Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

géopolitique - Page 877

  • A l’assaut de l’Eurasie

    Au début du siècle dernier, stratèges et théoriciens Anglo Saxons définissent les impératifs pour l’Angleterre, puis l’Amérique afin de maintenir leurs positions dominantes. Très succinctement, ces puissances « navales », géographiquement isolées doivent éviter l’émergence d’un concurrent fort, surtout si celui-ci est sur le continent. L’effondrement de l’Angleterre et l’avènement des empires en Europe confirmera aux Américain l’impérieuse nécessité pour eux de ne pas s’en faire expulser du continent, mais au contraire d’y prendre position. 

    Dès le milieu du siècle, la seconde guerre mondiale offre une occasion inespérée pour l’Amérique, dans une Europe affaiblie et divisée, puisque des deux rivaux continentaux (Allemagne nazie et Russie soviétique), il n’en reste qu’un. Cette lutte contre l’URSS a en fait un autre objectif : la prise de pouvoir économique par l’accès aux matières premières et aux ressources naturelles, concentrées au cœur de l’Eurasie. Pour ce faire, l’Amérique propose à l’Europe dévastée le "plan marshall" (1947) destiné à sa reconstruction. 16 états Européens, et la Turquie se partageront les fonds en créant l’OECE dont le but public était "la coordination de l’effort de reconstruction et la libéralisation du commerce et des échanges monétaires". Ce plan Marshall nous le verrons était en fait un cheval de troie, pour "infiltrer" le continent et assouvir la domination Américaine en Europe de l’ouest dans un premier temps, puis vers l’est, au fur et à mesure de l’effondrement de l’URSS. 

    Pour ce faire, les stratèges Américains n’utiliseront pas la « guerre », mais des méthodes plus subversives d’entrisme et de prise de contrôle de l’intérieur. Pour ce faire de nombreuses "associations", "institutions", "fonds" ou "ONGs" vont apparaître, qui serviront à "défendre les intérêts Américains" et " promouvoir la vision Américaine du monde", notamment sur le continent. Ces associations apparaissent en trois temps : une première vague pendant le second conflit mondial (destinées à lutter contre le nazisme), une seconde pendant la guerre froide (lutte contre l’URSS) et enfin depuis la chute du mur pour étendre l’influence Américaine à l’est et de façon bien plus offensive, servir de fer de lance à de réels coups d’états (révolutions de couleur), présentés via les relais médiatiques (dont les leurs nous le verrons) comme de simples "basculements démocratiques" dans des zones du monde en "transition démocratique".

    Qu’elles soient d’obédience démocrates ou républicaines, les objectifs, méthodes et modes de financements sont très similaires. Celles ci en fait compléter le travail officieux de la CIA et permettre l’installation de gouvernements aux ordres, généralement dans des zones jugées stratégiques. Il est enfin intéressant de noter que les cerveaux de ces associations sont très régulièrement d’anciens Trotskystes, reconvertis à l’Atlantisme forcené, souvent via le néo-conservatisme (america uber alles). Ces « intellectuels » viennent en fait presque tous de la gauche, radicale et ce jusqu’en 1970 date à laquelle l’évolution de l’ultra gauche contre la guerre du Vietnam heurte la perception de l’Amérique qu’ont ces enfants d’immigrants qui ont fuit l’Europe pour le nouveau continent. Ceux-ci rallieront donc dans un premier temps Reagan, puis Clinton et Bush après le 11/09. On peut traduire ce courant comme étant un : « produit de l’influente branche juive du trotskysme américain des années 30 et 40, qui a évolué en libéralisme anticommuniste des années 50 aux années 70, puis en une sorte de droite impériale et interventionniste sans précédent dans l’histoire politique ou la culture américaines. » Parmi les « noms » les plus éminents de ces anciens rebelles de gauche passés à l’interventionnisme évangélique militaire et à une vision unilatérale du monde, on peut citer Paul WolfowitzAlbert WohlstetterIrving KristolWilliam KristolDavid HorowitzMichael Ledeen,Danielle PletkaDavid FrumMichael NovakElliott AbramsRobert KaganJames WoolseyWilliam BennettZalmay KhalilzadGary SchmittNorman Podhoretz, ou encore Richard Perle.

    Cette infiltration et prise de contrôle des anciens trotskystes au sein d’associations qui orientent la politique intérieure et extérieure Américaine, influent sur les politiques ou les dirigeants de la CIA voir de grandes multinationales présente une similitude avec les pays Européens, France en tête. En France en effet de nombreux « ex Trotskystes » ont des positions influentes d’intellectuels renommés (Bernard henry levy, Finkelkraut, Gluksman, Goupil, Brukner..) ou encore sont à la tête de mouvements politiques majoritaires (Kouchner, Cohen-Bendit, José Bové ..). Ces « nouveaux intellectuels » sont rangés au cœur du système et non plus dans sa périphérie et ont la faveur de nos médias nationaux, voix du « système » qu’ils étaient si prompt à critiquer. Du soutien à Mao ils sont passés au soutien à l’Amérique. Ils ont combattu les Soviétiques et applaudi la désintégration de la Russie sous Eltsine. Ils ont soutenu la révolution indépendantiste Tchétchène, même si elle était en partie dirigée par des Wahabites, se faisant l’écho des indépendantismes ethnico-religieux tant rêvés par les ennemis prométhéistes de la Russie. Fidèles à la volonté de leur maitres, ils ont religieusement soutenu la guerre de l’OTAN contre la Serbie, et soutenu les nationalismes Croates et Bosniaques, fondé sur la le sang et la religion. Ils se voudraient les guides moraux d’une république qui vient affirme sous le gouvernement Sarkozy son asservissement Atlantiste. Ils sont partisans d’une ligne « dure » contre le Kremlin et les fer de lance d’une Russophobie suintante dans nos médias nationaux. Enfin deux des plus fameux (BHL et Gluksmann) étaient les conseillers Russie des deux finalistes de la présidentielle Française, respectivement Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.

    L’après guerre …

    Freedom House à été créé en 1947 pour répondre à la menace nazie et pousser l’opinion publique à l’interventionnisme dans le conflit mondial. FH soutiendra le plan Marshall en 1949 et se fera rapidement et vigoureusement l’avocat de la politique Américaine en soutenant l’action militaire en Irak, le développement de l’OTAN et en aidant les sociétés postcommunistes dans l’établissement de « médias indépendants, groupe de réflexion non gouvernementaux, et des institutions de base pour des élections politiques ». En 1982, Paul Wolfowitz et les néoconservateurs font entrer en nombre les militants trotskistes dans ces divers organismes, spécialistes de l’entrisme, les seconds défendront les premiers. En 1986, Freedom House met en place à Londres une officine de diffusion d’articles de commande dans la presse internationale via un programme financé par la CIA et lequel seront employé Vladimir Bukovsky, Adam Michnik, André Glucksmann, Jean-François Revel, et quelques autres. Les articles sont repris au Royaume-Uni dans The Daily Mail, The Daily Telegraph et The Times et dans le Wall Street Journal. En 1999, Freedom House a créé le Comité américain pour la paix en Tchétchénie (The American Committee for Peace in Chechnya - ACPC), dirigé par un trio (Zbigniew Brzezinski, Alexander Haig et Stephen J. Solarz) qui a organisé, financé et soutenu le Jihad contres les Soviétiques en Afghanistan. FH compte 120 permanents dans 12 pays (Jordanie, Ukraine, Serbie ..), dirigés par un board de directeurs composé de démocrates comme de républicains et dans lequel on retrouve à la fois l’ancien directeur de la CIA ou encore des stratèges comme Brezinski. FH affirme avoir soutenu des citoyens engagés dans des révolutions en Serbie, en Ukraine, et au Kirghizistan, mais à également œuvré en Jordanie, Algérie, Ouzbékistan et Vénézuela. FH se veut une organisation non lucrative et est financée en grande partie par le gouvernement Américain, mais également par de nombreux donateurs. FH a longtemps été présidé par le représentant démocrate du Nouveau Mexique, Bill Richardson qui cumulait ses fonctions avec celles de vice-président de l’Institut démocrate pour les Affaires internationales (NDI), aux côtés de Madeleine K. Albright. James Woolsey, l’ancien patron de la CIA et inventeur du Congrès national irakien, lui a ensuite succédé et depuis 2005 Freedom House est dirigé par Peter Ackerman (dont nous reparlerons, gardez bien ce nom en tête).

    Toujours lié au plan Marshall sera créé en 1972 une institution qui porte son nom : le German Marshall Fund of the United States. Elle se développera rapidement (dès la chute du mur) en Europe de l’est, pour "contribuer" à la transition démocratique des ex-pays communistes. L’institution qui se veut indépendante et apolitique qui a pour ambition de promouvoir les relations transatlantiques, en encourageant un échange d’idées et une coopération accrue entre les États-Unis et l’Europe. 

