comment ils (les jihadistes) procèdent à des décapitations et font que des enfants exhibent des têtes coupées dans la rue», (…)

     «Ce n’est pas un secret pour vous, ce qu’ils ont commis et ce qu’ils vont commettre encore. Si on les néglige, je suis sûr qu’ils parviendront au bout d’un mois en Europe, et un mois plus tard en Amérique», a-t-il prévenu.

    «Je vous demande de transmettre ce message à vos dirigeants: (il faut) combattre le terrorisme par la force, la raison et la rapidité », a-t-il ajouté.

    Washington reste indécise sur des frappes aériennes contre les jihadistes de l’EI en Syrie après celles menées dans le nord de l’Irak. Son secrétaire d’État John Kerry a préconisé une «réaction conjuguée conduite par les États-Unis et la plus large coalition de nations possible».

    La Russie a, de son côté, fait observé aux gouvernement américain qu’il ne pouvait intervenir en Syrie qu’avec l’accord de sont gouvernement légitime ou bien avec un mandat de l’ONU.

    Emilie Defresne

    http://medias-presse.info/le-roi-abdallah-darabie-les-djihadistes-dans-un-mois-en-europe-un-mois-plus-tard-en-amerique/14685

  • [Reportage exclusif pour CI] Syrie : Yabroud a échappé au pire

    Difficile d’entrer à Yabroud, seuls les locaux sont autorisés à le faire depuis que la ville a été reprise par l’armée syrienne il y a à peine deux mois. Les gardes armés sont nombreux à parcourir les rues, notamment en ce jour où les enfants chrétiens ont organisé un spectacle…

    Reportage.

    L’entrée de l’église est très contrôlée, une précaution avec laquelle personne ne s’amuse. Cette ville de 50.000 habitants, dont 5.000 chrétiens ne veut pas revivre ce qu’elle tente d’oublier.

    Au début de la crise syrienne, une partie de la population sunnite de Yabroud profite des revendications entendues ici ou là à travers le pays pour s’organiser et tenter de récupérer de l’argent en faisant mine de s’opposer au régime. Les Chrétiens refusent prudemment de choisir un camp, et continuent à vivre paisiblement, aucune menace réelle ne pèse ni sur eux ni sur la ville.

    Mais rapidement, des groupes armés sont arrivés des villages avoisinants, demandant notamment aux Chrétiens une taxe contre laquelle ils promettaient une protection. Rapidement, le père Georges Haddad (photo), qui s’occupe de collecter et remettre la somme d’argent réclamée, réalise que les intentions sont crapuleuses et que ces bandes sont absolument incapables de protéger quiconque. La situation se dégrade, les pillages et demandes de rançon se multiplient. Les autorités chrétiennes décident alors de diminuer la somme d’argent versée avant de la stopper complètement.

    « Au printemps 2014, poursuit le père Georges, la situation devenait vraiment critique et j’ai décidé d’évacuer la ville de tous mes fidèles. En quelques heures tous sont partis sauf quelques familles chrétiennes qui voulaient rester ». Un exode assez rapide puis trois jours plus tard l’armée syrienne appuyée du Hezbollah encadre la ville et parvient à la reprendre.« Une tactique qui a permis d’éviter un bombardement de la ville par l’armée » se félicite le père.

    Mais pendant trois jours durant, les islamistes n’ont pas hésité à profaner l’église nouvelle (l’ancienne était bien protégée et ses trésors très anciens étaient à Damas), à détruire les icônes, piller et brûler les maisons chrétiennes… « Ils prétendent combattre pour la démocratie et la liberté, soutenus dans ce combat par les États-Unis et l’Europe. La démocratie et la liberté nécessitent-elles de détruire églises et maisons ? » interroge ironiquement le père Georges… Dans la ville, majoritairement préservée, quelques maisons détruites, d’autres brûlées… A quelques exceptions près, seules les maisons chrétiennes ont été visées.