    L’USAID , créé en 1961 sous le gouvernement Kennedy gère l’aide économique et humanitaire dans le monde. Le directeur de l’USAID est nommé par le président des états-unis et confirmé par le sénat Américain. L’USAID finance de nombreuses autres ONGs comme la NDE ou Freedom House, chargées de soutenir par des moyens légaux le travail de la CIA et notamment l’infiltration des partis politiques pro Occidentaux. L’organisation est soupçonnée de soutenir les partisans de l’Amérique à tous les niveaux (notamment politique). Un exemple ? Lorsque le Yémen a voté contre la résolution américaine d’utilisation de la force en IRAQ en 1990, l’ambassadeur des nations unies Thomas Pickering a trouvé l’ambassadeur Américain en lui disant " ce non vote va vous coûter cher". Dans les jours qui suivirent, l’aide Américaine via USAID fut coupée, le Yémen eu des problèmes avec la banque mondiale et le FMI, et 800.000 yéménites furent exclus d’Arabie Saoudite.

    En 1961 sous la coupe de Kennedy fut également créé le "corps pour la paix" et "l’alliance pour le progrès" paravent destiné à oeuvrer contre la menace communiste en Amérique du sud. L’alliance fut néanmoins un échec et disparu en 1973.

    La connection Washington ?

    Egalement lié au plan Marshall, la "Brookin institution" à un rôle important. L’institution connu son heure de gloire lorsqu’un de ses membres, léo pasvolsky, également membre du Conseil des Relations Etrangères (un think tank qui a pour vocation a analyser la politique mondiale et comprend plus de 4.000 membres issus du milieu des affaires, de la politique et de l’économie) contribuera dès 1942 à conseiller le président Roosevelt, notamment pour l’établissement du système de "nations unies" (il en rédigea la charte) mais également pour le fonctionnement du "plan marshall". Les experts de l’institution démontreront leur influence après le 11/09 en "témoignant devant le congrès et l’opinion publique Américaine pour réaffirmer le rôle moteur de l’Amérique à l’étranger".

    En face de celle ci, de l’autre côté de massachusset avenue à Washington, se situent deux autres "institutions" intéressantes : L’institut Peterson et également la fondation Carnégie qui est une organisation non gouvernementale ainsi qu’un cercle de réflexion et d’influence global dédiée au développement de la coopération interétatique et à la promotion d’un engagement actif des États-Unis sur la scène internationale. Devenu l’un des plus riches et importants think-tanks libéraux du monde, la fondation à joué un rôle prédominant en Russie en ouvrant une filiale à Moscou en 1993 qui a conseillé l’ex président Eltsine dans le processus de privatisation de l’économie ex-soviétique, grâce à l’interface de personnalités comme Yegor Gaidar, récemment disparu. La fondation prendra ensuite position pour défendre Mikhail Khodorkovsky, qui était régulièrement orateur dans les locaux de Moscou.

    Néanmoins la Brookin institution (citée plus haut) ayant été jugée très proche des démocrates, elle à son miroir de droite, libéral avec l’American Enterprise Institute (AEI) a été fondé en 1943 pour faire concurrence à la Brookin Institution (citée plus haut et été jugée très proche des démocrates, ) et a été un des architectes majeurs des politiques du gouvernement Républicain de Georges Bush. L’institution se veut défendre le "capitalisme démocratique". L’AEI a longtemps eu comme mentor Irving Kristol ancien trotskyste reconverti, fondateur s’il en est de l’idéologie néoconservatrice. Décédé en septembre dernier, son fils william kristol ayant largement repris le flambeau familial puisque fondateur de la revue néo-conservatrice "weekly standard", fut un des artisans de la réélection de G. Bush, de l’attaque de l’Irak en 2003, mais également fondeur du Projet pour un Nouveau Siècle Américain (PNAC) et membre du comité de l’American Enterprise Institute, fondé par son père. Anecdote : celui ci titrera un article "vive la France", pour se féliciter du votre contre le traité Européen, démontrant ainsi la gêne des américains face à l’émergence d’un concurrent politique et économique. L’AEI héberge dans ses locaux le PNAC fondé par Kristol serait arrêté depuis 2006 et avait pour objectif d’assurer le leadership mondial des états-unis.

    Enfin dans la même zone géographique, on trouve également la Hoover Institution qui est à la base une bibliothèque financée par la fondation Rockefeller pour collecter un maximum d’archives sur l’arrivée des communistes au pouvoir en Russie. La bibliothèque deviendra un think tank formant une partie de l’élite républicaine, et recevant des fonds de divers multinationales comme Merryl linch, JP Morgan, Exxon etc etc et partageant ses directeurs avec l’AEI (ci dessus). La fondation a également sponsorisé un groupe de chercheurs 
    En 1998, un groupe de chercheurs de la Hoover Institution pour former George W. Bush aux questions internationales dans sa maison d’Austin (Texas). Ce groupe comprenait de nombreuses personnalités comme Condoleezza Rice., Dick Cheney, Stephen Hadley, Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz et même Colin Powell. En retour, en 2001, Condoleezza Rice a été nommée conseillère de sécurité nationale et sept salariés de la Hoover Institution ont été nommés au Pentagone parmi les trente membres du Comité consultatif de politique de Défense (Defense Policy Board Advisory Committee). 

     

    Au cœur de la guerre froide

    Le New Endownment for Democracy a été créé en 1983 sous le gouvernement Reagan et son financement passe par le congrès Américain via l’USAID. Elle redistribuerait l’argent reçu du gouvernement pour moitié à ces quatre organisations qui agissent au niveau international :

    * National Democratic Institute for International Affairs, lié au Parti démocrate, et présidé par l’ancienne secrétaire d’État Madeleine Albright.
    * International Republican Institute, lié au Parti républicain et présidé par le sénateur John McCain, rival malheureux de George Bush aux primaires de 2000 et aujourd’hui candidat républicain à la présidence des États-Unis.
    * American Center for International Labor Solidarity, fondé par l’AFL-CIO. 
    * Center for International Private Enterprise, fondé par la Chambre de commerce des États-Unis.

    L’autre moitié des fonds va à plusieurs centaines d’ONG réparties dans le monde. Le NED a financé ou financerait des groupes politiques luttant officiellement pour la démocratie en Europe occidentale dans les années 1980 ainsi que dans les années 2000 dans les pays de l’ex-union soviétique comme en Ukraine, ou encore dans les pays d’Asie centrale comme le Kirghizistan ou l’Ouzbékistan. La NED a développé un système d’institut satellite qui s’inspire de ce qui avait été mis en place par les États-Unis, en tant qu’armée d’occupation, en Allemagne avec la Friedrich Ebert Stiftung, la Friedrich Naumann Stiftung, la Hanns Seidel Stiftung et la Heinrich Böll Stiftung. Aussi, utiliserait-elle ces fondations comme relais financiers dans ce pays plutôt que ses propres instituts. Sur le même principe, la NED aurait trouvé des partenaires dans divers États alliés, membres de l’OTAN ou de l’ex-ANZUS, notamment : la Westminster Foundation for Democracy (Royaume-Uni), Droits et Démocratie (Canada), la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation Robert Schuman (France), l’International Liberal Center (Suède), l’Alfred Mozer Foundation (Pays-Bas).

    La NED publie le Journal of Democracy et organise des conférences avec les intellectuels qu’elle sponsoriserait (par exemple l’historien François Furet et le journaliste Jean Daniel pour la France). Celle ci forme également des cadres politiques et syndicaux, partout dans le monde, à l’exercice de la démocratie. La NDE finance et encadre actuellement plus de 6.000 organisations politiques et sociales dans le monde. Elle revendiquerait avoir entièrement créé le syndicat Solidarność en Pologne, la Charte 77 en Tchécoslovaquie et Otpor en Serbie. Ces mouvements ont animé les révolutions de couleur dans les pays concernés, ou été des meneurs dans la lutte anti-Soviétique et par défaut pro-Américaine. Le financement de ces syndicats a comme corollaire que les gouvernements qui découlent de ces renversements de régimes entraine une politique pro-US sans faille (commandes militaires de F16 malgré l’entrée dans l’UE, alignement total sur les positions de la Maison Blanche en Europe de l’Est, participation au partenariat pour la paix en 2005 pour la Serbie, collaboration avec le TPI ..) Enfin, le NED aurait été impliqué dans les campagnes de référendum et le coup d’Etat avorté d’avril 2002 contre la présidence d’ Hugo Chávez au Venezuela.

    On peut citer également l’institut Aspen , Atlantiste et dédié au "commandement éclairé, à l’appréciation d’idées et valeur éternelles, et pour un dialogue ouvert sur des thèmes actuels". En France il organise des débats avec des intellectuels Atlantistes comme le président Nicolas Sarkosy. L’institut est financé par des sociétés comme CapGémini ou encore la chaine d’information (!) Euronews.

    La Jamestown fondation a été créé par la CIA sous le règne Reagan pour mettre en scène les transfuges communistes à l’époque Reagan, elle édite des bulletins spécialisés sur le monde post-communiste et sur le terrorisme qui servent de référence aux think tanks de Washington. A la chute du mur, l’institution reprend du service via le responsable de l’époque de la CIA James Woosley et également par Zbigniew Brzezinski pour ajuster le discours guerre froide (3ième guerre mondiale) à un discours préparant une 4ième guerre mondiale. L’institution publie des bulletins informatiques notamment : 

    * Chechnya Weekly : bulletin officiel de l’American Committee for Peace in Chechnya (Comité américain pour la paix en Tchétchénie) de Zbigniew Brzezinski et Alexander Haig, lequel est une filiale de la Freedom House. 

    * Eurasia Daily Monitor enfin qui est la publication phare de la Fondation est devenu le quotidien de référence pour les intérêts US dans l’espace post-soviétique. Il stigmatise la Russie de Poutine et célèbre la « démocratisation » en marche des « révolutions » des roses, orange, des tulipes etc.

    En réalité la Jamestown Foundation est un élément d’un dispositif plus vaste chapeauté par la Freedom House et connecté à la CIA et est en réalité devenu une agence de presse spécialisée sur les États communistes et postcommunistes et sur le terrorisme. 

    Toujours dans le domaine de la communication, la fondation héritage a également été l’un des plus actifs soutiens de la politique Reagan, axée sur le soutien aux mouvements anticommunistes notamment en Afghanistan ou en Angola. Depuis, la fondation a légèrement basculé du côté démocrate et à été listé comme l’un des think tank les plus influent du pays. Jusqu’à 2001 la fondation publiait une revue (foreign review) qui a depuis été acquis par la Fondation Hoover (voir plus haut). En 2006, la fondation a créé le Margaret Thatcher Center for Freedom pour renforcer les liens "Américano-Anglais". En 2009, la fondation a créé un "scandale" en affirmant que l’armée rouge n’avait pas "libéré" l’europe de l’est du fascisme mais instauré un nouveau totalitarisme. Cette affirmation confirme l’offensive anti-Russe en cours, passant par une révision totale de l’histoire destinée à a terme décrédibiliser tout rôle de la Russie dans l’histoire récente de l’Europe, et ce afin de "repousser" la Russie hors d’Europe, physiquement mais également dans les esprits.

    Après la chute du mur

    Après la chute du mur, profitant du flottement général et de l’aspiration des nouvelles nations d’Europe de l’est à intégrer l’Europe, ces diverses associations vont bien évidemment contribué à étendre l’influence Américaine en Europe centrale et de l’est, occupant le terrain abandonné par les Soviétiques. Pourtant depuis 1990 leur activité ne s’est pas arrêtée, pas plus que ne s’est arrêté l’activité de Freedom-House après la chute du régime nazi. Toutes ces fondations, institutions, ONGs ont continué à œuvrer "vers l’est", dans un "drang nach osten" sous bannière étoilée et dirigé contre la Russie, l’URSS n’étant plus. Dans cette offensive, il faut citer comme acteur phare le milliardaire Soros, qui a créé en 1993 et 1994 de nombreuses organisations trop peu connues du grand public : l’Open Society, ou encore Human Right Watch, le democracy coalition project. Ou encore l’International Crisis Group. Cette dernière a d’abord été actif en afrique, puis en ex-Yougoslavie et est aujourd’hui présidée par l’ancien président Finlandais Martti Ahtisaari, qui sera nommé par l’ONU envoyé spécial pour le Kosovo. L’ICG a dans son conseil d’administration des anciens conseillers nationaux de sécurité (Richard Allen et Zbigniew Brzezinski), on trouve le prince koweïtien Saud Nasir Al-Sabah, l’ancien procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie Louise Arbour, ou l’ancien commandeur suprême de l’OTAN pendant la guerre de Yougoslavie le général Wesley Clark. Quelques relations financières comme l’ex-président philippin Fidel Ramos ou l’oligarque russe Michail Khodorkovsky, tous membres du Carlyle Group. Figurent aussi des personnalités françaises : Simone Veil, présidente du mémorial de la Shoah, et la journaliste Christine Ockrent, épouse de l’ex-gouverneur du Kosovo Bernard Kouchner. 

    Le project syndicate enfin est une agence de presse indépendante qui a racheté différents organes de presse, a financé des radios « indépendantes » (comme B92 en Serbie ou alors radio free europe) et se pose comme un des fers de lance médiatique de la guerre énergétique contre la Russie et cela depuis de longues années. Il est enfin à noter que les organisations de Soros ont été expulsées de Russie fin 2003 et qu’en 2006 un réseau d’espionnage anglo saxon a été démantelé en Russie, dans lequel les agents étaient liés à des organisations étrangères, l’Open Society ayant été impliqué dans l’affaire.

    Nous reviendrons dans un prochain article sur les implications de ces diverses associations dans les révolutions de couleurs et notamment sur le trio : « freedom house » « réseau soros » et « albert einstein institute » dans l’organisation des révolutions de couleurs, ces coups d’états démocratiques destinés à « placer » des gouvernements aux ordres du Pentagone, et ce afin de servir de tête de pont pour l’Amérique dans sa lutte contre la Russie.

    Enfin, pour terminer cette étude sur l’agression larvée permanente (toujours basée sur des principes trostkystes de « révolution permanente »), nous nous intéresserons à la pénétration du lobby Américain dans la scène politico-médiatique Française et la conséquence pratique pour la France : servir de tête de pont à l’Amérique, au même niveau qu’une Géorgie ou qu’une Serbie renversée militairement ou par une révolution de couleur.

    par Alexandre Latsa  http://www.agoravox.fr

  • Brzezinski, son CPHW et l’insurrection du monde

    Ex: http://www.dedefensa.org/

    28 novembre 2012 – Il ne faut pas craindre les acronymes… Zbigniew Brzezinski ayant décidé de parler du «The Role of the West in the Complex Post-Hegemonic World», il nous a paru bienvenu et bureaucratiquement de bon aloi de comprimer l’essentiel de son intervention à l’acronyme CPHW (« Complex Post-Hegemonic World). Avec cette expression, Brzezinski nous dit exactement ce dont il s’agit : les USA ne peuvent plus assurer une hégémonie sur le monde, le bloc BAO pas davantage, et d’ailleurs personne non plus en-dehors de cela, – ni la Chine, ni la Russie, etc. Nous sommes donc passés, depuis la fin de la guerre froide, de l’“hyperpuissance” seule au monde multipolaire, au G2 (USA + Chine), à la Chine seule, à rien du tout sinon le désordre… Car c’est bien cela que nous dit Brzezinski. Complémentairement mais non accessoirement, il nous dit que la révolte des peuples, ou l’“insurrection du monde”, est en marche et que cela marche bien.

    C’est Paul Joseph Watson, de Infowars.com, qui nous informe de l'intervention du vieux guerrier devenu sage, le 26 novembre 2012. Ce que nous dit Brzezinski est sans aucun doute très intéressant.

    «During a recent speech in Poland, former US National Security Advisor Zbigniew Brzezinski warned fellow elitists that a worldwide “resistance” movement to “external control” driven by “populist activism” is threatening to derail the move towards a new world order. Calling the notion that the 21st century is the American century a “shared delusion,” Brzezinski stated that American domination was no longer possible because of an accelerating social change driven by “instant mass communications such as radio, television and the Internet,” which have been cumulatively stimulating “a universal awakening of mass political consciousness.”

    »The former US National Security Advisor added that this “rise in worldwide populist activism is proving inimical to external domination of the kind that prevailed in the age of colonialism and imperialism.” Brzezinski concluded that “persistent and highly motivated populist resistance of politically awakened and historically resentful peoples to external control has proven to be increasingly difficult to suppress.”»

    Brzezinski est une “vieille crapule” du temps de la guerre froide mais bon observateur, à peu près aussi finaud à cet égard que l’autre “vieille crapule” Kissinger, bien que les deux hommes se détestent comme s’entendent à le faire deux assolute prime donne. On observera que Brzezinski donne une leçon de lucidité à tous les pseudo-penseurs et simili-experts de nos diplomaties du bloc BAO de la génération actuellement opérationnelle, tous ces pseudos-similis enfermées dans la politique-Système et leur affectivité de midinette perdue dans les couloirs de l’ONU, sans savoir qu’ils s’y trouvent (enfermés dans le Système et perdus dans les couloirs). Lui, Brzezinski, semble bien se douter de quelque chose, à propos de cet enfermement et de ce vagabondage sentimentalo-hystérique…

    Il est intéressant de noter qu’il introduit le terme de “post-hégémonique”, signifiant que plus personne ne peut exercer sérieusement une hégémonie en tant que telle, d’un poids et d’une ambitions significatifs, impliquant le contrôle géopolitique d’une région, d’une alliance, d’un empire, – “du monde” enfin, pour faire bref, à la manière d’un neocon du bon vieux temps virtualiste de GW à l’ombre de 9/11. Nous ne sommes pas, nous à dedefensa.org, étonnés ni surpris par la nouvelle

    En fait, nous dit Brzezinski, le monde est devenu trop compliqué (le “monde complexe post-hégémonique”), et cette situation dans le désordre le plus complet, pour encore répondre aux lois de la géopolitique ; en cela, nous signifiant, lui, Brzezinski, le géopoliticien glacé et implacable, que l’ère de la géopolitique est close et que lui succède, ou lui a déjà succédé, quelque chose comme l’ère de la communication. En l’occurrence, nous ne sommes pas plus étonnés ni surpris, et nous avons déjà pris la résolution, depuis un certain temps, de proposer de nommer l’ère succédant à l’ère géopolitique, du nom d’“ère psychopolitique”. Brzezinski s’empresse de s’expliquer dans ce sens, en citant des forces en action, en vrac mais se référant toutes au système de la communication et, implicitement, à l’action de ce système sur la psychologie, – «an accelerating social change driven by “instant mass communications such as radio, television and the Internet,” which have been cumulatively stimulating “a universal awakening of mass political consciousness”».