    Difficile dès lors d’envisager à nouveau et sur le long terme la cohabitation, même si tous espèrent y parvenir : « nous avons vu des habitants de notre propre ville soutenir les djihadistes à leur arrivée… Comment voulez-vous que nous vivions sereinement à côté d’eux ? Nous ne pourrons vivre qu’avec ceux qui acceptent notre présence. Dans ces cas là, aucun problème » explique un chrétien qui tente de relancer péniblement son commerce.

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  • Libye: est-il encore possible d’empêcher la création d’un « Etat islamique d’Afrique du Nord » ?

    Lu su le blog de Bernard Lugan :

    Au point de vue militaire la situation libyenne a considérablement évolué depuis mon précédent communiqué en date du 17 août dernier:

    - A l’Est, en Cyrénaïque, l’offensive du général Haftar a été bloquée par les milices islamistes; le 22 juillet, à Benghazi, le quartier général de ses forces spéciales a même été pris d’assaut.

    - A l’Ouest, en Tripolitaine, les milices de Misrata (Frères musulmans) et les salafistes de Tripoli surarmés par le Qatar et par la Turquie, paraissent prendre peu à peu le dessus sur les milices berbères de Zenten dans la région de l’aéroport principal de Tripoli. Le second aéroport de la capitale, celui de Maïtigua, est déjà contrôlé par les islamistes d’Abdelhakim Belhaj.

    La stratégie des salafistes, desFrères musulmanset du Qatar est désormais claire: faire de la Libye une base de déstabilisation régionale. De fait, l’Egypte et l’Algérie sont directement menacées cependant que la Tunisie n’arrive pas à liquider les maquis des monts Chaambi. Quant au Maroc, il va être dans les prochains mois la cible d’un nouveau mouvement fondamentaliste baptiséUnicité et jihad au Maghreb al-Aqsa.Au Sud, le Mali, le Niger et le Tchad vont automatiquement subir la contagion de la situation libyenne.

    Le processus de déstabilisation de la Libye a été très largement pensé et supporté par le Qatar qui, dans un premier temps, a utiliséAl-Jazirapour diaboliser le régime Kadhafi. Le bras armé de cet insatiable et arrogant petit émirat fut Nicolas Sarkozy qui, subverti par BHL, imposa l’intervention internationale en reprenant à son compte les mensonges d’Al-Jaziraau sujet d’une menace inventée sur les populations de Benghazi.

    La situation étant aujourd’hui ce qu’elle est, est-il encore possible d’empêcher la création d’un « Etat islamique d’Afrique du Nord  » avec toutes les conséquences régionales qu’aurait un tel événement ?

    Les Européens n’ont comme d’habitude qu’une seule solution à proposer: encore et toujours la démocratie. Le 4 août, jour de sa première réunion à Tobrouk, ils ont ainsi reconnu la légitimité du nouveau parlement pourtant élu par à peine 10% des électeurs, et ils ont appelé ses membres à une « gouvernance démocratique »… Il est difficile d’être davantage déconnecté des réalités, d’être plus prisonnier des nuées, de l’idéologie…

    La solution réaliste comporte deux volets, l’un est militaire, l’autre politique :

    1) Comme je l’annonçais dans mon communiqué daté du 15 juillet 2014, une triple intervention de l’Egypte, de l’Algérie ( en dépit des déclarations contraires du Premier ministre Sellal) et de la France est dans les cartons.

    2) Si une telle intervention n’a pas encore débuté c’est parce qu’elle doit impérativement se faire en appui à une résistance libyenne. Or, et je viens de le dire, le général Haftar a perdu sa crédibilité. Il devient donc urgent et nécessaire de reconstruire le système d’alliances tribales qui existait du temps du colonel Kadhafi. Sans lui, il n’y aura pas d’intervention étrangère permettant d’abord de contenir, puis ensuite de réduire les salafistes d’Ansar al Charia et leurs alliés en Cyrénaïque, les résurgences du GICL (Groupe islamique combattant en Libye) en Tripolitaine et lesFrères musulmansde Misrata.