    Essayez de décompter le nombre de divisions que représentent les “réseaux sociaux” ou le “réveil d’une conscience politique de masse” ; aucune possibilité de traduire cela en termes géopolitiques, en espace à conquérir ou à contrôler, grâce à l’influence dominée par la quincaillerie ; par conséquent, fin de l’ère géopolitique, développement de l’ère psychopolitique, déclin accéléré du système du technologisme, affirmation générale du système de la communication… Ce pourquoi, constate Brzezinski, dans la première phrase de son raisonnement politique, – ridiculisant presque ceux (les neocons) qui avaient lancé le slogan d’un New American Century, – ce pourquoi l’idée d’une nouveau “siècle américain” avec le XXIème siècle est au mieux une “désillusion”, ou, de façon plus réaliste, une complète et trompeuse illusion devenue une erreur fatale dans la façon que cette illusion conduit encore certaines politiques et certaines conceptions.

    … D’où le salut de reconnaissance, contraint et sans la moindre complaisance, de Brzezinski à ces nouvelles forces qui s’affirment partout avec fracas, cette pression populaire (le populisme) s’affirmant non par des révolutions, des émeutes, des grèves insurrectionnelles, etc., mais des “événements de communication”, c’est-à-dire des masses révolutionnaires sans révolution, des émeutes sans renversement de gouvernement, des grèves insurrectionnelles sans insurrection. L’important est l’écho de communication qu’on crée, qui paralyse les pouvoirs comme le “regard” du crotale fascine sa proie, qui pousse un vieux dictateur à la démission, qui conduit à infléchir la politique courante jusqu’à faire une autre politique, qui bouleverse les relations stratégiques les mieux établies par la seule crainte que cet écho introduit dans les esprits de dirigeants dont la psychologie reste sans réaction. Bien entendu, tout cela devient un obstacle énorme sur la voie de “la gouvernance mondiale”, expression sans aucune substance désignant, comme mille autres, le Système en action, et citée implicitement par Brzezinski devant son auditoire complice comme la référence de ses propres préoccupations.

    Brzezinski a donc bien compris que les nouvelles forces du système de la communication sont fondamentalement antiSystème, par “effet-Janus” en mode turbo. L’on notera certes qu’il s’adresse à ses amis en vrai “globaliste”, c’est-à-dire ayant intégré que l’ensemble US et d’influence US s’est quelque peu transformé en un “bloc” où nul, là non plus, n’assure vraiment une hégémonie. Il s’agit bien sûr de “notre” bloc américaniste-occidentaliste (bloc BAO), et Brzezinski a compris que ce n’est plus un faux nez pour les USA, que ce temps-là a passé, mais qu’il s’agit bien du cœur du regroupement général auquel les “globalistes” voudraient nous confier… Il semble que ce soit de plus en plus, selon Zbig, le grondement des populations en fureur qui se charge de répondre à cette proposition globalisante.

    Et puis, à ce point, changement complet… (De notre commentaire et de son orientation.)

    De BHL à Alex Jones

    Watson présentait son texte en “précisant” (drôle de précision) «During a recent speech in Poland […] The remarks were made at an event for the European Forum For New Ideas (EFNI), an organization that advocates the transformation of the European Union into an anti-democratic federal superstate, the very type of bureaucratic “external control” Brzezinski stressed was in jeopardy in his lecture…»

    L’on découvre que le discours a été donné le 27 septembre, à Sopot, en Pologne, pour ce qui semble être la deuxième grande fiesta européaniste et transatlantique de ce riche institut polonais qu’est donc cet EFNI (European Forum for New Ideas, – vaste programme) ; rassemblant des pipole du calibre habituel du très haut de gamme (BHL était invité, c’est dire tout à ce propos), mais aussi des représentants du corporate power, présents nominalement et avec le portefeuille bien garni, et même des groupements d’ONG… (Par exemple, extrait du “carton d’invitation”… «Lech Walesa Institute’s Civic Academy, Intel Business Challenge Europe, a technology business plan competition for young entrepreneurs and Konkordia, the European cooperation forum of non-governmental organizations.») Dès le 27 septembre 2012 en fin de soirée, le journal Gazeta Swietojanska mettait sur YouTube un DVD de l’intervention de Brzezinski. Ensuite, rien de remarquable à signaler, le texte rendu public ne retient guère l’attention et reste limité à la Pologne. En fait, l’événement serait plutôt marqué par une occurrence de type mondain bien identifié, probablement de nature à impressionner fortement BHL : la présentation d’un documentaire sur la vie de Brzezinski présenté lors du même séminaire de Sopot.

    Deux mois plus tard, le discours resurgit. Comment, par quel canal ? On peut tout imaginer, d'autant que le document n'est pas secret, et il nous semble que les circonstances les plus banales et les plus simples sont les plus probables, jusqu’au moment où un œil intéressé “découvre” la possibilité d’exploitation du discours. Cette fois, le document est arrivé dans de bonnes mains, celles d’un polémiste anti-globalisation, qui voit dans Brzezinski un des inspirateurs de la globalisation et qui l’entend pourtant annoncer que les obstacles sur la voie de la globalisation, et notamment le “populisme” et les réactions populaires, semblent de plus en plus insurmontables (c’est cela qui intéresse Watson). Le site Infowars.com a une très forte popularité et le texte est repris sur de nombreux autres sites. Le 26 novembre 2012 un DVD est mis en ligne comme une nouveauté alors qu’il s’agit du même document que celui qui fut mis en ligne le 27 septembre. Les déclarations de Brzezinski sont jugées tellement intéressantes qu’elles sont même reprises… en Pologne, – où elles étaient pourtant d’accès direct depuis deux mois, – notamment par des sites activistes (voir le site AC24, le 26 novembre 2012). Le 27 novembre 2012, Infowars.com en tant que tel (c’est-à-dire essentiellement Alex Jones, le directeur et l’inspirateur de l’organisation) lance à partir de ce texte de citation de Brzezinski un véritable appel aux armes et à la mobilisation, relayé par Planet Infowars, par Prometheus enchained, etc. :

    «Resist! Hold The Line! (…) We are winning. The elemental force that is the Freedom Movement is winning the war. It may not seem it at first glance, with the expansion of the police and surveillance states and the slew of federal schemes and plots being announced and implemented, but we are winning. How can I justify a statement like this? I have taken if from the horse’s mouth…Zbigniew Brzezinski…»

     

    Désormais, les déclarations de Brzezinski sont un événement dans l'information concernant l’évolution des relations internationales, dans le monde de l’information et du commentaire alternatifs, alors qu’elles sont disponibles depuis deux mois. Au reste, elles sont assez intéressantes pour être de toutes les façons un événement, le 27 septembre ou le 26 novembre (pourvu, disons, qu’on reste dans le même semestre, la chose tient la route). Ce qui importe en l’occurrence, c’est le moment que choisit le système de la communication pour s’emparer de la déclaration et l’exploiter à mesure… Nous parlons sans hésitation ni ambiguïté d’un “système” (celui de la communication) qui choisit, selon la circonstance bien plus que selon des manigances humaines. Cela, pour dire également notre conviction que c’est effectivement ce qu’on nomme “un concours de circonstances” qui a d’abord animé le voyage de la déclaration semi-publique mais effectivement rendue publique de Brezinski, de Sopot, en Pologne, jusque vers le Texas, dans les bureaux de Watson et d’Alex Jones, avant d’être perçu par des relayeurs sur sa valeur effective de communication politique, et relayé finalement vers sa destination finale dans le but désormais explicite de l’exploiter comme on voit faire actuellement.

    Le cas est intéressant parce que nous sommes au départ dans un domaine fortement réglementé et soumis à des processus très précis, aussi bien du côté de l’“émetteur” (le conférencier Brzezinski) que de l’utilisateur (l’auditoire “globalisant”-complice, la presse-Système, le monde politique), et que l’on voit ainsi in vivo l’intervention semeuse de désordre du système de la communication. Des éléments comme l’influence dans les milieux de la communication et alternatifs antiSystème, la capacité de jugement pour l’utilisation subversive, la perception de l’effet de communication, l’opportunité de l’utilisation, le point de vue “engagé”, etc., ont joué un rôle primordial. Ce n’est pas l’“émetteur”, le producteur d’action (ou d’information, dans ce cas) qui mène le jeu, mais l’utilisateur, et un utilisateur par effraction, qui s'impose. Cet utilisateur imposteur (dans le meilleur sens, plutôt celui de Thomas l'imposteur) agit en fonction de critères qui lui sont propres, hors de toute considération factuelle habituelle, selon l'appréciation rationnelle dont le Système fait son mie, – le fait que, dès qu’elle est dite, cette déclaration devrait être exploitée et commentée ou bien qu’elle ne le serait jamais, ni exploitée, ni commentée comme on voit aujourd'hui. (Et cela vaut quel que soit l’avis ou le sentiment de l’“émetteur”… Peut-être Brzezinski, s’il l’apprend, sera très satisfait qu’on fasse un tel écho à ses déclarations, même s’il est en désaccord avec les commentaires, disons par simple satisfaction personnelle et un peu vaniteuse, et goût de la notoriété… Ce point n’a pas de rapport de cause à effet direct avec le cas de l’exploitation par le système de la communication qu’on expose.)

    C’est bien là qu’on voit la fin de l’ère géopolitique : la puissance (celle de la géopolitique) ne disposant plus de tous les atouts, elle ne peut plus s’imposer en rien parce que les règles qui lui permettaient de faire valoir sa force sont changées. Dans le cas exposé ici, la puissance brute, c’est Brzezinski et son prestige, le statut et l’influence des réseaux où s’inscrit l’EFNI, avec BHL et tout son cirque. Du point de vue de la disposition des circonstances originelles, de l’utilisation des “concours de circonstances”, c’est pourtant le système de la communication (représenté par les Alex Jones et consort) qui règne… C’est le système de la communication, lui qui est d’habitude plutôt “au service” ou “à l’affut” des informations et de ceux qui les émettent, qui est dans ce cas maître du jeu. Quoi qu’il en soit des intentions des uns et des autres, et des circonstances également, l’impulsion de la déstabilisation et de la déstructuration du Système, la marche de la dissolution du même, sont au rendez-vous.

    Une présentation plus appuyée mais conformes des déclarations de Brzezinski le 27 septembre auraient eu beaucoup moins d’effets antiSystème que dans le cas présent, où elles sont tombées dans le domaine d’un “complotiste”, d’un spécialiste de la sensation, d’un anti-globalisation et ainsi de suite. L’écho n’est pas important dans la presse-Système, mais la presse-Système n’a plus aucune importance pour nous, du point de vue du crédit, de sa capacité d’influence, de sa substance même, devenue aussi décisive dans le vent de la crise que le papier qui la porte. Bien plus intéressante est la voie actuelle, parce que les déclarations de Brzezinski, d’un poids réel, ont un très fort pouvoir de polémique lorsqu’elles sont bien utilisées… Zbig comme nous l’avons compris, ou interprété, a raison : nous sommes dans l’ère de la communication, ou ère psychopolitique, et cela depuis un certain temps déjà. Comme nous l’avons souvent dit, dans cette nouvelle “ère”, la fonction antiSystème est variable, diverse et multiple, et peut s’emparer de médias et de messagers inattendus lorsque les circonstances s’y prêtent. En l’occurrence, Brzezinski joue un rôle antiSystème, aussi bien qu’un Alex Jones appelant aux armes. On ne demande son avis, ni à l’un, ni à l’autre, car ainsi en a décidé le système de la communication dans l’ère psychopolitique. Cela ne veut pas dire que la révolution est pour demain, cela veut dire que l’évolution vers la déstructuration et la dissolution du Système progresse toujours plus et accélère encore, plus que jamais.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Erdogan, perdu corps et bien…

    Ex: http://www.dedefensa.org/

    Le Premier ministre turc Erdogan a semblé s’engager d’une façon radicale dans la crise de Gaza et semblé, dans les un et deux premiers jours, devoir y jouer un rôle important. Cette impression s’est rapidement dissipée, pour être remplacée par celle d’une action d’une importance mineure, notamment au regard du rôle dirigeant de la crise qu’a tenu Morsi. Il s’agit bien entendu d’une question de perception, mais l’on comprend évidemment que cette perception joue un rôle fondamental dans cette époque dominée par la puissance du système de la communication. Au demeurant, la perception, éclairée par divers faits, reflète sans aucun doute une vérité de la situation d’Erdogan.

    On donne ici, comme exemple de la situation de la perception deux sources ayant rassemblé des appréciations d’experts sur le rôle qu’a tenu Erdogan. On dispose ainsi d’un matériel de communication pour pouvoir mieux apprécier la position générale d’Erdogan, et tenter de l’expliciter. On découvre qu’Erdogan est critiqué dans tous les sens, à la fois pour avoir tenu un rôle effacé, à la fois pour n’avoir pas assez soutenu les Palestiniens et le Hamas d’une façon efficace, à la fois pour être trop anti-israélien…

    • D’un côté, il y a une appréciation générale selon laquelle Erdogan s’est trouvé dans cette crise à la remorque de Morsi, tandis que son attitude durant ces quelques jours est perçue plutôt comme de la gesticulation sans beaucoup de substance. Cette appréciation est surtout sensible en Turquie même, selon un article du New York Times dont PressTV.com donne un résumé, ce 22 novembre 2012, article fait surtout de quelques citations d’experts et d’universitaires turcs.

    «The analysts stressed that while Turkey became a vocal defender of Palestinians and a critic of the Israeli regime, “it had to take a back seat to Egypt on the stage of high diplomacy.” “Egypt can talk with both Hamas and Israel,” university professor Ersin Kalaycioglu said, adding, “Turkey, therefore, is pretty much left with a position to support what Egypt foresees, but nothing more.”

    »The analysts also criticized Turkish Prime Minister Reccep Tayyeb Erdogan for being initially silent on the outbreak of the Israeli attacks on Gaza and being slow to address the offensive publicly. “While most of the region’s leaders rushed to the nearest microphone to condemn Israel, the normally loquacious prime minister was atypically mute,” said Aaron Stein from a research center based in Istanbul. Stein added that while Erdogan was touring a factory that makes tanks, Egypt President Mohamed Morsi had “put his stamp on world reaction by kicking out the Israeli ambassador and dispatching his prime minister to visit Gaza.”»

    • Une autre source, le journaliste Tulin Daloglu, dans le quotidien Al Monitor du 20 novembre 2012, restitue, également au travers d’avis d’experts et d’universitaires, la perception de l’attitude et du comportement d’Erdogan vus d’Israël. Il s’agit d’appréciations très extrêmes et très hostiles, qui impliquent son ministre des affaires étrangères Davutoglu perçu comme une sorte de diabolus ex machina d’Erdogan (ce qui est peu aimable pour la force de caractère qu’on attribue de ce fait à Erdogan). L’article rappelle qu’Erdogan s’est signalé, durant la crise, par une rhétorique enflammée, dénonçant le 15 novembre Israël comme “un État terroriste” puis s’attaquant, le 20 novembre, aux USA et au bloc BAO («Leading with the US, all the West talks about a two-state solution. Where is it? They’re working to vacate Palestine in order to surrender it to Israel […] If we’re going to die, we shall do so as men do. This is not justice.»)

    «…“Davutoglu may be right to condemn Israel for excessive use of force, but he also needs to call on Hamas to stop firing rockets into Israel. But he does not,” said Gareth Jenkins, a senior fellow at the Institute for Security and Development Policy. “The fact remains that, while Hamas is firing missiles into Israeli territory, Israel is much more likely to respond militarily. And any violence plays into the hands of extremists on both sides.” […]

    »“As Erdogan cannot accept shelling against Turkey, we cannot accept shelling against our one million people in the south part of Israel.” Binyamin Fuad Ben Eliezer, former Israeli defense minister, told Al-Monitor on Nov. 15, just as the sirens went on over the Tel-Aviv area… […]

    »[Erdogan] cannot give me conditions. He cannot sit in Turkey and tell me what to do,” says Ben-Eliezer. “Erdogan could have taken the position of one of the most important leaders in the area,” Ben Eliezer said. “I’m sorry that he took a very radical position against Israel.” Still, he does not consider — like many other Israelis — that the Turkish prime minister’s unequivocal alliance with Hamas, a militant group that is recognized by the US and European countries as a terrorist organization — goes as deep as challenging Israel’s right to exist.

    »However, Ofra Bengio, a professor at Tel Aviv University, is confident that Turkey’s new position is just that. She argues that both sides have gone too far, and while focusing only on Israel’s mistakes may be politically rewarding for Erdogan, it should not hide Turkish foreign policy’s new attitude toward Israel of vengeance and punishment. “If they’re taking Hamas' position, then it’s quite clear that they’re aiming at the legitimacy [of Israel],” she told Al-Monitor. “Especially, take a look at Davutoglu. If you read his essays, for him, Israel does not exist.”

    »Ben Eliezer concurs. “If you ask me where the big change was in [Erdogan's] behavior,” he said, the answer is “Davutoglu! It’s his entry as the foreign minister to the erea, and he was the one who no doubt influenced Erdogan totally against Israel. He has made many mistakes because so far, he could not gain anything.” Before then, he said, he had been able to build a close relationship with Erdogan such that they were able to share jokes and laughter together. He does not believe that Erdogan is anti-Semitic or personally anti-Israel…»

    On est donc conduit à observer que, les unes dans les autres, ces appréciations donnent une image extrêmement défavorable du Premier ministre turc, cette image semblant désormais devoir être son nouveau “statut de communication” : un homme qui parle beaucoup, qui s’enflamme, qui agit peu, qui est de peu d’influence et auquel on prête de moins en moins d’attention ; un homme au point de vue anti-israélien extrémiste, mais selon l’influence de son ministre des affaires étrangères et non selon son propre jugement, ce qui implique de très graves doutes sur son indépendance d’esprit et son caractère. De quelque côté qu’on se place, et de quelque opinion qu’on soit dans ces diverses appréciations, le sentiment général sur Erdogan est défavorable : un homme à l’humeur incontrôlable, au caractère finalement faible et très influençable, préférant les mots et surtout les éructations à l’action…

    Notre propre appréciation est que ce que nous nommons effectivement la “situation de la perception” d’Erdogan est injuste par rapport à ce qu’il a été et ce qu’il a fait jusqu’ici, – injuste, dans le sens où cela ne “lui rend pas justice”. En même temps, elle constitue un fait et, par là même, se justifie par elle-même et rend compte d’une vérité de situation, – justice ou pas, qu’importe. En d’autres mots, nous dirions qu’Erdogan a perdu, en un an et demi, le formidable crédit qu’il avait construit depuis 2009 par sa politique indépendante, quasiment “gaulliste” dans sa conception. Nous pensions, sans tout de même beaucoup d’espoir, qu’il pouvait, qu’il devait effectivement tenter de redresser cette “situation de perception” durant cette crise de Gaza-II (voir le 15 novembre 2012) : «Le même “Israel is saying… ‘F* You’” ne vaut-il pas également pour Erdogan, qu’on attendait en visite à Gaza, où il entendait affirmer la préoccupation turque pour la défense et l’intégrité des pauvres Palestiniens ? Que va faire Erdogan ? Va-t-il ménager une base arrière pour des “combattants de la liberté” volant au secours des Palestiniens ? Va-t-il affréter une “flottille de la liberté”, comme celle du printemps 2010, pour se rendre à Gaza, sous les bombes israéliennes ? Va-t-il menacer d’envahir Israël comme il menace d’attaquer la Syrie ?»