    Or, que cela plaise ou non, Seif al-Islam, le fils du colonel Kadhafi, est le mieux placé pour constituer un tel rassemblement (voir à ce sujet mon communiqué du 17 août). A défaut, toutes les forces islamistes risquent d’être engerbées et coagulées dans un futur « Etat islamique d’Afrique du Nord » à l’imitation de l’EIL d’Irak.

    http://www.contre-info.com/libye-est-il-encore-possible-dempecher-la-creation-dun-etat-islamique-dafrique-du-nord#more-34249

  • L’émergence de l’État islamique déclenche un retournement géopolitique sans précédent

    Un décryptage très intéressant de Thomas Flichy de la Neuville (professeur à l'ESM de St Cyr) sur Liberté politique :

    "La brusque émergence de l’État islamique en Irak et au Levant, loin de se réduire, comme le voudraient certains commentateurs, à un simple épiphénomène, se présente comme un événement fondamental qui a d’ores et déjà entraîné un renversement géopolitique majeur.

    La liquidation du régime de Saddam Hussein par les États-Unis a entraîné un chaos interne à l’Irak qui a prioritairement bénéficié aux compagnies pétrolières chinoises. Ce sont elles qui ont raflé la mise du démantèlement de l’État irakien.

    Devant cette déroute géopolitique, les États-Unis cherchent aujourd’hui à préserver les contrats signés au sud dans la partie chiite et au nord, dans le Kurdistan.

    L’exploitation du gaz de schiste américain ne rend pas indispensable l’importation de gaz irakien. En revanche, il est important d’empêcher une mainmise totale de la Chine, devenue l’adversaire principale des États-Unis. 

    Un renversement complet

    Pour ce faire, les États-Unis ont décidé de mettre fin à la progression de l’État islamique. Armer les Kurdes ou d’autres minorités irakiennes au détriment des islamistes sunnites se présente, à l’évidence, comme un renversement complet de politique.

    En effet, le Kurdistan armé menace la Turquie, alliée traditionnelle de l’Amérique. D’autre part, il s’avère totalement illusoire de limiter l’avance djihadiste sans s’appuyer sur la Syrie de Bachar-el-Assad. Enfin, comment contenir l’essor islamiste sunnite sans le soutien de l’Iran ? Au cours des derniers mois, les États-Unis, se sont ostensiblement rapprochés de l’Iran tout en prenant leurs distances par rapport à Israël.

    Ce mouvement s’est aujourd’hui accéléré. Les États-Unis ménagent toutefois leur allié saoudien, terrorisé par la menace d’un État islamique pouvant le faire voler en éclats. Ils n’ont d’ailleurs pas émis de protestation à l'encontre des bombardements saoudiens en Libye, État destiné à devenir la métastase nord-africaine de l’EI. 

    Le choix du réalisme

    Le choix par les États-Unis d’une politique réaliste au Moyen-Orient, qui est en train de prendre de court l’ensemble des chancelleries européennes, se traduit par un nouvel équilibre dont les éléments majeurs sont les suivants :

    ♦ La Turquie, menacée à l’Est par le Kurdistan armé est fragilisée en raison de son soutien aux islamistes syriens et libyens.

    ♦ Israël, qui a le plus grand mal à stabiliser la bande de Gaza, peut tenter de jouer l’alliance avec l’Égypte afin de se présenter comme un glacis empêchant la connexion entre le Califat Irakien et son émirat Libyen.

    ♦ L’antagonisme entre le Qatar et l’Arabie Saoudite est exacerbé.

    ♦ Enfin, de nouveaux rapports vont se nouer entre les puissances géoculturelles que sont l’Iran et la Russie, qui ont misé triomphalement sur une politique réaliste du temps long, et l'Amérique de l'après État-islamique." 

    Marie Bethanie

  • Pays émergents : une notion erronée ?

    Hervé Juvin, toujours aussi clair.


    « Pays émergents », une notion remise en question par realpolitiktv 

    Paula Corbulon