    Le constat est clair et sec. Erdogan n’a pas réussi à “redresser cette ‘situation de perception’”, il a même encore perdu de son crédit. Cet homme semble avoir définitivement chuté avec l’affaire syrienne, dans laquelle il s’est engagé follement. L’indignité et l’illégitimité de l’affaire syrienne, dans le sens où il s’est engagé, a profondément modifié sa “situation de la perception”, nous dirions d’une façon quasiment structurelle qui n’est pas loin d’être irrémédiable. (Cela, d’autant qu’en même temps qu’il tentait cette maladroite “réhabilitation” avec Gaza-II, il continuait sa politique syrienne par son pire aspect, avec l’accord de l’OTAN d’envoyer des Patriot à la Turquie, cela qui met en évidence le stupide jeu des menaces [syriennes] inventées, et le non moins stupide alignement-asservissement de la Turquie aux structures les plus perverses du Système, l’OTAN avec les USA derrière et la quincaillerie technologique.) Erdogan a voulu s’inscrire dans le jeu du Système avec la Syrie, abandonnant la référence principielle d’une politique d’indépendance et de souveraineté, – laquelle suppose qu’on respecte chez les autres (chez les Syriens, certes) les mêmes principes (indépendance, souveraineté) auxquels on se réfère pour soi-même. Il a abandonné la puissance de la référence principielle pour la politique moralisatrice et belliciste que le Système inspire au bloc BAO en général. Ce faisant, il a été totalement infecté et subverti par le Système et s’avère manifestement trop faible pour s’en dégager, si encore il parvient à distinguer la nature et la puissance de l’enjeu.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • La Russie puissance d’Eurasie

    Philippe Conrad présente La Russie, puissance d’Eurasie – Histoire géopolitique des origines à Poutine, d’Arnaud Leclercq (Ellipses, 2012). Après l’effondrement du soviétisme, le plus vaste pays du monde est passé de la superpuissance à l’humiliation, avant de redevenir un acteur majeur du monde multipolaire. Forte de son identité retrouvée et gorgée de richesses naturelles, la Russie dispose d’atouts considérables, comme les nouvelles routes de la soie ou celles de l’Arctique, qui feront d’elle la superpuissance eurasiatique tournée vers une nouvelle économie-monde centrée en Asie.

    Loin des clichés médiatiques, plongeant dans les profondeurs de l’histoire et de la géopolitique, Arnaud Leclercq nous offre une réflexion atypique et inscrite dans la longue durée, nourrie d’une connaissance intime des Russes. Il met en lumière les constantes religieuses, identitaires, politiques de la Russie et trace les perspectives d’une puissance qui, n’en déplaise à l’Occident, sera de plus en plus incontournable.

    Partie 1 :


    La Russie puissance d'Eurasie (1/2) par realpolitiktv

    Partie 2 :


    La Russie puissance d'Eurasie (2/2) par realpolitiktv

    http://fortune.fdesouche.com

  • Syrie : les rebelles soutenus par les démocraties occidentales obligent des enfants à décapiter des prisonniers

    Une vidéo diffusée la semaine dernière sur Youtube montre un groupe de rebelles syriens qui oblige un enfant à décapiter un officier capturé dans la ville de Homs.

    Dans cette vidéo, on y voit plusieurs rebelles syriens encourager un enfant à couper la tête d’un soldat avec une machette, tandis que l’officier de l’armée est ligoté, gisant au sol, la tête contre un parpaing.

    On peut également voir le cadavre d’un autre corps sans tête, sans savoir si celui-ci fût également tué par cet enfant.

    Attention, images choquantes :

    Ce n’est pas la première fois que les rebelles syriens sont impliqués ou accusés de crimes. Dernièrement, l’organisation Human Rights Watch signalait dans son dernier rapport que des adolescents syriens sont envoyés au combat par l’Armée syrienne libre. Des recrutements qui, s’ils étaient avérés, constituent un crime de guerre.

    Il y a quelques mois, à Alep, des postiers étaient jetés depuis le toit d’une poste.

    Enfin, il y a plusieurs semaines, la BBC censura un reportage où les rebelles de l’ASL utilisent des prisonniers pour commettre des attentats suicides à leur insu.

    http://www.contre-info.com

  • Le combat anti-impérialiste de l’Etat-nation et du peuple syriens est celui de l’ensemble des peuples du monde

    Par Claude Beaulieu et Geneviève Blache, membres de la direction du Comité Valmy*

    La situation en Syrie résulte pour l’essentiel d’une agression extérieure

    La Syrie est en état de guerre latent avec Israël et les Etats-Unis depuis des décennies.

    La crise paroxystique actuelle, imposée par les dirigeants états-uniens, atteint un niveau de cynisme dans la barbarie et le viol de la légalité internationale rarement égalé dans la longue suite d’ingérences, d’agressions et de guerres qu’ils mènent sans interruption, notamment depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Cet irrespect continu de la légalité internationale et de la Charte des Nations Unies a conduit les dirigeants états-uniens à ne plus tenir compte, de plus en plus souvent, des usages et des règles diplomatiques dans les relations entre Etats souverains, que la civilisation a historiquement construits au cours des siècles. Ce choix de la loi de la jungle en matière géopolitique est totalement approuvé et reproduit par leurs vassaux occidentaux, parmi lesquels les Sarkozy, Fabius, Hollande et Juppé sont aujourd’hui les plus zélés.

    Cette réalité concrète qui s’aggrave au fil des ans et que nul anti-impérialiste ne peut ignorer, a imposé à la Syrie souveraine de se doter d’un pouvoir d’État particulièrement solide, certes imparfait et non dépourvu de défauts, mais qui lui a permis de se maintenir et de rester aujourd’hui le seul pays arabe laïque véritablement indépendant du Moyen-Orient, capable de résister au vandalisme euro-atlantique, sioniste et occidentaliste, qui assassine en symbiose avec l’islamisme radical le plus rétrograde.

    Refusant la vassalisation ou le démantèlement de leur pays, le gouvernement anti-impérialiste de la République arabe syrienne et le peuple qui, majoritairement, le soutient activement, mènent aujourd’hui une lutte acharnée dans laquelle ils résistent opiniâtrement à une guerre d’agression extérieure. Celle-ci, prévue et préparée de longue date par les différentes administrations états-uniennes, est menée par une alliance qui associe les forces conjuguées des barbaries occidentaliste et sioniste avec celle des mercenaires djihadistes wahhabites, salafistes et takfiristes.

    Dans cette agression, le poids spécifique des collabos de l’armée « syrienne libre » est secondaire par rapport à celui des bandes terroristes venues de l’étranger. Ils apparaissent comme une force d’appoint dont le rôle est de faire illusion, de donner une couleur locale et à servir d’alibi syrien à une intervention extérieure.

    Malgré la gravité de l’ingérence euro-atlantique et l’inhumanité de cette guerre d’agression financée par les milliards du Qatar et de l’Arabie saoudite, malgré les trahisons rémunérées ou l’occupation partielle du territoire national par Israël qui prétend annexer le plateau du Golan, les Syriens, sous la conduite de leur gouvernement légitime, se sont tout de même engagés dans un processus difficile de démocratisation de leur société, conjugué avec le développement de la résistance pour l’indépendance, la souveraineté, la laïcité et le refus de la guerre civile interconfessionnelle.

    Depuis près de deux ans, nous assistons à la recherche d’un renforcement méthodique de la souveraineté populaire en Syrie, à l’inverse de ce qui se passe en France comme dans les autres pays vassalisés de l’Euro dictature, dans lesquels les oligarchies financières détruisent les Etats-nations, la démocratie et la souveraineté des peuples, tout en imposant à ceux-ci une régression sociale qu’elles aggravent en permanence.

    Dans son discours du 30 mars 2011 devant l’Assemblée du Peuple, le président Bachar Al Assad a manifesté une volonté réformatrice que depuis, il n’a cessé de mettre en pratique par étapes, en dépit des obstacles que le contexte de guerre multiplie inévitablement dans le domaine particulièrement complexe du développement des libertés démocratiques.

    Une résistance patriotique accompagnée d’un processus de réformes démocratiques

    Soulignons-en notamment les étapes suivantes :

    - En juillet 2011, le parlement syrien a établi le pluralisme politique, et rendue légale l’existence de partis d’opposition, dirigés par des responsables dont certains ont été emprisonnés à une autre époque.
    - Le 26 février 2012, une nouvelle Constitution syrienne a été adoptée par référendum avec 89,4% de oui et la participation de 57,4% du corps électoral, malgré la situation marquée par les massacres, les attentats et les menaces terroristes. Cette Constitution, en abolissant la suprématie autoritaire du parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle, a été voulue par Assad qui a manifestement entrepris de faire évoluer un système politique dont il tend à se différencier au profit de la promotion d’un vaste rassemblement patriotique, permettant de mettre fin à la guerre et de conduire et d’approfondir la réforme annoncée.
    - Le 7 mai 2012, des élections législatives ont été organisées. Elles ont connu une participation de 51,36%, chiffre important compte tenu du contexte difficile. Si le bloc Unité nationale soutenant le président Bachar al-Assad a remporté ces élections, il convient de noter que des membres de l’opposition démocratique ont été élus, ce qui représente une avancée significative dont on peut prévoir qu’elle aura des suites.
    - Le 23 juin 2012, un nouveau gouvernement a été constitué en Syrie, dans lequel ont été intégrés deux membres de l’opposition fidèles à la nation : Qadri Jamil et Ali Heidar, qui président le Front populaire pour le Changement et la Libération, créé en juillet 2011 (ce mouvement, rassemblant des communistes et des patriotes progressistes, a participé aux élections législatives du mois de mai ; il agit pour des réformes tout en condamnant la violence et en s’opposant à toute intervention ou ingérence étrangère).
    - Qadri Jamil, élu de l’opposition démocratique à l’Assemblée du Peuple (élections législatives du 7 mai), provenant de la mouvance communiste, a été nommé vice-premier ministre pour les Affaires économiques, ministre du Commerce intérieur et de la protection des consommateurs, tandis qu’Ali Haïdar est devenu ministre d’Etat pour les Affaires de la Réconciliation nationale, charge à partir de laquelle il apporte depuis une contribution particulièrement utile au rassemblement populaire.
    - Les 22 et 23 septembre 2012, le congrès d’une coordination de l’opposition regroupant 20 partis et des cadres politiques de l’opposition a pu se tenir à Damas, en présence notamment des ambassadeurs de Russie et de Chine.

    A différentes reprises le Président syrien a préconisé un dialogue national avec l’opposition démocratique, afin de rechercher une possible solution politique consensuelle à la crise…

    C’est bien, il faut le souligner, cette opposition récemment reçue à Moscou qui continue à refuser jusqu’ici des pourparlers patriotiques. Elle est stimulée dans ce refus du débat souverain, par les ingérences et les manipulations des provocateurs occidentaux du type Juppé-Fabius, ce dernier allant jusqu’à appeler au meurtre du chef de l’Etat syrien.

    Le général libanais Michel Aoun, président du courant patriotique libre libanais, a pu récemment affirmer avec pertinence que la Syrie est « plus proche de la démocratie que n’importe quel pays arabe ». Il a mis d’ailleurs en garde contre un renversement du régime d’Assad qui constituerait « un prélude à une guerre mondiale ».

    Un patriote laïque et réformateur,  un combattant anti-impérialiste de stature internationale

    Homme d’Etat charismatique, courageux et opiniâtre, le Président de la République arabe syrienne apparaît dans le monde aux esprits libres, émancipés de la pensée unique, comme un dirigeant anti-impérialiste conséquent, de la stature des dirigeants qui ont marqué la lutte anti colonialiste du 20ème siècle.

    JPEG - 20.7 ko
    Le président Bachar al-Assad discute avec des civils et avec des soldats de l’Armée arabe syrienne au cours d’une visite dans le quartier de Baba Amr, à Homs, le 27 mars 2012.
    Photo : Agence SANA

    Il conduit, dans des conditions différentes, un combat manifestement solidaire avec celui d’Hugo Chavez et du peuple du Venezuela, pour ne prendre qu’un exemple. Les anti-impérialistes qui, dans le monde, n’ont pas accepté la diabolisation de Fidel Castro ou de Chavez par les médias occidentaux prostitués, ne doivent pas davantage endosser la fausse image d’un Bachar al-Assad autocrate sanguinaire que tend à imposer la guerre idéologique.

    Manifestement, Bachar al-Assad est soutenu par la majorité des Syriens ; il apparaît comme le plus apte à construire la victoire militaire et politique sur les agresseurs impérialistes et leurs collabos et mercenaires. Il est aussi le plus déterminé à rassembler le Peuple-nation syrien agressé autour d’une politique réformatrice de défense de la souveraineté et de l’indépendance nationales, d’essor des libertés démocratiques et de progrès.

    Ne faut-il pas considérer en outre, que le combat imposé à la Syrie, à son gouvernement et à son peuple patriote, place objectivement cet Etat-nation à l’avant-garde de la défense de la cause des peuples du monde ?

    La Syrie souveraine est en réalité un avant-poste stratégique de la lutte contre l’asservissement des nations et pour la liberté de l’ensemble des peuples du monde. Ceux-ci sont aujourd’hui tous vassalisés, opprimés ou sous le coup de la menace états-unienne d’agression et de guerre, relayée par le bloc euro-atlantique et occidentaliste et ses divers agents.

    Si, ce que nous ne croyons pas, la Syrie anti-impérialiste et laïque venait à tomber, cela représenterait manifestement une défaite de l’Iran, de la Russie et de la Chine. La Syrie résistante est un verrou qui, d’une certaine façon, protège ces pays dont elle retarde l’agression programmée. Ces trois pays sont en effet aujourd’hui encerclés par de multiples bases militaires, et visés par des dispositifs bellicistes divers aux mains des dirigeants étasuniens qui installent aussi, nous le savons, des systèmes antimissiles avec la prétention de se rendre invulnérables.

    La Syrie et son peuple triompheront, nous en sommes convaincus, de la sauvagerie états-unienne. Mais dans le cas contraire, il s’agirait aussi de notre propre défaite, celle de tous les citoyens pacifiques du monde, celle de l’ensemble des peuples et des nations opprimés et vassalisés. Comme l’a souligné avec d’autres le général Aoun, cela ouvrirait le chemin vers une nouvelle guerre mondiale.

    C’est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui se joue en Syrie et pas seulement celui du peuple de ce pays.

    L’avenir de l’Etat syrien, le choix de ses dirigeants qui relèvent exclusivement de la souveraineté populaire et de l’indépendance nationale, doit être décidé en Syrie et, nulle part ailleurs, ni à Washington à Tel Aviv, Paris ou dans toute autre capitale.

    La question sociale et la question nationale sont inséparables

    Les communistes et les progressistes syriens ont dénoncé des privatisations et à travers elles, l’influence envahissante ces dernières années, du FMI et du néolibéralisme sur la politique économique du pays, en même temps que leurs conséquences antisociales, qui ont provoqué un mécontentement populaire naturellement exploité par l’opposition – légitimement ou de manière démagogique.

    L’actuelle recherche, dans le peuple syrien, d’une démarche de rassemblement autour de la préservation de l’Etat-nation laïque permettant de triompher de la guerre d’agression, sera peut-être l’occasion pour les patriotes de conjuguer l’intérêt national, la souveraineté populaire, le développement des libertés démocratiques avec une politique de reconstruction économique incluant le progrès social.

    Cette situation particulière n’est pas sans rappeler le cheminement héroïque qui a conduit pendant la Seconde Guerre mondiale, à la constitution en France du Conseil national de la Résistance et à l’élaboration de son programme.

     

    * Le Comité Valmy est une organisation française pluraliste :  Claude Beaulieu y appartient à la sensibilité communiste,  Geneviève Blache est gaulliste, elle anime aussi le collectif Résistance et Renouveau Gaullien.

  • Irak : Ces mercenaire francais, gardiens du pétrole

  • Alain Soral sur les menaces d’intervention militaire en Syrie

    Entretien avec la radio francophone iranienne


    Alain Soral sur les menaces d'intervention... par dm_50929b90066d4

  • Le concept de pause stratégique : l’exemple allemand (1918-1939)

    Fiche au chef d’état-major des armées, juillet 2008
    A la suite du traité de Versailles, l’Allemagne ne dispose plus que de forces armées réduites à leur plus simple expression. La Reichswehr ne doit pas dépasser 100 000 hommes, tous professionnels, et les matériels lourds, jusqu’aux mitrailleuses sur trépieds, lui sont interdits. Toute l’aéronautique a été livrée ou détruite et il est interdit de la reconstituer. La Reichsmarine ne doit pas dépasser 15 000 marins pour servir une flotte dont le tonnage total ne peut pas dépasser 100 000 tonnes, avec des restrictions très précises sur chaque type de navire. Sous-marins et porte-avions sont interdits. Pourtant, à peine plus de vingt ans plus tard, l’Allemagne est parvenue à conquérir la majeure partie de l’Europe continentale.
    Le secret de cette spectaculaire remontée en puissance est à chercher en premier lieu dans la manière dont l’état-major général allemand, avec le général Hans von Seeckt à sa tête (qui cumule les fonctions de CEMA et de ministre de la guerre), est parvenu à placer la Reichswher et la Reichsmarine en situation de « seuil stratégique », c’est-à-dire en capacité de passer en quelques années d’une situation d’extrême faiblesse à celle de première organisation militaire du continent.
    La préservation des savoir-faire militaires
    Le premier axe d’effort a consisté à transformer cette petite armée en armée de cadres. Les engagés sont particulièrement bien choisis (avec un taux de sélection de 10 pour 1) et formés pour non seulement maîtriser leur fonction mais aussi celle des deux échelons supérieurs. Cette armée d’active est en contact étroit avec les organisations paramilitaires (la « Reichswehr noire »), comme les « Casques d’acier », et les aide discrètement à dispenser une formation militaire à leurs membres.
    L’état-major général a également des accords avec la société de transport aérien Lufthansa pour la formation de pilotes et favorise la création d’écoles civiles de pilotage. Les écoles de vol à voile, sport aérien autorisé, se multiplient et la plus grande d’entre elles, la Deutscher Luftsportverband, compte 50 000 membres  en 1930.
    La préservation des compétences industrielles
    Interdites sur le sol allemand, les recherches se développent clandestinement à l’étranger. Des accords secrets sont passés avec l’URSS et des ingénieurs allemands travaillent en collaboration avec les Soviétiques en particulier au camp de Kama, près de Kazan. Entre 1926 et 1932, plusieurs firmes allemandes créent ainsi des prototypes de chars d'assaut baptisés de noms anodins (Grosstraktor et Leichte traktor) et testés sur le sol russe. Des avions sont conçus à Lipetsk, qui sert également de base d’entraînement à de nombreux pilotes et des prototypes de sous-marins sont construits en Espagne, Finlande et Pays-Bas. On s’efforce également de concevoir des équipements « duaux », c’est-à-dire à usage civil au départ mais facilement convertibles pour un usage militaire. C’est le cas du Junkers 52, qui forme les trois quarts de la flotte de la Lufthansa au début des années trente.
    Une troisième possibilité consiste à développer des matériels très performants, tout en respectant les termes du traité de Versailles. C’est le cas des excellentes mitrailleuses légères MG-34 mais surtout des nouveaux bâtiments de la Reichsmarine. Celle-ci fait construire des croiseurs légers à capacité océanique et trois cuirassés dits « de poche » (Deutschland, Admiral Scheer, Admiral Graf Spee) qui respectent (plus ou moins) le tonnage imposé par le traité tout en disposant d’un armement redoutable (6 pièces de 280 mm) et d’une vitesse remarquable.
    Une dernière voie explore des matériels complètement inédits et échappant de ce fait au traité de Versailles. En 1929 est créé le Bureau des engins balistiques spéciaux, confié au capitaine Walter Dornberger, futur directeur de Peenemünde et qui, en 1932, engage un jeune chercheur civil : Wernher von Braun.
    Un laboratoire tactique
    Le troisième axe d’effort pour atteindre la position de « seuil » est la réflexion doctrinale. Pour cela, la Reichswher reprend à son compte l’esprit de l’armée prussienne de Moltke en recréant une structure de science expérimentale. La Première Guerre mondiale est scrupuleusement analysée et il est décidé d’organiser la nouvelle armée sur le modèle des divisions d’assaut de 1918, en leur adjoignant moteurs et moyens de transmission.
    La Reichswehr devient le laboratoire de cette guerre mobile que l’on prône. La cavalerie forme un tiers des  troupes et le reste est doté de bicyclettes, motocyclettes ou, mieux encore, de camions et d’automitrailleuses. Les chars, interdits, sont simulés par les tankattrappen, voitures bâchées de bois et de tissus dont se gaussent les observateurs étrangers.
    La Reichswehr multiplie les exercices les plus réalistes possibles en Russie ou en Allemagne et les exploite comme de véritables expériences scientifiques. Cet esprit expérimental rigoureux est conservé pendant la période hitlérienne avec l’engagement de la Légion condor en Espagne, l’occupation de l’Autriche puis des Sudètes. Chaque opération est toujours suivie d’une étude précise et de corrections. Pendant la drôle de guerre encore, les Allemands s’entraînent durement à partir des enseignements de la campagne de Pologne alors que les Français, qui ont eu pourtant des éléments précis sur les combats, ne font rien ou presque.
    Le réarmement
    Tout ce travail préalable permet à Hitler de dénoncer en 1933 le traité de Versailles et de réarmer massivement, sans réaction militaire de la France et du Royaume-Uni. Hitler fait également voter des lois qui réorganisent l’économie et qui facilitent la reconversion d’une partie de l’industrie allemande dans l’armement. Ce réarmement est aidé par les sociétés Ford et General Motors qui investissent massivement en Allemagne et assurent la majeure partie de la construction de camions militaires et de half-tracks. A la fin de 1938, les Allemands prennent également le contrôle de la filière tchèque de production de chars.
    En 1935, prenant prétexte de l’allongement de la durée de la conscription en France (pour des raisons démographiques), la Reichswehr est dissoute et le service militaire est rétabli. La Luftwaffe est recréée. Une armée de terre de 12 corps d’armée et 36 divisions est mise sur pied. La construction de croiseurs de 26 000 tonnes et de sous-marins est lancée dans le cadre du plan Z. En 1935, un premier sous-marin sort des chantiers navals tandis que la 1ère Panzerdivision fait son apparition. En mars 1936, la Rhénanie démilitarisée est réoccupée sans réaction française autre que verbale. En 1938 au moment de la crise des Sudètes, cinq ans à peine après le début du réarmement, les experts français estiment que le rapport de forces est désormais nettement en faveur des Allemands.
    Les combats de 1939 et 1940 semblent leur donner raison mais pour les Allemands la guerre a commencé trop tôt. Hitler estimait être prêt militairement pour 1942, soit neuf ans après le début du réarmement, et le conflit s’engage alors que les Allemands ont encore des lacunes dans les domaines qui demandent des investissements à long terme comme la flotte océanique ou les bombardiers à long rayon d’action.
    Enseignements
    Par principe, une France placée en situation de « pause » ne pourra réarmer qu’en réaction à une menace et donc avec retard. L’URSS réarme la première en 1928, puis, par « effet domino », l’Allemagne en 1933, la France en 1936, le Royaume-Uni en 1937-38 et les Etats-Unis en 1939-40. Les dictatures (et a priori on voit mal la France s’engager contre un Etat démocratique moderne) ont de plus l’avantage de ne pas avoir à tenir compte de leur opinion publique. Elles peuvent donc réarmer plus facilement et plus massivement. Ce décalage initial peut d’ailleurs inciter la puissance menaçante à agir au plus vite, d’autant plus que, là encore, il lui est plus facile d’initier un conflit que pour une démocratie.
    Inversement, le temps de combler le retard, la France et ses alliés, si elles n’ont pas pris soin de conserver une force d’intervention, même réduite, sont condamnés à une posture défensive le temps de combler leur retard. C’est tout le sens de la stratégie attentiste française de 1939 qui n’aurait pas eu de raison d’être si on avait disposé de la force blindée professionnelle que proposait le colonel de Gaulle en 1934. Ce fer de lance aurait également pu servir de référence à une armée française qui n’a pas su conserver ses compétences de guerre.
    Cet exemple montre en effet l’importance du choix de modèle d’armée qui est fait dans une posture d’attente. Après 1918, les Allemands ont transformé leur armée en école militaire, les Britanniques en ont fait une police impériale et les Français un cadre de mobilisation. Les premiers ont été, et de loin, les mieux préparés à la guerre mondiale face à des Britanniques absorbés par les missions extérieures et des Français englués par les tâches administratives.
    Pour ne pas laisser l’initiative industrielle à un adversaire potentiel, il est indispensable de pouvoir réarmer en un temps très bref, ce qui interdit bien sûr toute improvisation mais impose aussi d’innover. Le réarmement américain pendant la Seconde Guerre mondiale, fondé sur des méthodes modernes de management, est à cet égard un modèle surtout si on le compare à l’inertie du « complexe militaro-industriel » français des années 1930.
    L’exemple allemand témoigne aussi de la nécessité de ne pas couper la petite armée d’active du reste de la société (ce qui est en partie le cas des Britanniques) mais au contraire de tisser une multitude de liens qui seront, le jour venu, autant de sources de régénération.
    Cette politique de long terme, faite d’un suivi rigoureux et d’un cap maintenu fermement, impose une certaine longévité à leurs postes des responsables militaires, surtout si l’environnement politique et économique est instable.
    Les exemples allemands et soviétiques (mais aussi celui du Corps des marines américains à la même  période) prouvent qu’il est possible voire facile d’imaginer des concepts doctrinaux originaux lorsque son armée n’est plus équipée. Inversement, si les démocraties occidentales disposent encore d’un capital matériel hérité de la Grande guerre, celui-ci arrive a obsolescence à la fin des années 1930, tout en ayant, par sa simple existence, fortement orienté jusque là la doctrine. Il faut néanmoins rappeler que cette liberté de pensée doctrinale soviétique et surtout allemande a été payée d’une grande vulnérabilité pendant de longues années. Il y a donc un arbitrage à faire entre liberté et vulnérabilité.

    Outre qu’elle dispose par principe de l’initiative du réarmement, la puissance menaçante, si elle conduite par un régime autoritaire, peut également, et plus facilement qu’en démocratie, imposer des concepts novateurs à un corps militaire par essence plutôt conservateur. C’est le cas de l’Etat nazi qui accélère le développement des corps blindés, des parachutistes, de l’appui air-sol, etc. C’est un nouvel handicap à anticiper pour une démocratie « en réaction ».

    http://lavoiedelepee.blogspot.fr/